[1629] Constat Impérieux

- Vas-tu enfin me dire pourquoi tu voulais qu'on vienne ici Lionada ?

Assise au bord du bassin, les pieds dans l'eau, un cigare au coin des lèvre et vêtue d'une simple serviette, la Déesse enfant regarde sa première Commandante dont seule la tête dépasse de l'eau et qui semble réfléchir au bon moyen d'amener le sujet sur la table. Et finalement, croisant le regard de sa déesse et amie, elle se redresse et lève une main en claquant des doigts.
Immédiatement, une des dames de compagnie des deux femmes approchent d'un pas vif, tenant dans ses mains un plateau de céramique ornée d'or où sont disposées des feuilles. Et pas n'importe lesquelles...

Tandis que l'Impératrice Pirates les découvrent, son cigare diminuant légèrement plus vite sous l'agacement qui lui monte, Lionada prend la parole.

- Vous êtes maintenant huit. Huit Empereurs des Mers dont un canard, un mourant et...
- Une Dragonne Céleste ?
- C'est ça.

Un silence pesant s'installe, Kiyori regardant chacune des affiches de primes. Le Malvoulant étant peut être déjà mort, c'est finalement elle qui sera à la tête des sept restant.

- Un X ?
- Il s'agit d'une sainte de Marie Joie, ils ont du refuser de lui mettre une prime mais si elle a voulue une affiche, elle a surement du chercher à être au dessus des autres.

Prenant une longue inspiration de tabac, Kiyori repose ces yeux sur le papier sans rien dire. Mais malgré tout, Lionada sent bien l'atmosphère devenir lourde, trop lourde alors que la déesse réfléchit aux implications de ce scandale. Une réaction qui conforte sa seconde sur les bienfaits de l'avoir forcée à venir dans ce lieu de détente avant de lui avoir annoncé ces récentes informations.

- Et l'enveloppe ?

Car oui, sur le plateau, en plus des affiches se trouve une enveloppe blanche, fermée.

- Ouvre là.

Les sourcils toujours froncés, la Déesse s'exécute et y découvre une vieille photographie d'elle même.



- Je sens que ça ne va pas me plaire...
- J'en doute, effectivement. Mais est ce que tout ceci te plait ?
- Non.
- Et tu sais comme moi ce que ça implique... Que feras-tu si tes fidèles préfèrent croire en cette Sainte plutôt qu'en leur déesse ?

Kiyori ne répond pas, dévisageant une nouvelle fois l'affiche noire.

- Le Gouvernement Mondial vient de t'imposer une concurrente dangereuse.
- Je suis une putain de Déesse, rien à voir avec ces faux dieux de Marie Joie !

Le cigare tombe à l'eau et Lionada se déplace pour rattraper le mégot et le mettre sur le bord du bassin tout en s'approchant de son amie, se redressant suffisamment pour lui pointer la photographie du doigt.

- C'est elle la déesse. La Déesse enfant qui a su galvaniser les gens et enchanter les cœurs. Mais aujourd'hui, es-tu vraiment cette personne ?
- Évidemment !
- Tu en es sûre ?

D'un nouveau geste de la main, Lionada interpelle la servante qui amène alors une nouvelle enveloppe qu'elle présente à Kiyori en s'inclinant devant elle.
L'impératrice Pirate dévisage alors sa commandante une nouvelle fois avant d'en découvrir le contenu. Encore une photo.


Et la réaction ne se fait pas attendre, Kiyori jetant l'image à la tête de sa lieutenante qui l'attrape au vol.

- Tu comprends maintenant ? Tu pouvais faire ce que tu voulais tant que tu étais sans concurrence. Mais avec une de ces "Sainte" dans la course, si tu veux garder tes fidèles, tu ne peux plus te permettre de jouer ce jeu comme ça te chante. D'autant plus avec cette recrudescence d'empereur pour te voler ta place.
- Je te préviens, il n'est pas question...!
- On fera ce que tu veux Déesse. Mais si tu veux garder ton culte, il est temps d'arrêter de se prendre pour la mafieuse du coin.
- Certes.
- Et on doit organiser quelque chose... Comme une célébration, un festival, n'importe quoi ! Tant que c'est grandiose, magnifique, et surtout en l'honneur de notre Déesse et de son ascension sans pareille.
- Ascension qu'on doit étendre... Pour faire parler de moi.
- Exact. Alors Impératrice, quelle île allons nous conquérir ?