Le voyage vers Lynbrook s'avéra être un véritable calvaire. Toujours en piteux état, la Peste alternait les moments de conscience et les périodes de végétation aiguës. Si rapidement elle parvint à ne plus perdre connaissance, ses forces étaient si diminuées que cela ne faisait finalement pas une très grande différence. Le temps, denrée dont la jeune femme ne manquait pas, lui permit de continuer de penser à sa piètre situation. Depuis des mois, des années même, elle se faisait un devoir de ne dépendre que d'elle-même. Solitaire endurcie, elle ne comptait que sur elle et ne faisait confiance en personne. Malheureusement, pour la seconde fois, un contre-amiral avait été à deux doigts de l'envoyer dans la tombe. La première fois, elle avait été obligée de fuir misérablement et cette fois-ci sa victoire n'avait tenue qu'à un fil. Force était de constater que d'être seul la pénalisait. Certes, cela avait aussi ses avantages, mais plus le temps passait, moins ils valaient les risques encourus. Son passage chez les Sandstorm pirates lui avait également permis de comprendre à quel point des alliés puissants pouvaient être utiles. En un rien de temps à leurs côtés, elle s'était sérieusement enrichie. Si finalement elle avait décidé de continuer sa route de son côté, c'était surtout parce qu'elle n'approuvait pas le choix d'Azerios de devenir corsaire pour le compte du Gouvernement Mondial. Elle savait qu'il les trahirait un jour ou l'autre, mais elle n'avait pas la moindre envie de rouler pour eux de près ou de loin. Du moins pas pour le moment.
Si elle avait pris la décision de se rendre sur Lynbrook, ce n'était pas par hasard. L'endroit était réputé pour ses guildes influentes mais également pour abriter l'une des succursales de la célèbre guilde des Usuriers. S'ils intéressaient la pirate, c'était pour leur lien avec le capitaine Red. Méria ayant une immense opinion d'elle-même, si elle se décidait à trouver des alliés, ils ne pouvaient compter que parmi l'élite. Après tout, elle n'allait pas troquer un corsaire pour de vulgaires quidams. Les usuriers étaient les seuls à pouvoir l'aider à se rendre sur Armada, elle en était convaincue. Contre monnaie sonnante et trébuchante, et potentiellement un peu de charme, ils ne manqueraient certainement pas de l'aider à trouver la cité flottante emblématique de la flibuste.
Dans un premier temps, cependant, la Peste avait besoin des services d'un docteur. Une fois arrivée proche des côtes, elle fit faire surface à son sous-marin et approcha lentement du port. Soucieuse de se faire petite, elle choisit un quai peu fréquenté et s’acquitta de la taxe avant de quitter l'endroit. L'île était en réalité plus une ville aux innombrables ruelles étriquées. Il y faisait sombre et le tout était particulièrement oppressant. Une drôle d'ambiance se dégageait des ruelles, mais plus que tout, la présence des milliers de bars de Lynbrook rendait l'île unique. N'ayant pas la moindre idée d'où elle devait aller, Méria avançait lentement dans les rues en lisant les enseignes des bars sur son passage. Il lui fallut plus d'une heure pour trouver ce qui s'avérait être un établissement médical. Ne dérogeant pas à la règle locale, il s'agissait là aussi d'un bar assez particulier. Il y avait un comptoir où prendre des consommations et juste en face des toiles vertes dissimulant une table de chirurgie. L'endroit était assez glauque et loin d'être le plus propre au monde, mais la pirate n'avait guère le choix. S'approchant de la tenancière, qui était tout autant barman que médecin, elle lui expliqua sa situation. Laconique, la doctoresse lui demanda de payer comptant avant d'accepter de s'occuper d'elle. Avec une grimace, Méria paya le prix exorbitant qui lui était demandé.
Après avoir anesthésié légèrement la Peste, la patronne s'occupa de ses blessures. Elle coupa ses sutures pour désinfecter les plaies et les refaire elle-même. Après lui avoir administré divers médicaments, certains pour la douleur et d'autres pour lutter contre de potentielles infections, elle emmena le corps de la pirate dans son arrière-boutique pour la pose sur un lit de camp. Le confort était rudimentaire et il était évident qu'ici on payait bien trop cher pour le service rendu. Le lendemain, la doctoresse congédia Méria, estimant que son travail était terminé. Toujours faible, la pirate se trouva un bar hôtel où se reposer. Durant trois jours, la pirate laissa son corps se remettre des événements et ses plaies cicatriser. Bien qu'encore en convalescence, elle décida finalement de tromper son ennui en cherchant la guilde des usuriers. Cette simple tâche lui demanda la moitié de la journée et elle n'arriva à leur porte qu'une fois le soir venu. Faisant parler les berrys, elle fut en mesure de rencontrer le gérant local. Même si elle n'était pas la plus célèbre des forbans de la route de tous les périls, Méria commençait à avoir sa petite réputation et son interlocuteur avait déjà entendu parler d'elle. Sachant bien qu'il avait face à elle une véritable pirate, il accepta de lui vendre une vivre card pour Armada. Bien qu'à contrecœur, la Peste le paya et prit congé.
Heureuse d'avoir mis la main sur un tel objet malgré tout, la rouquine décida d'arroser la nouvelle. Ne faisant que quelques dizaines de pas, elle entra dans un bar ayant pour thème le jazz. Ce n'était pas vraiment son délire, mais il fallait reconnaître que cela posait une ambiance intéressante. Commandant un verre de whisky, elle affala en partie sur le comptoir, y posant le front quelques instants. En se redressant, elle avala son verre cul-sec avant d'en commander un autre. Se retournant sur sa chaise, elle observa les clients présents ainsi que les musiciens. Une jeune femme très propre sur elle attira son attention. Elle dénotait légèrement sur une île pareille, mais d'un autre côté, il y avait tellement de gens foncièrement différents sur grand line qu'il était difficile de s'en étonner. Ne lui accordant rapidement plus la moindre attention, la pirate retourna à son verre l'air de rien. Demain elle quitterait Lynbrook pour se rendre à Armada.
ciitroon
Liberté, Liberté Chérie !