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Des miracles herborisés

L'Archipel vert, pu un petit coin de paradis pour quelqu'un comme moi. Une île sans foi ni loi, officiellement déserte, mais qui pourtant grouille de merveilles. Pour un herboriste, avoir une île avec une végétation extrêmement dense, un climat chaud et personne pour venir lui casser les pieds, c'est le pied. Alors vous pensez bien qu'avec le concours d'herboriste qui approche, on est plusieurs à se jeter sur des îles propices à nous procurer la victoire. Le bateau, mis à disposition par l'organisateur du concours, qui nous a tous amené ici, les dix que nous sommes, repart aussitôt, n'ayant pas envie de s'attarder. Il reviendra nous chercher dans une semaine. On avait droit à un seul aller-retour, et la majorité devait l'emporter en vote pour savoir où aller. Étrangement, sur dix votes, neuf ont été pour cette île. Si certains proposent de travailler en groupe pour e pas subir les affres de criminels, on est trois à refuser. S'encombrer de boulets et rivaux n'est pas une bonne idée pour gagner un concours. Alors on se séparer, chacun allant dans une direction différente. L'atmosphère est lourde à cause de l'humidité et la chaleur ambiante.

J'avance à travers la jungle. Une boussole au poignet nous a été prêté par la compagnie de transport. S'il est endommagé, on doit payer. Mais au moins, on a la direction pour éviter de se perdre et savoir où se retrouver dans sept jours. A nous de survivre par nos propres moyens. Certains ont emmené du matériel de camping, à savoir des tentes, des réchauds, des glacières avec de quoi manger … Moi je suis parti comme ça, juste avec mes trucs habituels. Tout peut être trouvé sur place, alors pourquoi s'encombrer ? J'ai, peut-être, à ma disposition quelque chose que je ne suis pas censé avoir vu qu'il se peut qu'éventuellement, je l'ai emprunté à quelqu'un sans lui demander son accord en amont. Durant le voyage nous amenant ici, j'ai possiblement subtilisé un mortier et pilon à un de mes adversaires sans qu'il ne s'en aperçoive. Il n'a qu'à mieux surveiller ses affaires aussi. A mesure que j'avance dans la forêt, je repère une odeur intéressante et me dirige par là aussitôt. Une bonne odeur de citron. Rapidement, guidé par mon odorat, sur place. Plusieurs arbres, mesurant près de cinquante mètres de haut, aux odeurs acidulés, correspondent à ce que je recherche. Aucun moustique aux alentours. Je ramasse une branche tombée sur le sol, récupère chaque feuille, les place dans le mortier, puis je les écrase avec le pilon jusqu'à avoir de la poudre et quelques gouttes de liquide. Une odeur de menthe poivrée se dégage rapidement.

N'ayant pas d'alambic, je ne peux pas les diluer pour l'instant. Mais je ne peux clairement pas me mettre ça sur la peau directement, c'est beaucoup trop fort et ça m'irriterait. Alors grâce à l'humidité qui règne ici et que je récupère sur les feuilles avec une petite pipette, tellement pratique cet objet, et que je place dans un bol, petit à petit, j'ai assez d'eau pour mon projet. Je récupère de l'extrait liquide provenant des feuilles, et je mélange le tout dans des proportions adéquates, à savoir une goutte de feuilles pour six d'eau. Je répète le procédé plusieurs fois. Une fois que la concentration me semble adéquate, je trempe mes doigts dedans et m'en badigeonne légèrement le visage, les bras et les jambes afin de repousser toute sorte d'insectes puisqu'ils détestent cette odeur. Alors que moi elle me détend. Cette odeur de citron mentholé détend et facilite le sommeil, en cas de besoin. Ce n'est pas de l'huile essentielle, donc l'effet est moins fort, mais ça me laisse un peu de tranquillité pour chercher des herbes intéressantes. Je range mon matériel puis reprend mes recherches. Je vérifie chaque plante sur lesquelles mes yeux viennent se poser.

Jusqu'à ce que je vienne trouver un trésor pour herboriste. Ces feuilles ovales, dentées et légèrement duvetées qui dégagent un parfum très frais et bien connu. Des pieds de menthe poivrée se trouvent à ma gauche. Ayant du respect pour la nature et ce qu'elle nous donne, je n'arrache pas les pieds, je ne brise pas les branches, je récupère juste les feuilles une par une et les range dans un petit sachet en plastique. Comment reconnaître une menthe d'une menthe poivrée ? La couleur de la poivrée est plus foncé, tirant un peu vert le rouge. Ensuite, l'odeur est bien plus prononcée et à un petit plus épicé qui relève le goût. Le menthol possède une action antalgique qui agit sur les récepteurs de la douleur. On l'utilise en cataplasmes, huile essentielle, baume ou lotion pour soulager les douleurs articulaires, inflammatoires, ou encore les piqûres d'insecte. Il a aussi un effet de vasoconstricteur, rétrécissant la taille des vaisseaux sanguins. Mais en plus, il aide à la digestion, a des fonctions diurétiques et a une forte action anti-oxydant. La menthe est géniale vu toutes ses actions et formes dans lesquelles on peut la décliner. Voilà pourquoi je l'aime autant. On ne peut pas se passer de cette plante.

Je reprends mes recherches, tâtonnant à l'aveugle à cause de la végétation. Les feuilles font la taille de mon torse, pas facile d'avancer. Je suis obligé de sortir un scalpel et trancher mon passage, sinon je perds trop de temps. Je m'enfonce plus profondément dans la forêt. Rien n'attire mon œil jusqu'à ce que je tombe sur des pieds de Plantago major. Cette plante qui normalement ne pousse qu'au soleil, avec un petit d'ombre, qui signifie que le sol à une concentration en calcaire trop importante, a malgré tout réussit à pousser ici. Cette plante est le cauchemars des villes. Il suffit d'une graine, et elle pousse n'importe où dès l'instant où il y a un infime espace. Entre pavés, sur la route, sur les trottoirs … Elle se plaît partout, et vient souvent en grand nombre.Comme pour la menthe, j'arrache délicatement les feuilles en tenant le pied pour ne pas l’abîmer, puis je les place dans un sac après les avoir essuyé autant que possible. Les effets dépuratif, diurétique, hémostatique, vulnéraire, antiallergique et anti-inflammatoire respiratoire m'intéressent légèrement. Avec l'argile en poudre dont je dispose, je vais pouvoir créer de beaux petits cataplasmes. Ça signifie que je peux arrêter des hémorragies avec et guérir des plaies plus rapidement qu'à l'ordinaire. Vu ses effets, j'en prend une bonne cinquantaine.

La lourdeur du climat se fait sentir, je ne suis pas à mon aise. Sept ans sur Drum m'ont acclimaté à autre chose. Il se peut que ma manche droite soit mouillée à force d'éponger la sueur de mon front. Je mâche quelques feuilles de menthe poivrée pour me rafraîchir, mais ça ne dure pas assez longtemps. Et surtout, je ne peux pas trop en mâcher vu l'effet diurétique qu'elles ont. Pas envie de passer ma soirée avec une diarrhée carabinée. J'ai récupéré des feuilles que j'ai essayé de séchées puis mises dans un sac pour cette nuit.
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La nuit tombe. Je n'ai pas trouvé d'autre plante qui m'aide. Alors je décide de monter mon camp. A savoir, je monte dans un arbre pour me poser sur une grosse branche, capable de supporter mon poids. Pourquoi grimper ? Pour ne pas être à portée des animaux sur le sol, éviter la majorité des insectes, carnivores … Je m'installe tel un paresseux. Ce n'est pas le plus confortable du monde, mais au moins je suis en sécurité. Lorsque le soleil se lève, je descends, vais chercher des herbes et feuilles pour mon petit déjeuner. On peut déjà entendre le bruit des animaux aux alentours. J'écrase des feuilles au mortier, je rajoute un peu d'eau de rosée pour liquéfier un peu le résultat. Je coupe un bout d'écorce d'arbre, je rappe avec un scalpel et fait tomber un peu de sciure dans le mortier. Je mélange le tout jusqu'à avoir une texture ressemblant à une bouillie, plus solide que liquide. Puis je verse le tout dans mon gosier. Ce n'est pas le meilleur repas au monde, mais c'est écologique, gratuit et malgré tout, assez rassasiant. J'ai clairement mangé pire quand j'étais tout seul dans l'océan.

Je me remet en chasse de plantes, feuilles, herbes avec des propriétés intéressantes. Les jours passent et se ressemblent pour moi. A l'aube du cinquième, des voix me réveillent depuis mon arbre. Des voix humaines. Plusieurs. Mais je ne reconnais pas celles des types avec qui je suis venu en bateau. Alors je me tais et me fais tout discret. Je suis à quatre mètres de hauteur environ, caché par la végétation. Donc me voir revient à chercher un grain de sable sur Drum ou un flocon de neige sur Alabasta. Trois voix différentes, donc trois individus. L'île n'étant pas censée être habitée, il doit s'agir d'exilés, de rebuts de la société, de criminels, de pirates. J'aurais pu penser à des civils s'ils n'étaient pas armés pour partir en guerre avec leur sac typiquement militaire. Ils avancent en tranchant devant eux sans prêter attention à la nature, ce qui me fait hérisser un peu les poils.

« Allez, on se dépêche. Il faut qu'on en trouve au moins deux si on veut être payés.
Quelle idée ils ont eu devenir ici quand même Un trou à rat, que de la merde, rien à faire. Des moustiques par dizaines en plus !
Le paradis des herboristes qu'ils ont dit.
Si t'es pas content, tu peux repartir. Diviser en deux ça me va très bien.
Non, ça ira. On finira bien par trouver ces herboristes à la con. Et on pourra garder leur biens après les avoir réduit au silence. »

C'est tout ce que mes oreilles parviennent à capter avant que les visiblement criminels soient trop loin. Quelqu'un a payé ces hommes pour nous trouver et nous liquider, probablement avant le concours. Quelqu'un veut réduire la concurrence. Je recherche dans les avis de recherches que j'ai feuilleté quand on m'a remis ma licence de chasseur de primes, mais aucune de leur tête ne me revient en mémoire. Je pourrais les intercepter et tenter de me les faire, mais je suis moins bien équipé qu'eux. Et si je les laisse, ils peuvent en effet réduire la concurrence … Que faire ? Après mûre réflexion, je décide de les suivre aussi discrètement que possible tout en faisant une liste ce dont je dispose pour m'aider en cas de besoin. Je suis trop loin pour les entendre, mais assez proche pour entendre la sonnerie d'un appel par den den mushi. Ils changent soudainement de direction et avancent plus vite. Comme si quelqu'un leur avait dit où aller. Étrange. Qui pourrait trouver qui que ce soit à travers une forêt aussi dense ? Une vingtaine de minutes plus tard, ils ont sorti leurs armes et ouvrent le feu. Même si je voulais intervenir, c'est trop tard. Ils récupèrent le sac d'herbes, reçoivent un second appel avant de se remettre en route.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
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Bon, je vais vraiment les laisser faire ça ? On s'approche assez pour sentir de la fumée. La pauvre victime ne s'attend pas du tout à ce qui va lui tomber dessus. Les mercenaires continuent d'avancer. Au moment d'arriver sur le campement improvisé, ils se font prendre en joug par une dizaine d'hommes armés.

« Qui êtes-vous ? Pourquoi pointer vos armes sur nous alors qu'on ne s'est jamais rencontré ?
Quelqu'un nous a demandé de retrouver certaines personnes venu récemment sur l'île.
Pour les éliminer …
Non, pour qu'ils discutent avec notre employeur.
Je vois mal comment un mort pourrait parler. A peine êtes-vous arrivé en limite de vision que vous avez sorti et pointer vos armes. Par chance pour nous, vous êtes aussi discret qu'une baleine sur la place publique. Qui vous a envoyé ?

Qui cherchez-vous ?
… Des herboristes.
Pourquoi ?
Notre employeur préfère ses ennemis sous terre que dessus. La concurrence n'est pas toujours bonne pour les affaires.
Espérer tomber dessus par hasard relève plus de l'imaginaire que du réel. Comment vous espérer les trouver ? C'est lié au ballon dans les airs ?
Hey, yen a un autre ! » Comprenant qu'ils parlent de moi, je m'enfuie aussi vite que mes jambes me le permettent. Osef de la discrétion.
« Il est avec vous ?!
Non. On est que trois. Il n'est pas avec vous ?
Non.
Alors c'est l'un d'eux. On doit le retrouver. »

Habitué des forêt, je peux me déguiser grossièrement. J'ai un peu distancé les hommes vivants sur l'île. Je ramasse de la boue et m'en tartine le visage et les mains. Je me recroqueville dans une touffe de fougères. Mes vêtements étant soit gris soit vert feuillage, bon courage pour me repérer. Dix hommes que je suppose locaux, et trois mercenaires engagés pour nous tuer. Voilà qui promet une aventure intéressante. « Tu bouges, tu meurs. Lève toi lentement. » Je sens le bout d'un fusil sur ma tête. Bon, j'suis pas si bien caché on dirait. J'obéis. On me dit de me tourner.

« Tu fais quoi ici ?
Je suis médecin. Je viens récupérer des plantes pour faire mes remèdes.
Ah ouais, médecin. Comment tu soignes une toux ?
Heu … Tout dépend si elle est aiguë, chronique, sèche ou grasse. Une toux irritative et sans crachat est dite sèche. La toux est "grasse" ou productive et elle s'accompagne de crachats. Si ell*/
Ok, c'est bon. Ya qu'un toubib pour prononcer autant de mots à la con à la suite. T'es un vrai toubib ?
Oui. J'ai étudié à Drum pendant sept ans.
… Suis moi. » Il m'amène jusqu'aux autres, je n'ai pas d'autre choix que de le suivre.
« Voilà un de ceux que vous cherchez. » dit-il en me pointant aux trois mercenaires. « Avant de vous le donner, il va soigner Bob. Il a glissé de la montagne hier et s'est blessé. Ça commence à sentir mauvais. Tu le soignes, tu vis. Tu tentes autre chose, tu finis en engrais. Capiche ?
Je crois avoir saisit le concept, oui. »

Je m'approche de celui qui boite. Je le fais s'asseoir sur le sol. La blessure est sur le mollet. La plaie est ouverte, ils n'ont même pas nettoyé ou fermé ces abrutis. Quelques jours plus tard, et une jolie gangrène lui aurait bouffé la jambe. Quelle inconscience. Qui n'a pas de médecin autour de lui mérite la mort, point. Autant un cuisinier, ça passe, tu peux te démerder. Un navigateur, si tu ne quittes pas ton île, bon, c'est pas grave. Mais ne pas avoir de médecin est tout simplement irresponsable. C'est lui qui gère la vie à bord. Pendant que j’examine le patient, je cherche une solution. Ils sont neuf et trois, plus celui assis que je tripote. Trois armes à feu sont pointées sur moi en permanence, et j'ai noté au moins six armes blanches telles des sabres ou des haches aux ceintures. Les chances sont contre moi. Je leur explique ce que je vais faire comme un prof le ferait avec une classe. Je demande à ce qu'on me trouve une plante spéciale pour faire un anti septique. Les feuilles sont rondes, légèrement dentelées vers l'extérieur, une tâche jaune au centre. Elle pousse par pied double ou triple, c'est à dire qu'une racine donne deux ou trois plantes avec la même tige à la base. Je leur demande de me ramener au moins six plantes. J'oublie peut-être de leur dire qu'elle est empoisonnée. Trois hommes sont parti en chercher. Quel dommage pour eux. Trois de moins, reste dix menaces.


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Je sors des feuilles de mon sac et je les applique sur la blessure. Le patient se met à crier. Il se peut que mes feuilles soient des feuilles de lys trempées dans de l'alcool. Un remède génial suite à une brûlure légère afin de réduire la taille de la cloque et accélérer la cicatrisation. Ça n'a, bien évidemment, aucun effet positif ici. Le but est juste que le patient soit inconscient, ce qui ne manque pas d'arriver. Une bonne dose d'alcool à 90° sur une blessure ouverte, même le plus costaud aurait une réaction. Je prétends que c'est pour nettoyer la zone, bien que ça la rend un peu grasse. Puis je sors mon scalpel et je tente de nettoyer un peu la plaie, en creusant pour lui sectionner rapidement les tendons, aussi appelé les tendons d'Achille. Du sang commence à couler. Je demande un coup de main à un type qui pose son arme au loin avant de venir. Il en reste cinq qui me pointent de leurs armes. Je lui donne une compresse et lui demande d'appuyer sur un point précis afin d'arrêter le saignement. Évidemment, ça ne fonctionne pas. Je met la main dans ma tenue pour en sortir une petite fiole. Elle ne contient que de l'eau colorée, au cas où j'ai besoin d'un placebo. Je me retourne et la lance sur le torse d'un des type. Vu qu'il est collé aux autres, ces derniers reçoivent un peu du liquide. Mon scalpel dans la main, je me cache derrière celui qui m'aide, avec la compresse.

« Ah ! Vous avez été empoisonné. D'ici peu, vous ressentirez les effets. J'ai l'antidote dans ma sacoche. Si vous le voulez, ne bougez pas, ne me suivez pas. Si vous bougez, dîtes adieu à vo*/ »

Un tir vient achever ma phrase. Un des mercenaires à visé la tête d'un des locaux, supprimant mon bouclier. Les autres se tournent vers lui, pas content qu'il ai supprimé à de leurs compagnons. Je fait volte face, puis je cours aussi vite que je peux. Ils me prennent en chasse, mettant leur différent de côté. Je glisse ma main dans un sachet, et j'en balance une grosse poignée derrière moi. Je ne regarde même pas si ça fait effet ou pas. Ma Poudre dodo, soit tu perds du temps en la contournant, soit tu passes dedans et risque de subir son effet. Je me fou de savoir qui choisit quoi. Je cours. Je cours pour ma vie. Des balles sifflent dans ma direction. Quand je pense avoir mis assez de distance entre eux et moi, je retire la tenue que je place dans un buisson, puis je me cache plus loin, derrière un arbre. Trois hommes arrivent assez vite. Ils voient le buisson, s'approche, et tirent dessus sans même parler. Ils se rapprochent pour confirme le décès. Je sors de derrière mon arbre et saute sur l'ennemi le plus proche. Je dévie son arme d'un coup de main rapide, puissant et précis. Il perd la maîtrise de son ustensile. Ayant brisé sa défense, mon scalpel dans ma main gauche, je viens lui entailler le torse aussi profondément que possible. Puis, tout mon instrument dans son corps, je viens le descendre rapidement et aussi fort que possible afin de lui faire une sorte de sepuku.

Les autres réagissent en me tirant dessus. Je me cache derrière le futur cadavre qui se prend les balles. Je récupère le fusil. Malheureusement, si j'en ai déjà vu durant ma vie à la surface, je n'en ai jamais manié. Et d'une seule main, c'est encore moins facile. Alors je lâche et frappe le désormais cadavre. Mon poing des 100 tuiles projette le corps en face, à plusieurs mètres, droit sur les deux ennemis. Un a le réflexe de se jeter sur le côté pour esquiver. L'autre se fait emporter par l'élan, et termine la tête fracassée contre un rocher. Un contre un désormais. Cinq mètres nous séparent. Il saisit sa hache et me fonce dessus, je fais de même avec mon scalpel. J'en profite pour crier « Maintenant ! ». Il se stoppe dans son élan, tournant la tête de tout les côtés. Je descends pour glisser sur le sol mouillé et arriver entre ses jambes. Il brandit sa hache et la descend en balancier pour me trancher en deux. Je tourne sur moi même et d'un moulinet rapide, je viens trancher le tendon quadri tricipital, ce muscle juste à l'arrière du genou. Une gerbe de sang jaillit, un cri retentit. Mais il serre les dents en envoie son coup vers moi. Mais le tendon taillé marque le début d'un déséquilibre. Il prend appuis sur ses jambes comme si de rien n'était. Mais quelque chose s'est produit. Qu'il le veuille ou non, son corps bascule en arrière. Je me penche en avant comme si je me prosternait devant quelqu'un afin d'éviter son coup de hache. Il tombe à la renverse et hurle.

Je me relève et vire la hache de ses mains avant de l'éloigner. J'enfonce mon scalpel dans son épaule droite vu qu'il est droitier. Puis je le retire et enfonce mon doigt dans la nouvelle blessure. Il se débat pour nous faire rouler et reprendre le dessus. Un bon coup de scalpel dans l'avant-bras libère le si précieux liquide donnant la vie. Nouveau cri de douleur. Mais il passe outre et fait en sorte que mon scalpel traverse entièrement son bras qu'il envoie vers ma gorge. Je retire mon doigt de sa blessure, et jette un peu d'alcool dessus. Il réussit à m'attraper, mais sans nous faire basculer. Il erre ma gorge avec ses deux mains, malgré la douleur qui provient de son épaule, de son bras et de sa jambe. Je cherche un objet parmi mes affaires. Il serre ses mains, et je commence à manquer d'air. Je réussit enfin à trouver ce que je voulais. Je sors la seringue, enlève le capuchon, l'enfonce dans le premier bras qui passe à portée de ma main, puis pousse pour déverser son contenu dans le corps de mon ennemi. Les essences de Passiflore et Camomille mélangées, extraites de ces fleurs, en version concentrée font rapidement leurs effets. Il perd rapidement de sa force. Comme si son corps refusait de lui obéir. Il perd toute sensation dans son bras qui s'endort cinq secondes après injection. Un relaxant musculaire par injection n'est pas à prendre à la légère.

On l'utilisait sur Drum dans les cas de patients vraiment agités et qu'on ne pouvait calmer avec des mots. Ceux en manque d'alcool, en crise psychologique, les drogués et j'en passe. Il rend les muscles détendus, comme lors d'une anesthésie. La partie du corps dans laquelle le produit a été injecté ne répond plus. A la place des médicaments, je préfère utiliser des plantes, c'est plus naturel. Et ça se détecte moins en cas d'autopsie. Mais l'effet est identique. Il est surpris du résultat, mais continue de serrer de sa seule main valide. Je mets mes deux mains sur son épaule, et d'un coup sec mais violent, je viens lui déboîter le plexus brachial. Son épaule fait un clac. Puis l'inconnu se remet à crier de plus belle. Il va attirer du monde, alors je lui fourre dans la bouche un morceau de tissus que j'arrache de sa tenue. Ah, ça va tout de suite mieux sans son. Si mes calculs sont bons, il reste les trois mercenaires et deux types vivant sur l'île. Je tente de faire parler le monsieur, mais il refuse. Je pourrais le forcer avec des plantes, mais ça prendrait trop de temps. L'effet du relaxant se propage désormais dans tout son corps. Je décide de le laisser là et de m'enfuir. Il reste encore deux jours avant que le bateau ne revienne nous chercher. Deux jours durant lesquels je dois éviter toute rencontre, récupérer des plantes utiles à mes décoctions, m'occuper de moi et éviter les animaux.

Spoiler:


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J'avance à pas de loup dans la forêt en évitant soigneusement de croiser qui que ce soit. J'ai récupéré des bouts de buissons que j'ai mis sur ma tenue afin de pouvoir me transformer en buisson si je me roule en boule. Augmentant mon camouflage, j'augmente mes chances de survie en trompant l'ennemi. Je ne sais pas qui a engagé les mercenaires, et je ne suis pas sûr de pouvoir le faire avant de partir, tout en restant en vie. Je parcours les mètres à une vitesse lente, même pour un humain. Entre la végétation et l'attention que je prête aux bruits, je dois avancer à peine plus vite qu'une baleine dans le désert. Je reconnais une plante un peu plus loin, et je me dirige vers cette dernière. Les feuilles en forme de poivrons, nervures bien apparentes mais n'allant pas jusqu'aux extrémités, un vert pétant, une odeur fétide qui s'en dégage. Pas de doute, c'est bien de la Solanaceae, une plante de laquelle on extrait une substance appelé scopolamine qui sert, entre autre, à faire des sérum de vérité. Évidemment, la version par intraveineuse est beaucoup plus efficace. Voilà pourquoi il me faut un laboratoire, et urgemment. Je pourrais utiliser les feuilles comme ça, mais disons que le patient aurait une indigestion avant d'avoir l'effet voulu. Ça équivaudrait à manger du fer pour sortir une épée toute faite de sa bouche. Je récupère un bon gros sachet de feuilles que je range aussitôt en fermant le plastique. L'odeur est vraiment fétide, pas envie qu'on me repère avec ça.

Spoiler:

Pas très loin, je trouve également une partie de mon bonheur. Un petit champignon, poussant par groupe de cinq à dix, en forme de cloche et de couleur marron clair. Il s'agit de Psilocybe, un champignon hallucinogène dont on extrait de la psilocybine, un puissant hallucinogène. Parfait pour un combo avec la Solanacaea trouvé plus tôt afin d'avoir un cocktail faisant office de sérum de vérité. Le tout étant de trouver le bon dosage. Mais en cherchant dans des bouquins et ma mémoire, je devrais trouver facilement. Je mets des gants pour récupérer les champignons après avoir mis du linge autour de ma bouche et mon nez pour limiter les effets, sait-on jamais. Puis je les enferme également dans un sachet hermétique. Hors de question de garder ça comme ça. Je décide de me rapprocher du rivage un peu en suivant la boussole. Après plusieurs heures de marche, je sens l'odeur iodée caractéristique de l'océan. West Blue est devant moi. La nuit tombe rapidement, et je me fais mon petit lit en haut d'un arbre. Bien évidemment, pas de feu pour ne pas indiquer ma position. Et pas sûr qu'il prendrait avec toute l'humidité ambiante de toute façon. Je me nourris de plantes et de fruits trouvés durant la journée. La nuit passe et le soleil se lève. Je ne sais pas si les mercenaires traînent encore avec les locaux, et je ne veux pas le savoir.

Je prépare de la Valériane, de la Passiflora Incarnata et Ballota Nigra ensemble afin de recréer de la poudre à dodo, comme j'appelle ça. Leurs effets conjugués de somnifère sont assez importants pour me sortir de quelques embrouilles. Et comme je sens que les embrouilles vont justement me trouver prochainement, autant être prêt. Avec les cinquante feuilles de chaque, j'ai de quoi faire une dizaine de poudre. Le rendement n'est pas extra, et je pourrais l'améliorer avec un laboratoire ne serait-ce que classique. Mais déjà faut-il les faire sécher. Parce que l'état, je ne peux rien en faire. Je les enferme dans des sacs séparés. Puis je range tout avant de me mettre en marche. Je tourne pour trouver quelque chose à cueillir ou ramasser, en vain. La journée se termine, et je suis bredouille. Il est vrai que j'ai déjà trouvé pas mal de choses, j'ai eu beaucoup de chance. En trouver plus aurait signifié que ma chance est isolante. Je me rapproche un peu plus du rivage pour la nuit.


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Quelques heures à tenir. Le bateau arrive vers midi, il est neuf heures. Je sens l'odeur de viande rôtie à la broche. Il y a un campement proche de moi, en bordure de la forêt. Si je le sens et le vois, alors les mercenaires également. Je m'approche aussi discrètement que possible, et regarde en jetant des coups d’œil rapides. Personne de suspect ou bizarre. Quatre types encapuchonnés. Les herboristes de la semaine dernière auraient survécu ? On était dix, ils étaient donc neuf. Un est mort, un second probablement aussi. Donc il en resterait six. Possible, oui. L'un des hommes retire sa capuche, et je reconnais un des voyageurs, en effet. Je me sens rassuré, même si les trois autres sont étranges. J'essaie de les contourner tout en restant caché dans la forêt afin de voir leur visage.

« Tu es sûr qu'ils vont venir ?
Oui. C'est aujourd'hui que le bateau vient nous chercher. Personne ne voudrait rester bloqué sur cette île. On s'est donné rendez-vous ici, donc ils vont venir ici.
T'as plutôt intérêt à avoir raison.
Et donc vous m'épargnerez ?
Tant que tu abandonnes le concours et ne parle à personne de ce qui s'est passé ici, oui. »

Lorsque ces mots parviennent à mes oreilles, je suis choqué. Non seulement il s'agit bien de mercenaires payés pour nous tuer et récupérer nos sacs, mais en plus ils tendent un piège aux survivants. Et en parlant de survivant, en voilà justement un qui arrive en sifflant. Il salue les quatre hommes sans se douter une seconde de ce qui va suivre. Un des mercenaires sort son pistolet et lui tire dans la tête. Les deux autres se lèvent et balancent le cadavre dans une tente. Plus que quatre de vivants qui vont venir ici. Je réfléchis vite à un plan pendant que le sac d'herbes du mort est récupéré. L'otage tremble un peu. Sûrement n'a-t-il jamais vu de mort de sa vie. Ou pas d'aussi proche en tout cas. Je vois mal ce que je pourrais faire. Je me dois quand même d'essayer de sauver les survivants. Je m'approche de feuilles, et avale la rosée qui traîne dessus. Je répète ce processus plusieurs fois tout en étant aussi discret que possible. Une fois que j'en ai assez, je retourne en lisière de la forêt. J'entends du bruit plus loin suivit rapidement par des voix. Des gens discutent en se rapprochant du campement. D'autres herboristes arrivent pour le départ de l'île. Et merde, plus le temps de réfléchir, on doit agir. Je vise un des hommes armés, puis lui crache dessus une partie de la rosée contenue dans ma bouche. Le Crachat Aqueux fonce sur lui et le touche au niveau des deux épaules, à moins d'une seconde d'intervalle.

Je ne connais pas sa force, alors je n'ai pas mis toute la mienne. Je n'ai pas envie de le tuer, malgré tout ce qu'il a fait jusqu'à présent. L'inertie suffit à le déséquilibré et le faire tomber à la renverse. Il jure durant sa chute, et ses deux compagnons se retournent vers lui. Je leur fait pareil. Sans comprendre, eux aussi tombent à la renverse. Je me précipite alors sur eux. Seul le premier à être tombé à pu récupérer son arme, les deux autres étant surpris. Il pointe son arme sur moi, et tire. Les herboristes arrivent et voient la scène. Ils restent figés l'espace d'un instant, puis se précipitent vers nous. Ils viennent essayer de neutraliser les mercenaires qui récupèrent leurs armes. Celui ayant tiré, en dépit de son expérience, n'a pas du tout le bon angle de tir pour provoquer la mort. Sa balle me touche au bras gauche cependant. J'arrive au corps à corps sur lui. Il envoie un coup de crosse de son arme vers ma tête. Ma Paume de Requin vient réceptionner son attaque et la dégage sans trop de soucis. Scalpel dans la main droite, d'un geste rapide et précis, je viens lui sectionner les tendons fléchisseurs. Ciblage des tendons. Une blessure à l'allure ordinaire, juste une entaille quelconque. Certes, peu de sang s'échappe de cette plaie.

Je viens d'inciser sa main droite, juste au dessus de ses doigts, sur le dos de la main. Une simple entaille pourtant lourde de conséquences. Aussitôt, sa main s'ouvre sans qu'il ne le veuille. Il tente de plier ses doigts, en vain. Il ne comprend pas. Ce n'est qu'une petite entaille de rien du tout, pas de quoi paralyser un grand gaillard comme lui. Je ne lui demande pas son reste et fait la même chose avec sa main gauche. Il voit ce que je veux faire, et tente de cacher sa main. Poto, j'ai été élève sur Drum, j'ai fait mes classes auprès des plus grands médecins de ce monde. Dr Mamour nous a montré sa frappe chirurgicale plusieurs fois. Sa précision légendaire et sa rapidité exceptionnelle ont fait sa réputation. Son efficacité n'est plus à démontrer. Il peut entailler quelqu'un avant que cette personne ne le remarque, et avec une précision au millimètre près. Je ne dispose pas encore de ces effets, mais je n'en suis pas spécialement loin. Je peux reproduire sa technique, à moindre échelle. Mon entaille ne fait que cinq millimètres de profondeur, mais ça suffit amplement pour sectionner les tendons contrôlant la fermeture des doigts.


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Il lutte contre moi avec sa seule main valide et tente de me frapper avec son arme. Il commence à me gaver. Il est visiblement moins fort que moi physiquement, et pourtant son expertise en combat ainsi que sa dextérité en font une purge pour moi. J'esquive son coup tant bien que mal et contre avec ma paume de requin pour lui renvoyer son arme en pleine poire. Un bim plus tard, il tombe au sol, inconscient, la tête légèrement ensanglantée. Pas trop tôt. Des bruits de tirs retentissent et me sortent de ma torpeur. Les herboristes sont dans le mal visiblement. Pas habitué à se battre, ils ont perdu le dessus sur les mercenaires restant, et l'un d'eux à récupérer son arme. Il a rampé sur la sol et pointe son arme vers nous. Et il tire. Mais le dernier herboriste, celui retenu en otage et servant d'appât décide enfin de se joindre à la fête en arrêtant sa PLS. Il souffle une poudre sur la tête de notre ennemi. Ce dernier ce met à hurler deux secondes plus tard. Il lâche son arme, se lève brutalement et court en criant. On dirait … qu'il a peur. Étrange. Les deux autres sont sur le tueur restant, le neutralisant eux aussi avec des poudre. Un des deux vieux lui a même fait un masque sur les yeux, lui cachant ainsi la vue. Puis avec un pilon, ils lui ont tous les deux asséné des coups pour qu'il lâche son arme. Et en dernière option, ils lui ont glissé une poudre sous son tee-shirt. La réponse du mercenaire aussitôt été de se gratter. Rien de tel que du poivre à gratter pour occuper quelqu'un.

Celui criant et courant se heurte violemment à un arbre et tombe sur le sol, inconscient. Un inconscient drogué, un inconscient ne pouvant plus se servir de sa main droite, et un aveugle qui se gratte sans cesse. Si nous avions été des civils, la conclusion aurait été bien différente. Mais nous sommes des herboristes chevronnés. Nous avons des potions, des onguents, des poudre, des fioles aux effets divers et variés, limités uniquement par notre imagination et notre matériel. Nous ne sommes pas des petits enfants incapable de se défendre face à une menace. Nous sommes constamment d'explorer des îles à la recherche de plantes et d'herbes pouvant nous aider. Nous partons pendant des semaines, tout seul la plupart du temps. On se retrouve au milieu de la nature, de ses dangers venant de la flore, mais aussi et surtout de la faune. On doit savoir se défendre tout seul, c'est la condition sine qua non. Ne jamais s'attendre à être sauvé, ne toujours compter que sur soi, voilà la loi pour survivre tout seul. Alors certes, on manque parfois de mourir. Mais qui n'a jamais frôlé la mort en faisant ce qu'il aime ? Qui n'a jamais ressenti ce frisson qui parcourt la nuque et descend dans le dos, cette excitation de pouvoir découvrir, expérimenter ?

La plus grande faiblesse des herboristes est la faible distance de nos attaques. En étant conscient, j'ai essayé de développer de quoi y remédier. Pour l'instant, je ne vois que le karaté aquatique pour me défendre ou attaquer à distance comme je l'ai fait. Mais pas facile de réussir tout en masquant ma nature de triton. Je ne sais toujours pas comment les gens réagiront si je leur révèle, donc je préfère vivre comme un humain. Je sais que certains trouveront ça normal. Mais quel est ce pourcentage de la population mondiale ? Un pourcent ? Deux pourcents à tout casser. Donc il reste encore quatre vingt dix huit pourcents de connards. Je ne prends pas ce risque pour l'instant, hors de question. Les trois mercenaires sont ligotés avec les moyens du bord. Un herboriste devant eux pour les surveiller et un derrière pour s'assurer qu'ils n'essaient pas de se libérer de leur liens quand ils vont se réveiller. Les survivants posent des questions, et j'essaie de leur répondre. Ils ont du mal à y croire et c'est normal. Mais les fusils et le cadavre dans la tente brisent leur réticence.

« C'est stupide de vouloir tuer juste pour un concours.
Oui. Mais la nature humaine est cupide. Des gens voudront toujours plus que ce qu'ils ont. Et ils seront prêt à tout pour ça. Il faut qu'on découvre qui est derrière ça pour empêcher qu'il y ait plus de morts.
Entièrement d'accord.
Pas d'accord du tout. Ce sont des mercenaires, des tueurs engagés pour nous éliminer. Je dis qu'on les remet à la marine, elle saura les faire parler.
A temps pour le concours ? Un concours qui, je te rappelle, se passe sur un royaume qui exècre le gouvernement mondial et la marine. Le sultanat ne veut pas en entendre parler. Donc non seulement la marine n'a aucune juridiction là bas, mais en plus elle est prohibée de l'île. Donc elle ne pourra rien faire pour nous ou contre la personne qui a commandité nos meurtres.
… Alors on fait quoi ? On les laisse repartir comme ça ? On les tue ? Dis moi ce que tu veux qu'on fasse !
J'en sais rien. Je pense qu'il faut qu'ils parlent. Mais au sultanat, on pourra nous accuser de les avoir kidnapper. Si on les ramène à la marine, elle ne pourra rien faire à part les condamner, et leurs aveux pourraient être contester par de bons avocats du sultanat de Pétales. Je pense … je pense que la meilleure solution, c'est de les faire parler nous même, d'obtenir autant d'informations que possible sur leur employeur. Et ensuite on voit.
Et comment tu veux les faire parler ?
On est des herboristes, non ? A quel point c'est difficile de faire parler quelqu'un en modifiant légèrement le but de nos produits ? Toi, tu as bien de la poudre à gratter, non ? Tu as déjà vu quelqu'un résister indéfiniment à ça ? Tu ne penses pas qu'ils pourraient livrer des informations en échange de l'arrêt de la poudre ? Et toi, tu as bien un masque qui peut priver les gens de respirer, non ? L'impression de mourir fait des merveilles pour délier les langues.
Ce sont des mercenaires. Ils sont visiblement entraînés pour résister à la torture.
Aux méthodes classiques de torture, nuance. Mais on ne torture pas nous. On leur fait simplement une démonstration de nos domaine de prédilection. Un échantillon gratuit en somme. Rien de répréhensible. »

Spoiler:


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Les trois mercenaires reviennent à eux en même temps. Un gémit de douleur quand il essaie de bouger son poignet. Il baisse les yeux et voit un bandage avec une atèle de fortune fabriquée avec des branches. Je lui dit d'arrêter de bouger sa main s'il veut qu'elle guérisse rapidement. Puis on les sépare, et on commence notre office. Voyant ce qui les attend, ils sourissent tous les trois. Ils braillent quelque chose. L'instant d'après, de la mousse sort de leur bouche. Du poison ! Je me précipite sur le mien, pas le temps de réfléchir. Je mets mes doigts dans sa bouche pour forcer son réflexe et qu'il vomisse. Il éructe en bavant à moitié et un un jet de vomit me manque de peu. Suite à quoi je sors le charbon végétal obtenu sur Shimotsuki de mes poches. J'en fourre quelques grammes dans la bouche du mercenaire et le force à avaler. Le charbon végétal est un excellent antipoison, agissant sur énormément de choses. Il y a donc de grandes chances que ça fonctionne. J'attends un peu, impatient de voir si ça fonctionne ou pas. Ils devaient disposer d'une capsule de poison, probablement du cyanure, caché dans leur bouche. Possiblement dans une dent. Ce dispositif est rare, même chez les espions. Sur Drum, on en a croisé une fois, avec le docteur DalmaTia, celle qui m'a appris à préférer les plantes aux médicaments. Celle qui a été mon mentor, malgré son côté inquiétant.

Un ancien espion voulant quitter sa vie, ayant fuit ses supérieurs, déserté son poste, et souhaitant qu'on lui retire cette bombe à retardement. Le Docteur Schultz "La quenotte creuse" était aux commandes, mais nous sommes venu contrer le poison en cas de besoin, histoire que l'opération ne soit un succès mais que le patient décède malgré tout. Tia avait utilisé un mélange d'herbes et de poudres. Hélas, je ne dispose pas de ce matériel. Pas encore du moins. Donc je fais avec les moyens du bord. Un charbon végétal n'est clairement pas aussi bien qu'un remède concocté par la référence en matière d'herboristerie du monde. Mais il fait ce pour quoi on l'emploie, et c'est tout ce que je souhaite. Pendant ce temps là, les autres herboristes regardent leur prisonnier, morts. Ils ont tenté des choses, comme moi, mais n'ont pas réussit à sauver les patients. Le mien reste donc la seule piste exploitable pour trouver qui les a engagé et truque le concours en tuant des gens. Tous nos espoirs reposent sur lui. Le mercenaire se cambre, et vomit. Mais cette fois, le rejet est noir. Yes, je charbon à fait son job.

Suite à quoi je verse de l'eau dans sa bouche, tient sa tête penchée en avant et frappe un coup pour qu'il recrache l'eau. Je ne prends pas le risque qu'il reste du poison dans sa dent, alors je lui lave la bouche. Désormais, s'il en restait, soit il a été recraché, soit il est dilué dans de l'eau et sa concentration a assez chuté pour ne pas être mortel dans les prochaines minutes. Et si jamais j'ai tord, on le saura bien assez tôt. Je me laisse tomber sur les fesses, soupire, et dit aux autres de s'occuper du survivant. Un de mes confrère verse de la poudre à gratter sur le cuir chevelu de l'inconnu.

« Vous croyez vraiment que ça va fonctionner ? Abrutis.
Oh, mais c'est qu'il parle le monsieur.
On m'a appris à résister à la torture, c'est pas de la poudre … qui va me … faire cracher … le morceau.
Alors pourquoi tu te tortilles mon chou ? Et pourquoi tu perds ta concentration ?
Je … »

Puis il ne dit plus un mot et se concentre. D'un seul coup, un pousse un cri étouffer, et du sang coule de sa bouche. Je lui fait ouvrir avec un poing dans sa mâchoire. Il pisse le sang. Et pour cause. « Cet abruti s'est tranché la langue et est en train de l'avaler ! » Je peux lui extraire grâce à mes connaissances en médecine classique. Mais pas dans les temps pour qu'il survive. Je peux l'endormir, mais le temps que ça fonctionne, le temps que j'ouvre sa bouche et en sorte sa langue, il sera bleu. Je ne vois pas dans quel cas on gagne ce jeu. On l'a battu sur toutes les manches, et il nous bat au dernier moment. Quelle enflure ! Malgré tout, on essaie. Mais comme je le pensais, on y arrive pas. Il résiste au sommeil assez longtemps pour que son corps soit privé d'oxygène assez longtemps pour causer des désagréments majeurs. 20 à 30 secondes peuvent suffire pour entraîner la disparition des fonctions conscientes du cerveau. On ne rigole pas avec l'hypoxie. Ça fait déjà plus de trente secondes qu'on lui tient la tête, qu'il a été exposé à des herbes pour dormir, et il commence seulement à montrer des signes de fatigue.

Il faut encore qu'on lui ouvre la bouche, que j'insère ma pince dans sa gorge, que je retire son organe, et qu'on fasse repartir son cœur et son cerveau. Il est plus facile de prononcer Tezcatlipocta quinze fois de suite sans se tromper aussi rapidement que possible. Faute de solution, je suis obligé de déclarer le décès. Non sans pester. Cet abruti a préféré s'empoisonner que de divulguer des informations sur son employeur. Il a choisit de se trancher la langue avec ses dents puis de l'avaler pour se tuer que de nous parler. Visiblement, sa vie a moins de valeur que son contrat. Ça ne nous fou pas dans la merde … Je fais les poches du mort, par acquis de conscience, histoire de vérifier qu'il n'a pas de pièce d'identité, de contrat ou quoi que ce soit pouvant nous aider. Il est possible qu'accidentellement, sa montre tombe dans mes poches. Ou bien que sa boussole qui a l'air vraiment jolie disparaisse dans mes vêtements d'un geste habile et rapide. Mais tout ceci n'est qu'une hypothèse, bien loin de la vérité. Voilà ce que je dirait au tribunal en cas de besoin. Ou bien peut-être les a-t-il perdu dans la forêt. Après tout, cette jungle est vraiment dense parfois.


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Je ne trouve bien évidemment rien dans les affaires des morts capable de nous donner une piste. Rien à part un den den qu'il a pris le temps d'écraser discrètement pour qu'on ne puisse pas tracer les appels passés. C'est alors que je me souviens qu'ils devaient avoir un complice dans le ciel pour traquer les feux de camps. Ils se dirigeaient comme s'ils savaient exactement où aller, sans jamais tâter. Et un petit feu de camp ne se repère pas comme ça à plusieurs centaines de mètres de distance. Par contre vu du ciel, c'est une autre paire de manche, beaucoup plus facile. Ils doivent avoir un partenaire dans les airs, dans un dirigeable ou un truc du genre. Je passe l'info, et on se met à chercher dans les airs plusieurs minutes, sans rien trouver. Bonne piste, mais comment trouver quelque chose qui vole et qui n'est pas là, sans moyen d'aller en haut pour regarder ? Tant pis, la piste se termine ici. Mais nous avons d'autres informations mine de rien.

On sait qu'ils ont été engagés par quelqu'un. On sait que c'est pour réduire ou éliminer la concurrence lors du concours. On sait également que les locaux de l'archipel vert n'ont rien à avoir avec eux. On sait qu'ils avaient un compagnon en dirigeable qui a disparu. Vu leurs armes et leur entraînement, ils n'en étaient pas à leur premier coup. C'est une équipe bien formée, entraîné à travailler ensemble, elle ne s'est pas monté du jour au lendemain. Je l'ai compris à leur façon de se parler et de bouger. C'est similaire en médecine. Quand tu travailles avec quelqu'un assez longtemps, une routine s'installe. Tu n'as plus forcément besoin de parler pour te faire comprendre, vos façons de penser et réagir se calquent l'une sur l'autre. Et surtout, tu fais confiance à tes partenaires sans poser de questions. Ils se confiaient leur vie sans hésiter. Clairement un groupe para militaire, ou bien anciennement faisant parti de la marine. Ils avaient un sang froid incroyable, une confiance en eux énorme. Ils étaient précis, rapides, n'hésitaient pas. Ce genre de groupe n'est pas donné à trouver ou à engager. Ce sont des professionnels. Ils ont donc été forcément engagés par quelqu'un de riche ou de puissant. Voire les deux.

Mais ce qui va réduire les suspects, ce sont les raisons de l'implication d'une telle milice. Réduire le nombre de participants lors du concours du meilleur herboriste de Pétales. Quelqu'un qui souhaite réduire la concurrence à de grandes chances de faire parti de ces dits concurrents. Ou alors c'est juste un sociopathe qui aime faire tuer des gens par simple plaisir. Auquel cas, on est pas dans la merde car il peut s'agir aussi bien de quelqu'un visant à Rosetta que quelqu'un d'extérieur à l'île, et donc le trouver relèverai du miracle. Il serait plus facile de gagner au loto six cent soixante six fois de suite. Par contre, s'il agit bien pour réduire le concours et qu'il en fait parti, ou un de ses proches, le trouver et le démasquer sera beaucoup plus simple. Le temps passe lors de nos réflexions, et nous démontons le camp. Enfin, les herboristes démontent le camp. Avec mes compétences médicales, je décide de pratiquer des autopsies sur les cadavres. J'examine leur corps intérieur et extérieur compris. Mon but est de trouver quoi que ce soit nous permettant d'identifier un des corps. Que ce soit avec un tatouage, un ancien tatouage, une marque de naissance, un remplacement d'organe, un œil de verre, un pivot dentaire avec le numéro de série …

La seule chose que je trouve, c'est qu'ils n'ont aucun signe distinctif, pas de marques, pas de traces hormis celles de nos combats. Ils n'ont rien d'utile. Alors pas le choix, on va devoir se trimballer les cadavres jusqu'à une caserne de la marine pour voir s'ils sont connus pour faire parti d'un groupe particulier, s'ils ont des affiliations, des lieux préférés … Mais ça, ça sera sur la prochaine île, Kage Berg. Le bateau arrive vers midi, comme convenu. Aucun autre compagnon n'étant arrivé entre temps, on suppose qu'ils se font tué. Tant pis. Le capitaine refuse d'embarquer trois cadavres. Mais refuser quelque chose à des herboristes n'est pas très futé. Les trois autres l'assomment avec des descriptions de plantes pouvant durer des heures, comme Fû en a fait l'expérience avec moi sur Pétales. Après une demie-heure de négociations et d'explication, le capitaine en a marre et capitule. Ça ne sert à rien d'argumenter avec nous, vous finissez toujours par perdre de toute façon. On peut endormir le monde entier avec nos histoires. Et on en est fier ! Nous quittons cette île, non sans avoir ramassé les sacs d'herbes et de plantes que les mercenaires avaient volés aux herboristes qu'ils ont tué.


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