1629 - Locaux de West Blue, peu avant le départ pour le QG d’East Blue - Mission : Fratricide chez les Marines
« Où est l’agent Mills ?! Il est en retard ! »
Le bureau résonne sous les hurlements de l’agent Sterling, notre chef d’équipe. Autour de nous, deux âmes seulement errent dans les locaux du CP4. J’élève mon bras, tire ma manche et contrôle ma montre : c’est bien ce que je pensais. Il n’est que sept heures du matin. Pourquoi une telle énergie déployée ? La plupart des agents viennent plus tard, tandis que mon nouveau partenaire n’a rendez-vous qu’à huit heures trente.
Les bras croisés, tenant d’une main ma tasse de café, j’observe silencieusement ma supérieure courir à travers le bureau. Je recule d’un pas pour la laisser passer et… hein ? Vient-elle de chercher l’agent Mills dans le frigo ? Si elle continue à agir de la sorte, je vais devoir appeler un médecin.
Puis elle s’arrête brusquement et regagne son bureau avec un calme olympien, sans ajouter le moindre mot. Finalement, je crois que je vais bien appeler un médecin. Non pas pour son coup de folie, mais pour cet apaisement aussi brutal qu’inattendu. Le plus triste, dans tout ça, c’est que mon cerveau s’est habitué à ce genre de scènes surréalistes. Je ne ressens même plus de surprise dans une telle situation.
Un courant d’air parcourt soudain la pièce. En direction de l’entrée du bâtiment, la porte s’ouvre, de laquelle s’échappe un nuage de fumée qui se dissémine dans les bureaux. Droit derrière se dévoile la malheureuse silhouette de l’agent Mills, auréolée d’une apparente aura de désespoir et d’affliction. Cela étant, je suis étonné de le voir apparaître si tôt. Entre son apparence et sa personnalité, je le percevais comme le genre d’agent à débarquer fièrement quelques minutes avant l’heure du rendez-vous. J’admets avoir été médisant.
« Bonjour, agent Mills. Je ne vous pensais pas si matinal. Oh, vous devriez éviter de vous approcher du bureau de l’agent Sterling, elle a dû manger le fruit de la tornade durant la nuit. »
Suite à un bref échange, nous nous installons dans nos quartiers pour balayer et discuter du dossier. Nous avions un peu de temps devant nous, après tout.
« Il est huit heures. Nous devrions nous rendre sur le navire. Nous n’aurons qu’à poursuivre sur la route pour East Blue. D’ailleurs, avez-vous déjà été assigné là-bas ? La Marine y possède une belle réputation… ironique qu’un meurtre survienne entre les murs de ce QG en particulier. »
Je laisse planer un petit silence alors que je rassemble mes affaires, puis lève les yeux par-dessus mes lunettes pour poser mon regard sur mon collègue.
« La Marine d’East Blue est dirigée par la sous-amirale Debossah Bii. J’ai enquêté sur elle et sur East Blue il y a quelques temps. Une personne haute en couleur et aux méthodes… discutables, dirons-nous. Je ne crois pas qu’il faille remonter si haut dans la hiérarchie pour notre affaire, mais sa tendance à remplacer les marines sur un coup de tête a peut-être favorisé un incident regrettable. »
Je hausse nonchalamment les épaules. Evidemment, à ce stade, ce n’est rien d’autre que des paroles en l’air. Cependant, je suis définitivement méfiant sur le fonctionnement de la marine d’East Blue. Elle est efficace… mais un peu autoritaire. Ce n’est jamais un système infaillible. J’ai fait assez de lectures à Ohara pour le savoir.