Métal hurlant - Episode 2.1 : La débandade de morue

Dans les épisode précédents:

En quelques heures, Water Seven fut en ébullition, des agents du gouvernement mondial et du Cipher Pol siphonnaient les rues à la recherche des responsables. Un officier en mission s'était retrouvé pendu au mât de son navire et la quasi-totalité de son équipage décimé. Les coupables étaient les tristement célèbres Jack et Olek, des titans qui quelques semaines plutôt avaient participé à la destruction de Nanohara. Leurs actions étaient incompréhensibles et ne suivaient aucune logique si ce n'était celle du carnage ou qu'ils allaient. La population de l'île, effrayée, restait cloitrée chez elle et très peu de personnes s'aventuraient dans les rues pavées, seuls la Galley-La et ses charpentiers continuaient à travailler et circuler. Pas le moins du monde inquiétés et sachant pertinemment que le statu quo et la notoriété de l'entreprise les protégeaient autant d'une attaque pirate que de l'autorité du gouvernement. Ils avaient également un paquet de chantiers en cours qu'ils n'arrêteraient pour rien ni personne, sauf peut-être pour une Aqua Laguna.

Une garnison entière venait de débarquer en train d'Enies Lobby pour mettre la main sur les pirates, sans savoir qu'un des deux colosses n'était déjà plus sur l'île, capturé vivant par les véritables responsables. Seul restait le blondinet, le glaiseux d'Amerzone au visage d'ange démoniaque et à la musculature saillante, réputé pour sa barbarie, son amour du combat et son penchant pour les femmes et l'alcool. Un électron libre qui avait fait son grand retour sur les mers il y a quelques mois et qui depuis n'était normalement jamais dur à trouver, incapable de rester calme plus de quelques jours sans causer d'esclandres ou de massacrer quelqu'un. Le plan des agents du Cipher Pol était simple, attendre sagement que les taupes sortent de leur trou et surveiller en attendant le moindre bateau en partance de l'île.

Trahi par ses commanditaires et laissé pour mort au fond d'une crique, le seul avantage que détenait Olek était la présence de Trembol, le second et fidèle ami de Jack ainsi que la petite trentaine de pirates sans primes qui les suivaient depuis la fuite d'Alabasta. Ils avaient récupéré le corps d'Olek quelques minutes avant que les autorités n'envahissent les lieux, ils l'avaient ramené dans l'auberge qu'ils squattaient sachant pertinemment qu'ils devraient changer de repère dans les heures qui viendraient. Un groupe de leur envergure n'avait aucune chance d'échapper aux recherches et contrôles de sécurité. L'autre problème était l'état de santé du colosse, son corps avait une petite dizaine de trous béants aussi gros qu'un poing fermé, le sang avait cessé de gicler et le souffle d'Olek se faisait de plus en plus lent et faible. Pas besoin d'être docteur pour savoir qu'il ne tarderait pas à clamser si rien n'était fait.

Trembol prit la seule décision possible et les premières choses utiles qu'il trouva sous la main, soit un tisonnier à forme circulaire, qu'il fourra dans la cheminée le temps que le fer rougisse, et une caisse pleine d'alcool de contrebande. Il versa l'équivalent d'une vingtaine de litres sur les blessures d'Olek qui, trop épuisé pour hurler, se mit à convulser dangereusement. Deux des plus costauds de la bande vinrent l'immobiliser, très vite accompagnés par d'autres paires de bras qui, malgré l'état critique du patient, galéraient à le tenir en place. S'il continuait à faire tout ce boucan, il attirerait la première patrouille. Trembol récupéra à la hâte la tige de métal rougie par les flammes, rechercha du soutien dans le regard de ses collègues et prit une grande inspiration avant de se mettre au travail.

Olek ne s'en souviendrait pas, mais d'après les dires de ses associés et les blessures encore visibles sur leurs corps, la douleur l'avait fait réagir instinctivement et très violemment à la cicatrisation express par le feu. Inconscient, il s'était débattu, mordant tout ce qui se trouvait à portée et frappant dans tous les sens. À tel point qu'un des types avait une oreille en moins et un autre y avait laissé un morceau de biceps, sans parler des dizaines de côtes et membres brisés. Le colosse, après ce témoignage de loyauté de la part de ce groupe de truands, les regardait différemment, avec un peu plus de respect que celui dû à de simples compagnons de beuverie et de bagarre. Ces bras cassés avaient risqué leurs vies pour lui, des misérables qui quelques semaines auparavant auraient vendu leur propre mer contre une piécette. C'en était presque à verser une tite larme !

Restait maintenant à se tirer de Water Seven et de cette fourmilière d'agents aux aguets. Ce qui ne serait  pas une mince affaire, la petite équipe de pirates devait trouver le moyen de passer inaperçu, de voler un navire et de partir à la rescousse de Jack. Plusieurs nœuds et problèmes venaient bloquer ce plan déjà pas très bien ficelé. Le premier était qu'ils n'avaient aucune idée d'où Yarrick et sa bande avaient emmené leur captif, le second qu'Olek ne pouvait pas bouger sous risque de rouvrir ses blessures, le troisième qu'au vu de la situation sur l'île, voler un navire et prendre la mer était impossible. Trembol s'arrachait les cheveux devant ce casse-tête, s'il avait décidé de suivre Jack c'était pour ne jamais à avoir à prendre ce genre de décision ni à devoir un jour jouer les leaders. Olek quant à lui, était pour le moment inutile et le resterait quelques jours au moins, entre le coma et des délires fiévreux, mais ce n'était pas comme ci ses idées auraient servi à quelque chose d'autre que de tous les faire tuer.

Non, Trembol était le seul cerveau capable de les sortir de là, il décida de réfléchir méthodiquement et de gérer une chose après l'autre. Le plus important était de faire sortir le groupe sans se faire choper. Un des gars les plus habiles, Cechan qu'il s'appelait, avait un contact sur l'île, un cousin ou un truc du genre qui bossait avec les révos. Le trouver serait compliqué, surtout avec toutes ces mouettes dans les rues, mais ça valait le coup d'essayer et Cechan était déjà sur le coup depuis la nuit tombée. Comme si les étoiles étaient alignées, le pirate revint accompagné d'un homme cagoulé, couvert des pieds à la tête, seuls ses yeux étaient visibles, brulant du feu incandescent de la révolution, de ce fanatisme qui possédait les âmes de ceux voulant changer un monde déjà condamné. Sa voix était autoritaire, mais très douce, presque inaudible, à tel point que tous durent se pencher pour écouter.

- Je peux vous transférer dans les underwaters, les ennemis de nos ennemis sont nos amis, jusqu'à un certain point, disons. Le type allongé là-bas, sa prime est à soixante-treize millions Berrys, on ne peut pas risquer de se faire choper avec lui, laissez-le là, surtout qu'il va bientôt crever vu son état. Les autres c'est très simple, rendez-vous ici.

Il sortit une carte qu'il déplia et pointa du doigt un commerce aux abords de la ville.

- Tapez trois fois à la porte en fer forgé et dites "Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer", on s'occupera de vous.

Trembol manqua d'exploser de rire devant cette phrase, mais se força à garder son calme, inutile de froisser la seule personne capable de les sortir de ce merdier. Pouvaient-ils lui faire confiance ? Se poser la question ne servait à rien puis l'homme cagoulé n'avait aucune raison d'agir de la sorte s'il était un agent infiltré. Une chose le tiraillait cependant, il décida de poser la question qui restait sur les lèvres de tout le monde.

- C'est quoi les underwaters ?
- Tu verras quand tu y seras. Déplacez-vous par groupes de deux ou trois au maximum. Gardez un intervalle d'une petite demi-heure entre chaque. Si on vous attrape, montrez un de ces papiers.

Il balança sur la table une dizaine de parchemins avec le sceau, probablement factice, de la Galley-La, rangea la carte de Water Seven dans son manteau et ressorti aussi rapidement qu'il était arrivé. Trembol donna rapidement ses ordres et indiqua aux premiers chanceux de se préparer à partir. Restait à régler le problème d'Olek, hors de question de le laisser crever ici après en avoir chié autant pour le sauver, puis lui seul savait ce qu'il s'était passé avec Jack. Trembol n'abandonnerait jamais son vieil ami et capitaine, il était donc voué à protéger et à rester au chevet du colosse aux portes de la mort pour connaitre la vérité. Puis même s'il ne se l'avouerait jamais, une petite partie de lui commençait à apprécier ce grand benêt mégalomane. Il attrapa Cechan par le bras avant qu'il ne parte avec son groupe.

- Démerde-toi pour nous trouver une embarcation même s'il faut faire un pacte avec le diable ! Et commence discrètement à poser des questions sur Gasby autour de toi. Tu sais autant que moi qu'une fois qu'Olek sera rétabli il retournera l'île. Autant gagner du temps.

Le pirate acquiesça d'un signe de la tête, serra le bras de son supérieur à la méthode guerrière et disparut dans la nuit. Trembol s'assit au chevet d'Olek et observa la petite équipe qui se disséminait au compte-goutte dans les rues de Water Seven en se demandant s'il les reverrait un jour.

Plusieurs jours passèrent sans qu'aucune nouvelle, bonne ou mauvaise, ne parvienne aux oreilles de Trembol. Les rues étaient toujours infestées de mouettes et d'agents, une patrouille avait tenté de forcer la porte et de fouiller les chambres de la taverne. Heureusement que le propriétaire détestait légèrement plus le gouvernement que les pirates et décida de camper devant sa porte. Il avait accueilli les soldats avec une casserole dans chaque main en les injuriant et les accusant qu'ils faisait fuir les touristes. Une réaction qui semblait être partagée par tous les autres commerçants de l'île qui ne voyaient pas leur présence d'un bon œil. Depuis les choses s'étaient légèrement calmées et Olek guérissait en paix, il allait mieux, son souffle était plus calme et plus profond, sa température était également revenue dans les normes, mais il ne s'était toujours pas réveillé. La belle au bois qui dort prenait un peu trop son temps, pensait Trembol en regardant le colosse dormir profondément, ses blessures s'étaient refermées, mais sa nouvelle peau toute rose était encore trop fine et claire, le moindre mouvement brusque risquait de refaire péter les cicatrices comme un bouton d'acné trop mur.

Ce qui l'inquiétait surtout était de ne pas savoir comment allait l'équipage et s'ils étaient arrivés à bon port, heureusement que la vue plongeante qu'il avait sur la place centrale de la fenêtre de leur chambre le réconfortait sur le fait qu'aucun ne s'était fait attraper. Assister ainsi impuissant à l'exécution de ses hommes aurait été une véritable torture. Mais l'attente devenait interminable et chaque jour qui passait permettait autant à Olek de récupérer ses forces, qu'au gouvernement d'organiser les siennes. Trembol n'avait toujours aucun plan pour qu'ils rejoignent tous deux les underwaters sans se faire chopper, la prime du colosse avait quasiment triplé à cause d'Alabasta, ce couillon était célèbre maintenant et ce n'était pas un laissez-passer de dockers qui les aiderait.

Encore une fois, les étoiles semblèrent alignées puisqu'au moment où il pensait qu'ils étaient faits comme des rats et sans aucune perspective d'avenir, le cousin de Cechan se pointa en frappant à la porte. Le type avait le chic pour arriver au bon moment, à croire qu'il pouvait lire dans les pensées. Le visage toujours dissimulé sous une cagoule et un châle, il s'assit sur la seule chaise disponible, proche du chevet d'Olek que Trembol venait de quitter pour accueillir le nouveau venu. Celui-ci resta silencieux, observant de ses beaux yeux la silhouette endormie du colosse, plusieurs secondes passèrent avant qu'il reporte son regard sur Trembol et prenne enfin la parole.

- Vous avez de la chance, Cechan n'est pas le genre à abandonner ses amis et c'est un homme qui ne lâche jamais l'affaire. À mon plus grand déplaisir...  Enfin bon, on peut tout de même s'entraider, je vous ai trouvé une utilité. Si vous effectuez une petite mission pour moi, je m'occuperai de vous aider à quitter l'île, vous et vos hommes.

Trembol laissa échapper un cri de soulagement, "vos hommes", cela signifiait qu'ils étaient bien sains et saufs. Rester maintenant à savoir ce que cette mystérieuse personne attendait d'eux. Le second du capitaine Jack ne répondis pas, préférant attendre d'en savoir plus.

- Putain, mais pourquoi tu gueules ?

Olek ouvra doucement les yeux et se redressa sur son lit. La mine fatiguée, il fixa à son tour longuement la personne cagoulée en face de lui. Trembol de son côté affichait un sourire niais et bonifiant, hésitant sur la conduite à tenir entre sauter dans les bras du colosse ou rester dans son coin. Sa joie prit le dessus et il offrit une accolade fraternelle à son compagnon d'armes, une démonstration d'affection qu'Olek lui rendit doucement, la douleur encore vive dans son corps l'empêchait de répondre comme il le voulait.

- Bon, et si on me disait ce que fait une femme aussi belle, mais encore tout habillée dans ma chambre ?

La mâchoire de Trembol manqua de se déboiter tant sa bouche s'ouvrit par la surprise, son regard revint vers le cousin de Cechan qu'il étudia dans les moindres détails, mais ne remarqua rien qui pourrait trahir son sexe. L'invitée plissa ses yeux de mécontentement et croisa les bras sur sa poitrine. Olek explosa d'un rire espiègle.

- C'est ton odeur qui t'a trahi, jamais un homme ne sentirait aussi bon ou bien je me serai intéressé à eux il y a bien longtemps ! Tu peux enlever ton foulard maintenant, ma belle !

Il continua de rire et lui fit un clin d'œil, mais la femme n'en fit rien, préférant garder son anonymat. Elle prit cependant la parole comme si de rien n’était, mais sans plus se forcer à cacher son timbre de voix,  dans lequel on pouvait à présent discerner des aigus fins et mélodieux.

- Qui je suis ne vous regarde pas, j'ai passé un marché avec notre cher Cechan, il m'a assuré que vous étiez les hommes de la situation. La présence d'autant d'agents du CP n'aide pas du tout mon commerce et votre départ les fera également partir. Faisons d'une pierre plusieurs coups.

Elle sortit de nouveau de sa veste une carte de l'île qu'elle étala sur le lit aux côtés d'Olek, d'un geste de la main elle désigna une zone appelée "Dock 1" et se remit à parler sur le ton de la confidence.

- J'ai besoin que vous foutiez le feu aux navires en construction et que vous fassiez le plus de bruit possible. Il y'aura également un sous-marin à quai quasiment prêt à prendre la mer, dernier prototype en date construit pour aider le gouvernement à lutter contre la révolution et leurs tactiques sournoises. Il est à vous, mais il va falloir le prendre de force, si vous y arrivez...  Il est extrêmement bien gardé, la Galley-là et la Marine travaillent de concert sur ce projet.

Elle enroula sa carte qu'elle rangea avant de se relever. La discussion semblait terminée et effectivement elle l'était. Olek et Trembol n'avaient pas vraiment d'autres choix que d'accepter et n'avaient aucunement besoin de connaitre le pourquoi du comment. Le colosse souriait déjà dans sa barbe à l'idée de pouvoir bientôt casser tout un tas de nouveaux jouets et de faire un peu plus chier le gouvernement. Malheureusement, son état ne lui permettrait pas de se donner à fond, il lui fallait de la bouffe, beaucoup de bouffe, et du repos, peut-être même une ou deux femmes. Il tenta sa chance, un sourire aguicheur aux lèvres.

- Vous savez, si vous restiez quelques nuits ici vous aideriez grandement votre cause...
- Ne poussez pas votre chance trop loin. Je vous laisse une semaine pour vous préparer et récupérer le mieux possible, j'ai laissé suffisamment d'or au tavernier pour qu'il puisse nourrir tout un régiment pendant un mois. C'est un vieil ami, mais sait-on jamais, il pourrait être intéressé par la prime sur vos têtes, alors soyez sages...

Elle claqua la porte sans un regard en arrière.

Prenant bien soin de ne pas être suivie, la femme s'enfonça dans les ruelles sombres de Water Seven. D'un mouvement flouté par la vitesse et dans un bruissement de tissu, sa tenue changea radicalement, la silhouette vêtue de noire et cagoulée s'était transformée en une femme du pays des samurais, fine et élégante, à l'allure militaire et au maintien digne, presque princier. Elle portait un juste au corps rouge à la dentelle fine, mais aucune vulgarité n'en découlait. Elle passa devant une patrouille, mais personne ne l'arrêta, Kozuko Takeshi était le genre de personne connue de tous et que l'on ne dérangeait que pour de très bonnes raisons. Manager du Dock 1, le chantier le plus prolifique de la Galley-la, son temps n'était jamais gaspillé et chacune de ses actions suivait un plan qui n'était connu que d'elle seule.

Malheureusement ces derniers mois avaient été houleux, elle sentait l'air changer autour, le temps se gâtait, les regards se faisaient plus lourds, plus insistants, presque haineux. Sa réussite n'était pas bien vue par tous, sans compter sa relation et sa pseudoaffiliation avec la révolution sous son nom secret, des rumeurs ridicules qui semblaient être parvenues aux oreilles du Cipher Pol. Elle sentait l'étau invisible qui se resserrait autour de son cou, comme la corde qui ne manquerait pas de la pendre si les choses continuaient ainsi. Il fallait réagir, trouver un bouc émissaire, détourner l'attention du gouvernement de son Dock et de sa personne une bonne fois pour toutes. Ces pirates tombaient à pic, son plan était simple et ferait taire toutes les accusations naissantes à son égard tout en calmant la concurrence.

Cechan et son équipe de bras cassés feraient sans l'ombre d'un doute un travail merveilleux, plusieurs navires pour des équipages pirates étaient en construction, sans compter ce sous-marin et quelques projets secrets de la marine, leur destruction serait un coup dur, autant pour le gouvernement que pour la Galley-la et le Dock 1. Agir ainsi lui peinait son cœur d'artiste et d'artisan, mais elle n'avait pas le choix, il fallait virer ces agents de l'île et pour cela rien de mieux que de leur donner une cible plus importante à chasser. Takeshi serait alors libre de redévelopper son chantier naval le jour et la nuit de continuer sa sombre besogne sous son masque rouge et au nom des Amantes.

Personne ne se douterait que la manager du Dock 1 était à l'origine de sa destruction, le phœnix renaissait de ses cendres et ces dernières années avaient été si productives que l'or n'était plus un souci. L'équipe strictement féminine de charpentiers reprendrait sa place de leader en quelques mois seulement et plus personne n'osera douter de leur talent, surtout pas ces mysogynes des autres chantiers de la Galley-la. La reconstruction du Dock ne serait qu'une question de temps tandis que le blâme entier retomberait sur Olek et sa troupe. Sans compter qu'elle aurait enfin réglé sa dette envers son abruti de cousin. Elle l'aimait plus que tout, mais le célèbre dicton "loin des yeux près du cœur" était on ne peut plus vrai dans son cas, ce benêt aux allures de chien galeux était un nid à emmerdes d'aussi longtemps qu'elle se souvienne.

La cerise sur le gâteau était qu'elle accompagnerait les pirates dans cette nuit fatidique sous son alias "Masque Rouge", avec comme objectif d'éloigner encore un peu plus Kozuko Takeshi et son Dock de toute affiliation, de près ou de loin, à ce groupe d'assassines. Et si on pouvait l'associer à un groupe de pirates plutôt qu'à la révolution, alors ce plan serait non plus un gâteau, mais bien du pain bénit !

"Clack Clack" c'était le bruit des articulations de ses bras qui claquaient alors qu'il les fouettait dans les airs.
"Crak Crack" c'était le bruit de ses cervicales qui craquaient alors qu'il se tordait le cou à de gauche à droite.

Oui, il était prêt, un peu rouillé après tant d'inactivités, mais rien qu'un peu de castagne ne guérirait pas, l'heure de reprendre la route était enfin là. Olek affichait un de ses sourires flamboyants, roulant des mécaniques, sa tête manquant de quelques millimètres de traverser le plafond de l'auberge. Trembol le regardait avec circonspection, "ce type n'était pas humain" voilà ce que laissait comprendre son attitude dubitative. Le garde-manger était vide et les sanitaires de l'endroit avaient été bouchés à maintes reprises durant cette dernière semaine. Le propriétaire, également cuisinier, ne savait s'il devait haïr ce colosse ou l'aimer. Il était compliqué de détester un homme qui mangeait avec tant d'entrain et plaisir ce que vous lui prépariez, mais il était tout aussi difficile d'aimer un homme qui n'a de bonnes manières que de remercier d'un signe vague de la main et vous promettre de ne jamais vous tuer en gage de reconnaissance. Sans parler de son acolyte silencieux et au regard aussi noir que sa peau à vous foutre les jetons.

Heureusement que tout cela prenait fin ce soir, dès que Kazuko viendrait les récupérer, ce qui ne saurait tarder. Celle-ci mit une dizaine de minutes à pointer le bout de son nez, un temps qui sembla durer une éternité durant laquelle Olek enchainait pompes et cul-sec de pintes en séries chronométrées. Son "échauffement traditionnel" qu'il l'appelait. C'était plus un grain qu'il avait, c'était carrément un caillou dans la caboche.

La cousine de Cechan entra par la porte de derrière, son souffle d'exaspération à la vue du la scène signifiait qu'elle était du même avis que son ami le tavernier, mais la folie de ces pirates était primordial à la réussite de son plan, il fallait de toute façon être complètement timbré pour accepter d'être le protagoniste d'un scénario avec autant de points d'ombres. À chacun son agenda pensa-t-elle, ces pirates avaient également une bonne raison de prendre autant de risques, de ce qu'elle savait, leur capitaine s'était fait capturer lors d'un deal qui avait mal tourné, et Cechan et ses collègues n'avaient aucun moyen de partir à sa recherche. Cette opportunité qu'elle leur offrait était leur seule échappatoire, mais au lieu d'être affolés ou résignés comme des bœufs en partance pour l'abattoir, ils étaient aussi joyeux et excités que des enfants allant au parc d'attractions. À voir d'ici quelques heures s'ils finissaient à pisser le sang sur les dalles du port ou à foncer sous les flots à bord du sous-marin volé.

Ils prirent la route sans plus tarder, passant sous les fondations de Water Seven et dans des ruelles à moitié inondées, oubliées depuis des décennies et principalement utilisées pour la contrebande. Malheureusement, ces routes n'étaient plus si secrètes et bon nombre de criminels les fréquentaient aujourd'hui. Certains lorgnaient le petit groupe alors qu'ils passaient en courant, quelques cris étouffés et murmures dans leur sillage laissaient deviner qu'ils avaient reconnu le célèbre Masque Rouge et le colosse Olek hautement primé et recherché. D'ici quelques minutes ces passages seraient infestés d'agents et de soldats, heureusement que d'ici là le trio serait déjà loin.

Ils s'engouffrèrent dans les ténèbres d'un cul-de-sac, personne ne les suivait, ces rues englouties étaient un véritable labyrinthe pour quiconque n'était pas du coin, faire perdre du temps au gouvernement en se montrant ici-bas faisait également partie du plan, cela leur offrirait des minutes cruciales pour agir et semer la pagaille sur les Docks.  

Devant eux se trouvait un éboulis, Olek s'apprêta à se foutre de la gueule de leur guide et de son sens de l'orientation lorsque celle-ci plongea tête la première dans les profondeurs entre deux rochers, les deux pirates se regardèrent, haussèrent les épaules et suivirent à leur tour. Très à l'étroit, le colosse se rappait la peau sur les bords des parois, il voulait crier de frustration, mais il n'avait pas le moindre souffle d'air à gaspiller, immergés ainsi et sans savoir ou ils allaient, ils continuèrent à nager pendant trois bonnes minutes. Leurs mouvements se faisaient plus saccadés, de plus en plus rapides, leurs poumons se crispaient sous la pression et l'absence d'oxygène leur faisait tourner la tête. Ils crurent leur heure arrivée tandis qu'une lumière au fond du tunnel se fit de plus en plus forte, avec l'énergie du désespoir, ils traversèrent les derniers mètres pour surgir à l'air libre dans un râle de suffocation.

- Fermez-la, on est tout prêt !

Récupérant difficilement leur souffle, les deux pirates regardèrent les alentours, ils étaient en mer, proche d'une digue de protection d'un port, au loin, Water Seven était illuminée de mille feux, baignée par une pleine lune très peu timide. Sa lumière éclairée suffisamment dans les ténèbres pour qu'Olek puisse discerner écrit sur l'un des immenses hangars en face de lui :  "Dock 1". Ils étaient donc arrivés à bon port, littéralement. Un silence de plomb pesait sur le chantier endormi, seules quelques silhouettes se mouvaient tranquillement entre les ombres, de pauvres sentinelles à moitié endormies et peu attentives, qui jamais ne se seraient doutées que des fous s'en prendraient un jour à la Galley-là, mais que surtout ce jour était arrivé.

Que la fête commence !

Détruire était son don, son talent, le petit truc qui le différenciait des autres. Olek était de ceux qui pensaient que tout le monde naissait avec un domaine de prédilection, une qualité innée comme le chant et la musique, l'invention et la création d'édifices et machines révolutionnaires ou bien encore le fait d'attirer, de galvaniser et de mener des hommes. Il y avait autant de talents que d'hommes sur terre, certains biens moins impressionnants et utiles que d'autres en vérité. Il se souviendrait toute sa vie de l'aptitude ridicule d'un de ses amis d'enfance à pouvoir voir et rester en apnée sous l'eau bien plus longtemps qu'eux, ce qui lui avait valu de se faire bouffer par un crocodrile il y a fort longtemps, paix à son âme.

Olek, lui, d'aussi longtemps qu'il puisse se rappeler, avait un don pour casser les choses, sans même le faire exprès. Son premier souvenir était son souhait d'apprivoiser un bébé kangarou et de s'en faire un animal de compagnie, un ami, il avait réussi à voler un nouveau-né à sa mère pendant qu'elle dormait. La bestiole n’avait pas survécu une semaine, il l'avait serré un peu trop fort et fissuré le crâne, ses yeux étaient sortis de leurs orbites comme deux billes ne tenant plus que par un fil. Sa carcasse avait fini en nourriture à piraniac, il avait même versé une tite larme. À partir de là les anecdotes étaient de pis en pis: serrer trop fort la main d'un collègue et lui briser tous les os, un coup de marteau dans un clou et faire s'effondrer toute la bâtisse sur ses occupants, etc. Olek avait compris très jeune qu'il devait apprendre à maitriser cette capacité, à la canaliser et à ne la faire ressortir que lorsqu'il le souhaitait, de la même manière que l'on sortait une épée de son pommeau ou que l'on armait une flèche à son arc. Et ce moment était enfin arrivé.

Il ouvrit la porte en grand de son talent, de sa rage et de sa folie. Plus aucune limite ni restriction, son boulot était de tout détruite. À l'inverse des bâtisseurs et créateurs, ce travail ne nécessitait aucune finesse, ni réflexion ni concentration, mais au contraire de rentrer dans un état de transe, presque primal, de faire un vide intérieur et de laisser cette énergie pure guider chacun de ses gestes.  Détrompez-vous, ce n'est pas non plus un boulot de sauvage sans cervelle comme on pourrait le croire, il y avait de la beauté et de la recherche dans l'art de détruire, surtout lorsque l'on regardait Olek.  L'enchainement quasi parfait de ses mouvements meurtriers et actions dévastatrices mis bout à bout en faisait une danse apocalyptique presque poétique. À tel point que le Masque Rouge resta plusieurs minutes interdit devant la scène, hypnotisé par le colosse en action.

Un coup de pied rotatif dans un brasero qui l'envoya valsé au milieu d'un entrepôt où étaient stockées des voiles en tout genre, au même moment il se saisit d'une sentinelle par la nuque qu'il envoya percuter la coque d'un navire en construction. Dans son élan il effectua une roulade pour éviter une salve de tir, prit de la vitesse et bondit de tout son long sur la petite troupe de gardes en train de recharger. Ce fut un carnage, Olek se servait des corps comme munitions, comme boulets de canon humain pour détruire tout ce qui l'entourait. Le Masque Rouge fut bien content qu'aucune de ses charpentières ne fût sur le chantier ce soir, elle n'était pas sur d'être capable d'arrêter Olek et il était hors de question qu'un membre de son équipe puisse être blessé à cause de ses plans. Le matériel était une chose et pouvait être racheté, la vie de ses amies, elle, n'avait pas de prix.

Au même moment et comme si les dieux venaient de lui jouer un mauvais tour, Kozuko entendit une grosse voix de baryton hurler et une masse immense se jeter sur le pirate, elle reconnut immédiatement son amie Marie. Olek se frappa la mastodonte de plein fouet, la gueuse lui enchaina des droites et crochets du gauche presque aussi puissant que ceux de son daron, ce qui n’était pas peu dire. À califourchon sur lui, la bougresse hurlait sans jamais s'arrêter de lui matraquer la tronche, Olek tentait de se protéger tant bien que mal, les bras repliés autour de la tête en un bouclier précaire. Le gout du sang lui emplit la bouche, il profita de l'occasion pour le lui cracher à la gueule. Aveuglée et déconcentrée, elle ne vit pas arriver le front d'Olek qui lui fracassa le nez et l'envoya valser sur plusieurs mètres.

C'est alors que le Masque Rouge entra en jeu, elle tira son katana du fourreau et alors que l'immense charpentière tentait de se relever dans un râle de douleur et de colère, elle lui piqua la gorge de la pointe de son arme et chuchota.

- Reste au sol ma belle. Fais la mort. Je t'expliquerai après, j'aurais dû me douter qu'une têtue comme toi resterait pour travailler au lieu de prendre sa soirée...

Marie Madelaine, charpentière du Dock 1 le jour et Masque Jaune la nuit, reconnut sa supérieure et se rallongea sans bouger, les yeux luisants de questions muettes et de déception à l'idée de devoir abandonner son duel avec le colosse. Celui-ci s'était relevé et observait la scène d'un œil curieux avant d'être dérangé par l'arrivée des renforts. Les marines n'avaient pas mis longtemps à débarquer et commençaient à arriver en masse pour épauler la sécurité de la Galley-la. Prenant bien soin de se faire voir de tout les soldats présents, le Masque Rouge revint aux côtés d'Olek qui venait de récupérer un mat de navire, son arme de prédilection, pour défoncer la bleusaille.

- Ça suffit dit-elle, c'est l'heure de dégager.

Olek n'était pas du genre à capituler ni à s'arrêter en si bon chemin, il l'ignora et fonça tête baissée, son mât brandi à la diagonale, à la rencontre des soldats qui ne comptaient pas non plus en rester là. Le masque Rouge regarda le pirate se jeter sans une once de peur ou d'intelligence contre une marée humaine armée jusqu'aux dents et ne put s'empêcher de laisser échapper un soufflement de résignation. Au moins, s'il parvenait à tenir sa position, il bloquerait quelque temps l'accès au ponton, ce qui devrait lui laisser le temps d'investir le sous-marin du GM.

Kozuko chercha du regard le partenaire d'Olek, le dénommé Trembol, l'homme à la peau noire, bien plus discret que son compagnon, qui s'occupait de créer des départs de feu à l'aide d'une torche. Elle siffla à son encontre, espérant qu'il l'entende malgré le bordel omniprésent du fracas des armes et des flammes vrombissantes de plus en plus puissantes. Il se retourna au deuxième sifflement, et croisa son regard quasi instantanément, ses yeux noir ébène reflétaient de manière théâtrale et presque magique le flamboiement du feu. Elle pointa de son katana le bout de la jetée, ou se trouvait leur cible finale et leur unique moyen d'évasion, le nouveau sous-marin destiné à lutter contre les rats de révolutionnaires. L'embarcation étant gardée par seulement une poignée de gardes, Trembol et Kozuko n'en firent qu'une bouchée.

- Tu sais conduire ce truc ?

Elle le regarda comme s'il s'agissait du dernier des cancres, avec une médisance et un dédain qui vous transperçaient le cœur aussi certainement que sa lame et sa beauté.

- C'est moi qui l'ai construit. Dit à l'autre zigoto de se bouger le cul sinon je pars sans lui.

Elle déverrouilla l'écoutille et se jeta dans les ténèbres du subaquatique. Trembol ne put que remarquer l'étroitesse de l'entrée en se demandant comment le corps d'Olek ferait pour y rentrer. Il haussa les épaules dans un petit rire nerveux et rebroussa chemin pour prévenir son ami. Il le trouva rapidement, le colosse tenait à distance une cinquantaine de mouettes, jouant de son mat comme s'il s'agissait du bâton d'une majorette, s'en servant autant pour se protéger des rafales de tirs que pour faucher les malheureux s'approchant un peu trop près. Comme à son habitude, il riait aux éclats, un son tonitruant bien trop joyeux et bon enfant pour la situation actuelle. Il n'y avait que lui et Jack pour prendre autant de plaisir à causer autant de mal, ces deux là s'étaient bien trouvés. Préférant ne pas trop s'approcher, connaissant suffisamment Olek pour savoir qu'il serait capable de l'encastrer par réflexe, il lui hurla de le rejoindre, les mains en cônes devant la bouche pour porter sa voix jusqu'à lui.

- OLEEEEK !!! ON SE TIRE MON SALOP !!!!

La bave aux lèvres et les yeux fous d'excitation, la chienne en rut qu'était Olek à ce moment mit plusieurs secondes à comprendre ces quelques mots pourtant simples. Armant son mât une dernière fois des deux mains, il le balança de toutes ses forces, parallèle et à quelques centimètres du sol, pour faucher les adversaires autour de lui de plus en plus nombreux. Le pirate prit ses jambes à son cou et tapa un sprint sans demander son reste, pourchasser par les balles et les hurlements de colère de dizaines de voix.

- À LA REVOYURE LA RACLURE !!!

Il attrapa au passage Trembol qu'il fourra sur son épaule et traversa la jetée en un temps record et même ainsi, ils ne furent pas assez rapides, le sous-marin s'éloignait doucement, mais surement. Ni une ni deux, d'une main experte, il attrapa son pote par le col et le balança aussi précisément et tendrement que possible. Il put voir Trembol faire un arc dans les cieux enflammés pour terminer tête la première dans l'embouchure du sous-marin. Un bruit sourd laissa croire qu'il avait peut-être tapé les bords, mais Olek avait d'autres chats à fouetter. Son petit numéro lui avait valu d'être rattrapé et les plus rapides des mouettes lui talonnaient déjà le cul
aussi certainement que leurs lames le lui titilleraient dans quelques secondes.

Le colosse fléchit les jambes et le buste, son pied d'appel en avant, les doigts sur le béton et se propulsa de toutes ses forces vers l'avant, il lui restait une cinquantaine de mètres à parcourir de plain pied avant de se jeter à la mère dans un saut périlleux d'une autre vingtaine pour atteindre le sous-marin. Réfléchir ne servait à rien, ses pieds fracassèrent le sol à une cadence impressionnante créant de micro tremblements de terre et laissant des empreintes à chaque foulées. Dans un hurlement d'effort et de triomphe, il se jeta dans les airs et vers la mer. Après un vol plané qui sembla durer une éternité et briser toutes les lois de la gravité, il s'effondra de tout son long sur la queue du subaquatique, la tordant de moitié.

Le sous-marin prenait doucement la flotte, Olek avait dû quelque peu tordre l'entrée pour réussir à y pénétrer et son étanchéité en avait pris un coup, sans oublier la queue de direction qui tanguait légèrement et répondait mal  à la barre. Mis à part ça ils étaient sains et saufs et s'enfonçaient dans les profondeurs de Water Seven sous les injures mélodieuses de leur navigatrice. Kozuko était en rage, son plan s'était un peu trop bien passé et si la brigade anti-incendie de la Galley-là n'arrivait pas rapidement, elle ne récupèrerait que des cendres de son chantier, mais elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Elle devait également remonter à la surface dans les plus brefs délais, si elle ne se présentait pas sur les lieux du crime dans l'heure qui suivait, ce ne serait pas des rumeurs qui circuleraient sur son cas, mais carrément des preuves irréfutables. Son temps était compté.

Ils atteignirent les underwaters en quelques minutes, elle amarra de manière experte le subaquatique à l’un des nombreux sas de décompression et se retourna vers les deux pirates. L'un était encore dans les vapes, une bosse énorme en guise de troisième œil au milieu du front et l'autre, Olek, était en train de tapoter sur un hublot comme un gosse et regardait les dizaines de poissons nageant à l'extérieur, les yeux émerveillés. Un duo de pecnots qui paraissaient inoffensifs et qui pourtant venaient de quasiment déclarer la guerre au gouvernement mondial. Le colosse se sentant observé se retourna:

- L'autre dort toujours, et vu la taille de ce machin tu as bien dû y installer quelques couchettes, c'est pour ça que tu me regardes ? Tu veux faire un tour de manège avec bibi en guise d'adieu ?

Un sourire éclatant et un regard pétillant de malice, il fallait avouer qu'il avait une belle gueule d'ange malgré les taches de sang et les cicatrices. Un charme qui cependant ne lui permit pas d'échapper à une baffe si puissante qu'elle fit vibrer le sous-marin et réveilla Trembol en sursaut. Olek ne l'avait pas vu venir celle-là, au même titre que les centaines d'autres similaires qu'il s'était prise dans le passé. L'on pourrait croire que le zigoto apprenait de ses erreurs, mais ce serait mal le connaître. Il éclata de rire alors qu'elle lui tournait le dos et ouvrait la porte du sas, la peau du visage aussi rouge de honte que la couleur de son masque. Trembol, toujours sonné, ne comprit pas grand-chose à ce qui se passait entre les deux, mais se rappelait en revanche très bien le traitement que lui avait fait subir Olek. Il voulut se redresser, mais manqua de se faire un deuxième traumatisme crânien en sentant ses jambes flageolantes encore trop faibles s'écrouler sous son poids. Olek le rattrapa d'une main tandis qu'il caressait de l'autre sa joue meurtrie.

- Tu te vengeras plus tard Trembol, regardes qui est là !

Cechan et toute la clique les attendaient dans le couloir derrière le sas, ils déboulèrent sur eux telle une Aqua Laguna. Les retrouvailles furent émouvantes, quelques larmes de joies chez les plus fragiles, mais surtout beaucoup de rires et d'accolades fraternelles. Ils investirent le sous-marin comme les rats qu'ils étaient, chargèrent les cales en provisions et les plus doués d'entre eux tentèrent de régler le problème d'étanchéité sans trop de résultats. Olek en profita pour apprendre les bases du pilotage de sous-marin auprès du Masque Rouge en un temps record avant qu'elle ne déguerpisse et Trembol attrapa Cechan par le bras pour prendre des nouvelles.  

- Alors ? Tu as trouvé des infos sur ce Gasby ? Et Jack il est où ?
- Pas grand-chose, mais ce qui est sur c'est que ça ne sent pas bon, le contrebandier est de mèche avec une grosse pointure, un chasseur de prime du nom de Charles Belhomme.
- Oh non... Whiskey Peak ?
- Et oui boss...