[Festival 1629] Critique de camelot

Je viens de me lever, il fait jour depuis longtemps. En même temps le fait que je me réveille n’est absolument pas indicateur d’une heure précise. Durant ce festival la journée n’est qu’un interlude entre les soirées et les nuits remplies de musique, d’alcool et de danse. Bref d’excès, mais des excès au frais de la Déesse, on ne va pas dire non.

Mira veut encore dormir, soi-disant elle n’a pas encore dormi assez. C’est peut-être bien vrai, mais moi je suis vaseux, il faut que je prenne l’air et que je mange quelque chose pour calmer mon estomac qui tourne. Du coup, je la laisse dans notre chambre, direction le marché. Je prends une saucisse frite sur un bâton, gras mais pas trop ça fera l’affaire et un grand verre d’eau.

Ça me requinque bien, du coup, je me dis autant en profiter pour visiter les boutiques. Il me semble que j’avais vu des vendeurs d’armes, mais Mira avait décidé qu’un festival ce n’était pas pour regarder des armes. Soi-disant que c’était pour regarder des spectacles, chiant la plupart du temps, manger, des trucs trop sucrés ou danser, bon ça j’aime bien danser. Du coup, je vais en profiter pour aller voir ces armes.

Mon estomac calé et cette idée me rendent tout guilleret. Alors que j’approche de la zone où je me souvenais avoir vu une belle hache. J’entends une voix au loin qui me dit quelque chose.

« Ce n’est pas une lame ça, c’est un cure-dent ! »

« Ça ? Peuh ! Pas mieux, c’est à peine un coupe papier. »

Devant mes yeux ébahis, je vois Izya face à un pauvre marchand qui se liquéfie avec son épée entre les mains, face à une acheteuse aussi difficile. Je ne peux m’empêcher d’aller dans le sens de la dragonne, encore un peu et il lui offre gratuitement quelque chose pour qu’elle s’en aille.

« Hihi ! Vous savez elle n’a pas tort. Cette lame est bien petite. Puis il faut reconnaître que la dame peut avoir de très grande dent. Hihihi ! Peut-être qu’un cure-dent de meilleure facture l’intéresserait ? »

Je finis ma phrase en donnant un coup de coude en faisant un clin d’œil à Izya

De la camelote ! Tout ! Tout ce qui se vend ici n'est rien d'autre que de la camelote que ces escrocs tentent de vendre au prix fort et franchement, en temps que forgeronne, je trouve ça véritablement scandaleux !

- Ah mais c'est bien ça le problème ! Ce... "coupe papier" est ce qu'il fait de mieux !

Je laisse tomber l'arme sur l'étale du magasin avec dédain avant de reprendre à l'attention du vendeur :

- Monsieur, en temps que forgeronne je vous le dis, vous êtes la honte de notre profession ! Et le pire c'est que votre métal est de qualité mais simplement, vous me semblez bien incapable de lui rendre honneur et je trouve ça véritablement dramatique pour notre art ! C'est à la fois un manque de respect pour notre profession mais aussi pour la matière première gâchée. Et je ne parle même pas de ces clients que vous entuber avec vos prix démesurer pour un travail de piètre qualité !
- Non mais c'est bon maintenant ! Si vous n'êtes pas contente, allez vous en !
- Que je m'en aille ? Vous essayez vraiment de me chasser là ? Vous savez simplement qui je suis ?!
- Non mais... Oui... Mais... Enfin... Je...
- Vous êtes pitoyable, voilà ce que vous êtes. C'est à cause de forgeron comme vous que les gens se méfient des membres de notre profession. Vous êtes une honte !
- Ouais bah qu'est ce que vous voulez que je fasse hein ? J'ai une famille à nourrir moi !
- Et bien faites autre chose que vendre vos babioles bas de gamme !
- Je ne peux pas ! J'ai tout investi la dedans !

Tsss. Il commence à me souler celui là. Cela dit, je viens d'avoir une idée de génie. Aussi je me retourne droit vers le vendeur, posant mes deux mains sur son étale et me penchant vers lui jusqu'à le fixer dans le blanc des yeux.

- Votre problème c'est uniquement l'argent c'est ça ?
- Euh... Oui ?
- Dans ce cas... Promettez moi que vous cesserez à jamais vos activités de forge pitoyable et j'achèterai l'entièreté de vos marchandises.
- Hein ?
- Alors ? Deal ?
- Euh...
- C'est ça ou je brûle tout.
- Vendu !

Et terminant alors la transaction, je me tourne alors vers Yukikurai qui venait juste d'intervenir au début de cette engueulade entre moi et ce charlatant.

- Ah... Désolé Yukikurai... Je sais pas toi mais moi, voir des types pareil salir notre noble art, ça me débecte...
- Et tu vas faire quoi de tout ça..?
- Hm... Le refondre et en faire de véritable marchandises dignes d'être vendu, ça me semble bien. Tu veux m'aider ? Franchement j'ai fais le tour et y'a pas un seul de ces artisans qui soit un tant soit peu honnête... Où alors je deviens trop exigeante et ils sont tous vraiment nuls...

« Oui, c’est vrai que ça n’a pas l’air terrible tout ça. Fais-moi voir la lame avec le manche rouge. »

« Oui, ce n’est vraiment pas terrible. Le manche est joli, mais ce n’est pas croyable, il y a déjà du jeu avec la lame. C’est super dangereux ! Tout est comme ça ? »
« Oui, tout est comme ça. Ça brille pour attirer le client, mais c’est tout pourri. »
« C’est vrai que pour briller ça brille. Ho regarde celle-là ! Elle a un affreux défaut du côté caché. Je ne suis même pas sûr que ça arrive à ouvrir des lettres sans danger. C’est honteux ! On brûle tout ! »
« Hihih ! Je m‘emporte. Tu as raison plutôt que de tout brûler on va tout refondre. Mais tu as une idée d’où on va trouver une forge ? »

Sous le regard malicieux d’Izya, je l’aide à embarquer la camelote. C’était vraiment du gâchis, l’acier était de qualité, mais mal monté, mal affuté. J’étais même certain que certaines lames étaient mal trempées. Par contre, il y avait un beau fourreau rouge que j’allais sans doute récupérer. Je n’excellais pas pour fabriquer cela.  

« C’est quoi ta spécialité à toi ? Moi, j’aime bien essayer un peu tout ce que je rencontre du moment que ça coupe et encore. Je crois que c’est plus l’acier que j’aime que les lames en elle-même. Naginata, Katana, Wakizashi et j’en passe. C’est tellement fun. »

« Ho ! Ne me dis pas qu’on va… non ? Si… Noooooon ? »
« Quoi ? »
« Je vais forger dans la gueule d’un dragon !?! »

Je trépignais sous le regard d'Izya. J'étais tellement excité que j'en oubliais que la reine céleste n'avait pas encore dit oui.

- Dans la gueule ? Non non, ce serait pas du tout pratique, je risquerai d'avoir une crampe à un moment et je voudrais pas te croquer un bras par erreur. Mais je chaufferai quand même le métal. Juste... Pas dans ma bouche.

Je le regarde un peu amusée tandis que j'attrape un des bout de métal que le vendeur disait être une dague. L'attrapant dans ma main par la lame, je me concentre alors sur mon corps pour relâcher mon feu intérieur sur ma peau. Et une fois ma main en feu, j'augmente lentement la température jusqu'à ce qu'elle atteigne des chaleurs infernales et suffisante pour que le métal flamboie et se déforme. Mais j'arrête immédiatement le processus, coupant net le feu tandis qu'au bout de mon autre main, je fais apparaitre un nuage de neige où j'enfonce la lame qui se met à fumer et dissipe le nuage en refroidissant nettement.

- Voilà comment on va faire. Par contre, il nous faut des enclumes et des marteaux.

En descendant du navire, je ne pensais pas devoir forger durant un festival... Du coup, je n'ai clairement pas ce qu'il faut.

- Quoi que au pire je peux utiliser le haki... Ça pourrait être intéressant de voir ce que je pourrais faire sans outils...

Prenant ma forme hybride classique, je place alors ma longue queue serpentine entre nous en la calant au sol à deux endroits pour qu'elle fasse office d'enclume. Puis une nouvelle fois, je fais fondre le métal dans ma main jusqu'à ce que le métal soit malléable puis le place à plat sur mon enclume de fortune recouverte de haki. Puis de mon autre main elle aussi devenue noire, je frappe pour remodeler la lame. Et tandis que je m'attèle à la tâche, j'en profite pour répondre à sa question.

- Je dirais que ce sont les lames, comme toi. A partir du moment où sa coupe, ça me plait. Cela dit, enfant j'ai appris à forger tout et n'importe quoi. Comme on était la seule forge de mon île, mon père avait aussi beaucoup de commande de meuble, portail, couvert et j'en passe. On a même fait quelques pièces d'armes à feu, mais j'y a jamais rien compris.
Pour moi, rien ne vaut une bonne lame à qui on peut se fier.

Je regarde alors le résultat de mon travail totalement manuel et bien que la lame soit en meilleure état qu'avant - en même temps, comment ça pourrait être pire ?- je ne suis pas totalement satisfaite.

- Hm. A moins qu'on trouve des marteaux dans le coin, on devrait peut être commencer par en forger... Qu'est ce que tu en penses ?

« Oui bonne idée parce que pas sur que je puisse forger à main nue. Quoi que j’ai envie de tester un truc. Tu sais chauffer légèrement un bout de métal ? Je vais tenter quelque chose. »

Alors que la dragonne chauffait une autre petite lame, je me concentrais pour utiliser le Ice Heart et refroidir mes mains. J’essayais de faire un gant de froid un peu plus épais que quand je tapais, mais ce n’était pas facile à maintenir. Je tendis la main vers le métal chaud, pas encore rougeoyant mais bien chaud quand même. Je ne sentis pas la chaleur en approchant ma main. Je posai un doigt dessus.

« C’est chaud, mais ça va pas du tout. Ouille, ouille !
Bon faire du froid, ça ne rend pas ignifuge. Il nous faut donc vraiment un marteau. Tu sais chauffer suffisamment pour que ça fonde ? Parce que moi, avec un peu de sable, ou de la terre argileuse, voir même de la boue, je te fais un joli petit moule perdu. »
« Je crois avoir vu du sable par là-bas. »

Nous nous retrouvâmes au milieu des enfants qui faisaient des châteaux de sable. Enfin, on n’était pas con quand même, on ne s’était pas vraiment mis au milieu. On avait pris du sable, puis on s’était trouvé un coin tranquille où on ne risquait pas de tuer un gosse.

Je pris le sable puis avec des coups rapide et précis de Hasshoken, je crée un petit pâté avec un creux de la taille de mon point.

« Manche métallique ou en bois ? J’ai une préférence pour le bois, ça vibre moins dans la main. »

J’entrepris donc d’essayer de faire un cylindre de sable, mais il était un peu trop sec.

« Dit, tu saurais l’humidifier un peu ? »
« Voilà parfait. »

Là, je parvins à faire un truc qui ressemblait à un cylindre et à le placer au centre du moule pour le marteau.

« A toi l’honneur, il n’y a plus qu’à verser le métal en fusion. Pas trop vite si possible pour pas arracher une paroi, parce que on a quand fait ça un peu vite et artisanalement. Hihi ! »

- Enfin, voyons Yukikurai, nous sommes des professionnels ! Contrairement à tous ces minables qui se prennent pour des forgerons à vendre leurs camelotes à des prix exorbitants ! Donc ce sera forcément réussi !

Faisant disparaitre le nuage de pluie que j'avais créé au dessus du sable pour l'humidifier, je récupère une fois de plus une des lames de pacotille que j'ai acheté dans ce petit commerce et le fait fondre lentement au dessus du moule de sable confectionné par le révolutionnaire. Et tandis que le métal se liquéfie et se verse lentement dans le moule, quelques paires d'yeux se rapprochent de nous et commence à nous observer avec attention.

- Dites, monsieur, madame, vous faites quoi au juste ?
- Vous faites des choses à manger ?!
- On pourra goûter ?

Des créatures horribles... Ces petits êtres dégoulinant d'innocence et de morve, de curiosité et absolument sans gêne... S'incrustant sans vergogne dans des affaires qui ne les regardent absolument pas...
Des... enfants...

Bordel, où est Keiko quand j'ai besoin d'elle ? Elle aurait pu se transformer en fennec et gagner leur attention pendant qu'on travaille... Mais non, madame à trop bu la veille et se tape une gueule de bois bien mérité ce matin qui l'a clouée au lit...

- C'est pas à manger non, et reculez ou vous allez vous brûler.
- Et pourquoi vous ça vous brûle pas ?
- Et si c'est pas à manger, alors c'est pour faire quoi ?
- Mon papa il dit que vous êtes une riche mégère râleuse et débile, c'est vrai ?

Je regarde la petite fille qui vient de s'exprimée, surprise. Surement la fille du charlatan que je viens de dépouiller de ses marchandises, mais quand même ! Dire de telles choses à sa fille si rapidement...

- Tu sais, ton papa devrait apprendre à faire attention à ce qu'il dit... Où le grand dragon risque de venir le manger pour le punir de dire des obscénités de ce genre.
- Un dragon ?!
- Moi je veux voir le dragon !
- Est ce que le dragon est sous les ordres de la Déesse ?
- Mon papa risque vraiment de se faire manger ? - la pauvre petite est au bord des larmes... bien fait ! -
- Ton papa a été irrespectueux envers l'art noble de la forge. Alors plutôt que d'insulter les gens il devrait chercher à se repentir. Et non, le dragon n'est pas sous les ordres de Kiyori Tashahari. Le dragon protège simplement le respect et la forge. Maintenant si vous voulez bien nous laisser travaill...
- Moi je veux voir le dragon !
- Si on insulte tout le monde il va venir ?
- On si on insulte les gens qui forgent ?
- OHE DRAGON DÉBILE ! VIENS J'AI PAS PEUR DE TOI !

Raaah, bordel, je déteste les gosses ! Yuki fait quelques choses où je vais les bouffer tout cru !

Merde les enfants ont un sixième sens pour détecter les endroits où ils ne peuvent pas aller ou où on ne veut pas d’eux. Voilà qu’en plus ils se mettent à insulter Izya. Si le regard qu’elle me jette n’est pas un appel à l’aide, je ne sais pas ce que c’est. Comme j’ai vraiment peur qu’elle fasse de la purée de morveux j’essaie de les distraire. Je n’ai jamais eu la fibre avec les enfants, mais bon tant pis.

« Alors les enfants, on veut voir un dragon ? »
- Il sort d’où lui ?
- DEGAGE on invoque le dragon qui mange les gens pas gentils avec la mégère !
- C’est peut-être lui dragon ?
- Mais non c’est une chochotte.

Ho les enfants c’est tellement mignon ? Qui a dit mignon ? C’est tellement nervant, oui ! Je suppose que je ne peux pas les envoyer vers d’autre cieux non plus. Raaaah ! Rusons.

« Le dragon ? Mais je viens de le voir passer dans le ciel. Il se dirige vers la rue des échoppes. Il y a tellement d’insulte aux forgerons là-bas. Il va laver l’affront. »
- Allons voir !
« Oui, dépéchez-vous ! »
- Tu nous prends pour des gamins ou quoi ?
- Ne le croyez pas, il veut débarrasser de nous.
- Ton dragon et ta forge elle pue le caca.
- Huhu forge caca ! Forge caca !
- Trop drôle. Haha ! Forge caca !
- Forge caca !
- Forge caca !

Raaah les enfants !

« Arrêtez, je sens qu’il arrive ! »
- Tu mens, je ne vois rien !
« Non, ils sont si jeunes prends moi à leur place ! »

De la main et du pied, je frappe l’air et le sol pour créer un souffle. Soulevant un nuage de sable comme le passage hyper rapide d’un dragon aurait pu le faire. Dans le même temps, je m’élève dans les airs avec mon Yukishiki Wing. Je me déplace tellement vite que j’espère que les enfants ne me verront pas disparaitre derrière le buisson. Espérons qu’ils aient peur et foutent le camp maintenant.

- IL EST OU ?!
- VIENS DRAGON CACA !
- Euh... Pourquoi le monsieur il s'est jeté dans le buisson ?
- Tu as mal vu. Il s'y est pas jeté, le dragon l'a poussé et est surement entrain de le dévorer.

Je prononce la phrase assez fort pour que Yukikurai l'ait entendu. Et soudainement des exclamations de douleurs s'élèvent du buisson.
Visages blêmes. Cette fois certains enfants font moins les malins. Malheureusement pas tous.

- Je veux voir ça !
- Non ! Fait pas ça Charlie ! Tu vas te faire dévorer !
- Je sais me battre, ma maman m'a appris et elle fait partie de l'équipage de la déesse ! Je vais tuer le dragon et comme ça la Déesse voudra bien de moi dans son équipage !

Ah bah d'accord... Non mais pourquoi ça va toujours aussi loin avec les enfants !

- Mais tu vas mourir !
- S'il te plait Charlie, protège nous !
- Non non non ! Il ne faut pas !

Les enfants ne sont clairement pas tous d'accord entre eux mais Charlie lui, est bien déterminé à gagner son titre de dragon alors même que Yukikurai achève sa mascarade très mal jouée sois dit en passant et meurs à l'abri des regards dans son buisson. Mais malgré ça, Charlie n'en démords pas et avance vers le buisson.

- Sus au dragon !

Ayant enfin fini de fondre le métal dans le moule et ayant créer un nuage de neige autour de celui ci, je m'interpose d'un soru entre le gamin et la plante qui camoufle le révolutionnaire.

- Alors on ne dit pas "Sus au dragon", mais plutôt "Mange moi dragon je suis super appétissant".
- Peuh ! Il ne m'aura pas ! Je vais le tuer !
- Ah oui ? Tu crois ça ? Et avec quelle arme compte tu accomplir ce miracle ?
- Avec cette épée !

Et Charlie dégaine alors son katana miniature qu'il brandit devant moi telle un coupe papier. Abusant de mon soru, je lui vole l'arme sans même qu'il s'en rende compte et l'instant d'après, je me replace devant lui comme si de rien était sous les regards admiratifs des enfants qui poussent des exclamations de surprises.

- Un coupe papier de bonne facture... Pratique pour ouvrir des lettres mais...

Sous leurs yeux à tous, mon corps se couvre d'écailles rouges tandis que ma tête se pare de cornes et que ma queue ressort de sous mon yukata.

- Regarde : totalement inutile contre les écailles d'un dragon.

D'un geste, j'appuie la lame contre les écailles de mon bras et tente de me couper. En vainc évidemment, en même temps j'ai le haki de l'armement.

- Bref, tu comprendras que tuer LE dragon, car il n'y en a qu'un, n'est clairement pas à ta porter. Et si tu ne veux pas qu'il te mange... Alors je te conseille de fiche le camps d'ici.
- Mais ça veut dire que vous avez manger le Monsieur ?!
- AAAAAAAAAAH

Pfff. Je hais les enfants...

Hé merde, il y en a un qui m’a vu. Comment ça, je me fais dévorer, mais pas du tout, je suis juste caché. Elle est bête ou … haaaaa, je dois faire croire que je me fais dévorer. Je crie. Je fais du bruit. Je secoue le buisson. Je grogne même. Ça ne doit ressembler à rien, mais c’est le mieux que je puisse faire. Bon, maintenant, je fais le mort. Au pire, les enfants m’ont oublié, je vais pouvoir faire une sieste.

Ho, il y a plein de cris là. Et maintenant, c’est drôlement calme.

« C’est bon, ils sont partis. »
« Raaaah, tant mieux. Je n’étais pas sûr d’aimer les gosses, mais là je suis sûr que non. »
« Le plus chiant c’est qu’ils sont collant et qu’on ne peut pas taper dessus pour les faire partir. J’ai cru qu’on n’y arriverait pas à s’en débarrasse. »

« Waouh ! Tu sais faire de la neige aussi, c’est trop cool ton pouvoir là ! Par contre, tu as fait ça pour refroidir le métal ou bien pour le tremper ? Parce que si on durcit l’acier, il va se fissurer à force de frapper. »

« Heu, maintenant le temps que ça finisse de refroidir il faut se trouver un bâton qui convienne. »

Je prends un des sabres qu’Izya a acheter, puis je pars en courant vers un bel arbre. Je l’examine. Bon pas sûr que se soit ce qu’il y ait de mieux, mais on va faire avec. On bricole quand même pour s’amuser là. Je coupe, une grosse branche de dix centimètres de diamètre. Puis avec le sabre je commence à la peler pour en sortir un manche en bois.

« Purée, j’en crois pas mes yeux. Le sabre est tellement mou que le bois est en train de l’émousser. Je vais commencer à croire que tu aurais dû bruler le forgeron qui a fait ça. Tu te rends compte ? J’ai du mal à trancher le bois avec cette lame. Moins dure que du bois j’y crois pas. »

« Bon ça commence à ressembler à un manche. On regarde pour assembler ça ? »

- Le brûler ? J'avoue que l'idée m'a traversé l'esprit quand j'ai vu ses marchandises... Mais ce ne sont pas des choses qui se font... Tout le monde ne peut pas vraiment apprécier la douceur enivrante d'un bon bucher.

Oui, moi j'adore être au milieu des flammes. C'est si chaud, si réconfortant... Mais c'est parce que moi, les flammes ne me brûlent pas donc forcément, je ne sais vraiment ce que ressentent les gens normaux face à la chaleur étouffante qu'elles dégagent.

- Quant aux enfants... Je ne peux qu'être d'accord avec toi...

D'aussi loin que je me souvienne, et j'ai quand même une assez bonne mémoire, je ne les ai jamais aimé. Ce ne sont que des créatures faussement innocentes qui profitent de leur jeunesse et de leur manque de savoir vivre et bienveillance pour faire ressortir leurs instincts les plus mauvais. Et j'en sais quelques choses : moi enfant, juste parce que j'avais des ailes, j'étais détesté par tous les autres...

Sauf Léo.

Une ombre passe alors sur mon visage tandis que je pense à ce révolutionnaire qui attend encore et toujours ma réponse quant à sa demande en mariage. Une réponse que j'ai choisi de rendre positive à défaut de pouvoir être avec celui que j'aime véritablement... Oh Red, pourquoi a-t-il fallu que tu choisisses l'autre pétasse aux ailes noires ? La vie est tellement injuste.

Heureusement, à l'aide de l'Ermite, je peux me concentrer sur autre chose et laisser tous mes tourments du cœur de côté. Le manche du marteau terminé et le métal fin prêt, le premier marteau est finalement conçu et la lame déjà émoussée à avoir taillée un simple morceau de bois se retrouve immédiatement fondu pour en concevoir un deuxième.

- T'en fais pas, je vais gérer le deuxième manche avec mes griffes, ce sera surement plus simple qu'avec ces coupes choux. En attendant, il faudrait nous trouver des enclumes... Et je crois avoir vu un étale qui en possédait. J'ai pas osé regarder de plus prêt leurs créations de peur de devoir tout brûler... Mais en soit, si c'est pour la bonne cause, peut être qu'on devrait y faire un tour ?

La bonne cause dans ce contexte étant : réparer l'injustice faite à ces pauvres créations de métal martyriser par des amateurs sous-doués.

Nous sommes repartis vers les allées marchandes pour nous procurer une enclume. C’est vrai que c’est difficile de forger sans ça.

« C’est dommage que mon pote Bouly n’est pas là. Son humour est tellement lourd qu’on aurait pu forger dessus. Hihihi ! »

Oui, je sais ma vanne est bien lourde également, mais j’ai besoin de décompresser. C’est qu’ils m’auraient mis les nerfs en pelotes les petits monstres. Ho tiens, je crois que je vois le plus chiant de tous, là qui regarde une étale. En passant derrière lui, je lui mets un coup de pied aux fesses avant de me fondre dans la foule. C’est totalement puéril, mais ça me fait le plus grand bien.

« Tous les vendeurs n’ont pas l’air de tout jouer sur l’apparence de leurs armes. Regarde celui-là, il a l’air de vendre quelque chose de potable. »
« Vous permettez que je prenne cette lame en main ? »

« Oublie je n’ai rien dit, le manche est deux fois plus lourd que la lame. Suivant. »

« Ho, je crois que je vois une enclume là-bas au bout de l’allée. On y va ?»
« Sinon comment tu es devenu forgeronne ? Moi, c’est mon grand-père qui m’a tout appris. »

Arrivé près de l’étale, je me faufile entre les badauds et les acheteurs pour regarder de plus près ce qu’il y a à vendre.

« Et merde, c’est un marteau de guerre énorme. Ho, j’en ai marre de chercher. »
« Excusez-moi monsieur, vous auriez une enclume à vendre ? »

- Vous êtes en plein festival, je ne crois pas qu'aucun artisan aurait pris la peine de prendre son enclume pour forger pendant cette période. C'est bien trop encombrant.
- Mais Medelin, c'est pas une ville ?
- Si si, mais elle a longtemps été à l'abandon... Ce n'est qu'il y a quelques semaines que la Déesse a décidé de la nettoyé et de la réinvestir...
- Et y'a pas un seul forgeron qui a décidé de s'y installer ?!
- Pas à ma connaissance... Mais vous savez moi, je ne suis là que pour le festival alors je peux me tromper.
- Bon, bon, merci quand même.

Laissant l'homme que le révolutionnaire a interpellé tranquille, je me tourne alors vers lui pour faire le point sur la situation, soufflant de lassitude sur une de mes mèches de cheveux qui me cache le visage.

- Bon, je crois qu'on a plus trop le choix... On va faire une annonce publique. Et ne t'inquiète pas, je m'en occupe, je suis plus voyante que toi... Ah et pour te répondre, c'est mon père qui m'a tout appris... Enfin, pas Tahar évidemment, lui j'ai su qu'il était mon père que pendant notre fuite d'Impel Down. C'est celui qui m'a élevé, Géralt Sélindé, qui m'a donnée cette amour de la forge...

Je souris de manière nostalgique à Yukikurai en parlant de mon père. De mon défunt père... Mais je chasse bien vite ce sentiment d'un geste de la tête avant de me transformer soudainement en dragon paré d'ailes d'anges d'une dizaine de mètres de long et m'envole au dessus de la foule, me posant sur mes nuages lévitant.

- Bonjour à tous ! Excusez moi de vous déranger mais je souhaiterai s'il vous plait acquérir une enclume pour permettre à ce festival de disposer d'un véritable artisanat de forgeron de qualité, ce qui pour l'heure lui fait cruellement défaut ! Aussi est ce que quelqu'un sait ou je pourrais en avoir une ?

Je parle fort, usant du timbre de voix du dragon pour me faire entendre par le plus grand nombre. Et très vite, après des regards apeurés, impressionnés, subjugués et j'en passe, une main se lève finalement dans la foule.

- Moi je sais !

Parfait, allons le voir lui.

Non, mais ça, c’est complétement de la triche. Genre regardez-moi, je suis un dragon rouge qui vole et en plus ma voix elle porte super bien. Tricheuse ! ‘Fin je m’en fous, moi, je pourrais égorger quelqu’un à l’instant que personne ne le remarquerait. Non pas que j’en ai envie. Juste que moi je suis discret.

Ho, il y a un type qui dit savoir où trouver une enclume. La reine céleste daigne redescendre et reprendre sa forme humaine. D’un petit signe de tête, je lui dis que je la suis. Elle marche à côté de notre guide et moi à peine un pas derrière eux, mais je suis persuadé qu’il ne me calcul pas. En même temps, elle vient de leur en mettre tellement dans la vue que je dois être invisible pour la plupart des gens.

« Alors cette enclume ? »
« Suivez-moi ! Il y a du côté de la caserne une vieille enclume qui devait servir pour entretenir les armes du fort. Oui parce que vous savez, Medelin c’était un fort, une garnison qui tenait tête à la déesse enfant, elle-même. Si vous regardez bien, on voit encore des traces des anciens combats sous les décorations…. Blablabla… »

Haha ! Elle a mis un peu trop de charme dans son intervention. Voilà que notre guide joue les fanboys qui veut impressionner la belle par ses connaissances. Tout compte fait c’est bien de passer inaperçu.

Non, mais c’est moi ou il y a quatre types qui nous suivent ? Ils n’oseraient quand même pas attaquer un dragon, si ? On verra, s’ils nous suivent au prochain tournant ? A non, ils vont tout droit. Il faut dire que c’est Kyori elle-même qui fait régner l’ordre ici. Ce serait vachement couillu de déclencher une échauffourée.

Je me rapproche un poil, je prends la parole.

« C’est vrai qu’en s’éloignant du centre et sans être alcoolisé, on voit que plein de choses sont toutes neuves »
« Haaaaaa ! Mais vous êtes qui ? Vous sortez d’où là ? »
« Moi c’est Yuki et on est encore loin de l’enclume ? »
« Maaaaaaaaaiiiiisss vous le connaissez ? »

- Ah bah tu nous as suivi ! J'avais peur que tu ais décidé de retourner m'attendre à l'étale. Parfait ! Tu vas pouvoir m'aider à porter ton enclume !

C'est fou à quelle point ce type peut être discret et connu à la fois. Il suffit que je détourne le regard de lui et pouf, il semble disparaitre aussitôt. Mais non, il est toujours là, fidèle derrière moi. Et heureusement parce que les enclumes c'est lourd !
Et c'est pas parce que je suis un dragon que je dois tout faire ! Non mais.

- Et oui, bien évidemment que je le connais, il était là lorsque l'ont a attaqué le Malvoulant sur la Fin de Toreshky.
- Ah bon ?
- Et oui ! Après, vous savez, c'est un révolutionnaire alors forcément sur Treize il a préféré s'occuper des pauvres populations tyrannisées par le Malvoulant.
- Oh, mais il était sur Treize aussi !
- Évidemment ! D'ailleurs sa prime aussi a été augmenté !
- Énoooorme ! Mais pas autant que la votre... Ce que vous avez fait est exceptionnel vous savez. Le Malvoulant était vraiment la terreur des mers et le monde se porte bien mieux sans lui...
- C'est vrai... Mais je n'étais pas seule vous savez...

Pourquoi j'ai un mauvais pressentiment sur cette discussion ? Parce que je ressens ses intentions à mon égard ? Et on est assez loin du simple service rendu dans sa tête.

- Mais je suis sûre que vous avez fait tout le travail !
- Euh... On peut dire ça mais en même temps... C'était un travail d'équipe et... Oh ? Mais ne serait-ce pas une enclume que voilà ?

Avançant plus vite, je me dirige vers l'objet de mes désirs en fuyant le mec qui nous à guider jusque là. Et en deux temps trois mouvements, j'arrive à acheter sans peine l'objet de mes convoitises. Manque de pot, il n'en avait qu'une...

Mon chargement énorme dans mes bras boosté par mon hybridation, je reviens vers Yukikurai et le guide.

- Bon bah... C'était sympa hein mais je crois qu'on va devoir y aller nous. On a du travail si on veut pouvoir présenter des produits correctes au festival... Merci et au revoir !

Puis je passe à côté de Yukikurai et lui glisse à l'oreille.

- Vite, vite, dégageons de là, il me met mal à l'aise...

Hahaha ! La grande Izya qui flippait à cause d’un fanboy un peu creapy. Bon j’avoue, son aura suintait la lubricité à plein pot. Si elle le sentait, elle sentait aussi que ça me faisait bien marrer. D’ailleurs, ce n’est pas bien de se moquer d’un dragon, on dit qu’ils sont orgueilleux. Je pense qu’elle aussi l’est.

« Tiens si ça te fait marrer, tu n’as qu’à porter l’enclume et on se retrouve au même endroit que tantôt. »

Elle me balança l’enclume dans les mains et fila dans les airs. Elle la portait si facilement que je fus surpris du poids que ça représentait. Je me mis à trottiner discrètement pour ne pas qu’il me suive. Je n’étais pas très discret, ni très rapide ainsi chargé, mais je parvins à le semer.

Lorsque j’arrivai près de la reine céleste, elle était encore bougonne. Cependant, me voir tremper de sueur, la fit sourire en coin.

« Alors, ce n’est pas si léger que ça. Je n’aurais pas transpiré une goutte moi ! Hihi !
Alors tu ne t’es pas fait suivre par l’autre crétin ? »
« Non, mais tu me prends pour qui ? C’est pas un pinpin pareil qui va arriver à me suivre même si je suis lesté d’une enclume.
Mettons au travail, marteler l’acier nous mettra de meilleures humeurs.
Par quoi commençons nous ? Une petite dague double tranchant pour nous échauffer ? »

- Avec plaisir !

Et c'est ainsi que nous avons enfin pu commencer à retravailler toutes les créations de cet abruti de marchand à qui j'ai racheté l'étale. Évidemment, avec une seule enclume pour deux, il nous faut un certain temps de pratique pour nous organiser correctement. Mais finalement, entre nos deux compétences, nos aptitudes et notre expertise, nous arrivons très largement à nous installer et en quelques heures nous avons déjà repris plus de la moitié des marchandises que je prends soin de réétiqueté à un prix me permettant de rembourser ces piètres achats, et bien évidemment de faire des bénéfices...

Parce que oui, je suis un dragon mine de rien, et j'aime avoir suffisamment d'argent pour ne avoir à craindre d'en manquer pour tel ou tel chose.

Clairement, aujourd'hui, avec la fortune que je me trimballe, je pourrais racheter une île entière si je le voulais. Et parce que oui, c'est déjà arrivé, autant continuer jusqu'à avoir assez pour acheter quatre ou cinq îles... Juste pour être sûre.

Et puis ce n'est pas comme si travailler le métal était désagréable. D'autant plus que Yukikurai est suffisamment discret pour ne pas réveiller mes envies de meurtre dès qu'il m'interrompt dans ma tâche. Et je dois dire que c'est une chose rare, très rare... Peut être du au fait que 90% du temps, je ne rends même pas compte qu'il est là, c'est pour dire !

Et plus le temps passe, plus les gens s'arrête dans la rue pour nous contempler à l'œuvre. Après tout, ce n'est pas tous les jours qu'ils ont l'occasion de voir l'une des pirates les plus primées du monde entrain de s'adonner à une activité lucrative tout à fait quelconque. Mais je m'en veux un peu, car j'ai bien l'impression de prendre toute la vedette à ce pauvre Yuki... Mais d'ailleurs, il est passé où ?

Ah ! Juste là ! Comme d'habitude, il n'a pas vraiment bougé. Étrange quand même.

- Excusez moi ? Serait-il possible de vous acheter ce katana ?
- Évidemment, le prix est affiché dessus.

Et c'est ainsi que les premiers clients arrivent, en attirant d'autres, et d'autres... Assez pour que je sois contrainte d'arrêté de forger pour plutôt m'occuper d'eux. Et même si je n'aime pas tant le boulot de vendeuse, je sais que c'est pour la bonne cause que je le fais !

La mienne, de cause, évidemment !

Ha forger qu’est-ce que j’aime ça. J’oublie tout. Je me sens bien. Je réfléchis sans réfléchir et sous mes yeux se forment de nouvelles armes. Puis, je n’ai plus forgé avec quelqu’un d’autre depuis… Oula, belle lurette. Je pense que c’était avec mon grand-père. Cette sensation d’apprendre sans faire d’effort, c’est quand même génial.

Puis, il faut dire qu’Izya est une sacrée forgeronne. Sa force et sa précision sont redoutable, mais surtout avec son pouvoir le métal semble rester toujours à la bonne température. Le rêve de tout forgeron, ne pas attendre ces longues minutes pour remonter en température. Quoique, j’aime bien, ça permet de souffler.

Au début, je la regarde plus que je ne travail, car forger à deux avec une enclume et seulement la dragonne comme source de chaleur, il faut le temps que je m’habitude. Petit à petit une routine s’installe. Nous devenons tellement efficace que j’en oublie que nous forgeons au bord du bac à sable. A certain moment j’en oublie même la présence de la pirate. Chez elle, ça semble récurrent.

« Dit tu sais me réchauffer ça ? »
« Oui bien sûr, j’arrive deux secondes. J’encaisse le monsieur. »
« Tu encaisses quoi ? »
« Ben il y a des gens désireux d’acheter du travail de qualité. »
« Hum, OK ! Moi, ce sera une bière, une crasse et le joli katana rouge que je vais bientôt attaquer. Hihihi ! »

Je finis ma phrase avec un grand sourire et un petit clin d’œil. J’était tellement concentré que je n’avais pas remarquer que des gens achetaient nos œuvres. Un peu d’argent de poche, pourquoi pas.

- Ahah ! Je vais voir ce que je peux faire !

Mais déjà je lui dépose le fameux katana pour qu'il soit sous sa main tandis que je lui réchauffe le métal qu'il est entrain de travailler. Une fois cela fait, je m'occupe encore de deux autres clients avant de finalement remarquer le groupe de gosse de tout à l'heure qui nous dévisage de loin, se demandant ce qu'ils devraient faire ou ne pas faire.

Alors d'un regard accompagné d'un geste dans leur direction je les hèle pour les inviter à venir me voir.

- Ça vous dirait de vous faire un peu d'argent ?

Évidemment, entre la peur de se faire manger et l'appât du gain, le petit courageux qui voulait occire un dragon se lance et se rapproche enfin.

- Qu'est ce que... Je dois faire ?
- Rien qui ne soit pas à ta hauteur, je t'assure. Tiens, va me chercher une bière et une Prière de la Déesse.
- Et comment je peux ramener une prière de la déesse ? En plus la déesse, elle ne prie pas, c'est nous qui la prions...
- C'est le nom d'un cocktail que j'ai découvert hier soir. Je sais qu'ils en vendent à l'étale de la Divine, à deux rues de là. Et si tu fais vite, tu pourras garder la monnaie et peut être même que je te donnerai... je parcours mon étale des yeux et choisi un sabre à sa mesure. Cette arme. Alors, deal ?
- D'accord !

Et immédiatement, la terreur s'enfuit en courant sous le regard outré de ces copains qui immédiatement arrivent au stand alors que mon attention est de nouveau distraite par un client, puis la forge,... Mais les enfants, eux, s'en foutent !

- Nous aussi on peut vous aider !
- Demandez nous un service !
- On peut aller vous chercher des gâteaux !
- Ou des bonbons !
- Ou du canard !
- Ou même on peut jouer les facteurs si jamais !

Les facteurs ? Ça me fait penser à ce maudit voeu que j'ai tant galéré à écrire... A tel point que je suis restée devant la boite à voeu du festival au moins une heure avant que Keiko ne m'engueule pour qu'on rentre, et que ce n'est qu'une fois à l'hôtel que j'ai réussi à remplir cette page qui restait désespérément blanche.
Pour autant, je n'ai pas encore eu le courage de la poster... Sauf que me connaissant, je risque de laisser trainer cela jusqu'à la fin du festival sans le faire...

- Bon d'accord.

Je termine avec un autre client et me tourne alors vers la bande de marmot, une poignée de pièce en main.

- Je veux des brownies au chocolats. je dépose des pièces dans une première main tandis que l'enfant disparait. Une grande bouteille de thé glacée de la monnaie tombe dans une deuxième main et un autre enfant file, des petits bonbons au chocolat et à la noisette, un troisième se fait la malle avec mon argent, et enfin, je veux que tu mettes ceci dans la boite à vœu du festival. Attention, interdiction de lire.
- Oui Madame.
- Très bien, je te donnerai quelque chose quand tu reviendras. Et attention, si tu ne fais pas ce que je dis, je le saurai !

Parce que pour les quelques minutes qui vont suivre, mon haki de l'empathie va être focalisé sur ce petit monstre... Il ne faudrait pas que ma lettre se perde en chemin quand même !

Avant que je ne finisse de rectifier l’équilibrage, la trempe et le tranchant du katana rouge, la nuée d’enfant qui nous avait ennuyé plutôt revint avec notre commande. Nous fîmes donc une pause pour profiter du service.

« C’est vrai que j’aurais bien faim tiens. J’oublie souvent de manger quand je forge. Je ne vois pas le temps passer. »
« Ho et je vais me faire tuer, moi ! J’étais juste parti m’acheter à manger et à boire. Et là, il y a plusieurs heures que j’étais parti. Il vaut mieux que le sabre soit d’une qualité irréprochable si je veux avoir le son et l’image aujourd’hui. »

« Enfin, on est plus à une heure près. »

Les enfants recommençaient à être turbulent et même agaçant. Ils voulaient toujours plus d’argent.

« Bon, les enfants ! Vous allez nous laisser sinon le dragon va venir reprendre vos pièces. Les dragons ça adore l’or. »

Étonnamment, ça marcha. Il fallait croire que les morpions tenaient plus à leur argent de poche qu’à leur propre vie. Ah, ces créatures pures et vénales qu’étaient les enfants.

Notre encas avalé et les empêcheurs de forger en rond partis, nous nous remîmes à la tâche. Les armes défilèrent, les passants aussi et l’argent emplis les poches d’Izya. Forger avec elle avait été si plaisant qu’elle était maintenant une alliée, même une amie pour moi. Alors que nous remballions nos affaires, je lui posai une dernière question.

« Que vas-tu faire par la suite ? Enfin, je veux dire après le festival pas ce soir. Même si on peut aller boire un verre plus tard également. Moi, je crois que je vais essayer de me faire discret, la montée de ma prime va attirer bien trop le regard sur moi. J’aime avoir mon recoin d’ombre. »

« Dans tous les cas, sache que si nos chemins se croise et que je peux t’aider, je le ferai avec plaisir. »

- Et j'en ferai de même. Même si je dois t'avoué que l'idée de m'allier une nouvelle fois à l'armée révolutionnaire ne me plait pas tant. Mais heureusement pour toi, je ne suis jamais contre aidé un ami dans le besoin.

Un ami oui. Parce que pouvoir partager ma passion de la forge avec un compagnon d'arme, c'est plutôt plaisant. Nous avons combattu ensemble, mangé et bu, mais aussi travaillé ensemble et même si ses idéaux ne sont pas les miens, tout comme son tempérament et son aptitude à générer du froid semble l'opposé de ma personne, j'ai réellement apprécié partager ces moments avec lui.

D'autant plus alors que mes pensées restent encore et toujours ruminantes quand à mon avenir incertain... Et d'ailleurs, en y repensant, une ombre de tristesse passe alors dans mon visage tandis que je range les armes encore invendu pour la nuit, que j'empaquète dans un gros sac que je compte bien ramener avec moi à l'hôtel pour pas me faire voler.

- Quant à ce que j'ai prévu... Je ne sais pas encore mais je suppose que ce sera tout le contraire de toi... Je... J'avais prévu de peut être retrouver un autre atout de la révolution mais, je ne suis pas certaine que j'en ai réellement l'envie. Et à coté de cela... Voir cet abrutit de Frost et ce gros nul de Kutroshinsky parmi les Empereurs des mers me fout vraiment les boules ! Et je comprends tout à fait ce que pouvait ressentir Blackbone ! Serrant le poing sous ma détermination, je regarde vers le ciel, emplis d'espoir. Alors je vais faire en sorte de m'imposer dans ce top sept ! J'ai déjà dépassé la prime débile du canard, mais je dois encore faire mes preuves pour que le gouvernement reconnaisse ma puissance !

Laissant alors retomber ma posture héroïque, je pose mes yeux sur l'atout tout en lui souriant.

- Évidemment, je ne suis pas certaine de réellement pouvoir y arriver mais... Pour mon peuple, je dois absolument essayer. D'ailleurs si tu tiens à te faire oublier hésite pas à aller aux Allods, à Stymphale ou même à Armada. Je préviendrai mes anges, comme tu pourras profiter un repos en toute sérénité. Par contre, interdiction d'y conduire des centaines de révolutionnaires et leurs idéaux à la noix, ou alors je rappliquerait pour les en chasser moi même ! Et si tu y passes, n'hésite pas à jeter un œil aux forges des Plumes des Dragons, je suis sûre que le métal que j'y ai créé te plaira !