Quand j'étais petit, je n'étais pas grand

Agé de vingt-cinq ans, Bobby est un petit monstre... ou un mec faisant partie de la race des poiscailles, si tu préfères. Il doit mesurer dans les un mètre cinquante, environ. Bref, le vrai gringalet de service, comparé au commun des mortels ! Et comme si ça ne suffisait pas, il est aussi assez maigrichon.
Peut-être un avantage, remarque ? Notamment lors de ses combats, il sait profiter de cette légèreté pour se mouvoir très vite face à l'ennemi. Qui plus est, grâce à la certaine vitesse qu'il détient, son agilité et sa souplesse l'aident également pas mal dans ses mouvements... pour esquiver les coups, ou passer derrière les ennemis en se faufilant entre leurs jambes, pour ne citer que cet exemple.
Côté force, on a beau raconter que l'homme-poisson possèderait, parait-il, un truc quelque peu surhumain, Bobby n'a pas trop les muscles qui vont avec. Cependant, quand il s'agit de briser quelques os (ou taper là où ça fait mal), les prémices d'une petite torture ne se refusent pas, afin d'affaiblir du gros vilain tout dur.
Par contre, il y a peut-être des risques pour qu'il se crève plutôt vite, en contrepartie.

La poiscaille est très moche, par-dessus le marché. Même s'il a pris l'habitude de cacher sa sale trogne (couleur vert/marron comme une pomme/poire pourrie) sous une capuche, il reste le genre de gosse raté, dans tous les cas. Donc si tu réussis à le découvrir plus en détails, prépare-toi à vomir, si l'envie t'en prend ! Il a des gros yeux ronds, un nez minuscule, des oreilles quasi incrustées dans le crâne, zéro cheveu... mais pour couronner le tout, mention spéciale pour ses imposantes lèvres bien dodues ! Par chance, il peut tout de même esquisser des larges sourires, histoire de bien exhiber ses belles dents acérées.
T'en veux toujours plus ? Pas de problème, voilà la cerise sur le gâteau, ça tombe bien ! Bobby possède malheureusement une horrible voix de petite fille... depuis sa plus tendre enfance, on va dire. Mais c'est surtout que, pour la brève anecdote, on a dû lui couper les balloches ! (Si si, t'as bien lu). Lot de consolation à la rigueur ? Ca lui permet de péter les tympans de celui ou celle qui croyait pouvoir gueuler plus fort.

Pour le reste, ses fringues se limitent juste à une sorte de blouson et un froc blancs, et des bottines noires... le tout, prévu surtout pour y glisser ses couteaux de cuisine dans les manches, poches, ceinture, et compagnie (grossomodo, comme le mec d'Assassin's Creed, quoi). Ce n'est pas forcément à considérer comme des armes de secours, bien qu'il soit pourtant un pro du lancer... mais disons qu'il ne refuse pas d'emprunter celles des autres, dans le feu de l'action. Quant à la touche finale, ses mains griffues ne manqueront pas pour du petit dévisagement gratuit.

Bobby aime plutôt jouer au type solitaire, discret, silencieux. Alors, pour l'amour et l'amitié, on repassera. Et de toute façon, il n'y a qu'à voir ce que ça donne déjà avec la population qu'il croise chaque jour : tous les gens préfèrent lui jeter la grimace, l'insulter, ou les deux carrément. Mais pire que tout ! s'il doit se mettre à parler, on aura souvent tendance à le confondre avec un jeune mioche ou une femme timide, et non plus le touriste étranger plutôt louche. Alors, si en plus, les gens découvrent ensuite s'être gourés, il a droit à la collection de râleries supplémentaires.
Bien qu'avec le temps et l'habitude, il se force et finit par s'en battre les couilles, de ce genre de bassesses à son égard. Néanmoins, dans le fond, il restera toujours plus ou moins choqué, blessé. La preuve ! Il ne peut s'empêcher de serrer le poing, ou grincer des dents... ou les deux carrément.
Bref, remettre sa capuche en place est devenu une manie, pour se faire pardonner d'avoir exhibé sa face de démon aux yeux de tous.

Et comme ce côté solo a aussi le chic pour le faire plonger dans l'ennui, il décide facilement de s'intéresser à tout ce qui l'entoure... et justement ! les ennuis, il y en a toujours qui traînent quelque part. Ainsi, que ce soit de la pauvre innocente, du riverain faiblard, et même du méchant saligaud en train de se plaindre ou gueuler, Bobby s'en donne presque à coeur joie de se rendre sur place, afin de visualiser la situation et, pourquoi pas, régler le problème.
Cependant, lorsque la situation peut s'avérer très grave, il est capable de zapper toute sa gentillesse. Pour taper de la grosse brute dans les règles de l'art, il se change en justicier couillu... oups, façon de parler ! Et en gros, si c'est parce que le boulot l'appelle d'abord, les victimes environnantes deviennent ce qu'on appelle du dommage collatéral ! En tant que chasseur de primes, le fric est bien plus important avant tout, selon lui... alors si on vient malencontreusement lui servir de bâton dans les roues, le simple civil n'est plus sa priorité.
Sur ce, la piraterie, c'est le mal absolu ! Et la Marine, pas forcément ses meilleurs contacts.

Sinon, histoire de lui trouver une autre forme de sympathie, l'homme-poisson aime bien glisser telle ou telle pointe d'humour, quand l'occasion se présente. Ca permet d'apaiser une triste ambiance créée auparavant, par exemple. Tandis que face à l'ennemi, la petite blagounette se transforme, au contraire, en de l'ironique provocation qui peut chatouiller violemment, en fin de compte.
En revanche, puisqu'il ne pense pas à regarder derrière lui, ou s'il est salement ou soudainement pris par surprise, il ne se prive pas de sursauter... voire même, de hurler comme une chochotte. Voilà, car il vient d'avoir les boules !

On va dire que Bobby est né sur une petite île de West Blue. Un énième trou perdu comme il en existe tant, sur cette mer. Mais pour être un poil plus précis, on va plutôt dire qu'il a été déposé sur cette île... ou même encore, oublié sur la rive. Quel est donc ce mystère ? Peut-être une famille un peu trop nombreuse ? Puis un jour, quelqu'un... Luke T. Tayz, un autochtone est passé par là, l'a trouvé, et l'a embarqué. Oh, c'est mimi ! Peut-être un mec qui ne pouvait pas concevoir de bambin ? Bon, en même temps, il n'avait pas de meuf à disposition. Mais en tout cas, depuis ce jour-là, la petite poiscaille est devenue son propre enfant, d'une certaine manière.

Le bonhomme l'a donc adopté, et l'a élevé comme il a pu. Oui, car au fil des années, Bobby a poussé de quelques centimètres. Ce n'était plus le même marmot avec une gueule de petit ange. De plus, le père adoptif devait continuer son job. Il travaillait dans une boucherie du village. Alors, si en plus des bons morceaux de viande de la journée, il fallait ensuite rentrer le soir pour s'occuper des petites fesses d'un autre animal... Génial, le cadeau !
Bref, le gosse a dû très vite se tourner vers autre chose, s'il voulait trouver de quoi s'occuper. C'est ainsi que, après plusieurs fouilles dans la maison, il s'est trouvé un jeu de boules ! Ou de la pétanque, pour les connaisseurs...

Etant donné que les autres mômes du quartier n'osaient pas vraiment s'aventurer trop près de la poiscaille, cette dernière jouait la plupart du temps toute seule. C'est comme ça, qu'au fur et à mesure de ses parties, il a découvert qu'il était capable de plutôt bien lancer et viser sa cible !
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. C'est pourquoi Bobby n'eut pas trop le temps de pouvoir développer, et en apprendre un peu plus sur ses premières performances de l'époque. Tout a basculé rapidement dans le village et sur l'île, lorsqu'un satané équipage pirate a trouvé le moyen de se pointer... et dans la foulée, de s'installer pour plusieurs mois !
Tu connais la chanson suivante ? Si tu n'apportes pas ce que le grand méchant dictateur du coin a demandé, bah tu crèves tout simplement.

C'est alors que la nouvelle vie offerte à Bobby, a pris forme. L'homme-poisson devait chanter dans une église, avec les autres gosses du coin. Des comptines débiles pour le chef des pirates, Medhi T. René, pfff ! Ca lui rappelait sa mère, qu'il prenait un malin plaisir à rabacher. Du coup, rendez-vous tous les weekends, ou un truc du genre. Par chance, encore bien jeune, la voix assez douce que souhaitait le boss des bandits, restait encore dans les conditions à respecter pour faire partie de cette foutue chorale.
Résultat, des années avaient carrément passée, en fin de compte ! Mais cette bande d'enflures de la piraterie squattait encore ! Et elle avait grossi ses rangs ! Toujours aucune Marine dans les parages qui viendrait balayer tout ça ? Eh non... ce n'était visiblement toujours pas le moment.
Sur ce, Bobby a dû chanter plus ou moins longtemps. Et c'est sans doute de cette façon que la tenue de pasteur, sous sa capuche, lui ferait tilt plus tard. En revanche, si le jeune garçon avait pu rester dans la chorale de l'église, fallait-il remercier son père pour autant ? En effet, la petite famille avait pu survivre un peu plus longuement que prévu, mais à quel prix ? Oui, le timbre de voix de Bobby commençait, lui, à basculer dans les graves, à force d'évoluer comme un mâle ! Alors pour passer outre cet obstacle, son boucher de père eut l'ingénieuse idée de lui découper ce qui gênait, pour la suite de leur survie. Merci papa !

La suite de l'histoire a perduré jusqu'à ce que la Marine déboule enfin sur ce caillou perdu de West Blue. Pourquoi avait-elle traîné autant ? Pas que ça à foutre, probablement. Ou alors trop débordée par d'autres affaires plus urgentes.
Dans tous les cas, le village avait terminé en scène d'horreur. Des nombreuses maisons détruites... et surtout des habitants morts par dizaine. Notamment celui qui servait de père à Bobby. Ce dernier a d'ailleurs ensuite accepté de partir avec les autres soldats, lorsqu'on lui avait proposé de les rejoindre. Ils recrutaient, quoi. En même temps, Il n'y avait plus rien à faire ici, à part pleurer son daron de substitution (ou un vieux qu'il n'avait même pas pris le temps d'aimer). Donc, la poiscaille a pu ainsi entamer la nouvelle phase de sa petite vie : l'entraînement... ou l'endurcissement !
Non, sérieux, t'as vraiment cru que ça allait marcher ? Exactement, tout le monde n'a pas attendu la Saint Glinglin pour s'acharner sur lui. Bobby est devenu le souffre-douleur des autres ! Que ce soit à cause de sa voix aigüe, ou même juste de sa tronche monstrueuse... il a pu avoir droit à toutes les moqueries du monde. Pour la peine, on lui fredonnait souvent : "fous ta cagoule ! Fous ta cagoule !".

Après quoi, Bobby était bien sûr devenu majeur. Il a continué encore de subir les saloperies de ses voisins de chambre, pendant quelques années durant, dans un camp, puis dans une base... histoire de devenir plus fort, entre autres. Il avait même pu en profiter pour se trouver une nouvelle passion : les fléchettes ! On n'était loin des boules de pétanque, certes, mais la poiscaille pouvait remettre son talent de lanceur, à l'épreuve.
Puis, sur ce, l'homme est parti se faire un nom ailleurs, en tant que chasseur de primes, cette fois-ci. Là, en tant qu'indépendant, il se disait qu'on ne viendrait pas le faire chier. Et il pourrait baffer du pirate pas gentil du tout, à sa guise ! Voire même, n'importe qui avec de mauvaises intentions.
Alors voilà, la poiscaille a grimpé tout ça d'échelons pour devenir Bobby Lapointe. Le mec qui tire et qui pointe... mais avec des couteaux de cuisine, hein. Le mec qui peut bousiller des tympans, s'il l'ouvre un peu trop fort... et surtout trop aigü. Le mec qui préfère rester caché sous sa capuche.