Tictac. Tic tic tac. Tic tac. Tictic tac. Costa avait les yeux vissés sur sa montre. Dans quelques minutes, il arriverait en vue de sa cible. Qui? Je vous le dis en mille. Thomas Manova surnommé Grave, un pirate de moyenne envergure qui commençait à faire un peu trop de bruit dans South Blue. Rien de bien dingue me direz-vous. Il n'était pas rare que le Cipher Pol 5 soit envoyé faire du nettoyage dans les Blues. Les raisons derrière cela? L'incompétence notoire de la Marine? Le fait que même la Marine d'Elite fasse mal son travail? Rien de tout ça. Il suffisait juste d'emmerder la mauvaise personne et hop, le tour était joué. L'Agent Cruise avait juste à faire son boulot et flinguer le pauvre type qui avait gêné. Ni vu ni connu. Enfin vu mais n'espérons pas connu. Il faisait pas très bon de se faire connaître en ce bas monde. Peu importe le côté de la barrière.
D'un regard rapide, il regarda autour de lui les hommes et femmes qui se préparaient. Les Chacals de South. Un truc comme ça. Bref de jeunes types qui avaient une dent contre Manova sans doute. Costa avait profité de l'occasion et s'était infiltré dans le tas de pirates. Ils allaient coller une dérouillée à "Grave" et lui en profiterait pour le terminer. Fuuu. Que ce boulot était usant à force. Dans sa tête résonnaient les paroles d'une douce chanson et il se surprit à la fredonner derrière son masque.
- Sur des paroles de Gnarls Chadnazour, musicien de South Blue :
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître
Les Blues en ce temps-là, vacarmaient moins que ça
Jusque sous nos Dendens
Et si l'humble cabine, qui nous servait de nid
Ne payait pas de mine
C'est là qu'on s'est connu, moi qui criais justice
Et toi qui rêvais
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Ça voudraaaaa diiiiiiiiire on est heureux
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Nous ne sortiroooons, qu'un jour sur deuuuuux.
Dans les navires voisins, nous étions quelques-uns
Qui attendions la gloire
Et bien que très studieux, avec les poings hargneux
Nous ne cessions d'y croire
Et quand quelque tripot, contre un bon repas chaud
Nous prenait une lame
Nous récitions des ordres, groupés autour de nos armes
En oubliant le tonnerre
[Refrain]
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Ça voulait dire : tu as fini !
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Et nous avions tous du temps libre !
[Couplet 3]
Souvent il m'arrivait, devant mon Den Den Mushi
De passer des nuits blanches
Retouchant au surin, de la largeur d'un coing,
D'la finesse d'une hanche
Et ce n'est qu'au matin, qu'on s'asseyait enfin
Devant un café-crèves!
Épuisés mais ravis, fallait-il que l'on s'aide
Et qu'on saigne la vie
[Refrain]
[Refrain]
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Ça voulait dire on a cent ans
[Refrain]
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Et nous survivions à l'ère de ce temps
[Couplet 4]
Quant au hasard des jours, je m'en vais faire un tour
Sur mon ancien vaisseau
Je ne reconnais plus ni les mats, ni les crues
Qui ont vu ma jeunesse
En haut d'une vigie, je cherche le nid de pie
Dont plus rien ne subsiste
Dans son nouveau décor, le navire semble triste
Le capitaine est moooooort!
[Refrain]
La retraiteeeeeuh, la retraite.
On sera vieux, on sera fous
La retraiteeeeeuh, la retraite.
Ça ne veut plus rien dire du tout
Sur le pont, des gromellements l'arrachèrent de sa rêverie tandis qu'ils entraient dans la nappe de brouillard qui allait leur permettre de surprendre leurs futurs adversaires. Le capitaine, un certain Cal' le Chacal, observait sa troupe s'affairer sur le pont avec un air grandement satisfait. Il avait l'air à l'apogée de sa carrière. Prêt à... Tic tac. Tic tac. Costa regarda sa montre une nouvelle fois. Des types comme lui, il en avait vu des centaines sur les mers. Tous finissaient sous les mers comme disait le proverbe de par chez lui. La preuve?
Leur navire émergea de l'épais volume de brouillard et, malgré son masque, Costa put voir assez rapidement que quelque chose clochait. Un navire de deux fois leur taille leur barrait la route, tout juste à portée de canon. D'ailleurs, en voilà deux bonnes douzaines qui pointaient en dehors des sabords. Le grand boumboumboumboum qui suivit fut facilement imaginable pour les lecteurs en présence. Visuellement, le rendu était plutôt brouillon mais les sphères d'acier fracassèrent leur navire qui filait toujours tout droit vers le navire deux fois trop gros."Phoque."
Voilà ce que s'écria le poulet en ce beau matin. Il faisait bien trop froid pour se faire plumer. Et il n'était pas assez bien payé pour ces conneries. Laissant ses camarades temporaires hurler pour se donner du courage, il se prépara à l'impact et rammassa son club de golf non loin.
Qui que soit le con à la tête de ce gros vaisseau, ce n'était sûrement pas un type constituant le menu fretin des Blues. L'info qu'on lui avait filé était pourrie. A moins que ce ne soit dû à la ligne Den Den qui grésillait au moment de l'appel? Il n'avait clairement pas le temps d'y réfléchir car les deux navires se choquèrent, propulsant le poulet dans un léger vol plané au milieu du pont ennemi.
Autour de lui? Du monde. Trop de monde. Sa main se raffermit autour du club et il pensa à l'enseignement de son ordure de grand-père, bien entendu applicable quasi-uniquement dans de telles situations.
Costa, il n'y a que deux personnes qui peuvent te régler ton compte sur ces Mers. Celui là-haut et ton banquier. A ce que je sache, celui là-haut y est toujours, reste plus qu'à espérer que celui là soit pas banquier.
Dernière édition par Carnival Cruise le Lun 13 Fév 2023 - 16:38, édité 1 fois