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Le vent de la liberté souffle à nouveau

C'est bien calme aujourd'hui.
Installé dans l'herbe, le monde semble s'être arrêté le temps de quelques brises.

Qu'il est agréable pour Kaito de pouvoir apprécier le vent doux de Shimotsuki qui balaie la colline où il s'est posé pour flâner, loin de l'activité humaine, loin des regards indiscrets qui verraient en son acte un doigt tendu dans leur direction, faisant ainsi de son mieux pour respecter les traditions de son pays natal sans pour autant déroger à ses propres plaisirs. Après tout, pourquoi vivre en ces lieux si ce n'est pas pour pouvoir profiter, même à petites doses, des plaisirs que la nature a à offrir sur cette île ? Sans doute lui s'il avait toujours vécu ici, comme beaucoup des habitants.

Mais ce genre de question, le pirate ne s'en embarrasse pas vraiment. Profitant simplement de l'instant présent, il se plut à laisser son esprit vagabonder à ce qu'il avait pu vivre ces dernières semaines, ces derniers mois. L'après mission du Malvoulant, les départs de l'équipe, sa décision, son installation provisoire … Oui, beaucoup de choses s'étaient passés.

Son cœur se serra légèrement en repensant à la plus douloureuse des parties : les conséquences de leur attaque sur Orange Town. Kaito avait bien compris que cette décision n'avait clairement pas plus à tous les membres, mais plus encore, c'était le danger et la mise en danger d'innocents qui avaient clairement joué dans la balance des dissensions dans l'équipage après la fuite. Il s'en était suivi une longue et bien triste discussion où après avoir pesé le pour et le contre, Oliver, Ryan et Clara en avaient conclu qu'ils n'étaient pas prêts à suivre ce genre de mouvement à nouveau, et qu'ils avaient bien compris qu'ils allaient malheureusement devoir passer par là s'ils restaient aux côtés de leur capitaine.

Ainsi, ils étaient repartis tristement à Luvneel retrouver leur vie d'avant, peut-être dans l'espoir d'une meilleure occasion d'accomplir leur rêve respectif. Enfin, surtout Ryan et Oliver, car en ce qui concernait la rousse elbafienne, le cœur était surtout à la frustration, se disant qu'elle aurait besoin de suivre une autre voie que celle empruntée par les Intrépides Libres pour devenir la femme forte qu'elle espérait.

Au final … Il n'était plus resté que trois d'entre eux. Enfin, il y avait bien encore Lise, Azerios et Kuro, mais après la mission sur Orange Town, les deux derniers n'avaient plus donné signe de vie, et la vie suivant son cours, la sorcière au climat-tact avait également fait son propre bonhomme de chemin. En un coup de vent, le groupe était redevenu le simple groupe d'ami rêvant d'aventure sans prise de tête et sans direction.

La vraie vie pour Kaito, en vérité.
Du moins celle qu'il s'était imaginé.

De son côté, cette mission n'avait pas manqué d'ébranler ses convictions. Lui qui n'était pas trop regardant sur les conséquences de ses actes, voir la rage des habitants qu'il s'était pris pleine face, en dehors de la jeune femme qui lui avait mis de sacrés bâtons dans les roues, lui avait fait comprendre qu'il ne pouvait malheureusement pas faire absolument tout ce qu'il veut sans se poser de questions.

Alors rapidement, il a pris une décision. Radicale. Sans l'appui de tous ses amis, et de ses nouveaux alliés, les Intrépides Libres avaient besoin de s'améliorer. Et pour cela, il fallait éviter de se mettre trop en danger. Ainsi, après en avoir discuté avec Sarah et Peter, il fut décidé de se tenir à carreau pendant quelques temps afin de s'entraîner et de gagner en puissance avant de reprendre la poursuite de leur aventure.

Cherchant ainsi un endroit où se terrer, Kaito décida de débarquer sur son île natale, Shimotsuki, profitant de l'Aventurier, leur petit bateau à peine assez grand pour leur ancien petit groupe, pour déposer le capitaine pirate en toute discrétion, loin des yeux du gouvernement, se sachant désormais connu du public. Par la suite, à vrai dire le jeune homme ne sut vraiment ce qui arriva à ses deux amis, ayant choisi de repartir sur les mers sans plus d'explication. Mais ils se l'étaient promis à leur départ : sept mois, jour pour jour, heure pour heure, ils se retrouveraient sur cette plage où ils se sont dit au revoir pour un temps.

Ainsi, Kaito s'est retrouvé seul sur l'île, devant désormais trouver sa discrète place où on ne le retrouverait pas avant son retour en fanfare. Alors il a fait ce qu'il avait à faire : il s'est fondu dans la masse, choisissant de feindre l'amnésie auprès des habitants pour que sa tenue habituelle aux motifs typiques de l'île fasse ensuite le reste du travail. Et bien qu'il y ait eu des soupçons, des regards de travers, des incompréhensions, il parvint à devenir l'inconnu de Shimotsuki, celui à qui on devait réapprendre la vie sur l'île.

Les coutumes, les traditions, on chercha à lui rappeler tout cela. Au fond de lui, cela lui rappelait les tendres paroles de son père à propos de ses origines, parlant de la vie sur place, du bonheur qu'il ressentait à l'époque de faire parti de la communauté que tous ces gens constituaient, et voir que cela n'était pas que des paroles en l'air, l'imagination d'un passé glorifié par son paternel, lui fit rapidement se laisser emporter par tout cela. Rapidement, il devint un de ses jeunes à qui l'on confie un travail pour qu'il ne reste pas à flâner dans les rues.

Et même s'il ne fit au final qu'enchaîner les petits travaux sans jamais parvenir à trouver le métier qui lui correspondait, Kaito appréciait la petite vie qu'il menait désormais. Du moins jusqu'à ce qu'on commence à lui demander pourquoi il portait un sabre à la taille, s'il se souvenait de sa famille malgré l'amnésie. Très vite, il devint la cible de la curiosité des autochtones, attirant par la même occasion l'intérêt des autorités locales ne comprenant visiblement pas l'intérêt qu'on pouvait lui porter.

Alors il a dû fuir, se cacher, loin de la menace d'être découvert. Et sachant désormais qu'il pourrait être connu s'il se montrait à visage découvert, il décida de s'inventer une nouvelle vie, et un nouveau visage en la présence d'un masque de renard, qu'il décrivit à ceux qu'il rencontra par la suite comme un moyen de cacher les brûlures « qui l'avaient transformé en monstre hideux ». Ainsi, de jeune amnésique, il devint l'étrange rônin renard, vagabondant à travers l'île pour y faire des démonstrations au sabre qu'il présentait alors comme l'art s'approchant le plus de son âme.

Les sept mois se poursuivirent ainsi, passant ses journées à se promener dans les villages en offrant à qui le souhaitait quelques mouvements d'épées spectaculaires pour épater, utilisant cette avantage pour s'entraîner au sabre et parfaire de nouvelles façons d'utiliser son sabre, testant de nouvelles techniques … Au final, la vie sur Shimotsuki devint presque une routine tranquille pour Kaito, et rarement on vint réellement l'embêter, du moins sur son identité véritable. Il avait les airs d'un habitant de l'île, et accomplissait ses obligations sans jamais s'en déroger, se cachant lorsque ce n'était pas le cas.

En un sens, dans une autre vie, le pirate aurait pu ne jamais repartir.
Mais il n'oublierait malheureusement jamais l'appel de l'aventure.

Et surtout celui de ses compagnons. Bientôt vint le jour tant attendu, celui des retrouvailles. Ainsi, après ses commodités journalières, le sabreur se retira pour profiter une ultime fois de ce qu'il appréciait le mieux sur cette île : les moments de calme pur, bercé par le vent soufflant doucement. Masque sur le visage, il se laissait tranquillement emporter par l'atmosphère, somnolant à moitié en attendant que les heures passent. Pour que finalement l'aventure ne se présente à lui.

Kaito ?

Une voix. Féminine.
Celle qui le ramène à cette réalité enivrante.

Enlevant le masque, il découvrit alors une jeune femme de son âge, aux longs cheveux bleus bouclés, aux yeux couleurs quartz et au sourire communicatif. À ses côtés, un jeune homme à la chevelure bicolore bien particulière, affichant un air amusé derrière son regard quelque peu fatigué.

Content de te revoir, capitaine.

Silencieux, le capitaine pirate se relèverait en regardant ses deux amis et compagnons avec un grand sourire à la fois satisfait et enjoué, avant de finalement soupirer de soulagement, cachant tout de même un très léger ressentiment qu'il ne manqua pas de traduire.

Je savais que je pouvais compter sur vous ! Vous n'avez pas tenté ou réussi à ramener les autres, à ce que je vois …

Sarah soupira à son tour, avant d'enlacer Kaito pour lui répondre dans son épaule.

Tu sais comment ils sont une fois qu'ils ont pris une décision … Et je doute que leurs familles ne les laissent repartir si facilement. On s'est plutôt concentré sur un moyen de préparer notre nouveau départ et …

Lâchant son emprise, la jeune femme se tournerait alors vers l'arrière, laissant au Yamamoto le plaisir de découvrir qu'une troisième personne était présente avec eux, pourtant difficile à louper par son style atypique … puisqu'il s'agissait ni plus ni moins que d'un homme-poisson, possiblement un homme-requin tigre au vu de son apparence, l'homme affichant un air tout à fait sérieux bien que paraissant amical.

... Nous n'avons pas été présenté ?

Lorsqu'il dit cela, l'inconnu afficha un air gêné avant de tendre une main amicale en souriant simplement, ne laissant apparaître aucune animosité ou appréhension particulière. Il allait alors pour se présenter, mais Sarah prit les devants.

Je te présente Lucius. Il nous as trouvé pendant nos pérégrinations sur les blues et s'est présenté comme un sympathisant à l'idéal des Intrépides Libres. Après réflexion, on a accepté qu'il nous suive … Je dois avouer que savoir que c'est un bon cuisinier nous as fait rapidement pencher la balance.
Et je ferai de mon mieux pour continuer à satisfaire les palais de mes nouveaux amis. C'est là la moindre des choses de ceux qui m'ont permis de fuir la tyrannie de Tibbon …

Kaito gloussa. Ce nom sonnait comme un mauvais souvenir, mais lui rappela surtout tout ce qu'il avait vécu ce jour-là. Tous ces prisonniers sauvés, l'affrontement avec le légendaire Minos … dans les faits ça n'était pas non plus aussi grandiose qu'il s'en souvenait, mais il en retirait une petite fierté. Ainsi, le jeune homme qui lui faisait face était de ceux qu'il avait extirpé de ce navire de la marine … Le jeune homme ne put se retenir d'un petit sourire satisfait avant de venir poser une main sur l'épaule de ce nouvel allié qu'il appréciait déjà.

Tu ne nous dois rien, Lucius. Mais si tu souhaites nous suivre dans nos aventures, eh bien sache que tu es le bienvenu officiellement parmi nous ! Je suis Kaito Yamamoto, je suis le capitaine des Intrépides Libres, mais sache que tous ceux qui évoluent sous mon drapeau sont mes amis avant tout !
Eh bien … Heureux de pouvoir compter parmi vous.
Et sache que tu peux me tutoyer sans soucis, cela va sans dire.

L'homme-requin ne répondit pas, hochant simplement la tête d'approbation, hésitant visiblement encore à savoir comment agir à l'encontre de son nouveau vrai capitaine. Celui-ci, cependant, ne s'en embêta pas plus que cela et se tourna alors vers ses deux autres amis, qui observaient la scène, comblés de voir leur nouvel allié être accepté, mais attendant surtout la raison même de leur retour auprès de Kaito : connaître la nouvelle décision de leur capitaine.

Une attente que le sabreur finit par récompenser en leur offrant son meilleur sourire.
Se tournant alors vers Shimotsuki, il pointerait l'intérieur de l'île sans destination précise visible.

Bien ! Puisque l'équipage est enfin de nouveau réuni, il est temps pour nous de nous occuper de la véritable raison de ma présence ici !
Et qui est ?

Kaito jubila. Même si ses amis – en tout cas les deux membres originels de l'équipe – connaissaient ses origines, ils ignoraient totalement la raison qui l'avait poussé à y revenir. Mais lui, il savait pertinemment pourquoi il était là, du moins il espérait que cette raison soit encore valable ...

Allons trouver ma famille paternelle !

Sur ces mots, laissant ses trois compagnons dans l'incrédulité la plus totale, il se mit en marche, se dirigeant sans hésiter vers l'intérieur des terres, relançant ainsi le mouvement qu'il avait jusqu'alors laissé de côté : celui de son idéologie, l'idéologie des Intrépides Libres.

Vivre sa vie comme il l'entend.
Accomplir ses rêves.
Ne pas avoir de regrets.

Simplement être libre de tout …
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