*En mer, 1629*
Alors que je voyage sur le navire marchand pour changer d'île, je pêche. Parce que pourquoi pas. Il faut bien manger après tout, non ? Et puis, une activité où on ne doit pas bouger pendant longtemps en attendant quelque chose, c'est un peu un rappel de la chirurgie. Donc ça ne me gêne pas. Alors je pêche. Ça fait plusieurs heures, et j'ai quelques poissons à mon actif. Bon, d'accord, j'avoue. Je ne pêche pas à votre manière mais à la mienne. Ça me gonflait de rester comme ça sans bouger. Je pensais pouvoir le faire, et bah non, je me suis trompé. Quand tu fais une chirurgie, tu bouges malgré tout. Tes jambes, tes bras, ta tête, ton torse ... Tu bouges tout ton corps. Là, on doit rester immobile comme un mort. Alors oui, j'en ai eu marre. Oui j'ai sauté à l'eau après avoir enlevé la majorité de mes vêtements. Oui les marins se sont affolés. Peut-être ai-je oublié de les prévenir. Mais j'avais un besoin urgent de bouger. Alors j'ai plongé, tête la première. Et pour la première fois depuis longtemps, je me suis retransformé. J'ai repris ma forme d'origine. En fusionnant mes deux jambes, j'ai obtenu ma queue de triton. je saute hors de l'eau, fou de joie de pouvoir être enfin moi. Évidemment, je n'aurais pas fait ça s'il n'y avait pas un homme poisson dans l'équipage et qu'il était traité comme n'importe quel être humain, ayant peur de la réaction des autres. En me voyant sauter, ils sont surpris. En remarquant la hauteur de mon saut, ils sont estomaqués. Et en voyant ma queue de poisson, leur bouches tombent jusque sur le sol. Dans les minutes qui suivent, ce sont des dizaines de poissons qui se font expulsés de l'eau pour atterrir sur le pont supérieur du navire. Vous pouvez essayer de m'échapper, je nage plus vite que vous les gars. Je suis l'espèce la plus rapide sous l'eau. Soixante nœuds. Pour nous battre, il faut y aller.
Une fois que j'estime avoir ramené assez de nourriture, je me prélasse à la surface de la mer. Certains n'ont jamais vu de sirène ou de triton, donc ils me regardent avec un air étrange. Ils ne voient qu'un homme dans la quarantaine avec une queue de sirène. Je nage lentement, pour ne pas dépasser trop le bateau quand même. Et paf. Un truc vient me cogner sur la tête. Je me retourne en pestant sur le connard qui a encore balancé ses déchets à la mer pour voir une bouteille. Elle contient quelque chose en elle et est fermée avec un bouchon hermétique. Je la récupère et remonte sur le navire. L'homme poisson voit la scène et m'amène des serviettes pour que je puisse sécher ma queue et récupérer mes jambes. Je rampe sur le sol jusqu'au serviette. Les gens me regardent étrangement. Je connais la question qu'ils se posent, et non je n'y répondrais pas. Une fois ma queue bien sèche, après plusieurs minutes d'intense essuyage, je peux enfin séparer ma queue en deux pour retrouver ds membres inférieurs humains. J'ouvre la bouteille avec précaution. Les autres se rapprochent de moi pour savoir ce qu'elle contient. Quand je la vois, je décide aussitôt de prendre les devants pour les éloigner.
« Un exemplaire d'une page de journal avec une naissance entourée. Sûrement quelqu'un qui est né ce jour là. Rien de passionnant. »
Je dévie leur attention comme je peux. Si je leur dit que c'est une lettre d'amour, de haine envers le gm ou les révolutionnaires ou les pirates, ils vont vouloir la lire. Si je leur dit que c'est une carte au trésor, je ne pourrais jamais la garder pour moi. Donc autant trouver le truc le plus barbant auquel je peux penser pour qu'ils n'aient pas envie de jeter un œil dessus. Je regarde la carte attentivement. Je cherche à quel île peut ressembler la forme dessinée à la main. Voyant une échelle en bas à droite, je peux en déduire la taille de l'île. Elle semble ni petite, ni grande, mais entre les deux. Une île avec des mangroves, des habitations cachées sous la surface de la mer où vivent des hommes poissons, un village de cannibales, et un temple ensevelis on dirait. Je vais demander à l'équipage où je peux trouver une île pleine de mangroves et de laquelle il ne faut pas s'approcher. Il me donne plusieurs îles qui correspondent, dont une pas très loin d'ici. Je prends la carte du monde et j'observe chaque mer l'un après l'autre. Quand mes yeux se portent sur North Blue, je remarque une île dont les contours correspondent à celle de la carte. L’îlot flottant. Et ça tombe bien, parce qu'on est sur North Blue. Je réussis à le persuader de faire un crochet par là pour que je puisse aller chercher des plantes. Une heure plus tard, je rentre dans l'eau en prenant soin de ne pas mouiller mes affaires que je garde au dessus de ma tête, et je nage jusqu'à l'île. Puis je regarde le navire partir au loin tandis que je sèche a queue une fois de plus.
Je récupère mes jambes et sors la carte que j'ai caché avoir l'avoir vu une première fois sur le bateau. Je regarde la topologie de l'île, les annotations de la carte, tout ce qui peut m'aider. Pourquoi est-ce que je viens ici ? Parce que sur la carte, au beau milieu se trouve un temple. Le temple est doré, avec des pièces d'or dessinées, ainsi que des pierres précieuses. Donc j'ai décidé que ça valait le coup d'aller jeter un œil. Les marchands n'ont évidemment pas voulu rester près de l'île et sont parti sans demander leur reste. Je me mets en marche en m'éloignant du bord de l'île qui, effectivement, ne semble pas vraiment hospitalière. Je garde ma carte en main et me guide grâce à elle, en repérant où je viens d'accoster.
Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.