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Au pays des arbres

Endaur, l'île aux milles arbres comme j'aime l'appeler. Chacun d'eux, avec sa cime, rejoint ses voisins. Et tous ensemble, ils forment un immense champignon vert qu'il est facile d'apercevoir de loin. Après avoir accosté, j'avance sur le chemin. Je le suis jusqu'à arriver au village qui le conclut. Je sais que cette île est entièrement consacrée au bois et ne contient que des bûcherons, mais le voir, c'est le croire. J'ai sous mes yeux les personnes les plus musclées qu'il m'ait été donné de voir. Chacun des bras des locaux fait la taille de mes cuisses. J'avance vers quelqu'un portant une hache. Mesurant deux mètres de haut, grande barbe arrivant à son nombril, vêtu d'une veste digne des bûcherons avec plein de petites poches devant et de couleur kaki, il se tourne vers moi. Il me toise de haut, et il a raison. Je suis un insecte en comparaison.

" Bonjour. Vous vivez sur l'île je suppose ?
Oui petit.
Bien. Je recherche quelqu'un qui pourrait m'aider à aller vers le centre de l'île, dans la forêt. Je suis herboriste et j'aimerais explorer l'île pour découvrir ou récupérer des plantes, des herbes … Connaissez-vous quelqu'un qui pourrait m'aider ?
Non. Sur cette île se trouvent des créatures appelées Woks, un croisement entre oursons et les singes. Ils sont capables d'utiliser des armes. Leur particularité, ils sont très friands de viande humaine. Voilà pourquoi il ne faut p*/
Mais vite, allons-y !
… Vous êtes sourds ? Ils mangent des humains.
Et alors ? On mange tous de la viande, non ?
Oui. Mais …
Pas de mais. Si vous ne voulez pas m'amener, je trouverais par moi même. »

Je fais demi-tour et me dirige vers la forêt. Il tente de m'arrêter, mais je le laisse parler dans le vide. Je n'ai pas fait trois pas que j'entends un cri de douleur à en percer les tympans. Je fais volte face et sors mes scalpels, ne sachant pas à quoi m'attendre. Je vois plusieurs personnes attroupées autour d'un tronc d'arbre sur le sol. En examinant de plus près, je vois que les cris proviennent de la personne coincée sous l'arbre. Je pousse la foule qui accourt et me précipite au chevet du désormais patient. La partie inférieure du bassin est sous le tronc d'arbre. Les bûcherons veulent bouger le tronc immédiatement. Un rapide calcul m'indique qu'ils peuvent y aller. C'est à partir de quinze minutes qu'il est très fortement déconseillé de libérer la victime d'un seul coup. Là, ça doit faire une minute, même pas. Une trentaine de personnes mobilisées, le tronc se soulève et j'extirpe ma victime avant que les gens relâchent l'assaillant.

Je procède aussi rapidement que possible. La victime est consciente et crie à la mort. Donc elle a un pouls. Les voies respirations sont dégagées. Je lui pose les questions de base, mais elle n'arrive pas à se concentrer. Alors je lui donne un peu de morphine par intraveineuse afin de la soulager. Après quelques secondes, les cris s'arrêtent. Je repose les même questions et fait même un peur d'humour « Il y a plus petit comme bûche de noël à ramener chez soi vous savez. » Silence gênant. Oui bon d'accord, je ne suis pas forcément très bon avec l'humour. Mais j'essaie au moins. Ça doit bien m'apporter des points de sympathie, non ? Visiblement non. Je l'examine à la vitesse de l'éclair, sachant où chercher les blessures les plus importantes. Le principal risque est le syndrome de l'ensevelissement qui est en fait le résultat de la compression des muscles lors d'un traumatisme important tel un éboulement, la chute d'un arbre, être coincé contre un mur …

Les conséquences d'un tel syndrome peuvent être des lésions cérébrales post-catastrophes liées à la seule compression des membres inférieurs et à la peur provoquée par la situation dramatique. Voilà pourquoi j'ai donné de la morphine rapidement au patient. Le choc psychologique subit, la terreur ressentie quand on sent sa vie s'échapper et le bilan rapide qu'on effectue sur la vie qu'on a vécu sont les pires effets qu'on puisse subir. Il fatigue le corps tellement vite que ce dernier se retrouve incapable de lutter. Si vous ne comprenez pas, imaginez-vous en train de nager dans l'eau, tranquillement, à plusieurs mètres de profondeur. D'un seul coup, vous n'avez plus d'air. Vous devez remonter rapidement sous peine de vous noyer. L'oxygène dans vos poumons doit être expulsé. Vous devez en récupérer du nouveau. Vous montez rapidement sans faire attention aux paliers de décompression. Vous arrivez à un mètre de la surface. Mais quelqu'un chose vous agrippe et vous tire vers le bas, vous empêchant de remonter. Vous sentez la panique vous gager, car vous savez ce qui va arriver. Vous relâchez encore un peu d'oxygène à cause de la panique que vous ressentez. Vous vous débattez pour vous extirper de la poigne. Mais rien n'y fait. Le temps vous est compté. Vous n'avez plus que quelques secondes.

Vous réussissez à gagner quelques centimètres avant de perdre un mètre. Puis un second. Vous voyez la surface s'éloigner de vous. Vous n'avez plus d'oxygène. Vous vous noyez. Vous sentez l'eau rentrer dans vos poumons. Pour n'êtes plus paniqué, mais terrorisé désormais. Et vous ne pouvez rien faire pour l'en empêcher. Vous débattre vous a fait consommez bien plus d'oxygène qu'en restant calme. Vous n'avez plus rien. Vos paupières sont lourdes. Vos yeux se ferment et ne se rouvrent pas. Si vous avez réussit à imaginer cela, je suis désolé pour vous, mais vous comprenez l'état psychologique des patients victimes d’effondrement. Ça peut briser même le plus fort des hommes. La psyché domine sur le corps, malgré ce qu'on peut dire.


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
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Il n'y a rien de plus dangereux qu'un espoir devenant désespoir, puis espoir, puis désespoir. L'ascenseur émotionnel intense, je le déteste. On l'a tous subit un jour ou l'autre. Trouver une pièce sur le sol, puis voir que c'est une fausse. Manger un sandwich, s'apercevoir qu'il n'y a pas de viande, sauce … Commander à manger et recevoir sa nourriture froide ou entamée. Penser qu'on a bien réussit un devoir pour se retrouver avec un 5/20. Voilà pourquoi je prête attention à ce syndrome bien particulier. Si le syndrome de Bywaters a des conséquences à plus ou moins court terme, d'autres effets peuvent se déclarer après plusieurs années. C'est le cas notamment des séquelles psychologiques. Tremblements, vomissements, insuffisance respiratoire, tous ces symptômes caractéristiques du "mal de terre" peuvent ainsi frapper à tout moment après le drame sans que personne n'identifie complètement leur cause. Je ne souhaite pas perdre de patient. Pas aujourd'hui. Hors de question ! Alors pas d'erreur. On se concentre. On se souvient de ses cours, des livres lu, des leçons données et reçues et des ouïes dires. On ramène tout au présent. On détermine la meilleure stratégie étant donné les circonstances actuelles. Puis on agit avec précision.

En raison du risque de syndrome d'écrasement, la recommandation actuelle aux secouristes est de ne pas libérer les victimes d'écrasement coincées depuis plus de quinze minutes. Le traitement consiste à relâcher très lentement la pression. Dans les cas où cela serait sans danger, les secouristes relâchent dès que possible la pression écrasante, afin d'éviter l'utilisation d'un garrot et qu'ils surveillent en permanence les signes vitaux du patient. Avec des gestes qu'on devine habituels pour moi, je viens palper ses jambes, ses mollets, des chevilles, ses pieds, son bassin … je tâte les traumas. Du sang coule de ses jambes, forcément. Je peux voir une blessure ouverte sur le tibia droit. Le pauvre va devoir faire de la rééducation pendant des mois, si tant est que ce soit possible de sauver l'utilisation de sa jambe. NON ! C'est possible, point. Je ne doute pas de moi. Je vais y arriver, c'est sûr. Je suis l'élève des putains de toubib 20. J'ai appris auprès des meilleurs de ce monde. Un putain d'arbre ne va pas gagner face à moi, non mais oh ! Je ne suis pas n'importe qui. Je vais sauver ce patient et rendre fier mes mentors. Sinon je me transforme en Un Canard et vais m'offrir à Kiyori !

Un petit discours de remotivation plus tard, je suis d'attaque. Je suis préparé psychologiquement pour y passer des heures. Tel qu'on me l'a appris, la connaissance fait office d'autorité. Celui qui sait dirige. Je sais comment sauver le patient. Les autres personnes présentes non. Alors je dirige. Et les ordres pleuvent comme à l'armée. Ils n'ont pas de formation militaire, mais les bûcherons travaillent ensemble depuis des années. Ils se connaissent. Ils savent ce que vont faire les autres sans avoir besoin de parler. Et tous sont volontaire pour m'aider à aider leur camarade. Personne ne rechigne. Ils sont surpris au départ et mettent une seconde à percuter mes ordres. Mais je ne leur demande pas leur avis. Je leur demande leur aide pour sauver leur ami. Ils ramènent une planche en bois sur laquelle on pose délicatement le patient. D'autres vont nettoyer une table dans un cabinet de médecin. Ce dernier doit être surpris, et sa consultation s'arrête aussitôt. On transporte le patient jusqu'au cabinet avec le moins d'à-coups possible. Là bas, l'alcool est utilisé pour stériliser les équipements qui sont déjà censé l'être. Mais pour avoir été dans un cabinet de bourgade, je sais que ce n'est pas toujours le cas. Là, je ne prends aucun risque. CE BÛCHERON VIVRA !

J'ai également demandé à ce que les murs soient recouverts de champs opératoires. Ce tissus permet de protéger une zone stérile autour du site d'opération : il permet de limiter, voire de supprimer le risque d'infection en cas de contact de liquides ou fluides contenant d'éventuelles bactéries. Indispensable pour les chirurgie. Et là, je vais en avoir besoin. Je fais également réquisitionner d'autres médecins. Je préfère avoir trop de paires de mains que pas assez. Désolé pour les patients ayant rendez-vous, mais les urgences vitales sont prioritaires. On arrive rapidement dans le local. Je me désinfecte les mains et revêt la tenue classique de chirurgien pendant que les autres calculent le dosage de sédatif pour le gaillard sur la table d'opération. Je leur donne la marche à suivre en même temps, histoire qu'on soit tous sur la même longueur d'onde. Je suis le chirurgien principal, c'est moi qui dirige. Eux assistent. Certains feront le rôle d'infirmière en me passant les outils, d'autres le rôle d'anesthésiste, le rôle de vérifier les signes vitaux … Je m'approche de la table. Et c''est parti.


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Durant tout le chemin, j'ai calculé le score de Glasgow du patient. Il s'agit de la classification pronostique des comas traumatiques la plus utilisée dans le monde. Elle consiste à tester trois paramètres : l’ouverture des yeux (E), la réponse verbale (V) et la réponse motrice (M). Malgré sa simplicité apparente, le GCS n’est pas toujours utilisé correctement ou est ignoré. L'ouverture des yeux est spontanée, score de 4. La réponse verbale est appropriée et orientée, score de 5. Quant à l'obéissance des ordres verbaux, elle était normale, donc score de 6. Le tout forme un total de 15. Le tableau nous donne ces résultats qu'on peut ainsi analyser rapidement.

  • Score de 3 ou 4 : environ 7 % de bonne récupération. - Environ 87 % de mortalité.
  • Score de 5 à 7 : environ 34 % de bonne récupération. - Environ 53 % de mortalité.
  • Score de 8 à 10 : environ 68 % de bonne récupération. - Environ 27 % de mortalité.
  • Score supérieur à 10 : environ 82 % de bonne récupération. - Environ 12 % de mortalité.


Voilà pourquoi je suis confiant quant à son trauma. Niveau psychologique, je l'ai dosé rapidement afin qu'il ne soit pas trop choqué ou terrorisé. Niveau corporel, seule sa jambe droite est touchée au niveau du tibia. Elle a du prendre l'impact majoritairement alors que la gauche est probablement tombée dans un petit creux du sol, par chance. Si l'écrasement avait duré plus longtemps, nous aurions du faire face à ce schéma, beaucoup moins sympathique.


Ce dessin indique et représente toute la difficulté qu'est de soigner le syndrome de compression. Un cercle vicieux. Si l'in agit trop vite, on tue le patient. En agissant trop lentement, on tue le patient. Si on s'occupe du mauvais organe en priorité, on tue le patient. Si on oublie un organe, on tue le patient. Il n'y a qu'une seule chance de ne pas tuer le patient : ne rien oublier et agir au moment parfait. Mais ça, seule l'expérience peut vous l'apprendre. Vous pouvez faire des centaines de simulations, le jour o vous vous retrouvez dans cette situation, ça ne compte plus. Voilà pourquoi je suis content de la situation. En dépit de la jambe, je trouve qu'il s'en sort vraiment bien pour quelqu'un s'étant fait écraser par un arbre de plusieurs centaines de kilos. Allez, on se souvient des cours. Les fractures ouvertes de la diaphyse tibiale sont des traumatismes à haute énergie présentant un risque élevé de complications. Le traitement consiste en une antibioprophylaxie, un rappel antitétanique, et une prise en charge chirurgicale associant : a) un débridement ; b) un rinçage abondant et c) une stabilisation osseuse. La classification de Gustilo et Anderson permet d’adapter le traitement définitif. L’enclouage centromédullaire est le traitement de choix. Une approche indirecte par fixateur externe est indiquée pour les fractures Gustilo IIIB et IIIC. Les complications les plus fréquentes sont le syndrome des loges (10%), l’infection (2-40%), la pseudarthrose (23%), la maladie thromboembolique (60% en l’absence de traitement) et la douleur antérieure du genou (> 50%).

Pour faire simple, on lui place un traitement par antibiotique par voie intraveineuse pour s'opposer à la prolifération bactérienne afin de diminuer le risque d'infection. Ensuite, le rappel du vaccin antitétanos, par mesure de précaution. Le débridement consiste à retirer les tissus morts, endommagés ou infectés afin d'améliorer le potentiel de guérison des tissus sains. Puis on rince. La stabilisation osseuse va passer par un ostéosynthèse par fixation interne. Les fragments d’os sont d’abord repositionnés par mes soins dans leur position normale. Pour se faire, il a fallut appuyer sur l'os qui sortait de la jambe du patient. Ensuite, le faire glisser en faisant attention à ne pas abîmer plus de tissus. Les os sont maintenus ensemble avec des dispositifs spéciaux tels des tiges, plaques, vis ... Ici, nous avons des vis chirurgicales que je fixe avec une viseuse. Pas facile, l'os tremble. Pour éviter cela, on utilise des rétracteurs qui viennent compresser la zone, évitant trop de frottement. Le faire à la main prendrait beaucoup trop de temps et d'effort. Un os ne se perce pas comme ça par un humain. L'articulation ne semblant pas affectée, j'utilise également des plaques au niveau de la fracture afin de faciliter le replacement naturel des os. Je soulève ou baisse la place, selon mes besoins. Le sang gicle souvent et se fait aspirer par le tube servant à cela. Ma vue ne doit pas être gâchée à un quelconque moment sinon le patient en pâtira.


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Après deux heures de chirurgie, l'opération est terminée. Je ferme la zone ouverte en recousant le patient. On le déplace précautionneusement dans un lit à côté. Et on surveille son état pendant que d'autres s'occupent du cabinet, mettent les champs à la poubelle, nettoient les instruments préparés … Je vais voir les amis du bûcheron.

« L'opération s'est bien passée. Il devrait se réveiller d'ici quelques heures. Mais vous devez savoir qu'une fracture du plateau tibial est une blessure grave. En fonction de plusieurs facteurs, la récupération peut prendre un an ou plus de avant de pouvoir reprendre ses activités quotidiennes. Les médicaments que je lui ai prescrits sont pour soulager la douleur à court terme. Les prochaines heures seront à surveiller, mais pas critique. Au réveil, il aura besoin de béquilles pour se déplacer. Une fois la fracture suffisamment stabilisée, le patient pourra entreprendre des activités entraînant une mise de poids sur la jambe. Habituellement le délai de remise en charge est de 6 semaines. Un plan de rééducation sera mis en place dans les heures à venir. Il est actuellement sédaté et inconscient. Vous pouvez aller le voir, mais une seule personne à la fois. »

Ils sautent de joie, pour la plupart. D'autres font une tête d'enterrement, et à juste titre. Pour un bûcheron, ne pas pouvoir faire son travail va être une torture. Ne pas pouvoir bouger quelques temps, rester debout ou utiliser sa force va lui miner le moral. C'est dans ces cas là qu'il est important d'avoir un soutien moral. Qu'il vienne de la famille, d'amis, de connaissances, peu importe. Se sentir soutenu, c'est 50% du travail. Ensuite viendra le temps de la rééducation. Il devra y passer des mois pour espérer retrouver l'entièreté de l'usage de sa jambe. Un an pour se remuscler et retrouver ses forces. Un bûcheron, c'est solide physiquement, donc je ne me fais pas de soucis pour lui de ce côté là. Et il a l'air d'être entouré. Reste à voir combien de temps ça va durer. Parce que c'est facile de venir les premiers jours, de rester là et de dire qu'on sera toujours là. Mais quand les jours passent, que les semaines se succèdent, le nombre de personnes venant nous voir diminue. C'est à cet instant que l'on voit les personnes qui tiennent réellement à vous de celle qui font semblant. Et ça, c'est très dur émotionnellement parlant. Passer de dix personnes par jour à deux, et encore … Voilà pourquoi je conseille plutôt de ne venir qu'un jour par semaine, mais de faire un roulement. Comme ça, il y a du monde tous les jours pour occuper le patient. Et si vraiment il y a beaucoup de monde, une personne le matin, et une personne l'après midi. Le mieux étant de rester au moins une heure.

Je retrouve rapidement mes habits de civil et sors du cabinet. Dès que je passe la porte, les gens arrêtent de travailler et forment un groupe autour de moi. Ils veulent des informations. Alors je leur donne les grandes lignes, tout s'est bien passé, quelques heures en observation, puis des semaines avec des béquilles, et des mois de rééducation. Je termine sur la note positive qu'il devrait récupérer toutes ses fonctions. J'entends des applaudissements et des cris de joies tandis qu'on m'écrase dans des bras bien trop gros selon moi. Je ne suis pas un habitué des câlins. Ça me gène un peu. Plusieurs personnes qui ont l'air de gérer la zone leur disent de retourner au travail malgré tout et ils obéissent. Le barbu avec qui j'ai parlé au début s'approche de moi.

« Vous voulez toujours aller dans la forêt ?
Évidemment.
… Passez la nuit à l'auberge. Je vous emmènerai demain matin. »

Je regarde le soleil au loin qui descend à l'horizon. Ah oui, effectivement, le temps a bien passé. Je remercie Jean et lui dit à demain tandis que je vais prendre une chambre. Je n'avais pas prévu de rester. Je n'avais pas prévu non plus de devoir faire une chirurgie dans un bled comme celui-ci. Et pourtant, ça a été effectué.


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Le lendemain matin, on vient toquer à ma porte. A peine le premier bruit retentit que j'ouvre la porte. Je suis prêt, mon baluchon sur l'épaule, tout sourire. Jean semble surpris. Dois-je lui dire que je n'ai pas dormit de la nuit, trop occupé à rêver de créer ce qui va me faire connaître ? On part rapidement après qu'il m'est fait mettre des vêtements semblables aux siens. Il me donne des consignes strictes. Ne pas m'éloigner, éviter de faire du bruit et lui obéir. Des demandes somme tout classiques. J'obéis alors qu'on s'engouffre dans la forêt. Étrangement, nous semblons suivre un chemin. Pourtant, j'aurais mis mes jambes à couper que depuis le village, aucun chemin n'était visible. On traverse difficilement la zone. L'endroit est extrêmement sombre et seule la lumière des troches rend l'endroit visible. Enfin, à peu près visible. La torche est enfermée dans une sorte de bocal pour éviter de mettre le feu à la forêt. Des bûches sur le sol, des arbustes à la con qui gênent le passage sont légion. On dirait l'archipel vert … On peut voir des arbres récemment tombé, que ce soit de manière naturelle ou moins naturelle. Après plusieurs dizaines de minutes à crapahuter dans cet enfer, mes yeux se posent sur un trésor.


C'est une plante mesurant de 30 cm à 2 m de haut. Son odeur est fétide, ses racine pivotantes. Les feuilles sont relativement grandes, jusqu'à 20 cm, ovales, fortement sinuées, portant des dents aiguës et à base asymétrique. Les feuilles ont donc un visuel non symétrique et leur forme donne une impression d'avoir été croquée plusieurs fois dans différentes directions. Les fleurs, poussant seules sont généralement blanches ou jaunâtres et mesurent de 7 à 12 cm de long. Leur forme est à corolle soudée en tube s'ouvrant en entonnoir à cinq lobes peu marqués, ou pétales, et à calice formant tube angulaire vert pâle, plus court que la corolle et terminé par cinq petits lobes. Une variété porte des fleurs violacées. Et c'est celle-ci qui m'intéresse et que je retrouve ici. Le fruit de cette plante est de forme ovale de la taille d'une noix, couvert d'épines longues et robustes. C'est une capsule s'ouvrant à maturité par quatre grandes valves qui découvrent une colonne placentaire centrale portant les graines. Comme le coquilles des marrons qui s'ouvrent en deux, sauf qu'ici, elle s'ouvrent en quatre. Les graines, longues de 3 à 4 mm, sont noires. La Datura stramonium. Voilà une des plantes que je cherchais.

Mais pourquoi rechercher cette plante précisément ? Parce qu'elle permet de créer une drogue qui va m'être précieuse. Cette drogue permet que les victimes qui sous son effet, perdent leur volonté et se laissent faire, oubliant ensuite ce qui s'est passé. Un excellent moyen de contrôler quelqu'un en somme. Mais ce n'est pas mon but principal. Je veux en faire un sérum de vérité. Pour cela, je dois l'associer à différentes autres plantes ayant des effets complémentaires. Et ensuite seulement j'aurais un sérum de vérité 100% naturel. Légèrement moins efficace qu'un médicament, possiblement, mais laissant aussi moins de traces dans l'organisme, et sans que la victime ne s'en souvienne après coup. Avec une paire de gant, je viens arracher une cinquantaine de fruits sur différents pieds. Les feuilles me chatouillent où je passe, pas facile d'en faire abstraction. Je récupère les coquilles que je mets dans un autre sac, ça me servira à faire du charbon végétal plus tard. Rien ne se perd avec moi. Je passe de pied en pied pour collecter assez de fruits. Une fois la quantité fixée atteinte, je range soigneusement mes gants et fais signe à Jean de reprendre la marche. N'importe quel abruti peut cueillir des herbes, pas besoin d'être herboriste pour ça. Mais pour le faire correctement, sans subir les effets des plantes, là interviennent les connaissances spécifiques que peu de monde possède. Y compris pour les stocker et les transformer plus tard.


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La plante suivante dont j'ai besoin s'appelle Brugmansia. Il s'agit d'un arbuste avec de grandes feuilles. Il atteint 3 à 5 m de hauteur, souvent avec un tronc à plusieurs branches. Les feuilles sont ovales, jusqu'à 25 cm de longueur et 15 cm de largeur, voire plus grandes lorsque la plante est à l'ombre. Ici, elles font le double de la taille ordinaire vu que très peu de lumière leur parvient. Les fleurs, en forme de trompettes d'environ 24 à 32 cm de long, sont remarquablement belles et délicatement parfumées. Le corps de la corolle est légèrement recourbé en cinq points principaux. Les fleurs sont généralement blanches mais peuvent être jaunes ou roses et pendent vers le bas, de complètement pendantes à presque horizontales. L'épithète spécifique suaveolens signifie « avec un doux parfum ». L'effet premier de cette plante est analgésique. Autrement dit, elle aide à soulager la douleur. En la mélangeant à certains alcools, elle permet d'augmenter la puissance des dits alcools.

Toutes les parties de la brugmansia sont toxiques, graines et les feuilles comprises. Comme d'autres espèces, elle est riche en scopolamine, hyoscyamine, atropine. L'ingestion peut entraîner des effets tels que la paralysie des muscles lisses, de la confusion, des délires, de la tachycardie, une bouche sèche, de la constipation, des hallucinations visuelles et auditives, de la mydriase, de la cycloplégie à début rapide et la mort. Mais travaillé dans les bonnes conditions et de la bonne façon elle produit le même effet que la Datura. Ensemble, leur effet est augmenté. C'est la scopolamine qui m'intéresse, pas le reste des propriétés. Je donne la description physique de la plante à Jean, et il nous y amène en vingt minutes, le temps de faire demi-tour et de changer de chemin. On finit par se retrouver devant un mur de plantes, littéralement, avec des fleurs en forme de trompettes qui descendent vers le sol.


Impossible de se tromper, nous sommes bien devant des brugmansia. Je sors mes gants en faisant attention à ne pas toucher les parties ayant touché la plante précédente. Je m'approche doucement. Et fleur après fleur, je récupère chaque pétale. Le procédé est lent car je dois vraiment faire attention cette fois. L'erreur ne pardonne pas. Avec une pince spéciale, j'arrache les pétales d'un coup sec mais contrôlé pour ne pas abîmer la fleur plus que je ne le fait déjà en lui ôtant ses pétales. Ça prend un certain temps et de la concentration. Jean en a marre. Jean n'est pas doux. Jean n'est pas patient. Mais Jean est vraiment très pratique. Il m'a guidé jusqu'ici. Et il attend, malgré tout. Son bon sens lui dit de quitter la zone. Mais par reconnaissance pour avoir sauvé son collègue, son ami, il prend sur lui. Je lui demanderais bien de m'aider, mais il ferait trop de dégât et ce qu'il ferait, il le ferait mal. Alors autant rester seul à agir. Après bien deux heures sur cette plante, j'ai récolté une cinquantaine de pétales. Oui, deux minutes et vingt secondes pour récupérer un pétale, environ. Ce n'est vraiment pas rapide. Mais je réduis le risque au minimum en prenant mon temps. Disons que je n'ai pas spécialement envie de mourir ici, au milieu de nul part, que personne ne sache qui je suis, et qu'on me retrouve d'ici plusieurs jours. Si on peut éviter, pourquoi se priver ?


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Le troisième ingrédient dont j'ai besoin, tout le monde le connaît. Le monde entier en a déjà vu, ne serait-ce qu'en photo. Il peut atteindre plus de 15m à l’état sauvage. Les feuilles sont souples de 8 à 14 cm de long par 3 à 7 cm de large. La marge grossièrement dentée à vaguement denticulée. Elles sont brillantes, vert foncé, relativement coriaces, avec une texture assez épaisse. Les fleurs de cet ingrédient vont de blanches à jaune clair. Elles mesurent entre 2,5 et 4 cm de diamètre. Solitaires ou en petits groupes de 3 ou 4, elles comptent cinq pétales soutenus par 5 sépales, rappelant des bras empêchant les pétales de tomber, comme sur une rose. Les fruits sont secs à ouverture spontané lors de l'arrivée à maturation et mesurent 1,5 à 3 cm de diamètre environ.

Les graines peuvent être pressées pour donner une huile de très bonne qualité alimentaire avec toutefois un rendement assez faible. Si je vous dit qu'on utilise les feuilles de cet arbre partout dans le monde, chez les pauvres comme chez les riches. Si je précise qu'on utilise ses feuilles avec de l'eau très chaude et qu'elle est la seconde boisson la plus bue au monde, juste après l'eau, vous me répondez naturellement le thé j'espère. Et je vous dirais que vous avez tord. L'arbre s'appelle le théier. Le thé n'est qu'un boisson aromatique préparée par infusion des feuilles séchées du théier.


Vu la hauteur de l'arbre que je recherche, Jean sait par où se diriger, tout en évitant soigneusement les Woks. Nous n'avons, l'un comme l'autre, pas envie de les rencontrer. On marche, on marche, on marche, et on marche encore. On fait presque le tour de l'île. Avant même d'arriver, l'odeur se fait présente. Un arôme unique en son genre. Je m'approche. Ici, aucun danger venimeux. Aucun risque d'empoisonnement signifiant une mort prématurée. Alors forcément, nous sommes plus détendus qu'auparavant où la moindre erreur ou inattention signifiait la mort. Je vais récupérer cinq dizaines de feuilles. Connaissant la résistance de l'arbre, j'ai envie d'arracher les feuilles. Mais je me retiens et décide de respecter cette créature qui me permet de me rapprocher de mon rêve. Le main en bas de la feuille, presque sur la branche, je tire doucement dessus pour éviter de causer un trop grand traumatisme à l'arbre. Ceux qui pensent que les arbres ne sont pas des êtres vivants n'ont jamais vu un arbre pleurer. Quand la sève coule de son tronc, que les feuilles tombent, que les branches deviennent branlantes, que le tronc émets des bruits de supplices, venant de craquelures dans le bois, ne venez pas me dire que ce n'est pas vivant. Ce qui m'intéresse dans les feuilles de cet arbre, c'est la théanine. L’activité de la théanine sur le cerveau est associée à une réduction du stress mental et physique et produit un effet relaxant. Combiné avec les plantes auparavant récoltées, elle permet de faire baisser mentalement la garde à la victime, permettant ainsi un contrôle plus facile. Alors je récupère les feuilles les unes après les autres avant de les ranger dans un autre sac. La méthode est beaucoup plus rapide que précédemment. Ici, pas besoin de gants ni de pince, je fais tout à la main. Néanmoins, ce travail me demande une bonne demie-heure.

Jean en a profité pour reprendre sa sieste. En ouvrant les yeux, il remarque que je sais ce que je fais. Je suis venu préparé en savant quoi chercher et comment l'obtenir. Je n'ai pas abîmé les végétaux plus que nécessaire pour recueillir les denrées dont j'ai besoin. Il comprend que je ne suis pas un amateur ou un charlatan. On sent que malgré ce que je fais, mes actes respectent la nature. Parce que si l'on pille sans faire attention, la nature s'en souvient. Et elle donne de moins en moins de trésors pou finir par ne plus en donner du tout. Il faut prendre soin de ces créations magiques. Les plantes nous donnent l'oxygène indispensable pour respirer tout en éliminant le dioxyde de carbone qui nous est fatal. Jamais on ne les remercie pour ça. On prend ce geste pour acquis, et personne n'y fait attention. Alors moi je le fais. Je suis proche de la nature. J'ai toujours aimé les plantes. Ça se sent. Ça se voit. Et la nature me le rend en me donnant ce dont j'ai besoin. Fais une bonne action, et une porte s'ouvrira. Refuse d'en faire une, et une porte se fermera. Fais une mauvaise action, et cinq portes se fermeront. C'est ce que l'on m'a appris. Je ne prends plus que ce que l'on ne peut me donner, et je suis toujours reconnaissant d'obtenir ce dont j'ai besoin. Qui peut en dire autant ?

« Pourquoi prendre autant de feuilles et de fruits ? Cinquante, ça fait quand même beaucoup, non ?
Dîtes vous qu'avec ces cinquante feuilles de chaque, je ne peux faire que 5 lotions, poudre ou sérum. Le ratio est généralement de 10 pour 1. Voilà pourquoi j'en prends autant. L'herboristerie est un métier long qui nécessite l'utilisation d'alambic. Rien que le procédé d'extraire la substance active de la plante prend des heures voire des jours. Et la quantité obtenue pour chaque feuille est ridicule. Il nous faut donc un grand nombre d'ingrédients pour avoir quelques substances. Et ensuite, ces substances doivent être travaillées, fusionnées, modifiées avec d'autres pour obtenir un produit. Ce résultat prend des jours, voir des mois. Certaines feuilles doivent être séchées avant de pouvoir être utiles.

Il faut prendre le temps de séchage en compte quand on veut créer un produit. Si l'on a besoin d'une crème, mais qu'il faut encore deux mois au fleurs pour sécher, qu'il faut ensuite deux semaines pour avoir assez d'extrait, et une journée pour créer le produit final, je doute que le client veuille attendre trois mois. Je préfère avoir un gros stock au départ, tout préparer, faire les séchages tranquillement sans les brusquer. Mes ingrédients sont soigneusement stockés, chacun dans son contenant pour éviter les mauvaises interactions. Ainsi, une fois que j'aurais finit de les travailler, je serais prêt à agir. Je pourrais sauver plus de vies avec les produits que je compte faire. Voilà pourquoi je récupère cinquante exemplaires de chaque. Beaucoup de personnes ignorent le ratio ou le temps nécessaire pour créer des produits de qualité. Évidemment, je peux accélérer le processus, mais la qualité s'en ressentira énormément. Et je préfère la qualité à la quantité. 
»

Il me regarde avec des yeux de merlan. Oui, quand on me lance sur le sujet, je ne m'arrête pas, je passe en mode sans échec. Comme un marin voulant coller une amende à quelqu'un et qui lui court après pour la lui donner. Nous rentrons au camp lentement, précautionneusement. Puis je vais me poser dans ma chambre à l'auberge. Elle n'est pas grande puisqu'il n'y a pas beaucoup de touristes. Mais je me satisfait de peu. Demain matin, je quitterai l'île. Mais avant e me coucher, je n'oublie pas de me faire une carte de l'île avec les endroits où j'ai trouvé les plantes. Juste au cas où …


Toutes mes plantes et effets sont réels, sauf précisions contraire. Alors lis, et instruits toi, petit brin d'herbe.
Au pays des arbres 3301443526
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25052-rio#261146
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