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Coordination & Complication.

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Dernière édition par Nakamura D. Akane le Jeu 4 Mai 2023 - 12:51, édité 8 fois
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ARC — L'EXPÉDITION.
Charlie Olivia VALENTINE, NAKAMURA D. Akane et ses amis profitent de leur séjour à l'Institut d’Histoire et d’Archéologie des Sables pour préparer leur voyager sur Grand Line. Un certain Lord Howard James HERBERT organise une expédition, mais il veille à s'entourer de gens compétents et spécialistes. Il a rejeté la demande des chasseurs de primes, ne trouvant pas pertinent de les avoir dans les pattes malgré leur exploit en protégeant et guidant la princesse AL-JAWHARA Sania. De ce fait, la samouraï et ses compagnons réfléchissent à une solution pour se rendre sur la Route de tous les Périls. La Translinéenne permet le voyage, mais seulement jusqu'au Port des Jumeaux, ce qui est contraignant. L'idée est de pouvoir bénéficier d'un navire et d'un équipage pour faire quelques îles ensemble.

« Bon, qu'est-ce qu'on fait, gamine? »

C'est la voix de Kieran CRITCHLOW qui vient rompre le silence de la réflexion. Il tient pour responsable Charlie s'ils ne peuvent pas rejoindre l'odyssée organisée par les scientifiques. Grincheux, il ne mesure pas que c'est simplement parce que le chef de l'expédition estime que leurs compétences ne sont pas appropriées pour un tel voyage et que ce n'est en aucun cas la faute de la conteuse. Toutefois, il faut dire que son comportement peut choquer plus d'un et que ça peut jouer sur le regard des gens, en particulier celui d'un noble.

« Il faudrait retourner à Attalia afin de savoir quels sont les équipages qui sont sur le départ. »
« Effectivement, ça me semble une bonne idée. »

Commerçant itinérant pendant longtemps, d'une quarantaine d'années, il a su gagner de l'expérience dans ses rencontres et être à l'affût d'une nouvelle intéressante. Quelque peu méfiant aux premiers abords cela dit, il est toujours prêt à servir une noble cause. Croisant les bras, il attend la réaction des autres.

« Je ne sais pas trop. Peut-être qu'on peut encore aider, ici? »
« Si on retarde trop à rejoindre Grand Line, on risque de perdre la seule piste qu'on a. »

Akane est missionnée par les doyens de son île pour récupérer leur trésor national qui leur a été dérobé. Il s'avère qu'il s'agisse d'un meitō qui se trouve actuellement entre les mains d'un criminel quelque part sur cette partie du globe. La samouraï n'est plus aux pièces, mais si elle peut se rendre plus tôt sur cette mer, elle pourra alors honorer le rendez-vous avec son mentor, ce qu'elle compte bien faire.

« Ne t'en fais pas pour moi, Heinrich. L'important, c'est de savoir par quel moyen nous y rendre. Et s'il faut encore attendre, comment occuper notre temps. »

Le concerné se contente d'acquiescer d'un mouvement de tête. L'épéiste tourne ensuite les yeux vers la dernière du groupe.

« Qu'est-ce que tu en penses, Charlie? »

Bien que la rousse peut décider à l'avance d'une décision, elle souhaite néanmoins avoir l'avis de tous ses camarades afin de prendre les considérations de chacun et voir si ça peut influencer sur son choix final.
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-Qu'est-ce que j'en pense ?

Ce que j'en pense, c'est que ce lord Herbert est un sacré trou de balle. Et que je vous en veux de m'avoir empêché de lui mettre mon poing dans la figure pour lui montrer qui n'est « pas habilité à faire une telle expédition ». Je hais que l'on me dise non. Des nobles comme lui, j'en ai vu un paquet sur Carcinomia. Dès qu'ils ont un peu de pouvoir, ils se croient tout permis. Et cela n'arrange pas mes affaires. Je suis agacée. C'est un fait suffisamment rare pour être souligné, mais ce malappris d'archéologue a contrarié mes velléités d'aventures épiques sur la route de tous les périls.

Et ça, c'est pas cool.

A cela vient s'ajouter l'animosité ambiante que je perçois chez une partie des membres du groupe. Ce n'est pas comme si j'y accordais une quelconque importance, mais ils n'en sont pas moins ma seule porte d'entrée vers Grand Line pour le moment, aussi me faire évincer de la bande consisterait une autre déconvenue. Seulement voilà, il paraît que je ne suis pas experte en relations sociales. Quel non-sens. Les personnes sont sans conséquence. Seules les Histoires comptent. Nonchalamment allongée sur un canapé, je pianote des doigts le vide au-dessus de ma tête, comme si je jouais un morceau sur un piano invisible. Qu'est-ce que j'en pense ? Qu'est-ce que j'en sais, moi ? C'est vous les spécialistes en expéditions, non ? Un soupir de lassitude s'extirpe de mes lèvres.

-Un seul oiseau en cage, la liberté est en deuil...

Sur cette non-réponse, je me lève et prends la direction de la sortie d'un pas alangui. Je gère très mal la frustration, la fatigue et l'ennui. Et par un curieux miracle, c'est ce trio gagnant qui m'habite à cet instant précis.

-Je vais faire un tour.

J'attrape une cape au vol et m'éloigne sans rien ajouter. Mais au moment d'ouvrir la porte, je constate avec surprise que de l'autre côté se trouve une personne, le poing en l'air comme si elle s'apprêtait à toquer. J'incline la tête en clignant des yeux comme je sais si bien le faire lorsque la circonspection me gagne.

-Akaaaaaaaaaane, il y a quelqu'un pour toi je crois. Je ne dis rien, je ne voudrais pas encore faire une boulette.
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Akane arque un sourcil, ne comprenant pas trop par ce qu'elle voulait dire. En tout cas, dans le contexte. Se sent elle exclue? Il est fort possible que les regards de Kieran et de Roza soient la cause du souci. Si c'est bien le cas, elle ne souhaite en rien s'interférer dans ce genre de problème, car elle considère qu'ils sont assez grands pour parler entre eux et tenter de trouver une solution. En attendant, elle regrette intérieurement que de telle difficulté d'entente puisse encore subsister, surtout au sein de son groupe. Faisant preuve d'une profonde empathie, les conflits entre les gens l'affectent beaucoup. Baissant la tête, elle laisse Charlie s'extraire de la discussion. Puis, d'un coup, la conteuse se met à crier, ce qui sort immédiatement la rousse de sa réflexion. De qui peut-il s'agir? Un émissaire? Le Lord HERBERT en personne? Peu probable! Alors, qui donc?

— « Excusez-moi, mais je souhaiterais m'entretenir avec vous. Je sais de source sûre que vous voulez joindre l'expédition du Lord HERBERT et je sais comment le convaincre de vous laisser le rejoindre. »

Tout le monde se regarde, se demandant si c'est une ruse. Il faut dire que l'étranger arbore un simple manteau sombre et qu'il vient de retirer sa capuche. Qui sait quel genre de secret peut-il bien dissimuler dans sa manche? Pourtant, l'homme qui fait face se montre particulièrement chaleureux. Et pour détendre le groupe, avant de pouvoir s'entretenir avec eux, il se présente.

— « Oh! Permettez-moi de me présenter. Je m'appelle Gottfried Adalhard SCHÖNBERG et je suis au service d'un bienfaiteur qui souhaite vous rencontrer, Mademoiselle NAKAMURA. Voyez-vous, votre générosité et votre courage sont parvenus jusqu'aux oreilles de mon Seigneur, sans compter qu'il est au courant de votre exploit à propos de la protection de la princesse Sania. »

La samouraï prend bien note de cette information, mais elle ne veut pas hâter sa décision finale. Cela dit, elle accepte sans mal de recevoir de nouveaux éléments, mais en revanche, elle se sent systématiquement mal à l'aise d'entendre des éloges la concernant. Encore une fois, elle regard tour à tour ses compagnons à la recherche d'un quelconque refus ou approbation. Ce n'est pas la première fois qu'un inconnu s'incruste dans leur conversation, et encore moins un qui propose son aide. Entre méfiance et intérêt, Akane doit faire la part des choses, ce qui représente un poids pour elle. Sa clairvoyance est sollicitée. Cela dit, avant de savoir qu'est-ce qu'il serait sage, elle aimerait se renseigner, mais Kieran prend les devants.

« Vous me semblez bien informé, je trouve. »

Gottfried préfère jouer la carte de la franchise. Et pour avoir vu le marchand à l'œuvre, il sait ô combien qu'il vaut mieux ne pas le brusquer.

— « C'est mon métier. Je me renseigne et j'observe pour le compte de mon Seigneur. Le savoir est une ressource précieuse à utiliser à bon escient. »
« M'ouais. Vous êtes un espion, en gros. Inutile de faire des enjolivures autour de ça. »
— « Certes. En attendant, je me tiens à votre disposition pour toutes questions. »

Avoir les yeux qui traînent n'est pas une mauvaise chose en soit. Tout dépend à qui est fait le rapport et dans quel intérêt. Et bien qu'Howard soit un archéologue, il ne reste pas moins une personnalité importante dans la communauté scientifique et dans les instances mondaines. Avoir des espions lui est indispensable, car il en ressort de sa sécurité. En effet, il n'est pas rare de voir des malfaiteurs qui cherchent à le kidnapper contre rançon ou voir son rival lui mettre des bâtons dans les roues. En effet, ancien associé, Prosper Balthazar WHITNEY‎ est la personne qui mérite toute sa méfiance, puisqu'il est désormais son plus grand concurrent. Son compter que le fils du Lord HERBERT est mort dans des circonstances douteuses, ce qui retarde le départ de l'odyssée. Avant de partir, en plus de devoir gérer son deuil, il compte bien élucider le mystère, d'où l'importance d'avoir des gens qui n'hésitent pas à s'attaquer à la pègre. Peut-être que des réponses pourront être trouvées dans ce genre de milieu. En attendant, il doit régler les derniers détails pour mener son voyage. Il s'agit de son cinquième périple et il bénéficie d'un moyen de transport particulièrement innovant gracieusement offert par le Gouvernement Mondial qui s'intéresse fortement à ses recherches.

« Avant que vous ne vous retirez, Monsieur SCHÖNBERG, qui est donc votre Seigneur? »
— « Je regrette, mais pour des raisons de sécurité, je ne peux révéler son nom pour le moment. J'espère que vous comprendrez. »

La rouquine fait un mouvement de tête pour signaler qu'elle comprend. Cela dit, elle n'est pas vraiment à l'aise de garder autant de mystère. Par expérience, cela lui a déjà posé des problèmes.

« M'ouais. »

L'homme pour qui travaille Gottfried est le mécène qui finance l'expédition. Et il est à la fois le meilleur ami d'Howard et le père de sa bru(1). Particulièrement prudent, c'est lui qui s'occupe des affaires non officielles, voire, illégales. Lui-même missionné par le roi de son pays, il se renseigne du mieux qu'il peut au sujet d'une pierre cubique qui pourrait rompt une malédiction. Il dispose d'un certain nombre d'espions et une garde rapprochée, mais les effectifs sont malheureusement réduits. En effet, son défunt beau-fils en a été justement le chef et il faut trouver une personne fiable pour le remplacer. En contact avec Calchas de la Nouvelle Ohara, il porte beaucoup d'estime sur la samouraï, car après tout, comme lui, elle détient des valeurs chevaleresques. Et c'est une chose très appréciable. Il se dit qu'il peut sans doute compter sur elle, mais avant de lui proposer le poste, il aurait un service à lui demander.

« Ce n'est pas rassurant non plus pour nous, vous comprendrez. »

C'est Roza ZAÏTSEV, la meilleure amie d'Akane, qui intervient. Il faut dire que l'épiste a été à deux doigts de mourir ici-même quelques années auparavant. Elle se méfie davantage, car elle ne compte pas revivre l'expérience. Elle garde toujours un œil sur sa camarade.

— « N'ayez crainte. Je ne serais pas devant vous si mon Seigneur avait de mauvaises intentions. »

La remarque fait sens. En tout cas, pour Akane, elle pense qu'elle peut accorder sa confiance à ce mystérieux bienfaiteur. Quoique tant qu'elle ne le voit pas en vrai, il est difficile de se faire une idée de qui il peut bien être. Ça ne lui coûte rien, alors pourquoi pas le rendre visite? Rien n'est encore décidé et la rencontre peut déterminer la suite des évènements, après tout. Elle fait donc rapidement le tour des avis, et après un bref échange, elle opte pour voir le patron de Gottfried.

(1) Bru : La bru est la belle-fille.
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Ouh, un espion. Voilà qui est excitant ! L’homme se présentant sous un patronyme aussi imprononçable qu’il rappelle le son d’un ressort se dépliant soudainement -mais si, vous savez- nous annonce calmement qu’il connait un moyen de nous faire rejoindre l’expédition de lord Herbert malgré le refus de ce dernier. Voilà qui est d’autant plus intéressant. Et si mes compagnons s’inquiètent -bien évidemment- en premier lieu des intentions de Gottfried, je m’interroge personnellement sur ses compétences d’espionnage. Voyez-vous, l’un des attributs primordiaux de cette profession est la discrétion. Or qu’y a-t-il de moins discret que d’arriver en toquant à la porte et en énonçant son nom sans détour ?

M’est avis que ce type est un amateur.

Cela me rappelle l’histoire d’un espion fameux -ce qui n’est pas bon signe, comme nous venons de l'établir- sur Carcinomia -oui, vous vous doutez bien que sur une île autant portée sur la compétition, l’espionnage industriel est monnaie courante-, le tristement célèbre Jean Lien. Il avait une fâcheuse tendance à débarquer, poser des questions en cassant des mâchoires puis repartir l’air de rien. Il a eu des résultats jusqu’à ce que tout le monde connaisse son nom et son visage. Je vous épargne ce qu’il est advenu de lui ensuite, ne me remerciez pas.

Ces pérégrinations m’amènent alors à songer que ce monsieur Schönberg est en réalité ce que l’on nomme un « homme de main », que l’on croise tout aussi régulièrement sur ma très chère île natale et qui ressemble à s’y méprendre à un espion, à ceci près que le premier travaille à visage découvert et que les gens ont tendance à plus facilement répondre à ses questions -alors même qu’elles sont identiques à celles du second !- sous prétexte qu’il est mieux habillé et ne vous menace pas d’une arme. Mon géniteur avait à son service tout une armée de sbires de la sorte.

M’est avis que ce type est un homme de main.

Mais nous nous égarons.

Se pose alors la question de si nous devons faire confiance à cet homme et celle subséquente de savoir si nous le suivons pour rencontrer son employeur. À noter que pour ma part, je ne considère pas ces deux questions comme particulièrement corrélées. La réponse à la seconde est bien évidemment « oui » ; s’il s’avère que c’est un piège, cela nous donnera une nouvelle opportunité de vivre un fait d’armes digne de mes écrits. Quant à la première… eh bien elle n’a par conséquent aucune espèce d’importance. Et puis, je suis curieuse de rencontrer le patron de ce type. Ne serait-ce que pour voir à quoi il ressemble. De mon expérience, ce sont souvent des vieux messieurs au front dégarni et aux cheveux grisonnants, qui vous regarde avec ce petit sourire qui sous-entend « j’en sais plus sur toi que ta propre mère ». Tout à fait mon genre. Je me glisse souplement sous les yeux de Gottfried et lui glisse un grand sourire malicieux.

-Mais bien sûr qu’on va venir le voir, ton « Seigneur » !

La surprise traverse son visage sans ménagement.

-Oh ! Et euh… vous êtes ?

-Oui. Je hausse les épaules en tournant mon visage vers le reste de l’équipe visiblement toujours en proie au doute. En tout cas, moi, je viens ! Qui m’aime me suive !

Je sais. J’avais promis que je ne dirais rien.

Je vous en pose des questions, moi ?
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Le groupe d'Akane se met donc en mouvement en ne faisant pas attention à la remarque de Charlie. Ça ne fait que quelques jours que la troupe la fréquente, et depuis, ils apprennent à interagir seulement quand c'est nécessaire. Certains d'entre eux ne sont pas forcément à l'aise à l'idée de la garder dans leur équipe, mais ils veulent faire confiance en la samouraï. Et si cette dernière veut croire en la conteuse, alors ils doivent accepter une bonne fois pour toutes son choix. Avec une toxicomane, un scientifique, un marchand et des chasseurs, c'est bien la preuve que l'équipage est hétéroclite. Alors pourquoi il serait impensable d'intégrer la violoniste?!

À l'extérieur, des gens se dépêchent de se rendre à leur rendez-vous. Des archéologues, des assistants et d'autres spécialistes fourmillent dans tous les sens. L'atmosphère y est étouffante pour Akane. Voir autant d'agitation lui déplait, car elle préfère largement le calme et les coins reculés. Se sentant oppressée, elle espère bien trouver la tranquillité dans un salon privé. Fort heureusement, leur guide les emmène dans un bâtiment qui ne se trouve pas trop loin. Après une petite procession au sein même de l'édifice, elle et ses amis débouchent dans une chambre d'apparat particulièrement bien décorée. Un balcon donne une vue improbable sur l'I.H.A.S. et un bureau en bois d'Adam se dénote du reste des meubles tout au fond, quoique des sofas et des divans exposés devant sont aussi remarquables. Un homme aux cheveux grisonnants se tient entre son bureau et une bibliothèque. Étant dos au groupe, il range un ouvrage particulièrement épais et se retourne enfin vers ses convives.

« Merci, Gottfried. Tu peux disposer. »

Pendant que son homme de main quitte la pièce, il rejoint les chasseurs de primes dans le salon. D'un air avenant, il leur demande de s'installer et de se mettre à leur aise bien que certains se soient déjà permis de le faire. Se contentant de peu de chose, Akane n'est pas habillée à voir autant de richesses exposées. Toutefois, elle sent que la personne qui les reçoit semble ne pas être comme la plupart des autres nobles.

Sir Friedrich Saül HURWITZ:

« Je vous en prie. Prenez place. »

Après l'avoir observé un instant, elle se décide de s'assoir avec les autres.

« N'hésitez pas à vous servir. Si vous avez besoin de quoique ce soit, faites-le moi savoir. »

Exposés sur une table basse au centre, des fruits, des biscuits et des jus sont offerts par la maison. S'installant sur un fauteuil situé en face de son bureau, le mystérieux bienfaiteur s'assure que ses hôtes puissent être dans le confort. Comme personne ne réagit à sa demande, il poursuit son discours.

« Tout d'abord, merci d'avoir accepté de venir me rencontrer, Mademoiselle NAKAMURA. »

La rousse fait un mouvement de tête pour le remercier également et indiquer qu'elle est prête à écouter le reste.

« Laissez-moi me présenter. Je suis le Sir Friedrich Saül HURWITZ et j'accompagne le Lord HERBERT depuis sa première expédition. Je suis un ami de longue date et son confident par la même occasion. Je saurai le convaincre de vous laisser venir nous rejoindre. Vos compétences nous sont utiles, contrairement à ce qu'il pense. Toutefois, avant de faire ceci, j'aurais un service à vous demander. Vous vous doutez que je n'offre pas ce travail à n'importe qui, n'est-ce pas? »
« Hum, est-ce que c'est légal? »

Agréablement surpris, le noble s'empresse de lui rassurer.

« N'ayez crainte, Mademoiselle NAKAMURA. Vous serez totalement dans la légalité. Vous êtes des chasseurs de primes, donc il ne vous sera pas difficile de retrouver un criminel pour moi. Les deux seules contraintes que je vous impose, c'est de me le capturer avant la Marine ou l'un de vos concurrents, puis, de me le livrer ici vivant. Une fois interrogé, vous pourrez le livrer à la Marine afin que vous puissiez évidemment toucher la totalité de sa prime. »
« De qui s'agit-il? »
« Du Saltimbanque Sanglant. »

Cette épithète lui évoque quelque chose. Elle réfléchit quelques secondes, puis, répond.

« Si vous me le permettez, j'aimerais consulter mes partenaires avant de prendre une décision. »
« Bien sûr. Je vais me retirer pour que vous soyez dans la confidentialité. Vous n'aurez qu'à toquer cette porte là-bas. »

Une fois qu'il quitte la pièce, le commerçant est le premier à réagir.

« Tu lui fais confiance, gamine? »
« Je ne vois rien qui pourrait le discréditer. Il me semble honnête, juste et plutôt méfiant, ce que je comprends. »
« Il nous dit pas tout, tu le sais, au moins? »

Loin de vouloir semer la discord, Monsieur CRITCHLOW est le genre à être direct. Il déteste les non-dits. Pour avoir marchandé avec des hommes de tous horizons, et en particulier, avec des lascars contre son gré, il détecte assez facilement quand une personne ne dit pas tout. Et pour lui, c'est le signe d'un cœur mal intentionné et s'en méfie tout spécialement.

« Si je peux me permettre, je connais ce Sir HURWITZ. Je ne l'ai pas rencontré personnellement, mais je confirme qu'il travaille avec le Lord HERBERT. »

Il s'agit de la voix de Zacharie MOYNAHAN. Naturaliste, il aurait dû dix ans plutôt rejoindre Prosper, mais ça ne s'est pas fait. Étant bien informé dans la communauté scientifique, il est familiarisé avec les noms de ces grandes personnalités, ainsi que leurs exploits.

« Je comprends l'inquiétude de Kieran, mais avec les évènements récents, il faut aussi savoir se mettre à leur place. Entre les médias et ceux qui leur veulent du tort, il est normal d'avoir cette attitude. Il suffit de voir ce qu'il s'est passé avec la Princesse Sania. »
« M'ouais, c'est bien possible. »
« Je te fais confiance, Akane. Si tu estimes qu'on peut faire cette mission, alors ça ne me pose aucun souci pour moi. »

Finalement, il ne faut pas longtemps pour que tout le monde accepte la décision finale de la samouraï. Après tout, les uns et les autres lui font confiance, alors ça ne peut être que bénéfique. La sabreuse part alors annoncer leur choix. Friedrich revient dans la pièce et s'installe à nouveau dans le salon avec la rousse.

« Nous acceptons votre proposition. »
« Je vous en remercie. Une équipe de Granulés vous attend dans le caravansérail. Elle vous reconnaîtra. »
« D'accord. Avez vous un lieu à nous suggérer? »
« Hum, vous le trouverez à Attalia. Gottfried pourra vous donner plus d'éléments. Et si vous avez besoin de quoique ce soit, n'hésitez pas. »
« C'est noté. »

Ainsi, le groupe d'Akane est en route pour la ville portuaire. En vue des circonstances, la rouquine a conscience que cette investigation comporte des risques, surtout s'il faut fouiller du côté de la pègre. S'il y a bien une chose dans le métier qui est primordiale, c'est l'enquête, voire, préparer des pièges. Avec les compétences de ses amis, l'épéiste est en mesure de trouver une cible sans difficulté. Puis, bien qu'elle préfère prendre plus de temps d'ordinaire, cette notion de temps lui rajoute du piment qu'elle est prête à surmonter. Enfin, avec Charlie pour dégoter des informations, l'opération sera sans doute un succès incontestable. Encore faut-il ne pas se tromper, cette fois, mais elle lui fait confiance.


Dernière édition par Nakamura D. Akane le Jeu 4 Mai 2023 - 11:37, édité 4 fois
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-Ah AH ! Je le savais !

Le lourd silence qui succède à mon intervention -si l'on peut qualifier ainsi ce cri de victoire- me rappelle avec douleur que j'ai gardé pour moi mes élucubrations concernant l'apparence de notre futur-potentiel-conditionnel employeur. Toujours est-il que, même si personne ne peut en attester, j'avais raison. L'homme qui nous reçoit est bel et bien un vieux monsieur au front dégarni et aux cheveux grisonnants, qui vous regarde avec ce petit sourire qui sous-entend « j’en sais plus sur toi que ta propre mère ». D'aucuns disent que j'ai peu de qualités -ce qui, soit dit en passant, m'affecte autant qu'un homme qui me trouverait « trop indépendante pour être bonne à marier » ce qui, soit dit en passant -jolie répétition Charlie, tu progresses -et jolie imbrication de tes pensées fort peu pertinentes, ce texte n'a plus aucun sens, félicitations à quiconque sera capable de suivre le fil de cette phrase après ça- -, n'est pas un critère acceptable et certainement pas un objectif que je cherche à atteindre-, mais j'ai indéniablement un sens de l'observation et une mémoire des choses importantes -même si la définition de cette notion reste à clarifier pour tout le monde- à toute épreuve.

Je me jette allègrement sur les victuailles mises à disposition par celui qui se présente sur le nom de Friedrich Hurwitz, appréciant tout particulièrement les raisins que je gobe par grains tout en écoutant ce que ce dernier a à nous dire, affalée dans le fauteuil le plus excentré possible à ma portée. Il est l'heure de faire ce que je fais de mieux, me goinfrer écouter et prendre des informations. L'homme nous propose un pass VIP pour l'expédition de Herbert à la simple condition que nous -enfin « nous », en particulier les gens dont c'est le métier- traquions un criminel au sobriquet risible. Et, cela me fait mal de l'admettre, mais je me dois d'être d'accord avec Kieran sur ce coup. Il ne nous dit pas tout. Son ton affable et son air avenant ne trompent pas grand monde. Reste alors la seule question pertinente : est-ce que cela importe ?

Personnellement, vous me connaissez, je pense que non. La confiance est une valeur qui ne m'évoque pas grand chose -comme tant d'autres-. Nous avons beaucoup à gagner s'il dit vrai. Et surtout, l'alternative de ne rien faire me paraît peu alléchante. Regardez-moi, donner du « nous » comme si je faisais intégralement partie de la bande. Ce n'est pas près d'être une réalité. Dans tous les cas, le débat fait rage quant à savoir si oui ou nous la troupe accepte l'offre de Friedrich.

-Moi j'trouve que les gens sont trop durs en général...

Bien. Ce test et l'absence de réaction qu'il provoque me permet de confirmer le sentiment que j'avais depuis la scène précédente : plus personne ne s'embarrasse de prendre en compte mon avis sur les décisions à prendre. C'est tant mieux. Je ne suis pas apte à prendre des décisions. En tout cas pas des décisions réfléchies. Tant qu'ils prennent la bonne, qu'ils fassent sans moi. J'ai de toute façon bien mieux à faire -comme par exemple terminer de piller ces délicieux gâteaux à disposition sur la table ou compter les rides sur le front de Zacharie-. A mon grand plaisir, la troupe se met d'accord pour accepter la mission et, une fois les détails réglés, nous voilà donc en route pour...

-Attalia ?! Mais... on en vient !

Le soupir qui s'extirpe de mes lèvres ne trouvera malheureusement écho chez personne. Visiblement, souffrir pour le plaisir fait partie des habitudes de ces gens, et nous revoilà donc partis pour une traversée du désert longue d'une demi-journée au moins. Il faut quelques heures pour que, emmitouflée dans une tunique pour me protéger de la chaleur, je mette fin à ma période boudeuse pour venir prendre la température -métaphorique- auprès d'Akane.

-Alors, c'est quoi le plan ? J'irais bien à la pêche aux informations sur notre troubadour, mais j'imagine que vous ne me laisserez pas seule cette fois ? Ceci étant dit, je pense que vues les informations de Gottfried, on devrait pouvoir l’appâter assez facilement...
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Akane est soulagée de retrouver le caravansérail d'Attalia. Pourtant endurante, elle reconnait en toute humilité de ne pas pouvoir tenir sous la chaleur écrasante. Suant à grosses gouttes malgré l'équipement censé la protéger des contraintes du désert, elle ne désire que deux choses en cet instant précis. Être au frais et pouvoir étancher sa soif. Marcher toute la journée avec ou sans dénivelé ne lui pose aucun souci, traverser une jungle humide et chaude n'est pas gênant, ou encore, survire avec peu de moyen dans un environnement hostile ne lui fait pas peur, mais elle craint particulièrement cette atmosphère étouffante typique des pays de sables. Sous l'euphorie d'être à l'ombre et sous le poids de son propre corps, elle titube et se rattrape à une colonne de pierre, cherchant à retrouver son souffle. Ayant gardé sa salive jusque là, elle répond enfin à Charlie, du moins, en partie.

« Pfff... Une seconde... Hu... Je ne t'ai pas oublié... »

Il faut dire que pendant toute la traversée, la samouraï s'est concentrée pour ne pas s'évanouir. À aucun moment elle s'est autorisée à réfléchir sur la manière de mener l'investigation ou d'ouvrir simplement la bouche. De toute façon, à ses yeux, elle préfère se concerter avec ses camarades, mais il est effectivement bien probable que la conteuse reste avec elle pour sa sécurité et pour éviter les piques de certains. En voyant son état, Roza est la première à se tenir près de la sabreuse, suivi par l'herboriste du groupe, qui accessoirement fait aussi office de devin. Il s'agit de Cait Catelyn GUINNESS, la toute dernière à rejoindre la troupe. Elle fait confiance aux vertus de la rousse et elle ne s'inquiète pas de la voir ainsi.

« Rassure-toi, Roza. Elle n'est pas prête d'abandonner. Laisse-lui juste le temps de reprendre son souffle. »

Ce n'est pas la première fois qu'on lui dit d'arrêter de s'inquiéter ou d'avoir la foi en sa partenaire. Vrai que la guerrière prend beaucoup de choses en main et fait preuve d'habilité pour mener ses amis, mais elle ne peut pas non plus tout porter et constamment. Elle n'aurait jamais cru un jour être à la tête d'une équipe, elle qui avait été si solitaire pendant toute son enfance. Voilà qu'elle apprend à composer, à accepter les visions de chacun, de gagner en tolérance et d'améliorer son discernement. Retrouvant ses forces, elle s'exprime enfin.

« Je pense qu'on peut diviser le groupe en deux pour couvrir plus de zones. Gottfried nous a effectivement révélé des choses très intéressantes, mais nous ne savons pas ce qui retient encore le Saltimbanque Sanglant dans cette ville. Nous devons découvrir pourquoi il prend le risque de rester ici, alors que la Marine est en effervescence. Manifestement, ça doit avoir de la valeur à ses yeux ou une certaine importance pour lui. Quoi qu'il en soit, ça nous permet d'avoir du temps pour trouver quoi, établir ensuite un piège, puis, le capturer. Pour ma part, je compte me rendre avec Charlie dans les docks ce soir. »
« Je viens avec toi. »

Même si elle ne porte pas la violoniste dans son cœur, elle préfère accompagner sa meilleure amie quitte à râler.

« Il vaut mieux que Zacharie ou moi soit avec toi. »
« Je n'ai aucune préférence, Cait. Si tu souhaites rester avec Akane, alors ne te gêne pas. »
« Ça marche. »

Le reste de la bande se regarde pour vérifier si c'est pertinent qu'ils soient ensembles. Heinrich Gerhard JÄGER et Astrid WESTGAARD possèdent des qualités particulièrement utiles pour ce genre d'enquête. Étant eux aussi chasseurs de primes, ils sont habitués à fouiller dans les zones les plus mal famées et savent établir des pièges. Avec Kieran qui se débrouille bien pour récolter des informations également et pour se défendre en cas de besoin, leur groupe ne peut que dénicher d'excellentes trouvailles. De plus, avoir Zacharie à leur côté est rassurant si jamais des soins doivent être promulgués.

« Tant que je suis avec mon trésor, ça me va. »
« Pareil, tant que je suis avec toi ma douce, je n'y vois aucun problème. On ira du côté du centre-ville, dans ce cas. »

Kieran se met à sourire en les voyant. À les regarder, ça lui donne de l'espérance, car il n'a pas cette chance. Sa femme l'a quitté et son gosse navigue sous les couleurs de la piraterie. Il aimerait bien le retrouver et lui coller un savon monumental, mais pour l'heure, il considère que c'est plus bénéfique de rester avec Akane. Se sachant vieux grincheux, méfiant et prompt à agir en cas d'injustice, il essaye de s'améliorer. Et la compagnie de la samouraï lui permet de changer, de se remettre en question. D'ailleurs, cette fois, il ne fait même aucune remarque concernant Charlie.

« Ça me convient. On se retrouve ici à minuit pour faire nos rapports? »

L'épéiste réfléchit une seconde.

« À minuit, oui, mais pas ici. Il nous faut réserver un hôtel pour ce soir. Autant se retrouver là-bas. »
« Très juste. »

La dernière fois, Charlie a préféré coucher dans un autre établissement. Sans doute par gêne? Toujours est-il que la samouraï tourne la tête vers elle pour savoir si elle compte se rejoindre à eux, désormais. Ne voulant pas se faire insistant, Akane pense qu'il est plus judicieux qu'elle reste avec la troupe, au moins, ça évitera que Roza et Kieran ne se fassent des idées négatives à son sujet. Cela dit, bien que ce n'est seulement le début de la soirée, il faut encore trouver un endroit qui puisse accepter autant de monde, ce qui n'est pas forcément gagné.


Dernière édition par Nakamura D. Akane le Jeu 4 Mai 2023 - 11:41, édité 2 fois
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La réponse qui me parvient finalement est, quoiqu’essoufflée, plutôt satisfaisante. Il va effectivement nous falloir déterminer la raison qui retient l’assassin présumé -vous savez, j’accorde une importante toute particulière à la présomption d’innocence -et ceux qui ne me croient pas… eh bien vous n’avez probablement pas tort, je m’en tamponne l’oreille- du fiston de Howard Herbert, si tant est qu’il est toujours sur l’île. Si nos informations sont exactes et que c’est effectivement le cas, nous allons devoir passer les bas-fonds d’Attalia au peigne fin.

Et ça, ça me plait.

Aller traîner dans des quartiers mal famés en quête d’informations douteuses, c’est ma came. Si mes spécialités se portent plus vers les représentations artistiques, avoir traîné pendant quelques années avec Louli -la meilleure dans ce domaine- et ma curiosité malsaine naturelle m’ont donné des bases solides en fouinage en tout genre. Et si on peut lui tendre un piège tordu et machiavélique c’est encore mieux. Pour ce qui est de la tromperie et du jeu d’acteur, j’excelle en toute part. Mener un benêt en bateau sera non seulement un jeu d’enfant, mais en plus une partie de plaisir.

Bien vite, les sempiternelles discussions sur la répartition des groupes s’entament. Machine veut être avec Truc, qui ne veut pas laisser Bidule seule. De manière générale, je me carre assez ostensiblement l’oignon de savoir qui nous accompagne. Mais, si je dois apporter mes deux berries au débat, je pense qu’il vaut mieux enquêter en petit comité. Voilà, c’est dit. Ou pas, après vérification. Très franchement, je me demande par moment comment on peut se trimballer une telle équipe. Je n’ai rien contre les gens, dans leur ensemble. C’est juste qu’ils ne m’intéressent pas. Et les relations mielleuses desquelles je suis témoin ne font qu’entériner l’aversion que j’éprouve pour les relations sociales.

Arrive alors la question fatidique du point de rendez-vous. Et très franchement, cela m’importe moins que peu -j’invente des expressions si je veux-. Je suis dans l’action moi, pas dans la planification. Mais soit. Je veux bien reconnaître que pour une situation comme la nôtre, avoir un quartier général commun pourrait s’avérer utile. Quant à savoir si je passerai la nuit à cet endroit avec eux, rien n’est moins sûr. Mais j’accepte dans un haussement d’épaules nonchalant et avec un sourire malicieux la destinée qui est la mienne.

-Ça me va. Tant qu’Astrid dort pas loin de moi.

Je lâche un clin d’œil appuyé à la concernée. Loin de moi l’idée de jouer les trouble-fêtes, mais il faut bien pimenter un peu cette soirée pyjama, vous ne croyez pas ? Nous arrivons alors à Attalia, et je fais mine de m’étirer dans un soupir de soulagement. Nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses. Si l’ensemble de la troupe semble épuisée par la traversée du désert -ce qui n’est pas tant une surprise-, je déborde d’énergie. J’ai parfois cette capacité à occulter les conditions dans lesquelles je me trouve pour me concentrer sur mon objectif présent. Parfois, oui. Je laisse tomber sans ménagement mon paquetage avant de m’avancer de quelques pas puis de me retourner pour faire face au groupe.

-Ok, la team Ninja -on peut l’appeler team Ninja hein ?-, c’est-à-dire les gens cools qui viennent avec moi à la pêche aux infos, on se met en route, direction le port. Croyez-en mon expérience, s’il subsiste des rumeurs sur cette île, le port est clairement l’endroit où elles traînent toutes. Et je vous préviens, on se fait discret hein ?

Comment ça, « t’es mal placée pour exiger ça » ?
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Roza fait les gros yeux. Gens cools? Soit Charlie ne mesure pas encore la personnalité de la fille aux cheveux roses, soit elle commence à se rendre compte que ses accompagnateurs ne sont pas si désagréables. En fait, s'ils sont méfiants, distants ou grognons, ce n'est seulement à cause de son attitude trop imprudente et insoucieuse, voire dangereuse. Comment peut-elle se vanter d'être encore en vie avec un tel comportement?? Quoi qui l'en soit, cette réflexion est vite balayée pour apprécier ce rare moment où la conteuse semble bien vouloir s'intégrer au groupe. Toutefois, comme cette dernière souhaite manifestement vouloir diriger l'équipe qui s'occupe du port, la partenaire d'Akane tente de remettre les choses dans l'ordre en s'efforçant de ne pas la brusquer.

« Tu sais, Charlie, nous sommes des chasseurs de primes. Nous avons, nous aussi, l'expérience quant à la manière de procéder. Avant de s'en prendre à une cible, nous savons comment dénicher des informations, puis, établir un piège si nécessaire ou se lancer à la traque. D'après toi, pourquoi Akane a proposé de commencer par les docks? »

Elle fait un effort particulier pour ne pas déraper dans son attitude ou dans ses propos. Elle lève ses sourcils d'un air avenant en indiquant par la même occasion que c'est la samouraï qui prend les décisions importantes. Elle croise le regard de son homologue afin de s'assurer d'avoir adopté la meilleure conduite. Cette dernière reprend les choses en main en expliquant avec sa bienveillance légendaire que son amie dit vrai.

« Ne le prends pas mal, Charlie, mais pour peu d'être confronté à de véritables espions malintentionnés, le terme "Ninja" risque de griller notre discrétion si un malfrat venait à surprendre nos conversations. Tu parles de circonspection, alors agissons en conséquence. »

La guerrière inspire un instant et regarde d'un coin de l'œil Cait, car cette dernière est aussi concernée par ce qu'elle compte rajouter.

« Je ne sais pas si tu le mesures réellement, mais nous allons mettre les pieds dans le monde de la pègre. Autrement dit, nous nous aventurons en terrain ennemi. À tout moment, nous serons vulnérables et nous devrons compter que sur nous-mêmes pour nous en sortir. Et les mafieux ne sont pas du genre à laisser des fouineurs enquêter sur leur territoire sans répression. Il est fort probable que les méthodes habituelles nous attirent plus d'ennuis que de solutions. »

Akane estime que son avertissement lui délie de toute responsabilité en cas d'incident. Si un malheur survenait sur Charlie, ça ne serait pas de son ressort si elle mourrait. Toutefois, elle ferait le nécessaire pour la défendre si jamais une telle chose devait arriver. Seulement, elle ne souhaite pas que cela se produise, préférant jouer la carte de la prudence jusqu'au bout. Et avec la violoniste dans les parages, il vaut mieux redoubler de vigilance. En voyant l'épéiste prendre soin d'une fillette incompétente qui risque de compromettre la mission, Kieran essaye de travailler en lui. La voir se sacrifier autant l'inspire et lui donne matière à réfléchir. Lui, le quarantenaire, le voilà qu'il apprend à son tour auprès de la jeunesse. S'approchant amicalement de la conteuse, il lui pose une main sur l'épaule.

« Je ne peux qu'affirmer les propos d'Akane. Le monde dans lequel nous nous apprêtons à entrer est vicelard. La preuve est que j'en ai déjà fait les frais. Et elles aussi. Alors, fais attention à toi, gamine. »

Puis, retournant les talons, il fait signe à sa troupe de le suivre. En quittant, Astrid se retourne d'un air enjoué.

« Ne t'en fais pas, Charlie. En rentrant, on se fera une bataille de polochons! »

Faisant volte-face à son tour, Heinrich donne une précision pour le rendez-vous avant que sa voix ne porte plus.

« Pour l'hôtel, on prendra le même. »

Alors que le commerçant prend son équipe en main, Charlie, Akane, Roza et Cait sont toujours au caravansérail. Considérant que tout ira pour le mieux avec la violoniste, la samouraï prend un petit temps à part avec l'herboriste.

« C'est la première fois que tu va faire ce genre d'investigation, Cait? »

Cette dernière remarque son inquiétude.

« De cette envergure? Sûrement. Toutefois, même si je ne sais pas me battre, je sais au moins me débrouiller pour me mettre à l'abri. Ce n'est pas comme si j'étais toute seule. Roza et toi veillez bien sur Charlie et moi, alors je n'ai aucune raison d'être craintive, n'est-ce pas? »

Cait pourrait être la mère d'Akane. Elle ne la connaît pas encore assez bien, mais pour peu qu'elle voit d'elle, elle constate aisément sa gentillesse et son sens du sacrifice. Une vraie révolutionnaire! Pour avoir fréquenté cette faction, l'herboriste trouve que la samouraï possède une disposition pour servir la Cause, mais elle ne souhaite pas la brusquer. Elle préfère attendre de voir si son évolution la pousse dans ce sens ou dans un autre. En tout cas, elle estime faire le bon choix en l'accompagnant. Ce n'est pas en restant sur West Blue qu'elle pourra se soigner de son addiction, mais en la suivant sur Grand Line.

« Dans ce cas, allons-y. »

Sans attendre une seconde de plus, le groupe d'Akane se dirige vers le port. Comme c'est le soir, beaucoup de gens rentrent chez eux et les touristes retournent dans leur hôtel. La Marine est en effervescence, car des criminels puissants séjournent quelque part sur l'île, même que l'un d'eux a tenté d'enlever la Princesse Sania. Les patrouilles sont donc particulièrement vigilantes. Autant, s'infiltrer dans la pègre est une chose, autant, comme l'ordre de mission stipule de capturer le Saltimbanque Sanglant avant les soldats ou la concurrence, gérer la 4ème Division en est une autre...


Dernière édition par Nakamura D. Akane le Ven 3 Fév 2023 - 18:11, édité 1 fois
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À peine mon intervention est-elle terminée qu’un torrent de réactions condescendantes s’abat sur moi. Chacun y va de son petit commentaire, et je le prends -comme à mon habitude- avec philosophie, c’est-à-dire en écoutant à moitié les remarques de chacun au sujet de savoir si oui ou non je prenais l’entière mesure de la situation dans laquelle nous nous trouvons. La réponse à cette question est pour n’importe quel observateur un minimum avisé bien évidemment non, mais ni moi ni mes compagnons ne sommes en mesure de nous en rendre compte, aussi surprenant que cela puisse paraître.

Mais la soudaine avalanche de bruit a dejà fait s'envoler mon esprit.
Il m’en faut peu.

Rayon de soleil parmi les remarques rébarbatives, la promesse d’une bataille de polochons d’Astrid m’arrache un sourire distrait. Au moins une qui n’a pas perdu le sens de l’humour. J’ai essayé de me prêter à leur jeu du sérieux et j’en ai récolté une montagne de commentaires cavaliers alors j’arrête les frais. Voyez-vous, je ne suis pas rancunière, loin de là -un sentiment autant tourné vers le passé ne saurait trouver le moindre écho en moi- et je ne fais que peu de cas du fait qu’on ne me prenne pas au sérieux. Mais nous ne vibrons pas à même cadence avec la plupart d’entre eux et une discussion approfondie ne mènerait qu’à une incompréhension qui me divertirait certes énormément mais qui risquerait de les agacer et pourrait me coûter mon ticket pour Grand Line.

Ce que ni vous ni moi ne voulons, bien entendu.

-Vous êtes bien urbains de me mettre en garde. Jamais je n’aurais osé douter de vos compétences en matière d’infiltration, voyons.

Je ne sais pas trop si le ton de la plaisanterie est perceptible. Peu importe. Toujours est-il que, les considérations d’organisation et de logis résolues, nous voilà finalement en route pour le port. Et j’ai beau faire l’exaspérée devant les comportements paternalistes de l’équipe d’Akane, je n’en suis pas moins excitée par la mission qui nous a été confiée. Aller enquêter dans les bas-fonds d’Attalia à la recherche d’un criminel notoire -qui plus est au pseudonyme aussi intrigant-, voilà qui a le don d’attiser ma curiosité.

Comme on pouvait s’y attendre pour une ville portuaire et touristique, les rues sont particulièrement animées en ce début de soirée et l’effervescence qui règne ajoute encore à ma propre agitation. Dans ces conditions, il ne nous est pas difficile de nous faufiler à travers les docks et les faubourgs. La question est maintenant de savoir où et comment dénicher des informations sur notre cible. Ma technique personnelle consisterait à aller demander directement aux marins ou aux piliers de comptoir qui parsèment Attalia, mais je crains que celle-ci ne plaise pas à tous les membres de mon petit groupe. Non pas que cela m’importe plus que cela, mais si la mission rencontre des difficultés je ne voudrais pas leur donner une raison de tout me mettre sur le dos.

Je n’ai jamais vraiment eu les épaules particulièrement larges.

Et puis, ma précédente investigation avec Astrid s’était plutôt bien déroulée, alors même qu’elle était axée sur l’écoute et l’observation. En tout cas, avant qu’on -oui, « on »- ne me force à intervenir pour éviter de perdre notre meilleure piste. Alors j’imagine que, une fois n’est pas coutume, je peux me résoudre à faire profil bas et à enquêter en toute discrétion. Il n’empêche que, comme chacun sait, le meilleur endroit d’un port pour glaner des informations reste les tavernes, là où les langues se délient.

Et il faut dire qu’après la traversée du désert, mon gosier se trouve légèrement à sec.

-Ça vous dit d’aller boire un coup ?

Sans vraiment attendre la réponse du trio qui m’accompagne, je m’engouffre dans l’établissement le plus proche. Certains disent que ma propension à toujours rester particulièrement évasive finira par me jouer des tours, provoquant incompréhensions et interprétations.

Mais il y a une raison à cela.
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La proposition de Charlie allèche bien des ventres affamés. Il faut dire qu'avec la traversée du désert et la chaleur étouffante malgré le soleil qui se couche, la faim se fait de plus en plus ressentir. Et bien qu'Akane s'est abreuvée d'eau au caravansérail, son corps lui réclame encore de quoi étancher sa soif. D'ordinaire, si les températures ou d'autres aléas du même genre l'importunent, elle préfère mettre en silence ses difficultés, jugeant inutile de les partager en s'en plaignant à tout va. De toute façon, à ses yeux, ça se voit qu'elle n'est pas au sommet de sa forme, alors se mettre en appétit n'est pas une mauvaise idée. De toute façon, n'importe quel établissement à proximité du port sera forcément un bon début pour manger tout en laissant les oreilles se faire indiscrètes. Guidé par la conteuse, le groupe opte pour une auberge située dans une rue perpendiculaire à l'allée principale donnant sur les docks et dont l'écriteau indique « Au Port-Épic » sur la façade légèrement délabrée. En entrant, Roza et Cait remarquent l'originalité du nom et le commentent avec le sourire. Quant à la guerrière, plus inquiète, jette un coup d'œil aux alentours afin de s'assurer de la sûreté du lieu du fait qu'elle se sente particulièrement responsable en cas d'incident. Elle parvient même à discerner un gros bras au fond de la salle qui doit sûrement veiller sur le bon déroulement du service durant la soirée. D'ailleurs, ce dernier, habitué à voir des têtes de tous horizons, décèle l'aura singulière que dégage la rousse. De plus, tout comme n'importe quel client présent, il note non sans mal les quatre katanas de la sabreuse et les fusils de la tireuse d'élite qu'il trouve particulièrement excessif, mais n'intervient pas, choisissant observer attentivement.

« On peut se mettre là. »

Cait commence à s'installer sur une table au centre de la pièce, incitant ses compagnons à faire de même. Observant le décor à droite à gauche, elle ne peut pas s'empêcher de partager son ressenti, trouvant le thème atypique et perturbant à la fois. Il est fort à parier que le propriétaire ne tire pas ses origines d'Hinu Town ou qu'il soit tout simplement une personne farfelue. Bien que l'ensemble ne paye pas de mine, il faut reconnaître que l'ambiance est plutôt spéciale. Des tableaux représentants la créature quasiment homographe sous tous ses aspects tapissent les murs. Comme il n'est pas encore l'heure du souper, l'endroit n'est pas encore plein. Difficile de distinguer un habitué d'un touriste, quoique le groupe d'Akane doit certainement être le seul. Généralement, les étrangers qui voyagent vont facilement faire un diner dans des restaurants emblématiques exposés dans les zones d'influence ou qui font la fierté du pays, histoire de découvrir les différentes saveurs. Il est possible de tomber sur des précieuses informations avec un lieu pareil, mais l'inverse est aussi vrai. Bien que ça fait trois ans que la samouraï met le nez là où les criminels se cachent, elle n'a pas l'expertise d'un détective privé ou d'un agent du Cipher Pol.

— « Bonsoir, Mesdames. Bienvenue dans notre établissement. »

Un jeune hommes aux traits typiquement local vient distribuer la carte. Le saluant à son tour, Cait le remercie avec un sourire.

« Si vous me le permettez, c'est la première fois que je vois un nom de taverne qui ne manque pas de piquant. »

Pourtant habitué aux jeux de mots avec l'enseigne ou toutes remarques à ce sujet, l'employé ne peut pas s'empêcher de faire un gloussement amusé. Roza réagit en voyant la quarantenaire faire de l'humour.

« Hé bien, Cait. Tu nous as caché ça, ah, ah. »

Plongeant sur leur carte, chacun essaye de trouver son bonheur. Et le choix n'est pas évident, car la maison propose plusieurs plats différents de ce qu'il peut se faire à Hinu Town. Bien qu'elle ne sache pas lire, Akane s'efforce de s'imaginer à quoi peut ressembler son assiette avec les images sur le menu. Une chose est sûr, c'est que l'établissement est très distinctif. Est-ce volontaire de se placer précisément ici ou de ne pas soigner la façade? Il est sûrement trop tôt pour en tirer des conclusions, car ce n'est que le début. Avec un peu de chance, peut-être qu'un premier indice se trouve quelque part dans le coin comme les toilettes, la cave ou la cuisine... Avant de vérifier, il faut écouter. Soulagée de pouvoir se reposer, la samouraï relâche légèrement sa vigilance pour profiter de l'instant présent et faire plus ample connaissance avec la troubadour.

« Alors, Charlie, as-tu une histoire épique à nous raconter? »

Serait-ce une invitation pour qu'elle enflamme l'assemblée dans un récit captivant ou simplement le désir d'en savoir plus sur elle? Sans doute une idée à garder sous le coude une fois le ventre rassasié... Qu'importe comment la soirée va s'orienter, l'investigation commence ici. Il faudra faire preuve de ruse et d'habilité!
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Je dois dire que notre irruption dans la taverne et la manière dont elle se déroule ne surprend pas seulement ses tenanciers. Je suis épatée par le trait d'humour de Cait et lui accorde même une petite moue approbatice alors que nous nous installons en plein milieu de la salle, profitant qu'une table se libère sous nos yeux pour nous jeter sur les tabourets désormais dramatiquement privés de fessiers. Excellent emplacement, si vous voulez mon avis. D'ici, nous pouvons garder un œil -et une oreille- sur plus ou moins toute l'assemblée tout en vaquant à nos occupations et sans attirer l'attention.

Autre fait surprenant, ma proposition n'a pas provoqué de levée de boucliers comme je m'y attendais. Au contraire, tout le monde semble accepter de bon gré la halte dans la taverne, voire y met de l'entrain. C'est pour ainsi dire la première fois que je les vois aussi enthousiastes. Il faut croire qu'une traversée du désert ça vous chamboule l'esprit autant que cela vous assèche le gosier et vous vide l'estomac. Mais je ne vais pas m'en plaindre. Si elles sont plus détendues, alors moi aussi. Une serveuse vient rapidement s’enquérir de nos commandes et je m’empresse de demander une grande bière fraîche. Pour être franche, ma gorge en rêve.

J’arque un sourcil à mi-chemin entre la surprise et l’amusement en voyant Akane visiblement en difficulté avec le menu. Tiens donc. Un pan de l’éducation de l’épéiste serait-il manquant ? Je lui explique -aussi humblement que possible- le contenu de la carte, me retenant difficilement de faire le moindre commentaire à ce sujet. Alors que la première partie de notre commande arrive et que je me jette sans aucune gêne sur mon breuvage providentiel pour en avaler une copieuse gorgée, la rouquine se laisse aller -même elle, c'est jour de fête- à me demander de raconter une histoire. Voyez-vous cela. Miss sérieuse serait-elle en train de se faire engrainer dans les frivolités de mon infréquentable personne ?

Ceci étant dit, l'idée est loin d'être mauvaise, au-delà de l'excitation que me procure la perspective de me donner en spectacle. Si notre objectif est de débusquer des brigands en train de faire des messes basses, faire un maximum de bruit à proximité d'eux devrait suffire à les rebuter assez pour qu'ils quittent l'établissement, faisant d'eux des suspects aisément pris en chasse. Et puis, avouons-le, j'ai bien envie de pousser la chansonnette. Un gigantesque sourire illumine mon visage sans que je ne puisse -ou ne cherche ?- à le retenir.

-Si j'ai une histoire épique à vous raconter ? Mais ma chère, c'est ma raison d'être même.

Je laisse échapper un clin d’œil mutin en sa direction.
Puis extirpe mon violon de son étui dont je ne me sépare jamais.
Un pas en arrière.
Je ne me demande même pas si elle pensait à un récit a capella.
L’archet commence à glisser le long les cordes.

L'année était 1613.
Les pirates croyaient en leur génèse
Ils sortaient d'un nouveau pillage
Écumant Grand Line de leur rage
Le Nouveau Monde était leur but,
C'était sans compter le scorbut
Après seulement quelques jours en mer,
La maladie fit rage,
Décimant leur équipage
Comme le dit l'adage :
« n*que sa grand-mère ».

Il leur fallut retrouver le continent
Pour soigner leurs malades
Et chanter funeste balade
A leurs défunts et mourants

C'est là que la tempête les surprit,
Fauchant leur mât, leurs espoirs, leurs vies
Changeant leur cap à tout va,
Les menant droit à Alabasta

L’île leur était inconnue,
Et alors qu'ils pensaient y trouver refuge,
Ils n'étaient finalement pas les bienvenus,
Dans ce pays où règne le grabuge

On les força à fuir la ville,
Abandonnant compagnons, honneur et vivres,
Pour finir dans un désert chaud, aride, hostile,
Désormais, il leur fallait survivre

Après des jours de déboires,
Le dédale d'une pyramide fut leur asile suivant
Là où ils ne trouvèrent que malédiction, sort, ensorcellement.
Mais ceci est une autre histoire...

Une autre histoire qu’il me plairait fortement de conter, mais je crains fort que le moment ne soit pas le plus propice. Déjà les videurs de l’établissement s’avancent dans ma direction, visiblement contrariés que je me permette de jouer sans autorisation préalable dans leur gargote, troublant ainsi la « quiétude » -le mot est fort- de ce début de soirée. Mais surtout, on dirait qu’ils ne sont pas les seuls que mon petit numéro a dérangés. J’adresse un signe du menton à Akane en direction de la porte de l’auberge, toujours en train de battre comme si quelqu’un venait de la franchir un instant plus tôt.

Intuition ? Talent.
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Une silhouette qui s'échappe? Une porte qui grince? La guerrière rend le signe du menton de Charlie de la même manière qu'elle, puis, lance un regard furtif en direction de la fenêtre près de l'entrée. Et comme la table juste à côté est occupée, le champ de vision n'est pas très clair. Elle n'aperçoit que des brides de ce qui pourrait être un homme qui veut simplement s'aérer Ou, peut-être, souhaite t-il utiliser son Den Den Local dans un meilleur environnement? En tout cas, il n'y a pas lieu de s'inquiéter, car l'individu semble vouloir rester aux alentours. Il faut dire que la musicienne n'est pas allée avec le dos de la cuillère. À vrai dire, personne ne s'attendait à ce qu'elle conte avec un instrument. Déjà qu'en étant vêtue d'une djellaba ou d'un équipement pour traverser le désert, Akane trouve qu'elle fait particulièrement tache dans le décor avec ses longs cheveux rouges et ses katanas. Mais là, avec une telle prestation de la part du troubadour, elle peut être certaine que les gens vont leur faire des reproches, voire, les juger silencieusement ou de manière ostentatoire. Et qu'importe la façon, ce genre de comportement l'agace rapidement dans son for intérieur. Cependant, elle lutte intérieurement pour ne pas garder rancune et rester humble le plus possible. D'ordinaire, elle n'est pas très sociale, mais elle fait beaucoup d'effort pour prendre sur elle quand quelque chose le dérange, notamment, les autres.

S'approchant de celle qui a attiré l'attention, l'un des gros bras lui fait comprendre qu'elle est là pour consommer et non pour faire son gagne-pain.

— « Navré, Mademoiselle. Mais vous allez devoir ranger cet instrument et ne plus vous livrer en spectacle. »

Le videur dévisage tour à tour la violoniste et ses compagnons. En remarquant les cicatrices de la samouraï et le regard vif qu'elle dégage, il ne peut pas s'empêcher d'ouvrir la bouche.

— « Hé... »

Mêlant surprise et malice, le timbre de sa voix peut déranger plus d'un. Du moins, si une personne à quelque chose à se reprocher, il se sentirait mal à l'aise. D'un air patibulaire, le crâne rasé à blanc, il n'inspire pas la sympathie. Et pourtant, l'individu qui se présente devant le groupe de quatre fait partie d'un mouvement connu dans le monde de la restauration, la Congrégation des Cafetiers. Il s'agit d'un réseau de gros bras déployé un peu partout sur les Blues et Grand Line. En cas de grabuge et quand la Marine tarde à venir, des gars musclés interviennent rapidement pour mettre fin au désordre et sont réputés pour leur efficacité.

— « Je vous connais. »

Après avoir bien scruté en détail le visage d'Akane, il se retire sans un mot de plus. L'ambiance devient toute de suite moins chaleureuse. La fille aux cheveux roses regard le type avec perplexité et méfiance. Considérant cela intriguant, la rousse ne sait pas quoi penser. Elle essaye de trouver une quelconque réponse dans les yeux de Cait, puis, de Roza, et enfin, de Charlie, mais aucune ne peut lui apporter une satisfaction. Bien qu'elles ignorent toutes les quatre l'appartenance de cet employé, il faut reconnaître que ça n'inspire pas confiance. Après tout, en mettant le nez dans affaires de la pègre, il faut s'attendre à des réactions particulières ou à des non-réactions, d'ailleurs. Toujours est-il que ce n'est que le début. Il faut faire preuve de vigilance et de discernement, puis, il faut savoir agir vite dans certaine circonstance. Bref, la guerrière et ses camarades ne sont clairement pas des espions, mais depuis qu'elle enquête pour les doyens de son île natale pour mettre la main sur un bien dérobé, elle apprend à se faire discrète dans ses actes et à être attentive à son environnement. Ayant le sens de l'observation, elle est capable de remarquer les choses inhabituelles, voire, de déceler dans l'attitude certain profil.

Maintenant qu'ils ne sont plus le centre de l'attention, la troupe peut se replonger dans leur commande. L'herboriste en profite pour complimenter l'artiste. Quant à la rouquine, elle reste pensive. Cet homme la connait? Personnellement? Cela ne se peut pas, sinon, elle se souviendrait. Physionomiste, elle ne voit pas de qui il s'agit. Pour elle, quand cette personne dit « Je vous connais. » cela signifie qu'il ne connaît que les histoires qu'on raconte à son sujet. Et vue l'ambiance de la taverne, ce n'est pas forcément une information plaisante à retenir. Autant, la justice peut mettre en avant ses talents en l'affichant, autant, la mafia peut faire de même en la considérant comme une bête noire à éliminer.

« Akane? »

La concernée ne réalise pas toute de suite que son amie l'appelle. Cette dernière préfère s'assurer que sa camarade soit attentive, car la dernière fois qu'un inconnu s'est approché de trop près lui a planté un couteau dans son torse au niveau du médiastin, et aux dernières nouvelles, cet assassin court toujours. Elle ne doit son salut qu'à son situs inversus. Depuis, la fille aux cheveux roses fait particulièrement gaffe à ce que rien de similaire se reproduise, sachant que cette nuit risque d'être assez éprouvant si des criminels se font légion par ici.

« Ça va? »

La samouraï se contente de faire un mouvement de tête pour lui dire que tout va bien. Alors que le serveur sert la bière de Charlie, l'homme qui s'est absenté tout à l'heure revient reprendre sa place. Et malgré le brouhaha général qui recommence, il n'est pas difficile pour la rousse d'y jeter un œil. Ou plutôt, une oreille. Son ouïe est tellement fine qu'elle peut écouter la conversation depuis sa place comme si elle était à la même table.

— « Bah alors, Rob'?! Quelle mouche t'a piqué? »
— « Désolé, Bob. J'avais une urgence. On parlait de quoi? »
— « M'ouais. »

Si l'intuition du troubadour est bonne, alors il faut croire que cette personne mystérieuse peut être une bonne piste. Maintenant qu'il n'y a rien à craindre du fait qu'il soit à nouveau là, Charlie, Cait, Roza et Akane peuvent pleinement profiter de leur repas. La guerrière ne cache pas qu'elle aimerait manger avant de passer à l'action afin d'y regagner des forces, mais surtout, elle veut encore pouvoir s'abreuver.
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-NaVRé, MAdemOiSeLle. MaIS vouS allEZ deVOir rAngEr Cet iNstRUMent Et NE pluS Vous lIvrEr En sPeCTaclE.

Inutile de vous préciser que je n’ai que modérément apprécié l’intervention du videur qui, non content de pourrir mon groove, cherche à m’intimider de par sa carrure… eh bien, intimidante.

-Sachez, mon bon monsieur, que toute brute vit au dépend de celle qui le redoute.

Cette leçon vaut bien un morceau, sans doute ?

Alors que je reprends mon archet pour entamer un nouvel air, le regard mauvais qu’il lance vers mon instrument -en tout bien tout honneur- m’en dissuade. Je ne crains pas particulièrement l’homme en question -après tout, je suis sous bonne garde. Du moins je crois ?-. mais si l’envie saugrenue lui venait de s’en prendre à mon violon, je crois que j’aurais du mal à m’en remettre. Voyez-vous, je suis loin d’être d’un tempérament matérialiste. Je pense ne pas me tromper en disant que quitter mon île avec pour seule bagage un baluchon pourrait être une preuve de ce que je prétends.

Mais peut-être que je m’avance un peu trop.

Toujours est-il que les uniques objets en ma possession sont les seules choses dans cet univers pouvant se targuer -si tant est que les choses inanimées n’étaient pas aphasiques- d’avoir une quelconque valeur à mes yeux. Qu’il s’agisse de mon violon -bien évidemment- ou du carnet dans lequel je retranscris les notes de toutes les aventures que j’ai vécues -et que je vis- depuis mon départ de Carcinomia, Aussi, devait-il leur arriver malheur que je ne répondrais plus de rien. Je sais que la perspective de me voir en rage ne vous émeut que peu, et vous avez sans doute raison. Mais on fait avec ce qu’on a.

Mais heureusement -pour qui, on ne saura jamais-, le malabar détourne son attention de mon instrument pour la reporter sur Akane. Tiens, tiens… la rouquine serait-elle secrètement une célébrité dont je n’aurais eu vent ? Voilà qui est surprenant. Mais malgré tout probable. Mon périple sur les mers ne fait que commencer et je ne suis pas encore au fait de toutes les étoiles montantes qui les parsèment. Et c’est tant mieux. Quel ennui ce serait si je connaissais déjà tout. A quoi bon, à ce compte-là, parcourir les océans ?

Alors qu’Akane semble étonnamment affectée par la remarque du videur -à défaut d’une meilleure appellation-, Cait me gratifie de quelque compliment que j’accueille d’un sourire et d’un hochement de tête faussement modeste. Le calme -hélas- revenu, nous pouvons donc retourner à nos occupations, à savoir principalement nous remplir la panse. Et, secondairement, essayer d’obtenir des informations sur le saltimbanque. Le lascar qui s’était éclipsé pendant mon numéro est revenu à sa table à peine celui-ci terminé et a repris sa conversation à voix basse avec l’interlocuteur attablé avec lui. Et si ma prémonition que sa disparition cachait quelque chose se révèle fausse, il n’en est pas moins que son attitude me parait louche. Mon instinct me trompe rarement, mais cela peut n’avoir aucun lien avec notre enquête.

-Ok Les copines, voilà le plan. Je sais pas si on trouvera notre bonheur ici, mais ces deux types à la table là-bas m’ont pas l’air très nets. Je vous propose qu’on reprenne des forces, et dès qu’ils mettent les voiles on les suit. Peut-être que ça ne nous mènera pas à grand-chose, mais au pire on aura une nouvelle zone à explorer. Au mieux, on trouve notre troubadour. Ça vous va ? Je n’ai pas trop insulté votre expérience de traqueurs ?
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La proposition de Charlie plait à tout le monde. Cela dit, du fait de vouloir chercher un criminel ne fait pas des autres qu'ils le sont. En tout cas, ce n'est pas parce que ces deux hommes peuvent sembler suspects qu'ils le sont forcément. Ils ne sont pas les seuls avec des comportements douteux ici, il suffit de regarder les videurs. Des gens comme eux, on peut en trouver plein, surtout si on se met en tête de chercher spécifiquement un lascar de leur trempe. Il n'est pas dit non plus que ce bar attire les mafieux. Rien n'est sûr, même à cette heure de la journée. Il faut donc faire preuve de discernement et faire attention de ne pas se précipiter. C'est plutôt une bonne idée de se restaurer avant de suivre leur piste. Bref, le repas se déroule plutôt sans encombre, mais les deux cibles tardent à vouloir quitter les lieux. À force d'avoir trop bu, Akane commence à se dandiner sur sa chaise.

« Je vais aux toilettes. »

La seconde d'après, elle saute de son tabouret et se met à chercher du regard l'endroit où elle pourra faire ses besoins. Une fois l'assurance de savoir où c'est, elle passe devant un gros bras qui semble garder un accès. D'un œil discrète, elle tente d'y déceler quelque chose de louche, mais rien ne semble sortir de l'ordinaire. Les WC sont juxtaposés à la cuisine. Les odeurs s'y mélangent, le personnel à l'intérieur semble débordé et la chaleur des fourneaux peut se ressentir. À part le fait que chaque cuisinier est en effervescence, le local ne paraît pas très hygiénique avec les poubelles qui débordent et la proximité des chiottes. En scrutant cet environnement intriguant, la rousse se fait surprendre par un rat. En voyant ça, elle remet en question ce qu'elle vient de manger. Pourtant, c'était très bon... Alors, est-ce légitime d'en douter? Préférant chasser cette pensée, elle continue jusqu'à tomber sur des toilettes à la turque et se contente de se dépêcher. Seulement, le rongeur revient vers elle et essaye de gratter la terre dans un coin afin de traverser un trou. Tournant la tête dans sa direction à cause du désagrément, elle réalise que l'animal possède un bout de papier enroulé dans une bague. Autant, deux soulards dans une taverne peuvent devenir louche, autant, un muridé avec un message, il y a de quoi considérer ça étrange. À ce moment-là, quelqu'un tente d'ouvrir la porte. D'un seul geste, par la violence du coup, il arrache le verrou et commence à faire un pas, mais la samouraï réagit avant.

« Hé! »

L'individu semble confus et referme aussitôt la porte. Pendant que la rousse se rhabille, il essaye de formuler une excuse.

— « Oh, pardon... Dé... Désolé. »

Méfiante, l'épéiste se tient à riposter si nécessaire et sort des toilettes en ne manquant pas de dévisager l'individu. Ce dernier, d'une carrure plutôt imposante, rougit de honte avant de s'empresser d'aller au petit coin. En retournant à sa place, la chasseuse de primes n'est pas sereine. Réfléchissant silencieusement, elle ne peut pas s'empêcher de trouver ce comportement curieux. Tenter d'ouvrir une porte, oui, mais de là à la défoncer du premier coup, ce n'est pas normal. Qu'est-ce qu'il voulait? Manifestement, s'assurer de quelque chose. Peut-être que la guerrière n'aurait pas dû voir le rat quitter l'établissement par ce chemin...

« Tu tires une de ses têtes, Akane. Quelque chose ne va pas? »

Comme à son habitude, elle ne répond pas à cette question, car elle considère que son attitude donne suffisamment d'élément de réponse. De plus, elle ne souhaite pas parler de ce qu'elle a vu ici. Elle constate du regard que les deux clients de tout à l'heure ne sont plus là. N'ayant pas le répondant qu'elle désire, Roza s'empresse d'ajouter.

« Nous avons payés nos conso' pendant ton absence. Les deux gus ont laissé un pourboire au gros bras avant de partir. On peut encore les rattraper. »

Sans attendre une seconde de plus, le groupe de quatre sortent de l'établissement. Une fois à l'extérieur, il est possible de voir les deux type rejoindre la rue principale. Vue d'ici, ils ont plus l'attitude du soulards que du mafieux. Si Charlie souhaite toujours les suivre, c'est possible, mais maintenant, Akane pressent que sa piste est plus intéressante. Il faut en discuter et vite. Comme l'idée de surveiller les deux lascars vient de la troubadour, la samouraï lui laisse le soin de faire le choix de savoir s'il est judicieux de poursuivre ces gens ou d'abandonner la filature pour se concentrer sur le rat. Elle révèle ce qu'il s'est déroulé durant son séjour au WC.
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La surprise empreint mon visage lorsque je constate avec étonnement que mes trois partenaires sont d’accord avec mon plan. Non pas que je manquais spécialement de confiance -du moins, pas en moi-, mais jusqu’à présent c’est plutôt avec circonspection -et je pèse mes mots- que mes idées ont été accueillies par le petit groupe d’Akane. Alors je dois avouer que j’ai marqué un temps d’arrêt, cillant un chouïa trop rapidement comme j’ai l’habitude de le faire lorsque je suis prise de court. Mais soit, tant mieux. Le reste du repas se déroule dans un calme tout relatif, mon esprit oscillant entre garder un œil sur les deux lascars du coin de la salle, se perdre dans les méandres de mes associations d’idées m’emmenant loin dans mon imagination à chaque intervention.

Et parfois, tout de même, participer à la conversation.
On n’est pas des bêtes.

Pour être tout à fait honnête, le nombre de gens dans l’assemblée avec un profil qui pourrait nous intéresser dépasse l’entendement. Je me doutais qu’un établissement de ce genre serait un repère de types louches, mais pas à ce point. La dernière fois que j’ai vu une telle concentration de malfrats et de bonshommes suspects c’était à Favela, lors de ma tentative de fuite de Carcinomia il y a trois ans de cela. Et l’île était en pleine guerre civile. Cela vous donne un aperçu du niveau de fréquentation du quartier le plus mal famé de l’île industrielle. Bon, il n’est pas impossible que j’exagère un chouïa la situation de l’auberge et que j’imagine des histoires un peu plus romancées que la réalité de ces pauvres hères simplement venus noyer la morosité de leur vie de labeur et d’ingratitude dans le houblon.

Mais ma version est mieux, vous ne trouvez pas ?

Les chopes se remplissent et se vident à l’instar des assiettes, et après environ une heure -je crois- nos deux cibles se décident finalement à mettre les voiles. C’est le moment que choisit Akane pour revenir des toilettes dans lesquels elle s’était éclipsée depuis un petit moment, et les traits tirés et l’expression sombre sur son visage ont l’air de m’indiquer que soit quelque chose s’est passé pendant qu’elle était seule, soit elle a réalisé quelque chose d’important. Nous quittons à notre tour l’établissement et, une fois dans la ruelle à l’extérieur, arrivons à retrouver nos deux gaillards un peu plus loin. Alors je sens les regards se poser sur moi.

Après tout, c’était mon plan, c’est ça ?

Mon regard rubis saute de la rouquine aux fuyards tandis que je réfléchis. Pour être tout à fait franche, leur attitude me paraît sensiblement moins suspicieuse que plus tôt dans la soirée. Est-ce l’alcool qui endort ma vigilance ? Ou au contraire, le fait de les voir tituber comme deux ivrognes me fait-il prendre conscience que j’ai peut-être surestimé l’intérêt que représentaient nos larrons ? J’opte pour la deuxième explication et hausse les épaules d’un air indifférent avant de glisser d’un fluide et délicat pas chassé vers Akane pour entourer les siennes de mon bras, un sourire mielleux au bord des lèvres.

-Laissons tomber les deux lourdauds. De toute façon, je suis sûre que dans leur état, ils n’iront pas bien loin. Et puis… Mon petit doigt me dit qu’Akane a mis le sien sur quelque chose. Me trompé-je, très chère ?

Nous avons déjà perdu une bonne partie de la soirée. Si la chasseuse de primes a bel et bien une piste en tête, on prend. Si non, eh bien au moins on ne pourra pas me blâmer d’en avoir fait perdre plus.
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Autant, Akane et ses compagnons peuvent surprendre agréablement Charlie, autant, cette dernière, est capable aussi de l'impressionner. Le fait d'abandonner sa piste pour joindre une autre semble faire d'elle une jeune femme moins excentrique que d'ordinaire. Ce qui étonne encore plus la rousse, c'est qu'elle lui accorde une confiance presque similaire que son entourage. Comment, elle qui était solitaire quelques années auparavant, peut-elle se retrouver avec un si grand soutient? Elle garde cette réflexion pour plus tard, ne voulant pas gêner tout le monde par sa timidité et préférant presser le pas. Rougissant légèrement, elle avoue d'un acquiescement de tête que la perspicacité de la conteuse est bonne, cette fois. Et sans plus attendre, elle tourne les talons dans la ruelle qui permet d'accéder à l'arrière-cour du restaurant, invitant alors sa troupe à la suivre. Il ne faut pas longtemps pour que Roza réagisse désagrément en voyant la négligence hygiénique du coin par l'abondante quantité de rongeurs qui pullulent le coin.

« Ah! Mais, c'est immonde, ici! Et on a mangé ici?! »

Alors qu'elle fait mine de vomir, Cait la rejoint en mettant sa main sur la bouche. Pourtant, venant toutes les deux de Las Camp, elles ont vu des lieux insalubres à tous les coins de rues, mais là, même le comité qui vérifie la propreté d'un établissement gastronomique ne peut rien faire. Consciente que ses compagnons se heurtent au premier regard plutôt dérangeant, ce qui est compréhensif, elle tente de repérer ce qu'elle a choque tantôt dans l'auberge. Après quelques secondes pour retrouver le rat qui l'intéresse, la rousse se met enfin à réagir en désignant du doigt l'animal.

« Là. »

Bien que les détritus mal gérés lui fassent un haussement de cœur, la fille aux cheveux roses parvient à son tour à voir la bestiole.

« Oh, ça alors?! »

Tout comme son homologue, elle constate avec perplexité le mot enroulé sur la patte. S'assurant que Cait et Charlie comprennent pourquoi l'épéiste les a fait venir ici, cette dernière expose son idée.

« Nous allons le suivre. Je vous expliquerais en chemin pourquoi ce rat m'a suscité de l'intérêt. »
« En espérant qu'il ne se faufile pas entre les maisons entre temps... »

La remarque de la tireuse d'élite est pertinente, mais il faut espérer que ça ne soit pas le cas. De toute manière, c'est la seule piste qui semble être possible. Et pour souligner l'étrangeté de ceci, la créature se met soudainement à trouver un passage sous une barrière en bois, comme s'il venait de flairer un danger. En voyant ça, instinctivement, Akane se met à regarder autour d'elle. Peut-être que l'homme qu'elle a croisé tout à l'heure les épie. Étant la première à escalader la décharge pour traverser la séparation qui donne sur une autre cour, elle essaye de ne pas perdre de vue son objectif. Elle craint que ce jeu de piste risque d'être difficile tant par le gibier à suivre que par la menace omniprésente qu'elle soupçonne de voir. Après que ses amis l'imitent, elle continue la première à prendre le même itinéraire que le muridé, qui par chance, ne semble pas se faufiler dans des endroits incongrus, mais préférant emprunter les allées les moins fréquentés jusqu'à débaucher sur les docks en périphérique de la ville. Généralement, ce genre de lieu est moins surveillé par la Marine, qui pourtant, est sur le qui-vive en ce moment. Pendant la traque, Akane fait part de ce qu'elle ressent.

« Faites attention. Il est possible que nous ne soyons pas seuls. »

Non seulement ce rat est bizarre depuis le début, mais maintenant qu'il sillonne les entrepôts, la crainte de faire une découverte malencontreuse risque de se révéler à tout moment. La rouquine met alors ses sens en alerte, ce qui averti Roza. À son tour, elle fait très attention à son environnement. La nuit risque d'être pleine de mauvaise surprise ce soir...
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Tout le monde semble particulièrement étonné de ma perspicacité, et surtout de ma capacité à m'éclipser pour laisser Akane sous le feu des projecteurs. Alors déjà, je vous zut. Mais surtout, le trio ne sait pas que la raison principale de mon effacement est pour éviter l'embarras -et particulièrement les remontrances qui en découleraient sans aucun doute- que je viendrais à rencontrer si d'aventure il s’avérait que j'avais fait fausse route et que la piste des deux ivrognes nous menait à une impasse -autant littéralement que métaphoriquement-. Et je me garderai bien de les éclairer à ce sujet. Et comme mon intuition avait -une fois de plus- vu juste et que la rouquine avait bien quelque chose derrière la tête, tous les morceaux se recollent.

Nous suivons donc la chasseuse de primes dans l'arrière-cour de l'établissement que nous venons de quitter, pour y découvrir une scène que certains qualifieraient d'apocalyptique. Et en toute franchise, je pourrais difficilement leur donner tort. Moi qui ai côtoyé les bas-fonds de Favela, je dois dire qu'ils n'ont rien à envier à cet endroit. L'odeur qui y règne est tout bonnement nauséabonde et l'abondance de rongeurs tous moins ragoutants les uns que les autres a le don de provoquer l'écœurement chez mes camarades. Et j'avoue que je suis moi-même prise d'un geste de répulsion bien malgré moi. Je rejoins la moue dégoûtée de Roza en me pinçant le nez d'un geste inutilement dramatique.

-Une fois n'est pas coutume, je me dois de me ranger du côté de Rozette. Attends de voir la note que je vais leur mettre sur le Guide du Soûlard.

Mais notre trouble est de bien courte durée puisque déjà Akane met le doigt -ou plutôt l’œil en l'occurrence- sur ce qui l'a attirée dans ce coin miteux : l'un des nombreux rats de la place porte autour de sa patte ce qui ressemble fort à une missive. Eh bien, en voilà une bizarrerie. Oubliant momentanément le dégoût que m'inspire cet endroit, j'observe le rongeur d'un œil circonspect. Et j'acquiesce avec enthousiasme à la proposition de notre leader de le prendre en filature -bien que le mot soit fort pour un animal qui n'a sûrement pas la moindre idée de ce que c'est-. Si la probabilité que le muridé et son message n'aient strictement aucun lien avec notre histoire, il n'en est pas moins que confier une lettre à une créature aussi discrète dans un coin aussi mal famé sent l'affaire louche à plein nez.

Et ça, c'est bon pour les nôtres, d'affaires.

Nous voilà donc à nous élancer dans les ruelles sombres de Hinu Town à la poursuite d'un rat qui pourrait tenir dans ma main. Si la situation a de quoi faire sourire de par son incongruité, nous sommes toutes aussi concentrées que possible pour ne pas perdre la trace de l'animal. Et la traque s'avère particulièrement ardue puisque nous devons redoubler d'efforts pour ne pas perdre de vue notre cible si minuscule. Mais nous parvenons finalement sur les docks, et la poursuite devient encore plus prudente après l'avertissement d'Akane qui suggère que nous pourrions avoir de la compagnie indésirable. C'est effectivement une éventualité à prendre en compte. D'un autre côté, nous ne pouvons pas nous permettre de laisser échapper notre petit rongeur. Et en parlant de lui, le voilà qui s'engouffre dans l'un des nombreux entrepôts aux alentours. Je le suis machinalement sans trop me soucier de savoir si mes camarades m'emboîtent le pas.

Alors que je me faufile au milieu des étagères de l'entrepôt, j'aperçois une silhouette au fond de l'entrepôt, et mes oreilles perçoivent peu après une voix grave alors que la silhouette en question se penche pour ramasser quelque chose. Notre rat ! Je sors alors de l'ombre, essayant d'intervenir avant que la situation ne nous file entre les doigts.

Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile,
À des reliefs d'ortolans.

-Eh bien, bonjour monsieur du rat. Il semblerait que je n'ai pas reçu mon invation.

Alors que je m'apprête à continuer mon inutile tirade, une voix dans mon dos m’interrompt. Une voix, ou plutôt un cri.
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La situation devient cocasse au moment où Charlie tombe sur un scientifique particulièrement douteux. Il s'agit du Professeur Angus William Ian GRAHAM, qui malgré sa nervosité reste une menace toute singulière pour qui voudrait le surprendre. En effet, enseignant au grand jour, nul se doute qu'il cache ses activités malsaines la nuit afin de faire avancer son propre profil. Alors qu'il tient en main le rat, il remarque la présence de la conteuse à son grand mécontentement. Pourtant méfiant par nature, il ne peut pas s'empêcher de faire un sursaut quand il surprend la violoniste avec sa tirade. En voyant une gamine dans un entrepôt abandonné à une heure tardive, il ne cherche pas à savoir s'il s'agit d'une simple fouineuse nocturne, une crève-la-faim, ou pire, une personne affiliée au Gouvernement Mondial. À ses yeux, elle ne représente qu'une gêne malencontreuse. Instinctivement, il sort tout de suite ses gadgets dans le but de mettre fin à sa vie, mais malheureusement pour lui, une autre personne vient l'interrompre en le chargeant avec un sabre prestigieux. Avec l'aide d'un Axe Dial dissimulé dans son gant droit, il absorbe le coup. Puis, dans la foulée, il donne un coup de pied pour écarter son opposant. Intimidant les deux gêneurs avec ses armes, il regarde tantôt le troubadour, tantôt le mystérieux épéiste. Agacé d'avoir été dérangé, il s'exprime avec mépris.

— « Vous feriez mieux de retourner dans les jupons de vos mères et laisser les grands faire leur travail, bande de vermisseaux. »

Sans attendre une seconde de plus, il s'apprête à exécuter sa sentence en commençant par l'impétueux sabreur. Seulement, ce dernier ne se laisse pas faire en roulant sur le côté. Il se redresse aussitôt en prenant le soin de garder une bonne distance. Il vient se mettre entre le mafieux et l'imprudente poétesse. Il s'agit d'ISHIKAWA Satoshi, le chercheur de Meitō. Inexpérimenté dans la traque de criminels ou dans la maîtrise du katana, il espère pourtant faire ses preuves et prouver sa bravoure. D'abord miséreux, il se fait connaître sur Kanokuni comme un garnement qui perturbe l'ordre public, puis, prenant la mer, il parvient à se faire remarquer en réalisant quelques gestes de charité. Aspirant à la justice, il se donne corps et âme pour mener à bien le devoir qu'il s'est imposé, celui de devenir un homme respectable et dévoué aux nobles causes. Malgré ses ambitions, il n'est pas à la hauteur et ne mesure toujours pas qu'il manque cruellement de compétence. Du genre gringalet, il est physiquement faible, mais il refuse d'abandonner un combat, surtout quand il est question de protéger quelqu'un. Sans la regarder, à l'intention de Charlie, il lui adresse la parole.

« Je ne sais pas ce que vous faites là, mais n'ayez crainte, je suis chasseur de primes. »

En réalité, il ne l'est pas encore, mais il espère bien pouvoir récolter assez d'argent pour s'offrir la licence. En attendant, il suit une formation auprès du dojo des parents d'Aquila RISENKAUL pour gagner en maturité et en dextérité. Et il s'avère qu'il est sur la piste d'Angus depuis un certain temps. Maintenant qu'il se présente sous son nez, il refuse de s'arrêter là. Il engage alors le duel, mais l'adulte qui lui fait face se contente d'esquiver et de porter des coups, s'amusant du ridicule de son adversaire. Ne se fiant pas à ça, le jeune samouraï tient bon et redouble d'effort. Cela dit, il prend beaucoup de risques et se blesse régulièrement, le mettant sans cesse dans de mauvaises postures.
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