- Dis, pourquoi tu sonnes pas toi ?...
Assise à mon bureau, affalée sur la table, je touche avec mon index de manière répétitive le gastéropode qui est lié à Red et dont les antennes m'indiquent la direction dans laquelle il se trouve, soit l'exact opposé de là où on va... Et évidemment, Red possède son jumeau qui m'est lié, et le seul à pouvoir contacter cet animal devant moi.
Alors pourquoi il ne sonne pas ? Parce que Red n'est pas du genre à appeler, à mon plus grand désespoir. En même temps, si je n'étais pas partie à la conquête d'une nouvelle île sans lui, peut être que je ne me sentirai pas aussi délaissée.
Je souffle tout en arrêtant d'embêter mon escargophone, le menton posé sur la table. Cela fait déjà quelques jours qu'on navigue à bord de mon superbe bateau, et même si on a du affronter trois tempêtes, deux orages -que j'ai immédiatement arrêté- et un maelstrom, je trouve qu'on s'en sort plutôt bien.
En même temps, quand on est un dragon qui peut soulever des choses comme un navire grâce à des nuages contrôlés, et qui en plus peut jouer avec la météo, l'affreuse navigation du nouveau monde devient soudainement plus facile. A tel point qu'Aubéria, ma navigatrice ayant un sixième sens pour ressentir les modifications climatiques, a avoué à Alfred avoir l'impression d'avoir étudié toutes ces années pour... rien.
Mais au fond, c'est faux, évidement... Et je suis sûre que ça lui passera.
Ce qui reste le plus bizarre dans ce voyage, c'est que pour la première fois de ma vie, j'ai tout un équipage de personne qui ont délibérément choisi de m'obéir et qui m'appelle tous "Majesté" "Ma Reine" "Madame" ou même "Capitaine". Enfin tous... Sauf quelques irréductibles. Qui sont d'ailleurs entrain de s'approcher de la porte de ma cabine en se disputant.
- Monsieur Tsumakuni, je vous dis et redis que vous devez attendre sur le pont ! Vous n'êtes pas autorisé à déranger la Reine sans son approbation !
- J'en ai rien à foutre de vos règles à la con. Et si tu continues à m'emmerder je t'explose dans le mur !
- Ce ne serait pas super malin que de t'en prendre au Majordome...
- Veuillez reculer immédiatement ! Et vous Dame Ume, aidez moi donc au lieu de rester planter là !
- Ohla, non. Je viens de finir ma manucure et de toute façon tu m'as dit toi même que ce type étais le deuxième plus balèze de ce navire, et que c'est pour cela que tu ne l'as pas viré avant de rejoindre Tetsu. Mais détends toi, si c'est le deuxième, c'est que "Madame" est première non ? Donc elle ne risque rien.
- Hin... Va mourir avec tes sous entendu, toi.
Bon, je crois malheureusement qu'il est temps que j'intervienne avant que ça ne dégénère vraiment. Alors adressant une dernière caresse à mon escargophone, je me détourne de lui pour me lever et me diriger vers la porte. Et au moment où je l'ouvre, je découvre alors un Matsuya qui, emporté par l'élan de son geste et le manque de résistance de la porte du au miens, déboule dans mon bureau en manquant presque de se vautrer sur le sol, sous le regard malicieux d'un Alfred qui a senti le coup venir et qui se moque éperdument de l'ancien corsaire.
- Un soucis ?
- Loin de là Madame, c'est plutôt une bonne nouvelle.
- L'île est en vu !
Alfred dévisage méchamment Keiko alors qu'il voulait être celui qui annoncerait la nouvelle. Il faut croire que l'acclimatation de ces deux personnalités ensembles risquent d'être plus longue que prévue... Mais ce n'est clairement pas le moment de m'en soucier.
- Vraiment ?
- Tout à fait oui.
- Emmène moi là bas tout de suite.
Je me retourne alors vers Matsuya, un sourcil levé, interloquée.
- Je croyais que tu avais un denden vital de celle que tu veux délivrer.
- Je vois pas le rapport.
- Bah si son denden va bien alors tu sais qu'elle va bien, non ? Pourquoi être si pressé ?
- Plus on tarde et plus elle risque de mal finir...
Je le dévisage, sentant clairement qu'il me cache quelque chose par rapport à cette fameuse personne. Alfred a essayé de le questionner vaguement sur le sujet, mais il n'a rien lâché. Bon. Je suppose qu'il va falloir que je m'y colle moi même du coup.
Sans quitter du regard Matsuya, je m'adresse alors à Alfred et Keiko.
- Dans combien de temps seront nous à porter de tir depuis l'île ?
- D'ici une à deux heures, Madame.
- Préviens moi quand on aura parcouru la moitié de la distance qui nous sépare encore d'Eoleria. Et maintenant, laissez moi seule avec lui, on doit discuter...
- Bien Madame.
Si Alfred s'exécute effectivement et referme la porte en partant, Keiko elle se transforme furtivement en fennec pour se glisser subrepticement dans ma cabine pour venir se lover sur un tapis sous un meuble, oreilles dressées. Et si moi je l'ai sentie agir, Matsuya lui n'a rien capté.
D'un mouvement, je la dévisage avec de gros yeux mécontents sans rien dire pour autant tandis que je la sens moqueuse, la truffe cachée dans la fourrure de sa queue duveteuse. Je lève un instant les yeux au ciel sous son comportement avant de revenir à Matsuya en m'asseyant sur un canapé devant mon bureau et en l'invitant à faire de même.
- Bien. Je crois qu'il est grand temps que tu m'en dises un peu plus sur tes motivations à aller contre Léonov Kutrosinsky... Rapport que je n'ai pas envie d'avoir un ennemi de plus sur l'île que je m'apprête à conquérir... Surtout après qu'il m'ait demandé de l'aide...
Assise à mon bureau, affalée sur la table, je touche avec mon index de manière répétitive le gastéropode qui est lié à Red et dont les antennes m'indiquent la direction dans laquelle il se trouve, soit l'exact opposé de là où on va... Et évidemment, Red possède son jumeau qui m'est lié, et le seul à pouvoir contacter cet animal devant moi.
Alors pourquoi il ne sonne pas ? Parce que Red n'est pas du genre à appeler, à mon plus grand désespoir. En même temps, si je n'étais pas partie à la conquête d'une nouvelle île sans lui, peut être que je ne me sentirai pas aussi délaissée.
Je souffle tout en arrêtant d'embêter mon escargophone, le menton posé sur la table. Cela fait déjà quelques jours qu'on navigue à bord de mon superbe bateau, et même si on a du affronter trois tempêtes, deux orages -que j'ai immédiatement arrêté- et un maelstrom, je trouve qu'on s'en sort plutôt bien.
En même temps, quand on est un dragon qui peut soulever des choses comme un navire grâce à des nuages contrôlés, et qui en plus peut jouer avec la météo, l'affreuse navigation du nouveau monde devient soudainement plus facile. A tel point qu'Aubéria, ma navigatrice ayant un sixième sens pour ressentir les modifications climatiques, a avoué à Alfred avoir l'impression d'avoir étudié toutes ces années pour... rien.
Mais au fond, c'est faux, évidement... Et je suis sûre que ça lui passera.
Ce qui reste le plus bizarre dans ce voyage, c'est que pour la première fois de ma vie, j'ai tout un équipage de personne qui ont délibérément choisi de m'obéir et qui m'appelle tous "Majesté" "Ma Reine" "Madame" ou même "Capitaine". Enfin tous... Sauf quelques irréductibles. Qui sont d'ailleurs entrain de s'approcher de la porte de ma cabine en se disputant.
- Monsieur Tsumakuni, je vous dis et redis que vous devez attendre sur le pont ! Vous n'êtes pas autorisé à déranger la Reine sans son approbation !
- J'en ai rien à foutre de vos règles à la con. Et si tu continues à m'emmerder je t'explose dans le mur !
- Ce ne serait pas super malin que de t'en prendre au Majordome...
- Veuillez reculer immédiatement ! Et vous Dame Ume, aidez moi donc au lieu de rester planter là !
- Ohla, non. Je viens de finir ma manucure et de toute façon tu m'as dit toi même que ce type étais le deuxième plus balèze de ce navire, et que c'est pour cela que tu ne l'as pas viré avant de rejoindre Tetsu. Mais détends toi, si c'est le deuxième, c'est que "Madame" est première non ? Donc elle ne risque rien.
- Hin... Va mourir avec tes sous entendu, toi.
Bon, je crois malheureusement qu'il est temps que j'intervienne avant que ça ne dégénère vraiment. Alors adressant une dernière caresse à mon escargophone, je me détourne de lui pour me lever et me diriger vers la porte. Et au moment où je l'ouvre, je découvre alors un Matsuya qui, emporté par l'élan de son geste et le manque de résistance de la porte du au miens, déboule dans mon bureau en manquant presque de se vautrer sur le sol, sous le regard malicieux d'un Alfred qui a senti le coup venir et qui se moque éperdument de l'ancien corsaire.
- Un soucis ?
- Loin de là Madame, c'est plutôt une bonne nouvelle.
- L'île est en vu !
Alfred dévisage méchamment Keiko alors qu'il voulait être celui qui annoncerait la nouvelle. Il faut croire que l'acclimatation de ces deux personnalités ensembles risquent d'être plus longue que prévue... Mais ce n'est clairement pas le moment de m'en soucier.
- Vraiment ?
- Tout à fait oui.
- Emmène moi là bas tout de suite.
Je me retourne alors vers Matsuya, un sourcil levé, interloquée.
- Je croyais que tu avais un denden vital de celle que tu veux délivrer.
- Je vois pas le rapport.
- Bah si son denden va bien alors tu sais qu'elle va bien, non ? Pourquoi être si pressé ?
- Plus on tarde et plus elle risque de mal finir...
Je le dévisage, sentant clairement qu'il me cache quelque chose par rapport à cette fameuse personne. Alfred a essayé de le questionner vaguement sur le sujet, mais il n'a rien lâché. Bon. Je suppose qu'il va falloir que je m'y colle moi même du coup.
Sans quitter du regard Matsuya, je m'adresse alors à Alfred et Keiko.
- Dans combien de temps seront nous à porter de tir depuis l'île ?
- D'ici une à deux heures, Madame.
- Préviens moi quand on aura parcouru la moitié de la distance qui nous sépare encore d'Eoleria. Et maintenant, laissez moi seule avec lui, on doit discuter...
- Bien Madame.
Si Alfred s'exécute effectivement et referme la porte en partant, Keiko elle se transforme furtivement en fennec pour se glisser subrepticement dans ma cabine pour venir se lover sur un tapis sous un meuble, oreilles dressées. Et si moi je l'ai sentie agir, Matsuya lui n'a rien capté.
D'un mouvement, je la dévisage avec de gros yeux mécontents sans rien dire pour autant tandis que je la sens moqueuse, la truffe cachée dans la fourrure de sa queue duveteuse. Je lève un instant les yeux au ciel sous son comportement avant de revenir à Matsuya en m'asseyant sur un canapé devant mon bureau et en l'invitant à faire de même.
- Bien. Je crois qu'il est grand temps que tu m'en dises un peu plus sur tes motivations à aller contre Léonov Kutrosinsky... Rapport que je n'ai pas envie d'avoir un ennemi de plus sur l'île que je m'apprête à conquérir... Surtout après qu'il m'ait demandé de l'aide...