Ces jours-ci, l'ambiance est des plus délectables sur le Passeur. Tout le monde il se sent plus beau, tout le monde il se sent plus fort, le ciel il est plus bleu, la bouffe du cuistot qu'est pas bonne ben elle est quand même meilleure... Et à un degré de conséquences plus personnel, plus de volontaires qui viennent claquer leur solde à ma table ou plus de largesses de la part des supérieurs niveau stock de picole qui disparait entre autre. Du tout bon. Et y'a une raison précise à cette atmosphère euphorique.
On a arrêté du méchant pirate y'a pas longtemps, au QG de West Blue. Forcément, ça en jette. Conséquence logique, on a été adulé de la population et félicité de l'organisme de la marine comme il se doit pour le service rendu. Et c'est pas si désagréable que ça, quoi qu'on veuille en dire, de se sentir estimé. Les gars qui se la jouent j'ai pas d'égo jm'en cogne, c'est juste les plus tordus du lot qui préfèrent s'admirer eux-même pour la modestie dont ils font preuve que de profiter d'un bain de foule comme tout le monde. Ptetre même que je suis de ceux-là, d'ordinaire, mais là, à circonstances exceptionnelles, réactions recalibrées.
Ça, c'est pour le côté sympa deux minutes.
Le reste, dans le plus concret, c'est d'abord un petit remerciement de Dieu sait qui sous la forme de deux paires de menottes en Granit Marin. Le truc qui calme les possesseurs de Fruit du Démon. J'dois avouer que celles-là, je les garde tout le temps sur moi maintenant, et qu'avec ça, je me sens un peu plus investi dans mon rôle de geôlier. Parce que faut bien reconnaître que niveau affluence au sous-sol, y'a quand même pas foule.
Dans du plus savoureux encore, il y a l'oseille. Hé oui, c'est quand même ça le nerf de la guerre, pas vrai ? Pas moins de 3 Millions pour la capture du grand méchant loup, plus un autre demi-million pour un accessit. Et une chose de sûre les copains, ça met du beurre dans les épinards, y'a pas de doutes. Moi, j'veux bien faire marine toute ma vie si c'est pour ratisser autant à chaque fois.
Aussi, dans mon esprit commence à germer une conclusion qui ne me serait jamais parvenue il y a quelques jours encore. La vie de marine, ça peut avoir du bon. Faut juste voir à peaufiner les détails pour donner à l'ensemble un peu plus d'allure. Et le plus tôt sera le mieux.
Lorsqu'est venu l'autre jour le moment d'énoncer les récompenses diverses attribuées à l'équipage, j'ai entendu le capitaine parler d'un réaménagement des locaux côté geôles. Chez moi. Depuis lors, j'ai cogité la question, mûrement, au point de ne pas m'envoyer autant de bibine que d'habitude manière de garder les idées claires dans ma réflexion. Et le bilan des courses, c'est que j'ai peut-être de quoi faire passer le niveau de vie à bord de provisoirement sympathique à fichtrement intéressant. Un truc bien noble. À sa façon. Le tout est de s'adresser aux bonnes personnes et de les convaincre du bien-fondé de la démarche.
Et c'est ce soir que je vais me lancer.
-Hey, le Corbeau, le gradé le plus tendre de l'équipage, ce serait qui pour toi ?
-Bah. Y'en a pas vraiment dans la catégorie pied-plat, je crois. Paire de 3, à toi de jouer Caporal.
-J'annonce un 7. Jte parle pas de tendre dans ce sens; je dis le plus ouvert.
-Ah, alors, toi pour sûr.
-Un huit, gagnant. Et c'est comme dit le Corbeau, Caporal, c'est vous le plus cool.
Sans blague.
-Jveux dire, parmi les haut-gradés, les gars.
-Pas la semi-portion ça va de soi... À toi de parler, Thomson.
-...la gamine c'est une tigresse... Un 5 et un 1.
-...raté. et le vieux veut pendre n'importe qui n'importe quand... Je relance pour un huit.
Ces gars seraient des lumières s'ils s'efforçaient pas de passer pour des couillons.
-Le Capitaine, donc.
-Ben...
-Ouaip.
-Ouaip.
-Ouaip.
De vraies lumières.
-Pourquoi ?
-Hm, comme ça juste. Par curiosité.
-Ouais, ben en attendant, c'est à toi de parler, Caporal.
-Sans moi les gars, j'ai à faire.
Sous le regard étonné des trois autres joueurs, j'écrase ma clope et m'éclipse de la cale sans un mot.
Mon impression personnelle a été largement confortée par l'opinion de mes plus fidèles habitués. S'il y en a un auprès duquel mon idée a une chance de passer, c'est bien le Grand Sachem himself. Alors, allons-y.
Je remonte sur le pont, profitant quelques instants de l'horizon rougeoyant qu'offre le soleil couchant, puis me dirige vers le bureau du Capitaine. Quelques gars me zieutent, curieux de me voir épousseter mon costard puis toquer à sa porte, en lâchant un distinct " Monsieur ?". Pour sûr, c'est une scène d'une rareté inouïe. Mais les fureteurs n'en sauront pas plus. Quand la voix forte du boss m'indique d'entrer, je m'exécute et referme méticuleusement la porte derrière moi. Puis, sans faire dans les simagrées, je déballe l'affaire devant le quarantenaire, tranquillement installé dans son fauteuil qui me fixe, peut-être étonné de ma présence lui aussi, mais néanmoins impassible.
-Capitaine, je vous ai entendu parler de rénovations dans la zone des cellules, l'autre jour. Aussi, étant sans exagération le premier concerné par ses travaux, il serait bon de m'apporter quelques détails sur les projets avancés. De même, je pense être à même d'apporter un regard éclairé sur la question et vous propose donc mon avis sur la question si vous désirez l'entendre bien entendu.
Une entrée en matière plutôt sage, mais qui laisse déjà présager de plus amples négociations.
On a arrêté du méchant pirate y'a pas longtemps, au QG de West Blue. Forcément, ça en jette. Conséquence logique, on a été adulé de la population et félicité de l'organisme de la marine comme il se doit pour le service rendu. Et c'est pas si désagréable que ça, quoi qu'on veuille en dire, de se sentir estimé. Les gars qui se la jouent j'ai pas d'égo jm'en cogne, c'est juste les plus tordus du lot qui préfèrent s'admirer eux-même pour la modestie dont ils font preuve que de profiter d'un bain de foule comme tout le monde. Ptetre même que je suis de ceux-là, d'ordinaire, mais là, à circonstances exceptionnelles, réactions recalibrées.
Ça, c'est pour le côté sympa deux minutes.
Le reste, dans le plus concret, c'est d'abord un petit remerciement de Dieu sait qui sous la forme de deux paires de menottes en Granit Marin. Le truc qui calme les possesseurs de Fruit du Démon. J'dois avouer que celles-là, je les garde tout le temps sur moi maintenant, et qu'avec ça, je me sens un peu plus investi dans mon rôle de geôlier. Parce que faut bien reconnaître que niveau affluence au sous-sol, y'a quand même pas foule.
Dans du plus savoureux encore, il y a l'oseille. Hé oui, c'est quand même ça le nerf de la guerre, pas vrai ? Pas moins de 3 Millions pour la capture du grand méchant loup, plus un autre demi-million pour un accessit. Et une chose de sûre les copains, ça met du beurre dans les épinards, y'a pas de doutes. Moi, j'veux bien faire marine toute ma vie si c'est pour ratisser autant à chaque fois.
Aussi, dans mon esprit commence à germer une conclusion qui ne me serait jamais parvenue il y a quelques jours encore. La vie de marine, ça peut avoir du bon. Faut juste voir à peaufiner les détails pour donner à l'ensemble un peu plus d'allure. Et le plus tôt sera le mieux.
Lorsqu'est venu l'autre jour le moment d'énoncer les récompenses diverses attribuées à l'équipage, j'ai entendu le capitaine parler d'un réaménagement des locaux côté geôles. Chez moi. Depuis lors, j'ai cogité la question, mûrement, au point de ne pas m'envoyer autant de bibine que d'habitude manière de garder les idées claires dans ma réflexion. Et le bilan des courses, c'est que j'ai peut-être de quoi faire passer le niveau de vie à bord de provisoirement sympathique à fichtrement intéressant. Un truc bien noble. À sa façon. Le tout est de s'adresser aux bonnes personnes et de les convaincre du bien-fondé de la démarche.
Et c'est ce soir que je vais me lancer.
-Hey, le Corbeau, le gradé le plus tendre de l'équipage, ce serait qui pour toi ?
-Bah. Y'en a pas vraiment dans la catégorie pied-plat, je crois. Paire de 3, à toi de jouer Caporal.
-J'annonce un 7. Jte parle pas de tendre dans ce sens; je dis le plus ouvert.
-Ah, alors, toi pour sûr.
-Un huit, gagnant. Et c'est comme dit le Corbeau, Caporal, c'est vous le plus cool.
Sans blague.
-Jveux dire, parmi les haut-gradés, les gars.
-Pas la semi-portion ça va de soi... À toi de parler, Thomson.
-...la gamine c'est une tigresse... Un 5 et un 1.
-...raté. et le vieux veut pendre n'importe qui n'importe quand... Je relance pour un huit.
Ces gars seraient des lumières s'ils s'efforçaient pas de passer pour des couillons.
-Le Capitaine, donc.
-Ben...
-Ouaip.
-Ouaip.
-Ouaip.
De vraies lumières.
-Pourquoi ?
-Hm, comme ça juste. Par curiosité.
-Ouais, ben en attendant, c'est à toi de parler, Caporal.
-Sans moi les gars, j'ai à faire.
Sous le regard étonné des trois autres joueurs, j'écrase ma clope et m'éclipse de la cale sans un mot.
Mon impression personnelle a été largement confortée par l'opinion de mes plus fidèles habitués. S'il y en a un auprès duquel mon idée a une chance de passer, c'est bien le Grand Sachem himself. Alors, allons-y.
Je remonte sur le pont, profitant quelques instants de l'horizon rougeoyant qu'offre le soleil couchant, puis me dirige vers le bureau du Capitaine. Quelques gars me zieutent, curieux de me voir épousseter mon costard puis toquer à sa porte, en lâchant un distinct " Monsieur ?". Pour sûr, c'est une scène d'une rareté inouïe. Mais les fureteurs n'en sauront pas plus. Quand la voix forte du boss m'indique d'entrer, je m'exécute et referme méticuleusement la porte derrière moi. Puis, sans faire dans les simagrées, je déballe l'affaire devant le quarantenaire, tranquillement installé dans son fauteuil qui me fixe, peut-être étonné de ma présence lui aussi, mais néanmoins impassible.
-Capitaine, je vous ai entendu parler de rénovations dans la zone des cellules, l'autre jour. Aussi, étant sans exagération le premier concerné par ses travaux, il serait bon de m'apporter quelques détails sur les projets avancés. De même, je pense être à même d'apporter un regard éclairé sur la question et vous propose donc mon avis sur la question si vous désirez l'entendre bien entendu.
Une entrée en matière plutôt sage, mais qui laisse déjà présager de plus amples négociations.