Kant se réveillait péniblement. Il dormit longtemps et eut un long rêve agréable dont les douces bribes flottaient encore à la lisière de sa mémoire. Il resta encore un moment allongé à observer le plafond, qui paraissait s’affaisser. La charpente vieillit semblait déformée par l’humidité qui régnait dans la pièce. Alors qu’il s’interrogeait sur ce sentiment de désolation qu’il éprouvait pour une simple poutre, une voix enfantine vînt le sortir de ses rêvasseries.
« Bonjour ! » S’écria une jeune fille coiffée d’un bandana blanc, qui patientait au chevet de son invité. Elle semblait enjouée de le voir ouvrir les yeux et tenait dans ses mains chétives un pot en terre cuite contenant du lait chaud.
En posant ses yeux sur elle, la mémoire de Kant lui revînt. Après un long voyage en mers au cours duquel il fut employé à servir un équipage en tant que larbin, il était parvenu à l’île de Saint-Uréa, sur South Blue. Le navire accosta en début de soirée et à peine eut-il été remercié pour ses services que Kant demanda qu’on lui indique la taverne la plus proche. Son porte-monnaie, quant à lui, lui indiqua l’un des seuls établissements dans lequel il pouvait raisonnablement se permettre de poser les fesses, compte tenu de ses médiocres moyens pécuniaires. La nuit s’avança rapidement. Longtemps après l’annonce du « dernier verre », l’aubergiste invita ses derniers clients à sortir de son établissement, à l’exception de ceux désireux de s’offrir une chambre. Kant, n’ayant nulle part où aller, tentât de soudoyer le patron pour dormir à l’œil et échoua lamentablement, -notamment- à cause de son état d’ébriété manifeste. Comme à son habitude, il s’effondra en pleurs, protestant qu’il n’y avait, de toute façon, « personne de jamais sympa avec lui ». C’est alors qu’il fut abordée par une dame élégante à la longue chevelure rousse et aux traits chaleureux. Elsa, de son nom, invita le jeune homme à sécher ses larmes et à l’accompagner chez elle où un lit, douillet et moelleux, l’attendait pour passer la nuit. Elsa vivait seule avec sa fille depuis des années dans une modeste bâtisse aux cloisons fissurées, telles qu’il en existait de nombreuses dans la frange de Saint-Uréa.
« Bonjour ! Répondit enfin Kant, balayant d’un coup la honte suscitée par le souvenir de son état de la veille. J’ai très bien dormi ! Tu es la fille d’Elsa, je présume, je n’ai pas eu le plaisir de te rencontrer hier soir, tu dormais ! »
La jeune fille demeura silencieuse un moment, puis tendit le petit pot de lait à Kant d’un air timide. « C’est pour toi ! Môman n’est pas ici, elle travaille. C’est elle qui a dit que j’avais le droit de te réveiller. Je m’appelle Pine ! »
Kant avala son lait d’une traite et remercia sa jeune hôte. Pine, qui venait de célébrer ses douze ans, était une enfant aussi douce que sa mère. Elles habitaient ensemble depuis toujours dans la frange de Saint-Uréa et subsistaient, tant bien que mal, comme les autres habitants de cette partie de l’île. Mais en dépit de leurs rustres conditions d’existence, Elsa avait dressé un repas copieux sur la table du salon pour sustenter sa fille et son invité. Kant et Pine mangèrent ensemble et discutèrent de la ville basse et ses alentours, de la cité intérieure et de la Haute ville. Bien qu’extrêmement timide et polie, la jeune enfant manifestait son étonnement quant à la crédulité de son convive, qui ne connaissait absolument rien de l’endroit dans lequel il venait de larguer les amarres.
Alors que l’après-midi s’écoulait tranquillement, Kant sortit de son sac des pinceaux et quelques pots de peinture entamés. Il prit aussi une toile enroulée sur laquelle il avait commencé à peindre et sur laquelle était représenté de manière caricaturale une créature abominable, mais arborant des traits pittoresques, comme si elle sortait tout droit d’un conte. Il s’agissait en fait d’une représentation des terribles scorpions géants que Kant eut le malheur de croiser sur l’île de Zaun, quelques temps auparavant. Pine s’amusa de cette étrange œuvre d’art et laissa s’échapper une critique cinglante sur sa qualité, avec toute l’honnêteté et la franchise qui caractérisent les enfants de son âge. Ils passèrent la journée à peindre et discuter de choses et d’autres dans une ambiance paisible jusqu’à la tombée du jour.
Lorsqu’elle entra chez elle, Elsa eut un léger rictus agacé en constatant qu’un mur entier de son salon avait été recouvert de peinture. Passant outre, elle félicita même les deux artistes en embrassant sa fille. Elle s’adressa alors à Kant : « Bonjour, pas trop mal à la tête à ce que je vois ? Tu n’étais pourtant pas très frais hier au soir ! J’espère que la nuit t’a été agréable, de même que le repas de ce midi ; tu semblais si abattu que j’ai tout fait te redonner un peu le moral. »
A ces mots, le jeune homme s’inclina profondément et la remercia. Ils discutèrent un temps tous les trois, notamment de la fresque encore fraîche qui décorait le mur, puis passèrent à table. Ils mangèrent à nouveau copieusement et quand ils eurent terminé, Pine souhaita la bonne nuit et monta dans sa chambre pour se mettre au lit. « Je monte l’embrasser, lança Elsa, puis nous sortirons. Je vais t’amener à l’auberge où nous nous sommes rencontrés hier. Il faut quand même que nous fassions plus ample connaissance, surtout si je dois t’héberger un temps ! ». Kant inclina la tête à nouveau. Il se sentit extrêmement reconnaissant, d’autant plus que l’idée d’une rasade à l’œil le réjouissait au plus haut point.
L’auberge du Mulet pimpant n’était pas à proprement parler un lieu accueillant, car ses murs, ses tenanciers et ses clients donnaient tous à voir un spectacle désolant. C’est comme si la misère elle-même habitait l’établissement. Cependant, il demeurait une certaine convivialité entretenue par les rires gras et le goût de l’alcool. Elsa et Kant ne s’étaient pas assis au comptoir comme il l’avait fait la veille, mais à table. C’était en effet plus propice à une discussion qui se voulait prolixe et personnelle. Avant de passer à table, Kant eut vent des nouvelles du monde, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Depuis qu’il avait quitté Rokade, il n’était parvenu qu’à saisir que de très brèves nouvelles. Il fut entretenu de longs récits concernant l’installation des nouveaux empereurs, la mort supposée de l’empereur Teach et la libération de ses Royaumes, de la Rêverie à venir…
Tandis qu’ils terminaient la troisième bouteille de vin, Elsa demanda d’un ton franc et sec : « Bon, et toi alors ? Explique-moi un peu d’où tu viens ! ». Enchaînant ce qu’il croyait être de bons mots et d’élégantes figures de styles, Kant se mit à narrer ses aventures depuis qu’il avait quitté l’île de Tanuki, plus d’une décennie auparavant. À mesure qu’il développait son récit, son ton éloquent et téméraire s’étiolait pour laisser place à un certain apitoiement, l’alcool aidant, il en vînt même aux larmes en mentionnant le nom de Kaétra, son amie d’enfance, qui lui manquait terriblement. Ils discutèrent ainsi jusqu’à l’annonce du « dernier verre », puis rentrèrent. Sur le chemin, Kant chantait :
Lorsqu’il ouvrit de nouveaux les yeux, Kant sentit que sa bouche était en proie à une sécheresse amère et pourtant si familière. Il crut d’abord avoir dormi longtemps, mais s’aperçut bien vite que la nuit n’avait commencée que depuis quelques heures. Il se souvînt difficilement avoir été raccompagné ivre mort par Elsa et couché aussitôt. Bien décidé à s’hydrater, il descendit de son lit discrètement afin de ne pas réveiller ses hôtes qui dormaient dans les pièces à côté. Tandis qu’il s’approchait de l’escalier menant au grand salon de l’étage du dessous, une discussion lui parvînt. Il reconnut la voix d’Elsa et de sa fille.
« Non, rien. J’ai pourtant passé toute l’après-midi ici avec lui et aucune de ses questions ne m’a semblée indiscrète. J’ai pourtant bien joué la gamine naïve, comme tu m’as demandé … En tout cas, s’il cache son jeu, il le cache bien. » Kant reconnut la voix de Pine. Il l’entendait parler sur ce ton pour la première fois, un ton bien éloigné de l’innocence qui, à première vue, la caractérisait.
« Et son sac, alors ? » répondit Elsa.
« Rien, j’y ai jeté un coup d’œil discret dans l’après-midi, puis je l’ai fouillé entièrement lorsque vous étiez au bar. Mais je n’ai rien trouvé d’intéressant, ni mandat, ni document suspect, pas d’arme à feu et aucun moyen de communication. Et toi alors, qu’est-ce que ça a donné ? ».
Kant tendit l’oreille un peu plus pour entendre la réponse d’Elsa. « Rien non plus, je crois qu’il est sincère, peut-être même un peu trop pour son propre bien. Je l’ai vu s’écrouler en larmes et ivre mort, deux fois, en deux jours. Au beau milieu de parfaits inconnus ! C’est dommage tout de même, je pensais vraiment en tenir un, cette fois. J’imaginai déjà comment lui faire bouffer les pissenlits par la racine… ».
Décontenancé par ce qu’il venait d’entendre, Kant retourna dans sa chambre en vitesse et ouvrit son sac. Se saisissant d’une petite fiole contenant de la poudre vert émeraude, il se dirigea à pas de loup vers l’escalier. D’un bond, il sauta par-dessus les marches et atterrit dans le salon face aux deux femmes, qui se levèrent en reversant leurs chaises, surprises.
« Aha ! Les masques tombent ! Désolé pour vous mesdames, mais c’est pas aujourd’hui que je vais bouffer du pissenlit ! Kanpo Kenpō : Nemuriiiiiiii »
Kant ôta le bouchon en liège de sa fiole tandis qu’il hurlait, tel un héros, le nom de sa technique. D’un geste maladroit il projeta en l’air la poudre contenue dans sa fiole en direction d’Elsa et Pine. Seulement, dû à son état d’ivresse et sa malhabileté, il s’aspergea lui-même de poudre, balbutia quelques mots inaudibles et s’effondra au sol, sombrant dans un profond sommeil.
« Bonjour ! » S’écria une jeune fille coiffée d’un bandana blanc, qui patientait au chevet de son invité. Elle semblait enjouée de le voir ouvrir les yeux et tenait dans ses mains chétives un pot en terre cuite contenant du lait chaud.
En posant ses yeux sur elle, la mémoire de Kant lui revînt. Après un long voyage en mers au cours duquel il fut employé à servir un équipage en tant que larbin, il était parvenu à l’île de Saint-Uréa, sur South Blue. Le navire accosta en début de soirée et à peine eut-il été remercié pour ses services que Kant demanda qu’on lui indique la taverne la plus proche. Son porte-monnaie, quant à lui, lui indiqua l’un des seuls établissements dans lequel il pouvait raisonnablement se permettre de poser les fesses, compte tenu de ses médiocres moyens pécuniaires. La nuit s’avança rapidement. Longtemps après l’annonce du « dernier verre », l’aubergiste invita ses derniers clients à sortir de son établissement, à l’exception de ceux désireux de s’offrir une chambre. Kant, n’ayant nulle part où aller, tentât de soudoyer le patron pour dormir à l’œil et échoua lamentablement, -notamment- à cause de son état d’ébriété manifeste. Comme à son habitude, il s’effondra en pleurs, protestant qu’il n’y avait, de toute façon, « personne de jamais sympa avec lui ». C’est alors qu’il fut abordée par une dame élégante à la longue chevelure rousse et aux traits chaleureux. Elsa, de son nom, invita le jeune homme à sécher ses larmes et à l’accompagner chez elle où un lit, douillet et moelleux, l’attendait pour passer la nuit. Elsa vivait seule avec sa fille depuis des années dans une modeste bâtisse aux cloisons fissurées, telles qu’il en existait de nombreuses dans la frange de Saint-Uréa.
« Bonjour ! Répondit enfin Kant, balayant d’un coup la honte suscitée par le souvenir de son état de la veille. J’ai très bien dormi ! Tu es la fille d’Elsa, je présume, je n’ai pas eu le plaisir de te rencontrer hier soir, tu dormais ! »
La jeune fille demeura silencieuse un moment, puis tendit le petit pot de lait à Kant d’un air timide. « C’est pour toi ! Môman n’est pas ici, elle travaille. C’est elle qui a dit que j’avais le droit de te réveiller. Je m’appelle Pine ! »
Kant avala son lait d’une traite et remercia sa jeune hôte. Pine, qui venait de célébrer ses douze ans, était une enfant aussi douce que sa mère. Elles habitaient ensemble depuis toujours dans la frange de Saint-Uréa et subsistaient, tant bien que mal, comme les autres habitants de cette partie de l’île. Mais en dépit de leurs rustres conditions d’existence, Elsa avait dressé un repas copieux sur la table du salon pour sustenter sa fille et son invité. Kant et Pine mangèrent ensemble et discutèrent de la ville basse et ses alentours, de la cité intérieure et de la Haute ville. Bien qu’extrêmement timide et polie, la jeune enfant manifestait son étonnement quant à la crédulité de son convive, qui ne connaissait absolument rien de l’endroit dans lequel il venait de larguer les amarres.
Alors que l’après-midi s’écoulait tranquillement, Kant sortit de son sac des pinceaux et quelques pots de peinture entamés. Il prit aussi une toile enroulée sur laquelle il avait commencé à peindre et sur laquelle était représenté de manière caricaturale une créature abominable, mais arborant des traits pittoresques, comme si elle sortait tout droit d’un conte. Il s’agissait en fait d’une représentation des terribles scorpions géants que Kant eut le malheur de croiser sur l’île de Zaun, quelques temps auparavant. Pine s’amusa de cette étrange œuvre d’art et laissa s’échapper une critique cinglante sur sa qualité, avec toute l’honnêteté et la franchise qui caractérisent les enfants de son âge. Ils passèrent la journée à peindre et discuter de choses et d’autres dans une ambiance paisible jusqu’à la tombée du jour.
Lorsqu’elle entra chez elle, Elsa eut un léger rictus agacé en constatant qu’un mur entier de son salon avait été recouvert de peinture. Passant outre, elle félicita même les deux artistes en embrassant sa fille. Elle s’adressa alors à Kant : « Bonjour, pas trop mal à la tête à ce que je vois ? Tu n’étais pourtant pas très frais hier au soir ! J’espère que la nuit t’a été agréable, de même que le repas de ce midi ; tu semblais si abattu que j’ai tout fait te redonner un peu le moral. »
A ces mots, le jeune homme s’inclina profondément et la remercia. Ils discutèrent un temps tous les trois, notamment de la fresque encore fraîche qui décorait le mur, puis passèrent à table. Ils mangèrent à nouveau copieusement et quand ils eurent terminé, Pine souhaita la bonne nuit et monta dans sa chambre pour se mettre au lit. « Je monte l’embrasser, lança Elsa, puis nous sortirons. Je vais t’amener à l’auberge où nous nous sommes rencontrés hier. Il faut quand même que nous fassions plus ample connaissance, surtout si je dois t’héberger un temps ! ». Kant inclina la tête à nouveau. Il se sentit extrêmement reconnaissant, d’autant plus que l’idée d’une rasade à l’œil le réjouissait au plus haut point.
L’auberge du Mulet pimpant n’était pas à proprement parler un lieu accueillant, car ses murs, ses tenanciers et ses clients donnaient tous à voir un spectacle désolant. C’est comme si la misère elle-même habitait l’établissement. Cependant, il demeurait une certaine convivialité entretenue par les rires gras et le goût de l’alcool. Elsa et Kant ne s’étaient pas assis au comptoir comme il l’avait fait la veille, mais à table. C’était en effet plus propice à une discussion qui se voulait prolixe et personnelle. Avant de passer à table, Kant eut vent des nouvelles du monde, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Depuis qu’il avait quitté Rokade, il n’était parvenu qu’à saisir que de très brèves nouvelles. Il fut entretenu de longs récits concernant l’installation des nouveaux empereurs, la mort supposée de l’empereur Teach et la libération de ses Royaumes, de la Rêverie à venir…
Tandis qu’ils terminaient la troisième bouteille de vin, Elsa demanda d’un ton franc et sec : « Bon, et toi alors ? Explique-moi un peu d’où tu viens ! ». Enchaînant ce qu’il croyait être de bons mots et d’élégantes figures de styles, Kant se mit à narrer ses aventures depuis qu’il avait quitté l’île de Tanuki, plus d’une décennie auparavant. À mesure qu’il développait son récit, son ton éloquent et téméraire s’étiolait pour laisser place à un certain apitoiement, l’alcool aidant, il en vînt même aux larmes en mentionnant le nom de Kaétra, son amie d’enfance, qui lui manquait terriblement. Ils discutèrent ainsi jusqu’à l’annonce du « dernier verre », puis rentrèrent. Sur le chemin, Kant chantait :
♬♫♪ Buvez, chantez, vils forbans, la nuit tombe !
♪ Kaétra un jouuuur,
♪ A tout venduuuu, sa beauté de colombe,
♪ Tout son amouuuur,
♪ Pour l'anneau d'or d'un Roi de North' Blue,
♪ Pour un bijou …- ♬♫♪
♪ Kaétra un jouuuur,
♪ A tout venduuuu, sa beauté de colombe,
♪ Tout son amouuuur,
♪ Pour l'anneau d'or d'un Roi de North' Blue,
♪ Pour un bijou …- ♬♫♪
Lorsqu’il ouvrit de nouveaux les yeux, Kant sentit que sa bouche était en proie à une sécheresse amère et pourtant si familière. Il crut d’abord avoir dormi longtemps, mais s’aperçut bien vite que la nuit n’avait commencée que depuis quelques heures. Il se souvînt difficilement avoir été raccompagné ivre mort par Elsa et couché aussitôt. Bien décidé à s’hydrater, il descendit de son lit discrètement afin de ne pas réveiller ses hôtes qui dormaient dans les pièces à côté. Tandis qu’il s’approchait de l’escalier menant au grand salon de l’étage du dessous, une discussion lui parvînt. Il reconnut la voix d’Elsa et de sa fille.
« Non, rien. J’ai pourtant passé toute l’après-midi ici avec lui et aucune de ses questions ne m’a semblée indiscrète. J’ai pourtant bien joué la gamine naïve, comme tu m’as demandé … En tout cas, s’il cache son jeu, il le cache bien. » Kant reconnut la voix de Pine. Il l’entendait parler sur ce ton pour la première fois, un ton bien éloigné de l’innocence qui, à première vue, la caractérisait.
« Et son sac, alors ? » répondit Elsa.
« Rien, j’y ai jeté un coup d’œil discret dans l’après-midi, puis je l’ai fouillé entièrement lorsque vous étiez au bar. Mais je n’ai rien trouvé d’intéressant, ni mandat, ni document suspect, pas d’arme à feu et aucun moyen de communication. Et toi alors, qu’est-ce que ça a donné ? ».
Kant tendit l’oreille un peu plus pour entendre la réponse d’Elsa. « Rien non plus, je crois qu’il est sincère, peut-être même un peu trop pour son propre bien. Je l’ai vu s’écrouler en larmes et ivre mort, deux fois, en deux jours. Au beau milieu de parfaits inconnus ! C’est dommage tout de même, je pensais vraiment en tenir un, cette fois. J’imaginai déjà comment lui faire bouffer les pissenlits par la racine… ».
Décontenancé par ce qu’il venait d’entendre, Kant retourna dans sa chambre en vitesse et ouvrit son sac. Se saisissant d’une petite fiole contenant de la poudre vert émeraude, il se dirigea à pas de loup vers l’escalier. D’un bond, il sauta par-dessus les marches et atterrit dans le salon face aux deux femmes, qui se levèrent en reversant leurs chaises, surprises.
« Aha ! Les masques tombent ! Désolé pour vous mesdames, mais c’est pas aujourd’hui que je vais bouffer du pissenlit ! Kanpo Kenpō : Nemuriiiiiiii »
Kant ôta le bouchon en liège de sa fiole tandis qu’il hurlait, tel un héros, le nom de sa technique. D’un geste maladroit il projeta en l’air la poudre contenue dans sa fiole en direction d’Elsa et Pine. Seulement, dû à son état d’ivresse et sa malhabileté, il s’aspergea lui-même de poudre, balbutia quelques mots inaudibles et s’effondra au sol, sombrant dans un profond sommeil.
Dernière édition par Kant le Lun 6 Fév 2023 - 0:12, édité 2 fois