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海 軍

∆ Feat. Béluga's Crew ∆


S'il était vrai de dire qu'Ambrosias n'avait nullement souhaité prendre la tête de la garnison de Kikai no Shima, elle devait avouer que l'endroit était assez agréable à vivre. Le QG était confortable, bien plus que d'autres, ce qui n'était pas très étonnant au vu de son passé de repaire de marins corrompus jusqu'à la moelle. Bien qu'elle soit désolée de la situation, elle y trouvait malgré tout son compte. Sa colonie de rats s’accommodait elle aussi très bien à la situation. Snick était, à l'en croire, particulièrement ravi et fou de joie en pensant au contenu des poubelles locales. Si la vétérinaire trouvait cela un peu dégoûtant, elle devait admettre être heureuse de voir ses protégés s'épanouir.


Depuis plusieurs jours qu'elle était présente sur l'île, elle commençait à prendre ses marques, lentement mais sûrement. Elle sentait bien que tous ne voyaient pas son arrivée d'un bon œil et un malaise était palpable entre les hommes fidèles à la colonelle depuis le Béluga et ceux qui travaillaient peu de temps encore auparavant pour Pancho Shima. Malheureusement pour ces derniers, Ambrosias n'était pas là pour se faire des amis. Elle avait une tâche à accomplir et rien ne l’empêcherait de la mener à bien. Par chance, si elle ne comptait que peu d'alliés en ces lieux, elle en avait malgré tout quelques uns. La plus importante d'entre eux n'était autre que la commodore Saint Just. Cette officière était un parangon de justice, tout comme elle, et son envie de mettre la main sur King Bradley était plus grande encore que la sienne. Contrairement à son prédécesseur, Ambrosias souhaitait que la garnison locale et les forces de la commodore puissent agir de concert au lieu de se chamailler l'une et l'autre. Dans ce but, elle envoya une estafette à bord de son cuirassé pour lui proposer une entrevue, ce que la femme accepta.


Un peu avant onze heures, Saint Just pénétra dans l'enceinte du QG et frappa à la porte de sa collègue quelques minutes plus tard. Dans le bureau se trouvait alors l'adjudant Paracchini, fidèle soutien de la colonelle depuis un moment déjà. Sa cigarette au bec, il salua la commodore d'un respectueux signe de tête. Par politesse, Ambrosias se leva et serra la main de la militaire avant que toute deux ne s'assoient.



« Café ?

- Plutôt un thé pour moi, Dario.

- Idem, s'il vous plaît.

- Commodore, ravie que vous ayez pu venir.

- Plaisir partagé Colonelle. Vous ne pouvez savoir comme il m'est agréable de vous voir dans ce fauteuil plutôt que votre odieux prédécesseur.

- Je n'en doute pas un instant. »



Revenant avec deux tasses de thé bien chaudes, l’adjudant en offrit une à chacune des officières. Voyant dans le regard de sa supérieure qu'il était de trop, il prit congé en laissant derrière lui une légère traînée de fumée grisâtre.


« Si je vous ai demandé de venir, c'est justement pour parler de Pancho Shima.

- Que voulez-vous en dire de plus ? Vous l'avez connu avant sa mort, vous savez pertinemment comment il était.

- Trop bien même, mais ce n'est pas ce que je veux dire. Même si c'était un porc et un traître, nous ne pouvons accepter qu'un chef mafieux s'arroge le droit de vie ou de mort sur un officier de la Marine. L'État-major est très remonté et il me demande des résultats.

- Hum, ce n'est pas trop tôt.

- Je sais déjà que vous avez un contentieux personnel à régler avec Bradley.

- C'est le moins que l'on puisse dire.

- Hors de question de vous empêcher d'agir comme le faisait Pancho. Nous devons travailler main dans la main.

- L'idée est assez alléchante.

- À nous deux, nous pourrons réellement faire une différence.

- Probablement, mais ça ne sera pas simple.

- Vous avez raison.

- Avez-vous déjà une idée en tête ?

- Parfaitement oui. Demain soir, je compte taper fort dans la fourmilière. Mes hommes vont prendre d'assaut plusieurs trois casinos ainsi qu'une dizaine de maison de jeux. Quelques établissements de joie également. J'aimerai que vous m'aidiez.

- Ce sera avec plaisir. Mes hommes sont loyaux et expérimentés, pouvoir réellement agir après tout ce temps va les ravir.

- Bien. Voyez cette carte, je compte agir là, ainsi qu'ici et... »



De son index, Ambrosias montrait à sa collègues divers établissements entourés au feutre rouge. Il y avait près de vingt cibles, ce qui représentait une grosse opération. Ensemble, les deux femmes planifièrent le tout pendant près d'une heure. Quand la faim commença à se faire sentir, la vétérinaire proposa à Saint Just de manger en sa compagnie, ce qu'elle accepta. Quand elle se quittèrent finalement, tout était en ordre pour le lendemain. Il n'allait plus rester qu'à mettre les hommes au courant de l'opération et à se préparer.



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Dernière édition par Ambrosias le Ven 17 Mar 2023 - 17:56, édité 1 fois
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Au beau milieu de la nuit, comme cela avait été convenu entre les deux officières, l'opération coordonné fut déclenchée. Afin d'assurer le coup, Ambrosias avait décidé de séparer tous ses officiers et de leur donner à chacun un groupe d'hommes qu'ils devraient diriger. Sachant qu'elle était la plus puissante représentante de la Marine sur l'île, elle n'avait donc pris avec elle qu'un petit contingent composé d'une vingtaine de soldats sans grande expérience. Sa cible à elle était une maison de jeu illégale qui avait la réputation de s'occuper de manière particulièrement violente des mauvais payeurs. Intimidation, recouvrement sportif et autres joyeusetés étaient monnaies courantes au sein de l'établissement, mais cela touchait à sa fin.


Situé dans la cave d'un restaurant asiatique, le repaire de criminels était presque plein. Ambrosias savait qu'il pourrait y avoir des blessés, mais elle estimait que si les clients se trouvaient en pareil endroit sur Kikai no Shima, qui ne manquait pourtant pas de casinos, ils ne méritaient pas de traitement de faveur. Prête à frapper fort, la militaire prit la tête de son escouade et entra par l'arrière du restaurant. Une première vigie armée d'un gourdin tenta sans grand succès d'arrêter la vétérinaire avant de se retrouver le visage dans une marmite de soupe brûlante. Pas très discret mais efficace. Un soldat s'arrêta pour passer les menottes au criminel tandis que les autres continuaient d'avancer derrière Ambrosias. Ne s'arrêtant pas en si bon chemin, elle fit fi des protestations des employés et continua d’avancer en direction de l'entrée de la cave. Plus grand qu'elle ne pensait, le tunnel menant à l'entrée était gardé par un trio lui aussi armé jusqu'aux dents. Comprenant que ce n'était pas une blague, deux se ruèrent vers la femme tandis qu'un autre ouvrait la porte pour donner l'alerte. Se servant du soru, la balafrée se fraya un chemin entre les voyous pour mettre la main sur celui qui tentait de prendre la fuite. Sortant une corde de sa manche, elle ligota sa cible et lui fracassa le crâne contre un mur. Satisfaite de ne toujours pas être repérée, elle se retourna pour voir avec dépit un homme à elle lever son fusil et faire feu.



« Je vous avais demandé de n'utiliser que vos sabres ! »


Pestant de rage face à cette insubordination, Ambrosias n'avait cependant pas le temps de s'attarder sur le gars du soldat. D'un violent coup de pied, elle défonça la porte d'entrée et se rua dans la maison de jeu, bien vite suivi par ses hommes qui n'avaient pas eu grand mal à venir à bout de leurs deux opposants. À l'intérieur, les choses devinrent plus difficiles car il y avait vraiment beaucoup de monde. Il était difficile de distinguer les clients des gros bras, aussi décida-t-elle de ne pas faire dans la dentelle. Sans la moindre délicatesse, la colonelle s'en prenait à tous ceux qui arrivaient à sa portée. Son meitou trancha la chair de ses opposants, mais elle s'efforçait d'éviter les blessures mortelles. L'idée derrière cette opération, outre le fait de frapper fort, était également de faire des prisonniers qu'elle pourrait interroger.


Plus grand que les autres, une brute s'avança l'air confiant. Armé de poings américains, il parvint à tromper la garde de la militaire et lui envoya un violent coup dans les côtes. Tombant à terre, le souffle coupé, Ambrosias ne tarda pas à répliquer. Disparaissant pour réapparaître derrière l'homme, elle enfonça un doigt dans sa colonne vertébrale. En un instant, la vie du pauvre homme changea à jamais, car plus jamais il ne marcherait de nouveau. Nombre de coups de feu retentirent, brouillant l’ouïe de la jeune femme qui grimaçait de douleur. En moins de cinq minutes, l'endroit était totalement pacifié. Essuyant un mince filet de sang qui coulait le long de sa bouche, Ambrosias nettoya la lame de son arme avant de sortir un cigare. Après l'avoir allumé, elle passa un savon à ses hommes et leur promit une semaine de corvées. Furieuse, elle ligota elle-même quelques criminels mais laissa le gros du travail à ses hommes. Fumant plus que de raison, elle veilla au grain jusqu'à ce que l'endroit soit vidé puis fouillé. Il n'y avait malheureusement pas grand chose d'intéressant, comme si les mafieux étaient au courant de l'attaque, ou bien qu'ils savaient qu'il valait mieux éviter de cacher des documents compromettants en ce moment.


Ressortant dans la rue, Ambrosias ne prêta pas attention à l'agitation qu'elle venait de créer chez les civils et sortit son escargophone pour en apprendre plus sur le reste de l'opération. Elle apprit que dans l'ensemble, tout s'était plutôt bien passé. Satisfaite, elle rentra au QG pour commencer à rédiger son compte-rendu, puis attendit les rapports des ses hommes pour continuer de remplir sa paperasse. La commodore Saint Just revint également avec de bonnes nouvelles, ce qui enchanta sa collègue. Malheureusement, si l'opération était une réussite, aucune grosse tête connue du Chinamire Kitsune n'avait été capturée. Si l'on résumait, ce coup d'éclat n'avait été qu'un coup dans l'eau grandiloquent. Durant les prochains jours, les hommes capturés seraient interrogés, mais elle se doutait bien qu'ils ne parleraient pas. Ils avaient soit trop peur de Bradley, soit étaient trop bien payés pour se taire. Dans un cas comme dans l'autre, elle ne tirerait pas grand chose d'eux. Se décourageait-elle pour autant ? En aucun cas.




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Après une courte nuit de sommeil et un rapide petit-déjeuner, la colonelle de Kikai no Shima passa toute sa matinée la tête dans les dossiers. Débordée de travail, elle sauta le repas suivant et demanda à ne pas être dérangée. De longues heures durant, elle éplucha les comptes-rendus des interrogatoires déjà effectués pour tenter d'en apprendre le plus possible sur l'organisation, en vain. Tapotant nerveusement du doigt sur son bureau tandis qu'elle enchaînait les cigares, la militaire commençait à s'agacer quand on frappa à sa porte. Soupirant, elle demanda à la personne d'entrer. Face à elle, la séduisante lieutenant-colonelle McGready fit irruption. Ancienne seconde de Pancho Shima, elle était celle qui connaissait le plus l'île de tous ses officiers, mais elle ne lui faisait pas confiance. Si elle semblait bien sur le papier, Ambrosias avait malgré tout tendance à se méfier, surtout ici où la corruption était terrifiante.


« J'écoute.

- Nous avons reçu un message, colonelle.

- Un message ? De qui ?

- Thompson, Titanic Thompson.

- J'ai déjà vu son nom quelque part.

- Logique oui, c'est un gros bonnet. Il possède huit casinos en ville, et pas les plus modestes. Je crois même savoir qu'il a récemment lancé une violente OPA pour en acquérir deux plus.

- Et que me veut-il ?

- Il sollicite un entretien.

- Un entretien ?

- Il vous demande de le rejoindre au Lutin Chanceux, son plus grand casino, ce soir, pour s'entretenir avec vous.

- Je n'ai pas de dent à perdre avec un énième ponte local. Ce n'est pas le seul à vouloir s'attirer mes faveurs.

- Hum, ça ne m'étonne pas vraiment. Ceci dit, je pense que vous devriez accepter.

- Pourquoi donc ?

- Il fait partie du Chinamire Kitsune.

- Pardon ? Mais pourquoi diable veut-il me rencontrer dans ce cas ?

- Je pense qu'il n'a pas le choix. Tout cela ressemble bien aux méthodes de Bradley.

- Vous pensez que Bradley est derrière tout cela ?

- Oui, c'est mon avis.

- Très bien. J'irai.

- Vous savez, ça pourrait être un piège.

- Possible, nous verrons bien le moment venu. Faites venir la lieutenant-colonel Ligéia.

- Ligéia ? Si vous avez des consignes je peux m'en occuper...

- Je sais. Rompez.

- À vos ordres. »



Grinçant entre ses dents, la militaire tourna les talons en tâchant tant bien que mal de dissimuler sa frustration, sans grand succès. Se frottant le front, elle tourna la tête de gauche à droite. Cette jeune officière était à garder à l’œil. S'enfonçant dans son fauteuil, Ambrosias se perdit dans ses pensées. Il était en effet fort probable que tout cela soit un piège grossier destiné à lui mettre la main dessus en représailles de l'action menée la nuit dernière. King Bradley ne devait certainement pas être habitué à ce qu'on lui donne du fil à retordre, surtout de la part de la Marine. Quand Constance entra dans le bureau, elle referma la porte derrière elle, comme le souhaitait toujours sa supérieure. La vétérinaire aimait en effet que cette pièce demeure un endroit sûr pour parler.


« Vous vouliez me voir colonelle ?

- Oui, asseyez-vous. »



Obtempérant sur le champ, la sirène, tira une chaise et ne tarda pas à se poser face à la militaire originaire de Tanuki.


« Un dénommé Thompson, propriétaire de plusieurs casinos et semble-t-il membre du groupe que nous traquons m'a offert une entrevue.

- Et je suppose que vous comptez y aller.

- Tout à fait, mais pas seule, rassurez-vous lieutenant-colonel.

- Nul besoin de vous dire qu'il s'agit sans nul doute d'un odieux stratagème pour vous mettre la main dessus.

- Pas besoin, en effet. Je sais où je risque de mettre les pieds, mais ces cafards sont bien sots s'ils pensent que je vais me laisser faire sans rien tenter.

- Oui, le contraire m'aurait étonné.

- Vous, Paracchini et Zhang viendrez avec moi en guise d'escorte. Quant à Tanaka, Thacker et la section Tanuki, ils seront là en tant que renforts potentiels.

- Vous pensez que ce sera assez ?

- Pour dire vrai, j'ai même peur que ce soit un peu trop. J'ai confiance en vos capacités, comme en celle de tous mes officiers. Pour cette-fois, misons sur la qualité plutôt que la quantité.

- Comme vous voudrez. Dois-je mettre la commodore Saint Just au courant ?

- Pas cette-fois. J'ai confiance en elle mais évitons de mettre trop de monde au courant cette-fois. Je préfère ne mettre personne d'autre que des hommes du Béluga sur le coup.

- Vous avez peur que nous soyons infiltrés par la mafia locale ?

- Peur ? Non, cela ne fait aucun doute, notre garnison EST infiltrée, mais je n'ai pas le temps de m'en occuper pour le moment.

- Cette île ne me plaît pas...

- Moi non plus, vraiment pas. »






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Comme cela avait décidé, une équipe restreinte composée de la colonelle Ambrosias, de l'adjudant Paracchini, de la lieutenant-colonel Ligéia et de la commandante Zhang, approchait d'un pas décidé de l'entrée du Lutin Chanceux. Le casino, situé dans les beaux quartiers de Kikai no Shima, était en effet un phare au milieu de la nuit. Immense, somptueux, luxueux et baignant dans un faste si proéminent qu'il en devenait presque de mauvais goût, il faisait en effet honneur à la réputation de son propriétaire. L'entrée, comme cela était à prévoir, était gardée par plusieurs gros bras en costume noir. De véritables armoires à glace, ils étaient le genre à ne pas faire dans la dentelle, mais ils avaient malgré tout l'air professionnels. Après s'être annoncée, la militaire entra dans l'établissement et la musique assourdissante lui attaqua de suite les oreilles. Grimaçant, elle suivit sans rien dire les gardes qui la menèrent jusqu'à un ascenseur. Toujours accompagnée par ses officier, le groupe composé de mafieux et de marins commença à monter jusqu'à ce que la cabine ne s'arrête au dernier étage, dévoilant un penthouse encore plus grandiloquent que le hall d'entrée. Au moins, ici, la musique était douce, Ambrosias pensa par ailleurs reconnaître un morceau de jazz qu'elle avait déjà entendu quelques mois auparavant. D'un pas lent mais décidé, elle fit quelques pas dans l'immense appartement avant de tomber sur Titanic Thompson, vautré de tout son long dans un divan de velours rouge. Un cigare dans une main et un verre à cocktail dans l'autre, il ne semblait guère intimidé par la présence la jeune femme. Muets, les officiers de la brûlée se mirent en position, prêt à agir sur le champ en cas de besoin.


« Allons, allons, allons, ne soyez pas tous si crispés. Je peux vous offrir quelque chose à boire ? Vous êtes mes invités.

- Je ne bois jamais pendant les heures de service.

- Et vos hommes non plus je suppose ?

- Exact.

- Quel professionnalisme, je suis épaté.

- Cessez vos idioties. Vous avez deux minutes pour me donner une bonne raison de ne pas vous arrêter.

- M'arrêter ? Je doute que vous ayez envie de faire une telle chose.

- Détrompez vous.

- Vous n'êtes que quatre, seuls dans MON casino. Il me suffit d'un mot pour en finir avec vous.

- Vous perdez de précieuses secondes.

- Bien, bien, bien, droit au but dans ce cas, comme vous voulez. Bradley souhaite que nous partions tous sur des bases saines. L'entente que nous avions avec Pancho Shima était à la fois cordiale et mutuellement profitable. Nous aurions tout intérêt à ce que le choses suivent le même chemin.

- Bien sûr, pour me retrouver morte un matin dans mon bureau.

- Tout cela n'est qu'une profonde méprise.

- Pas à moi. Que s'est-il passé ? Il s'est montré trop gourmand alors Bradley l'a neutralisé pour son audace ?

- Vous faites fausse route, nous ne sommes pour rien dans cette affaire.

- Bien sûr, et je suis l'Empereur Red.

- Vous ne lui ressemblez guère. Écoutez, je suis un homme d'affaires, tout comme l'est Bradley. Nous pouvons parvenir à un accord entre gens raisonnables.

- Vous me connaissez bien mal. N'avez-vous pas été mis au courant des récents événements.

- Si, si, bien sûr que si. Une simple tactique de négociation, voilà tout, Bradley ne vous en tient pas rigueur, vous lui avez même tapé dans l’œil.

- À la bonne heure, alors pourquoi n'est-il pas présent ?

- Ne soyez pas ridicule, colonelle. Vous avez tout à gagner à travailler avec nous. Ne faites pas l'erreur de devenir notre ennemie.

- Votre temps est écoulé. »



Surpris, Titanic marqua une pause avant de se mettre à rire de bon cœur. Les gros bras dans la pièce, qui étaient tout de même au nombre de trente, commencèrent à sortir divers armes de leurs vestons. Insensible à la menace, Ambrosias se servit des pouvoirs de son fruit du démon pour communiquer avec Snick, son rat de compagnie resté en bas avec les troupes en renfort. Comme convenu, il mordilla légèrement l'épaule de l’adjudant Thacker pour donner le signal.


« Vous êtes vraiment certaine de vouloir en arriver là ?

- Affirmatif. »



Tandis que la militaire terminait sa phrase, une violente explosion secoua les fondations de l'hôtel-casino. Le propriétaire du Lutin Chanceux sursauta tandis que ses hommes se demandaient ce qui se passait. Sans crier gare, Ambrosias dégaina son meitou et le pointa en direction de la première brute à sa portée. Appuyant sur la détente, elle fit feu et l'homme s'écroula à terre, mort sur le coup. Les hostilités déclenchées, tout s'accéléra et une véritable chaos se déclara dans le penthouse. Les officiers luttaient férocement face aux forces mafieuse, certes plus nombreuses, mais de bien moins bonne qualité. Alternant entre l'usage de son arme blanche et de ses cordes, Ambrosias filaient d'un bout à l'autre de la salle, menant la vie dure à ses adversaires. En moins de deux minutes, le calme revint tandis que la colonelle faisait passer Thompson à travers une table en verre. Perdant son haut de forme, le criminel se releva tant bien que mal avant que la jeune femme ne le ligote comme un saucisson. Posant la lame de Coeur d'acier contre sa joue, elle y fit une légère entaille.


« Où est ton chef ?

- Tu peux rêver, je ne dirai rien espèce de garce ! »



Enfonçant un peu plus la lame dans la joue de son interlocuteur, Ambrosias lui offrit un regard noir, mais il ne broncha pas. Avant qu'elle n'ait le temps de continuer, l’ascenseur fit un bip sonore très reconnaissable.


« Mes hommes sont là, hahah, vous êtes fichus ! »


Quelle ne fut pas la désillusion du mafieux de voir quelques secondes plus tard une équipe de la section Tanuki faire irruption, menée par nul autre que l'adjudant Thacker. Pouffant légèrement du nez, Ambrosias se permit un léger sourire.


« Vos hommes hein ? »


Décontenancé, Thompson jura dans sa barbe avant de se réfugier dans le silence. Ne lui octroyant plus guère de son attention, l'officière se tourna pour accueillir son subordonné au visage masqué. Comme c'était à prévoir, ses vêtements étaient couverts de sang.


« Vous n'avez pas fait dans la dentelle je suppose.

- Pas vraiment, non.

- Hum, soit. Emmenez le ainsi que vos prisonniers dans les geôles du QG.

- À vos ordres colonelle. »



Après avoir essuyé le fil de son arme sur les plis du costume d'un gros bras agonisant, Ambrosias s'éloigna en sortant un cigare de sa poche, après l'avoir allumé, elle entra dans l’ascenseur, laissant derrière elle ses hommes pour qu'il s'occupent de gérer la situation. Prochaine étape : faire parler Thompson.



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Quand la colonelle entra dans la salle d'interrogatoire, Titanic Thompson était en piteux état. À pas lents, elle avança en scrutant le prisonnier sans afficher la moindre émotion. Son visage tuméfié, il respirait difficilement et en était presque méconnaissable. Non loin de lui, l’adjudant Thacker, aussi lugubre qu'à son habitude, alignait plusieurs instruments de torture ensanglantés. Toute la nuit, le militaire masqué avait travaillé sa victime au corps. Tirant lentement une chaise en acier, Ambrosias alla s’asseoir en face du mafieux. Allumant lentement son cigare, elle lui cracha une bouffée de fumée grise en plein visage. L'homme gémit quelques instants avant de tenter d'ouvrir un peu plus ses paupières à demi-closes.


« Il paraît que vous êtes finalement décidé à parler.

- O... Oui...

- Je vous écoute.

- De...main... soir... L... les...d...docks.

- Demain soir sur les docks, mais encore ?

- C...car...g...gaison... Bra...Bradley.

- Bradley ? Il sera présent en personne ?

- O... ou... oui...

- Où ?

- 2...4...5.

- La jetée 245 ?

- Oui.

- S'il vient veiller lui-même sur l'arrivée d'une cargaison, c'est qu'elle doit être de grande valeur.

- C'est... oui...

- Thacker.

- Colonelle ?

- Envoyez ce déchet humain se faire soigner par la docteur Loréada. Remettez le aux fers par la suite.

- Avec plaisir. »



Gardant sa poker face, Ambrosias quitta la pièce folle de joie. Enfin, elle avait l'occasion de mettre la main sur King Bradley. Demain, elle pourrait frapper un grand coup et elle n'avait aucune intention de s'en priver. Après avoir briefé ses officiers, elle prit également le temps de mettre la commodore Saint Just au parfum. Ensemble, les deux militaires prirent la décision d'unir leurs forces pour frapper un grand coup.Il fut décidé que la section Tanuki et les meilleurs soldats de la commodore agiraient de concert pour mettre la main sur le chef de l'organisation criminelle. Sans Bradley pour les guider, les Chinamire Kitsune perdraient rapidement de leur influence, ils se désorganiseraient et ne serait bien vite plus une menace. Couper la tête du serpent était une absolue nécessité.


Consciencieusement, les marins se préparèrent et ne sortir finalement qu'à la nuit tombée une fois le jour venu. Prenant personnellement la tête de ses hommes, Ambrosias, qui restait en communication permanente avec Saint Just, avança vers l'entrée d'un hangar tandis que son homologue passait par derrière. C'était apparemment là qu'aurait lieu le rendez-vous. La chose fut vite confirmée quand les soldats arrivèrent sur les lieux et ne manquèrent pas de croiser plusieurs sbires lourdement armés. Si tôt les hommes en place, l'opération fut déclenchée. Avec fracas, les marins forcèrent les défenses pour pénétrer dans le bâtiment. À l'intérieur, dockers et mafieux s'activaient pour charger de grosses caisses en bois fermés dans des calèches. Pris par surprise, ils tentèrent de réagir, mais l'attaque coordonné en deux points différents ne leur laissa que peu de chances. Avançant au fil de l'épée, la colonelle repéra finalement une personne qui ressemblait à s'y méprendre à l'affiche du criminel King Bradley. Se ruant à son encontre, elle tenta de lui trancher la gorge, mais l'homme contra l'attaque sans trop de mal. Pendant que l'attention de l'homme était portée sur l'officière, Saint Just tenta une attaque par derrière mais manqua de se faire embrocher au moment de la contre-attaque. Encerclant le parrain de la pègre locales, les deux cheffes étaient bien décidées à ne pas laisser Bradley s'échapper. Soudain, le principal intéressé releva la tête, un large sourire aux lèvres. L’instant d'après, une trappe s'ouvrit sous les pieds des trois individus et ils tombèrent quelques mètres plus bas. Relevant la tête en l'air, Ambrosias vit le piège se refermer sur elle et sa collègue. N'ayant pas vu venir la chose, Saint Just et elle se retrouvèrent à la merci du mafieux qui semblait très confiant en dépit de son infériorité numérique. Regardant autour d'elle, la colonelle estima que l'endroit devait être soit une sorte de bunker, soit une arène clandestine cachée.



« Colonelle Ambrosias. Même si je ne suis pas ravi de faire votre connaissance, j'apprécie malgré tout de pouvoir enfin vous rencontrer en chair et en os.

- Plaisir non partagé.

- Bradley, on se retrouve enfin.

- Commodore Saint Just, cela faisait longtemps, en effet.

- N'espère pas t'en tirer à si bon compte cette fois.

- La confiance est une vertu, mais la lucidité l'est également. Souvenez-vous de notre dernier affrontement.

- Je n'ai rien oublié !

- Moi non plus, particulièrement en ce qui concerne l'issue du combat. Bref, je ne souhaite pas parler de cela.

- Comment ça ?

- Vous pensez vraiment être si malignes toutes les deux ? C'est moi qui vous ai donné rendez-vous.

- Thompson vous a balancé, ne dites pas n'importe quoi.

- Ne soyez pas si obtus. Il vous a dit ce que je voulais qu'il vous apprenne, ni plus, ni moins.

- Vous mentez. Comme il mentait en disant que vous n'aviez rien à voir avec la mort de Pancho Shima.

- Ce balourd m'était utile. Pourquoi l'aurai-je tué après tout ce temps ?

- Je n'en sais rien, je finirai bien par la découvrir.

- Vous faites complètement fausse route. Pancho était un petit chien servile. Sa mort me cause bien des problèmes. Entre vous et le Veilleur, on ne peut pas dire que ce soit la joie.

- Le Veilleur ?

- Qu'importe. Je suis là pour vous proposer un arrangement.

- Je m'en moque éperdument.

- Attendez au moins d'entendre ce que j'ai à vous dire avant de... »



N'attendant pas que l'homme ait fini de parler, la militaire lui sauta dessus arme à la main, rapidement suivie par la commodore. Ensemble, les deux femmes tentaient de percer la défense du mafieux, sans toutefois y parvenir. Trop rapide, trop agile, trop prévoyant, Bradley semblait toujours avoir un coup d'avance. En dépit des efforts d'Ambrosias et de sa camarade, elles ne parvenaient à le toucher. Même l'usage du rokushiki n'était pas suffisant. Tandis que Célia était envoyée au sol d'un coup de poing renforcé au Haki, la vétérinaire tenta d'immobiliser l'homme avec ses cordes. Celles-ci parvinrent effectivement à le ligoter, mais il parvint malgré tout à s'extirper de ses liens pour revenir à la charge une seconde après. Prise de court, Ambrosias se fit assez lourdement entaillé le ventre avant de trébucher en arrière. Tenta de se défendre coûte que coûte, elle vida le barillet de son meitou vers le mafieux mais n'arriva qu'à l'effleurer au visage. D'un coup de pied d'une violence terrible, l'homme cueillit la blonde au sol et l'envoya s'écraser contre un mur. Le souffle coupé, Ambrosias sentit que Bradley la soulevait par le cou pour l'étouffer. Elle tenta d'attaquer mais il la priva de son meitou d'un revers de la main.


« Assez. Tout cela ne m'amuse guère. Écoutez moi bien, toutes les deux. Ceci sera votre premier et dernier avertissement. Je vais vous laisser partir, vous retournerez d'où vous venez et vous accepterez mon argent. Vous ferez comme Pancho Shima et tout se passera pour le mieux. Votre loyauté sera récompensée, n'en doutez pas.

- V... Va... Chier ! »



Ayant visiblement perdu patience, le parrain arma un crochet du droit qu'il renforça au haki. Quand le coup toucha la colonelle, elle perdit connaissance. Ne se réveillant que dix minutes plus tard, elle avait un mal de tête carabiné. À ses côtés se trouvait la commodore Saint Just, en train de lui prodiguer les premiers soins. Elle aussi était en piteux état, mais elle semblait avoir été plus épargnée par les attaques à l'épée.


« Bordel ! C'est la deuxième fois qu'il m'humilie de la sorte. Il pouvait nous tuer. Il le pouvait, mais il a préféré nous laisser là, seules, avec la haine au ventre et la honte dans l'âme. Je ne le supporte pas...

- On... On l'aura. Plus tard... »



Les larmes aux yeux, plus par colère que par tristesse, Célia hocha la tête pour approuver. Quelques instants plus tard, des marins parvinrent à trouver l'entrée de la pièce secrète. Sans tarder, ils vinrent aider les officières. Quand Ambrosias remonta, elle constata le carnage. La Marine avait emporté la victoire, mais cela n'avait été qu'une diversion. Les caisses étaient vides et les hommes capturés n'étaient que des gros bras sans importance. Rien ne s'était déroulé comme prévu. De A à Z, King Bradley les avait mené en bateau.


Les choses n'étaient pas allées en s'arrangeant une fois de retour à la base. Après avoir été prise en charge par la docteur Loréada, Ambrosias avait été mise au courant par sa seconde que le détenu Thompson s'était échappé. Pour être plus exact, quelqu'un l'avait délibérément libéré. Furieuse, la colonelle avait explosé de colère en demandant des comptes à tous ses officiers, mais personne n'avait été en mesure de lui en apprendre plus. Terminant la nuit dans son bureau à ruminer seule, la militaire savait dorénavant que la situation était encore pire qu'elle ne le pensait. King Bradley avait corrompu bien trop de monde au sein de sa garnison, bien plus qu'elle ne le pensait à vrai dire. Espérer lutter efficacement contre les Chinamire Kitsune en pareilles circonstances semblait presque illusoire. La jeune femme savait qu'elle allait devoir faire quelque chose, mais quoi ? Après de longues heures à tordre les choses dans tous les sens, elle en vint à la conclusion que son ancien supérieur, l'actuel Sous-amiral Shoga, pourrait-être lui venir en aide. Pour mener sa mission à bien, Ambrosias s'en rendait compte à présent, elle allait devoir faire du tri chez ses hommes.




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