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[Quête] De l'importance de l'intégrité

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海 軍

∆ Feat. Béluga's Crew ∆


Kikai no Shima, un endroit réputé dans tout Grand Line. Forte de son immense capacité hôtelière et de taxes avantageuses concernant le jeu, l’endroit était devenu avec le temps l’une des capitales mondiales du faste et de la démesure. L’on disait qu’on trouvait plus d’hôtels et de casinos que d’immeubles d’habitation sur place. Lors des pics d’affluence, la population elle-même était deux fois nombreuse que les touristes. De telles extravagances étaient bien loin du cadre modeste que proposait Tanuki. Rien qu’à observer au loin les lumières de la ville, ses immenses immeubles et son arène géante, Ambrosias avait le vertige. Cet endroit n’était pas fait pour elle, c’était une évidence, et elle espérait ne pas devoir s’y attarder trop longtemps.


La raison de sa présence était somme toute assez simple. Une semaine auparavant, les Broyeurs avaient pris en chasse un équipage pirate ayant cambriolé un musé réputé du Royaume de Drum. Après avoir fait pression sur leur chef, le Commodore Epinondas était parvenu à lui tirer les vers du nez en étant fidèle à sa réputation. Les mains couvertes de sang, il était revenu vers les siens tandis que son prisonnier vivait ses derniers instants. L’officier avait appris que les forbans comptaient se rendre sur Kikai no Shima pour y vendre leurs biens à un receleur connu sous le nom de Shiro. À en croire le commodore, l’homme en question n’était visiblement pas très célèbre, mais le fait qu’il se cache aussi aisément sur une île sensée être sous le contrôle du Gouvernement Mondial ne lui plaisait pas. N’ayant aucune envie de se frotter à l'administration locale, le Colonel Pancho Shima étant réputé pour être un officier compliqué, Miltiades décida de confier la tâcher à sa jeune seconde. N’étant pas en position pour refuser, la lieutenant-colonel avait accepté volontiers.


L’île étant sous le contrôle de la 149ème division de la Marine régulière, certains quais mieux aménagés et plus sécurisés étaient réservés aux militaires. C’est là que le Béluga alla termina sa manœuvre d’accostage. À sa gauche se trouvait un imposant cuirassé, bien qu’il ne fasse finalement pas tant d’ombre que cela au navire offert quelques temps auparavant à Ambrosias par son être aimé. La puissance de feu du navire produit en série était cependant bien plus grande, ses tourelles étant de véritables engins de mort ambulants. De ce que savait la vétérinaire, il était sous le commandement de la Commodore de Saint Just, une officier compétente qui avait tout le respect d’Epinondas. Par ailleurs, Miltiades lui avait bien stipulé qu’en cas de besoin, elle pourrait aider les hommes du Béluga.


Une fois le pied posé à terre, Ambrosias se rendit bien vite compte qu’en dépit de la splendeur des lieux, une ambiance finalement assez pesante régnait. C’était comme si les bâtiments magnifiquement décorés ou illuminés n’étaient là que pour attirer l’œil et tromper les touristes. Il y avait de l’argent, cela ne faisait aucun doute, mais il était clair également que la marine ne régnait pas en maître. Il n’y avait qu’à voir les fréquentations des quais normalement réservés aux militaires pour comprendre que quelque chose n’allait pas. Se déplaçant avec un cortège restreint de quelques hommes menés par son quartier-maître, elle prit la direction du QG. Ce dernier se trouvait à un peu moins d’un quart d’heure du port. Avançant au travers des rues, la jeune femme y ressentait la même chose que lors de son séjour sur Logue Town, là où elle avait mis la main sur une sale petit voleur ayant essayé de lui piquer son portefeuille. Elle n’aimait pas cette ville où la criminalité semblait cachée mais pourtant omniprésente. Les gardes à l’entrée du QG ne cherchèrent même pas à vérifier l’identité de la troupe et les laissèrent passer sans vraiment s’intéresser à eux. Agacée, Ambrosias se retint de dire quoi que ce soit, elle n’était après tout pas ici chez elle. Se débrouillant seule, elle trouva finalement le bureau du Colonel, mais ce dernier était visiblement un homme occupé. Dans une grande salle, une secrétaire ouvertement lasse devait gérer pas moins d’une vingtaine de civils. La moitié d’entre eux semblaient être des gens aisés, peut-être des patrons de casino, le reste semblaient sortir d’une famille mafieuse.



« Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?

- On vous a jamais causé de Kikai no Shima ?

- Pas vraiment, ou très peu en tout cas.

- Cette île est pourrie jusqu’à la moelle. Je ne connais pas l’officier chargé des lieux, mais visiblement il est soit corrompu soit complètement incompétent.

- Espérons que ce ne soit ni l’un ni l’autre... »



En dépit de ses efforts auprès de la secrétaire pour passer devant les civils, Ambrosias n’obtint pas gain de cause. Obligée d’attendre, elle patienta presque une heure avec ses hommes. Quand leur tour arriva finalement, le Colonel haussa un sourcil en voyant la troupe entrer dans son bureau.


« Hum ? C’est quoi ces histoires ? Un à la fois. Betty ! Je vous ai déjà dis pas plus d’une personne à la fois.

- Nous sommes envoyés par le Commodore Epinondas.

- Ah, oui, oui, oui, il m’a passé un coup de fil. Oui, oui, bien sûr, le chef des Broyeurs. Bref, la règle c’est la règle, une personne à la fois. Restez lieutenant-colonel, mais vos hommes attendront dehors.

- Comme vous voudrez, Colonel. »



Après qu’elle leur ait fait signe de prendre congé, les quelques hommes du Béluga ici présent ne se firent pas prier. Refermant la porte derrière eux, ils laissèrent Ambrosias seule avec cet étrange officier barbu.


« Vous êtes là pour une histoire de receleur si j’ai bien tout suivi ?

- C’est exact.

- Quelle vilaine histoire. Je puis vous assurer qu’il n’existe à ma connaissance aucun réseau de recel d’œuvres d’arts volées sur Kikai no Shima.

- Le Commodore Epinondas pense le contraire. Nous avons eu l’occasion d’interroger un homme qui comptait vendre le fruit de son larcin ici-même.

- Un pirate ? Pfeu ! Qui de vraiment sérieux leur ferait confiance ?

- Je suis là pour enquêter, Colonel, pas pour discuter les ordres de mon supérieur.

- Certes, oui, je comprends. Écoutez, je peux vous épargner du temps perdu pour rien. Vous ne trouverez rien ici, faites moi confiance.

- Votre sollicitude me touche, mais si vous n’y voyez pas d’objection, je vais malgré tout mener mon enquête.

- Hum... Non. Pas d’objections, faites, mais ne traînez pas. Je vous laisse trois jours.

- Trois jours ? Sauf votre respect Colonel je...

- Sauf mon respect ? Trois jours ! Vous êtes ici sur une île sous MA juridiction, pas celle du Commodore Epinondas. Il n’y a de toute façon rien à trouver, vous perdez votre temps. Rompez, lieutenant-colonel.

- À vos ordres. »



Serrant la mâchoire avec agacement, la jeune femme se garda bien de dire quoi que ce soit. Professionnelle, elle garda le silence jusqu’à ressortir du QG en compagnie de ses hommes. Dans les rues de la ville, elle tenta d’allumer con cigare mais échoua plusieurs fois tant elle était énervée avant de le jeter par terre.


« Alors ? Première case je suppose ?

- Quoi ?

- Corrompu ou incompétent ?

- Certainement les deux.

- Mouais, le contraire m’aurait franchement étonné. On fait quoi du coup ?

- On suit les ordres. Nous avons trois jours pour trouver notre cible.

- Trois jours ? Eh beh, va pas falloir chômer vu la taille de l’île. »



Ambrosias savait que le sergent-chef Paracchini disait vrai. Le temps donné aux hommes du Béluga était tout bonnement ridicule. Pur mener une enquête sérieuse, il lui faudrait au moins une semaine, si pas deux. Elle avait vraiment l’impression que l’homme se moquait d’elle. En lui donnant un délai si court, c’était comme s’il cherchait volontairement à la voir échouer. Pourquoi était-il sûr de lui en affirmant qu’il n’y avait aucun receleur sur l’île ? Cela n’avait aucun sens. Revenant sur le Béluga, elle réunit ses officiers et leur expliqua la situation. Tandis qu’elle restait dans son bureau pour réfléchir, la moitié de son équipage se scinda en plusieurs groupes sous la direction de ses lieutenants pour commencer à mener l’enquête en ville, mais elle n’était pas très confiante. Ils cherchaient littéralement une aiguille dans une botte de foin. Tard dans la soirée, un peu avant minuit, aucune piste concluante ou sérieuse n’avait été trouvée. Perdant progressivement son sang-froid, elle frappa plusieurs fois du poing sur le bureau en contenant avec peine un hurlement de rage. Pourquoi cet idiot de colonel ne les laissait pas faire leur travail ? Fallait-il réellement croire qu'il était corrompu jusqu'à la moelle ? La jeune femme avait bien du mal à admettre qu'un homme si haut placé dans la marine puisse de compromettre de la sorte. Bien naïve, elle en oubliait l'officier voleur d’œuvres d'arts de Goa. Si son sens aigu de la justice était admirable, tous ne pouvaient pas en dire autant, et cette information avait bien du mal à passer chez elle.


Après avoir longuement rongé son frein, la lieutenant-colonel se rappela les conseils de son supérieur. Si Pancho Shima refusait de réellement l'aider, peut-être que la commodore de Saint Just serait plus utile. Quittant son navire à la hâte, elle se rendit à celui de ladite officière qui ne se trouvait qu'à quelques mètres du Béluga. Prenant le temps de s'annoncer auprès des factionnaires, on ne tarda pas à la faire monter à bord. La capitaine était dans ses quartiers et accepta de recevoir Ambrosias. Pénétrant dans son bureau, elle la trouva attablée, le nez dans une pile impressionnante de documents en tous genres.



« Bonsoir, Commodore.

- Bonsoir. Lieutenant-colonel Ambrosias, vous êtes sous les ordres du Commodore Epinondas, c'est bien cela ?

- Tout à fait.

- Je vois. Que puis-je pour vous ?

- J'ai été envoyée pour trouver et capturer un homme connu sous le nom de Shiro.

- Le receleur ?

- Je... Oui, c'est exact. Comment savez-vous cela ?

- Il est nouveau dans le coin, mais il fait déjà beaucoup parler de lui, et je sais écouter les rumeurs de la rue.

- Je ne comprends pas, le Colonel Shima m'a pourtant dit que nous faisions fausse route.

- Quoi de plus normal ? Pancho est un incapable et un officieux véreux. Je suis prête à parier qu'il a déjà été payé par Shiro pour garder le silence.

- Ce sont là de graves accusations, Commodore...

- Graves oui, mais fondées j'en ai bien peur.

- Si vous dites vrai, pourquoi est-il encore en poste ?

- Parce qu'il est doué pour dissimuler ses fautes. Cela fait des mois que je me bats autant contre que la pègre locale que contre les affres de sa corruption. J'ai beau chercher, je n'ai pour le moment rien trouvé pour le faire tomber, mais ça viendra. Il ne perd rien pour attendre.

- Bon sang, si je m'écoutais...

- Je sais, moi aussi, mais nous ne pouvons nous abaisser à cela, ce ne serait pas digne de la Justice que nous défendons.

- Vous avez raison.

- Je vais vous aider.

- Vraiment ?

- Oui. Ne sautez pas au plafond pour autant. Je ne sais pas grand chose sur l'homme que vous cherchez. Je ne sais même pas s'il s'agit vraiment d'un homme ou une femme, mais je partagerai mes informations avec vous.

- Merci, merci infiniment.

- En sortant, allez voir mon second, le commandant Greenwood, il vous dira ce que vous avez besoin de savoir.

- Merci encore, Commodore.

- C'est naturel, et puis j'ai une dette envers votre supérieur.

- Bonne soirée à vous.

- De même. »



La conversation à peine terminé, Saint Just replongea dans les dossiers qui lui faisaient face, ne prêtant plus la moindre attention à son interlocutrice. Comme convenu, Ambrosias alla questionner son second. Elle apprit que Shiro était connu pour évoluer dans des milieux relativement aisés et qu'il vendait des œuvres toujours plus précieuses et surtout onéreuses. Nul ne savait où le trouver, mais les hommes de la commodore avait mis la main quelques temps auparavant sur un de ses sbires qu'ils avaient relâchés faute de preuves suffisantes. Ils avaient essayé de le questionner, mais sans grand succès. Ambrosias comptait réitérer l'expérience, mais en se montrant bien plus convaincante.



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Accompagnée par l’adjudant Thacker dont le visage était comme toujours dissimulé derrière son effrayant masque en acier, la lieutenant-colonel Ambrosias avançait dans les rues de Kikai no Shima. Les informations offertes par la Saint-Just lui avaient permis de remonter la piste d'un homme supposément affilié à Shiro et qui se trouvait en liberté. Malgré la réticence manifeste des marins locaux, les deux compères avaient été en mesure de trouver leur cible. Celle-ci se trouvant d'abord dans un bar, ils avaient décidé d'attendre avant d'agir. En retrait dans une allée, ils s'étaient fait le plus discret possible en attendant que le criminel de se décide à bouger. Quand il quitta finalement l'établissement, les deux soldats se mirent à le filer durant quelques longues minutes, jusqu'à qu'ils considèrent avoir un bon créneau pour agir. S'avançant rapidement vers la cible, Thomas lui agrippa le poignet droit et le remonta dans son dos. De son autre main libre, il enfonça un bâillon dans la bouche de sa proie pour l'empêcher de hurler. Sans le moindre mal, le marin emmena alors le délinquant dans une ruelle et le plaqua contre un mur derrière une poubelle. Suivant le pas, Ambrosias jeta un coup d’œil vers la rue et constata qu'une équipe de marins passait par là. Visiblement peu intéressés, ils passèrent leur chemin, ce qui étonna beaucoup la vétérinaire. Quelque chose ne tournait vraiment pas rond sur cette île.


« John Kean ? »


L'homme répondit en grognant sans que la lieutenant-colonel ne puisse vraiment comprendre ce qu'il voulait dire. Haussant légèrement un sourcil, elle fit un léger signe de tête à l’adjudant Thacker.


« Je t'explique les règles. Si tu cries, je te pète le bras. Si tu joues au malin avec nous, je te pète le bras. Si tu nous mens, je te pète le bras. En gros, si tu fais quoi que ce soit qui ne me plaise pas, je te défonce. C'est clair espèce de balais à chiotte ? »


Même si sa fierté était clairement meurtrie et qu'il avait envie de tout sauf collaborer, l'homme avait vite compris à qui il avait affaire. Hochant la tête avec vigueur, il semblait accepter de jouer le jeu. Ambrosias fit de nouveau signe à Thomas et ce dernier retira le bâillon.


« Vous faites erreurs les gars, je roule pour Shiro, on a déjà payé les hommes du colonel pour le mois.

- Tiens donc. C'est dommage ça, nous ne travaillons pas pour lui.

- Quoi ? Franchement vous manquez pas d'air, on va pas payer deux fois pour des raclures corrompues !

- Ta gueule, crétin, on fait partie des Broyeurs.

- Ok, content pour vous, et alors ? »



Après avoir marqué un léger temps d'arrêt, l'Adjudant Thacker expira lentement derrière son masque avant de briser les os du bras de sa cible captive. L'homme commença à hurler de douleur au moment où le militaire lui écrasait la tête contre le mur avant de lui écraser la mâchoire de ses doigts puissants pour étouffer en partie ses cris.


« Tu m'as pas écouté visiblement. Comme tu tiens pas à tes bras la prochaine fois je t'éborgne. »


En dépit de la douleur, l'homme se calma rapidement en voyant la brute de la marine sortir un couteau pour l'approcher de son visage. Il tressaillit légèrement quand la pointe de la lame se posa sur sa peau puis ne bougea plus.


« C'est bon, j'ai compris.

- Parle nous de ton boss.

- Si je fais je suis un homme mort.

- Peut-être, mais si tu refuses de parler c'est moi qui te tuerai, ici-même. Tu veux mourir dans une ruelle ?

- Non ! Filez moi des garanties putain...

- De mieux en mieux. Bien. Tu nous dis ce que tu sais et je t'enferme à bord de mon navire le temps qu'on attrape Shiro. Si on lui met la main dessus tu es libre.

- C'est un marché de merde.

- Oui, mais tu n'as pas vraiment le choix.

- Bande d'enfoirés. D'accord...

- Tu travailles pour Shiro ?

- Ouais.

- Tu connais son vrai nom ?

- Nan, personne le connaît.

- Comment je peux le reconnaître ?

- Il est borgne.

- C'est déjà ça. Quoi d'autre ?

- Il porte souvent des trucs amples, avec des motifs à fleurs.

- Des chemises ?

- Nan, les machins du genre de Wano.

- Des kimonos ?

- Ouais, ça doit être ça.

- Très bien. Le plus important maintenant. Où-est-ce que je peux le trouver ce bon Shiro ?

- J'en sais rien, je sais pas où il crèche.

- Pense à tes yeux...

- Je... Ok ! J'sais pas où il habite mais je sais où il sera ce soir.

- Comme par hasard.

- On a une vente prévue dans les hauteurs de la ville, à l'hôtel Excelsior. Le client est un gros bonnet, il a carrément privatisé l'endroit, j'en sais pas plus.

- Je ferai avec. En route. »



Sans ménager leur proie le moins du monde, les deux marins la prirent sous le bras en direction du Béluga. Une fois le duo arrivé à destination, l'homme fut mis aux fers. Après avoir quitté Thomas, la capitaine du bâtiment s'alluma un cigare. Pensive, elle fit d'abord les cent pas sur le pont avant de se rendre dans sa cabine. Elle était tentée de faire part de ses découvertes au colonel, mais si ce qu'elle avait appris se confirmait et qu'il était réellement corrompu, il risquait alors de prévenir Shiro. Ambrosias ne pouvait se permettre de prendre un tel risque, pas plus qu'elle ne pouvait demander de l'aide à Saint-Just. Pancho Shima veillant sur elle, de ce que la vétérinaire avait compris, utiliser ses hommes mettrait en péril l'opération. Si le seconde des Broyeurs voulait réussir son coup, elle ne pouvait que sur ses propres forces. Après avoir convoqué la lieutenante Tanaka, elle lui demanda de faire son repérage aux alentours de l'hôtel Excelsior et d'en apprendre le plus possible. Les autres officiers furent mis au courant des récentes découvertes et il fut convenu que seul un faible nombre de membres du Béluga prendrait part à l'attaque une fois le soir venu. Le gros des forces resterait à bord afin de ne pas attirer l'attention et garder l'effet de surprise. Seul les membres de la section Tanuki et les officiers du Béluga se rendraient à l'hôtel. En avançant en petit groupe et en se déguisant en civils pour ne pas être repérés de loin, ils avaient de bonnes chance de pouvoir tendre un piège à l'ennemi. Pendant que la ninja faisait son repérage, les militaires prévus pour participer à l'opération se préparaient.



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Appréciant la fin de son cigare, Ambrosias cracha un épais nuage de fumée avant de jeter son épais mégot par terre. C'était une sale habitude, mais elle n'y faisait malheureusement pas vraiment attention. La nuit était tombée depuis une heure déjà et les festivités battaient leur plein partout dans la ville. Partout, les bars, casinos, restaurants et hôtels étaient en effervescence. La vie nocturne était très réputée à Kikai no Shima, mais la militaire n'était pas là pour ça. Vêtue seulement de son tailleur pourpre, la jeune femme avait laissé de côté tout ce qui la rattachait à la marine, tout comme ses hommes. Depuis une demie-heure déjà, ses soldats encerclaient l'hôtel Excelsior. Se mettant soudain à avancer, la lieutenant-colonel poussa seule les portes en verre de impressionnant bâtiment. L'intérieur de l'hôtel, comme la plupart des autres établissements de ce genre sur l'île, était si luxueux que c'en était presque indécent. Un faste pareil était de mauvais goût pour une femme comme Ambrosias aux origines si modestes. L'air dur, elle continua de marche d'un pas assuré sur le tapis rouge drapé de fils d'or. À l’accueil, un homme en costume bien apprêté lui offrit un large sourire


« Mademoiselle, bienvenue à l'hôtel Excelsior. Je suis au regret de vous annoncer que toutes nos chambres sont malheureusement déjà prises. »


S'arrêtant finalement au niveau du comptoir, la militaire posa ses bras devant elle. Pas moins de huit gardes bâtis comme des armoires à glace et bien armés gardaient l’œil sur elle.


« Vraiment ? Oh non, quel dommage. Je me faisais une joie de passer la nuit ici. Un bon ami à moi m'en a dit beaucoup de bien.

- Croyez bien que je suis profondément navré de vous décevoir. Si je le pouvais, je vous laisserai profiter de notre magnifique établissement, soyez-en certaine.

- Bien sûr, oui, je comprends. Puis-je vous poser une question ?

- Bien entendu, je serai ravi de vous aider.

- Shiro est-il déjà arrivé ? »



L'homme ouvrit la bouche avant de rester interdit. Ambrosias sut qu'elle avait fait mouche quand les gardes commencèrent à avancer dans sa direction. Visiblement inquiet, l'employé s'écarta de quelques pas pendant que les autres s'approchaient pour finalement encercler la jeune femme blonde. Sûrs de leur force et persuadés qu'ils avaient l'avantage du nombre, les gardes semblaient décidés mais pas spécialement agressifs. L'un d'eux ordonna à Ambrosias de les suivre, ce qu'elle refusa. La chose fit naturellement dégénérer la situation. Tournant sur elle-même, la militaire voltigea en envoyant des nœuds de corde dans le visage de ses adversaires. Pris par surprise, les gardes furent envoyés au sol. Alors qu'il se relevaient, Ambrosias se rua sur eux pour les mettre rapidement hors de contrôle avant qu'ils n'aient le temps de donner l'alerte. Une fois mis hors de combat, elle les attacha ensemble et s'approcha de l'homme qui sa cachait derrière le comptoir.


« Où se trouve Shiro ?

- Dans le salon Premium, notre salle des fêtes, au rez-de-chaussée, quelques couloirs plus loin en tournant sur la droite après le grand escalier.

- Très bien, restez-là.

- Je n'y suis pour rien, je vous le jure, on a pas eu le choix.

- Nous verrons ça plus tard, ne bougez pas. »



Laissant l'homme derrière elle, la capitaine du Béluga suivit ses indications et ne tarda pas à tomber sur une grande porte portant le nom indiqué. Dégainant son meitou, elle se rua à l'intérieur et tomba nez à nez avec une véritable petite assemblée. Une centaine d'hommes au minimum étaient réunis dans cette grande salle plus luxueuse encore que le reste de l'hôtel. D'un coup d’œil, Ambrosias se rendit compte qu'une grande quantité d’œuvres d'arts étaient présentes. Dans d'autres circonstances, la situation aurait pu faire penser à une vente aux enchères. Sur tous les hommes présents, la plupart semblaient être les sbires d'une petite minorité d'hommes en costume. L'un des notables attira de suite l'attention de la militaire qui ne tarda pas à le reconnaître. Shiro, l'homme qui correspondait à la description du criminel n'était en fait nul autre que la capitaine pirate Kobayashi Makoto. Fronçant les sourcils, la militaire grimaça en le voyant, lui qu'elle pensait encore enfermé à Tequila Wolf.


« Vous ? Quelle drôle de surprise.

- Attendez, qu'est-ce que c'est que cette mascarade Shiro, vous la connaissez ?

- Oui.

- Espèce de sale traître, vous nous avez vendu c'est ça ?

- Pas le moins du monde, j'ignore ce qu'elle fait ici. D'ailleurs, voudriez-vous bien nous l'expliquer lieutenant Ambrosias ?

- Lieutenant-colonel.

- Une bien belle promotion.

- Vous avez amené la marine ici bon sang !

- Puisque je vous dis que je n'y suis pour rien.

- Alors occupez vous d'elle tout de suite.

- Je n'ai pas d'ordres à recevoir de votre part.

- Ah vous croyez ? Et qui d'autre va vous acheter ces œuvres volées à si bon prix ?

- Qui sait ? Je trouverai bien.

- Tsss, minable petit pirate. Qu'importe, les gars, occupez vous-d'elle ! »



La plupart des hommes de main étant visiblement sous les ordres du chef des types en costume, la militaire se retrouva bien vite face à beaucoup trop de monde pour elle. Une fois encore, les adverses l'encerclèrent. Toutes armes dégainées, ils étaient sur le point de se jeter sur Ambrosias quand les hommes du Béluga les prirent par surprise. Déboulant de plusieurs points d'accès en même temps, ils refermèrent sur les larbins le piège qu'ils comptaient réserver à la vétérinaire. Les coups de feu commencèrent à pleuvoir et les lames s'entrechoquèrent. Le sang coulait à flot et les cadavres ne mirent pas longtemps à s'empiler sur le sol. Voyant que la situation était particulièrement périlleuse, Shiro jeta également ses hommes dans la bataille. Son katana à la main, il croisa pour la première fois le fer avec Ambrosias et s'arrêta près d'elle.


« La dernière fois, Coeur d'Acier était entre mes mains.

- N'espère pas remettre la main dessus.

- Ce serait pourtant une bien belle compensation. »



Coupant court à la discussion, la lieutenant-colonel se jeta sur le pirate. Elle remarqua rapidement qu'il était plus puissant que lors de leur dernière rencontre. Si elle-même n'était plus la même femme, force était de constater qu'il avait toujours le dessus en terme de combat à l'épée. Voyant ses limites, Ambrosias décida de se servir du rokushiki pour prendre le dessus. D'expérience, elle savait que ses cordes ne lui seraient d'aucune aide face à ce pirate maniant les flammes. Tant bien que mal, elle tentait de prendre le dessus. Même si elle parvint à l’égratigner à plusieurs reprises, il le rata pas lui non plus. Après quelques minutes, le calme commença à revenir dans la grande salle. Constatant que tout le monde ou presque avait été mis hors d'état de nuire pendant qu'il affrontait la militaire, Shiro sembla manquer de confiance.


« J'ai une douloureuse impression de déja-vu.

- En effet. Rendez-vous.

- Les prisons du gouvernement sont confortables, soyez-en sûre, mais je vais plutôt vous fausser compagnie.

- Vous êtes seul à présent, c'est fini, acceptez votre défaite.

- Jamais. »



Se servant d'une lame d'air, le pirate fit tomber un immense lustre en verre sur Ambrosias pour la faire reculer. Profitant de diversion, il se tailla un chemin vers la sortie en mettant plusieurs officiers du Béluga au tapis. Refusant de le laisser fuir si facilement, la jeune femme se jeta à sa poursuite. Dans les couloirs de l'hôtel, les deux adversaires croisaient le fer en laissant derrière eux de larges traces sur les murs. Par moments, ils s'envoyaient des meubles l'un sur l'autre sans pour autant cesser d'avancer. Hargneuse, Ambrosias ne voulait rien lui laisser passer et s'accrochait comme une belle diablesse. Se servant du soru, elle parvint à trouver une faille et blessa plus sérieusement son adversaire qui laissa tomber son katana. Absolument pas en reste, il offrit un coup de boule à la militaire avant de l'envoyer au sol d'un coup de pied enflammé horizontal.


« On s'arrête là ?

- Hors de question !

- J'en étais sûr... »



Au lieu de fuir une fois encore, Shiro fonça vers son adversaire pour l'attaquer au corps-corps. Même s'il était doué dans ce domaine, Ambrosias était loin d'être en reste. De servant du shigan elle planta son doigt dans le torse du pirate mais manqua son poumon de peu. Grognant de douleur, l'homme lui mit un uppercut et profita qu'elle soit désorientée pour lui arracher son meitou des mains. Bondissant en arrière, il envoya une lame d'air au plafond pour faire s'écrouler des débris entre eux. Une grosse pierre heurta le crâne de la militaire et manqua de lui faire perdre connaissance. Coeur d'Acier à la main, le pirate commença à s'enfuir. Bloquée par les gravas, la vétérinaire fut seulement capable de tendre le bras pour envoyer une corde attraper le meitou et le faire revenir vers elle. Dépossédé du fruit de son larcin, Shiro marqua une pause et offrit un large sourire à la militaire avant de s'enfuir en sautant par une fenêtre. Quand Ambrosias parvint finalement à passer le débris, l'homme était déjà loin et elle ne le voyait plus. Hurlant de de colère, elle frappa si fort le mur à sa gauche qu'elle s'en brisa presque quelques doigts. Bien que cela ne lui plaise pas, elle fut contraindre de se rendre à l'évidence: cette fois, c'était une égalité. Fort heureusement, les hommes du Béluga avaient mis la main sur un important stock de marchandises volées et l'organisation de Shiro n'était plus. Cependant, le fait qu'il court encore voulait simplement dire qu'il ne sévirait juste plus sur cette île, pas qu'il était mis hors d'état de nuire.



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∆ Feat. Béluga's Crew ∆


Suite à l'attaque de l'hôtel Excelsior, le Colonel Pancho Shima fut bien obligé d'agir. Mettant rapidement ses hommes sur le coup, il s'occupa de finaliser l'arrestation des divers criminels sur place après avoir bien pris le temps de vérifier l'identité de tous les hommes du Béluga impliqués. Visiblement très agacé, l'officier supérieur avait ordonné à Ambrosias de venir le voir le lendemain matin avant de partir en grommelant dans sa barbe. Le fait qu'il mette si vite la main sur tous les prisonniers n'était pas très bon signe. La vétérinaire estimait qu'il souhait ainsi pouvoir au mieux étouffer l'affaire. Après avoir quitté les hauteurs de la ville et être retourné sur son bâtiment, la militaire avait fait son compte-rendu au Commodore Epinondas. S'il se réjouissait de la fermeture de ce petit marché noir, il ne se priva cependant pas de passer un savon à sa seconde pour avoir laissé partir son dirigeant. La tête basse bien qu'elle soit à distance, Ambrosias avait accepté les critiques sans chercher à se justifier une seconde. Elle était en effet bien consciente d'avoir échoué, elle avait déçu son chef et le savait. Pire encore, le fait qu'il s'agisse de cet odieux personnage qu'était le capitaine Kobayashi rendait les choses bien plus personnelles. Shiro l'avait battu en combat singulier sur Goa avant qu'elle n'ait finalement le dessus grâce au sergent-chef Paracchini. Le voir lui échapper si facilement laissait un horrible goût amer dans la bouche de la grande brûlée. Elle se jura intérieurement de ne pas le laisser fuir la prochaine fois. S'ils se revoyaient, elle le tuerait. Après avoir longuement ruminé la situation, la militaire était allée voir le docteur Loréada pour être soignée.


Quand le jour suivant arriva, Ambrosias avait le corps tout endolori et souffrait d'un sérieux mal de tête. Chose assez rare pour être notée, elle se refusa à fumer et contenta de se rendre d'un pas assuré vers le QG local. Le Colonel la fit attendre presque deux heures sous le regard inquisiteur de Betty, sa secrétaire toute de mauve vêtue. Quand finalement il daigna lui accorder de son temps, il la fit entrer dans son bureau en posant sur elle un regard froid. Il avait l'air ostensiblement énervé, même s'il se contenait un minimum. Face à lui, un dossier était ouvert duquel sortaient de nombreuses pages.



« Vous...

- Colonel, vous souhaitiez me voir ?

- Oui, fermez la porte !

- À vos ordres. »



Obéissante, la militaire tourna la poignée avant d'approcher du meuble en bois derrière lequel Pancho Shima était assis. S'il en avait eu le droit, il y aurait eu fort à parier qu'il lui aurait craché au visage.


« Je vous avais dit qu'il n'y avait rien à trouver et vous avez malgré tout causé du grabuge dans un hôtel de renom.

- Sauf votre respect, Colonel, il n'y avait pas rien à trouver.

- Certes, certes. Vous avez eu de la chance, voilà tout, rien de plus.

- Peut-être. Heureusement que j'ai insisté.

- Ne prenez pas ce petit ton avec moi. Je sais très bien ce que vous pensez.

- Colonel ?

- Mes hommes ont mené leur enquête pour comprendre ce qui s'était passé. Le Lieutenant Brenner, un jeune officier que je pensais intègre s'est laissé corrompre. Il a accepté des pots de vin de la part des hommes de Shiro.

- Je vois.

- Il a de suite été mis aux arrêts et je vais m'occuper personnellement de son cas.

- Ravie de l'apprendre. Et les acheteurs ?

- De riches mafieux venus de l'étranger. Brenner avait facilité leur entrée sur Kikai no Shima.

- Bien sûr.

- Comme vous n'avez plus rien à faire ici, je pense que vous ne verrez pas d'objection à l'idée de quitter mon île dans la journée.

- Avec grand plaisir. Au revoir Colonel. »



Bien que cela lui fit terriblement mal, la militaire salua son supérieur hiérarchique avant de quitter la pièce. Il était évident que cet enfoiré de pourri avait tout orchestré. Elle le savait, elle en était sûre, mais elle n'avait rien pour le prouver. La parole de quelques délinquants ne vaudrait rien et ils étaient de toute façon déjà entre les mains sur Colonel. Force était de constater qu'une fois encore il avait gagné. Pour seule et unique faible consolation, Ambrosias fit à Saint-Just un rapport détaillé des opérations avant de lui remettre John Kean qui se trouvait encore dans ses geôles. Peut-être que cela l'aiderait dans sa lutte contre la corruption sur Kikai no Shima, mais elle n'en était absolument pas convaincue. Accompagnée par une escouade de marins du QG, la vétérinaire fut escortée jusqu'au port puis à la coupée de son bâtiment. Sans perdre beaucoup de temps, elle donna ses consignes pour le poste de manœuvre qu'elle décida de prévoir une heure plus tard. Cette île était véritablement pourrie, un palais de corruption indigne du Gouvernement Mondial et elle ne comprenait pas qu'un homme comme Pancho Shima soit toujours à son poste. Profondément dégoûtée par cette injustice, elle trouva finalement la force de s'allumer un cigare. Quand le Béluga quitta la baie de l'île, elle regarda la terre s'éloigner en espérant ne plus jamais avoir à revenir ici.



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