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« Celui qui attend que tout danger soit écarté, ne prendra jamais la mer. »

Il faisait chaud, d'une chaleur à se faire bouillir un œuf sur le crâne. Olek était desséché, semblable à un lézard cramé au milieu du désert, alors qu'il était entouré de milliards de tonnes d'eau, quelle ironie du sort. Le jeune homme, pirate en herbe, allait mourir de soif et se transformer en morceau de viande séchée pour les monstres marins qui l'entouraient. Allongé de tout son long sur sa petite barque, il luttait pour ne pas laisser un bout de pied ou une main toucher l'eau, la mer était infestée d'ailerons plus ou moins gros qui lui tournaient autour depuis quelques jours. Ces bestioles devaient sentir que leur steak était bientôt cuit à point.

Olek avait eu d'autres plans que celui de finir en nourriture à requins, mais ça c'était avant, à présent, le seul choix qu'il avait été de choisir comment clasmer. Il y réfléchissait depuis quelque temps maintenant et il n'avait toujours aucune idée de ce qui serait le plus douloureux, entre se faire bouffer vivant ou de crever de soif à petit feu. Rien de très glorieux, le truc c'était que la douleur ne lui faisait pas vraiment peur, ce qui l'inquiétait c'était de mourir sans n'avoir encore rien accompli. Personne ne l'avait préparé à la dure réalité de la vie en mer, que ce soit Red ou son père et toutes leurs histoires incroyables, leçons de morales ou autres conseils, à aucun moment il n'avait été question d'apprendre à naviguer et des potentiels dangers de voyager seul. Pour leur défense, Olek se dit qu'aucun des deux ne se serait douté qu'il était assez con pour partir à l'assaut de South Blue sur une barque de pêche.

Cela faisait donc des jours qu'il flottait au rythme des vagues et courants, incapable de faire autre chose que de se regarder dépérir. Ses dernières rations avaient été volées par des mouettes lors de sa sieste quotidienne la veille, sa pagaye avait fini par éclater en mille morceaux contre le museau d'un monstre aquatique et sa gourde d'eau avait été percée par une nuée de poissons volants au crâne aussi pointu qu'une aiguille. Rien n'allait et son idée de mourir sous les projecteurs, acclamé et hué par une foule s'étendant jusqu'à l'horizon, ne serait qu'un autre doux rêve partant en fumée.

En parlant de fumée, il en vit une au loin, sortant d'une sorte de mât d'un navire de croisière. Il crut d'abord à un nouveau mirage, son esprit lui jouait des tours depuis quelques heures, mais au fur et à mesure que l'embarcation s'approchait, il pouvait entendre le bruit des vagues qu'elle tranchait et les acclamations des gens à bords. Il était sauvé ! Enfin la chance lui souriait ! Il se redressa du mieux qu'il put, manquant de peu de tomber à la flotte à cause de ses jambes faiblardes. Le jeune homme s'apprêta à appeler à l'aide lorsqu'il se rappela qui il était et ce pour quoi il avait quitté l'Amerzone. Il prit une position un peu plus menaçante, les deux poings dans les airs et les cheveux au vent, avant de hurler à plein poumon en usant de ses dernières forces.

- RENDEZ-VOUS ! À L'ABORDAGE !

Les passagers du bateau venus voir de quoi il s'agissait, penchèrent curieux leur tête par-dessus la rambarde. Ils n'entendirent qu'un ensemble de sons discordants incompréhensibles, qu'ils prirent pour un "sauvez-moi", avant de voir le naufragé s'écrouler de fatigue, inconscient. Des hoquets de surprise, quelques cris de détresse empathiques et un soufflement résigné de la part du capitaine.

- Récupérez-moi ce troufion ! Qu'on lui donne à boire et à manger !

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Pourquoi suis-je si pauvre... ?

J'ai réussi à obtenir une place sur ce navire de transport de marchandises en direction de Suna Land. Une île qui semble tout à fait paradisiaque à ce qu'on dit et surtout, un endroit dont on m'a assurée que je trouverai des navires allant sur Grand Line. L'endroit parfait pour enfin avancer dans ma quête de mes origines ! Aussi, j'ai vraiment insisté pour pouvoir monter à bord de ce navire qui était... Hors de mes moyens. Ahlala, je savais que je n'aurais pas dû céder au rôti de bœuf mijoté après ma victoire au concours mini tournois de l'île du karaté mais... Il fallait bien que je fête cela comme il se doit non ?

Mais maintenant, j'en paye les conséquences... Obligée de nettoyer ce maudit pont de navire pour avoir ma place à bord. Non mais est ce que j'ai vraiment une tête d'agent de surface ?! Même chez mes parents je rangeais jamais ma chambre ! Et là, je me retrouve à devoir nettoyer ce maudit pont... Naze ! Vie pourrie !
Heureusement, Suna Land ne devrait plus être loin non ?
... Non ?

Me sortant de mes pensées rageuses, j'entends alors un homme crier au loin en même temps que tout le monde. Et comme tout le reste de l'équipage, je stoppe immédiatement mes activités, trop contente d'avoir une excuse pour abandonner la serpillère et me jeter sur le garde corps pour repérer la barque perdue au milieu de la mer. Elle est encore loin, très loin pour que nous puissions lui jeter un bout. Et même là, il faudra tout de même que quelqu'un se jette à l'eau pour aller le remorquer puisque l'homme dans la barque bien de s'évanouir lamentablement.

Forcément, autour de moi, l'un des hommes du navire est déjà en train d'enlever son veston pour se préparer à plonger tandis que d'autres récupèrent un bout pour l'aider à remonter le naufragé. Et dans ma tête, le calcul est vite fait... Je ne sais pas pour lui mais moi, je suis plutôt très douée en natation, tandis que passer la serpillère n'est pas tellement mon dada...

- Laissez ! Je m'occupe de le récupérer.
- Vous êtes sûre ?
- Je pratique la natation depuis mes cinq ans. Oui je suis sûre. Je ne serais pas longue.

Le lieutenant regarde alors le capitaine du navire qui hausse les épaules d'un air de dire qu'il en a absolument rien à faire tant qu'on ne perd pas plus de temps sur le chemin. Après tout, il a des délais de livraisons à respecter et ne supportera aucun retard.

- D'accord.

D'un rapide mouvement, je jette alors ma cape en arrière, dévoilant mes ailes d'anges que je cachais jusque-là et provoquant la surprise dans l'équipage, et, prenant le bout en main, je plonge à la mer en gardant mes épées et ma dague à la ceinture. Et ce n'est qu'en arrivant à quelques mètres de la barque que je remarque soudainement que je ne suis pas seule dans l'eau...

- Oh bordel.

L'espace d'un instant, mon cœur s'emballe alors que des ailerons commencent à me tourner autour. Et bien que le souvenir du monstre marin ayant mangé le navire de mon fiancé me reviennent en tête assez pour me rendre blême, je secoue rapidement la tête en reprenant mes esprits et me rendant compte rapidement que ce ne sont là que de simples requins.
De simples requins...

Si je veux réellement pouvoir être capable de traverser les mers à la seule force de mes bras, ce ne sont pas trois requins affamés qui vont m'arrêter ! Du moins, c'est ce que je me dis en attrapant la garde d'une de mes épées et en la dégainant tout en déglutissant difficilement, faisant de mon mieux pour reprendre mes esprits. De toute façon, vu la situation dans laquelle je suis, c'est eux où moi...

Alors battant lentement des jambes pour me maintenir la tête hors de l'eau, je reste à l'affût, attendant qu'un des prédateurs se décide à attaquer. Là ! En voilà un qui arrive à droite ! Rapidement je lui plante ma lame dans la tête avant de me tourner vers un autre et de lui trancher le museau. Le premier mort et le deuxième blessé, j'ai enfin une ouverture pour nager le plus vite possible jusqu'à la barque et grimper dedans en faisant totalement fit de l'homme évanoui à l'intérieur dont la stature immense prend de toute manière toute la place !

Après lui avoir marché dessus et m'être trouvée une place à l'abri du dernier requin, je fais alors de grand signe au navire pour qu'il tire le bout que j'attache solidement à la barque avant d'enfin m'intéresser à l'homme inconscient.

- Hé ho. Vous êtes encore vivant ?

Manque de chance pour lui, je suis forgeronne, pas médecin. Alors la seule chose que je trouve à faire c'est lui enfoncer mon doigt dans son bras pour le faire réagir... Cela dit, vu que je lui ai marché dessus en l'inondant d'eau de mer, il est peut-être déjà réveillé, non ? Ou en tout cas, il devrait...


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Quelque chose le dérangeait, une sensation de piqure pas très agréable, qui le sortit de sa torpeur et le ramena du royaume des morts. Il ouvrit les yeux tout doucement dans un râle d'agonie, une lumière vive les lui fit plisser, celle du soleil pensa-t-il, mais la vision qui occupa son champ fut bien différente. Une femme était au-dessus de lui et le regardait, son visage était angélique, presque divin, dans son dos se dressait une paire de petites ailes blanches, qui même mouillées gardaient toute leur splendeur. Olek n'en croyait pas ses yeux, cela voulait-il dire qu'il était bel et bien mort ? Qu'il était au paradis ? Il n'y croyait pas trop, tout le monde sauf lui. Puis il se rappela d'une histoire de son paternel, une vieille légende nordique à propos de divines guerrières ailées. Il fronça les sourcils, ce devait être ça, ça ne pouvait être que ça ! Le jeune pirate parvint à articuler quelques mots, tout en essayant d'attraper la cheville de la déesse qui s'esquiva, trop rapide. Un autre mirage ? Un rêve éveillé ?

- Vac.... Vache qui rit ? Non... Ce n’est pas ça... Val... Valkyrie ?! Es-tu seulement réelle ?!

Si ce n'était sa petite et fine carrure, Olek serait déjà tomber fol amoureux. Il n'avait jamais vu une femme aussi belle, chacun des traits de son visage se liait à la perfection, ses yeux pulsaient autant de vie que d'une force indomptable et même le soleil semblait sous ses ordres. À tel point que ses rayons venaient caresser sa chevelure et lui donner une teinte flamboyante quasi mystique. Pour sa défense, le pirate n'avait pas beaucoup de moyens de comparaisons, les quelques femmes qu'il avait rencontrées en Amerzone se rapprochaient plus de la guenon wendigo que de la dame. Il voulut lui poser une autre question, mais ne réussit qu'à bafouiller et se mordre la langue, il remercia ses coups de soleil qui cachaient son visage rouge de honte.

Au même moment, alors qu'ils étaient doucement remorqués et plus qu'à quelques mètres du navire, une explosion d'eau jaillit sous leurs pieds qui les propulsa dans les airs, la petite embarcation explosa en morceau. Après un vol plané qui sembla durer une éternité, Olek atterrit tête la première dans les planches du pont qui éclatèrent sous l'impact. Autour de lui, les voyageurs hurlèrent et coururent en tout sens alors qu'un bruit effroyable se faisait entendre sur plusieurs kilomètres à la ronde. Un rugissement de bête sauvage tout droit sortie des enfers. Devant eux, un monstre des mers venait de surgir des profondeurs, attiré par le sang des requins morts ou blessés, il était bien décidé à s'éclater la panse avec ce petit buffet de bipèdes affolés.

Le pirate parvint enfin à extirper sa tête du pont et chercha immédiatement du regard sa bienfaitrice. Où était-elle ? Avait-elle seulement survécu ?
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- Évidemment que je suis réelle ! Sinon je ne serais certainement pas trempée et puant le sang du requin ! Beurk, quelle horreur !

Ahlala, finalement j'aurai peut-être dû rester à ma serpillière moi. Parce qu'entre nettoyer le pont d'un navire et sentir le poisson pourri alors même que je ne mange pas de poisson tant je ne supporte pas son odeur, je préfère encore jouer les femmes de ménages ! Heureusement, on sera bientôt de retour à bord, et j'irai prendre une bonne douche au frais de ce navire de transport pour mon acte de bravoure.

N'est ce pas ?
Hein ?
Non ?

Alors même qu'on est encore à une bonne dizaine de mètres de notre navire, notre barque se soulève hors de l'eau avant d'exploser en vol dans les mâchoires d'un monstre marin de je ne sais combien de mètres. Un putain de monstre marin ! UN PUTAIN DE MONSTRE MARIN QUI VA NOUS BOUFFER !
Prise d'une peur panique, mon corps se fige alors que dans ma tête les souvenirs de la mort de mon fiancée me reviennent en tête. Il était là bas, au loin, sur ce navire partant tout juste de Scarlet Town, et moi, seule sur la plage, je pleurais son départ en espérant qu'il reviendrait vite. Mais là, à l'horizon, le monstre est sorti de l'eau, a détruit le navire et... il n'y eut aucun survivant. Impuissante, j'ai assisté à la scène depuis la plage, hurlant toute ma peur, ma colère, ma tristesse à la mer et à ces dizaines de kilomètres qui me séparaient de mon amour et de son monstrueux assassin...
Et aujourd'hui, c'est moi qui vais mourir.

Pétrifiée, je vole dans les airs sans même m'en rendre compte, trop tétanisée par ces souvenirs et cette peur qui me hante. Et si mon camarade de barque à demi géant a atterri par chance sur le pont du navire, moi j'ai volé à l'exact opposé de celui-ci. Et ce n'est qu'une fois en train de couler au fond de l'océan que mes poumons me rappellent alors à la réalité. Dans un réflexe venu d'années de pratique, mon corps s'agite seul et me fait rapidement revenir à la surface.

L'inspiration de l'air frais encore imprégné de l'odeur du cadavre de requin flottant pas loin de moi me fait soudainement reprendre totalement mes esprits tandis que le monstre se tourne vers moi, sortant de plusieurs mètres de l'eau et me souriant en se léchant les babines.

Et là, le seul réflexe de survie qui me vient alors...

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHH !

Un cri perçant, strident et surtout reconnaissable entre mille : le cri d'une demoiselle en détresse. Parce que oui, à cet instant précis, finie l'héroïque et courageuse jeune femme qui va affronter le danger sabre en main et courage au ventre ! Non, à cet instant, je suis une demoiselle, et je suis carrément en détresse !

Et avec tout mon courage, je me détourne de la créature et je pars à la nage dans la direction opposée !


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Le monstre marin semblait tout droit sorti du plus profond des enfers et était si hideux qu'Olek sentit la bile de son estomac lui brûler la gorge. C'était à se demander où et comment ces immondices se reproduisaient et quels genres d'autres bestioles se cachaient au fin fond de l'eau. Le pirate était intimement persuadé que ce monstre n'était pas l'apex prédateur de cette mer et que des créatures bien plus féroces habitaient ses profondeurs. Il était cependant inutile de rêvasser sur l'étendue des mystères des mers, surtout dans la situation actuelle.

Un hurlement de donzelle paniquée lui apprit où son héroïne se trouvait. Complètement folle, elle détalait à la nage et à contre-courant vers l'infini et l'au-delà. Malheureusement ou heureusement, elle n'allait pas très vite et la maudite bête la prit pour cible. Quelle idée de crier comme ça aussi ? La meilleure des choses à faire dans ce genre de rencontre était de se faire tout petit et espérer passer inaperçu pendant que d'autres se faisaient bouffer.

Olek, voyant l'attitude paniquée et névrosée de la valkyrie, fut pris d'une soudaine empathie, ou de pitié, le jeune homme ne comprenait pas vraiment la différence tant il s'agissait d'un sentiment méconnu chez lui. L'important était qu'il se sentait pousser des ailes, sans mauvais jeu de mots et qu'il comptait régler son compte au monstre marin. Le pirate n'aimait pas non plus avoir de dettes et la sauver égaliserait le score. Le seul hic était sa faiblesse extrême, il n'atteindrait jamais la jeune femme avant le monstre, même s'il était l'un des nageurs les plus rapides de toute l'Amerzone. Il dut prendre une décision, in extremis et sans réfléchir, comme à son habitude vous me direz.

Il se saisit de la première chose qu'il trouva sous la main et la balança aussi fort que possible sur le monstre marin. Le projectile, ironiquement, s'avéra être nul autre que le capitaine du bateau, qui quelques secondes auparavant hurlait et poussait ses passagers à la flotte, jouant la technique bien connue, mais méprisable du "sacrifice humain" pour sauver sa peau et son navire.

Le malheureux et vicieux petit bonhomme percuta l'arrière du crâne de la créature qui stoppa net sa poursuite. Elle se retourna et baissa ses gros yeux globuleux vers ce qui, à ses yeux, n'était qu'une mouche bruyante. Sa langue jaillit plus rapide que l'éclair, s'enroulant autour de sa proie terrifiée et disparut dans les abysses d'une bouche aux dents d'acier. À bord du navire, tous venaient de voir avec horreur ce qu'Olek avait fait et la panique fut complète, les gens hurlèrent autant pour s'éloigner du pirate que de peur face à la bestiole et ne savaient où donner de la tête. Sans capitaine pour les guider, le bateau n'irait nulle part, leur fin à tous était proche.

Le colosse haussa les épaules et examina les mouvements de la créature, en chasseur hors pair, il savait qu'elle n'avait plus qu'une chose en tête. À l'observer de plus près, l'on pouvait s'apercevoir qu'elle mourrait de faim, ses écailles étaient ternes et ses cotes visibles, sa respiration était saccadée et sifflante. Sa faible force physique l'avait poussé à prendre un risque et tenter le tout pour le tout, suivre la piste des requins avait été un pari gagnant. Olek comprit qu'il venait d'offrir à la créature un regain d'énergie qui causerait probablement leur perte à tous, mais au moins elle venait de changer de cible, il avait réussi. Entre une petite mouche tout affolée d'un côté et un buffet entier de l'autre, son choix fut vite fait. La bête fusa sur le navire dans un cri strident à vous en exploser les tympans.

Le pirate espéra qu'ainsi la petite ange aurait le temps de fuir suffisamment loin, de son côté, il comptait vendre chèrement sa peau et si la chance lui souriait, il tenterait même de bouffer vivante cette bestiole. 
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Fuir fuir.

Nager plus vite, plus loin. Toujours, encore.

Fuir pour vivre, survivre.

Inspire, ne penser à rien. Juste nager, avancer, encore toujours, droit devant, ciblant l'horizon vide.

Encore, encore. Toujours plus vite, toujours plus loin, sans se retourner.

Un deux. Ne pense pas Izya. Fonce juste. Fonce ou tu es morte ! Allez bordel ! Allez, plus vite ! Et arrête de pleurer bordel ! Inspire, expire.

Inspire.

Nage.

Expire.

...

Une ombre. Il y a une nouvelle ombre ! Là ! Juste devant moi ! Non ! Pourquoi ?! Un autre ?! Un autre monstre marin ?! Mais pourquoi ?! Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ?! Pourquoi ici ?! Pourquoi dans ces eaux !

Je m'arrête, la panique me fige encore tandis que mes yeux ne cessent de se vider de leur eau. Cette fois c'est terminé. Devant moi la silhouette serpentine brise la surface et m'asperge d'eau en se dressant droit hors de la mer. Sa tête ? Oh... Sa tête... Deux fois plus grosse que celle de l'autre. Et son corps ? Vert, long, très long, trop long. Je ferme les yeux, s'en est fini.

Tout est fini.

Là, flottant à la surface de la mer, j'attends ma dernière heure, espérant seulement que ce soit bref et sans douleur. Je veux juste qu'il me transperce de ses dents et que je m'éteigne.

Oh Léo. Mon tendre et doux Léo qui est mort quatre ans plus tôt par les crocs d'un même monstre... Finalement, nous allons enfin être réuni. C'est peut être pas si mal ? J'espère que tu ne m'en voudras pas... J'ai tout raté. Je n'aurai pas su réalisé nos rêves.
Je suis morte bien trop faible.

Je suis...

La luminosité au travers de mes paupières s'intensifie tandis que des grosses gouttes m'aspergent et qu'un hurlement sourd retenti dans mon dos.

Je suis vivante ? Encore ?

J'ose alors ouvrir les yeux. Et devant moi seul le soleil et la mer sont visible tandis que les vagues me ballotent férocement. D'un mouvement vif de la tête, je me retourne et tandis qu'une vague me porte à son sommet, je vois alors la queue du monstre gigantesque s'enfoncer dans l'eau là où l'instant d'avant le plus petit se tenait.

Que s'est-il passé exactement ?

Que faire maintenant ?

Je tourne rapidement la tête dans toutes les directions, analysant rapidement mon environnement. Pas de monstre. Plus de monstre. Il n'y a que moi, des gens à la mer et rien d'autre à l'horizon que le navire pour nous secourir.

C'est ma chance ! Peut être la seule que j'aurai !

Alors comme tous ceux qui sont encore en vie et dans l'eau, je nage comme une folle vers ce navire.

Qui sait, peut être que je vais survivre finalement ?


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Le bateau, guidé par les hurlements inutiles d'Olek aux commandes et les mains habiles des marins, se rapprochait d'Izya et du monstre, hors de question de la laisser mourir. Le problème était que la donzelle nageait drôlement vite et que malgré les tentatives du pirate à déconcentrer la bestiole, celle-ci semblait obnubilée par l'idée de se faire un cascroute d'ange, ou de mouche si l'on respectait les proportions et inversait leur beauté. Heureusement pour tout le monde, la jeune femme finit par s'arrêter, probablement pour reprendre son souffle. Ces quelques secondes furent suffisantes pour que le navire se rapproche et qu'Olek puisse voir à son tour une ombre gigantesque surgir des profondeurs.

- Et merde...

Les cris reprirent de plus belle sur le pont, ça courait en tout sens sans trop savoir ou se mettre, le pirate s'amusa à balancer deux ou trois croche-pieds aux minables qui passaient trop prêt de lui. Se foutre de la gueule d'autrui avait tendance à le calmer, à lui redonner les idées clairs, et dieu sait qu'il en avait besoin à ce moment. La nouvelle bestiole était immense, longiligne, sa tête de serpent atteignait presque les nuages et elle venait d'engloutir son congénère d'un coup de dents. Dans le même mouvement, elle replongeait dans les profondeurs, fouettant la surface de sa queue gigantesque. Un demi ras de marée recouvrit le bateau, emportant et noyant la moitié de ses occupants tandis qu'Olek s'accrochait au mat de toutes ses forces.

Le calme revint et avec lui l'espoir, les survivants dans l'eau et à bord crièrent leur joie, laissèrent tomber des litres de larmes et s'enlacèrent sans retenue. L'euphorie d'avoir survécu à une telle rencontre était à son paroxysme, sauf pour Olek qui était un brin déçu, sans trop savoir pourquoi, peut-être aurait-il voulu voir un véritable combat. Il lança à la mer une corde pour aider la jeune femme à remonter avant de se mettre en quête de quelque chose à grignoter. Il récupéra une couverture de survie qu'il tendit à l'ange traumatisée et se mit à macher bruyamment de la viande séchée et du pain rassis trouvés dans la cale.

Elle, se remettant de ses émotions, lui, boudant de moitié, tous deux observaient en silence les vagues et l'horizon. Le soleil était encore haut et là où n'importe quelle autre histoire se terminerait, la leur fut beaucoup moins chanceuse. De part et d'autre du navire, une gerbe d'eau explosa, devant eux se trouvait l'immense serpent des mers de tout à l'heure, sa bouche ouverte en un cri aigu et perçant laissait apparaitre ses crochets à venins brillants au soleil.

Derrière eux, lui faisant face et prenant en tenaille les humains, se dressait une monstruosité tout aussi effroyable. Une bête mi-crapaud, mi-poisson-chat, aussi large et grasse que l'ophidien était filiforme. Olek manqua d'exploser de rire, lui qui avait espéré un peu d'action était servi. À la surprise de tous, un son caverneux et vrombissant sortit de la bouche du monstre obèse, une promesse de grabuge explicite.

Ce à quoi le reptile répondit par un braillement inintelligible et un crachat venimeux dont les gouttes brulèrent la grande voile du navire en contrebas. Ils se jetèrent l'un sur l'autre dans un ballet mortel. Les choses sérieuses commençaient enfin et Olek était aux premières loges.
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Aaaah... Si j'étais forte...

Là, trempée et enroulée dans une couverture de survie luisant au soleil, je regarde l'horrible monstre sortir des flots aux côtés du serpent géant alors qu'à côté de moi, le géant semble cessé de bouder, comme subjugué par ce spectacle titanesque.

A ce moment là, si j'avais été forte, j'aurai très bien pu faire plusieurs choses censée comme désarrimé l'un des canons du pont dirigé vers la mer pour le tourner vers le duo de monstre et leur tirer dessus sans vergogne.
Ou encore, si j'avais été simplement raisonnable, j'aurai pu secouer tout ce petit monde pour les inciter à fuir les lieux, ravivant en eux l'espoir que nous allions tous être sauvée d'ici peu, que ce n'était qu'un simple mauvais moment et qu'il allait bientôt prendre fin.
A défaut d'être forte et raisonnable, j'aurai encore pu tenter de me cacher dans le bâtiment arrière, trouver un tonneau vide pour m'y glisser et me recroqueviller sur moi même en priant le destin de m'épargner, de m'offrir une chance d'accomplir mon rêve, de survivre à ces horreurs pour me laisser l'opportunité de devenir forte et d'être un jour capable de les vaincre...

Oui, j'aurai surement pu faire une de ces choses si seulement... Si seulement j'étais plus forte, ou plus raisonnable, ou plus optimiste...

Mais au lieu de ça, je suis là, le visage couvert de larmes au regard de ces deux monstres qui se battent. Je vois sans voir le serpent s'enrouler autour du corps du mastodonte. Je vois le mastodonte mordre férocement une des nageoires du serpent et la lui arracher, faisant gicler le sang sur nous tandis que les quelques marins hurlent et tentent vainement de nous faire nous enfuir de là alors même que la grande voile du navire n'existe plus.
Et toujours immobile, murmurant simplement un simple "Je... Je voulais juste..." que je répète en boucle sans arriver à finir ma phrase sous mon flot de larmes, je vois alors le serpent se faire sauvagement déchirer en trois morceaux dont le centre tombe finalement sur notre navire, le sectionnant en deux sous son poids et entrainant les derniers espoirs des matelots vers le fond tandis que le mastodonte aspire l'une puis l'autre partie du serpent dans sa gueule comme on mange des spaghettis.

- Je voulais juste...

Savoir d'où je viens. Moi, pauvre ange perdue dans un monde d'humain, je voulais simplement savoir qui sont mes parents, et pourquoi ils m'ont abandonnée si loin de mes semblables. Ça et nager. Nager loin, si loin que personne ne pourrait m'arrêter.

Mais finalement, je ne pourrais rien de tout cela.
Figée par la peur, je ne peux plus rien. Il ne me reste plus qu'à attendre de vivre mon destin.

Être mangée par un monstre marin.


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La voir pleurer retirait un peu du plaisir qu'il prenait devant un tel spectacle, ses yeux pétillaient d'excitation et de bonheur là où ceux de sa voisine se noyaient dans la peur et la tristesse. Lorsque la plus grosse des deux bestioles termina son repas dans un rot tonitruant, Olek cessa de sourire, fit craquer ses phalanges et roula ses épaules en guise d'échauffement. Il avait repris suffisamment de force pour essayer de se mesurer à la créature sans craindre une hypoglycémie. Le navire coulait, fracassé en deux, le duo se tenant à la proue était encore au sec, mais plus pour longtemps. Olek prit la jeune femme par les épaules et la secoua gentiment.

- Tu devrais t'en aller, aussi loin que possible.

Il lui montra les canots de sauvetage encore intacts alors qu'ils étaient pris d'assaut par les dizaines de survivants. Au même moment, la bestiole en envoya un en l'air à l'aide d'un coup de langue, ouvrit grand la bouche et l'avala d'une traite.

- ... ! Quoique tu nages déjà bien plus vite que ces radeaux flottants !

Il ricana de sa propre remarque dans l'objectif de détendre l'atmosphère, mais rien n'y fit, la jeune femme semblait éteinte, absente, résignée. Il tenta une dernière chose tandis que l'eau de mer venait caresser leurs chevilles.

- Une vie en vaut une autre, je ne sacrifie pas la mienne pour la tienne, je vais juste m'amuser un peu ! En attendant, nage jusqu'à l'épuisement, aussi loin que tu puisses et ne te retournes pas !

Le colosse, sans attendre de réponse, lui tourna le dos et se saisit du mât cassé qui flottait à côté. S'en servant comme d'une lance, il sauta dans les airs dans un hurlement de défi. Sa stratégie était simple : planter son bout de bois dans le bide de la créature. Malheureusement, celle-ci le vit venir de loin et l'accueillit d'une claque magistrale. In extremis, le pirate parvint à faire pivoter son arme de fortune dans les airs pour que la paume du monstre marin vienne percuter la pointe du mât.

Olek sentit le morceau de bois transpercer la peau fine de la main palmée et s'accrocha de toutes ses forces pour ne pas être propulsé à des lieux de là par la force de l'impact. Son seul avantage dans son combat était sa petite taille et sa rapidité, là où un humain normal était semblable à une mouche, le pirate était un bourdon, un insecte plus gros et plus dangereux dont il fallait se méfier. À la force des bras, tandis que la créature hurlait de douleur, il se propulsa jusqu'au visage immonde pour atterrir sur le nez qu'il commença à buriner sans relâche.

Le monstre marin, fou de colère, se servit de sa main valide et se l'envoya en pleine face. S'ensuivit un son tonitruant qui fit trembler la surface de la mer sur plusieurs centaines de mètres, la bestiole n'avait pas calculé sa force. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, son nez explosa dans des gerbes de sang et elle s'effondra sur le dos avant de commencer à couler doucement, assommée par son propre coup. Olek, lui, n'était pas dans un meilleur état, il n'avait pas réussi à esquiver à temps et avait pris également de plein fouet l'attaque.

Le corps fracassé, les os brisés, il flotta quelques secondes avant de commencer à sombrer à son tour.
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"Je vais juste m'amuser un peu"
"M'amuser un peu"
"M'amuser un peu"
"M'amuser un peu"
Mais quoi ?! Comment on est censé pouvoir "s'amuser un peu" alors qu'on fait face à la mort ?! Alors que tout espoir est perdu et que rien ne peut plus nous sauver ?!
...
C'est ça ! Puisque rien ne peut plus nous sauver, autant profiter de la vie une dernière fois !

- Héhé... Hahaha ! HAHAHAHAHAHAHAHA

Mes nerfs lâchent complètement tandis qu'un rire de dément sort de ma bouche jusqu'à ce que la bête m'interrompe dans un cri de rage bien plus puissant que mon rire, me faisant reprendre mes esprits. Si je dois mourir, autant le faire en essayant de réaliser mon rêve non ? De toute façon, qu'est ce que j'ai à perdre à cet instant où la mort est de toute façon déjà entrain de me tendre les bras ? Rien. Je suis déjà totalement foutue et aucun miracle me sauvera.

Mais si je dois mourir, autant le faire avec panache, une arme à la main.

Ma phobie irrationnelle des monstres marins soudainement désinhibée par ma mort certaine, je dégaine ma lame alors que l'autre fou atterri sur le nez du monstre et me jette au devant du danger, sautant sur le mat toujours enfoncé dans la paume palmée du géant marin, courant dessus comme si j'avais fait ça toute ma vie, et déchainant tout le tranchant de mes lames sur les doigts de la bête qui se crispent soudainement et frappe son visage dans l'espoir d'écraser le bourdon qui lui fracasse le nez tandis qu'un de ces yeux me lance un regard noir et rempli de haine... Puis se ferme sous son coup mal dosé avant de tomber à la renverse.

Sentant la gravité changer sous mes pieds, je rengaine ma lame avant de plonger à l'eau dans un réflexe instinctif de survie. Le courant provoqué par la coulée du monstre est fort, et l'espace d'un instant, je me rappelle ma résignation et me laisse couler avec lui, me disant que mourir noyer c'est finalement ce que je pourrais rêver de mieux...

Une minute s'écoule ainsi sans que la mort ne viennent me faucher. Et finalement quand j'ouvre les yeux, il n'y a plus aucun monstre autour de moi. Seulement le bleu infini de la mer, et un corps coulant doucement vers le fond, comme le mien.

Finalement, je ne vais peut être pas mourir ?

D'un rapide mouvement de bras, je me propulse vers la surface, attrapant au passage l'homme gigantesque qui semble plus proche de la mort que de la vie. Et en moins d'une minute, nous émergeons tous deux à la surface, où je peux enfin reprendre une profonde inspiration.

- Hé ? T'es mort ou pas ?

Pas de réponse... Et de ce que je m'y connais en médecine... difficile de juger de son état... Je jette alors un œil autour de nous, repérant des planches flottantes rescapées du navire détruit avant de le tirer dessus... Une tâche que j'ai largement sous estimée je dois dire et qui, je dois l'avouer, m'a fait douter sur le fait que cette étape n'était pas une perte de temps puisque si ça se trouve, le mec est mort. Enfin, au prix de gros effort, je réussis tout de même à le hisser dessus. Puis j'essaie de le réveiller de la même manière que la première fois que je l'ai vu, puis en lui mettant des petites claques avant de finalement soupirer et de me résoudre à lui faire le fameux bouche à bouche.

Et franchement, à ce moment là, je ne sais pas si je préfèrerai pas qu'il soit mort plutôt que vivant... Cela dit, j'avoue que si je me donne tout ce mal, c'est aussi parce que la perspective de me retrouver toute seule en mer si proche d'un nid de monstre ne me réjouis pas du tout...


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Le combat avait été aussi intense que court et le retour parmi les vivants fut rude et douloureux. Le supplice qu'il vécut alors qu'il chassait des litres d'eau de mer de ses poumons lui apprit qu'au moins la moitié de ses côtes étaient cassées. Il ricana bêtement devant ce piètre constat, ce qui déclencha un nouvel épisode de douleur qui dura plusieurs minutes.  Quelques grimaces plus tard, il tenta de bouger ses membres, un par un, puis la tête, tout fonctionnait, lentement et dans la souffrance, mais surement.

En cherchant à comprendre comment il pouvait être encore en vie, il croisa le regard de l'ange et comprit rapidement. Ils n'étaient plus que deux, à dériver sur un long morceau de bois à peine plus large qu'Olek et qui semblait soutenir son poids à l'encontre de toutes les lois de la physique. Le soleil disparaissait au loin et la lune était déjà bien visible, baignant les cieux et la surface de la mer d'un nuage pourpre à la quiétude éphémère. L'eau était calme, presque trop, d'une douceur improbable quand on connaissait les dangers mortels qu'elle renfermait.

Il tenta de se redresser, mais la douleur fut si vive qu'elle le cloua en sol, manquant par la même occasion de les faire chavirer. Les yeux de la jeune femme lui lancèrent des éclairs et il se permit un léger sourire penaud. Elle semblait aller mieux, mais n'avait clairement aucune envie de retourner fricoter avec ce qui se trouvait sous la surface. Le pirate en herbe ne pouvait que respecter son choix et décida d'entamer la discussion histoire d'en apprendre un peu plus sur cette valkyrie qui venait de le sauver pour la deuxième fois.

- Où as-tu appris à te battre comme ça ? C'était impressionnant pour quelqu'un d'aussi petit !

Un compliment qui pouvait être mal interprété, pour sa défense, le jeune colosse n'était pas très doué avec les mots. Il tenta une autre approche, peut-être encore plus maladroite et insultante.

- Tu crois que tu peux nous pêcher un truc avec tes cure-dents acérés ? Je meurs de faim !

La subtilité, ce n’était pas son truc, la politesse non plus, mais pour quel Amerzonien l'étaient-elles ? Le respect cependant était une de ses valeurs phares et pour le coup, elle l'avait amplement gagné.
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Non mais sérieux...

Pourquoi je lui ai sauvé la vie déjà ? Pour pas être seule ? Mais si au final à cause de son gabarit hors norme et ses manières de brutes on se retrouve à la flotte, j'aurai peut être du m'abstenir ! D'autant plus quand Môsieur se permet de me traiter de petite ! Pire encore ! D'insulter mes armes !

- Mes cures dents comme tu dis peuvent te transpercer le crâne n'importe quand si jamais je me rends compte que mes chances de survie sont meilleures sans toi qu'avec, alors respecte les !

Regard noir de mes yeux rouges, bout de ma lame soudainement posé sur sa tempe histoire d'ajouter un peu de pertinence à la menace. En temps que forgeronne, il est hors de question que je le laisse insulter mes bébés ! Non mais. Ceci étant dit, on est pas tellement en position de se chamailler pour des différences de langages, d'autant plus que lui et moi sommes totalement trempés et que le soleil tapant au dessus de nos têtes commencent lentement sa descente vers l'horizon... Dans quelques heures il fera nuit et ses chauds rayons ne seront plus là pour nous réchauffer...

Autant dire que si dans quelques heures on ne trouve pas une terre ferme ou un navire pour nous sauver, je sais pas pour lui mais moi je sais que je serais foutue vu que je ne supporte pas le froid...

Bref, même si monsieur a faim, le plus urgent actuellement semble surtout de s'éloigner de ce coin de mer qui doit se trouver bien trop proche de Calm Belt pour être sans danger... En moins d'une demi heure on a vu pas moins de trois monstres, ce n'est clairement pas normal, et je ne sais pas pour lui mais moi je n'ai pas envie d'en croiser un quatrième... Je commence à me dire que ce capitaine était vraiment un capitaine de pacotille ce qui explique pourquoi la place à bord m'a couté si peu... Enfin. C'est trop tard pour y réfléchir maintenant, il faut agir !

- Ton estomac va devoir attendre. D'autant que je ne mange pas de poisson alors je ne risque pas d'aller t'en chercher. Bref, on doit bouger...

Je lui lance un regard en biais, jaugeant son état... Vu qu'il a même pas été foutu de se relever, je me doute qu'il me sera d'aucune aide pour la suite des événements... Soufflant d'agacement, je me relève et scrute l'horizon. Le naufrage a laisser pas mal de tonneau et autres morceau de navire à la dérive, de quoi tenter de s'équiper un peu mieux qu'un simple morceau de coque comme celui que nous avons.

- Reste là.

Je plonge et nage alors vers les différents débris, récupérant d'abord une corde, puis des tonneaux que j'attache un à un avant de récupérer quelques planches et de revenir enfin vers le blessé vers qui je pousse les trois tonneaux.

- Tiens, regarde là dedans si c'est pas de la bouffe.

Puis, sans revenir à bord de notre radeau de fortune, j'attache la corde autour, pose les planches dessus et reprends :

- Dès que tu peux, aide moi en ramant avec ça.

Et l'instant d'après, j'attrape le bord du radeau et me met à le pousser, usant de la force de mes jambes pour le faire avancer... Espérons que ça suffise...


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Colérique la valkyrie, pensa-t-il, un caractère aussi trempé que ses vêtements et le fer de ses lames, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Il éclata d'un rire innocent en réponse, cristallin et presque charmant. La voir ainsi s'énerver éveilla même un certain désir au plus profond de lui, le jeune homme aimait jouer avec le feu, peut-être un peu trop. Son petit doigt lui murmura cependant que le brasier ardent qu'était ce bout de femme risquait de le consumer jusqu'à ce qu'il ne soit plus que poussière et il calma rapidement ses ardeurs.

C'était la première fois qu'une femme l'impressionnait et parvenait à l'intimider, si à ses yeux et selon ses critères amerzoniens la situation était plus que propice à un brin de romance, il était cependant hors de question de la draguer. Maladroit et inexpérimenté comme il l'était, il restait un adolescent de dix-huit ans qui n'avait jusqu'à maintenant fricoté qu'avec des femmes plus proches du wendigo que de l'humain. Mais surtout, il y avait quelque chose de beaucoup plus intéressant à cette personne que son physique et Olek, déjà bien lourdaud, ne voulait pas tout gâcher.

Tandis qu'elle revenait au radeau de fortune avec tout un bordel, Olek  ne put s'empêcher de se féliciter d'être servi par une telle femme aussi tôt dans son aventure, être pirate était vraiment la plus belle des vies et la meilleure décision qu'il ait jamais prise. Il décida cependant de rester silencieux, sa bouille pleine de suffisance et son sourire niaiseux en disaient suffisamment long sur ce qu'il pensait. Il ouvrit les tonneaux d'un coup de poing sur les couvercles et fut merveilleusement surpris d'y découvrir du vin dans un, de la bière dans l'autre et de la viande séchée dans le dernier. Il siffla le premier en quelques gorgées et s'empiffra la bouche de protéines, entre ses mastications sonores et un rot tonitruant, il parvint à articuler quelques mots.

- Sacrebleu ! T'es une championne qui porte chance ! Tu arrives avec un navire qui me sauve les miches, tu m'offres un spectacle de monstre-marins avec un magnifique combat, tu me resauves la vie et maintenant tu me sers un festin de roi ! T'es bonne à marier ma parole ! J'envie presque le chanceux que tu choisiras !

Il rigola de sa tirade sans se rendre compte qu'il venait peut-être de tirer sur une corde déjà bien trop tendue et abimée. La voyant silencieuse à charbonner ainsi dans l'eau, il arrêta de perdre plus de temps et s'installa sur les genoux, récupéra la plus longue des planches et s'en servit comme une pagaie. Entre les énergétiques battements de pieds de la jeune femme et ses puissants mouvements de bras, ils prirent une vitesse de croisière incroyable.

Même si le silence ne le dérangeait pas, il se sentit obligé de faire la conversation. Le pirate n'avait toujours pas oublié la détresse de la valkyrie quelques heures auparavant et souhaitait détendre l'atmosphère.

- Enfaite ! C'est quoi ton nom ? Moi c'est Olek, je suis chanteur à mes heures perdues si tu veux une petite mélodie le temps du trajet !

Évidemment, c'était complètement faux et même si sa voix était impressionnante, les seules chansons qu'il connaissait étaient des couplets paillards.
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Si moi je suis une championne qui porte chance, lui en revanche est un horrible poissard... Depuis que j'ai posé les yeux sur lui, tout part en vrille... Raah, si seulement on avait pas croiser sa maudite barque ! Mais le reste de sa phrase me coupe tout envie de lui répondre, préférant plutôt me murer dans un silence en faisant des bulles dans l'eau tout en continuant de pousser notre radeau de fortune tandis que l'ogre fini de se remplir la panse...

J'espère qu'il m'en aura laissé...

Enfin, heureusement il se met aussi au travail pour nous faire nous éloigner au maximum de la frontière avec Calm Belt qui devait être bien trop proche... Bon, maintenant il s'agit de trouver de la terre quelque part...

- Moi c'est Izya, forgeronne qui s'épanouie près d'un feu mais va surement mourir si on est encore trempé et au milieu de la mer en pleine nuit... Si tu veux chanter fais toi plaisir... à condition que tu continues de ramer et que tu gardes l'œil ouvert pour nous trouver une île rapidement...

Finalement, même si je suis globalement remise de mes émotions de l'attaque des monstres, la situation actuelle n'est clairement pas à mon avantage et le stress me ronge de l'intérieur... Et augmente à mesure que le temps passe et qu'aucune île ne se présente à nous... Mais je ne lâche rien, pas encore... Serrant les dents, je continue de battre des jambes de toutes mes forces pour nous tirer de cet enfer...

Un enfer.

Bordel, je me sens tellement loin de l'objectif que je me suis fixée. "Traverser les mers à la nage"... Si je ne suis même pas capable de survivre une nuit en mer, je fais comment moi ? Bordel, c'est une nouvelle difficulté qui se met sur le chemin de mon rêve... Non mais franchement Léo, qu'est ce qu'il nous a pris quand on s'est mis cette idée dans le crâne ! Et maintenant que tu es mort, je me retrouve toute seule avec le poids de notre rêve sur le dos...
L'abus.


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Izya, il se promit de se rappeler de son prénom. Pour lui faire honneur et leur faire passer le temps, il s'échauffa la voix quelques secondes avant de commencer à chanter. Le bruit de sa pagaie frappant l'eau donna le rythme à sa ballade salace.

Qu'elle était belle !
À planter sa pelle !
Son derrière ainsi penché !
Me pousse à pécher !
Non pas le poisson !
Ni même la boisson !
C'est l'heure de la moisson !
De son joli fi** !


Il ne termina pas le dernier mot, laissant à son auditrice le soin de le deviner et ne voulant pas paraitre plus vulgaire qu'il ne l'était. Stratégie des plus bancales, tout le monde on conviendrait, sauf peut-être lui. S'ensuivirent une petite pause théâtrale, une nouvelle décente d'alcool et un énorme molard à la mer avant qu'il ne recommence à pagayer encore plus vite et à gueuler :

Dans les champs et sur la terre !
Je la soulève comme une haltère !
Je l'amène sous ma hutte !
Pour une petite turl*** !


Le bonhomme était son propre public et n'avait pas besoin de grand-chose pour prendre du bon temps. Un peu simplet ? Probablement, mais comme un type intelligent et sophistiqué lui avait dit un jour: "heureux sont les simples d'esprit" ce qu'il avait traduit par "à quoi bon se morfondre sur ce qu'il ne pouvait pas contrôler" ou mieux encore,  "la réflexion mène à l'inaction". Des principes de vie un peu extrêmes qui lui avaient cependant plutôt bien servi jusqu'à maintenant.

Il explosa de rire, l'alcool commençant à lui monter à la tête et l'effort physique lui chauffant le sang. On était bien loin de la célèbre chanson de Brook, Binks no sake, mais c'était sans grande surprise venant d'un type comme Olek et en accord avec ses origines barbares. Il s'agissait probablement d'une torture pour les oreilles de l'ange qui, si elles avaient pu, auraient versé des larmes de soulagement lorsqu'il s'arrêta finalement pour pointer du doigt une masse sombre à l'horizon.

- Regarde Izya ! Terre en vue ! Un véritable porte-bonheur je te dis !

Illusion ou réalité ?

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- Pardon tu disais ?

Non mais franchement, c'est quoi ces chansons qu'il nous sort là ?! Sur quel genre de gros lourd et pervers je suis tombée ? Enfin... Je suppose que c'est mieux d'entendre ça que d'être mort ? Ouais... On dira ça...

- Une île Izya ! Une ÎLE !
- Vraiment ?!

Fier de lui, le géant me pointe du doigt la fameuse "île" qu'il a repéré au loin. Me hissant sur la planche de mes deux bras pour voir de plus haut que du niveau de la mer, je le déséquilibre un moment pendant que je scrute l'horizon pendant que l'autre se bidonne.

********
Plus loin, au large...
- Hé les gars, c'est quoi ça là bas ?
- C'est bizarre... On dirait... Un homme avec des tonneaux qui pagaie ?
- T'as pas l'impression qu'il saigne ?
- Hein ?
- Bah y'a une tâche rouge derrière, non ? Ou je rêve...
- Hervé, file la longue vue !
- Tiens !
- Alors... C'est pas du sang, mais je sais pas trop ce que c'est...
- Fait voir ? Ah, c'est une fille ! Une enfant vu la taille de l'autre... Il semble l'a faire bossé pour lui.
- Un esclavagiste ?
- Il se passe quoi ici ?

- Forcément, t'as dit le mot "fille", il rapplique...
- Des Naufragés mon colonel ? Un homme et une enfant !
- Hm, faites voir ?
...
- Ses formes n'ont rien à voir avec celles d'une enfant. C'est une demoiselle en détresse en prise avec un gredin atteint de gigantisme ! En temps que Marine, nous avons le devoir de la sauver ! En avant soldats !
- Euh... A vos ordres Colonel...

********

- Euh... Ça c'est pas une île... Enfin, ça fera l'affaire... T'es pas recherché par la marine au moins ?
- Hein ?

Je le laisse à ses questionnements sur ce que ça peut être tandis que je relâche les muscles de mes bras pour retourner à l'eau. Le pauvre, a force d'avoir trop picoler ce vin et cette bière qu'il a trouvé dans les tonneaux que je lui ai ramené, il ne semble plus être en état de faire la différence entre un croiseur de la marine et de la terre. C'est triste quand même non ?

Mais en soit, je m'en moque. Personnellement j'ai rien à me reprocher, je ne suis qu'une pauvre voyageuse à la recherche de Grand Line et pour tout dire, les seuls choses que j'ai fait jusqu'à maintenant sont aider mon prochain ! Ou presque... Bref, aucune raison que cette rencontre se passe mal. Et de toute façon, entre ça et mourir de froid, je choisi le confort d'être au sec pour la nuit.


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Bon, le colosse était peut-être un peu bourré, puis ça arrivait à tout le monde de confondre un bateau et une île. Lorsqu'il vit le pavillon sous lequel l'embarcation voguait, un sourire aussi large que Grand Line déforma son visage, ses yeux pétillèrent d'une malice qu'Izya devait commencer autant à connaitre qu'à détester. La Marine, la fameuse, Olek n'avait pas encore sa tête mise à prix, pas encore. Là était tout le problème et ces mouettes tombaient à pic, l'heure de laisser son nom dans les manuels d'histoires des gamins et sur tous les panneaux wanted des quatre mers avait sonné !

Il saisit un des tonneaux vides qu'il remplit d'eau de mer pour le rendre plus lourd et arma son bras au-dessus de sa tête. Il s'était entrainé pendant des années et sa précision était légendaire dans son village. Le colosse imaginait déjà son boulet de canon de fortune s'écraser contre la coque du navire et le couler en un coup. Excusez-le, le pauvre jeune homme n'était ni stratège ni charpentier et n'avait aucune expérience des batailles navales. Heureusement pour eux deux, sa collègue aux cheveux rouges avait un petit peu plus de jugeote. Alors qu'Olek contractait ses muscles sous l'effort pour jeter son projectile contre le bateau en approche, la petite valkyrie lui faucha la jambe d'un coup de pied derrière le genou. Il perdit l'équilibre, lâcha le tonneau qui vint s'encastrer sur sa tête, manquant de le noyer.

- Ça suffit les bêtises maintenant ! Tu me laisses gérer sinon je leur dis que tu m'as kidnappé !
- Goulougouglou !

Suivi d'autres sons inaudibles et incompréhensibles puis d'une violente quinte de toux due à l'eau de mer avalée. Alors qu'il tentait, sans succès, de sortir sa tête coincée du baril, le navire arriva à portée et la voix suave écœurante d'un homme, sans doute le capitaine, se fit entendre.

- Madame ! Rejoignez-nous vite à bord, éloignez-vous de ce monstre ! Je présume qu'il vous veut du mal ? Soldats, saisissez-le et enfermez-le dans la cale !

Qu'allait donc répondre la jeune femme ? Olek, lui, était dans l'incapacité de voir ou même de parler et attendait avec curiosité ce que lui réservait le futur. La situation était critique, les choses ne se déroulaient pas du tout comme prévu et en fada d'adrénaline, ce n'était pas pour lui déplaire.
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- Hein ? Non non ! Il y a erreur, on est ensembl...

Il y a des fois où peut être que je ferai mieux de réfléchir un peu avant de parler. Et cette fois en est clairement une... Mais, trop honnête que je suis, me voilà entrain de dire une vérité qui peut être mal interprété du fait qu'elle est interrompue par l'idée qui m'est venue en parlant. Celle me disant que c'était peut être le moment de mentir pour me débarrasser d'un poids de trois mètres de haut dont la subtilité semble inversement proportionnelle a sa musculature...

Et tandis que je regrette déjà mes paroles, mon corps s'étant un instant figé sous ma réflexion, mon interlocuteur lui, semble encore plus déçu que moi.

- Oh... Ensemble... Euh... Bon.

Et alors que l'instant d'avant il semblait prêt à remuer ciel et terre pour me faire monter à bord de son navire, penché sur le garde fou une main vainement tendue pour m'accueillir... Le voilà maintenant droit comme un i, la mine basse avant de simplement se détourner de nous tout en glissant un ordre entre ses lèvres à contrecœur.

- Faites les monter à bord.

L'homme disparaissant alors sur son navire laisse place à une dizaine de matelots de la marine qui déploie déjà une échelle de corde pour nous accueillir à leur bord. Et avant de monter, je me tourne vers mon compagnon d'infortune qui vient tout juste de réussir à retirer le tonneau de sa tête.

- Je te préviens Olek, à la moindre stupidité de ta part, le moindre geste qui mettrait en péril notre place à bord de ce navire, je te transperce moi même avec mes lames, est ce que c'est clair ?!

Mais pour seule réponse de sa part, je n'ai droit qu'a un sourire emprunt de malice qui n'augure absolument rien de bon. Serrant les dents sous le manque de confiance flagrant que je lui porte, mais ne pouvant pas faire grand chose d'autre maintenant à part espérer que tout ce passe bien, je me détourne de lui pour grimper la première à l'échelle de corde et me faire accueillir à bord par une petite troupe de marins m'accueillant avec serviette, couverture et même une petite boisson chaude.

- Oh, merci... Je ne sais ce que j'aurai fais sans vous...
- Remerciez le colonel Mademoiselle. C'est lui qui tenait à ce que vous soyez sauvée comme une reine...
- Dans ce cas, merci à lui. Dis-je en m'enroulant dans une des serviettes que l'on me tend tout en sirotant avec délice le thé encore brulant. C'est très attentionné de sa part.
- Il vous aurait accueilli lui même si vous n'aviez pas été en couple.

Les soldats ricanent sous la plaisanterie d'un des leurs tandis que je regarde ce deuxième homme à m'avoir parlé depuis mon arrivé sur ce pont sans réellement comprendre.

- Mais qui vous dit que...

Et c'est ce moment qu'Olek choisi pour arriver sur le pont, irruption qui me fait alors comprendre la méprise.

- Ah ! Ohlala non ! J'ai dit qu'on était ensemble mais je voulais dire "ensemble dans cette galère" ! Haha, n'allez pas pensez n'importe quoi...

A la honte. Je me sens mal là. Non mais comment ils ont pu croire. Oh bordel, laissez moi disparaitre dans ce thé à tout jamais ou jusqu'à ce que je me réveille de ce cauchemars loin de toute cette histoire...


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Olek, se hissant à bord, put entendre l'échange entre le matelot et Izya. Ce fut avec un nouveau sourire aussi large que ses oreilles qu'il la vit rougir et ne plus savoir où se mettre, une idée saugrenue vint alors germer dans sa caboche de malotru. Il refusa la couverture, préférant enlever son T-shirt blanc délavé et ainsi sécher au soleil. Les matelots écarquillèrent les yeux et hoquetèrent de surprise, certains firent même un pas de recul devant son impressionnante musculature. Le colosse n'y prêta pas attention, habitué et satisfait de ce genre de réaction. Roulant des mécaniques à la Gaston, il vint se positionner en face de sa camarade et prit un air offusqué, attristé. Un genou à terre pour se mettre à sa hauteur, les mains ouvertes en un signe de supplice et d'incompréhension.

- Bah chérie ? Comment tu peux dire ça ? Tu me fends le cœur là !

L'alcool était mauvais pour la santé, mais pour réveiller l'esprit et jouer la comédie c'était le stimulant idéal. Il parvint même à lâcher quelques larmes, ce qui n'était pas dur étant donné le sel d'eau de mer qui lui piquait les yeux. La réaction de l'ange fut exactement celle espérée et de toute splendeur. Son visage s'empourpra, manquant de peu de prendre la même couleur que sa chevelure flamboyante et le colosse ne sut s'il s'agissait de colère ou de honte. Il pencha pour un mix des deux, ce qui l'amusa encore plus. Pour son plus grand plaisir, les matelots commencèrent même à murmurer entre eux et à échanger des regards d'incompréhension.

- C'est donc ça ?
- Mais pourquoi elle a honte de lui ?
- Il est beaucoup mieux que le capitaine en plus...
- Ça, c'est sur !
- Ce n’est pas sympa de faire ça...
- Le pauvre, il fait peur, mais il a l'air gentil en vrai...

Olek manqua d'exploser de rire et se rattrapa en simulant une quinte de toux avant de rajouter une dernière couche.

- Ma belle ! Qu'ais-je fait pour mériter ça ?! C'est ces hommes en uniforme qui te font tourner la tête ? C'est ce capitaine qui te plait ? C'est ça n'est-ce pas ! Tu as eu un coup de foudre pour lui ? J'en suis sûr que c'est ça ! Tu m'as toujours dit que j'étais trop musclé et que tu préférais les petits gringalets !

Tout l'équipage s'était rassemblé pour observer la fausse scène de ménage qui se déroulait devant eux, en silence et mâchouillant de la viande séchée comme on mangerait du popcorn, ils attendaient impatient la suite de l'histoire. Le capitaine lui-même était revenu, les sourcils froncés qu'on l'insulte ainsi, mais un nouvel espoir brillait dans ses beaux yeux bleus.
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- Hein ?

Mais... Mais qu'est ce qu'il me fait ce con ! Mais ! Mais non !
Je...
Mon poing se serre, mon visage s'empourpre de colère, mon corps tremble légèrement sous la couverture alors que mon regard se noircis sous mon énervement...
Je. Vais. Le. Tuer.

Alors que mon poing serrer se rapproche du pommeau d'une de mes lames pour aller l'empoigner, une autre personne présente sur ce navire voit une magnifique opportunité à ces mensonges et insultes.

- Vous savez Monsieur... Quand une femme vous dit qu'elle ne vous aime pas, il faut savoir respecter ses sentiments malgré tout le mal que cela peut nous faire.

Intervenant tel un héro, y voyant une chance insolente, le Colonel Komamuri s'interpose entre moi et le colosse à demi nu. Et malgré la stature de son opposant, c'est en fier héro de la marine et commandant de ce vaisseau qu'il passe alors un bras derrière mon dos pour m'inviter à le suivre.

- Ne vous inquiétez pas Mademoiselle, vous n'avez plus à vous préoccuper de cet énergumène. Et si vous dites que vous ne l'aimez pas, il va sans dire que je vous crois.

C'est une occasion en or que le Colonel m'offre là. L'opportunité de laisser en plan ce maroufle vulgaire et tout à fait ingrat sans même avoir besoin de faire quoi que ce soit. Une occasion à saisir à tout prix !
...
A tout prix ?

Malheureusement, la peur, la fatigue et l'accumulation de tous les derniers évènements retombant sur mes épaules, cette colère ayant gonflée en moi est loin de se satisfaire d'une telle opportunité. La seule bonne chose de l'intervention du Colonel, c'est que son placement actuel m'empêche de dégainer pour embrocher mon compagnon de galère. Au lieu de cela, alors que le bras dans mon dos insiste pour que j'avance je ne bouge pas, la mine toujours basse et noir tandis qu'une main est toujours crispée sur la garde de ma lame et que l'autre tient ma tasse de thé brulante.

Jusqu'à ce que finalement, la tasse de thé vole et parte s'éclater sur le front du grand gaillard menteur.

- NON MAIS TU TE FOUS DE MOI ?!

Puis, suivant la tasse de thé, c'est mon poing qui vient s'écraser dans sa gueule de malotru avec une force suffisante pour lui faire perdre pied et le faire s'écraser au sol malgré sa taille imposante.

- ÇA FAIT DIX FOIS QUE JE TE SAUVE LA VIE AUJOURD'HUI ET TOI ! TOI ! TU ME REMERCIES EN RACONTANT ÇA ?! NON MAIS TU ES SÉRIEUX ?! TU TIENS VRAIMENT A CE QU'ON MEURT TOUS LES DEUX C'EST ÇA ?!

La couverture tombée au sol dans mes actes de violence laisse alors voir ma main agrippée à mon arme qui commence alors à la tirer tandis que je marche en direction de la tête d'Olek avec la ferme intention de lui crever quelque chose... Quoi, je sais pas encore, je joue à l'instinct, ou plutôt à la colère que je ne maîtrise plus tant la fatigue et les émotions ont été fortes aujourd'hui. Tout comme mes paroles ne veulent pas dire grand chose mais tout est beaucoup trop bouillant dans ma tête pour être clair. Je n'ai plus qu'une envie : crier et taper.

Mais heureusement pour le naufragé, nous avons atterri sur un navire de fier soldat de la marine qui savent au minima lire les signes d'un danger imminent et son à même de me retenir avant que je ne fasse quelque chose d'irréparable.

- LÂCHEZ MOIIIII ! JE VAIS LE CREVER !

Surpris par ce soudain excès de violence mais plus rassuré que jamais quant à ses chances de pouvoir me séduire, le Colonel Komamuri prend alors les choses d'une main de maître.

- Soldats ! Accompagnez ce gredin dans une cellule et !
- Mais Colonel... Il n'a rien fait de mal...
- Oui... C'est elle qui l'a frappé.
- Ah... Oui... Euh... Alors conduisez le à l'infirmerie et vérifiez qu'il y reste !
- Ça revient à l'enfermer non ?
- C'est moi le Colonel sergent !
- Bon bon... D'accord. Et la fille ? Ne devrait-on pas l'enfermer ?
- Je vais m'occuper d'elle personnellement ! Dans ma cabine...
- Est ce qu'on doit vraiment le laissez seule avec elle ?
- Je vous accompagne Colonel, pour votre sécurité...C'est une vrai furie.
- Tsss... D'accord...


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