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Killer Queen

Les Rois, les Reines, ça va ça vient si vous voulez mon avis. Y’en a pour toutes les moulures, certains sont faits pour diriger des empires et régner des décennies durant, d’autres crèveront dans leur sommeil la première année de leur règne. Partout à travers le monde, sur terre comme dans les cieux, vous pouvez en trouver, de ces souverains à la destinée toute tracée dès l’enfance. Pour autant, seule une poignée d’entre eux parviendront à marquer tous les esprits, seuls quelques-uns encore auront marqué l’histoire jusqu’à faire résonner leur nom jusqu’au bout du Monde, jusqu’au Nouveau Monde.
Et bizarrement, ceux qui y parviennent le mieux sont ceux que l’on surnomme les Rois et Reines tueurs. Ces petites saloperies qui décident de qui doit vivre ou mourir sur un simple claquement de doigts, des doigts qui s’agitent plus vite qu’un toxico avec les narines pleines de poudreuse magique. Ceux-là, croyez-moi, personne ne peut les oublier, surtout pas le peuple sur lequel ils dirigaient.

La Reine d’Alabasta n’est pas une Reine tueuse, mais croyez-moi qu’elle se souviendra longtemps du passage de l’équipage des Sandstorm sur son royaume. Tout particulièrement Nanohana, ville qui aura eu le malheur d’être la cible pour l’un des plus gros pillages pirates que cette île ait pu connaître. Azerios avait envie de finir en beauté ici et quand je prends deux secondes pour observer l’ampleur du merdier, j’me dis que c’est foutrement réussi. Est-ce que j’y trouve quelque chose à y redire ? Non. Plus maintenant, j’en ai plus rien à foutre que des innocents crèvent pour les envies d’un seul homme. Je serai prêt à brûler la ville entière pour obtenir ce que je veux, et tout ce que je veux actuellement s’est expulser le feu rageur qui brûle en moi.
Alors je me jette à mon tour dans la mêlée, me propulsant hors des planches du navire pour atterrir comme une boule de feu sur le sol, déversant un torrent de flammes à l'atterrissage allant frapper n’importe qui sans distinction. Je ne maîtrise pas assez mon pouvoir pour épargner mes alliés et même si je le pouvais, je me demande si j’en aurais réellement envie. Qu’est-ce que je leur dois à eux ? Rien. Je marche pour le Capitaine de qui ils suivent les ordres, rien d’autre.

Flingues en mains, j’aligne les carcasses ambulantes comme un adolescent qui devient fou devant une armée de bonbecs sur pattes. Jusqu’à la dernière bastos, jusqu’à devoir poursuivre le boulot à la main. J’ai pu me reposer du pillage du casino et des emmerdes rencontrées en chemin, je suis quasi à neuf même si je me sens moins mobile que d’habitude. Ce sera pas un souci ici, y’a tellement d’ennemis au mètre carré que j’ai pas tant besoin que ça de bouger. Juste de laisser parler ma rage et d’ouvrir le feu, littéralement parlant.
Expulsant une salve de boules enflammées, je concentre le feu au creux de mes mains avant de déverser deux grosses colonnes de flammes qui engloutissent en ligne droite la chair de mes cibles. L’odeur de la viande grillée commence déjà à imprégner l’air de la zone, se mélangeant à celle de la poudre et de la fumée. Le son, il ne faut pas compter dessus tant les canons des navires et le bruit des armes à feu plongent la scène dans un bordel ambiant assourdissant. Quelque part, ça me rappelle Luvneelroom quand on est allé chercher Bambana pour lui faire la peau. Comme l’impression que tout me ramène souvent à lui, parce que ça reste sa faute si je me retrouve là. Si j’ai dû fuir les blues, si j’ai dû décarrer jusqu’à Drum, qu’on m'a retrouvé à moitié mort de froid, qu’on m’a entraîné dans la caniard du désert, que j’ai une dette envers la Tempête de Sable.

Et je compte bien la régler, vieille habitude de mafioso.
Utilisant mon corps comme épicentre de la déflagration, une boule incendiaire explose et secoue la zone sur une bonne dizaine de mètres tout autour, causant morts et destruction. Le message envoyé est clair, c’est moi le plus gros danger ici, c’est sur moi qu’il faut se concentrer si vous voulez pas tous crever. Enfin non, y’a un double message là-dedans. Le second est simple : vous allez tous crever.
Ma dernière attaque a pas mal déblayé le coin, mis un coup de froid autant chez les assaillants que les défenseurs. J’ai séché tous ceux qui se tenaient debout et ils vont avoir du mal à se relever vu leur état. Plus loin, ça continue à se foutre sur la tronche entre assaillants et défenseurs, mais ici, y’a qu’un seul gars debout, une torche humaine qui attend qu’une chose, de pouvoir exploser.

Une opportunité qui va se présenter à moi sous la forme d’un homme, le pas serein, l’allure singulière…


Dernière édition par Peeter G. Dicross le Sam 22 Avr 2023 - 16:27, édité 1 fois
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Killer Queen Bibu

— T’es qui toi, salopard de merde ?
C’est une question qui me vient naturellement et que je peux me retenir de poser à voix haute, en espérant que le zigue en face aura la politesse de me répondre. Mais au vue de la fiole du bonhomme et de sa dégaine, y’a quand même très peu de chance que ce soit dans son style de répondre aux questions. Je l’imagine plutôt du style à les poser, les questions. Ce qui me fait penser dans un premier temps que ce gars est des forces de l’ordre, un marine haut gradé en vacances sur Alabasta ? Ce serait vraiment pas de chance de tomber sur un Commodore ou un Colonel de l’élite ici, mais en même temps, me prendre des coups de surins par le karma, c’est un peu toute ma vie.
Il jacte pas, continue de s’avancer jusqu’à se retrouver à une quinzaine de mètre de moi, distance qu’il juge adéquate pour s’arrêter et se planter face à moi. Un truc sur lequel je doute pas, c’est que cette saloperie moustachue vient pour moi. Pas besoin de voir ses yeux, dissimulé derrière les verres fumés de ses lunettes, pour capter qu’il a des intentions meurtrières. J’aime pas sa gueule, ni sa façon de faire. Mon propre visage se déforme sous une grimace tandis que je lève la main droite, une orbe enflammée en son creux. — Je vais juste te cramer la gueule alors, tant pis. Foutu connard.

— Tu donnes souvent ton blaze aux pauvres gusses que tu viens zigouiller ? Sa voix freine mon geste alors que je m’apprêtais à lui mitrailler la trombine de boules de feu. Je sais pas pourquoi, mais ça me percute le cerveau d’une façon désagréable. Pas que ce soit le premier qui veuille ma mort, ni que je m’y attendais pas, mais je sais pas, ça sonne bizarre. Comme si je le sentais réellement capable de le faire, en fait. Puis sérieux, il déboule au milieu d’une bataille entre des pirates et une nation pour ça ? Il pouvait pas choisir un moment encore plus merdique ? Juste pour me faire la peau ? Je trouve ça louche, un peu trop pour pas me triturer les méninges.
— C’est pas juste une histoire de revanche parce que je t’ai avoiné la gueule dans le passé, hein ? Il lâche un maigre sourire en coin, sortant une arme de la poche de son pantalon immaculé. Le gars s’est faufilé jusqu’ici sans même déposer un grain de poussière ni une goutte de sang sur ses fringues. Il déplie son foutu coupe choux avec une sérénité enrageante, y’a tout mon corps qui me hurle deux choses contraires. Lui rentrer dans le lard et foutre le camp d’ici. Bordel, qui c’est cet enfoiré ? — Si tu pouvais te laisser faire, ça m’arrangerait tu sais… Bah oui trouduc je vais pas bouger pendant que tu me tranches la jugulaire avec ta merde. Ce que je peux détester son allure décontractée.

Moi, j’ai la rage au ventre et les flammes qui s’élèvent de différentes parties de mon corps, témoignant de la colère m’animant. Je lui aurais déjà collé une balle dans le crâne si je pensais ça si facile de le faire, mais ça m’a pas l’air d’être le genre de guignol dont on se débarrasse aussi facilement. Malheureusement pour moi, j’ai pas non plus l’intuition qu’il sera facile à cramer.
J'aperçois un groupe de soldats Alabastiens dans son dos, ils se ramènent à grandes enjambées, épées et lances entre les mains, déterminés à nous faire la peau. Le bombardement brutal et soudain qui s’abat sur la ville a embrasé les cœurs des guerriers natifs, ces types sont prêts à tout pour nous arrêter.

Sauf que moi, j’ai aucune envie qu’ils viennent me les briser maintenant.
Je frappe du poing droit devant moi et expulse trois traits enflammés qui fendent l’air en tournoyant les uns autour des autres. Le moustachu à la tignasse sombre esquive avec nonchalance, observant l’attaque continuer son chemin pour balayer les soldats et les mettre à terre. Il reporte son attention sur moi, retirant finalement sa paire de lunettes. Son regard n’exprime rien d’autre qu’une absolue confiance en lui et au dénouement de cette rencontre. Il émet un son de bouche, exprimant un constat. — Le boulot va être plus simple que je le pensais… Un constat qui me fout en rogne autant qu’il m’inquiète, parce qu’il confirme ce que je craignais, c’est pas au hasard s’il m’est tombé dessus. Et j’ai pas besoin de relever sa remarque, parce que je sais de quoi il parle exactement. C’est pas qu’il me sous-estime, il en a pas le profil. Ce gars m’a l’air d’être un professionnel, qu’importe son foutu salopard de métier. Non, il me sous-estime pas, il a l'œil.

J’ai la haine, clairement c’est un excellent moteur.
Je suis déterminé de vivre et parvenir à mes fins, un second excellent moteur.
J’ai un tout nouveau pouvoir, ça te pousses bien au cul maintenant que j’ai passé la frontière entre les mers calmes et celle de tous les périls.
Mais je suis fatigué, et affaibli.
Utiliser les capacités de ce fruit alors que j’ai peu d’entraînement dessus, ça me pompe plus d’énergie que je l’aurais pensé, surtout à répétition comme je l’ai fait depuis qu’on est ici. J’ai pas totalement récupéré de l’assaut des casinos, ni des combats disputés. Les blessures sont soignées, mais pas totalement guéries. Je suis dans cette situation où arrivé à un moment, le corps a plus assez de jus pour avancer qu’importe ce qu’en pense le cerveau. Je vais continuer de pousser jusqu’à ce que l’image se coupe malgré moi, mais ça pourrait arriver plus vite que je le voulais.
Ce type a un timing de merde pour moi et il l’a remarqué, il le sait. Je suppose qu’il est tout frais, lui. Il va pas falloir traîner pour lui péter les dents ou c’est moi qui risque de perdre les miennes et bien plus encore.
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Un simple échange de regards suffit à allumer la mèche, lancer silencieusement le début des hostilités. Et c’est moi qui prend de la vitesse pour lui tomber dessus, chargeant d’un bon comme une roquette de feu, deux sillons enflammés léchant le sol derrière-moi. Il ne tremble pas, s’attendant certainement à ce que je cherche à le prendre de vitesse pour l’éliminer dans la foulée. Un combat rapide et sans dépenser trop d’énergie serait clairement à mon avantage.
Sur lui, le poing droit parcouru d’arcs électriques chargé vers l’arrière, je frappe la fiole avec rage et il s’esquive habilement, ripostant d’un crochet qui me fauche au niveau des côtes et me balance sur le côté. Je peste, tremble nerveusement et repart immédiatement au contact, tentant de lui encastrer mes phalanges peu importe la partie du corps que je toucherai. Le jeu de l’esquive semble être un de ces passe-temps favoris, se dérober comme du papier au vent une passion. Pas un coup ne touche, pire encore, la riposte me frappe de nouveau et je mords la poussière, quelques mètres plus loin. — On m’avait vendu un lion enragé… je me relève, l’esprit bouillonnant… — j’ai en face de moi un animal sauvage blessé et apeuré.

Je sens que je perds pieds putain.
D’habitude c’est de rage quand je perds les pédales, le contrôle. — Je ne sais pas si je suis déçu ou que ça m’arrange.
Mais la… — Mah, au moins le job sera vite fait.
La, y’a pas que ça. Y’a plus que ça. — Ferme un peu ta gueule, non ? Il se voit déjà vainqueur, il se voit enfoncer son cure-dent dans ma gorge et me saigner avec. Y’en a eu beaucoup avant lui qui ont essayé, ça a pas marché.
Mais alors pourquoi j’ai ce truc au fond des tripes qui me fait autant douter ? Cette fois c’est la bonne, c’est ça ? Putain !

Il cherche juste à me foutre le doute, je l’emmerde lui et son sang froid, sa foutue assurance de gagner. — Crève ! Je lui balance deux grosses orbes enflammées qui explosent au premier contact, déversant sur la zone une onde de choc brûlante et étouffante, dans laquelle je m’engouffre la rage au ventre, le corps entièrement devenu feu. Ce feu brûlant qui m’anime, m’alimente.
Surgissant du nuage de flammes comme un diable dans sa boîte, l’enfoiré peut seulement placer ses avant-bras devant lui et encaisser mon poing qui le repousse en arrière. A peine mes pieds retombent au sol que je bondis sur lui, fauchant l’air d’un coup de latte circulaire qui frappe pleine tempe, sans espoir de contre. L’assassin en marcel valdingue contre le mur en béton d’une baraque, passe au travers et disparaît à l’intérieur.

De longues secondes s’écoulent durant lesquelles je me tiens à une dizaine de mètres du trou béant duquel s’échappe de la poussière en colonne, haletant, quelques gouttes de sueur perlant de mon front. C’est pas suffisant pour l’avoir crevé, mais assez pour me donner de quoi respirer et lui faire passer l’envie de me voir comme une bête à moitié morte. Pas surpris par conséquent de le voir s’extraire de la maison, une main s’appuyant sur le mur défoncé, la silhouette se dessinant dans la poussière s'avançant à la lueur du jour. Un maigre filet de sang s’écoule de sa bouche, son débardeur immaculé a changé de teinture et quelques trous dû à la morsure du feu habillent sa tenue. — Un lion qui a encore du mordant, je l’admets… Il continue de me prendre de haut l’enfoiré. — Sans mon haki, ta première attaque aurait pu me faire très mal, quel pouvoir dévastateur. Putain de haki, je commence à en avoir marre d’en bouffer de partout de cette merde. Il va falloir que je me renseigne dessus si je ressors vivant de ce foutoir.

Si ? Qu’est-ce que je dis bordel… quand j’en aurais fini ici.
Parce que je vais lui fumer sa sale fiole de connard, c’est sûr. — C’est un trait de famille de la ramener autant pendant que tu te tapes ? Ou t’as juste une grande gueule depuis la naissance et personne te l’as encore fermé ? Il se permet d’en rire, léger et bref, mais ça a pas l’air de l’atteindre, pas plus qu’il me pense capable de le faire. Bordel de merde.

Commence sérieusement à me casser les couilles, celui-là. Je me transforme en torche humaine d’un hurlement rageur, frappant de mon poing dans le vide, expulsant une colonne de flammes qui tourbillonne à l’horizontale droit sur l’autre enfoiré. Il recouvre ses bras d’une couche noirâtre que je reconnais facilement maintenant et place ces derniers en croix, faisant opposition. Le gros de l’assaut est détourné, mais la morsure des flammes l’atteint au torse et ne manque pas d’y dessiner de belles brûlures lui arrachant une grimace. Je cours vers lui, profitant de mon avantage pour gagner le corps à corps. Il s’attend à une bonne droite, je l’y ai conditionné.
Je passe sous sa garde au dernier moment pour lui enfoncer le bide d’un coup de coude, relâche une décharge électrique à l’impact. Enchaîne d’un coup de poing remontant du gauche qui claque sa mâchoire et lui ferme sa grande bouche. Ma dextre vient finalement se refermer sur sa gorge, les doigts serrent si fort que les jointures blanchissent. Lui claque un regard noir, meurtrier. — Je t’ai dit que t’allais fermer ta gueule avec moi. Une nouvelle décharge électrique est expulsée, directement depuis mon corps, glissant jusqu’à ma main qui le tient par la gorge et électrocute de plein fouet cette saloperie.
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Je le relâche, laisse sa carcasse s’écrouler sur le sol, à moitié tremblotante, moitié fumante. Dents serrés, sourcils froncés, la tête des très mauvais jours et la respiration qui part en couilles, je pose un genou à terre, non loin de lui. Ce que je craignais est en train d’arriver, je suis à bout de jus. Y me reste plus grand chose, mon corps commence à réclamer du repos et du carburant, lance les signaux d’alarme comme quoi il est temps de fermer boutique et plier bagages. Sauf que je suis bloqué ici, avec cette enflure et que je sais pas si je vais réussir à m’en sortir. Si je l’ai relâché sans l’achever, c’est pas par manque d’envie, mais de force. Les flammes brûleront plus, l’électricité a grondé pour la dernière fois de la journée, si je veux tuer ce type ici et maintenant, ce sera à l’ancienne, avec mes dix doigts.
A bout de souffle, je reprends difficilement ma respiration. Haletant, en sueur, les membres endoloris, je commence à voir trouble. Je savais que je devais pas m’engager dans un duel pareil, je savais que ça allait me retomber sur le coin de la fiole. Une victoire expéditive, c’est ce qu’il me fallait. J’y suis presque putain, y’a juste à enfoncer une lame dans sa gorge, le saigner à blanc, lui tordre le cou. Bouge Peeter putain, remue-toi.

Se faire violence encore une fois, une autre foutue fois. C’est pas comme si je connaissais pas déjà ce genre de situation, c’est pas nouveau pour moi de me retrouver au bout du rouleau, au pied du mur. A devoir aller contre mon instinct de survie pour survivre, justement. Je peux le faire, je sais que je peux, mais c’est maintenant ou jamais.
Alors je force sur les guibolles pour qu’elles soutiennent mon poids, qu’elles me trahissent pas maintenant, pas comme ça. Debout, chancelant, j’avance. Un premier pas, un second… j’enchaîne jusqu’au moustachu. J’y suis presque, juste à… — Kof kof… grmpf… le salopard remue, cette enflure a déjà repris connaissance. Le choc me scie les jambes qui cèdent instantanément, terrassées par la perte d'espoir momentané. Tombé à genoux, blasé, furieux de ce coup du sort, je le mire se redresser à son tour. C’est pas possible…
— Tu m’as pas raté mon salaud… Je vois pourquoi ils me disaient de me méfier maintenant, sacré salopard que t’es ! Tu te bats comme un diable putain ! Il gigote ses membres comme pour se réveiller après une lourde sieste, pour s’assurer que la machine n’est pas cassée. Ses yeux croisent les miens, il pousse un profond soupir. — Je sais.

Je sais pas ce que ça veut dire, je m’en fous là tout de suite. Je sais surtout ce qui me pend au nez, que je dois foutre le camp. J’ai jamais eu honte d’avouer avoir déjà eu peur, dans ma foutue chienne de vie, j’ai chié dans mon froc un bon paquet de fois. Depuis que je suis adulte, surtout, je crois que c’est une fois la maturité acquise qu’on ressent vraiment la peur. Peur de l’amour, peur d’être aimé, peur d’être abandonné, peur de réussir, peur d’échouer… Les raisons sont nombreuses, justifiées ou pas. Par contre bordel, j’ai jamais eu la trouille de crever, pas une foutue fois depuis que ma vie est menacée.

Alors pourquoi maintenant, putain ?

Il marche en ma direction, silencieux, visage fermé. C’est terrible de lire sur la trogne de son bourreau que l’affaire est déjà pliée. Il sait que je suis foutu, je sais que je suis foutu, les dieux savent que je suis foutu.
Marrant de penser à ces conneries d’entités divines à deux doigts de la mort. Pour un salopard damné qui n’a jamais voulu croire que des être supérieurs pouvaient exister, nous observer depuis les cieux, je me demande pourquoi je mets ça sur le tapis maintenant, pourquoi ça me traverse l’esprit. Je pense pas que ce soit de leur volonté si cet enculé est venu me trouver jusqu’ici, au pire des moments, pour me zigouiller. Y’a même pas de quoi espérer une intervention divine, ils bougeraient pas le petit doigt pour sauver une âme aussi sombre que la mienne. Dans un sens, je devrais être soulagé d’enfin crever, d’être débarrassé de tout ce fardeau qui me bouffe depuis si longtemps, mais c’est pas le cas… Parce qu'aujourd'hui, j’ai peur de mourir. J’ai pas le droit de tomber maintenant, j’ai pas fini ce que je devais accomplir, Talia est loin d’être vengée, sa mort loin d’être payée. Je partirai pas l’esprit tranquille, mais avec l’impression de l’avoir trahi une nouvelle fois, de l’avoir encore laissé tomber… Mais ça, le gusse que j’ai devant moi il s’en tamponne bien, c’est pas ses oignons. Lui veut juste me faire la peau.
Sauf que c’est mort.

Tandis qu’il s’apprête à me poser la pogne dessus, je me redresse subitement et lui décoche une droite pleine poire. Une bonne mandale qui lui entaille la lèvre, qui me fait espérer un revirement de situation à la Peeter. J’enchaîne alors d’un crochet du gauche qui menace la mâchoire, mais se retrouve bloqué avant que le retour de bâton m’avoine la gueule. Ça bourdonne fort dans mon crâne, l’image se floute mais ma volonté reste la même, survivre.
Ma dextre sort mon flingue et la bastos part à la suite. Je vois plus clair, je sais juste que ça touche la chair et le fait reculer d’un pas, surpris. Il peste, j’suis plus capable de discerner ses mots, mais ça l’a foutu en rogne. Il sort une lame, son coupe-choux je crois, je sais pas trop. Je titube sur le côté, adopte une posture défensive branlante, défaillante. Viens sale merde que je te casse la bouche. Quand il bouge de nouveau, je ferraille les bastos restantes sans interruption, visant au mieux.

Son ombre se rapproche, dansant dans le vent, avant de me tomber dessus. Je sens le froid de l’acier me taillader à plusieurs reprises, des coupures profondes et sanglantes, avant qu’une masse me martèle la caboche et me sèche instantanément…

Pas suffisant pour me buter pour autant, mais assez pour que je tombe à la renverse. Mon dos heurte le sol et mon regard braque le ciel. Tout devient confus. Je sens que je perds connaissance, à moins que c’est juste ma vie qui s’échappe…
Quelque chose coule de ma chair, de mes plaies. Je sais pas quoi, juste que ça sort des zones les plus douloureuses, où je devine des ouvertures, des plaies à vif. Probablement mon sang…
Tout fout le camp chez moi… Talia. C’est pour elle que va ma dernière pensée. Talia. Je suis désolé…

Je pourrais même pas te rejoindre, j’ai pas ma place là où tu es…
J'ai les paupières trop lourdes, elle se ferment toutes seules... Je sens mon corps qui m'abandonne, ma conscience qui s'envole...
Talia…
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