« Il y a mille ans de cela, l'empire des Démons régnait sans partage sur le monde. Exploitant les ressources mystiques des entrailles de la terre, les Démons maîtrisaient les arcanes d'une puissance fabuleuse, source de leur domination. De nos jours, seules en témoignent des ruines à moitié oubliées et les carcasses enfouies de leurs incroyables écrits, les « Ponéglyphes ». C'est l'orgueil des Démons qui entraîna leur perte. Ils voulurent aller trop loin. Surtout, peut-être, creusèrent-ils trop profondément dans leur avidité. Tant de d’énergie mystique fut rapporté à la lumière du jour que leur énergie perturba la quiétude de Red Line. Un pont branlant fut ainsi jeté au travers du gouffre qui sépare le Royaume des vivants de celui des ténèbres. Par ce passage, insidieusement, l’énergie impure s'engouffra, corrompant le monde. Sur les ailes de ce vent de gangrène une armée de démons se jeta à l'assaut, massacrant tous ceux qui avaient l'infortune de croiser son chemin. L'empire des Démons ne résista pas à ces horreurs. Bientôt, cette lame de fond menaça de submerger le monde tout entier.
Le Royaume divin n'allait pas se tenir à l'écart, alors que, les unes après les autres, les lumières des cités mortelles étaient soufflées par les ténèbres. Tandis que les démons cherchaient à étayer durablement le chemin reliant le Royaume des vivants au Royaume des ténèbres, résonna soudain le céleste appel aux armes. De tous les êtres peuplant le Royaume des vivants, quatre grands maîtres épéistes furent choisis pour mener le combat. Ulfric, le Poing divin est l'héritier de la dynastie des Démons. Eir, la Juste Lame. Rolo, le Rôdeur sans maître. Helda, le plus âgé des Quatre Gardiens, si puissant qu'elle entra dans l'Histoire sous le surnom de « Trembleterre ». Il est dit que les esprits divins offrirent aux héros une arme aux origines inconnues et d'une puissance incomparable, la Lame de l’Amarante. À en croire la légende, l'artefact pouvait changer de forme pour s'adapter à celui qui le maniait et avait le pouvoir de repousser les ténèbres. L'arme en leur possession, et dotés de la bénédiction mystique du Royaume divin, les Quatre Gardiens affrontèrent l'ost démoniaque. Ce fut une bataille comme le monde n'en avait jamais vu.
J'aimerais pouvoir vous narrer une fin heureuse. J'aimerais pouvoir vous conter comment bravoure et justice triomphèrent et sauvèrent le monde d'un destin funeste. Hélas, il ne devait pas en être ainsi... Acculés, les démons essayèrent d'invoquer leur maître, le Seigneur des ténèbres lui-même, à travers le Portail ténébreux. Confronté à l'incommensurable péril, Ulfric n'hésita pas. Avec l'énergie du désespoir, il franchit le portail et le referma de l'intérieur, se sacrifiant pour empêcher le Seigneur des ténèbres de fouler aux pieds ce monde qu'il aimait tant. À la lutte contre les derniers démons, ses compagnons n'eurent pas le temps de pleurer sa disparition. Et s'ils réussirent finalement à terrasser leurs adversaires ce jour-là, tout au plus retardèrent-ils l'inévitable. La corruption de l’énergie impure avait souillé le monde et il était écrit que son influence se manifesterait à nouveau. Les trois gardiens survivants formèrent dès lors trois écoles distinctes, l’école de sabreur de l’Amarante, l’école de sabreur du Maelstrom, et l’école de sabreur du Tyhpon. Ainsi, les gardiens créèrent une armée pour préserver notre monde d’une nouvelle invasion ! L’école du Typhon fût détruite par la folie du Rôdeur, qui accablé par le chagrin de la perte, s’ôta la vie. L’école du Maelstrom connu elle aussi un destin tragique, La Lame Juste, avait vu son cœur se noircir sous les coups répétés de son sabre sur ses ennemis, faisant d’elle un démon que le Trembleterre acheva. Il ne reste alors que l’école de l’Amarante qui reste la seule et unique gardienne contre les forces du mal."
La position actuelle du « palais » est stratégique. Ce dernier est accolé à une puissante falaise, formant autour de lui une enclave facilement défendable, les attaques ne pourront venir que de front. Avec les années, les géants de avaient déjà plus ou moins fortifié la position. Des murs de bois avaient été érigés sur des bases en pierre pour renforcer le tout. Les cinquante âmes qui peuplent cet étrange lieu avaient pris la décision d’utiliser les armes. C’est ainsi qu’au sommet des tours Est et Ouest, on pouvait apercevoir des canons et des armes à feu. Le sable étant une ressource facile d'accès, ils avaient pu l’utiliser pour renforcer des zones fragilisées par l’humidité et le temps, créant des petites butes difficiles à franchir. Si tout ceci semblait bien fébrile, la combativité des hommes ne l’était pas !
La Douairière avait réuni ses hommes à la nuit tombée. Lorsque tout semble partir en fumée, il était bon de se rappeler des vieilles légendes qui avaient non seulement façonné l’école de sabreur,
La petite fille était désormais la seule debout autour du grand brasier qui venait par sa puissance, réchauffer tout le fortin.
"Connaissez-vous la suite de la légende mes frères… Des siècles s'écoulèrent. L'épopée des Quatre Gardiens devint histoire, puis légende. Le monde s'épanouit à nouveau. Sur les cendres des terres autrefois dominées par les Démons fleurirent d'autres civilisations. Sur le continent austral émergea ainsi l'empire de l’Amarante connu aujourd'hui sous le nom d'Erbaff. Bientôt, son influence s'étendit à tout le Royaume des vivants. Si le Roi siégeait dans sa capitale, ses trois fils les plus âgés gouvernaient les mers. Quant au cadet le prince Helk, ses épaules étaient encore trop frêles pour endosser de telles responsabilités. Il restait aux côtés de son père et profitait de ses leçons, se préparant au jour lointain où il devrait s'asseoir sur un trône. Ce jour lointain se révéla néanmoins bien plus proche que prévu, et le jeune prince n'eut pas le loisir d'achever son éducation. À la mort de son père, et avec le bien de son peuple en tête, il n'eut d'autre choix que de reprendre les rênes du pouvoir.
De ce moment fatidique, l'éclat de l'empire des géants fut terni par l'ombre de la tragédie. Ainsi, les affres de la jalousie consumaient les trois frères aînés, chacun persuadé d'être plus à même de régner. Des désirs aux actes, il n'y a parfois qu'un modeste fil que l'on appelle raison. Il fut franchi avec allégresse, et l'empire bascula dans une époque de troubles et de guerres, où les hommes se dressaient les uns contre les autres, une ère de chaos, propice au retour de l'énergie qui l'engendre et s'en nourrit, l’énergie mystique impure. Si les détails demeurent nébuleux, la tragédie frappa le continent de Red Line au cœur, lorsque sa capitale, le Centre des Hautes-terres, fut envahie par une horde de démons. Le prince Sobu et sa sœur, la princesse Sola, tombèrent pendant le sac de leur fière cité, alors que des forces maléfiques menaçaient d'ouvrir un nouveau Portail ténébreux. Ce jour-là, le monde découvrit que les Gardiens, qui l'avaient jadis sauvé, le protégeaient toujours. Trembleterre,dernier gardien, endossa le prix de l’énergie pour devenir un être démoniaque, un demi-dieu de la guerre et repoussa une dernière fois les envahisseurs... Aujourd'hui, cette légende devenue fable oubliée de tous semble se reproduire sous nos pas. Aujourd’hui, en raison des préceptes de notre île. Vous devenez tous les gardiens... Les héros de l'ombre !"
- Quelques jours plus tard-
La neige ne tombe plus. Les pics de Yord scintillent sous le soleil grandissant. Les lieux se réchauffent peu à peu et un calme plat s'installe enfin sur l'île. Après tous ces sinistres événements, il était plus qu'un temps qu'une paix précaire ne s'installe. Le monticule de neige se fend en deux, laissant une étroite entrée par laquelle la tête d'une femme dépasse. Elle scrute les lieux, elle semble presque ne pas comprendre comment ils ont bien pu survivre à la tempête qui s'est abattue sur l'île. Tous ces dérèglements climatiques, ça ne présage rien de bon. Elle sort tout son corps de l'igloo de fortune avant de saisir le couffin et de le déposer non loin d'elle. Depuis sa position, elle peut voir la capitale de l'île. Ravagée par les flammes, d'épaisses volutes de fumées pourfendent un paysage jadis si saisissant. Une larme coule le long de sa joue, c'est ainsi que se termine la guerre, sous l'implacable défaite de son Roi. Bien sûr, elle peut chercher à se venger, mais les textes anciens sont formels, la voie ne se trace pas dans la vengeance ni la violence. Elle se doit de protéger le dernier "Roi". Elle regarde alors le couffin, le dernier Roi s'y trouve et babille paisiblement. Il faut désormais quitter cet endroit maudit et prendre la mer, il faut fuir la fureur de l'Inquisition et ses colporteurs infâmes. C'est un long périple qui s'annonce, et le jeune Roi ne doit rien savoir de ce qu'il s'est passé ici avant l'âge d'homme. Il ne doit pas connaître la vérité sur sa lignée, ni sur sa sœur aînée. Résignée, elle saisit le berceau avant de laisser son corps s'enfoncer avec difficulté dans la neige, il faut faire route vers Malheim, ville côtière et espérer trouver une embarcation digne de ce nom pour partir d'ici.
Svanhilde, jeune femme et fille aînée du Roi déchu et vaincu, avance sur un sentier peu praticable. La neige, les congères et la végétations alourdie par l'épais manteau blanc. Erbaff n'avait à ce jour, jamais connu un épisode aussi sanglant que celui de la nuit d'avant. En y repensant, Svanhilde se surprend à avoir un frisson glacé lui parcourir l'échine. La jeune femme n'avait pas plus de 50 ans, mais déjà, elle était vouée à l'accomplissement de grande chose. De par son sang, mais aussi des traditions ancestrales qui régissent l'île.
En effet, Svanhilde n'est ni plus ni moins que la descendante directe du Roi, de ce fait, elle devient dès la naissance la protectrice légitime de l'île d'Erbaff, une véritable Déesse de la guerre.
Son père était donc le Roi, garant de la justice et de la foi, l'ultime représentant de d'Erbaff qui pouvait de sa seule parole imposé une loi, une sanction, un bienfait. Une tradition millénaire qui lui octroi ce droit qu'il tient de son propre père. Ainsi Ragnar, l'enfant dans le couffin, devient son successeur. Mais l'Inquisition est prête à tout pour mettre la main sur cet enfant, non pas pour le tuer, mais le convertir auprès de Laufay, l'usurpateur de trône.
Perdue dans ses pensées, Svanhilde poursuit sur le sentier, après une bonne heure de marche, dans une progression difficile et complexe, elle parvient au village côtier. L'endroit n'a pas été épargné par la nuit. Quelques maisons fument, et des cadavres jonchent le sol, ceux des habitants qui ont voulu se défendre avec pioche et fourches, mais aussi ceux des soldats de l'Inquisition. Le couffin bien en main, elle poursuivait alors sa route vers le port, tentant de passer inaperçu au sein d'une foule trop occupée à éteindre les incendies, regrouper les corps ou préparer de nouvelles défenses. Pieux en bois, barricades de fortunes, les piquets de parc en acacia aiguisés pour stopper la progression, tout était bon pour tenter de freiner l'ennemi.
Alors que la fuite semblait être si proche, une main vient s'agripper sur la bouche de la jeune femme, puis une autre parvient à l'extirper de la grande rue pour la traîner dans une ruelle.
"Il est bien mal avisé pour le boucher d'Erbaff de marcher seule dans un territoire désormais conquis. Heureusement pour vous, il reste quelques âmes dévouées à l'ancien régime. Princesse, où devrais-je dire, Reine régente, c'est un honneur pour moi que de pouvoir vous escorté en lieu sûr. Je suis l'Archonte Vasburg. Lui-même. Ancien limier de sa majesté. Je suppute que le babillant résident de ce couffin n'est autre que notre futur Roi, sa majesté Ragnar ?"
L'archonte avait retiré lentement sa main, il pose un regard bienveillant sur la demoiselle en surveillant son état, il pouvait ainsi constater l'apparition d'une large balafre sous l'œil gauche, sûrement un cadeau nocturne de la garde de l'Inquisition. De son côté, la jeune Svanhilde ne s'attendait pas à obtenir aussi rapidement un titre, "Boucher d'Erbaff", son père lui avait pourtant répété des centaines de fois que les titres comme celui-ci n'étaient pas très flatteur, car ils provenaient la plupart du temps de l'adversité. Et c'était bien le cas pour la reine, elle avait mis à profit les conseils de son maître bretteur et démontré que son rang de gardien de la guerre était bien mérité. Ainsi, au cours de la nuit, elle avait pu tuer dans l'enceinte du château une dizaine de soldats adverses avant de prendre la fuite vers les montagnes de Yord. Le noble lui intimait d'un geste de main de le suivre, quel autre choix avait telle ? Si elle s'entêtait à poursuivre sa voie seule, il lui serait probablement impossible de partir de l'île et assurer un avenir à Ragnar.
L'homme les conduit discrètement vers le port, un navire flambant neuf semble encore en état de naviguer, si bien que plusieurs membres d'équipage l'appareillent déjà. Vasburg désigne la planche qui fait office de pont de liaison entre le quai et le vaisseau. Svanhilde et Ragnar montent alors à bord, préférant s'aventurer accompagné du Noble que seul vers l'inconnu. Vasburg avait alors aboyé une série d'ordre pour mettre en branle le navire qui s'éloignait des côtes lentement. Au large, l'île dégageait une épaisse volute de fumée noire, l'odeur âcre du sang s'était quant à elle répandue jusqu'au navire, le néfaste parfum avait attiré les requins près des côtes, ces derniers s'étaient alors délecter des corps flottants, sombres traces de la bataille navale qui avait précédé l'invasion totale du royaume. Dépitée et apeurée, Svanhilde n'avait rien pu faire de plus pour son pays, un goût amer restait au fond de sa gorge, le goût infect et impérissable de la défaite. Vasburg, voyant la jeune femme dans un triste état, prit la décision de faire monter sur le pont certains de ses domestiques. Deux femmes prirent le couffin pour partir s'occuper de Ragnar qui n'avait pas reçu l'attention et les soins les plus élémentaires depuis la veille. D'autres dames s'étaient quant à elles, approcher de Svanhilde avec un seau d'eau chaude pour tenter de faire disparaître le sang, la crasse et les autres souillures de son visages et de son corps, Vasburg, lui, était déterminé à retourner sur Erbaff, mais pour cela, il se devait d'être en accord avec la nouvelle Reine régente.
"Ma Reine, je vous prie d'excuser mon attitude cavalière, mais nous avons des mots à échanger vous et moi. En tant qu'ancien ministre de la culture et de l'éducation, je me dois de vous donner les clés de votre réussite. En effet, ma place est à Erbaff et mon absence risque de soulever des questions, et comme vous le savez déjà, je suis un piètre bonimenteur. Je sais que vous êtes une femme instruite, cependant, j'ai bons nombres de recommandations à vous faire. Tout d'abord, nous allons vous déposer sur l'île de Whisky Peak, c'est une bourgade tout à fait anodine qui n'a probablement jamais eu vent de nous. Mais puisque je parle de géants... Les autres résidents des mers, semblent avoir une tout autre conception de la religion et de la taille nous serions traiter de... "Fous" pour rester dans des termes honorables si nous révélions notre véritable identité. Aussi, je vous conseille de ne pas en parler et..."
L'Archonte Vasburg est aussitôt interrompu par la jeune reine, qui tranche net ses propos.
"Tous les nobles géants sont mauvais. Notre vie n'est dédiée qu'au mal dans son concentré le plus pur et abject. Je ne révélerai jamais à Ragnar sa véritable nature. Nous ne reviendrons jamais sur cette île. Je ne souhaite aucune vengeance, aucune rédemption. C'est votre guerre désormais Archonte. Je renie mon titre de Reine et de championne. Je souhaite vivre des préceptes de mon maître bretteur et vendre mon épée au plus offrant pour offrir à Ragnar une vie digne. Jamais il ne saura. Il ne doit pas savoir. J'ai décidé de prendre une toute autre couverture. Je ne suis plus sa sœur, mais son garde du corps, il ne doit pas développer de lien avec moi, auquel cas, il m'arriverait quelque chose, il voudrait emprunter le chemin de la vengeance comme son père avant lui. Et voyez Archonte, la vengeance fait brûler notre île, notre joyau. La race des géants a failli."
Vasburg recule d'un pas, abasourdi par le discours il avait manqué vaciller sur lui-même tant la jeune femme l'avait impressionné par des propos si mûrs. Ne voyant pas quoi rajouter, le reste de la traversée s'était déroulé dans un silence de mort, un silence lourd et pesant qui était en parfaite adéquation avec la situation.
--Plusieurs années plus tard, sur West Blue, plus précisément sur l'île de Kanokuni--
La piste était encore fraîche. Les voleurs n'avaient pas pu partir bien loin de la ferme des bas-fonds de Kanokuni, pour sûr, Ragnar était persuadé de pouvoir suivre cette trace, son maître et garde du corps, Svanhilde, lui avait apprit les rudiments du pistage et de la chasse. Qui plus est, il savait pertinemment que les voleurs du coin agissaient en petite bande et avaient cette fâcheuse habitude de voler des objets lourds, rendant leurs traces de plats d'autant plus visible. Il s'élançait alors, sûr de lui, dans la direction de l'adversité avant que son bras ne soit agrippé par une jeune femme aux cheveux blancs, elle semblait pourtant bien jeune.
"Combien de fois devrais-je le répéter mon garçon ?! Tu n'es pas prêt pour ce genre de traque. Tu crois savoir te battre, car tu manies l'épée ? Tu crois savoir pister, car tu as réussi à trouver un lapin l'autre jour ?! L’excès de confiance en soi mène à la mort !"
Ragnar voit son teint devenir rouge, une fois de plus, il est sévèrement réprimandé par son mentor qui n'hésite pas à le rabaisser. Mais une fois n'est pas coutume, le jeune homme tente d'argumenter pour prouver sa valeur.
"Je suis désolé Maître... J'ai cru bien faire."
"Je déteste cette phrase ! Ne sois pas désolé ! Sois meilleur ! Les excuses ne mènent à rien, ce n'est pas avec des excuses affûtées que tu parviendras à bout de l'adversité. Reprends-toi mon garçon."
Ragnar n'avait plus rien à dire, il se contentait dès lors de suivre son mentor. La jeune femme aux cheveux cendrés s'était installée sur l'île depuis bon nombres d'années. Elle s'était entiché du jeune homme dès son plus jeune âge, l'histoire qu'elle lui avait raconté relatait de l’abandon de ses parents dans une forêt non loin. Elle l'aurait recueilli au détour d'un contrat de mercenaire pour mettre fin à la vie de bandit qui sévissait dans la région, depuis ce jour, elle forme le jeune garçon aux arts de l'épée et au métier de mercenaire allègrement demandé de nos jours.
Après quelques minutes de traque, le duo était parvenu à mettre la main sur le trio de bandits, le chariot volé était présent lui aussi laissant ainsi comprendre qu'il s'agissait bien là des bandits recherchés. Ragnar avait d'ores et déjà dégainer son épée, mais la main de Svanhilde s'était placée sur le pommeau tandis qu'elle hochait négativement de la tête.
"Tu dois d'abord observer garçon. Es-tu vraiment sûr qu'ils ne soient que trois ? Es-tu sûr de leurs armements ? Tu veux partir tête baissée et prendre des risques inutiles ? C'est comme ça que naissent les légendes sur les héros. Mais n'oublie pas... On ne peut devenir un héros qu'une fois mort !"
Ragnar s'était alors résigné à écouter son maître pour observer la situation, la petite clairière abritait bel et bien les voleurs, après une longue observation, la jeune femme avait décidé qu'il était l'heure de passer à l'attaque, une attaque très simple lorsqu'on est un géant qui se bat contre des êtres ne mesurant pas plus de deux mètres.
"Attache les maintenant Ragnar."
L'opération prend plusieurs minutes, mais Svanhilde poursuit sa pression permettant ainsi au prince héritier du Roi d'attacher les bandits convenablement. C'était un point sur lequel Svanhilde avait toujours insisté. Il fallait le plus possible épargner la vie d'autrui pour ne pas devenir les monstres qu'elle combattait, une valeur de pragmatisme qu'elle voulait absolument inculquer à son jeune apprenti. Svanhilde attelait alors les chevaux volés au chariot avant de déposer les trois bandits pour reprendre la direction de la ferme et ainsi toucher la récompense. Elle ne s'occupait jamais de la justice, elle remplissait le contrat et laisser les ennemis aux mains des commendataires, le choix leur revenait alors, les livrés à la marine ou faire justice eux-mêmes.
Tard le soir, ils étaient tous deux parvenu à livrer le chariot et les bandits avant de reprendre la route vers le centre de l'île pour trouver une taverne décente et y passer la nuit. Dans une ruelle sombre, au loin, deux hommes guettaient leurs venues.
"Ce sont eux Archontes, j'ai eu bien du mal à les retrouver. Le Boucher d'Erbaff ! Sa cicatrice sous l’œil ne ment pas, elle a la forme du crochet de l'inquisition ! Ce jeune garçon doit être le Roi Ragnar !"
L'Archonte Vasburg ajuste son capuchon tout en jetant un œil au loin.
"C'est bien elle, en effet. N'agissez pas pour le moment, nous devons évaluer la situation."
-- Quelques jours plus tard sur le port de Whisky Peak--
"Tu as déjà vu d'autres... Personnes comme nous ?"
"Oui."
"Et que tu peux m'en dire ?"
Svanhilde prend un air agacé et méprisant avant de plonger son regard dans celui de Ragnar.
"Les géants sont des êtres fourbes et abjects. Si tu en vois, fuis les aussitôt."
Ragnar bougonne avant de répondre sèchement.
"Mais toi... Tu m'as bien trouvé seul dans les bois de Whisky peak et adopté."
C'était là toute la duperie de Svanhilde, si la jeune femme était connue et reconnaissable des siens, ce n'était pas le cas de Ragnar qui avait du fuir Erbaff en bas âge. Elle avait monté ce mensonge de toute pièce pour brouiller davantage les pistes à son grand dam.