Incapable de comprendre ce qui se passait, Ambrosias commença lentement à émerger. Sa vue était trouble et une intense lumière l'aveuglait. Lentement, ses paupières s'ouvrirent et une horrible douleur lancinante se remit à la lancer dans tout son corps. Souffrant horriblement, la jeune femme ne comprenant pas où elle était, ni ce qu'elle y faisait. Ses souvenirs étaient flous, la laissant dans une situation de profond malaise. Observant autour d'elle, la militaire comprit qu'elle se trouvait dans une chambre d'hôpital, du moins c'était ce dont la pièce avait l'air. Elle voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Perdue, elle essaya de nouveau mais ne parvint qu'à produire un râle inintelligible. Dans un élan désespéré pour se relever, la jeune femme chercha à se redresser mais la douleur fut si grande qu'elle perdit de nouveau connaissance.
À son réveil, elle ne pouvait dire combien de temps s'était déroulé depuis son dernier réveil. Elle remarqua cependant qu'elle n'était plus seule. Non loin d'elle, se trouvaient deux visages familiers. À droite, sa seconde, la lieutenant-colonel Ligéia et à sa gauche, la docteur Loréada. De ses yeux bleus injectés de sang, la colonel chercha du regard ses subordonnées qui ne tardèrent pas à remarquer qu'elle était réveillé. La médecin s'avança et se servit d'une petite lampe pour analyser les yeux de la blessée. Assise à ses côtés, la sirène posa une main réconfortante sur l'avant-bras de la vétérinaire.
« Vous avez dormi longtemps, colonelle. »
Ambrosias chercha à répondre, mais une fois encore, aucun mot ne voulut sortir de sa bouche. Au lieu de ça, elle se contenta de cligner plusieurs fois des yeux.
« J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. L'adjudant Paracchini n'a pas survécu à ses blessures. »
La gorge nouée, la militaire hocha très légèrement la tête pour signifier qu'elle comprenait. Lentement, les souvenirs lui revenaient. Elle se rappelait de l'explosion, elle se revoyait droguée derrière son bureau avant que la bombe n'explose. Au prix de sa propre vie, Dario avait sauvé la sienne. En proie à la douleur et à de vives émotions simultanément, la jeune femme ne chercha pas à retenir ses larmes.
« Je sais... »
Durant quelques minutes, les trois femmes gardèrent le silence. Quand Ambre estima que la tension retomba légèrement, elle se positionna face au lit de la blessée. Ses traits tirés semblaient indiquer qu'elle manquait de sommeil. Avec une certaine solennité, elle se racla la gorge.
« Colonelle, si vous voulez bien, je vais vous faire part de votre état de santé. Vous avez eu une légère commotion cérébrale. Vous êtes restée dans le coma pendant une semaine, mais j'ai bon espoir que nous n'en subissiez pas de séquelles graves. La chute vous a brisé trois côtes et vous souffrez de nombreuses brûlures ainsi que quelques ecchymoses. Tout cela n'est pas le plus grave, j'en ai peur. Ne tournons pas autour du pot. Lors de l'explosion, votre bras gauche a été sérieusement touché légèrement en dessous de l'épaule. Malgré nos soins la blessure s'est rapidement infectée. Nous n'avons eu d'autre choix que de vous amputer. »
Muette autant par volonté que par incapacité à parler, Ambrosias regarda longuement la docteur droit dans les yeux. Son rythme cardiaque s'emballa rapidement et sa respiration commença à s'emballer. Trouvant finalement le courage de baisser la tête, elle constata elle-même que son bras n'était plus présent. Prise de panique quelques instants, la militaire tâcha de se concentrer sur sa respiration pour ne pas flancher.
« Je suis sincèrement désolée... »
Après quelques instants, la jeune femme tourna la tête vers la sirène et hocha légèrement la tête. Terriblement épuisée, elle se laissa entièrement retomber dans son oreiller. Les deux militaires comprenant que la jeune femme avait besoin de temps pour digérer l'information, elles décidèrent de prendre congé. Dorénavant seule, Ambrosias craqua et ses larmes se mirent à couler à flot.
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