Parfois, Alegsis travaillait ses dossiers avant de s'essayer à peinturlurer le tout venant de son Colors Trap. Et il les travaillait rigoureusement, d’ailleurs. Ces fois-là, cependant, coïncidaient généralement avec les grognements plaintifs d’un estomac bien mal contenté par les vaches maigres.
Les journaux en étaient pourtant pleins, de ces histoires de chasseurs de primes richissimes. La propagande du Gouvernement Mondial, après tout, devait encourager à ce qu’on assainisse les mers des malotrus de diverses obédiences. La vérité toutefois, au-delà de l’encre sur le papier, avait quant à elle quelques tristes accents marmiteux à énoncer.
Qu’il fut brigand de ces eaux ou exaltés de la révolte, le primé, il ne se jetait tout seul dans les menottes. Aussi, entre deux primes ravies à l’envolée par celui qui, de la chasse à l'homme, en vivait, les émoluments se faisaient parcimonieux. Des canailles labellisées par le Gouvernement Mondial, cela faisait une paye qu'Alegs n’en avait pas raflées. De là, le berry se faisait rare et les victuailles plus encore. Ses dernières bombances ? Alegsis les devait à quelques pêches de fortunes, le cul vissé sur son pédalo. À lui, les journaux ne lui dédieraient pas d’articles à sensation ; il donnait comme une mauvaise image de la profession. Tout impécunieux pouvait-il être cependant, sa misère tutoyait celle du gros de ses confrères. Chasseur de primes, c’était un vrai métier ; encore fallait-il s’y être échaudé suffisamment afin de s’en rendre expert.
Les journaux, encore eux, disaient bien que le 70 % des traqueurs abandonnaient l’affaire dans leur première année d’activité. Alegs, toutefois, ne lisait pas les journaux. D’abord car son alphabétisme l’en prévenait et, d’autre part, car il n’en avait pas les moyens.
Du fait qu'il fallait bien bouffer et que le pédalo était de moins en moins étanche, l’Épavien en chasse s’était alors essayé – chose rare – à un effort de réflexion préalable avant de se désigner une proie. À essayer de mordre le gros gibier plus d’une fois, il avait manqué d’y perdre des dents ; quant aux butins comptant parmi les plus abordables, on s’écharpait habituellement à raison quinze vautours pour déterminer qui raflerait la prime. Le contexte concurrentiel étant ce qu’il était, mieux valait miser sur les valeurs de niche. Et à bien la chercher, il l’avait trouvée sa carne rare, escomptant bien en faire un festin.
Les primés insaisissables, quand la gratification ne culminait pas bien haut, il s’en trouvait peu pour les pister. Trois mois à renifler les flots pour ne finalement récolter qu’une queue de hareng, il y avait là matière à désespérer les plus hardis et même les plus cupides.
Emrik Kazon, cet homme-ci, on le savait plus poisseux qu’une anguille enduite de savon. Sa foucade à lui, elle le poussait sur le sentier des enlèvements d’enfants pour en quémander la rançon. Deux fois il avait le coup. Alors, à l’usure, la Marine s’était dit que deux millions, pour sa petite gueule, c’était idoine. Seulement, Emrik, c’était un prudent. À jamais mouiller plus de vingt-quatre heures sur la même île, ses poursuivants, il en avait rendus fous des bataillons entiers. De quoi en tout cas vacciner leurs congénères d’une traque infructueuse ; d’autant que le jeu n’en valait certainement pas chandelle pour une somme aussi misérable.
Et Alegsis, à lui seul, réussirait là où même Baroque Works renonçait ? Il avait cette prétention. Ses oreilles d’hippopotame, si ses petits camarades du Cimetière d’Épaves s’en étaient copieusement moqués lorsqu’il était enfant – et du reste aussi par ailleurs – elles lui étaient toutefois drôlement utiles à traîner ici ou là, pour dégoter du ragot.
Le monde étant fait admirablement, chaque homme avait son point faible. Celui du bon Kazon, c’était le jeu. Durant un mois entier, le bougre rongeait son frein d’ici à ce que La Frégate lève l’ancre. La Frégate, contrairement à son intitulé, n’en était cependant pas une. Le bâtiment, pour ce qu’il avait de fameux, tenait de la bicoque montée sur coque. Un soir dans le mois, le tripot se laissait aller à la dérive au beau milieu des flots d’East Blue. De là, il se trouvait pléthore de réprouvés pour venir s’y joindre. Les paris qu'on y pratiquaient y étaient plus audacieux et onéreux qu’ailleurs. Le mauvais sang de la bonne société, ceux qui aimaient à frayer dans le lugubre, y côtoyait sans peine et sans crainte les forbans venus y perdre leur butin. Le propriétaire, disait-on, graissait la patte à qui de droit pour que jamais, la Marine n’aille trop rôder à ses abords.
Sous peu, Alegsis n’aurait qu’à y cueillir sa prime.
Son coup, néanmoins, il lui faudrait le calculer habilement. Or, l’habileté lui faisait cruellement défaut. Un faux-pas, et toute la flibuste locale l’enverrait par le fond. Ils y seraient nombreux les pirates ; peut-être près d’une centaine. De quoi s’estimer heureux de ne jamais avoir eu sa gueule dans les journaux au moment de se mêler à eux.
L'embarcation d’Emrik, serait accostée à même le vaisseau. Lui n’embarquerait pas depuis le port – quel qu’il fut – d’où partirait le tripot pour la nuit. Le chasseur de primes – car il avait réellement cogité son plan pour une fois – avait envisagé de couler la barque de sa cible tandis que celle-ci serait affairée aux paris. De quoi lui couper la retraite, en somme. Seulement, la prouesse, en plus de devoir être perpétrée sans être vu, élèverait si haut les suspicions ambiantes qu'elles s’érigeraient en un mur protecteur dressé autour du gibier.
S’embusquer au loin et poursuivre Emrik quand celui-ci décamperait ? Alegsis, avec son embarcation à pédales, aurait de toute façon été distancé par une crawleuse nonagénaire. Aussi lui faudrait copiner à bord et partir en sa compagnie. C’était son plan.
L’emplacement nocturne de La Frégate, situé non loin du Cap des Roccents, était connu de tous les initiés ; pirates comme chasseurs de primes. Aussi le traqueur chapeauté n’eut aucun mal à s'y rendre, quoi qu’il devait la praticité de son séjour au seul clair de lune venu lui dégager l’horizon. C’était en effet à chaque pleine lune que La Frégate quittait son port d’attache. Quelques barques miteuses y étaient par ailleurs déjà arrimées ; leur assortiment ne put ainsi que gagner en prestige alors qu’un minuscule pédalo fut mêlé en leur sein. Alegs fit son entrée.
- « J’en prendrai pour cinq-mille berries de jetons », annonça-t-il crâneur à la guichetière qui, à le voir si prétentieux, le toisa de tout le lourd poids de son mépris.
Impressionnée, celle-ci ne le fut pas tellement. À l’intérieur, on y misait à raison de centaines de milliers de berries, aussi, voir un pareil olibrius accoudé contre le comptoir du guichet, le visage modelé par la frime, ne put que lui arracher un profond soupir.
- « Non attendez ! Paniquait-il déjà sans grâce. Me donnez pas un seul jeton de cinq-mille. Mettez-moi plutôt…., il comptait sur ses doigt, ses lèvres énumérant la comptabilité qu’il tenait alors approximativement, ça y'est, j'y suis, mettez-moi pour cinquante jetons de cent. »
À son précédent mépris, la guichetière y ajouta l’irrésistible consternation venue lui animer les tripes et l’âme devant ce petit joueur débarqué d’on ne sait où. Ses jetons de cent, au père Jubtion, elle les lui jeta comme des graines à la volaille, pressée qu’elle était de le voir décamper tant sa tronche ne lui revenait pas.
Ses bras chargés de sa cagnotte malingre, l’intrus pénétra les lieux. On y fumait beaucoup et on ne s’imbibait pas moins. Un Audio Dial, quelque part, distillait une musique dans l’air au milieu des braillements ambiants. Alegsis eut-il eu le moindre doute quant à sa destination qu’il se savait à présent rencardé : l’air embaumait la piraterie à plein nez.
Déambulant gauchement avec sa gueule d’ahuri, Alegs, de ses gros yeux idiot, scrutait visages et alentours. Pas d’Emrik à l’horizon, mais à la place, une chiée de Den Den Vidéo accrochés aux murs, ici et là.
- Oh la la ! J’ai très soudain envie de faire caca. S’exclama l’Épavien d’une intonation mal actée et monocorde.
Ainsi formulait-il son alibi – bien que personne ne faisait attention à lui – pour mieux s’en aller aux latrines y trouver une cabine appropriée à ses desseins douteux. Ici, on n’y trouvait pas d’escargot indiscret, aussi y alla t-il à cœur joie.
- Brush Crush : Contrefaçon Cinglante ! Avait-il, de dans sa cabine, scandé comme une formule magique.
Et magique fut effectivement la formule car, entré dans son chiotte avec cinquante jetons de cent dans les bras, il en ressortait avec cinquante de dix-mille. Le pinceau lui avait été salutaire.
Partir immédiatement avec une somme si honteusement contrefaite ? Il aurait pu essayer à ses risques et périls, considérant que plusieurs paires d’yeux de gastéropodes s’étaient posés sur lui. Non, de son casino flottant, il en ressortirait rincé, mais pas les mains vides, espérant bien quitter la scène son bras en accolade au-dessus de l’épaule de sa proie.
Et la proie, à force de la chercher de l’œil, il la trouva autour d’une table de jeu. C’était coutumier dans les casinos. Pas de siège cependant ; rien que trois hommes debout autour d’une table surélevée aux rebords octogonaux. Il y avait de la place pour huit, donc pour un quatrième. Faisant à son tour irruption parmi le petit comité, le chasseur de primes déchargea sur la table ses jetons rutilants d’une peinture juste sèch.
- Alors ?! Entama-t-il bonhomme, avec son grand sourire de casse-couille niaiseux. On se la fait cette partie de petits chevaux ou bien ?
Fidèle à lui-même – et c’était à déplorer – il se jetait dans l’arène sans en connaître les règles. N’ayant aperçu que trois dés et un bol mis à la disposition de tout joueur susceptible de se présenter à la table, Alegsis ignorait jusqu’au nom même du jeu dans lequel il venait de se commettre.
L’inconvénient des plans d’Alegs ne tenait pas aux plans en eux-mêmes, mais à celui chargé de les exécuter. La suite des événements promettait d’être incongrue pour ne pas dire dramatique.
Les journaux en étaient pourtant pleins, de ces histoires de chasseurs de primes richissimes. La propagande du Gouvernement Mondial, après tout, devait encourager à ce qu’on assainisse les mers des malotrus de diverses obédiences. La vérité toutefois, au-delà de l’encre sur le papier, avait quant à elle quelques tristes accents marmiteux à énoncer.
Qu’il fut brigand de ces eaux ou exaltés de la révolte, le primé, il ne se jetait tout seul dans les menottes. Aussi, entre deux primes ravies à l’envolée par celui qui, de la chasse à l'homme, en vivait, les émoluments se faisaient parcimonieux. Des canailles labellisées par le Gouvernement Mondial, cela faisait une paye qu'Alegs n’en avait pas raflées. De là, le berry se faisait rare et les victuailles plus encore. Ses dernières bombances ? Alegsis les devait à quelques pêches de fortunes, le cul vissé sur son pédalo. À lui, les journaux ne lui dédieraient pas d’articles à sensation ; il donnait comme une mauvaise image de la profession. Tout impécunieux pouvait-il être cependant, sa misère tutoyait celle du gros de ses confrères. Chasseur de primes, c’était un vrai métier ; encore fallait-il s’y être échaudé suffisamment afin de s’en rendre expert.
Les journaux, encore eux, disaient bien que le 70 % des traqueurs abandonnaient l’affaire dans leur première année d’activité. Alegs, toutefois, ne lisait pas les journaux. D’abord car son alphabétisme l’en prévenait et, d’autre part, car il n’en avait pas les moyens.
Du fait qu'il fallait bien bouffer et que le pédalo était de moins en moins étanche, l’Épavien en chasse s’était alors essayé – chose rare – à un effort de réflexion préalable avant de se désigner une proie. À essayer de mordre le gros gibier plus d’une fois, il avait manqué d’y perdre des dents ; quant aux butins comptant parmi les plus abordables, on s’écharpait habituellement à raison quinze vautours pour déterminer qui raflerait la prime. Le contexte concurrentiel étant ce qu’il était, mieux valait miser sur les valeurs de niche. Et à bien la chercher, il l’avait trouvée sa carne rare, escomptant bien en faire un festin.
Les primés insaisissables, quand la gratification ne culminait pas bien haut, il s’en trouvait peu pour les pister. Trois mois à renifler les flots pour ne finalement récolter qu’une queue de hareng, il y avait là matière à désespérer les plus hardis et même les plus cupides.
Emrik Kazon, cet homme-ci, on le savait plus poisseux qu’une anguille enduite de savon. Sa foucade à lui, elle le poussait sur le sentier des enlèvements d’enfants pour en quémander la rançon. Deux fois il avait le coup. Alors, à l’usure, la Marine s’était dit que deux millions, pour sa petite gueule, c’était idoine. Seulement, Emrik, c’était un prudent. À jamais mouiller plus de vingt-quatre heures sur la même île, ses poursuivants, il en avait rendus fous des bataillons entiers. De quoi en tout cas vacciner leurs congénères d’une traque infructueuse ; d’autant que le jeu n’en valait certainement pas chandelle pour une somme aussi misérable.
Et Alegsis, à lui seul, réussirait là où même Baroque Works renonçait ? Il avait cette prétention. Ses oreilles d’hippopotame, si ses petits camarades du Cimetière d’Épaves s’en étaient copieusement moqués lorsqu’il était enfant – et du reste aussi par ailleurs – elles lui étaient toutefois drôlement utiles à traîner ici ou là, pour dégoter du ragot.
Le monde étant fait admirablement, chaque homme avait son point faible. Celui du bon Kazon, c’était le jeu. Durant un mois entier, le bougre rongeait son frein d’ici à ce que La Frégate lève l’ancre. La Frégate, contrairement à son intitulé, n’en était cependant pas une. Le bâtiment, pour ce qu’il avait de fameux, tenait de la bicoque montée sur coque. Un soir dans le mois, le tripot se laissait aller à la dérive au beau milieu des flots d’East Blue. De là, il se trouvait pléthore de réprouvés pour venir s’y joindre. Les paris qu'on y pratiquaient y étaient plus audacieux et onéreux qu’ailleurs. Le mauvais sang de la bonne société, ceux qui aimaient à frayer dans le lugubre, y côtoyait sans peine et sans crainte les forbans venus y perdre leur butin. Le propriétaire, disait-on, graissait la patte à qui de droit pour que jamais, la Marine n’aille trop rôder à ses abords.
Sous peu, Alegsis n’aurait qu’à y cueillir sa prime.
Son coup, néanmoins, il lui faudrait le calculer habilement. Or, l’habileté lui faisait cruellement défaut. Un faux-pas, et toute la flibuste locale l’enverrait par le fond. Ils y seraient nombreux les pirates ; peut-être près d’une centaine. De quoi s’estimer heureux de ne jamais avoir eu sa gueule dans les journaux au moment de se mêler à eux.
L'embarcation d’Emrik, serait accostée à même le vaisseau. Lui n’embarquerait pas depuis le port – quel qu’il fut – d’où partirait le tripot pour la nuit. Le chasseur de primes – car il avait réellement cogité son plan pour une fois – avait envisagé de couler la barque de sa cible tandis que celle-ci serait affairée aux paris. De quoi lui couper la retraite, en somme. Seulement, la prouesse, en plus de devoir être perpétrée sans être vu, élèverait si haut les suspicions ambiantes qu'elles s’érigeraient en un mur protecteur dressé autour du gibier.
S’embusquer au loin et poursuivre Emrik quand celui-ci décamperait ? Alegsis, avec son embarcation à pédales, aurait de toute façon été distancé par une crawleuse nonagénaire. Aussi lui faudrait copiner à bord et partir en sa compagnie. C’était son plan.
L’emplacement nocturne de La Frégate, situé non loin du Cap des Roccents, était connu de tous les initiés ; pirates comme chasseurs de primes. Aussi le traqueur chapeauté n’eut aucun mal à s'y rendre, quoi qu’il devait la praticité de son séjour au seul clair de lune venu lui dégager l’horizon. C’était en effet à chaque pleine lune que La Frégate quittait son port d’attache. Quelques barques miteuses y étaient par ailleurs déjà arrimées ; leur assortiment ne put ainsi que gagner en prestige alors qu’un minuscule pédalo fut mêlé en leur sein. Alegs fit son entrée.
- « J’en prendrai pour cinq-mille berries de jetons », annonça-t-il crâneur à la guichetière qui, à le voir si prétentieux, le toisa de tout le lourd poids de son mépris.
Impressionnée, celle-ci ne le fut pas tellement. À l’intérieur, on y misait à raison de centaines de milliers de berries, aussi, voir un pareil olibrius accoudé contre le comptoir du guichet, le visage modelé par la frime, ne put que lui arracher un profond soupir.
- « Non attendez ! Paniquait-il déjà sans grâce. Me donnez pas un seul jeton de cinq-mille. Mettez-moi plutôt…., il comptait sur ses doigt, ses lèvres énumérant la comptabilité qu’il tenait alors approximativement, ça y'est, j'y suis, mettez-moi pour cinquante jetons de cent. »
À son précédent mépris, la guichetière y ajouta l’irrésistible consternation venue lui animer les tripes et l’âme devant ce petit joueur débarqué d’on ne sait où. Ses jetons de cent, au père Jubtion, elle les lui jeta comme des graines à la volaille, pressée qu’elle était de le voir décamper tant sa tronche ne lui revenait pas.
Ses bras chargés de sa cagnotte malingre, l’intrus pénétra les lieux. On y fumait beaucoup et on ne s’imbibait pas moins. Un Audio Dial, quelque part, distillait une musique dans l’air au milieu des braillements ambiants. Alegsis eut-il eu le moindre doute quant à sa destination qu’il se savait à présent rencardé : l’air embaumait la piraterie à plein nez.
Déambulant gauchement avec sa gueule d’ahuri, Alegs, de ses gros yeux idiot, scrutait visages et alentours. Pas d’Emrik à l’horizon, mais à la place, une chiée de Den Den Vidéo accrochés aux murs, ici et là.
- Oh la la ! J’ai très soudain envie de faire caca. S’exclama l’Épavien d’une intonation mal actée et monocorde.
Ainsi formulait-il son alibi – bien que personne ne faisait attention à lui – pour mieux s’en aller aux latrines y trouver une cabine appropriée à ses desseins douteux. Ici, on n’y trouvait pas d’escargot indiscret, aussi y alla t-il à cœur joie.
- Brush Crush : Contrefaçon Cinglante ! Avait-il, de dans sa cabine, scandé comme une formule magique.
Et magique fut effectivement la formule car, entré dans son chiotte avec cinquante jetons de cent dans les bras, il en ressortait avec cinquante de dix-mille. Le pinceau lui avait été salutaire.
Partir immédiatement avec une somme si honteusement contrefaite ? Il aurait pu essayer à ses risques et périls, considérant que plusieurs paires d’yeux de gastéropodes s’étaient posés sur lui. Non, de son casino flottant, il en ressortirait rincé, mais pas les mains vides, espérant bien quitter la scène son bras en accolade au-dessus de l’épaule de sa proie.
Et la proie, à force de la chercher de l’œil, il la trouva autour d’une table de jeu. C’était coutumier dans les casinos. Pas de siège cependant ; rien que trois hommes debout autour d’une table surélevée aux rebords octogonaux. Il y avait de la place pour huit, donc pour un quatrième. Faisant à son tour irruption parmi le petit comité, le chasseur de primes déchargea sur la table ses jetons rutilants d’une peinture juste sèch.
- Alors ?! Entama-t-il bonhomme, avec son grand sourire de casse-couille niaiseux. On se la fait cette partie de petits chevaux ou bien ?
Fidèle à lui-même – et c’était à déplorer – il se jetait dans l’arène sans en connaître les règles. N’ayant aperçu que trois dés et un bol mis à la disposition de tout joueur susceptible de se présenter à la table, Alegsis ignorait jusqu’au nom même du jeu dans lequel il venait de se commettre.
L’inconvénient des plans d’Alegs ne tenait pas aux plans en eux-mêmes, mais à celui chargé de les exécuter. La suite des événements promettait d’être incongrue pour ne pas dire dramatique.