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Y'en a des biens (PV avec Léo Nin)

« Il s’était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment » était une de ces formulations toute faite que la presse affectait tout particulièrement. Le malheur, cependant, n’avait ni domicile fixe et encore moins d’heure consacrée pour exercer son affliction, celui-ci se contentait en effet de planer et de rôder en divers endroits et à tout instant. L’infortune, on n’allait jamais à sa rencontre car c’était elle qui cheminait jusqu’à vous.
Désastres et mésaventures, protéiformes et irrésistibles, se choisissaient divers avatars en ce bas monde pour se concrétiser. D’un tsunami à une agression malvenue au détour d’une ruelle, la déveine prenait parfois forme humaine, au point de voir même se voir attribuer un nom. Le nom de ce concentré de désolation venu faire irruption au chantier naval de Logue Town en cette fraîche matinée, il tenait en deux mots : Alegsis Jubtion. Quand celui-ci était dans la parage, même avec les meilleures intention du monde en tête, en sa présence, on se trouvait toujours au mauvais endroit au mauvais moment.

- « Bonjour, bonjour ! S’annonçait-il jovial et survolté, pareil au grondement du tonnerre qui précédait la dévastation de la foudre. Je viens pour acheter de la peinture. »

Le malheur ne frappait pas aux portes – celui-ci avait même la fâcheuse tendance des les oblitérer d’un coup de pied dans le cadre de ses attributions – aussi Alegsis avait pénétré sans complexe les abords du chantier naval pour gambader dans les immenses hangars où artisans, ouvriers et orfèvres usaient de la magie qu’ils avaient dans les mains pour donner lieu aux bâtiments maritimes qui, sous peu, fendraient les flots.
Un contremaître, apparemment coutumier de la bête qui s’était permise une intrusion malvenue, se détacha de ses occupations afin de lui barrer la route et ainsi entraver le plein potentiel de la nuisance qui venait à eux.

- « Pour la quatrième fois, Alegsis, s’agaçait-il les dents serrées dans sa barbe étoffée, c’est un chantier naval ici. »

La remarque, pour incisive qu’elle fut, était néanmoins pertinente au dernier degré. La peinture, dont Alegsis usait copieusement pour y étaler ses Color Traps, s’achetait en général en quincaillerie. Aussi était-il inopportun pour ne pas dire d’une débilité insane de venir au beau milieu d’un chantier naval pour espérer en faire l’acquisition.
Les arguments comptant parmi les plus censés de ce monde, toutefois, n’avaient aucune emprise sur l’idiotie révélée à l’état pur.

- « PEINTURE ! » Récriminait déjà le chasseur de primes et ses poings fermés, ses sourcils froncés sans qu’il ne parut menaçant pour autant.

Bien que de cet homme-là, on ne pouvait qu’en espérer le pire dans le registre de l’ânerie caractérisée, le contremaître resta un instant inerte, à la fois soufflé et désabusé par la réaction qui, chez lui, suggéra instantanément des envies de massacre.

- « Ce n’est pas en criant que la peinture va apparaître par ma.. »

- « PEINTURE ! » Reprit Alegsis de plus belle, persuadé de son bon droit bien que fourvoyé dans l'erreur jusqu'au coude.

Saisi au col par le gaillard dont les poignets étaient peut-être plus gros encore que les cuisses du casse-pieds qu'il se sentait de sermonner, le contremaître sentit l’écume lui venir aux lèvres. C’était un symptôme fréquent chez qui s’essayait à plus d’une minute de conversation avec Alegsis Jubtion.

- « Mais tu vas arrêter de gueul… »

Sa phrase, il n’eut pas le temps de l’achever que déjà, la nouvelle cartouche lui parvint dans les oreilles.

- « PEINTURE ! »

Les idiots, en plus d’être imbuvables, étaient réputés pour être bornés dans des obstinations folles sans que jamais la raison ne puisse les tempérer dans leur insanité.

- « Patron, intervint un des travailleurs qui, lui aussi, même de loin, était exaspéré par la scène, on a largement ce qu’il faut pour peindre les coques. Donnez-lui en qu’on en finisse. »

À Alegsis, pour échapper au courroux ambiant de sa crétinerie légendaire, il fallait lui rompre les os ou bien céder à ses lubies absurdes afin qu’il prit congé de vous. Initialement parti pour la première option, le contremaître savait cependant qu’il n’avait pas la loi pour lui. Bien que les seaux de peinture qu'il ramassa alors, à ce dégénéré de chasseur de primes, il les lui aurait en principe gracieusement envoyés en travers de sa gueule gueule, le travailleur céda de guerre lasse et les lui en abandonna trois dans les bras.

- « Tiens, espèce de débile, céda-t-il comme une reddition furieuse, la voilà ta peinture. Fous-moi le camp maintenant. »

Cette peinture, il la lui cédait comme un otage s’abandonnait aux doléances de son ravisseur. Et pourtant, Alegsis n’avait pas eu besoin de s’en remettre à la menace pour y parvenir ; simplement d’être lui-même : une calamité débonnaire bien qu’imprégnée de stupidité jusqu’au dernier atome qui le constituait.
Maintenant calmé, son visage grotesque et imbécile gagna en radiance, ravi de son acquisition, ayant oublié jusqu’à l’injonction à décarrer qui lui fut vertement adressée. Son cerveau ne retenait pas ce qui n'était pas susceptible de l'intéresser.

- « Gratuitement en plus ?! s’ébaudissait-il la bouche ouverte, du scintillement plein les prunelles. Oh bah merci alors. Pour la peine, je reviendrai. »

Il avait déjà fait volte-face en sifflotant que le contremaître, derrière lui,  s’était effondré à genoux pour se confondre dans un long et désespéré « Noooooooon » d’agonie. Un cri qui, aux oreilles d’Alegsis, ne lui parvînt que comme un modeste clapotis venu s’ajouter à l’orchestre strident d’un chantier naval où rabots, scies et marteaux entamaient depuis l’aube une mélodie assourdissante.

En direction du dehors, dans l’étroite porte qui le conduisait hors du gigantesque hangar, une large carrure, arrivée à l’instant où il s’apprêtait à sortir, lui obstruait le chemin alors qu’il se situait dans l’embrasure de la sortie. D’une exclamation sans emphase ni étonnement, le chasseur de primes réagit alors posément en des termes qui ne pouvaient être que les siens.

- « Sapristi. Dégoisa-t-il frugalement après qu’il fut stoppé dans sa marche par la masse dressée devant lui, levant la tête bien haut afin de mieux toiser la bête sur son chemin. En voilà une grosse belette. »

Les présents propos, alors qu’il croisait un Minks pour la première fois de sa stupide existence, préfiguraient alors une suite de répliques puisées elle aussi dans le manque de tact tandis que, les bras chargés de ses pots de peinture, l’artiste-pitre usa de ses pieds afin de marteler les tibias de l’imposant lion situé devant lui.

- « Bouge de là métèque, tu vois bien que tu gênes, non ? » Requit innocemment et presque sympathiquement un chasseur de primes décidément bien mal embouché et peu au fait de ce qui incombait aux usages civils.

Certains – les plus idiots notamment – étaient simplement incapables de percevoir un danger flagrant, quand bien même une pancarte se serait trouvée dessus pour le signaler. Insulter aussi généreusement un Minks dont les mâchoire pouvaient broyer un homme constituait l’illustration même de cet état de fait.
Alegsis n’était pourtant pas de ces racistes qui lâchaient leurs opinions en la matière par malveillance, mais uniquement parce qu’il avait toujours considéré sain et naturel de s’exprimer ainsi. Jamais conscient d’être blessant, l’énergumène n’en finissait alors pas d’être odieux sans le savoir. Il avait le racisme heureux, Alegs. Ce qui, quelque part, le rendait finalement plus insupportable que les ségrégationnistes et autres xénophobes patentés car, lui, à la différence de ces derniers, n’hésitait jamais à faire étalage du fond de sa pensée avec gaudriole. Une pensée qui, dans un esprit aussi atrophié et arriéré que le sien, se formulait en autant de flatulences oratoires.

- « Ma parole, reprit-il face à la placidité immuable du colosse velu, t’as donc de la fourrure du trou du cul jusqu’aux oreilles ? S’excitait un peu plus le malappris aux bras encombrés par ses emplettes. Je t’ai dit de bouger, marsupial ! »

À en juger la présente altercation qui glaçait de stupeur tous ceux qui, dans le chantier naval, avaient posé un œil ou une oreille dessus, la concorde entre l’abruti notoire et le Minks qui venaient de se rencontrer au pas d’une porte trop étroite, n’était vraisemblablement pas en passe de s’établir dans les meilleurs termes. Pas sans que ce fut sans heurts en tout cas.
La première impression, disait-on, était cruciale si ce n’est indispensable. Fidèle à lui-même et à ses résolutions, Alegsis, sa première impression, il l’avait admirablement foirée ; et dans les grandes largeurs qui plus est. La suite de l’interaction – s’il ne périssait pas d’un coup de griffe dans l’instant – promettait d’être instructive.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Mar 11 Avr 2023, 08:31, édité 3 fois
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"La ville où tout commence et où tout se termine". Logue town, la légendaire. Ville natale du premier roi des pirates Gol D Roger.Je pouvais déjà voir la ville de loin dans le ferry pour arriver là-bas avec mes affaires. La pirate que j'avais rencontrée dans le passé m'avait donné une astuce pour venir la rejoindre si un jour je décidais de sortir de mon île.

Je devais contacter une certaine guilde ici. Leur dire que je venais de "sa" part que le restes étaient entre leur mains. Pour le coup j’étais sûr que dame Izya ne se trompait pas sur l'endroit mais elle aurait pu être plus précise...
La ville était gigantesque, massive. Rien de ce que j'avais envisagé une fois en face de la bête. Bien-sûr j’étais déjà venu sur le port mais jamais allé dans la ville elle même/ Il me fallut un peu de temps juste pour habituer mon esprit à voir autant de gens, autant de bâtiments et de taille si conséquentes.
Mon baluchon sur le dos je me pressais pour rejoindre la foule et avancer comme mu par un "courant" social. Tout le monde avançait avec une telle détermination et un but si précis que je fus intimidé par la chose. J'avais quitté la mer pour retourner en plein dans l'océan!

Moi qui venais d'une petite ville je n'avais jamais constaté le nombre de regards sur moi à cette échelle. J’étais grand, fort et violet. Trois choses que les gens ne se privaient pas d'admirer. Comme si mes caractéristiques leur donnaient une excuse pour me dévisager. Allez Léo calme toi, rappelle toi là où il fallait aller. Ne connaissant pas le chemin je me laissais guider par le flot de personnes qui se pressaient dans la rue et qui m'amenèrent plus profondément dans la ville.

Au détour d'une rue je parvenais à voir un endroit plus dégagé, choix logique donc, d'opter dans cette direction. Mon apparence et ma carrure au sein de cette foule me mettant moi même mal à l'aise. J'essayais d'y parvenir en faisant attention de ne pas toucher les gens ou d'être emporté par la foule a coup de "pardon" ou de "Excusez moi", chaque fois que quelqu'un rentrais en collision avec moi. Je n'étais pas un animal qu'on pouvais caresser a sa guise.

Et c'est la que je débouchais sur un endroit historique, la fameuse place.

Il y avait quelque chose d'étrange ici. C'était une simple place pourtant tout paraissait plus grand. Il y avait du bruit dans les rues mais ici il y avait quelque chose de... solennel. les gens parlaient moins fort, on entendait juste le bruit des pas sur le pavé et comme moi il y avait du monde qui regardait l’échafaud non démonté de cette place entre le sinistre et mythique.
Alors c'était là? Mon cœur se serrait à cette vue. Cet échafaud était le symbole de la justice mais aussi l'aveu de son échec le plus cuisant. A quel moment était-ce la justice de mettre a mort quelqu'un? Quand la justice se prends pour dieu à donner et prendre la vie...

Je me détournai finalement et pour remarquer qu'a cet instant je n'était plus centre de l'attention. mon âge, ma fourrure, mon apparence, ma taille n'importais pas car les regards étaient sois au sol ou vers l'échafaud. Avec un sourire j'essayais de continuer mon chemin après cet arrêt respectueux sur cette place. Je savais ce que j'avais à faire il fallait que je trouve cette mystérieuse guilde des Usuriers. Normalement on m’avait dit qu'ils pourraient peut-être me fournir un bateau. Mais le soucis c'est que j’étais trop voyant! Pas discret pour un sou et en plus très mauvais pour paraitre louche! Comment faisaient les gredins pour paraitre crédible ? Ils avaient peut-être des signes de gang ? Des passages secrets ou même des poignées de mains secrètes pour se reconnaitre ?
Tout ce que je réussissais à faire c'était rester planté là devant le chantier naval sans savoir trop a qui parler. De plus mon air stressé n'invitait pas vraiment à ce quelqu'un me parle. Pourtant au bout d'un moment je sentais des petits coups contre ma jambe gauche et quand je sortais de ma rêverie je me tournais vers un homme peu banal. Il semblait bien chargé et bien ennuyé parce que visiblement je lui bouchais le passage.

Le soucis était que j’étais contre un mur et qu'il y avais tout le reste du passage devant moi. Il parlait mais je ne comprenait pas bien ce qu'il disait, parlait-t'il une une autre langue?

"Excusez moi monsieur...passez ! Mais vous savez il y a de la place juste ici !"

Je lui montrait l'endroit très grand et prospère pour les gens à pied, cette grande invention qu'était la route pavée. Puis je me baissais un peu pour le regarder. Il y avait quelque chose d'étrange à cet individu.

"Vous allez bien? J’espère que vous ne vous êtes pas fait mal! Je suis confus, je suis nouveau ici et je n'ai pas remarqué votre présence. "

Je me risquais même d'avoir un sourire un peu désolé. Cela ne me ressemblait pas de phaser comme cela. J’espère qu'il allait s'en remettre.


Dernière édition par Leo Nin le Ven 21 Avr 2023, 17:11, édité 1 fois
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« - Que... tu... »

Décontenancé par la répartie de la bête, Alegsis fut immédiatement sur ses gardes. Adoptant une posture plus martiale que précédemment, son pinceau de combat fut brandi bien assez tôt pour palier au pire. Persuadé qu'il avait affaire à une technique d'emprise mentale tant il ne comprit rien à la courtoisie avec laquelle le velu lui avait donné la réplique, Alegs bondit d'un pas en arrière afin de se montrer plus prudent que de rigueur.

- « Jeri-hi-hi, ricanait-il alors nerveusement comme pour mieux dissimuler son angoisse, Inutile, les attaques intellectuelles n'ont aucun effet sur moi. » Se vantait-il sans apparemment comprendre ce que cette assertion avait d'accablante le concernant.

D'attaque « intellectuelle », il n'en fut cependant pas la proie. Ni même d'aucune offensive d'une quelconque nature que ce soit. En face de lui, il avait affaire à la créature la plus avenante et abordable qui fut. Son seul tort - si c'en était un - fut de ressembler à un animal pour le moins dangereux.
Doté de capacités cognitives rudimentaires pour ne pas dire absente, Alegs ne put cependant aller au-delà des apparences, apparemment bien décidé à en découdre, et ce bien qu'il redoutait une confrontation que lui seul pensait inévitable dans sa méprise tragique.

- « Si.. si tu pensais m'avoir avec des mots, c'est que t'es aussi bête que t'es laid. Parfaitement. »

Jamais inversion accusatoire ne fut professée avec autant de culot que la sienne si l'on prenait en compte son envergure psychique et les quelques immenses tares esthétiques qui lui servaient de visage.
Anxieux comme il n'aurait su l'être davantage, c'est d'une main tremblante que le chasseur de prime se cramponnait à son arme insolite. L'animal face à lui dégageait une présence qui, sans forcern lui intimait une terreur sans pareille. Le sourire du malheureux Minks, pour ce qu'il avait d'amical et de sincère, ne fit que dévoiler ses crocs saillants et tranchants, confortant alors son interlocuteur dans sa névrose défensive.

- « Des marmottes comme toi, j'en ai déjà assommé de plus grosses. Tu... tu me fais pas peur. » Persister à aboyer un bouffon qui macérait ostensiblement dans sa trouille.

Puis, se souvenant de ce qui l'avait amené à Logue Town initialement, à savoir ces embarcations que l'on volait fréquemment sur les chantiers naval avant même qu'elles ne fussent achevées, Alegsis usa de toute sa perspicacité afin que ses préjugés le conduisirent à la seule conclusion qui vaille :

- « Ah ! Mais je comprends mieux maintenant. Le sens de la déduction d'Alegsis Jubtion allait afin se dévoiler dans ce qu'il avait de plus fantasque, t'es venu voler un bateau ! Je me disais que t'avais une tête de voleur. Rajouta t-il avec toute la lourdeur que supposait le poids de ses préjugés raciaux. Les coupables reviennent  toujours sur le lieu de leur crime, c'est bien connu. Cette fois, ton compte est bon. Enfin... si t'as une prime sur ta tête. »

D'un tempérament fonceur du fait qu'il fut insouciant en chaque occasion, la mine d'un prédateur collée sur une carrure aussi robuste l'intimait pour une fois à l'humilité. Mais castagne il se devait d'y avoir car Alegs, de toute sa remarquable prescience, sentait que le pugilat était inéluctable du fait de la menace - pourtant inexistante - que représentait ce Minks au demeurant très sympathique.
Prêt à l'assaut, c'est un sursaut de bon sens - qu'il devait naturellement à un tiers - que le chasseur de primes dut son salut.

- « Ça va pas, non ?! Pas de baston dans mon chantier. Eh puis il t'a rien fait ce Minks que je sache. »

Ici et là, à tout atelier de travail, on poussa un profond soupir de soulagement. Alegsis ne souhaitant pas s'aliéner son principal fournisseur de peinture quitta ainsi sa pose martiale pour finalement mettre son pinceau en appui sur son épaule, retrouvant bien assez tôt sa gueule niaise et ses airs nonchalants de stupidité.

- « Aaaah, c'est votre mascotte. Fallait le dire plus tôt. Et il commença à rire sincèrement, les chicots dévoilés et ses yeux fermés, ayant sauté d'un malentendu à un autre. Jeri-hi-hi-hi, quand je pense que je me suis pissé dessus pour rien. Toute l'assemblée, lui le premier, se marbra dans un silence accablant, jusqu'à ce que, le visage pétrifié et la bouche grande ouverte, Alegsis se rattrapa avec l'habileté qu'on lui connaissait. Je veux dire... je me suis pas pissé dessus. Enfin... si. Admit-il alors que le bas de sa tunique était effectivement trempé. Mais c'était avant d'entrer ici. Voilà. »

Ainsi s'imaginait-il avoir sauvé l'honneur alors qu'il s'épongea le front d'un revers d'avant-bras en poussant un soupir de soulagement.
Pensant la question de son humiliation déjà évacuée alors que tout le monde autour de lui n'avait plus que ça en tête, Alegs en vînt au plus pressé, se saisissant d'une planche allouée aux travaux environnants pour la porter aux naseaux moustachus de « la mascotte ».

- « Allez, renifle. » Lui dit-il avec aplomb sans bien sûr évaluer l'affront qui fut le sien alors qu'il traitait un être doté d'une intelligence bien supérieure à la sienne comme une simple bête bonne à pister les malfrats.

- « Alegs, bon sang ! S'énervait à nouveau le contremaître devant tant d'irrespect. C'est pas un chien. »

- Évidemment que c'est pas un chien. Rétorqua le giboyeur avec ce même aplomb à l'origine de ses innombrables bourdes. C'est mon ami. Cette allégation, annoncée alors qu'il se frappait la poitrine pour mieux appuyer ses sentiments, fut formulée avec une sincérité si touchante qu'elle avait quelque chose de juvénile. Je l'ai baptisé Empereur Barbatouffe IIIeme du nom.» Poursuivit-il alors qu'il substituait déjà l'imbécilité à la candeur.

- « Mais, il a sûrement un nom, tu peux pas juste le bapt... » s'étranglait presque le contremaître avant d'être évidemment interrompu par plus malpoli que lui.

- « Évidemment qu'il a un nom, je viens de te le dire. En soupirant comme exaspéré de ce qu'il toisait comme de la bêtise, Alegs se tourna vers Léo avec une complicité venue d'on ne sait où pour lui dire il comprend rien ce mec. Puis, téméraire, il ajouta aussitôt, Allez, viens Empereur Barbatouffe IIIeme du nom, avant de le prendre par la patoune afin de l'emmener avec lui hors du chantier naval, on a autre chose à faire que rester avec ces tocards. Faut qu'on retrouve tous ces pignoufs qui nous volent nos bateaux. »

Devant le regard médusé de tout ce que le chantier comptait de travailleurs, Alegsis enlevait pour ainsi dire le pauvre matou qu'il avait pourtant pris en grippe quelques minutes auparavant. Ce dernier, venu pour quelques renseignements sans doute, se faisait embarquer dans une chasse aux désosseurs dont il prit connaissance dans l'instant même. Alegsis, toute chose considérée, lui fut finalement moins nuisible lorsqu'il le tenait pour un ennemi qu'un ami. Il y avait en effet des complicités dont on se passait bien.  [/b]
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J'avais déjà être pu être confus dans ma vie. Ça m'arrivais de temps en temps de perdre des objets ou d'oublier quelque chose d'important par mégarde mais pas ça. J'endurais le racisme fait a mon peuple depuis des siècles, l’exacerbation de notre différence entre humains et Minks. Ce qui devrait nous rapprocher d'une certaine manière des hommes-poissons mais endurer ça ? C'était un calvaire.
Le peintre que j'avais devant moi avais l'air en si grande détresse, avec un trouble mental si profond que mon cœur se serrais de pitié en le voyant multiplier les actions sans queue ni tête.

Vous pensiez que j'allais me ranger du côté des gens qui travaillaient ici? Absolument pas. L'homme que j’avais devant moi n'étais que le fruit d'une vie de différence, une vie d'injure qu'il passais son temps à répéter comme si il avais appris à parler en répétant les choses odieuses qu'on lui disait. Il était près a jouer aux gros dur avec moi pour se faire accepter par les autres même si son corps était beaucoup honnête pour cacher sa peur.
"Tu ne me fais pas peur" C'était le plus gros mensonge qu'il avais proféré depuis lors.

- Moi non plus. Tu n'a rien a craindre ok? Je ne suis pas du genre a me battre, si je dois me battre c'est pour des choses justes. Et ça ne serait pas juste.

Je retenais mon cœur de frémir dans ma poitrine pour refouler les larmes qui me montait aux yeux. Non. Il fallait que je restes fort, je ne pouvais pas lui montrer que j’avais de la pitié pour lui. Je voyais qu'il allais au devant du danger pour une noble cause en plus. Des voleurs de bateaux ? Ici? Quel courage. Même si j'avais pu observer une posture guerrière chez lui il n'en restais pas moins seul dans cette grande ville. Espérer que les ennemis se battent a la loyal ici était peine perdue.

"Je ne suis pas un voleur. Mais si tu a besoin d'aide contre les voleurs je t'aiderais volontiers."

Visiblement le chef du chantier naval ne l'a pas entendu de cette oreille et c'est interposé ce qui a permis au petit homme de se calmer et de ne plus me voir comme une menace. Bon un problème de moins mais je ne comprenais toujours tout ce que disais ce "garçon" ? A vrai dire je ne savait même pas quel âge il avait. Léo ! Reprends toi la vie est déjà assez dure pour lui ! N'en rajoute pas en le jugeant !
De plus d'un côté cela m'amusait, il était si spécial. Et avais une logique bien à lui qui semblait imparable, je ne prenais pas ombre de ses remarques. C'était peut-être sa façon a lui d'exprimer ce qu'il ressentait.
Maman m'avait  dit un truc du genre une fois. Être tolérant c'est important. Une fois un peu plus lon et qu'il me tenais la main comme un enfant tenait un parent je commençait a rire un peu.

"Tu est un sacré numéro toi, je vais t’éviter la peine de me nommer. Mon nom est Léo et je suis un minks... A moitié comme toi et plus animal de l'autre. Par contre si on tombe effectivement sur des voleur il va falloir que tu me raconte ce que tu sais sur eux. Et ca sera surement dangereux d'accord ? Tu est capable de te battre a ce que j'ai vu...Non?"

Je lui souriais amicalement. Il me considérait comme un ami, déjà ? Eh bien ça fait chaud au cœur.
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Les super copains, littéralement main dans la main, attiraient alors sur eux des regards suffoqués. Un Minks, c'était une chose. Une chose dont on se faisait à la longue, mais avec défiance. Ce qui, sous leurs yeux, s'apparentait en revanche à une proximité pour le moins ambiguë entre ces deux mâles qui se tenaient par la main - quoi que le plus chapeauté des deux semblait davantage tirer l'autre derrière lui dans sa foulée sautillante - ouvrait en grand les mâchoires de la plèbe environnante et faisait vrombir à grands bruits quelques centaines de chuchots outrés.

Afin de consacrer cette amitié qu'était la leur, apparemment sujette aux jugements les plus hâtifs sans qu'Alegsis ne s'en aperçoive, ce dernier avait pousser le vice jusqu'à composer une chanson le temps qu'ils remontèrent la piste jusqu'aux désosseurs de navires.


« C'eeeeeeest mon pote Léo,
peut-être bien qu'il est pas très beau.

Mais c'est paaaaa-rce que c'est un Minks,
et il a pas fait exprès d'être Minks !
♫ »


Son couplet ainsi entamé, Alegsis se stoppa net dans sa joyeuse cavalcade, son compagnon de traque l'imitant aussitôt du fait qu'ils étaient reliés l'un à l'autre de la paume de l'un jusqu'au coussinet du second. Son arrêt brutal, Alegsis le justifia penaud alors qu'il se retournait vers son nouvel ami, un air quelque peu abattu lui étant tombé sur la trogne.

- « Ouais... je sais. Admettait-il quelque part honteux d'avoir été si mal inspiré. Y'a pas beaucoup de rimes en « Minks »... »

Puis, retrouvant aussitôt sa joie survoltée alors qu'il reprenait la route en traînant derrière lui son camarade, Alegs entonnait de nouveau sa turlurette¹. Cent-quatorze fois d'affilée très exactement. Ce qui, quand on s'y échaudait, équivalait à une torture indicible que même le Cipher Pol aurait répugné à employer dans le cadre de ses interrogatoires.
Leur balade dans la ballade dura un temps, un temps qui parut sans doute durer une éternité pour le malheureux Minks situé dans son sillage, jusqu'à ce qu'enfin, Alegsis se stoppa à nouveau dans son parcours pour demander à Léo :

- « Par où tu veux commencer à enquêter ? »

Depuis trente minutes au moins, le chasseur de primes avait gambadé le plus insoucieusement du monde sans s'être défini un objectif, simplement occupé qu'il était à folâtrer sans but, main dans la main avec son copain le Minks.
Il était si abruti, cet homme-là, que c'en devenait dangereux pour les autres.

- « J'avais pensé à aller au centre-ville. » Se hasardait-il ensuite à dire en haussant les épaules, menant ses investigations comme on lançait les dés.

Léo dut alors lui expliquer - avec toute la patience et la bienveillance qui était la sienne - que les désosseurs de navires, afin d'œuvrer dans leurs larcins, étaient coutumièrement, si ce n'est même fatalement, voués à opérer leurs méfaits en bord de mer. Avec calme et son imperturbabilité légendaire, il dut insister pour qu'Alegsis comprit que les bateaux, parce qu'ils naviguaient sur l'eau, étaient plus à même d'être démontés le long des côtes.

- « Eh, t'es pas bête pour une cochonnerie de bestiole en fait ! » Alla ainsi le chasseur de primes d'un compliment aussi spontané qu'il était sincère.

Les quelques minutes suivantes furent employées afin de lui expliquer PATIEMMENT, qu'un Minks n'était pas une « cochonnerie de bestiole », mais une espèce à part qui, au même titre qu'un humain, était digne de respect. Alegs n'eut pas l'air franchement convaincu de l'explication, son sens de l'entendement étant quelque peu entamé par une débilité flagrante. Avec un regard vide et la bouche légèrement entrouverte tout du long qu'on lui expliqua des évidences admises par le premier nourrisson venu, il simula finalement un éclair d'intelligence et, avec enthousiasme, brandit le pouce en affichant un grand sourire niais et frimeur. C'était sa manière à lui de dire qu'il avait tout compris lorsqu'il ne pigeait pas un broque à ce qu'on lui disait.

Ils étaient alors partis, main dans la main toujours - bien que Léo subissait la poigne d'Alegsis plus qu'il ne la serrait avec conviction - pour arpenter le long des côtes. Et à chaque cabanon qui passait, dès qu'un signe de vie se trouva là sur une quelconque plage de Logue Town, le pisteur licencié demanda avec une jobardise aussi singulièrement qu'elle était outrecuidante :

- « Bonjour, vous désossez des navires volés ici ? »

C'était une méthode d'enquête comme une autre. Pas une qui fut susceptible de parvenir à des résultats probants, mais une méthode d'enquête tout de même. Entre les airs gênés et les ricanements embarrassés, pas un soupçon de piste ne parvint jusqu'à eux. Léo, dans toute sa clairvoyance, avait eu beau suggérer d'autres voies d'approche, Alegsis s'obstinait dans ses dérives indolentes.
Après avoir longé un bon quart du pourtour de Logue Town, on s'accorda un temps de repos. Alegs se reposa les jambes quand le velu qui l'accompagnait, lui, se reposa les nerfs. Car à nouveau, son idiot compère avait récidivé dans ses ritournelles indigentes.

Alors qu'ils s'étaient trouvés un coin de plage où personne n'y zonait trop à cette heure, une bonne dizaine de gaillards, la gueule pleine de menues cicatrices et des mains caleuses noircies par la graisse, ne tardèrent pas à grouiller aux alentours. À bien les voir, on comprit assez tôt qu'ils les encerclaient.

- « Alors les tapettes, démarra salement un des loustics qui, à n'en point douter, avait entendu la rumeur publique, paraît que vous recherchez des désosseurs ?... Ça tombe bien, on en est. Même qu'on désosse pas que les bateaux. »

Contre toute attente, la technique du pistage aléatoire avait porté ses fruits. Et des savoureux qui plus est.
Dans toute son imbécilité, cette tactique fut finalement intelligente en ce sens où, à trop évoquer ces désosseurs, ceux-ci, se pensant traqués par quelques officiers compétents, s'agitèrent du fait qu'ils se savaient poursuivis, attirant l'attention sur eux au point de décider de prendre les devants afin d'éliminer les quelques nuisances venues fureter dans leurs déprédations. Quand il faisait les choses intelligemment, Alegsis n'agissait alors que malgré lui.
Ce dernier alla retrouver Léo dont il s'était éloigné le temps de faire barboter ses pieds dans la mer, puis se pencha en sa direction pour lui poser une question que seul lui était à même de conceptualiser dans de pareilles situations.

- « Tu penses qu'ils connaissent les types qui volent les navires du chantier naval ? »

La perspicacité, chez lui, était si résolument absente, qu'il fallait un certain temps à son organisme pour seulement comprendre qu'il faisait chaud lorsqu'il mettait sa main au feu. Le fait est que la petite bande qui leur était parvenue sur le sable fin était arrivée outillée, et pas dotée des intentions les plus bienveillantes qui soient.

¹. Une turlurette c'est le nom qu'on donne à un refrain entraînant et chanté gaiement. Allez pas bricoler des histoires scabreuses je vous prie.
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Bon j'avais peut-être un peu sous estimé. Ce que je n'avais pas suspecté c'est qu'il soit si prompt a changer constamment d'humeur, d’intérêt et parfois même de refrain a ces chansons. Mais cela, au delà de m'agacer parfois, ne déplaisais pas. à vrai dire ça me disais bien une chose sur lui c'est qu'on pouvais lire en lui comme un livre ouvert.

"Ouais, c'est...Un mot sans rimes c'est clair."

Etait-ce simplement un coup du sort ? Ou bien même dans la phonétique nous étions seuls face à tout les autres ? Papa m'avais toujours promis qu'un jour je finirais pas rencontrer quelqu'un comme moi. Que malgré la perte de notre patrie nous étions bien établis sur les blues quoi que rares. bref pas le temps de trainer ni de s’apitoyer sur mon sort. il fallait que j'avance au jour le jour en réglant les problèmes que je pouvais régler. Actuellement le plus gros problème était ces désosseurs. Si je mettais la mains sur ces bandits ils sauraient peut-être ou m'adresser pour rejoindre l'île dont m'avais parlée Izya. Alors lorsque Alegs se tournais vers moi pour savoir la marche à suivre durant l’enquête ma réponse était déjà prête. Chercher près de la côte, un bateau qui se faisait désosser, ça faisait déjà d'un du bruit et en plus ça prenait de la place. On avais juste à demander à des responsables une explication sur qui est sensé disposer de bateau et de matériel de chantier naval a part eux et les croiser avec les gens qui aurait l'air de contredire les dire du chef. Facile. Cependant le regard vide mon interlocuteur me laissait juste le temps de lui mettre une petite tape sur la tête histoire qu'il écoute ce que j'ai à raconter.

- « Eh, t'es pas bête pour une cochonnerie de bestiole en fait ! »

-"Un MINKS! C'est pas compliqué pourtant. Je suis un humain à fourrure voila tout. Je suis issu d'un peuple de guerriers redoutables ! Je ne suis pas une simple créature-Aru. Si y'a bien un truc que je veux que tu retienne c'est que j'ai le droit de vivre et de penser autant que toi de t'exprimer. Mon peuple a déjà assez souffert comme cela-Aru. Je suis fier d'être grand et fort comme mon père et ma mère avant moi-Aru !"

Je bombais la poitrine, sans le remarquer,  révélant la fierté que j'avais pour mon peuple enfouie au fond de moi. Visiblement cela lui avait suffit, je... Crois? Quand bien même je me calmais assez rapidement et j'essayais de lui faire voir la bonne part des choses. En lui expliquant encore et encore jusqu’à ce qu'il imprime ce fait. Sinon je ne me sentais pas de travailler avec quelqu'un qui fait des blagues à base de bruits d'animaux grotesques à chaque fois que j'ouvre la bouche. J'étais même obligé de tenir Alegs pour éviter qu'il ne se disperse ou se trompe de chemin. Je devais le soulever de temps en temps pour éviter la collision avec de splendides jeunes femmes. D'ailleurs rien que des blondes. Une simple coïncidence je suppose?

L’enquête ne progressait pas vraiment, la manière d'être d'alegs attisait les foudres des riverains et son incroyable culot n'avais que pour effet de mettre la lumière sur nous et nôtre enquête. Sois le plan allait foirer sois on allait être un appât si énorme que le poisson le plus affamé n'aurait d'autre choix que de mordre à pleines dents dedans. Et la volonté de quelque chose de supérieur a fait en sorte a ce qu'un loubard se présente au bout de nombreuses heures de recherches infructueuses. En même temps on était littéralement à découvert dans un coin de la plage ou il n'était pas sensé avoir le moindre chat. Un type se met a nous parler alors qu'une dizaines "d'amis" nous encerclaient.

- « Tu penses qu'ils connaissent les types qui volent les navires du chantier naval ? »

Je mis un instant a les contempler puis je retournais vers le peintre et je lui tint ce langage.

- " Je ne sais pas Alegs, personne ne serait assez débile pour se pointer ici. Surtout au vu de leurs accoutrements ridicules. En vérité je penses que c'est une espèce de troupe de théâtre itinérante....Visiblement pas fortunée. Si tu veux mon avis je penses qu'on a réussi a attirer des clochards. Et les mauvais. "


Léo se retournes face a ses opposants un regard de tueur planté dans celui avec la langue bien pendue.

- "C'est là toute ta bande ? Le restes est parti se terrer dans votre planque?"

Je m'essayais pour la première fois à l'intimidation. Essayant de sembler effrayant pour nos assaillants qui n'avaient clairement aucune idée sur qui ils venaient de tomber. Ils n'avaient rien des ZZZ tops. Eux j'étais certains de pouvoir tous me les faire. Ca tombait bien, il fallait que j'inaugure la ville ou  tout commence par une bonne salade de gnons.

- "Tu te crois drôle le monstre ?  On va vider ton copain comme un poisson sous tes yeux pour la peine."


- " Venez le chercher. "

Il y a eu un cri de la part de quelques-us d'entre eux pour se donner du courage lors de la charge alors que les accueillaient avec un sourire qui laissaient poindre mes crocs.

" Attention je mords."


Je donnais un coup de poing dans le premier bandit qui rencontrait sa trajectoire. Quelque chose me disait que Alegs se débrouillerait bien sans moi.
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Théâtral en diable et à toute heure, du moins plus encore que « la troupe itinérante » venue leur jouer une représentation musclée, ses bras aussitôt écarté du long du corps après que son compère ait étalé le premier désosseur, Alegsis y alla de son scandale.

- « Mais… ânonna-t-il déjà, c’est du racisme, ça ! »

Considérant la force de conviction dont il avait fait usage pour s'indigner, tout le cheptel qui manquait de leur tomber dessus se stoppa net dans son assaut.
Tout du long de leur périple – pour ne pas dire « de leur errance » – le brave Léo, qui enfin sortait les crocs, avait tenté, aussi vainement que courageusement, d’enseigner la tolérance et la bienséance à ce qui s’était offert à lui comme un abruti notoire. Méritoire dans sa pédagogie, sa sagesse s’était cependant perdue sur un récit d’idioties. Ce n’est pas qu’Alegs n’avait pas retenu les leçons qui lui furent prodiguées, mais qu’il les avait mal digérées dans le fond du ciboulot avant d’en excréter un semblant vicié de compréhension.

- « Mais… pas du t.. », balbutia le Minks après avoir pourtant été le premier à porter les coups sur un humain qui s’était tenu à sa portée.

- « Ce que tu veux dire, l’avait presque instantanément coupé le chasseur de primes pour se faire le libre interprète d’un propos qu’il ne lui avait pas laissé le temps de formuler, c’est que des fois, le racisme, c’est bien. Intéressant. »

Bien qu’instruire Alegsis des choses de l’antiracisme fut louable dans ce que supposait la démarche, celle-ci, employée à mauvais escient sur un pareil crétin pouvait aussi engendrer un effet exactement contraire à celui escompté. D’un discours sur la tolérance entre les races, Alegsis, du seul fait de sa bêtise proverbiale, pouvait en retenir un pamphlet décomplexé sur les bienfaits de la guerre raciale. Avec les meilleures intention du monde à cœur, Léo Nin avait finalement conforté son binôme dans ce racisme jovial et béat qui fut le sien.

- « J’ai jamais dit ç… » peina à rectifier l’immense félin avant d’esquisser un semblant de douleur à la jambe.

Sans honte ni complexe et surtout sans y avoir réfléchi, Alegsis lui avait mis un coup de pied dans le tibia.

- « Ah ! T’avais raison ! N’avait-il rien trouvé de mieux à déclarer le plus sincèrement du monde. C’est trop rigolo le racisme. » Ponctua-t-il d’un rire bêta et finalement innocent après avoir frappé un Minks.

Alegsis Jubtion était une calamité d’homme dont on ignorait jusqu’à quel cataclysme pouvait conduire son imbécillité. De cette rencontre, la calamité en était ressortie avec un penchant plus prononcé pour le racisme devenu autrement plus pentu qu’il ne le fut originellement. Le plus terrifiant dans l’affaire étant que ce racisme-ci, maintenant débridé plus que jamais alors qu’Alegs prenait goût à l’agression de races qui n’étaient pas la sienne, était exprimé sans hostilité aucune. La bagatelle, par cette entremise, s’y exposait dans tout ce qu’elle avait de plus dangereuse. Et tout ça, tout ce qu’Alegsis commettrait d’actes nuisibles à l’encontre d’autres races pour le seul plaisir de ce faire, c’est à Léo Nin qu’il le devrait.

- « Qu’est-ce qu… » s’apprêtait à le corriger l’animal quand le chef de bande, après les avoir vu ainsi organisés, se permit à son tour une intervention.

- « Dites les gars, fit-il savoir quelque peu désolé de les interrompre, c’est contre nous qu’il faut se battre, pas entre vous. Enfin je dis ça... c'est pour vous, hein. »

La gêne conduisit toute la troupe à essuyer une goutte de sueur gênée ayant point le long de leur tempe à tous.

- « Désolé », s’excusa platement Alegsis en s’inclinant.

La ruade de leurs adversaires, qui s’était interrompue d’abord par la stupeur de voir l’un des leurs étalé si facilement puis devant la scène qui s’était jouée face à eux, reprit de plus belle dans le bruit et la fureur. Son pinceau-lance bien en main, le chasseur de primes traça à même le sable un Color Traps bleu dont l’envergure dépassait un mètre de diamètre.

- « Brush Crush : Coup de Blues ! »

Vif dans son tracé, il avait bigarré le sable avant qu’un des inconscients jetés dans un assaut aussi imprudent qu’impétueux ne vienne y mettre les pieds… pour s’effondrer aussitôt en larmes.

- « Moi je voulais pas être désosseur, pleurnichait-il alors minablement, je voulais faire de la broderie. »

« Poc » fit alors le pinceau géant venu lui tomber sur le crâne pour le faire s’affaler inconscient avant qu’Alegs ne redessina son sigle par-dessus ce que la silhouette évanouie avait couvert. Deux des camarades de ce combattant si misérablement tombé, furent, dans leur hardiesse guerrière, tout disposé à le venger pour finir respectivement à genoux et à quatre pattes lorsqu’ils foulèrent à leur tour la marque du Color Traps laissée au sol.

- « Je suis rien qu’une loque à Logue Town ! » Déclara le premier dans une contrition soudaine.

- « Ma copine, de toute façon, c’est rien qu’un okama ! » Se lamentait le second dont on aurait aimé en apprendre moins sur sa vie privée.

« Poc » et « poc » sonnèrent à nouveau deux crâne bossés par l’arme du peintre devant lequel ils étaient venus s’effondrer.
Resté quant à lui en retrait pour avoir un regard stratégique – et aussi parce que Léo lui faisait très peur à envoyer bouler ses hommes d’un bête coup de patte – le chef de meute entra à son tour dans la danse tandis que le reste était aux prises avec un fauve contre lequel ils n’avaient pas la moindre chance.

- « Les crétins, maugréa-t-il dans sa course folle en direction de l’abruti chapeauté qui avait calmé trois de ses sbires, ils ont pas vu que la marque les faisaient déprimer quand ils la touchaient ? »

Plus perspicace que les trois malheureux qui l’avaient précédé, lui eut l’intelligence de contourner le sceau bleuté qui, de toute manière, fut recouvert par trois corps inertes entravant alors son effet. Un coup de rapière administré afin de calmer l’artiste, il crut l’affaire rendue. Mais avec autant de ressource dans le pinceau que dans les muscles, Alegsis avait profité que son ennemi perde son temps à contourner la marque pour bondir en arrière de près de deux mètres, atterrissant une main au sol et un genou à terre. Sa retraite, il la mit aussitôt à contribution en peinturlurant à nouveau le sable devant lui.

- « Brush Crush : Le Rire Jaune ! »

Une marque aussi large que la précédente – quoi que jaunie en ce qui la concernait – fut alors rendue apparente à son tour. Sagace comme il le fut lors de sa précédente attaque, l’assaillant contourna le tracé pour découvrir à sa grande surprise qu’Alegis en fit autant. Les deux en étaient alors rendus à se courir l’un après l’autre, tournoyant autour d’un cercle jaune d’un mètre cinquante de diamètre environ.

- « A… arrête de faire le guignol », s’essoufflait le chef de meute.

Hilare quant à lui, s’amusant comme un fou dans cette bouffonnerie qui leur tenait lieu de duel, le curieux chasseur de primes persistait dans sa course folle. En tout cas, jusqu’à ce que son adversaire eut la présence d’esprit de faire volte-face afin que tout deux se rencontrèrent. Fier de son idée, son sabre à la main, l’énergumène ne put s’empêcher de céder à une bouffée de vantardise.

- « Hé-hé, je paris que t’as rien vu ven… EH MAIS ARRÊTE TOI, CRÉTIN ! »

Il n’avait pas prévu qu’Alegsis fut si rapide dans sa course qu’il s’écrasa contre lui, tout deux tombant ainsi à la renverse après le pitoyable culbute dont ils furent si piètrement victimes. Toutefois, bien assez prompt à se relever le premier, le désosseur, tombé sur le cul, pris appui de sa main pour se relever. Là fut sa plus tragique erreur alors que, par mégarde, cette main-ci c’était posée dans la marque du Color Traps. Le fou rire qui lui agita les zygomatiques, dès lors, l’empêcha de trouver dans ses jambes la force de se redresser. Ce fâcheux contretemps lui coupa son avance et Alegsis, alors qu’il se frottait son front encore endolori d’une main, une larme perlant au coin de chacun de ses yeux ronds, s’approchait de lui.

- « Hé-hé-hé-hé-hé-hé-hé, je vais me faire défoncer hé-hé-hé-hé-hé ! » eut le temps de ricaner le vaincu sans savoir d’où lui venait cette soudaine jubilation, avant qu’un « Poc » retentissant se fit à nouveau entendre.

Quatre bougres au tapis ; Alegs avait fait sa part. N’en finissant pas de se frotter le front puis, il retrouvait d’un pas lent son camarade qui, lui aussi, en avait fini de délarder le tout venant. Plus majestueux dans son office en ce qui le concernait, le fauve avait laissé un de ses adversaires conscient afin de l’interroger.

- « Dis Léo, intervint nonchalamment Alegsis, tu crois que c’est des copains à eux qui nous visent avec leur canon ? »

Il avait alors pointé du doigt un autre menu contingent d’hommes qui, à deux-cent mètres d'eux environ, avait sorti l’artillerie. Pour ce que sa perspicacité avait de déficiente, Alegs les avait alors condamnés dans son indolence. Léo eut à peine le temps de constater le canon derrière lui que le premier boulet – chargé celui-ci – s’était écrasé au milieu d’eux. Assommés qu’ils furent aussitôt l'un et l'autre, la gueule enfarinée au fond du sable, Léo trouva seulement les forces nécessaires pour enguirlander son abruti de partenaire.

- « Tu pouvais pas le dire plus tôt ? » Morigénait-il, meurtri qu’il fut par la canonnade.

- « P… personne m’a demandé. » Se défendit Alegsis, pour sa part contorsionné dans tous les sens tant le souffle du boulet avait été puissant.

Sur cet échange miteux, les chasseurs perdirent connaissance, tancés qu’ils furent par un gibier plus coriace qu'ils ne l'avaient espéré.

***

Avec une gueule de bois comme il n’en avait que trop peu connues, l’artiste-pitre émergea péniblement de la léthargie qui lui avait aussi bien accablé le corps que l’esprit. Piaffant la bouche pâteuse, une paupière encore à moitié collée à la rétine, le bougre en vînt à s’interroger sur là où il se trouvait. Il se serait crut de retour au chantier naval, mais les lieux, à première vue seulement, apparaissaient autrement plus circonscrits et vétustes que ne le furent les ateliers de Logue Town. Pourtant, des carcasses de vaisseaux, il y en avait là aussi. Mais on s’affairait ici plus volontiers à les dépecer qu’à les compléter.
Tournant la tête pour mieux estimer la situation, il trouva son Minks de compagnie, bien réveillé quant à lui, l’air grave et résolu.

- « Ah, salut Léo. Bien dormi ? Huchait aussitôt le débile de service, apparemment sorti exalté de sa torpeur. Moi j’ai fait un de ces rêves t’as pas idée. J’étais une moule, animal avec lequel il partageait peu ou proue les mêmes capacités cognitives, et je me battais contre des moutons à Tanuki – t’es déjà allé à Tanuki ? , puis sautant d’une digression à l’autre il reprenait le fil laborieux de ce qui avait été le préambule d’un bien curieux songe, et là, y’a Robb Lochon des LIONs – tu sais, le pirate – qui était déguisé en mouton, il se lève sur ses deux pattes – enfin sur ses jambes – et il me dit « Dis donc, tu serais pas le Seigneur des Pirates par hasard ? » et en fait, j’avais un chapeau de pirate sur ma coquille – parce que j’étais une moule tu te souviens ? – alors je lui réponds « Ouais, c’est moi, et alors ? » et là il me dit « Eh bah y’a la vaisselle à finir ! ». Et c’est là que je me suis réveillé. Tu crois que c’était un de ces rêves prémonitoires ? J’espère pas. »

Tournant la tête alors qu’il avait senti sur lui se poser une myriade de regards le temps qu’il avait déballé le capharnaüm qui brinquebalait entre ses deux oreilles, Alegsis, tandis qu’une assistance médusée était restée plantée là la bouche ouverte à l’écouter divaguer sur les méandres de sa pensée complexe, finalement, fronça les sourcils interloqué.

- « C’est fou le monde qu’il y a à cette heure-ci. Se fit-il comme réflexion avant de s’enquérir de ce dont il aurait dû s’alarmer dès qu’il fut réveillé. Au fait, on est où ? »

Pas franchement dégourdi, sans même patienter d’ici à ce qu’on lui répondit – car il pensait vite à défaut de penser bien – Alegsis railla même son compère.

- « Parfaitement entre nous Léo, c’est pas pour critiquer hein, mais t’as vraiment l’air d’une andouille à être attaché comme ça à une chaise jeri-hi-hi-hi ! AH MAIS MOI AUSSI EN FAIT !!! »

Réalisa-t-il stupéfait en s’agitant vainement sur le siège dont il était captif.

Aux abords d’une crique située à quelques lieues de Logue Town à peine, une petite compagnie de désosseurs clandestins y avaient aménagé un repaire de fortune. À l’abri des regards, suffisamment loin des côtes de l’île pour échapper aux patrouilles de la Marine, c’était en ces lieux reculés que les désosseurs avaient traîné leurs deux poursuivants afin de les interroger comme il se devait.
Le pistage d’Alegsis avait porté ses fruits au-delà même de ses espérances alors que son compagnon et lui avaient finis piteusement capturés.

On ne s'associait à Alegsis Jubtion qu'à ses risques et péril.
Techniques utilisées:
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Je me réveillais, groggy et nauséeux. Attaché là sur une chaise, dans un endroit que je ne connaissais pas. Je revoyais Aleg qui m'avais prévenu d'un coup arrivant dans le dos puis après plus rien? Je me rendais compte que j’avais été assommé par derrière. Les lâches ! Pas d'honneur chez les voleurs à ce que je vois.
Et de surcroit je me réveille avec Aleg qui me parles non-stop pendant plus de dix minutes. Ma tête me lançait, les enfoirés qui avaient fait ça avait serré comme des malades. Mais ils avaient oubliés quelque chose de primordial. Ma taille. Pivotant en avant je me posais sur mes pieds et au vu de ma tille massive j’étais maintenant debout avec la chaise dans le dos. Les idiots ils auraient dû visser la chaise au sol.

-Aleg pour l'amour des quatre blues tait toi deux secondes! Je réfléchis.


Léo profitait de l'instant de surprise pour sortir ses griffes et grâce à ses atouts félins et sa force briser les liens qui l'entravait. Bon aleg n'avais pas que des mauvais côté son petit discours eu l'effet d'une diversion et en deux trois mouvements me voila libre. une chance qu'il n'en faisait qu'a sa tête. Ses bras se gorgeait déjà d’électro alors qu'il explosais la chaise objet de détention maintenant devenu objet contondant dans la bouche de nos geôliers. j'avais encore l'effet de surprise, il fallait qu'on se tire de là!
Ma forme féline bondissais déjà sur le deuxième pour l’électriser suffisamment pour qu'il ne sois plus un problème. Effectivement l’électro était suffisamment utile pour contracter tout les muscles et donc pas de cri. Malheuresement la diversio ntomba a l'eau difficile de ne pas voir le gros félin dans la pièce

- MERDE LE CHAT IL S'ENFUIT.!


Pas le temps de trainer je saisissais la chaise de l'aleg et au fur et a mesure que j’exécutais le mouvement je me rendis compte que je n'avais pas décroché Aleg de la chaise et m'en servait comme d'un gourdin qui fauchait maintenant les lignes ennemies. Es ce que je me sentais mal ? Oui ? Mais il était efficace!

- Le chat utilise son pote comme arme ! Ca doit être leur technique de fruit du démon !

- Pardon messieurs, le roi de la jungle s'échappe ! YAAAA technique improvisée kata de la bête divine: le pinceau virevoltant !


J'entrepris de me faire tourner sur moi même en balançant aleg dans le même procédé dans un coup circulaire qui faucha la plupart de son audience quand a son rêve étrange. Une moule, nan mais franchement !

- Tu pourra pas te sortir d'ici le lion ! on a des flingues et on est plus nombreux que vous deux!

- Alors venez me cherchez bandes de minables. Si vous pensez que jvais me laisser convaincre de la véracité de ce que vous avancez vous vous mettez le doigt dans l'oeil. Vous m'avez attaqué par derrière en plus ! En même temps de quoi aurait-je pu attendre de gens qui se nourrissent du malheur des autres!

Si la chaise ou était assis était une épée très stylée l'effet aurait été parfait alors qu'a la suite de mes mots je posais lourdement sa chaise au sol devant moi comme pour les défier. La chaise se cassa sous ma force et laissa aleg sur les fesses.

-Aleg ça va ? ils ne t'on rien fait pendant que n’était inconscient?


Oui bon ça va. Il a la tête dure.
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- « Ton crochet du gauche Léo, travaille ton crochet. Rha. On a beau lui dire, il a du mal.

Si ce n’est vociférer quelques conseils tombés dans l’oreille d’un sourd ; un sourd quelque peu préoccupé par les dizaines de gaillards venus à lui avec dans l’idée de faire un trophée de sa gueule, Alegsis, dans son indolence crasse, n’avait trouvé que matière à bâiller devant la cohue avant que la chaise ne se brisa sous lui. Même ballotté si vertement tel qu’il le fut, il était resté inerte tout du long bien qu'on se soit partiellement saisi de lui tel une arme ; comme si l’adrénaline, en chemin, s’était perdue quelque part dans ses veines sans jamais trouver la direction du cerveau.
Le cul par terre, enfin surpris dès lors où la corde se dénouait d’autour de ses membres, il se retourna vers le fauve qui, auguste et flamboyant, persistait à batailler seul contre ses ravisseurs. Seul, car Alegsis, imbécile comme on ne pouvait l’être davantage, insistait pour lui savonner la planche. Qu’il le fit sans mauvaise intention, quelque part, faisait de lui un individu plus nocif encore ; car rien n’était pire qu’un traître qui n’avait jamais conscience de l’être.

- « C’est malin, Léo. C’est malin ! Réprimandait-il alors le seul homme – ou plutôt le seul Minks – qui se trouvait entre lui et une mort certaine tandis que le malheureux, du mieux qu’il put, se débattait comme un lion. Qu’il était par ailleurs. Partiellement tout du moins. Voilà que tu casses le mobilier chez les gens qui nous recueillent pour nous soigner après qu’on se soit faits attaquer sur la plage. De mieux en mieux. Alegsis s’était en effet figuré que si on les avait attaché à une chaise, c’était afin que leur dos resta bien droit pour mieux se remettre. Une méthode de kinésithérapie en somme. La méprise qui fut la sienne – et qui ne pouvait s’occasionner dans aucun autre cerveau qu’un aussi mal foutu que le sien – le conduisait sur les sentiers d’une ingratitude perpétuelle, multipliant alors les remontrances à l’égard d’un camarade qui risquait sa vie pour deux. Et tu t’étonnes après que les gens fassent des raccourcis sur les Minks. Je dis pas que vous vous comportez tous comme des sauvages vous autres… Le « vous autre » n’aurait pas pu sonner plus raciste que s’il lui avait hurlé « Minks de merde » à son oreille, mais y’a un peu de ça. On va pas se mentir Léo, on va pas se mentir ! »

On n’allait pas se mentir, mais des conneries, on allait en raconter ; et à foison. C’était, après tout, une habitude de la maison Jubtion. Une à laquelle il ne démordait jamais. Celui-là, après ses sermons déplacés à maints titres, il avait rampé entre les jambes de toute la basse flibuste venue grouiller en un essaim de charognards autour d’un Minks indocile qui rendait coup pour coup, et au centuple.
S’étant ainsi extrait du tumulte en se faisant piétiner au passage, Alegsis n’avait pas cessé un instant sa litanie raciste – malgré lui – tandis qu’un Minks bataillait et souffrait pour le sauver. Le chasseur de primes, lui, paisiblement, laissant derrière lui l’agitation à laquelle il ne prêtait visiblement pas garde, s’en allait chercher son pinceau.

- « … et donc c’est pour ça que je pense qu’il faudrait tous vous mettre dans un zoo. Pour votre bien, hein. » Concluait-il en se saisissant de son arme après avoir bavé une longue et incessante piaillerie que l’assemblée toute entière avait couvert de ses cris de rage et de ses râles d’agonie.

Alegsis, maintenant juché plus haut dans ce qui apparaissait comme des gradins bricolés dans le repaire, s’était assis tranquillement pour continuer ses commentaires. Puis, s’interrompant entre deux reproches malvenus, il ouvrit la bouche à moitié avec cette tête d’ahurie qui trouva moyen de l’être plus encore qu’au naturel. Dressé sur ses pattes arrières, il pointa du doigt vers la troupe de briscards amassés autour du redoutable Léo en s’écriant :

- « Regarde Léo ! Comme si ce dernier n’avait rien de plus pressant à faire dans l’instant. Y’en a un autre de comme toi : »

L’autre de comme lui, interpelé par l’invective se tourna vers l’artiste-pitre, apparemment outré qu’on le désigna comme un homme-bête.

- « JE SUIS PAS UN MINKS, JE SUIS JUSTE UN PEU POILU ! »

Un peu, il l’était de beaucoup. Ses cheveux longs et gras, sa barbe mal taillée, ses sourcils... il semblait même qu’il avait du poil jusqu’au front. Vexé qu’on le présenta ainsi, l'hirsute quitta la file d’attente circulaire autour de leur adversaire pour s’en aller, sabre tout devant, corriger le malotru qui avait été si prompt à porter des jugements sur son apparence.
Alegsis Jubtion était ce qu’il était, c’était entendu, mais tout idiot fut-il – et il l’était énormément – cela ne l’empêchait pas de savoir se défendre contre qui de droit.

- « Couché sale bête ! » Avait-il scandé avant d’abattre son pinceau sur le crâne de son assaillant.

Ce dernier n’eut pas le temps de trop recouvrer ses esprits qu’Alegs l’avait immédiatement saisi au col pour l’avoiner de quelques généreux taquets venus lui bosseler la trogne. Il y alla gaiement le bougre, jusqu’à se qu’il se stoppa, comme choqué la bouche grand ouverte de sa propre initiative alors qu’au bout de sa poigne, il n’avait plus qu’un homme évanoui qui s’y pendait couvert d’ecchymoses.

- « Dis, Léo, chercha-t-il encore à se faire entendre d’un partenaire en prise avec toute une bande armée, j’ai pas fait du racisme, hein ? Oh eh puis tant pis, » reprit-il désinvolte alors qu’il persistait à bastonner un adversaire aussi velu qu’il était inerte et ce, tout en arborant un grand sourire candide et jovial.

Léo était quant à lui quelque peu affairé à défendre sa fourrure, occupé qu’il était surtout à pourfendre la belle assemblée liguée particulièrement contre lui pour la menace qu’il paraissait représenter. Mais alors que les effectifs des désosseurs s’empilaient ventre à terre les uns sur les autres, ceux-ci évaluèrent bien tard que la seule idiotie d’un homme était finalement plus dommageable que les crocs acérés d’une bête rendue féroce par les circonstances. Quelque part, ils avaient envie de plaindre le Minks pour avoir comme seul secours un partenaire si déplorable. Mais l’envie de lui faire la peau prit cependant le dessus sur leur compassion du moment.

- « Mais arrête de les tabasser ! Persistait à le houspiller le plus crétin de ces lieux. Si ça se trouve, pensait-il sincèrement, ces gars-là savent où on peut trouver les désosseurs qu’on cherche. Tu vas nous les mettre à dos à force. Olala tu me fais honte. » Se cachait-il enfin derrière ses mains.

Il n’en finissait pas de se fourvoyer à un point où c’en était choquant. Tant et si bien qu’il prit même le parti de ses hôtes car les tenant stupidement pour leurs bienfaiteurs. Dans l’esprit d’Alegsis – là où il était dangereux de s’y aventurer – celui-ci était en effet persuadé que quelques âmes charitables les avaient sauvés de leur précédente incartade à la plage. À aucun moment il n’avait fait le rapprochement entre ses agresseurs d’alors et ces individus charmants qui, selon lui, les avaient recueillis pour leur administrer les premiers soins. Ce qu’il constatait alors de ses yeux biaisés par la bêtise, c’était que son partenaire, parce qu’il était ingrat du fait qu’il appartenait à une race maudite, s’en était pris gratuitement à eux. Aussi Alegs se sentit bien mal d’avoir pour compère un pareil renégat venu s'attaquer si sinistrement à leurs sauveurs.

Il ne pouvait pas rester là les bras croisés. Il ne pouvait surtout pas rester la boucher fermée. Le fait est qu’à présent qu’il eut son arme en main, Alegsis escompta en faire un sain usage. Il eut ainsi dans l’idée de tracer le signe d’un Color Traps rouge sur un des murs environnant. L’effet hypnotique de sa marque apposée, ainsi, aurait attiré toutes les hostilités sur elle au point où le moindre élan de violence eut été amené à être résolument tourné vers le sigle grenat. Le pire étant qu’avec Alegsis, ce dernier mettait toujours ses plans à exécution.

- « Brush Crush : La Vue Rouge ! »

Ne restait alors qu’à attirer le regard du Minks afin que ce dernier tourna chacun de ses coups vers la marque qui fut si joliment graffitée contre un mur. Ce qu’Alegsis, dans son génie relatif, avait omis, c’était ce désosseur qui, grimpé sur un des navires dont ils avaient pour charge de démonter, avait chargé un canon avec la ferme intention de dégommer du fauve alors que celui-ci était aux prises avec ses adversaires bien que moins nombreux, mais qui ne tempéraient pas leur fureur.
Posté qu’il fut en amont, cet artilleur capta fu regard la marque rougeoyante qu’avait alors tracé Alegsis. De là, le boulet ne put que fuser dans cette exacte direction plutôt que de se loger dans la tête d’un Minks pourtant pris pour cible. À son corps défendant, bien malgré lui, le chasseur de primes avait alors sauvé la vie de son ami – ou son Aminks comme il s’était plu à l’appeler tant de fois – car, quand Alegsis Jubtion accomplissait quoi que ce fut de méritoire, sa prouesse n’était jamais délibérée. Parfois, dans les méandres de son ciboulot atrophié, une aberration prenait le pas sur une bourde pour annuler l’idiotie par le pouvoir de la nonchalance.

Ça tonna dur quand le boulet percuta le mur. Alegsis, bien assez proche, sentit souffler l’impact. Ce repaire, fait de bric et de brocs ; des restes de vaisseaux dont les désosseurs avaient arraché l’armature, ne résista pas à une pareille secousse dans son ossature. Tremblant d’abord, se fissurant de toute part dans des craquements qui attirèrent l’attention de tous, la tanière de fortune ne mit pas une minute avant qu’elle ne s’effondra sur elle même, ensevelissant tous les méfaits de ses bâtisseurs, et ceux-là avec.

Le grand fracas, au milieu de cris et des larmes, laissa derrière lui un long silence. Un silence long de plusieurs heures.
Les vagues s’écrasaient sur les rochers de cette petite crique et les mouettes, déjà, venaient caqueter disgracieusement alors qu’elles apercevaient les premiers crustacés suffisamment hardis pour se risquer hors des flots. C’était le matin. De leur aventure trépidante, à Léo comme à son abruti de compère, celle-ci fut parsemée de deux longues siestes imposées par les circonstances. « Les circonstances » étant alors un euphémisme pour ne pas parler des coups de canon qui les avaient tancés par deux fois.

Émergeant de sous les décombres après plusieurs heures, Alegsis, chancelant – car il avait de bonnes raison de l’être – resta à quatre pattes, secouant la tête pour se remettre ses gros yeux globuleux et vides en face des trous. Relativement requinqué par cette sieste qui avait frôlé le coma, il se redressa après qu'il eut trouvé de sous les rebuts une grosse patoune. Il alla à sa rencontre – ou du moins de ce qui se trouvait sous ce fatras de bois et de clous rouillés – sans trouver mieux à faire que récidiver dans ses admonestations débiles, ses mains posées sur ses hanches afin de mieux asseoir son pédantisme bouffon.

- « Ah bah bravo Léo ! Initiait-il de bon matin alors qu’il lui mettait en plus sur le dos la responsabilité du bouquet final dont ils avaient douloureusement fait les frais. J’espère que t’es fier de toi. Pour quoi on va passer nous encore avec tes âneries… mais qu’est-ce que je vais faire de toi… peut-être que je vais devoir te vendre à un cirque. »

Seul sur ce rocher en compagnie d'un Minks qui revenait tout juste à lui, avec quelques barques amarrées aux alentours, Alegsis avait contribué à démanteler un vaste réseau de désosseurs de navires ; et il l’avait fait si bien qu’il ne s’en était même pas rendu compte.
Le jour se levait et les mouettes caquetaient un peu plus furieusement à mesure qu’elles se rassemblaient pour chier sur les gravats de là où s’extrayait Léo avec peine. C’était à ça, finalement, que ressemblait le paysage d’une victoire étincelante. Un paysage qui s’accompagnait d’une fanfare bien désagréable à entendre au lever.

Avec les Minks, faut toujours que ça se finisse en vandalisme. Toujours ! »

Léo avait distribué les coups autant qu’il les avait reçus. La remarque tombait mal à propos alors qu’il avait lutté comme un beau diable pour les garder tous les deux en vie. Et à peine revenu à lui, il entendait cela.
Alegsis ne pensait pas à mal, car Alegsis ne pensait pas tout court. Mais il avait le don de solliciter l’appareil nerveux de ses contemporains à chacune de ses déclarations, quelle qu'elle fut.
L’indolence chassa néanmoins l’intolérance de son esprit alors que le chasseur de primes, ayant épuisé son réservoir à remarques racistes, fut pris d’un besoin plus pressant que de ne parler pour ne rien dire.

- « Bon allez. Je te pardonne. Car il était beau prince. Mais tu me dois un verre. » Un beau prince profiteur.

C’était mal connaître Alegsis Jubtion que de croire que celui-ci ne fut pas capable de demander à se rincer le gosier après qu’un massacre se soit opéré sous ses yeux et par sa faute. De sa mésaventure, il n’en retirerait aucune prime, aussi comptait-il sur son Aminks pour la lui verser depuis une bouteille de rhum.
Déjà, Alegsis sautillait dans la barque la plus proche.

- « C’est toi qui rame. »

Ça pour ramer, Léo avait ramé. Et cela n'en finissait pas.



Technique utilisée:
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25733-fiche-technique-de-alegs
  • https://www.onepiece-requiem.net/t25723-alegsis-jubtion
Vous savez ce que ça fait de se faire tirer deux fois de suite par un canon ? Eh bien moi pas. Le mur sur lequel une cible rouge était apparue explose en mille morceau emportant absolument tout sur son passage. La fumée qui irritait déjà mes poumons. Combien de fois allais t'on me tirer dessus au canon bordel ?!
Ma tête me faisait mal et mes oreilles sifflaient. Les enflures, tirer dans leurs propres hommes. Quand je retrouvais mes esprits je vis que j'avais la présence d'esprit de protéger mon crâne sous les decombres de la base décrépie des désosseurs de bateaux.
Es-ce qu'on avais gagné finalement ? Je rampais sous les décombres jusqu’à trouver un endroit pour sortir du tas de gravats qui m'avaient ensevelis.

La voix d'aleg et ces surplus de non-sens avait convaincu le pauvre Mink que j'étais que j’étais loin d'être sorti du pétrin. Lorsque je parvint à m'extraire des décombres je comprenais le problème. Les désosseurs s'était démantelé tout seul à coup de canon en même temps que leur et cela pour de bon. Tout était détruit a tel point que je me demandais si un seul boulet de canon avait pu causer un tel chaos.

"Aleg, tu as une chance de tout les diables."

Ou alors ce n’était pas de la chance. Je m'en doutais aleg se faisait passer pour un moins que rien mais en réalité c'était une grosse pointure. Il avait tout fait lui même et d'un seul coup. m'enterrer était juste une diversion pour m’empêcher de le voir a leur avec le Haki.Soit ça soit il était fou, un grand malade odieux et égoïste mais juste bourré de chance. Dans tout les cas je m'allongeais dans les décombres mon corps couvert d’égratignures reprenant mon souffle quelques instants.

Aleg, hormis ses demandes particulièrement égoïste, avait trouvé une barque pour rentrer a logue town. Je me hissais dans le bateau las et blessé lorsque Aleg me dit de ramer. Je le regardais outré avant de grogner un arc électrique entre deux moustaches. Mon langage corporel parla pour moi. Je ne ferais pas le moindre coup de rame dans cette barque.

"On rentre. "


Je restais sans bouger dans la barque n’espérant que deux choses: des soins et possiblement un bon lit.
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