De retour sur Armada, Méria n'était déjà plus la même. Alors qu'elle foulait la cité pirate pour la deuxième fois, elle avait aujourd'hui le privilège de pouvoir dire qu'elle était capitaine. Ce n'était pas rien pour la Peste. Non seulement elle n'était plus une éternelle solitaire, mais pour une fois, elle était celle qui donnait les ordres. L'époque où elle servait dans l'équipage d'Aoi semblait bien loin à présent. Ce n'était bien sûr qu'une première étape vers son irrésistible ascension, mais elle en était satisfaite. Accostant avec son sous-marin et suivie de près par le nouveau navire viking dont elle avait également pris possession, la rouquine alla d'abord voir l'Empereur Red pour obtenir son paiement. Comme convenu, le fruit qui lui avait été volé avait été récupéré. En plus d'une belle somme d'argent récupéré sans grand mal, Méria pouvait ainsi montrer à ses guerrières qu'elle avait d'importantes relations. Avec un sourire, elle constata rapidement que cela portait ses fruits.
Pour célébrer sa victoire sur Banaro et commencer à faire un peu de cohésion avec ses troupes, Méria dépensa sans compter pour que son équipage passe une magnifique soirée. L'alcool coula à flots, de la viande de qualité fut servie et la meilleure musique retentit. Mieux encore, Hedda, peut-être à cause de l'ivresse, céda aux avances de sa capitaine. Au petit matin, la Peste avait mal à la tête mais elle s'en moquait bien. Laissant son sous-marin au port, elle prit la tête du Guld Blodig avec ses guerrières. Lentement, le navire s'éloigna pour faire le tour de la cité pirate en direction du Grand Skali. Sur la tête de proue, la rouquine se tenait face au vent en arborant une posture guerrière. Après vingt minutes d'une navigation pénible, les femmes arrivèrent à destination. Prudemment, le navire avançait à l'intérieur du cadran, évoluant au travers de ses canaux étroits mais typiques. Sur leur chemin, nombreux furent les habitants à se retourner. Les mutines étaient bien connues et leur présence n'était pas souhaitée. Quelques minutes seulement après que le Guld Blodig soit arrivé, une troupe de skjaldmös approcha. Armes à la main, elles étaient prête à en découdre. Les menant d'une main de fer, une femme borgne aux mèches blanches s'avança. Affichant une grimace mêlant mépris et colère, elle dévisagea Méria.
« Encore toi... Qu'est-ce que tu fais avec ces traîtresses ?
- Tiens, dame N'a-qu'Un-Œil.
- Ce n'est pas mon nom.
- Parce que tu crois que j'en ai quelque chose à faire ? Mène nous à ta cheffe.
- Hors de question.
- Répète ça.
- J'ai dis non. Ces misérables scélérates avec qui tu t'affiches si fièrement ont été bannies par la Walkyrie, elles n'ont plus rien à faire ici, et elles le savent très bien.
- Hum, oui, oui, Hedda a mentionné ce léger détail.
- Léger ? Cesse donc d'insulter nos coutumes ou je t'éviscère comme une truie.
- Hahahahaha. Des menaces, toujours des menaces. »
D'un léger bond, la supernova atterrit sur le ponton en bois. De sa main droite, elle repoussa ses cheveux en arrière avant de sourire à la borgne qui lui faisait face.
« Mène nous à ta cheffe j'ai dis, imbécile.
- Ce sera ta dernière provocation !
- C'est ça... »
Sa hache étant déjà dégainée, la Skjaldmö leva haut le bras pour l'abattre sur le crâne de la rouquine. Sans bouger un cil, Méria allongea une mèche de ses cheveux qui devint noire à vue d’œil tandis qu'elle se renforçait grâce au haki. Le fer de la hache s'abattit dessus et explosa au contact, laissant la borgne muette. Toujours immobile la pirate laissa de nouvelles mèches s'étendre pour aller chercher par le cou toutes les guerrières adverses avant de les soulever à un mètre du sol. Tendant finalement la main gauche, elle projeta un souffle qui frappa de plein fouet la Skjaldmö grâce au hassoken.
« Assez ! »
Fronçant les sourcils, Méria tourna naturellement la tête vers la personne qui venait de hurler. Avec un large sourire, elle reconnut la Walkyrie. Accompagnée d'autres guerrières lourdement armées, la femme blonde ne semblait vraiment pas ravie de la situation. Levant les mains de manière innocente, la Peste relâcha son emprise sur ses cibles.
« Asruun, quel plaisir de te voir !
- Cessez donc ces familiarités. Ne vous avais-je pas prévenu des risques d'une telle conduite sur MON cadran ?
- Si, si, bien sûr, je m'en souviens comme si c'était hier. Justement, c'est pour ça que je viens, ton cadran.
- Pardon ?
- Hedda a eu le temps de me parler de vous tous en détail.
- Cette femme est une traîtresse, elle n'est plus des nôtres. Elle et toutes les mutines qui vous accompagnent et que vous étiez sensée passer par le fil de l'épée.
- Non, non, non, ma cible était Grunhildr. Ta cousine, tu te souviens ? Je me suis occupé d'elle.
- Bien. Cela ne change rien en ce qui concerne ces serpents.
- Au contraire. En vertu des lois de la piraterie, j'ai pris le commandement des guerrières de Grunhildr après sa mort. Ces femmes sont dorénavant MES guerrières.
- Soit, elles échapperont donc à la mort, mais je ne veux pas les voir ici. Vous non plus d'ailleurs.
- Oui, je m'en doutais, et c'est fâcheux. Vois-tu, j'aime bien cet endroit, il me fait de l’œil pour ne rien te cacher. Je me verrai y poser mes valises.
- Tant que je serai Walkyrie, une telle chose n'arrivera pas.
- Eh bien justement, c'est ça l'objet de ma venue. Je veux ta place. »
Toutes les skjaldmös et les boendr aux alentours commencèrent à parler entre eux. Asrunn resta silencieuse quelques instants, scrutant attentivement la supernova. Furieuse, la borgne se remit sur ses pieds et s'approcha de sa cheffe.
« N'écoutez pas cette vipère, donnez nous l'ordre et elle ne fera pas long feu. »
Pendant que la dirigeante du cadran réfléchissait, Méria commença lentement à s'avancer vers elle. Les lancières qui encadraient la walkyrie la mirent en joue et elle s'arrêta in extremis.
« Tu as une dette envers moi, Asrunn. C'est moi qui ai tué Grunhildr. C'est moi qui vous ai rendu votre honneur bafoué. Tu n'as pas le choix. Affronte-moi pour le Grand Skali.
- Ne l'écoutez pas, nous ne lui devons rien ! »
En proie à une intense réflexion, la femme fixait Méria droit dans les yeux. Le petit sourire narquois de la Peste était pour elle une provocation de plus, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix. Hedda avait expliqué en long et en large toutes les traditions, coutumes et us des skjaldmös à sa nouvelle capitaine. Méria savait que la walkyrie ne pouvait pas refuser sans être déshonorée et malheureusement pour elle, l'honneur était primordial auprès des siens.
« J'accepte.
- Formidable ! On fait ça ici ?
- Non. Un duel rituel ne peut avoir lieu que sous le grand Skali, au beau milieu de la nuit.
- D'accord, ce soir alors.
- Cette nuit.
- Met tes affaires en ordres ma belle, c'est ta dernière journée sur terre.
- Je ne crois pas. Un duel rituel n'est pas à mort.
- Quoi ?
- Hedda ne vous a rien dit à ce sujet ? Le combat n'est qu'un début, il donne simplement le droit au candidat de participer à la véritable épreuve.
- Sérieux ? Ces quoi ces conneries !
- Nous sommes des chasseurs, bougre d'idiote. Qu'importe, il n'y a aucune chance que je perdre. Venez seule cette nuit, vos traîtresses ne sont pas les bienvenues. »
Hochant lentement la tête de haut en bas, Méria accepta. Aussi vite qu'elle était venue, elle remonta à bord et donna l'ordre à ses femmes de quitter le cadran. Lentement, les pirates prirent congé sous les regards noirs de la foule alentour.
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Liberté, Liberté Chérie !
Dernière édition par Méria D. Marianne le Dim 14 Mai 2023 - 21:25, édité 1 fois