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Une prime périmé [ PV Alegsis ]

Une prime périmé
Notre monde est composé d'êtres exceptionnels, capables de grandes choses. Certains sont capables de soulever des montagnes pour accomplir leur rêve. D'autres iraient jusqu'à décrocher la lune pour l'amour de leur vie. Il y a même de très rares individus qui ont réussi à devenir Roi des Pirates et à conquérir les océans. Des êtres si puissants que rien ne pouvait arrêter à part une chose... La maladie.

Je n'étais clairement pas la femme la plus forte du monde, mais c'était bien un virus qui avait réussi à me clouer au lit. Mal en point et avec une fièvre ayant atteint les quarante, mon équipage décida de faire une halte sur l'île la plus proche afin que je puisse voir un médecin.

Arrivé au Royaume de la Veine, mes amis me confièrent à un docteur très compétent qui m'ausculta. Le verdict tomba sans appel. J'avais attrapé un vilain rhume et j'avais besoin de beaucoup de repos. Rien de grave en soit, mais il valait mieux pour moi que je ne reprenne pas la mer. Trop affaiblie à cause de cette maladie, mon état risqué de s'aggraver si je ne restais pas ici pour me rétablir.

Le Commodore Canone accepta donc qu'on me laisse sur cette île sous la surveillance d'un matelot de première classe. Sy-ven aurait voulu rester à mon chevet, pour veiller sur moi. Celle-ci était tellement inquiète qu'elle refusait catégoriquement de me quitter. Seulement, le vieux soldat ne lui laissa pas le choix, lui promettant que j'étais entre de bonnes mains.

Enfin, c'est ce que m'expliqua le matelot qui était resté auprès de moi. Malheureusement, mon état étant assez critique quand nous étions arrivés sur cette île, je n'avais pas pu assister à tout cela, étant qu'à moitié consciente.

- " Voilà, tu sais tout. " Me dit celui-ci, assit sur une chaise à côté de mon lit.

Cela faisait maintenant presque une semaine que je me retrouvais alité dans cette maison qu'on avait eue la bonté de nous prêter pour que je puisse me soigner. Ma santé encore un peu fragile, j'avais malgré tout repris un peu de force. Grâce à ça, depuis deux jours j'arrivais à me nourrir toute seule et je pouvais quitter mon lit sans avoir la tête qui tourne. Quasiment tous mes symptômes avaient disparu à part cette toux grasse qui persistait et qui me faisait légèrement souffrir. Mais à part ça, tout allait beaucoup mieux et il me tardait de repartir à l'aventure.

- " Tu sais dans combien de temps, les autres doivent revenir ? " Lui demandais-je, le teint toujours un peu pâle.

- " Je pense qu'il ne devrait plus tarder. " Répondit mon compagnon tout en regardant par la fenêtre. " Ils devaient faire un saut sur Bliss pour donner un coup de main aux Garnisons sur place. "

- " Pour quelle raison ? " Continuais-je de le questionner, surprise par cette révélation.

- " Une histoire de pirates qui mettent le foutoir. "

- " J'espère que ça va aller pour eux... " Dis-je inquiète tout en baissant les yeux sur mon bol de soupe aux artichauts qui refroidissait.

- " Mais oui. Tu sais bien qu'il n'y a rien à craindre. " Me rassura le Marine d'âge mûr. " Le Commodore Canone est là pour veiller au grain ! "

Sur ces mots, mon baby-sitter me fit un petit clin d'œil avant de me sourire.

- " Ta soupe est en train de refroidir." M'avertit ce dernier en fixant celle-ci. " Fais-moi le plaisir de la finir, jeune fille. "

- " Oui maman... " Le taquinais-je avant de ricaner comme une enfant.

Se retenant de rire, celui-ci secoua simplement la tête tout en levant les yeux au ciel, l'air faussement sévère.

- " T'es vraiment qu'une sale gosse. " Finit-il par me dire avant de reporter son attention sur l'extérieur.

Cette soupe n'était vraiment pas terrible... Elle n'avait rien à voir avec celle que me faisait ma petite maman. En plus, il n'y avait même pas de petits croûtons à manger avec. C'était pire que le repas d'une prisonnière... Mais bon, portant une cuillère à ma bouche, je me forçais à la manger pour guérir plus vite.

Tandis que je finissais mon bol, me retenant de grimacer pour ne pas vexer mon ami qui l'avait gentiment préparé, ce dernier se leva tout d'un coup de sa chaise. Au bruit de celle-ci qui avait légèrement grincé sous le coup, je fus pris d'un petit sursaut.

- " Super merci... J'ai taché mon pyjama à cause de toi... " Râlais-je contre lui tout en essuyant la goutte de soupe qui était tombé sur mon haut où était dessinait un petit lapin blanc, avec ma serviette.

Surprise qu'il ne dise plus rien, je regardais dans sa direction, cherchant à comprendre ce qui lui prenait. Celui-ci était collé à la fenêtre de la chambre, semblant observer quelque chose au loin.

- " Qu'est-ce que c'est que ça ? " Lâcha tout d'un coup celui-ci, soucieux par ce qu'il voyait.

- " De quoi tu parles ? " Lui demandais-je intriguée tout en me tordant le cou pour voir ce qui se passait avant qu'une crise de toux ne se déclenche.

M'entendant tousser de la sorte, le soldat se précipita pour me faire boire un verre d'eau qui aida à la faire partir.

- " Merci... " Réussis-je à articuler tout en reprenant mon souffle, la main sur la poitrine.

Quand tout d'un coup, plusieurs petits bruits sourds se firent entendre en direction de la porte d'entrée. Quelqu'un frappé. Me laissant seule, le Marine alla ouvrir, arme à la main. Il n'y avait normalement aucun risque à avoir sur cette paisible île, mais on était jamais trop prudent.

Soudain, alors que la porte s'ouvrait, j'entendis une voix... Une voix qui ne m'était pas inconnue. Une voix que j'aurais préféré malheureusement jamais réentendre.

[b]- " Les mains en l'air ! C'est un hold-up ! Jeri-hi-hi ! "


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:31, édité 2 fois
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Le matelot, apprêté au pire – et à raison – maintenait fermement son fusil entre ses mains, glissant ensuite furtivement contre le mur situé à côté de cette porte qu’on était venu tambouriner dans une débauche d’indiscrétion. Quoi que ce fut de l’autre côté, user de la poudre ne pouvait s’avérer qu’un remède idoine à un mal venu s’annoncer si outrecuidamment.
À lui, à ce loufiat en uniforme, le commodore Canone lui avait confié la vie d’une de ses plus précieuses recrues. Les rumeurs allaient d’ailleurs bon train à ce propos. Toujours est-il que l’ampleur de la tâche y était présentement conséquente et que c’eut été s’abandonner au déshonneur le plus répugnant qui soit que de ne pas assumer cette responsabilité jusqu’à y engager sa vie. Le matelot eut alors dans l’idée de s’approcher de la fenêtre afin de trouver un angle de tir. Mais cette idée-ci, pour pertinente qu'elle fut, il ne l’eut que bien trop tard.
La porte, violemment, s’était ouverte sous le poids d’une semelle de botte qu’on était si fougueusement venu apposer. Aussi fut-il fâcheux, à ce moment-là, de justement s’être positionné à côté d’une porte aillant jailli pour s’écraser contre le mur situé derrière elle. Car entre le battant et ce mur qui n’attendait que d’être meurtri, il s’était trouvé un malheureux matelot pour amortir l’interaction soudaine. Aussi ce fut lui qui s’écrasa le nez contre la tapisserie après que la porte fût venue l’écraser. De la veine, le pauvre homme, il en avait manqué. Mais à Lokail, là où chance et malchance n’avaient, dit-on, aucune emprise sur les âmes qui s’y abritaient, l’incident ne fut pas à mettre sur le compte de l’infortune, mais d’une calamité plus irrésistible encore : Alegsis Jubtion.

- Eh non en fait ! Ça n’était que moi ! S’annonçait-il flamboyant, gavé de verve, de bonhommie et d’une idiotie qui était telle qu’on la voyait ressurgir sur son visage à chaque instant de son existence. Rassurée ?

Peut-être Hayase eut-elle préféré que la maladie la terrassa dans la seconde. Car même la peste avait le goût du sucre quand on la comparait à une affliction aussi terrible que celle qui faisait maintenant son entrée dans la chambrée d’un pas lourd et décidé. Il avait, ce sinistre olibrius, toujours à la main son arme curieuse : ce pinceau de près d’un mètre et-demi duquel il avait déjà fait un usage fantasque. Elle en avait été témoin.
Naturellement, car ils se connaissaient. Au grand regret d’Hayase, ce guignol sorti des pré-bandes de son théâtre, elle l’avait déjà fréquenté ; elle l’avait déjà subi et s’estimait heureuse d’avoir survécu à ce fléau. Mais les malédictions avaient la vie dure, surtout au Royaume de la Veine. Et cette malédiction-ci, des semaines après qu’ils se soient croisés sur Tequila Wolf, elle avait encore convergé avec son itinéraire.

Sans se faire prier, le zigoto s’était emparé du premier tabouret venu pour s’installer au chevet de la grippée sans apparemment tenir compte du fait qu’elle fut si livide. Alegsis Jubtion était un animal qui ne considérait que peu son environnement et ses contemporains. Son égocentrisme ne tenait pas tant à une absence d’empathie qu'à une sévère défaillance cognitive pour ce qui tenait à la perspicacité.
À la convalescente, il lui avait soutiré sa gamelle d’entre les doigts pour aller se servir en soupe. Il prenait ses aises, Alegsis, en tout temps, en tout lieu et en toute compagnie ; s’imposant partout où il allait comme s’il fut chaque fois établi en territoire conquis. Il n’était pas impérieux, le bougre, simplement sans-gêne au dernier degré.

- Ouaaaaais, ouaaaais, moi aussi ça me fait plaisir de te voir, abrégeons tu veux. La coupa-t-il alors qu’elle grognait dans sa bile et les mollards qu’elle avait au fond de la gorge. Mais ce qui me ferait encore plus plaisir, il sortit une affiche jaunie de sous sa tunique entre deux cuillerées de soupe, ce serait que tu m’aides à t’aider à faire ton travail.

Parce qu’il ne fallait pas croire ; Alegs chassait des primes pour rendre service. Bien entendu. Si, incidemment, quelques émoluments gouvernementaux lui atterrissaient dans les poches – rarement cependant – ce n’était que fortuit.
S’il se risquait en réalité à un partenariat avec la Marine, quand bien même la recrue en question fut de ses connaissances, c’est que des accès lui étaient restreints et que ses seules semelles ne suffisaient à les forcer.

- Lui, là, proférait-il bruyamment avant de ponctuer son injonction d’un « slurp » dégustatif aussi tonitruant qu’il était peu ragoûtant, je sais qu’il se cloître à Dastrino depuis au moins quarante ans. C’est ce qu’on m’a dit.

Autant Alegsis n’était pas l’effectif le mieux désigné pour les incursions discrètes – un certain marine assommé derrière la porte pouvait en attester – mais la jactance lui coulait si abondamment du bec qu’il savait s’aménager des renseignements à qui il adressait la parole. Et la parole, il ne l’adressait que trop, en incorrigible babeleur qu’il était.

- Je t’explique, parce qu’il lui expliquait en plus de tout, et doctement malgré son arriération mentale patente, tu m’accompagnes là-bas, t’utilises tes super-pouvoirs de Marine pour qu’ils t’ouvrent cette foutue forteresse, je rentre, j’opère ma magie, Hayase frémit à entendre ces derniers mots en sachant ce que cela laissait entendre en terme de débilités, je ressors avec un criminel, le monde se porte mieux, t’as fait ton devoir comme il faut pour une fois et tout le monde il est content ! Enfin sauf le criminel, mais il avait qu’à pas valoir si cher aussi.

Ce fut un très joli exposé que le sien. Hayase admirait surtout le moment où Alegs omettait de rapporter qu’il empochait ensuite une prime de cinq millions de berries après s’être servi d’elle. Du reste, il persistait à user de périphrases pour nommer sa proie « Le criminel » ; cela tenait avant tout au fait qu'il ne savait pas lire et ignorait jusqu'au nom de celui qu'il traquait, se contentant de présenter son avis de recherche à qui de droit.

Au milieu du flot incessant de paroles bruyantes, celles qu’elle avait entendu caqueter dans ses oreilles endolories d’avoir été si soudainement exposées à tant de connerie d’un coup, Hayase, en dépit de ses restes de fièvre, chercha à analyser la situation. Son « « « « « bon ami » » » » » Alegsis, venu de nulle part, comme tombé des enfers rien que pour elle, s’était apparemment entiché d’une prime rattachée à un gaillard qui, en plus de vivre reclus loin du monde, n’avait pas sévi depuis des décennies. Et la joyeuseté, promise par ce crétin qui se gavait de soupe avec son air benêt, aurait en plus cours à Dastrino.
Se retrouver en compagnie d’Alegsis Jubtion dans la ville où la déveine y était, dit-on, aussi légendaire que cataclysmique, comment pouvait-on seulement refuser pareille aubaine ? Deux malheurs, quand on les conjuguait, pouvaient peut-être s’annuler, à moins que leur potentiel conjoint fut alors multiplié l'un par l'autre.

- Avoue que c’est une bonne idée. S’agitait-il content de lui – toujours – avant que, dans ses grands gestes de gamin indocile, il renversa le contenu brûlant de son écuelle sur cette camarade qu’il était venu si maladroitement solliciter. Mais fais attention, l’engueulait-il paniqué, tu vas faire tiédir ma soupe ! C’est fou les gens mal élevés comme ça.

Quand il chercha à éponger la soupe en léchant là où il l’avait laisser couler si abondamment et si négligemment, il prit un coup sur la tête qu’il se tînt ensuite entre les mains, une larme au coin de l’œil droit. Elle avait retrouvé de la vigueur, Hayase, à ainsi enrager de ses incessantes débilités. Alegsis était un homme en effet si insupportable que sa stupidité avait parfois des vertus curatives.
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Une prime périmé
Frisson de dégoût et nausée, voilà ce que je ressentais en la présence de cet homme qui ne m'avait aucunement manqué, ne serait-ce qu'un seul instant. Le revoir ici était un véritable déplaisir. Subir de nouveau ses maladresses et son irrévocable manque de respect... J'aurai préféré de loin me retrouver au beau milieu d'une guerre entre deux empereurs que de supporter de ce nouveau cet ahuri d'Alegsis.

- " Je t'ai déjà dit de ne pas me toucher sombre abruti ! " Lui hurlais-je dessus avec colère après qu'il ai osé lécher la soupe qu'il avait fait tomber sur moi. " Et puis garde ta vilaine langue là où elle est ! Je suis déjà assez malade comme ça, pas la peine d'y rajouter tes microbes ! "

Qu'est-ce qu'il pouvait m'énerver. Tout chez lui était horripilant. Ses manières et sa tête d'idiot d'où il ne se dégageait pas la moindre once d'intelligence. C'était à se demander comment un olibrius comme lui avait réussi à survivre jusque-là. Sans parler des nombreux pièges que mère nature auraient pu mettre sur sa route, j'étais surprise de voir que personne n'avait cherché à le tuer. Pourtant, il avait dû laisser dans son sillage, d'autres pauvres victimes comme moi, rêvant en secret de l'envoyer nourrir les petits poissons... Je ne me l'expliquais pas.

- " Qu'est-ce que tu fais ici ?! " Lui demandais-je, ne décolérant toujours pas tout en essuyant le plus possible la soupe de mon pyjama. "

- " Bah, tu es idiote ou quoi ? Je viens de te le dire " Répondit ce dernier avant de me tapoter la tête avec compassion. " Ça ne doit pas être facile d'être aussi bête. "

Une fois de plus, ce crétin reçut un coup venant de ma part. Un coup-de-poing en plein sur le nez qui le fit basculer en arrière, tombant avec fracas de son tabouret.

- " Arrête de me toucher ! Tu m'énerves ! " M'emportais-je contre lui avant qu'une nouvelle quinte de toux ne me prenne. " Je... vou... "

Seulement, je ne pus finir ma phrase. Celle-ci, plus violente que la précédente, je me tordais de douleur sur le lit. Une main devant la bouche, je tendais l'autre pour essayer d'attraper le verre d'eau sur la table de chevet. Malheureusement, j'avais beau tâtonner, je ne parvins pas à m'en saisir. Comme si celui-ci ne se trouvait plus à sa place...

Tandis que je me faisais cette réflexion, la réponse me parvint comme une évidence. Ce verre, qui était pourtant bien posé sur ce meuble et qui avait soudainement disparu à l'arrivée d'Alegsis ne signifia qu'une seule chose...

- " Aaaaah... Ça fait du bien ! J'avais trop soif. " Dit ce dernier après avoir vidé le contenu du verre qui pouvait m'aider à faire passer cette crise.

L'enfoi... Pardon, je voulais dire quel sale type. Alors qu'il venait de s'envoyer une bonne rinçage, je le fixais totalement désabusé. Une fois de plus, cet énergumène avait agi de la façon la plus égoïste possible. Du grand Alegsis quoi... Et une fois de plus, j'avais une envie soudaine de mettre fin à sa pitoyable existence.

Malheureusement, pour le moment, je devais réussir à calmer ma toux. Me passant de ce précieux liquide bienfaiteur, je parvins après quelques instants à reprendre mon souffle à l'aide de grandes inspirations. Pendant ce temps, l'idiot du village me regardait sans rien dire, son expression démontrant le plein potentiel de son pauvre petit cerveau... C'est-à-dire, absolument aucun.  

- " Tu pourrais faire moins de bruit, s'il te plaît ? " Lâcha celui-ci sans ciller. " Je ne m'entends même plus réfléchir. "

Oula... La maladie, me faisait-elle avoir des hallucinations ? Alegsis qui connaissait le terme, réfléchir... Est-ce qu'il savait au moins ce que cela voulait dire ? Impossible, il devait confondre avec autre chose... Ou alors, je suis morte et je me retrouve en enfer... Si seulement.

- " Bon... " Me mis-je à soupirer. " Je suppose que tu ne vas pas me lâcher si... "

- " Béh, je ne te tiens même pas. " Me coupa l'erreur de la nature, assis par terre, tout en levant les mains pour étayer ses dires. " Tu es vraiment bizarre, Bakayase. "

Ne pas relever, ne pas relever.... Gardons notre calme, ça n'en vaut pas la peine.

- " ... Si je n'accepte pas de t'aider ? " Continuais-je, enfonçant mes ongles dans mes draps pour me retenir de le frapper à nouveau.

- " Super ! " Convenu le chasseur avant de se relever brusquement et de m'aggriper par le bras pour me forcer à me lever. " C'est parti ! "

Surprise de me faire ainsi embarquer de force par cet idiot, je me retrouvais au milieu de la pièce, foulant le sol froid de mes pieds nus. Voyant qu'on se dirigeait vers la sortie, j'essayais de stopper son élan, mais rien n'y faisait. Ce bougre avait beaucoup plus de force que je le pensais et pour ne rien arranger, j'en manquais cruellement à cause de mon état.

Déjà frissonnante par le froid que je ressentais au niveau des oreilles, je n'osais imaginer ce que cela serait une fois hors de la maison. Il me fallait réagir avant que ma santé n'en pâtisse davantage. Qu'une seule solution s'offrait à moi et c'est sans hésitation et le moindre remord que je la mis en pratique.

Armant l'une de mes jambes, j'envoyais l'un de mes délicats petit pied heurter l'entre-jambe d'Alegsis. Ce coup, qui sauverait peut-être l'humanité en l'empêchant de se reproduire, l'arrêta net. En recevant ce coup, un petit couinement échappa de sa bouche avant que ses jambes flageolantes ne cèdent sous la douleur.

- " Laisse-moi aller me changer avant qu'on y aille ! " Lui signifiais-je avec mépris avant de le faire lâcher prise. " Attends-moi sagement ici. "

Sur ces mots, je le laisser au milieu du salon pour aller enfiler quelque chose de plus chaud. La dernière chose que j'entendis sortant de sa bouche avant de rentrer dans la salle de bain, ce fut un simple " Ok ".

Rapidement, je ressortis de la salle d'eau, coiffée d'une simple queue de cheval, fait à la va-vite, habillée et emmitouflée dans un gros manteau blanc. Fin prête pour repartir dans ce qui s'apparentait à un voyage en enfer. Je passais sans m'arrêter devant Alegsis qui m'avait attendu tranquillement, remit du coup qu'il avait reçu.

Une fois, dehors, j'ajustais au mieux mon manteau pour ne pas attraper froid à cause du petit vent frais qu'il y avait dans l'air. Puis, commençant à m'éloigner de la maison en direction de Dastrino, je me rendis compte après quelques pas que quelque chose n'allait pas. Étrangement, je n'entendais pas la voix insupportable du chasseur de primes. Ça ne lui ressemblait pourtant pas de ne rien dire... Intriguée, je me retournais pour voir ce qu'il en était quand je m'aperçus qu'il n'était tout simplement pas là.

- " Mais... Il est où cet abruti, encore ? " Me questionnais-je toute seule, tout en regardant de gauche à droit pour voir si je ne le voyais pas.

Trouvant cela bizarre de le trouver nulle part, je repartis vers la maison pour vérifier s'il n'y serait pas. Et ce fut en effet le cas... Repassant le pas de la porte, je le trouvais planté au milieu du salon sans bouger. En comprenant qu'il me faisait le même coup qu'à Tequila Wolf, un long soupir de lassitude m'échappa. Par chance, cet ahuri n'avait pas retenu son souffle comme la dernière fois... Quoi que... Était-ce vraiment une chance ? Cela aurait pu être une délivrance s'il avait pu mourir étouffé par sa propre bêtise comme ce failli être le cas ce jour-là. Quel dommage.

- " Hé, l'idiot, c'est par là que ça se passe." L'interpellais-je avant de repartir sans même prendre le temps de regarder si le matelot qu'Aleg avait assommé, allait bien.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:32, édité 2 fois
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La faute lui incombait à elle plus qu’à nul autre. Laisser Alegsis Jubtion sans accompagnement dans ses quartiers plus d’une minute ; c’était un miracle que rien n’ait pris feu. Hayase avait été inconséquente à agir ainsi, car qui s’était éprouvé à pareil imbécile au moins une fois dans sa regrettable existence savait pertinemment quelles précautions prendre afin d’atténuer le poids des retombées de sa stupidité. Hayase n’avait pas retenu les leçons de l’histoire : elle en mourait.

Peut-être.

Probablement pas en réalité. Les risques, néanmoins restaient bien présents.

Affaibli pour sa part d’avoir dû retenir sa respiration si longtemps – la douche fut longue, témoignant de l’absence de parcimonie de la Marine pour ce qui concernait le gaspillage de l’eau – Alegsis hasarda enfin une poigne autour de la cheville de sa partenaire devant laquelle il s’était effondré. Cherchant de l’oxygène bien qu’il ne manquait pas d’air, celui-ci trouva le moyen de s’égosiller péniblement.

- Peux plus marcher… porte moi.

Mais, impitoyable, celle-ci l’avait alors déjà devancée en l’abandonnant sur le carreau sans aucune vergogne. Aussitôt ressaisi, cessant la comédie dès lors où on ne lui prêtait plus aucune attention, le chasseur de primes, à nouveau en forme – et quelle vilaine forme que la sienne – se hâta après son sauf-conduit vers Dastrino. Après qu’elle l’eut franchie, la porte s’était refermée de moitié derrière elle, dévoilant un matelot qui recouvrait à peine du précédent choc. Aussi Alegsis l’ouvrit-il en grand afin de garantir son passage, éclatant une fois de plus le malheureux contre son mur avec lequel il manqua cette fois de fusionner.
À la traîne derrière Hayase qui, d’un pas franc et pressé, cherchait à en finir avec cette histoire au plus tôt, il trottinait jusqu’à la rejoindre, une main appuyée sur le sommet de son chapeau afin que celui-ci ne lui dit pas faux bond.

- Dis, tu veux qu’on chante sur le chemin ?

Car rien ne valait un calvaire en chanson.

- Non. Trancha sèchement la grippée qui, le temps de ce périple, escomptait préserver ses nerfs le plus longtemps possible.

Saine stratégie que la sienne. Elle eut été cependant mieux mise à profit si Hayase avait joint le bâillon à la censure.

- Si t’insistes ! Entonnait déjà l’abruti qui, s’il avait posé la question, ne l’avait pas fait avec l’intention de prendre en compte la réponse qu’on lui formulerait en retour.

Ce fut en effet pour lui une question rhétorique dont l’idée du « non », par avance, fut résolument proscrit. La ballade fut ainsi enchevêtrée dans la balade, l’interprète usant alors de son pinceau pour simuler de ses doigts le pincement des cordes d’une guitare.

Lui il était chasseur, elle elle était Marine,  ♪
Tout les deux très rieurs, le temps d’une sonatine, ♫
♪ Il avait eu besoin d’un passeur, et il avait mandéééééé…... la galopiiiiiineuh !

La galopine, la ga-lopine, galope parmi les fleuuuuuureuh ♫, la galopine, la ga-lopine, galope sur ma p...GgNEeuUUrgH.


Soudain, le bouffon ne sautillait plus ; la rime lui était comme restée en travers de la gorge. Il fallait dire qu’Hayase avait serré très fort au niveau de la trachée.
Sans doute n’avait-elle pas l’oreille musicale.

- Non. Réitéra-t-elle plus franchement.

- GlLlAaaRrchhIIi, consentit en retour Alegsis chez qui le message commençait à passer. Du moins apparemment

Car la main aussitôt déserrée d’autour de sa gorge, il bondissait déjà au sommet du rocher le plus haut perché au milieu de cette plaine qu’ils arpentaient jusqu’à trouver Dastrino. Positionné ainsi quelque peu plus en amont, loin du bras vengeur de cette auditrice exigeante, il entamait avec ferveur le deuxième couplet après avoir été si subitement coupé dans son refrain.

D’elle il n’avait pas peur, malgré sa sale trombine, ♪
♫ Il chantait avec le cœur, mais figurez-vous que la mesquine,
Réclama qu’on ne chanta plus sur l’heure… parce que… c’était une crétiiiiineuh ♪

La galopine, la ga-lopine, plus bête qu’elle tu meuuuuureuh, la galopine, la ga-lopine, elle sent un peu l’urine !

C’est à ce moment-là qu’Hayase commença à ouvrir le feu.
Troubadour des temps modernes, décrié parce que sulfureux – et aussi un tantinet agaçant – la sagacité de sa plume n’avait eu d’égal que la mélodie de sa voix stridente alors qu’il s’était si bien appliqué à chanter faux tout du long qu’on eut pu jurer qu’il l’avait fait exprès. Ce qui, le concernant, restait une hypothèse valable.
Même perché plus en amont, il n’était pas à l’abri de l’ire de cette jeune Marine quelque peu éconduite dans la haine vouée à son endroit. Son mousquet de service - qui n'était d'ailleurs pas le sien, mais celui que le matelot resté avec elle avait laissé parmi ses effets - elle l’avait alors fait cracher jusqu’à ce que le silex ne fit plus que cliquer contre le métal quand on appuyait sur la détente. Le petit père Jubtion, habitué à cette situation plus qu’il ne le devrait, échappa aux balles en courant ses bras levés en l’air le temps de sa cavalcade désespérée. Elle l’avait coursé jusqu’à ce que tout deux, sans clairement s’être orientés dans leur poursuite, parvinrent aux abords de Dastrino, ville à -demi fortifiée bâtie au bord d’un des récifs parsemant l’île de la Veine.

- Dastrino, nous y voilà haaaa, haaa. Se réjouissait Alegs tombé sur la cité par pur hasard au beau milieu de sa débandade. Tu vois haaaa que le trajet va plus vite en chanson.

Il trouvait le souffle pour tout dire celui-ci, même après avoir cavalé une dizaine de bornes la mort aux trousses. « Clic » persistait à faire le mousquet braqué en sa direction par sa Marine de compagnie.

- Jeri-hi-hi ! T’as plus de balles, ça sert à rien.

Il riait. On le pointait avec une arme après avoir manqué de le perforer pour avoir poussé la chansonnette un peu trop loin... et il riait. Avec bonhommie qui plus est, car ce n’était en rien un rire moqueur qui lui échappait d'entre ses vilains chicots. On l’avait tant de fois pourchassé les armes à la main celui-ci qu’il avait fini par savoir compter les balles venues lui siffler proches des oreilles jusqu’à se savoir en sûreté.
Manifestement pas inquiété de l’hostilité d’une partenaire enfiévrée qui, finalement, l’avait suivi jusqu’ici davantage pour l’occire qu’afin de l’aider dans ses basses besognes, Alegsis, ayant déjà laissé cette parenthèse derrière lui, scruta le seuil de cette cité hermétique dont il chercha à briser les immenses portes en les enfonçant d’un coup de pied.

- Je comprends pas, ça fonctionne d’habitude.

À court d’idées, il s’en remit à son atout alors qu’il se tournait vers Hayase, à lui dire, tandis qu’il se grattait la tête avec son pinceau géant :

- Bon, c’est l’heure pour toi de servir à quelque chose. Puis, il ne put s’empêcher d’ajouter, en rigolant comme l’incorrigible gamin qu’il était, Ça te changera du travail, jer-hi-h…

Peut-être s’était-elle retrouvée à cours de munition, mais cela ne l’empêcha pas de lui envoyer son arme de service au travers de la gueule. Une gueule déjà pas bien reluisante qu’il tenait maintenant de ses deux mains à ruminer sa douleur.
Ils étaient venus jusqu’à Dastrino presque par erreur ; par chance jureraient les superstitieux. Quitte à s’y trouver, autant que leur affaire s’y déroula rondement.
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Une prime périmé
Il y en a qui aiment casser des choses pour passer leurs nerfs. D'autres aiment frapper dans un sac pour se vider la tête. Moi, mon exutoire est de martyriser Alegsis. Ça faisait un bien fou de le frapper. A tel point que j'en oubliais presque mon vilain rhume. En plus, ce n'est pas comme si cet idiot ne le méritait pas. Il passait son temps à me mettre en colère. Le pire, c'est que je ne suis jamais violente gratuitement, normalement. C'est juste contre lui... Lui et sa tête à claques.

À cause de lui, le mousquet que j'avais piqué à mon baby-sitter était inutilisable. Moi qui comptais sur cette arme pour me défendre en cas de danger. En temps normal, je n'en aurai eu rien à faire, ne m'en servant jamais. Mais, au vu de mon état, cela restait un outil pratique. Viser et tirer, demandaient moins d'effort que d'utiliser mon art du yo-yo ou mes jambes. Malheureusement, mon idée n'avait pas fait long feu.

- " Bon suis-moi, grand benêt. " Ordonnais-je au chasseur tout en commençant à me frayer un passage dans la ville, à travers la foule de gens qui s'y trouvait.

Seulement, encore une fois et une fois de trop, l'ahuri qui me servait de compagnon de fortune, fit preuve d'une vivacité d'esprit frôlant le zéro. A croire que le temps que mettaient les informations à atteinte son petit cerveau malade, était aussi rapide qu'une limace essayant de concurrencer un lévrier lors d'une course.

M'apercevant que ce dernier ne me suivait pas, je poussais un long soupir de lassitude tout en me massant les tempes à l'aide de deux doigts.

- " Un jour... Je vais vraiment le tuer... " Murmurais-je faiblement pour que personne ne m'entende. Réouvrant les yeux, je plantais mon regard dans les deux orbites vide d'intelligence d'Aleg. " T'attends quoi ? Que je vienne te prendre par la main ? " Finis-je par lui dire, mes nerfs déjà au bord de l'épuisement.

À ces mots, l'artiste incompris... Faut dire que personne n'y arrivait... Me fixa en clignant plusieurs fois des yeux, ayant l'air d'analyser ce qui se passait. Donnant toujours l'impression d'être dans un monde différent du notre, celui-ci avait toujours du mal raccrocher les deux bouts. Quitter ce mini-parc d'attraction qui était dans sa tête et dont il était le maître, lui demandait un effort surhumain. Et malheureusement, des fois, cela ne donnait pas les résultats escomptés. Pour ne pas dire, tout le temps...

- " GRANBÉNÉ ! " Hurla tout d'un coup cet arriéré, tournant sur lui-même les mains jointes devant sa bouche pour mieux se faire entendre " Y'a la galopi... GgNEeuUUrgH. "

Une fois de plus, ce dégénéré ne put finir sa phrase, mes doigts fins, se retrouvant de nouveau autour de son cou. A la différence que cette fois-ci, mes deux mains étaient à l'action, l'étranglant et le secouant en même temps.

- " Même pas en rêve, tu me refais le même coup que la dernière fois ! " Lui hurlais-je dessus devant des habitants effaraient par ce qui se passait devant leurs yeux.

Il est vrai, que le spectacle qu'on leur offrait ne devait pas être quelque chose qui se voyait tous les jours. Une frêle jeune fille en train de s'en prendre physiquement à une grande andouille... Il y avait de quoi se poser des questions. Mais s'ils savaient... Je suis persuadée qu'ils viendraient me donner un coup de main pour faire taire à jamais cet indésirable personnage.

- " Qu'est-ce qui se passe ici ? " Entonna, faiblement, une voix d'homme venant de derrière moi.

Surprise, je relâchais Alegsis qui tomba en arrière, son teint devenu légèrement bleu et semblant sonné parce qu'il venait de vivre. Me retournant, je vis qu'il s'agissait d'un vieil homme tout rabougri qui se déplaçait à l'aide d'une canne. Le pauvre vieillard n'avait pas été épargné par le temps qui avait fait de nombreux ravages sur son corps. On pouvait voir sans peine à travers ses vêtements trop amples, que celui-ci n'avait que la peau sur les os. Et que dire de son visage, creusé par les années.  

- " Dites-moi jeune fille, qu'a fait ce pauvre homme, pour que vous le malmeniez de la sorte ? " Me demanda le grand-père d'une voix rocailleuse tout en haussant un de ses gros sourcils broussailleux.

- " Rien... Rien du tout ! " Lui répondis-je de ma voix la plus douce, un sourire radieux se dessinant sur mes lèvres tout en penchant la tête d'un côté. " On se chamaille, c'est tout. Ne vous inquiétez pas. "

- " Si vous le dites... " Ne s'emblant pas être convaincu par l'explication que je venais de lui fournir.

- " Sinon, monsieur. Nous sommes à la recherche d'une personne ? Pourriez-vous nous aider ? " Le suppliais-je à l'aide de ma petite bouille d'ange.

Pour seule réponse, le petit papy acquiesça simplement de la tête. Reconnaissante, j'inclinais respectueusement la mienne avant de m'agenouiller devant Alegsis, toujours au sol, afin de le fouiller.

- " Dis donc, je ne suis pas un homme facile... " Me lâcha celui-ci tout en me repoussant avant de se recroqueviller comme une jeune fille prude. " Ce n'est pas parce que tu es amoureuse de moi, que tu peux me tripoter. "

- " Amoureuse de toi... " Répétais-je platement tout en le dévisageant longuement, le visage impassible. " Continu de rester dans ton monde imaginaire si ça te fait plaisir. En attendant, peux-tu me donner l'avis de recherche ? "

- " Laquelle ? " Me demanda celui-ci le plus sérieusement possible, comme s'il avait oublié la raison de notre présence ici.

Il me fallu me mordre la lèvre inférieur pour me retenir de lui hurler dessus et de le frapper jusqu'à ce que mort s'en suit... Si, si... J'en étais à ce point-là.

- " L'avis de recherche pour laquelle tu m'as demandé de t'aider... " Lui répondis-je le plus calmement possible, me forçant à sourire.

- " Qu'est-ce que tu veux en faire ? Me les voler ?! " Prétendit Algesis sur la défensive.

En ayant marre de cette conversation qui menait nulle part, je me jetais sur lui pour essayer de lui subtiliser. Bien évidemment, ce maudit chasseur ne se laissa pas faire, commençant à me tirer les cheveux. Cela devait être pathétique à regarder, ne valant pas mieux qu'un combat d'enfant se roulant au sol... Mais que voulez-vous... Avec l'un de nous qui avait le quotient intellectuel d'une huître... Ça ne pouvait pas voler haut.

Par chance, cette petite bagarre enfantine, ne dura pas longtemps. Rapidement, je réussis à lui prendre de forces les avis de recherche avant de lui planter mes dents dans le bras après que celui-ci ait eu la main baladeuse sur l'un de mes seins.

- " Woaah, elle m'a mordu ! Elle a la rage ! Y'a-t-il un médecin dans la salle ? Viiiiiiite ! " Hurla l'imbécile tout en courant partout, paniqué par sa propre stupidité.

Pour ma part, une fois l'affiche en main, je balançais les autres avant de m'approcher du vieillard qui avait attendu bien sagement... Voilà quelqu'un sur qui Alegsis devrait prendre exemple...

- " Un certain, Peter Lemigros, ça vous dit quelque chose ? " Lui demandais-je tout en lisant le nom affiché sur l'avis de recherche avant de replonger mon magnifique regard dans celui du petit vieux. " A ce qu'il partait, il serait sur cette île. "

- " Vous devez sûrement parler du vieux Pet'. " Sembla se dérider le vieil homme en m'entendant prononcer ce nom.

" Vous le connaissez ? " Contente d'avoir peut-être enfin le début d'une piste.

" Oui, oui. Il passe le plus clair de son temps à pêcher aux abords de la rivière derrière la ville. À cette heure-ci, vous ne pouvez que l'y trouver. " Confirma le vieil homme sûr de lui tout en pointant la direction de sa main tremblotante.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:32, édité 2 fois
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On ne pouvait que l’y trouver là, à peu de choses près qu’on ne l’y trouva pas. Le vieux, à péniblement tenir sur ses cannes, les avait même escortés jusqu’à ce coin de pêche qui, à s’y méprendre, ressemblait à une marre. Car il est vrai que, toute chose considérée – à commencer par la topographie des lieux – il était effectivement malcommode de s’essayer à la pêche au beau milieu d’un récif montagneux.

- Pourtant, se justifia l’ancien, chaque fois que j’y viens à ce coin-ci, il est là.

- Pas de chance, j’imagine. Commenta la jeune Marine avec une petite moue déçue.

Dastrano, c’était la cité maudite ; maudite par le sort. Car si à Leg’s of Rabbit City, la chance, on y baignait dedans – mais raisonnablement – dans cette forteresse reculée, la déveine avait cours légal. Selon que l’on fut plus ou moins gâté par une bonne fortune, à moins que tout ne fut question que d’astrologie, la vie ici pouvait y être malencontreuse. Ces remparts qui contenaient en leur sein un théâtre de malchance pour qui s’y risquait au travers, c’était encore là le lieu de villégiature le plus opportun pour tout criminel cherchant à se soustraire à la Justice. Si Lemigros avait trouvé refuge ici et ce, bien avant même qu’Hayase et Alegsis ne vinrent au monde, c’était encore car il s’y trouvait le mieux à l’abri des oukazes du Gouvernement Mondial.
Qu’on ne trouva pas au bord de la marre un homme qui, disait-on, s’y trouvait pourtant toujours ou presque, tenait effectivement de l’infortune. Celle-ci, alors, se manifestait de bien des manières au quotidien. La malchance, à Datrano, y était toujours diffuse, relative ; mais invariablement présente. Certaines âmes, en revanche, nées quant à elles sous une bonne étoile, pouvaient toutefois échapper au sort. Ou au moins en atténuer sa portée.

- Y’a pas de chance qui tienne ! Assénait Alegsis très sûr de lui comme seuls pouvaient l’être les abrutis qui ne doutaient de rien. La chance, ça se provoque, faut avoir la mentalité pour.

Qu’un individu pareillement doté sur le plan intellectuel se piqua de parler de « mentalité » eut de quoi faire rire si, insupportable comme il étai, celui-ci n’avait pas déjà suscité les grincements de dents. Mêlant les gestes à la parole, car c’était en plus un garçon très expansif, Alegs ferma les yeux très fort pour se concentrer, plaçant un index sur chacune de ses tempes tandis que sa tête tremblait jusqu’à en devenir rouge. Par la seule puissance de son illustre mentalité, celui-ci, afin de faire démonstration de sa thèse, invoquait la chance. Lorsqu’il ouvrit les yeux, une veine lui avait éclaté dans l’œil droit le temps de sa méditation intensive. Son exercice accompli, il tourna la tête à gauche, il tourna la tête à droite avant de s’exclamer, un index pointé devant lui.

- Qu’est-ce que je te disais, regarde !

Hayase, comme leur accompagnant défraîchi et tremblant, posèrent le regard dans la direction pointée par ce doigt qui avait si souvent été logé dans le nez de son propriétaire. D’une morne stupéfaction, car il y avait de quoi être effectivement surpris, ils trouvèrent, autour de cette marre, quelque part perdu dans l’herbe, un billet de dix-mille berries que le crétin s’en alla cueillir très fier de lui. Preuve était ainsi faite qu’Alegsis avait eu raison. À moins que le hasard de l’Île de la Veine, dans ses facéties, ne s’était faite son complice.

- Avoir de la chance à Dastrano… souffla le vieux entre deux quintes de toux venues lui dépoussiérer les poumons, ça s’est jamais vu.

Avec cet petit air faraud et plastronneur qu’on lui aurait si volontiers fait ravaler, affichant alors une morgue déplacée pour ce qu’elle avait d’excessive et de grotesque, Alegs frotta son billet nouvellement acquis contre sa tunique afin de mieux fanfaronner. D’Alegsis le troubadour ou bien Alegsis le vantard, Hayase ne sut trop lequel des deux elle aurait écorché le plus violemment.

- Donc tu vois Hayase, euh, « Bakayase », pardon, il prouvait par cette rectification aussi fugace que maladroite qu’il faisait en réalité exprès d’écorcher son nom, la chance, c’est rien que des c…

Son aphorisme grossier connut une interruption soudaine alors qu’un piano à queue - et rien moins - lui était subitement tombé dessus dans un fracas et un vacarme dont la mélodie fut inharmonieuse. C'était une de ces chutes de piano dont on ne s’attendait jamais trop à être témoin ou victime à un quelconque instant dans sa vie. Le vieillard et la matelote, de concert et sans franchement se préoccuper du sort d’Alegsis, levèrent lentement la tête. Dans ce petit parc aménagé, au milieu duquel le petit bassin y avait la place belle, aucune bâtisse n’était à recenser dans les environs proches. Un piano, en l’état, était littéralement tombé du ciel. Sa chute l’avait conduit droit sur Alegsis qui, gisant au milieu des décombres, tordu de toute part et animé de quelques divers spasmes venus rappeler qu’il était encore en vie, parvint à articuler dans un râle qu’on aurait pu prendre comme son ultime épitaphe :

- Ça ne prouve rieeEeeEEn...

C’eut pu être une flûte-à-bec ou encore un triangle qui lui tomba dessus, mais le hasard, dans ce que le sort avait présentement de plus funeste à offrir, avait plutôt œuvré pour un piano. Peut-être celui-ci était tombé de Weatheria. Une explication logique, peut-être devait-il y en avoir une mais, à Dastrano, quel que fut le malheur en vigueur, l’infortune en était nécessairement en cause.

- Plus de trente an que je vis ici, et j’ai jamais vu une poisse pareille. Diagnostiqua le vieillard pourtant peu inquiet du sort de ce malheureux qui, devant lui, se tortillait de douleur.

Ce n’était pas sous une mauvaise étoile qu’était né Alegsis Jubtion, mais un trou noir. La fatalité, à Dastrano, dans tout ce qu’elle avait de partial et de mystique, semblait faire payer à Alegsis chacun de ses élans de stupidité. Le malheur qui l’accablerait en ces lieux, apparemment, ne se matérialisait que comme le juste revers de ce qu’il avait eu de plus insupportable à mettre en exergue une vie durant.
Quelques scientifiques du Gouvernement Mondial, en se risquant à des hypothèses, avaient cru pouvoir conclure au terme de leurs observations que, quelle que fut la fortune ou l'infortune ayant cours à l’Île de la Veine, celles-ci dépendaient des actes antérieurs de tous ceux qui en étaient la proie ou les bénéficiaires.
Des âneries dantesques, Alegsis en avait commis tellement – et sans presque jamais s’en rendre compte – que le destin en personne, maintenant qu’il trouva le chasseur de primes sur son terrain de prédilection, en avait fait son affaire. Une affaire rondement menée.
Intraitable pour sa part, Hayase avait tiré Alegs de sous les débris pour le redresser. Avec une trombine plus ahurie que jamais, encore sous le choc, l’infortuné crétin regardait devant lui, la bouche ouverte.

- Mmmmh… L'inspectait-elle les yeux plissés. Il a l’air aussi bête que d’habitude. Rien de grave à déplorer donc. Elle se tourna donc vers leur guide. Quelle autre piste on pourrait suivre ?

De son sort, à Alegsis, elle ne s’en était finalement pas tracassé outre mesure. Pour un peu, on eut pu même percevoir un semblant de joie dans le fond de sa voix.

- Si Peter est pas en train de pêcher, réfléchissait leur accompagnant miteux, c’est qu’il est peut-être allé acheter des appâts pour la pêche.

Le raisonnement se tenait et, à défaut de suggestions plus pertinentes, on lui emboîta le pas qui, chez lui, confinait à la lenteur suprême. Hayase dut par ailleurs revenir au parc pour aller chercher son compère qui, encore sonné, était resté debout et inerte, un filet de bave lui coulant de sa bouche entrouverte.
Elle l’avait traîné au sol en le tirant par le bras comme une masse amorphe qui, à n’en point douter, avait quelque peu accusé le coup de malchance dont il fut victime.
Lui cognant la tête à chacune de trois marches qu’il fallut gravir pour entrer dans la quincaillerie où les avait menés leur aîné rabougri, la jeune Marine s’annonça dans un « bonjour » comptant parmi les plus allègres qu’elle ait jamais pu prononcer de sa vie. Cette petite partition jouée au piano l’avait apparemment ragaillardi. Peut-être préférait-elle simplement les sonatines aux chansons. À moins qu’elle ne fut trop ravie qu’Alegsis fut enfin réduit au silence. Toujours est-il qu’elle le traîna négligemment sur le sol comme un sac de marchandises trop lourd à porter.

- Il a l’air mal en point votre ami, se préoccupa le tenancier en se faisant le témoin d’une telle entrée.

Rendue radieuse par les événements, presque guérie tant elle fut irradiée par le bonheur, Hayase tempéra bien assez tôt les inquiétudes de ce monsieur.

- Ne craignez rien, dit-elle guillerette, ça n’est pas notre ami.

Cette cité reculée avait pour elle des airs de Paradis après avoir essuyé de pareilles retrouvailles avec le pire chasseur de primes dont elle ait pu un jour faire la connaissance. En ces terres serties d’infortunes, elle avait cru trouver un allié dans le fatum. Un allié d’autant plus appréciable qu’Alegsis semblait servir de paratonnerre à la malchance.

- N’empêche qu’il a l’air mal en point.

Sans trop pouvoir s’inquiéter davantage du sort d’un pianiste amateur dont la dernière représentation en date fut très brève, le quincailler fut interpelé par le vieux. À Dastrino, seules cinq-cents âmes y proliféraient mollement, aussi tout le monde se connaissait. Le « tu » y était ainsi coutumièrement de rigueur.

- Est-ce que par hasard t’aurais pas vu Peter récemment ?

Resté quelques instants interdit, le propriétaire des lieux hésita avant de répondre.

- … Tu… tu me fais marcher ?

- Je te fais pas marcher, je te demande où est Peter, s’agaçait le vieux au milieu d’une légère toux, la petite dame et son gogol de compagnie le cherchent pour le mettre en prison qu’il paraît.

Alegs, au milieu de ses bavardages incessants, l’avait effectivement mis dans la confidence avec ce sens de la discrétion qu’on lui connaissait si bien. Le tenancier se sentit bien mal à l’aise d’être informé en ces termes, ne sachant trop où se mettre. À le voir, on eut cru que ce « Peter » lui posait problème et qu'il ne se sentait pas de le dénoncer.

- Écoute, je crois qu’il vaut mieux que tu prennes l’air et que t’emmènes tes petits amis avec toi. Je vous offre même un onguent pour le moche j’ai mal rien qu’à le regarder.

Alegsis, à nouveau sur ses jambes, revenu à lui, mais revenu de loin, ne se fit alors pas prier pour se saisir de l’onguent qu’on lui désigna, s’appliquant aussitôt le contenu sur la peau afin d’apaiser des douleurs dont on comprit aisément qu’elles le faisaient souffrir.

- Il sent drôlement bon votre onguent monsieur ! Braillait-il avec engouement alors qu’il se sentait graduellement revivre.

- C’est parce que c’est du miel. Lui répondit son bienfaiteur, resté impavide devant la scène.

Illettré comme on ne saurait l’être davantage, Alegsis s’était naturellement emparé du mauvais récipient. Couvert qu’il était à présent de miel issu de l’apiculture locale, un vrombissement dont les décibels allaient en s'accroissant, cheminait déjà en sa direction. Un essaim d’abeilles, vers qui un vent malencontreux avait porté la fragrance dont était à présent enveloppé l’infortuné chasseur de primes, avait ainsi fait irruption dans l'établissement, pareille à une nuée apocalyptique. La déveine poursuivait ainsi sa course à vive allure, piétinant un imbécile qui persistait malgré lui à se jeter sans cesse sur sa trajectoire. Ce qu’Hayase n’avait cependant pas deviné plus tôt fut que cette malchance, aussi catastrophique qu’elle était apparemment inexorable, était finalement si intense qu’elle en devenait contagieuse. Alegsis serait chaque fois l’épicentre du mauvais sort, et qui se trouverait aux alentours en ferait aussi les frais.
Toute la clientèle de la quincaillerie, sans qu’on n’ait à le lui suggérer pour sa survie, se rua prestement en extérieur au milieu d’une cohue manifeste et désespérée afin d’échapper à quelques milliers d’abeilles gourmandes. Celles-ci, en effet, était venues leur rendre visite le dard saillant.

Quand il se leva enfin de derrière son comptoir, à présent qu’il n’entendait plus les apidés gronder dans les environs, le commerçant, après qu’il eut aperçu le vieillard déguerpir en compagnie des deux étrangers qu’il avait accompagnés, se laissa aller à un commentaire dépité à l'intention de sa femme restée dans l'arrière-boutique.

- « Où est Peter » qu’il me demande maintenant... voilà que ses crises de démence lui reprennent. Il a encore oublié qui il était. Déjà qu'il passe ses journées à pêcher dans un bassin sans poisson, ça s'arrange décidément pas.

De la chance, fallait-il en manquer - et de beaucoup - pour traquer un criminel alors que celui-ci, justement, vous accompagnait tout du long d'une traque qui pourrait ainsi durer des siècles. Ce serait en tout cas le lot d'Alegsis et d'Hayase qui, pour l'heure, s'efforçaient de trouver un coin de flotte où s'y jeter afin d'échapper à la nuée qui ne les lâchait plus.
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Une prime périmé
Retour à la case départ. Il n'y avait aucune trace de ce Peter Lemigros. Personne ne semblait savoir où il pouvait se trouver et la seule piste que nous avions nous avait mené nulle part. La seule chose qu'on avait récoltée, c'était une poisse pas possible qui nous collait à la peau. Enfin, plus exactement à celle d'Alegsis qui semblait l'attirer comme un véritable aimant.

Après tout, ce n'était que justice. Ce simple d'esprit n'avait que ce qu'il méritait. Être aussi stupide sans en subir les conséquences ne pouvait pas durer éternellement. Malheureusement, étant moi-même en sa compagnie, j'écopais également de sa malchance. A cause de cet énergumène qui n'avait rien trouver de mieux que de se peinturlurer le corps de miel, on se retrouvait pourchassé par un essaim d'abeilles.

Ces insectes d'ordinaire inoffensifs tant qu'on ne les embêtait pas, pouvaient s'avérer extrêmement dangereux. Une simple piqûre provoquait des démangeaisons, résultant d'un petit bouton apparaissant sur l'épiderme. Rien de bien méchant en soit. Mais en recevoir en grand nombre, était très risqué. De plus, avec mon état de santé, recevoir autant de poison dans le sang me serait, sans aucun doute, mortel.

Par chance, il y avait un excellent moyen d'échapper à une fin aussi atroce. Tout simplement, se séparer de ce parasite qu'était Aleg. Ne perdant pas une minute, j'agrippais le petit vieux par la manche de sa veste avant de le tirer loin de l'aimant à problèmes. Ainsi fait, les abeilles ne s'attardèrent pas sur nous, continuant de suivre leur proie qui courrait comme un dératé en direction d'une source d'eau.

Voir un chasseur se faire pourchasser de la sorte était assez ironique. C'était comme si ce mets délicat qu'affectionne tant les abeilles, était une belle prime fixé sur le dos de cet idiot.

Tandis que je souriais en visualisant cette image, ce pauvre malheureux en proie à la panique, fit un magnifique plongeon dans un petit point d'eau salvateur. Enfin... Je me rendis vite compte que je m'étais trompé sur son contenu. Il y avait certes de l'eau, mais pas que. Au moment où le chasseur entra en contact avec ce liquide, on entendit un gros " Splash " avant de le voir s'enfoncer petit à petit, dans une mare de boue.

Bien qu'étant maintenant hors d'atteinte des abeilles... Même si certaines avaient peut-être réussi à le piquer, le temps que son corps soit entièrement immergé... Cet idiot risquait de se noyer dans cette eau boueuse, pareille à des sables mouvants. Même si ce faisant, je serai débarrassé de lui, je ne pouvais me résoudre à le laisser mourir... Que voulez-vous... Ma bonté me perdra.

Cependant, je n'avais aucune idée de comment le sortir de là. Mes yo-yos n'auraient aucune chance de l'atteindre et plonger à mon tour, causeraient juste ma perte. J'avais beau y réfléchir, je ne voyais pas comment le sortir de là... Peut-être que c'était la fin d'Alegsis Jubtion.

- " Quel dommage... " Ne puis-je me retenir de dire avec ironie pendant que je regardais des petites bulles éclater à la surface de l'eau.

Une petite part de moi regrettait de ne pas pouvoir le sauver, tandis qu'une, bien plus grande, se retenait de hurler de joie. Le monde allait certes perdre un grand humoriste, mais la paix reviendrait également avec sa disparition. Toutes ses victimes ne le pleuraient pas, au contraire...

Mais le cruel destin ne voyait pas ça de cet œil.

- " Venez m'aider ! " Hurla le vieillard qui nous accompagnait. " J'en ai attrapé un gros ! "

Surprise par ce qu'il venait de dire, je me retournais pour assister à quelque chose de totalement inattendu. Le vieil homme tenait à bout de bras, une canne à pêche qui était pliée à cause de la pression du fil auquel quelque chose de lourd semblait accroché. Suivant le fil du regard, je m'aperçus que celui-ci avait fini sa course dans la mare de boue. Je n'en croyais pas mes yeux. Avait-il vraiment réussi à attraper Alegsis à l'aide de son hameçon ? Si c'était le cas, la canne allait-elle être assez solide pour l'en sortir ? Mais surtout la question qui me taraudait le plus... Elle sortait d'où cette canne à pêche ?!

- " Vous allez vous bouger les miches, mademoiselle ! Votre petit ami est en train de se noyer ! " Vociféra ce dernier tout en jouant du moulinet et en tirant la canne en bois pour tenter de remonter le chasseur.

Me précipitant vers lui, j'empoignais la canne à pleine main pour lui venir en aide.

- " Vous êtes prête ? À trois, on tire de toutes nos forces. " M'expliqua le vieil homme.

- " Oui, oui... " Lui répondis-je simplement, légèrement bourgeonne à cause de ce que venait de dire précédemment ce vieux décrépi. " Mon petit ami... Plutôt mourir... " Finis-je par dire dans un souffle inaudible avant de me tenir fin prête, attendant le signal.

- "  A la une... À la deux... Et... Euuuh..."

- " TROIS ! " Déclarais-je à plein poumon en voyant le vieil homme semblant perdu par son propre décompte.

Tirant de toutes nos forces, la canne faillie céder sous le poids. L'effet de succion qu'avait cette eau boueuse ne nous facilita pas la tâche et il nous fallu puiser au-delà de nos limites pour parvenir à sortir Alegsis de là. Après un dernier effort, quelques gouttes de sueurs, coulant de nos fronts, nous y parvînmes enfin, avant de tous deux, tomber en arrière.

- " Nom d'un crabe multicolore, on a pêché un pantalon ! " S'extasia le vieil homme en regardant sa prise du jour, fier de lui.

Quant à moi, je compris en voyant le vêtement, qu'on avait échoué dans notre sauvetage. Alegsis était malheureusement toujours porté disparu dans cette boue et il était maintenant clair qu'il n'en sortirait jamais vivant. Plus jamais je n'aurai à supporter cet idiot... Plus jamais je n'aurai à écouter ses chansons stupides... Plus jamais...

- " Mince... Il est vraiment mort cet idiot... " Exprimais-je avec une légère pointe de tristesse dans la voix, en comprenant que je ne reverrais jamais ce simplet.

Seulement... J'avais faux sur toute la ligne et croyez-moi, j'allais vite le regretter. Car tandis que je regardais le pantalon déchiré et recouvert de boue de feux Alegsis, un fracas se fit entendre derrière nous.

Sursautant légèrement, je portais mon regard dans sa direction, d'où un petit nuage de poussière se dégagea. Quelque chose semblait s'être écrasé au sol et il ne fallu pas longtemps pour comprendre de quoi il s'agissait. Une fois le nuage dissipé, on pu voir le chasseur de primes qui se relevait d'un bon avant de hurler.

- " Je suis de retour ! Et même pas mal ! Jeri-hi-hi ! " Tout en riant de sa façon bien à lui, le chasseur de primes mit ses mains sur ses hanches, se donnant l'air indestructible...

Bon... A première vue, il était toujours le même... Dommage. J'avoue que j'avais espéré que cette chute ait pu lui remettre le cerveau dans le bon sens... Ah non, j'avais oublié... Faut en avoir un pour ça. Mais bon, le principal, c'est qu'on avait réussi à le sortir de là.

- " Tu fais quoi avec mon pantalon ? " Me demanda ce dernier alors qu'il s'approchait de moi. " Tu voulais me le voler, c'est ça hein ?! " M'accusa celui-ci, outré par mon attitude. " Je vais te dénoncer à la Marine, tu vas voir ! Bakayasa, fais ton job et arrête moi cette voleuse ! "

Son panta... Mais oui, j'avais oublié ce petit détail en effet. Mais... Attendez, si son pantalon est sur l'hameçon, qu'est-ce qui... N'allant pas au bout de ma réflexion, je regardais Alegsis en battants plusieurs fois des cils.

- " Quelle horreur... " Déglutissant de dégoût en imaginant ce que cela voulait dire tout en essayant de ne pas vérifier cette hypothèse.

Malheureusement, victime de la curiosité humaine, je baissais petit à petit le regard sur les jambes du chasseur de primes... Et là, ce fut le drame. Il n'y avait rien. Rien sauf cette chose immonde qui pendait fièrement entre ses jambes... Cette chose qui me hanterait toute ma vie !

- " GNYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA ! " Me mis-je à hurler de terreur en la voyant avant de fermer les yeux le plus fort possible comme si cela allait me permettre d'oublier. " Rhabille-toi, sale pervers ! Viiiiiiiiiiiiiiite ! " Lui ordonnais-je tout en lui balançant son pantalon.

Pourquoi... Dites-moi pourquoi ça doit m'arriver, à moi ?! Ce n'était déjà pas assez horrible de devoir le supporter, lui et sa tête à claques ? Voilà que je devais voir son... son... Je n'ose même pas le dire, tellement ça me dégoûte... J'en ai même la nausée.

- " C'est bon ?! Tu es de nouveau présentable ? " Lui demandais-je la peur au vendre de le revoir.

Aucune réponse... Rien, nada... Je craignais le pire...

- " C'est à vous qu'elle parle, l'ancêtre. " Lâcha soudainement ce benêt. " Quand on est poli, on se présente. "

Mais quel con... Oui, je sais... Pardon d'être grossière, mais là... C'était du grand Alegsis, le roi des cons...  Encore une fois, celui-ci montrait le peu d'intellect qu'il possédait. Un véritable mystère que même la science ne prendrait pas le risque de résoudre. Cela serait plus une perte de temps qu'autre chose.

- " Ah la jeunesse d'aujourd'hui... De mon temps, on se présentait avant de demander le nom de quelqu'un. " Soupira le vieillard de sa voix rocailleuse. " Moi, c'est Peter Lemigros, mais tout le monde m'appel, Pet'. "

Pardon ?! En entendant ce que venait de dire le vieil homme, j'ouvris brusquement les yeux avant de reporter mon regard sur lui, étonnée par cette révélation.

- " Que venez-vous de dire, monsieur ? " Lui demandais-je, plus que surprise par ses dires.

- " Que la jeunesse d'aujourd'hui n'était plus ce... "

- " Non pas ça. " Le coupais-je avec impolitesse. " Vous êtes vraiment Peter Lemigros ? "

- " C'est ce que je viens de dire, non ? " Me répondit celui-ci tout en haussant un de ses gros sourcils grisonnants. " Vous n'écoutez plus rien aujourd'hui, trop occupé avec vos escargotruc. De mon temps, on écoutait nos an... "

Seulement, il ne put finir sa phrase à cause d'Alegsis qui, comme revenant dans le monde réel qui est le nôtre, sembla avoir enfin compris ce qui se passait.

- " C'est lui le l'homme sur l'avis de recherche ! " Pointant Pet' du doigt comme s'il venait de le découvrir par lui-même. " Je l'ai trouvé ! "

Alors ça, pour une surprise... Depuis le début, on cherche un homme qui en fait est notre guide... Pourtant, tout à l'heure, le gérant de la quincaillerie ne semblait pas l'avoir reconnu... Était-ce une mauvaise blague de sa part ? De leur part à tous les deux ? Ou alors... Était-il si sénile que ça ?

- " Bakayase, chope le ! " M'ordonna le chasseur, heureux d'avoir enfin mis la main sur sa cible qui coûtait une petite somme d'argent conséquente.

Seulement... Je ne savais pas quoi faire. En effet, cet homme était recherché, mais... C'était il y a plusieurs décennies de cela. Si ça se trouve, l'avis de recherche n'avait plus aucune valeur. De plus, cet homme ne semblait clairement pas un danger. Il était tout vieux et tout gâteux Peu importe le terrible criminel qu'il avait pu être, il n'avait plus rien à voir avec lui aujourd'hui et je ne voyais pas l'intérêt de l'arrêter.

- " Non. " Répondis-je sans détour tout en plantant mon regard déterminé dans celui d'Aleg.

- " Tu es déjà fatiguée, c'est ça ? " Répliqua le simplet qui ne prenait pas au sérieux mon refus. " Tu sers à rien, déjà que j'ai tout fait depuis le début... Ce n'est pas grave, je vais m'en occuper tout seul ! "

Alors qu'il s'avançait d'un pas déterminé vers sa cible afin de l'appréhender, je me mis à lui barrer le chemin.

- " Ah ! Finalement, tu veux le faire toi-même ? Tu as peur que je garde toute la prime, rien que pour moi ! Jeri-hi-hi ! "

- " Il n'y aura pas de prime. " Lui balançais-je sans ménagement. " Il n'y aura pas de prime, car on ne va pas le capturer. "

- " QUOIIIIIIIIIIIIIII ?! " Manifesta le chasseur, les yeux exorbitaient pendant un court instant avant d'afficher un petit sourire " Ooooh... J'ai compris. Tu veux garder la prime, rien que pour toi ! "

Mon dieu... Qu'est-ce qu'il ne va pas encore m'inventer...

- " Si tu crois que je vais te laisser faire ! Moi qui pensais t'en laisser... Un Berry, bah là, t'auras rien du tout ! "

Sur ces mots, le chasseur tenta de me pousser pour que je le laisse passer. Seulement, pas de chance pour lui, j'étais la plus rapide de nous deux. Ne lui laissant pas le temps de me toucher, je lui envoyais un puissant coup de pieds dans l'estomac avant d'enchaîner rapidement. Au moment où celui-ci se replia à l'impact, je tournais sur moi-même avant de lui envoyer un autre coup sur le côté de la tête, l'envoyant valser à quelques mètres.

- " Tu ne l'emmèneras pas. " Lui certifiais-je avec fermeté tout en donnant l'impression d'être sûre de moi.

Car c'était bien là le problème... Je n'étais pas sûre de pouvoir l'empêcher de faire ça. J'avais déjà eu la chance de voir Alegsis à l'œuvre avec son pinceau et sa peinture... Je savais que cela était redoutable et qu'il pouvait par exemple me forcer à rire jusqu'à en perdre haleine. Les révolutionnaires qui avaient eu la malchance de recevoir cette peinture jaune n'avaient plus eu la capacité de se battre à cause de l'hilarité dont ils avaient été victimes. Si ça se trouve, ce n'est qu'un des nombreux effets de cette peinture étrange...

De plus, je n'étais pas vraiment en état de me battre. Sortir Alegsis de cette eau boueuse et ses deux coups que je lui avais porté, m'avaient déjà beaucoup épuisée. Il fallait que j'en finisse le plus vite avec lui si je ne voulais pas que ma santé m'en empêche.

Alors, ne voulant pas lui laisser le temps de reprendre ses esprits, je lui fondis dessus, prête à expédier ce pseudo combat. Une fois sur lui, je pris mes deux jouets en main avant d'enchaîner les mouvements. Les deux yo-yos en acier vinrent le frapper à de nombreuses reprises dans les jambes, les côtes, le visage et tout autre endroit du corps que je pouvais atteindre.

Puis pensant en finir rapidement, j'envoyais un de mes yo-yos autour de son cou avant de tirer un coup sec dessus pour le forcer à se pencher vers moi. Tout en faisant cela, je fis un petit bond en hauteur afin de lui envoyer mon genou s'écraser sur son vilain nez de cochon. À l'impact, du sang gicla de celui-ci et Alegsis poussa un râle de douleur, tenant malgré tout le coup sous mes assauts. Ce crétin était beaucoup plus coriace que je le pensais... Ou, étais-ce moi qui n'avait plus assez de force... Peu importe, je ne comptais pas en rester là.

Malheureusement, tout ne se passa pas comme prévu... Au moment où j'allais continuer mes attaques, quelque chose m'en empêcha. Ce que je craignais arriva. Une vilaine quinte de toux pointa le bout de son nez. Celle-ci tellement, intense, je sentis ma tête prise de vertige et mes jambes cédèrent. À genoux devant mon adversaire, je crachais mes poumons, la main devant la bouche et la deuxième sur ma poitrine... Cette dernière me faisait si mal, que j'avais l'impression que ma cage thoracique allait se briser.

C'était mal parti... Si je ne me ressaisissais pas, Alegsis aurait le champ libre pour emporter ce pauvre vieillard.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:32, édité 2 fois
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La rosserie fut sévère et servie sans préliminaire d’usage. Peut-être Hayase, outre des questions de principe, avait aussi déchaîné quelques sursauts de violence à l’endroit de son adversaire par revanche ; par plaisir. Elle n’avait en effet pas franchement retenu ses coups au nom de la camaraderie qui, entre eux deux, ne pesait pas bien lourd.
Accoutumé aux coups tel qu’il l’était – car on se plaisait à en faire atterrir sur lui très souvent, et sans jamais que ceux-ci ne furent pas mérités – Alegs avait développé comme un semblant d’immunité à la douleur. Des avoines lourdes comme le monde, des gnons assénés sans retenue entre autres bastonnades prodigieuses, il fallait lui en administrer par pléiades entières afin que son cerveau, enfin, reçut l’information et que l'énergumène s’écroula en conséquence. Il encaissait si bien, Alegs, que le souffle venait à manquer bien assez tôt à ses assaillants, tandis que lui, à recevoir sans donner, restait néanmoins frais comme un gardon ; simplet jusqu’au système nerveux.

Au milieu de la raclée qui lui fut si vertement flanquée, Alegsis avait su rester glorieux. Car d’un rebondissement à l’autre – à commencer par celui de son crâne sur le sol – celui-ci n’avait toujours pas trouvé le temps de remettre le bas de sa tunique. Il avait su rester glorieux, auguste et suprême, apprêté qu’il fut à combattre son flagelle et son séant exposés à l’air frais, tout deux recouverts d’une boue qui séchait au vent. Qui, sinon Alegsis Jubtion, pour exposer une pareille prestance ?

- M’oblige pas à te faire mal ! L’exhortait-il énergiquement alors qu’il était à peine remis de sa dérouillée. Déjà bien amoché peu de temps après que les hostilités furent entamée, à se tenir le nez d’où une hémoglobine y coulait généreusement jusqu’à lui perler au bout du menton, il tartarinait comme s’il fut en position de force. Je vois bien que les abeilles t’ont déjà mise mal en point.

Les abeilles, pourtant, étaient hors de cause dans l’affaire. Car si ce n’est une bien vilaine toux persistante, le jeune marine ne souffrait d’aucune autre affliction particulière. Aussi rebondit-elle sur la remarque.

- Elle m’ont pas piqué, qu’est-ce que tu racontes.

Avec cette gueule d’ahuri qui ne le quittait que rarement, même quand la situation s’aggravait comme présentement, Alegsis cligna des yeux tout penaud pour finalement lui demander avec une mine franchement déconfite :

- Pourquoi t’es toute moche alors ? AÏE !

Bien que tout laissait à penser qu’une pareille réplique ne put engendrer chez son interlocutrice qu’une réaction aussi vive que brutale, ce yo-yo venu s’encastrer tout contre son arcade sourcilière, Alegsis, en bon couillon qu’il était, ne l’avait pas vu venir. Sa précédente interrogation, pour insolente qu’elle fut, n’avait cependant pas été formulée sur le ton de la provocation. Sa question, il l’avait en réalité adressée avec une ingénuité franche, ce qui ne la rendait fatalement que plus blessante. Car une candeur si jobarde, quand elle était exprimée en ces termes, avait en effet de quoi horripiler mieux encore que des saillies délibérément insultantes.

Ce premier coup de yo-yo en précéda quelques nombreux autres venus consacrer le nouvel assaut qui se profilait ainsi. Hayase avait récupéré de sa toux et, bien que modestement essoufflée, celle-ci ne tempéra pas ses efforts afin que son antagoniste du moment renonça à quelques gains mal acquis.
Sa prime, à Alegsis, elle lui revenait certes de droit, mais qui s’encombrait d’une éthique comme le faisait cette impétueuse matelote ne pouvait cependant admettre qu’on l’encaissa. Le bon Peter, désemparé qu’il était devant le barnum venu s’agiter sous son nez, ne valait pas une geôle malgré ses incuries passées. Il était vieux, il était usé, et depuis long, jamais il n’avait nui. Son exil à Dastrino avait été pour lui autant une pénitence qu’une sinécure. Il y avait fait sa vie, il y avait fait son trou même, espérant un jour être enterré sous ce sol qu’il avait si souvent foulé. Dastrino, c'était chez lui, il y avait vécu loin de ses boucanneries d’alors et, à présent qu’il fut décrépi et sénile, Hayase ne pouvait se résoudre à ce qu’on abattit sur lui le glaive de la Justice qui, ce faisait, aurait terni son prestige.

Seulement, de ses semblables ou de la Justice, Alegsis ne s’en sentait pas franchement redevable. Trop idiot pour éprouver de l’empathie ou même un semblant de compassion à l'égard de qui que ce soit, il était au-delà de toute considération morale car cognitivement incapable d’en appréhender le contenu. À Dastrino, il y avait un homme qui, sur son crâne, portait un visage. À ce visage, même ratatiné par les ans, la Marine y accordait une importance qui justifiait qu’on versa deux millions de berries pour la peine. Toute considération autre, pour un abruti de la trempe de ce chasseur de primes qui esquivait présentement des coups de yo-yo cul-nu, tenait du superfétatoire.

Car il les esquivait enfin ces coups de yo-yo. Ses yeux ronds et globuleux, d’où aucune autre expressivité autre que l’imbécilité furieuse n’émanait jamais, s’étaient accoutumés à leur vitesse. La victoire, quand Alegsis était de la bataille, il fallait se l’arroger promptement, sans quoi la guerre d’attrition virait à la débâcle.
Les coups, il les avait subis d’abord pour s’y soustraire ensuite. L’homme-là, en dépit de ce qu’il avait de stupide, était cependant aussi expert dans l’art d’amortir les chocs avec sa trogne que de les fuir après s’y être suffisamment éprouvés.

Consciente que ses attaques ne touchaient que trop rarement leur cible, Hayase comprit sans doute qu’elle eut fait beau jeu de préserver ses forces à présent que le combat était parti pour durer. Elle esquissa un bond de lapin en arrière afin que la distance entre eux fut suffisamment conséquente de sorte à parer à tout assaut potentiel commis par Alegsis. Les coups, celui-ci les avait reçus, puis les avait esquivés ; mais jamais pour le moment il ne s’était risqué à une offensive.
Il souriait à présent que le tumulte fut interrompu. Pas d'un de ces sourires mesquins ou rageurs, mais d’un sourire pauvre, d’un sourire mièvre et niaiseux comme en aurait affiché un simplet en balade. Malgré le sang qui lui recouvrait le visage du nez au menton, en dépit de cette arcade gonflée qui lui obstruait la moitié de l’œil droit, il apparaissait frais et serein. Cela ne tenait pas à une quelconque force de caractère, mais à un abrutissement tel qui, chez lui, maintenait l’encéphalogramme plat en toute circonstance.

- Toi, dit-il d’un ton badin en agitant l'index devant lui, comme si l’hostilité en présence n’avait eu aucune emprise sur son esprit, tu veux voir mon Color Traps.

« Color Traps », le terme était enfin jeté dans l'arène, et celui-ci ne présageait rien de bon. Suffisamment perspicace pour comprendre qu’il s’agissait de cette curieuse « hypnose » dont son adversaire avait déjà fait usage devant elle à Tequila Wolf, Hayase s’apprêtait à une contre-attaque en faisant alors montre d’une précaution toute particulière. D’un geste vif quand il usait de son pinceau grand comme un balai, en apposant une marque curieuse, celui-ci pouvait en effet susciter chez ses victimes des réactions diverses comme induites par l'hypnose.
De ce pinceau-ci, il s’en était saisi non loin des poils pour y dessiner le signe de son Color Trap dans le creux de sa main libre. Main qu’il exposa ensuite devant sa rivale avec cette perpétuelle tronche de nigaud qu’on eut voulu amocher davantage tant elle transpirait l’indolence hébétée.

- Que je t’explique, se permettait-il en plein combat bien que celui-ci s’en tenait à une courte trêve dont la marine à yo-yos profitait afin de récupérer ses forces. Tout ce sur quoi je pose ce dessin ou qui entre en contact… bah il agit d’une autre manière en fonction de la couleur. Avec un Color Traps jaune par exemple, je peux forcer à rire tu te souviens?

Celui qu’il avait dessiné dans sa main était bleu, la variable de l’inconnu était ainsi à redouter.
Il regarda dans cette paume son sigle bleuté qui, pourtant, ne l’avait pas transformé, puis leva la tête pour la scruter, celle qui lui avait si bien tapé sur le groin depuis près de dix minutes. Sa tête, à Alegsis, était restée invariablement la même, respirant la bêtise jusqu’au dernier pore de sa peau, mais il sembla que son visage s’était assombri, que quelque chose de menaçant bien que diffus émanait de lui. Sans trop avoir eu le temps d’interpréter le phénomène, Hayase vit alors Alegsis, d’un pas brusque et rapide, enfin fondre dans sa direction.
La demoiselle fut alors avisée d’avoir accru la distance entre eux alors qu’elle put préparer une contre en lui jetant un yo-yo au niveau des jambes afin de les emmêler dans les fils. Alegs bondit alors afin d’y échapper une fois de plus, tombant alors dans le piège qui lui fut ainsi dressé.

- Maintenant, conclut-elle après que sa tactique porta ses fruits, tu peux plus t’enfuir.

Ainsi le deuxième yo-yo fusa dans un bruit sifflant pour venir le percuter le temps qu’Alegsis ne retrouva terre après son précédent saut. D’une baffe assez vive toutefois, Alegsis dévia la trajectoire du projectile qui, alors, ne fit que lui frotter une oreille pour l’écorcher jusqu’au sang.
L’action fut brève mais intense. Les yo-yos s’étaient rétractés dans les mains de leur détentrice tandis qu’Alegsis, retombé à terre d’un pied et d’un genou, se tenait à présent l’oreille après avoir changé son arme de main.

- Ce que je t’ai pas dit, rajouta Alegsis avec une matoiserie derrière laquelle on put toutefois entendre la douleur dont il accusait le coup reçu, c’est que le Color Traps fonctionne aussi sur tout ce avec quoi on est en contact, comme si c’était une extension de nous-même.

Son sourire s’accrut de peu alors qu’il ne fut pas peu fier de l’issue de cet échange de coups dont on cru qu'il avait tourné en sa défaveur. Ce yo-yo qu’il avait défié d’une claque, il l’avait alors repoussé de cette même main où il y avait précédemment inscrit son Color Traps. Un Color Traps dessiné à l’envers qui, lorsqu’il entra en contact avec une surface, matérialisa par effet miroir le sceau coloré dans le bon sens.
Ce yo-yo, désormais revenu dans la main d’Hayase, avait porté sur lui la marque du Color Traps bleu dont elle fut alors en proie dans l'instant même.

- Brush Crush, murmura d'abord Alegsis pour finalement mieux mugir théâtralement, Coup de Blues !

Ainsi contristée par l’hypnose bleue, Hayase ne pouvait plus que tomber de haut, foudroyée qu’elle fut soudain par une modeste dépression. Modeste car l’effet du Color Traps variait selon la taille de celui-ci et qu’un sigle sur un yo-yo n’était que de mauvaise facture. Elle se laissa toutefois accabler par un désespoir soudain qui disparaîtrait aussitôt qu’elle lâcherait son arme ou essuierait un partie du sceau qui avait été peint par-dessus.

- Le Commodore ne me remarque même pas… Lâchait-elle dans un souffle désespéré avec sur elle regard fixe résolument plongé dans le vide.

C'était un effet attendu ; toutes les victimes du Coup de Blues, dans leur élan dépressif, se laissaient aller à un commentaire dramatique avec lequel tous s’auto-flagellaient pour l’occasion. Le temps de ce marasme spontané, alors qu’elle avait perdu une bonne partie de sa fougue combative, Alegsis avait réitéré sa charge vers elle, sans avoir à craindre cette fois qu’elle contre-attaqua. À la portée de son immense pinceau – non, pas celui qui pendait à l’air libre – il administra au visage de la jeune fille un violent coup circulaire après avoir pris bien assez d’élan pour lui heurter le visage avec une brutalité inouïe. À ce chasseur de primes-ci, jamais on ne lui avait enseigné la galanterie, aussi était-il très égalitaire lorsqu’il y allait de ses raclées avec les dames.
Comble de l’infortune qui n’en finissait jamais à Dastrino, le sang de la belle, après que celle-ci accusa l’équivalent d’un coup de masse monstrueux, macula en partie le sceau du Color Traps sur son yo-yo, annihilant ainsi ses effets délétères.

Autour d’eux – bien qu’à une distance suffisamment respectable afin de ne pas faire les frais d’un coup perdu – le petit peuple de Dastrino s’était assemblé pour observer ce combat acharné entre une marine et un chasseur de primes venu guerroyer le cul à l’air. Dans toute sa sénescence, Peter était resté quant à lui occupé à pêcher dans une flaque d’eau tandis que derrière lui, dans le bruit et la fureur, on s’écharpait pour son âme et ses tripes.
La milice locale avait été avertie du tumulte. Tous, à Dastrino, vivaient ici reclus dans la cité du malheur. Aussi ne demandaient-ils ou ne donnaient-ils jamais de compte au Gouvernement Mondial et encore moins à ses effectifs. C’est en interne qu’ils régleraient le problème s'ils intervenaient. Nul ne savait alors qu’Alegsis et Hayase étaient ici et, à Dastrino, cela se savait, un malheur était si vite arrivé. Quoi qu’il se passa entre les murs de l’enceinte, personne n’en aurait jamais eu vent à l'avenir.
Sans s’en soucier cependant, les deux batailleurs n’avaient que l’un et l’autre en tête, avec l’idée d’en triompher coûte que coûte.


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Une prime périmé
On en était arrivé là. Alegsis montrait enfin son véritable visage. Cet insupportable clown, à qui j'avais dû sauver les fesses sur Tequila Wolf était finalement un habile combattant. Je savais son Color Trap, comme il le nommait, dangereux, mais pas à ce point-là. Et que dire de ce pinceau, que je prenais pour un simple outil d'artiste. Quand je reçus le coup, j'eus l'impression de me faire frapper par la batte de baseball de Tork. Ce simple ustensile de peinture, était une arme à part entière et je devais m'en méfier. En réalité, je devais me méfier de ce chasseur de primes et ne plus le sous-estimer.

- " L'idiot de service, sait se battre finalement. " Lui crachais-je avec mépris tout en essuyant le sang qui coulait de mon visage à l'aide d'une des manches de mon manteau. " Moi qui pensais que tu n'étais qu'un bon à rien. J'en suis très surprise. "

- " Jiri-hi-hi ! Je suis trop fort, qu'est-ce que tu veux que je te dise. " Rétorqua ce dernier tout en se massant l'arrière de la tête, un sourire niait sur son horrible visage que mes coups n'avaient en rien arrangé.

À ce mot, un discret sourire amusé étira mes jolies lèvres. Quand je pense qu'il y a peu, ce simplet avait failli mourir étouffée dans cette boue malodorante. Et maintenant... On se retrouve à se battre à cause d'un vieux pirate à la retraite. Quelle ironie. Dans un sens, ce petit duel me permettait d'enfin me venger de tout ce qu'il m'avait fait subir depuis notre première rencontre. Je n'oublierai jamais qu'un jour, ce malotru avait osé me confondre avec un homme... Jamais.

- " Si j'ai bien compris les bases de ton pouvoir, il faut juste que j'évite que tu me touches, ainsi que mes yo-yos. C'est ça ? " Lui demandais-je tout en regardant le sol à la recherche de quelque chose, espérant que sa stupidité le pousse à me répondre.

- " Exactement ! " En convint cet idiot avec engouement avant de continuer. " Comme je t'ai dit, peu importe sur quelle surface j'appliquerai l'un de mes sceaux, tu en seras atteinte. "

Bingo... J'avais vu juste. Celui-ci semblait adorer apporter des explications sur son art qu'il avait l'air d'affectionner. Bien, grâce à lui, j'avais la confirmation qu'il me fallait y faire très attention, mais surtout, j'avais réussi à gagner du temps. Pendant qu'il m'énumérait tous les endroits subtibles d'être touché par sa peinture... oui, oui, il en disait beaucoup trop... J'avais trouvé ce qui allait me servir pour pouvoir l'attaquer à distance et sans qu'il puisse m'asperger de ses nombreuses couleurs.

- " Un conseil, tu ne devrais surtout pas bouger... " L'incitais-je d'une mine grave tout en m'approchant de mon objectif. " J'ai placé plusieurs petits explosifs autour de toi depuis tout à l'heure. Un faux pas et... BOOM " Ponctuais-je en joignant les mains avant de les écarter vivement.

Il n'y avait aucune chance que ce petit coup de bluff fonctionne, mais... Tant que je pouvais gagner du temps.

- " QUOI ?! " S'écria ce dernier tout en regardant le sol autour de lui, l'air tout d'un coup paniqué.

M'ouais... Il s'agissait d'Alegsis après tout. C'était évident que cela fonctionne au vu de son intellect frôlant celle d'un bulot. S'en était désespérant... Mais bon, au moins, ça arrangeait mes affaires.

Tandis qu'il continuait de fixer le sol à la recherche des bombes, je laissais aller mes deux yo-yos sur le sol avant de tourner sur moi-même à vive allure. Ce faisant, mes yo-yos, raclant le sol, firent s'envoler de la poussière qui me camoufla à la vue de tous. Mais ce ne fut pas la seule chose que mes précieux jouets d'enfant, soulevèrent dans leurs sillages.

L'endroit que j'avais choisi, n'était pas par pure hasard. Il s'agissait d'un endroit où de nombreuses pierres de tailles diverses et variées se trouvaient. Contondantes ou bien même tranchantes, ces rocs étaient parfait... Il n'y avait plus qu'à espérer qu'une seule chose. Que le chasseur n'ait pas bougé d'un pouce.

Voyant le nombre de pierres suffisantes que j'avais fait décoller du sol, je m'arrêtais de tourbillonner avant d'entrer dans un enchaînement de coups de pieds qui frappèrent toutes les pierres avant qu'elles ne retombent. Au moment où les premières pierres fusèrent dans la direction d'Alegsis, le rideau de poussière commença à se dissiper, me laissant apercevoir le chasseur qui se faisait mitrailler.

Une grande partie des minéraux rentrèrent en contact avec mon adversaire, les plus tranchants, se plantant pour certaines, dans ses muscles. Malheureusement, trop concentré par notre joute, je m'aperçus trop tard du drame qui allait produire juste après.

- " Attentiooooon ! " Me mis-je à hurler en direction des spectateurs assemblaient à quelques mètres derrière Alegsis qui était tombé au sol, sous l'assaut des pierres.

Seulement, mon cri arriva trop tard aux oreilles de ces pauvres malheureux. Bien qu'étant assez loin pour que la vitesse des projectiles ait diminué un peu, certains d'entre eux se prirent également mon attaque. Les quelques malchanceux qui reçurent les caillasses, chutèrent sur le coup, souffrant de contusions et de coupures plus ou moins importantes.

En voyant ce qui venait de se passer par ma faute, je courus vers eux, la peur au ventre d'avoir peut-être tué quelqu'un. Passant auprès du chasseur de primes, toujours dos au sol, je ne pris même pas la peine de regarder s'il respirait encore. Pour moi, notre petit duel était terminé. La seule chose qui m'importait, était de m'occuper des gens, blessés à cause de moi.

- " Est-ce que ça va ?! " M'en inquiétais-je en arrivant sur place, voyant plusieurs personnes au sol, blessés par les projectiles. "

Par chance, personne ne semblait au bord de la mort... Je n'étais certes pas médecin, mais les blessures semblaient superficielles. Heureusement... J'étais rassuré de voir qu'il n'y avait aucune perte à déplorer.

- " Tout ça, à cause d'une vieille prime, datant de plusieurs décennies... " Soufflais-je désabusée tout en aidant à se relever une jeune fille d'à peine un an de moins que moi, qui par chance n'avait que des égratignures.

- " Pardon... ? " Me demanda celle-ci une fois sur pieds, légèrement apeurée.

- " Rien... rien du tout. " La rassurais-je d'un doux sourire. " Est-ce que tu vas bien ? "

- " Oui... Merci. "

Merci... C'était à cause de moi que ces pauvres personnes se retrouvaient blessées et elle me remerciait... C'était un accident, certes, mais cela n'aurait pas dû arriver et je m'en voulais vraiment.

- " Ils sont là ! Arrêtez-les ! " S'écria une voix d'homme avec autorité, tandis que j'aidais à son tour, une petite grand-mère.

Surprise, je détournais mon attention de cette dernière pour voir d'où cela venait. Il s'agissait d'homme et femmes armées d'armes à feu et d'épées qui venait dans notre direction.

- " La milice arrive... " Dit soudainement la vieille dame à qui j'avais apporté quelques soins basiques, appris lors de ma formation.

Il ne manquait plus que ça... C'était vraiment une sale journée... Mon lit, et même la mauvaise soupe sans croûtons, commençaient à me manquer. Si seulement cet abruti n'était pas venu me chercher pour sa petite prime... On n'en serait pas là et ma santé s'en remettrait mieux.

- " On se casse !!!! " Vociféra soudainement la voix désagréable du chasseur de prime qui venait de m'attraper par le bras.

- " Qu'est-ce que... " Surprise de le voir debout mais également de le voir courir en me trainant derrière lui.

Ce n'était à plus rien y comprendre. Alors qu'on se battait l'un contre l'autre juste avant, on se retrouvait dorénavant à fuir ensemble, la milice qui nous courrait après.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:33, édité 2 fois
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La milice locale, en s’engouffrant dans l’avenue où s’étaient si bien écharpés le duo en présence, par son irruption menaçante, sifflait la fin de la récré. L’aventure, Alegsis et Hayase la clôturaient alors prestement, une main devant et une autre derrière. C’était d’ailleurs encore plus vrai pour Alegsis qui, dans sa négligence forcenée et son impudeur scandaleuse, avait omis d’enfiler le bas de sa tunique qu’il abandonnait ainsi en tribut aux villageois après avoir eu le joufflu au frais tout du long de la bataille.

Leur rixe à sa comparse et à lui ? Une histoire vieille de deux minutes déjà. Un homme qui, comme ce chasseur de primes inconséquent, sautait si vite d’une idée à l’autre, ne pouvait alors qu’en avoir déjà fait un lointain souvenir. La rancœur était en effet un sentiment étranger à Alegsis Jubtion. Non pas qu’il fut prompt au pardon, mais simplement désinvolte en diable, cela au point de faire abstraction de tout ; du meilleur comme du pire. Hayase, même après lui avoir esquinté la figure, il la traînait jusqu’à la sortie de cette cité de malheur ; de cette cité du malheur, là où il n’aurait pas fait bon finir engeôlé.
Curieuse synergie que la leur, à se secourir aussitôt après s’être démolis le portrait. Curieuse sans doute, mais profitable à l’un comme à l’autre à se sauver la peau comme ils le faisaient à tour de rôle.

Pour entrer à Dastrino, ils avaient plus tôt franchi un portail haut comme un rempart, et n’avaient dû leur intrusion qu’au statut d’Hayase. Un statut de Marine qui, maintenant que les autorités locales s’étaient irritées de leur présence, ne lui serait d’aucun secours. Qu’à cela ne tenait ; s’ils le pouvaient passer à travers la porte, une deuxième option, plus expérimentale, restait toutefois ouverte aux dacieux.

- Brush Crush..., haletait déjà Alegs en courant, sa main fermement serrée autour du poignet de la demoiselle qu’il entraînait avec lui dans sa fuite.

- Alegs, qu’est-ce que tu vas faire ? Alegs ?! S’inquiétait à juste titre cette dernière qui, le connaissant, ne pouvait que alors redouter le pire.

- … L’Envol de la Mouette !

La Mouette, ce fut elle ; eu égard à l’écusson de son ordre. D’un mouvement leste et puissant perpétré depuis l’épaule, Alegsis puisa dans ses dernières ressources afin de catapulter sa partenaire par-dessus les remparts.

- Alegs esce d’abrutiiiiiiiiiii. Constitua alors l'ultime et majestueux cri de la Mouette.

Ne restait à présent que lui. Lui qui n’était pourtant pas homme à souscrire au sacrifice désintéressé. La logique du Cimetière d’Épave, imprégnée en lui jusqu’à son ADN, lui avait commandé qu’un sacrifice valait toujours mieux que deux. En s’embarrassant d’un aussi bref calcul – et n’ayant pas trouvé comment il aurait pu sacrifier Hayase afin de s’en sortir à ses dépends – Alegsis avait alors œuvré pour le mieux.

Le biceps déchiré par l’effort et déjà usé par les précédentes attaques dont il fit les frais, c’est du bras gauche seulement qu’il fit ensuite tournoyer son pinceau. Dos au mur, cerné par une dizaine de miliciens armés, l’affaire partait mal engagée. Pour autant, il ne se rendrait pas.

- Brush Crush : Double Hélice !

Double. Il ne fit pas en effet tournoyer que son arme, ondulant aussi du bassin car deux « hélices » valaient apparemment mieux qu’une. À choisir sa mort, il avait préféré partir glorieusement, le flageolet virevoltant lui aussi dans un mouvement circulaire et magistral.
Il était alors blessé, éreinté et même dépourvu de ses réserves de peinture qui, dans une énième manifestation de la déveine ambiante, avaient fini éclatées par les projections de pierre quelques minutes auparavant. Tout, désormais, pavait la voie d’une tombe fraîche adressée à un chasseur de primes dont la carrière fut aussi courte que trépidante. Finir le cul à l’air dans un bouge où l’infortune y était reine, à tout point de vue, ne pouvait qu’apparaître comme une mort à sa mesure.

Les fusils étaient braqués et les hallebardiers, organisés en un arc de cercle inextricable, avançaient vers lui à pas de loup. La malchance n’en finissait alors pas de prodiguer ses méfaits quand, comme un point final adressé au terme d’une phrase écrite d’une main d’illettré, une masse métallique vînt à s’abattre sur le crâne chapeauté de ce martyr malgré lui lui.
À se frotter le crâne, rompant le mouvement des hélices, il leva la tête en direction des cieux.

- Les mouettes devraient manger plus de fibres…

Avant d’entendre de derrière la muraille :

- C’est mon yo-yo, crétin oh qu’il est bête bon sang, attrape le fil !

Profitant qu’il fut déconcentré par un « tir allié » les hallebardes s’élancèrent dans sa direction et les premiers tirs crachèrent plombs et poudre tant si bien que, dans cette cohue soudaine, l’entrée de Dastrino fut embrumée d’un voile opaque. Quand enfin la poudre noire vînt à se dissiper, l’idiot s’était volatilisé, hissé qu’il fut par sa complice venue l’extraire de la cité de la malchance.
On ne les poursuivrait pas, car rarement les reclus de Dastrino se risquaient au-delà de leurs remparts. Alegsis et Hayase, cependant, couraient à un rythme aussi soutenu que leur permettait d’assumer leurs blessures respectives.

- Ah la vache, j’ai bien cru que j’étais mort, jeri-hi-hi-hi-hi !

- Y’a pas de quoi rire *tousse* *tousse* ! Et couvre toi, imbécile !

Obéissant à l’injonction – bien qu’il n’arrêtait pas de rire pour autant – Alegsis se débarrassa du haut de sa tunique afin d'en nouer les manches autour de sa taille et ainsi mieux se couvrir le charnu.

- Dans l’autre sens...

Obtempérant là encore docilement, quoi qu’en plissant légèrement les yeux – irrité qu’il fut de devoir masquer l’hélice – il sembla alors que le chasseur de primes était ainsi nu sous un tablier.
Suffisamment loin de Dastrino, assez en tout cas pour qu’ils n’en perçoivent plus les abords, les rescapés de l’infortune, au beau milieu d’une vaste plaine montagneuse dont l’herbe était balayée par le vent, en profitèrent pour se reposer. La toux, à cette Marine intrépide, continuait de lui remuer la cage thoracique. Elle avait eu bien du mérite à surmonter tant d’épreuves dans son état. La pire d’entre elles ayant été d’avoir eu à supporter Alegsis tout du long de son périple.

Ils avaient passé un temps à ne rien se dire, car peut-être tout cela - ce qui avait pu advenir en ce jour - se passait justement de commentaire. Sans surprise, ce fut le chasseur de primes qui déflora le silence, mais, sans ce ton guilleret et survolté qui lui valait habituellement son pesant de baffes. D’une voix soutenue et hésitante, il s’essaya à interpeler gauchement sa complice.

- Hayase, je voulais te dire…

Qu’il s’interrompit laissa planer un suspens quant à ses attentions. Elle eut alors de quoi le sentir tourmenté à le voir tordre sa bouche en une petite moue dont on ne savait trop quoi retirer. Hayase devina que, malgré ses airs benêt – en dépit surtout de son idiotie outrancière – son camarade, péniblement, cherchait les mots pour la remercier de l’avoir sauvé ; qu’au fond, une amitié sincère s’était nouée entre eux. Aussi vînt-elle à son secours en l’enjoignant à mieux s’ouvrir.

- Oui Alegsis ~ ?

Mais à la place des remerciements attendus, c’est un violent coup de pinceau qui lui tomba droit sur le crâne. De quoi lui remettre les idées à l’endroit et se souvenir de qui, exactement, elle avait en face d'elle.

- Ça c’est ce qui arrive quand on me fait perdre ma prime, galopine !

« Galopine ». Le mot, comme une sentence – et une sévère – avait alors été lâché sans retenue aucune. Ce mot il en précéderait d’autres ; ceux-ci chantés à tue-tête.
Encore vivace ce qu’il fallait pour emmerder son monde, Alegsis bondît sur la corniche située quelque peu en amont de là où ils avaient trouvé ombrage. De là, la mélopée lui coula naturellement de la gueule sans qu’il ne fut besoin de forcer.

Imbibée de liqueur, avec ses dents de la lapine ♪
♫ On la reconnaît à l’odeur, cetteuh fieffée coquine,
Bon sang faut-il être amateur pour la laisseeeeeer… ♪ devenir mariiiiineuh,

La galopine, la ga-lopine ♪ elle est pas de première fraîcheureuh, la galopine, la ga-lopine, elle a des petites tét…


Ce fut un orgue cette fois qui fendit les airs avant de lui écraser la trogne. S’il n’avait pu retirer le moindre souvenir de son excursion, Alegsis avait néanmoins emporté un peu de Dastrino avec lui. À moins que quelque part, plus haut à Witheria, il s’était trouvé quelques déménageurs maladroits pour le contrarier douloureusement et cela, en deux occurrences. Quelle que fut la cause de ces chutes malencontreuses, on ne pouvait qu'en déduire que si les pianos tombaient du ciels, ceux-ci, néanmoins, n'étaient pas tombés en vain.
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