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Les Moches [PV avec Bobby Lapointe]

- J’ai rien contre les hommes-poissons, tu sais. Se justifiait par avance un corniaud dont le préjudice racial suintait alors de chacun des mots ayant constitué ce douteux prémice verbal. Même que j’avais un hareng domestique quand j’étais petit. « Petit » étant chez lui un âge qui avoisinait les deux décennies cumulées. Je lui apprenais à faire des tours et des tas des trucs. On le devinait enjoué, l'homme-là, à se remémorer le bon temps passé. Jusqu'à ce que son visage porta sur lui la gravité même. Mais il pigeait rien cet abruti. Lentement, il secoua la tête, atterré par ce triste souvenir. Du coup on l’a bouffé. Enfin, reprenait-t-il à nouveau exalté, tout ça pour dire, c’est très bête un poisson jeri-hi-hi-hi. De quoi on parlait, déjà?

Il chemina alors dans les tortueux méandres de sa pensée ou, du moins, de ce qui s’en rapprochait le plus. Remontant péniblement le fil de ses âneries jusqu’à en revenir à l’amorce originelle, la lumière lui jaillit depuis le fond des abysses.

- Ah oui ! J’ai rien contre les hommes-poissons, tu sais. Sans doute son interlocuteur allait-il finir par le savoir à force qu’on le lui répèta. Cela, bien que les propos précédemment tenus tendaient à infirmer cette assertion. C’est juste que j’ai jamais compris pourquoi on n’avait pas le droit de les bouffer ajoutait-il innocemment sans mesurer à quel point sa remarque avait de menaçante. Parce que quand on en passait un à la broche par chez moi, ça faisait toujours de ces histoires les jours d’après. Une petite moue contrariée s'afficha sur sa vilaine trogne alors qu’il évoqua le trépident folklore dans lequel il macérait depuis sa prime enfance. La presse du Gouvernement Mondial, de toute façon elle a toujours aimé médire sur nous autres, du Cimetière d’Épaves. Rien que du sensationnanallisme qu’il disait mon père.  Alors que bon, se perdait-il dans des litanies qui n’en finissaient pas de le rendre sans cesse plus abject sans qu’il ne s’en rendit compte, que ça ait quatre nageoires ou deux bras… du moment que ça a des écailles, moi je dis, ça compte comme du poisson.

Et il parlait de son autorité d’expert en la matière, c'est-à-dire en y allant de son quant à soi au doigt mouillé.

- Oui, oh. Je sais ce que tu vas dire, car on le lui avait effectivement dit très souvent et à raison, « Mais s’ils savent parler, c’est qu’ils sont comme nous ». Et les perroquets, alors ?! s’énervait-il presque tout seul à débattre des choses de la vie. On les mange bien que je sache, les perroquets. Ah ouais ? Parut-il ensuite s’étonner le plus ingénument du monde. T’as jamais mangé de perroquet ?

Il se laissait une fois de plus aller à ses divagations, manifestement incapable de garder son esprit rivé sur un sujet défini plus de trois secondes sans que celui-ci ne partit à la dérive. Conscient tout de même de s’être éloigné du sujet de départ, quel qu’il fut, l’énergumène, un air un peu plus hébété qu’au naturel, souleva le chapeau pour se gratter le chef le temps d’une réflexion laborieuse avant que ses errements ne revinrent à bon port.

- Du coup, t’as rien à craindre de moi. Assurait ce qui devait à présent tenir lieu d’individu le plus suspect de l’univers. Parce que j’ai rien contre les hommes-poissons, tu sais.

Sa ritournelle, agaçante, si elle avait été formulée par mieux doté que lui sur le plan cognitif, eut pu passer pour une provocation grossière et délibérée. Mais Alegsis Jubtion était tout ce qu’il y avait de plus sincère dans ses errements. Ce qui ne le rendait pas plus sympathique pour autant ; simplement plus innervant que nécessaire.

L'élément le plus suspect dans son comportement ne fut même pas la teneur de ses propos qui, à en juger leur contenu, n’engageaient pas ses auditeurs à prendre un jour des vacances au Cimetière d’Épaves. Non, ce qui prêtait le plus à la stupéfaction outrée tenait au fait que, sans se présenter, le plus spontanément du monde, Alegsis avait senti le besoin d’approcher cet homme-poisson qu’il ne connaissait ni d’Ève, ni d’Adam, pour lui adresser ces mots. C’était en effet le premier homme-poisson qu’il croisant depuis qu’on l’avait jarté qu’il avait quitté de son propre chef le Cimetière d’Épaves, île qui fut son berceau et son seul horizon durant près d’un quart de siècle. Du moins, le premier homme-poisson qu’on ne lui servit pas en grillades.

Se plaisant à croire qu’en quelques mois à peine qu’il se fut trouvé hors de son bouge, il était devenu un homme du monde capable des plus infinies civilité – il était en effet stupide au point de le croire sincèrement – Alegsis chercha à démontrer en agissant comme il le faisait qu’il était un être exquis et raffiné. Sans doute l’était-il comparativement à la plèbe qui l’avait élevé, ce qui ne lui octroyait aucun mérite en la matière.
Les bonnes intentions étaient là, mais l’Enfer n’en était-il pas pavé ? Et c’était précisément vivre un Enfer que de soutenir une conversation avec un tel spécimen.

- Je m’appelle Alegsis, je suis chasseur de primes.

Avec sa trombine plate et mièvre où un visage aux traits rudimentaires y était étalé le long de sa bouille, peut-être Bobby avait-il croisé en ce jour le seul homme à avoir eu un physique au moins aussi ingrat que le sien. Le destin, passablement d’humeur à rire à en juger par cette rencontre qu’il avait apparemment forcée, avait fait en sorte que tout deux, licenciés de la même charge gouvernementale, traquaient le gibier sur un même terrain de chasse.
Sa poigne soudain rendue plus ferme, ses yeux plus fixes, Alegsis demanda… à tout hasard.

- Tes bottines, tu les as bien achetées, hein ? Juste pour savoir.

Bien que cela se dissimulait derrière une allusion des moins subtiles qui fut, la remarque, énoncée à demi-mot, mais à demi-mot hurlé, laissait entendre qu’Alegsis, en réalité, nourrissait quelques lourds préjugés quant à cet homme-poisson qui, parce qu’il appartenait à la race qu’était la sienne, était possiblement un forban prompt aux larcins de tous ordres. S’il l’avait alpagué, au fond, ce petit mérou sur pattes, c’était encore car Alegs le suspectait d’avoir une belle affiche estampillée Gouvernement Mondial rien qu’à son nom. Du genre de celles sous laquelle on rajoutait des numéros affriolants.
Heureusement pour Bobby, Alegsis n’avait évidemment rien contre les hommes-poissons.


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Lun 22 Mai 2023 - 9:32, édité 1 fois
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_ Oui ça va, merci, j'ai compris ! Aboyé-je sèchement, dans un léger sursaut, avant de baisser aussitôt le volume, presque chantonnant, telle une maman au chevet de son mioche. Tu n'as rien contre les hommes-poissons...

Jamais deux sans trois, tu m'étonnes que je sais, à force, Dude !

Désolé, j'étais obligé de faire comprendre à mon voisin que la redondance n'est certainement pas le meilleur moyen pour me draguer. Manque de bol, gueuler non plus n'est pas le meilleur moyen pour rester ensuite discret, lorsqu'on se met en chasse après du vilain pirate qui roderait apparemment dans le coin, sur cette île.
Pour la peine, j'en profite également pour me mordre la langue et grincer des dents, le temps de lancer un furtif coup d'oeil environnant. Il ne manquerait plus que, à cause de mon erreur de débutant, ma cible se barre en courant, si jamais elle squattait pas trop loin, alertée par des inattendus couinements bizarroïdes.
Ah bah que veux-tu ? Va savoir comment les divers curieux, plus ou moins éparpillés dans la zone, pourraient percevoir ce blabla insolite ! Cui-cui-cui ? Piou-piou-piou ? On ne les compte plus, grâce à ma voix de petite coquine.

Mais comprenez-moi ! Je suis arrivé sur ce caillou quelques jours auparavant, tout ce qu'il y a de plus peinard. J'apprends pendant mes classiques va-et-vient, via quelques ragots anodins, que du primé pas beau avait peut-être foulé cette terre. Youpi ! Des sous dans la popoche, ça veut forcément dire ! Et une fois que j'entame les premières prémices de la traque, il y a soudain cet étrange individu qui vient me faire de l'ombre.
Néanmoins, ça a de quoi me la couper également, sur le coup. Comment ce type a bien pu me tomber dessus, alors que les profondeurs de ma capuche règlent généralement la question au sujet de ma sale face de poiscaille ?
Enfin, dès qu'il me sort que c'est aussi un chasseur de primes, ouf ! Je me dis alors qu'il doit sans doute avoir le pif, l'expérience, tout ça, tout ça.

Puis, comme pour me racheter, je reprends plus calmement. Non pas que ça me fait plier jusqu'au point de me présenter, moi aussi, dans la foulée, hein ! D'autant plus qu'avec la surprise de mon atroce voix de crécelle, il y a fort à parier que si le cannibale n'a pas déjà terminé sourd, ses oreilles sont au moins en train de siffler.
Donc, disons que je me rabats plutôt sur de la réplique de grand, en quelque sorte.

_ Hin hin hin ! je fais en rigolant. J'avoue, je n'ai jamais bouffé de perroquet. Par contre, il se pourrait bien que j'ai avalé quelque chose d'autre de pire, comme tu peux le constater.

Du haut de mon risible mètre cinquante, normal que je me vante un chouïa, non ? Et tant pis si je reste une canaille après ça.
Alors voilà : je lui fais croire que puisque ma voix est aussi horrible, ça peut en revanche sérieusement faire mal, tatatam ! Et tout ça pourquoi ? Parce que j'aurais soi-disant becqueté un truc bien lourd, un oiseau bien plus haut de gamme, on n'aura qu'à dire !
Remarque, si je ne suis toujours pas assez crédible, on n'est plus à un fruit du démon près, si besoin, mouarf.

N'empêche, lui aussi possède une belle tête de vainqueur, dans son genre ! Le genre que je dois me méfier. D'ailleurs, à ce propos, en me parlant de mes bottines pouvant s'avérer être un brin louches, ça me donne envie de froncer les sourcils tout à coup. Le gars au chapeau ne serait-il pas venu me tourner autour, parce qu'il a reçu les mêmes infos que moi, concernant le criminel que j'espère justement choper ?
Si c'est le cas, merde ! La concurrence est rude, quoi. Car non, je ne partage pas la cagnotte ! Du coup, il vaudrait peut-être mieux que je me débarrasse d'abord de cet enquiquineur de service, avant de continuer mes investigations.

Bah oui, je ne vous ai pas dit ? La racaille de trop en liberté, on raconte qu'elle menace ses proies, à coups d'impératif ! Style, "je veux tes berrys, tes bottes, et ton bâteau !". Le zouave, même pas besoin de conclure ses requêtes par du "s'il te plaît", sans déc' ! Rien qu'une paire de lunettes noires sur le nez suffit à faire frissonner la pauvre et faible victime.
Alors pour cinq millions de prime, je n'ai pas refusé le boulot... euh, ou cinq cent mille (?), je ne sais plus trop, ahem ahem... dans la précipitation. Faudra que je vérifie de nouveau, cela va de soi.

Ensuite de quoi, l'idée d'un petit tour de passe-passe germe dans ma tête. En plus, pas besoin d'être un bête hareng domestique pour savoir s'y atteler, par exemple. Juste un gabarit de nabot maigrichon, comme le mien, est amplement suffisant. Pour le reste, je mise sur ma souplesse et ma rapidité d'exécution. Bon, d'accord ! C'est une de mes techniques fétiches, en fait.

_ Allez hop, sur ce, Alegsis... je dédicace une ultime fois à mon interlocuteur gênant. Euh... ça aura été un plaisir... mais le devoir m'appelle, petite promo sur des lunettes. Alors, bonne chasse à toi, et bon appétit, hein !

Ouais je sais, c'est un peu rustre. Pourtant je ne mens pas. Je dois vraiment m'occuper d'une affaire plus urgente (et rentable), pour l'instant. Priorité powa ! Et pas question de partager, vous vous en doutez bien !

Bref, ni une, ni deux... on me voit ? On ne me voit plus ! En un temps record, voilà que je suis direct accroupi, au plus près des jambes du chasseur de primes. Pas de panique, je n'envisage pas de lui défaire sa ceinture !
A vrai dire, je n'ai plus qu'à m'engouffrer entre les deux guiboles du bonhomme, et ressortir aussi vite... dans son dos ! Exactement, c'est tout un art.
Par contre, une fois redressé, je suis supposé partir en trombe, afin de poursuivre ma mission ? Mouaip, bof... à la place, je suis quelque peu paralysé, lorsque je découvre plus en détails, la grosse tige poilue bizarre, accrochée derrière. C'est quoi ce truc ?
Oui, bon, ça va ! je ne la calcule que maintenant.

Puis, tout en prenant enfin la poudre d'escampette vers une direction opposée, je me remémore une précédente phrase du trouble-fête. Il m'avait bien raconté que son père lui parlait de sensations-n'anales(lisme), concernant la cuisson de mes semblables, si je ne m'abuse ? Oh punaise, non ! Je ne préfère pas imaginer à quoi sert son coton-tige géant désormais !

Heureusement, quelques pas plus loin à peine déjà, on dirait que mes récentes jérémiades de brailleuse ont réussi à faire sortir le saligaud de sa planque. Du moins, un gus correspondant au profil qui m'intéresse, attire mon attention. Il n'y a alors plus qu'à l'approcher en silence, pour lui mettre la main dessus, avant qu'on me pique la vedette.
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Figé, Alegsis l'était resté tout du long de sa brève interaction avec cet invraisemblable énergumène. Fidèle à lui-même, il n'avait pas écouté un traître mot qui lui fut adressé. Pour une fois cependant, Alegs avait une bonne excuse - du moins une qui fut recevable - pour justifier qu'il ne reporta pas toute son intention sur le fond du discours qu'on lui formula. Car outre le fond, la forme, en effet, indisposa quelque peu qui en était l'auditeur et ce, nonobstant la nature même du message. La voix de Bobby, ça surprenait toujours la première fois.
Ébahi, presque terrassé même, qu'il fut par cette petite voix improbable, Alegsis était demeuré tétanisé, sa bouche légèrement entrouverte en un sourire aussi circonspect qu'il était béat et cela, tandis que ses yeux ronds étaient restés invariablement rivés dans une même direction, même après que l'animal encapuchonné lui ait faussé compagnie.

- Bonsangmaisqu’est-cequec’estencorequecettevoix ! Bondissait enfin Alegs chez qui, décidément, le tact relevait avant tout de la légende urbaine.

À cet homme-là, enfin tiré de sa pétrification, il lui avait fallu un certain temps pour interpréter l'information comme quoi il fut possible d'avoir une pareille voix. Revenu à lui, il chercha son interlocuteur qui avait filé comme une anguille, tournant alors vivement la tête de droite à gauche afin de le retrouver. Ayant finalement la présence d'esprit de se retourner, Alegs trouva, à travers la relative masse humaine conglomérée dans les allées sombres de Last End, une sardine pour le moins vivace qui glissait presque sur le sol après lui avoir filé d'entre les doigts ou plutôt, d'entre les jambes.
Notant que ce minuscule homme-poisson lui avait si vite échappé, Alegsis, en usant d'un sens de la déduction qui était bien le sien, en retira la seule conclusion qui s'imposa : s'il fuyait, ce curieux bestiau, c'était qu'il se savait coupable. Le crime était signé dès lors où son traqueur l'estima ainsi.
Car après tout, à bien y regarder les avis de recherche qu'il épluchait une fois de plus, tous les hommes-poissons se ressemblaient. À ses yeux en tout cas. Aussi, cette vilaine carpe, pour bipède qu'elle fut, devait nécessairement correspondre à l'un des posters « Wanted » sur lequel figura une tête de poisson. Le raisonnement était alors d'autant plus incontestable qu'il avait été implacablement élaboré par une éminence intellectuelle de renom. Une dont on enviait cependant rarement les capacités cognitives.

Qu'il fut si vif et agile ce petit bonhomme était une chose, mais à ces habiletés, il fallait aussi savoir y greffer une méfiance de bon aloi. Sans qu'il put trop s'y attendre - car la chose était inenvisageable pour qui pensait décemment - un sans-gêne notoire avait fendu l'assemblée de badauds sous la charge de sa course, plongeant en beau milieu de la rue malfamée afin d'y tacler purement et simplement ce qu'il pensait être un criminel. Électrisé en-dedans qu'il avait été par ses suspicions bancales et la tentation de céder au délit de sale gueule, Alegs tenait son coupable, que ce dernier le fut effectivement ou non. Quand la bête, ainsi plaquée au sol, y alla de ses inévitables remontrances, son assaillant se raidit aussitôt, le visage immédiatement remodelé par la stupéfaction.

- Mais qu'est-ce que c'est que cette voi..., puis, se ressaisissant aussitôt, ah oui c'est vrai.

Sa pêche avait beau se débattre d'entre ses bras, il n'en démordait pas. La scène ne manqua pas de capter l'attention de manants et truands, ceux-ci pataugeant par dizaines dans ces territoires si interlopes que ceux dans lesquels deux chasseurs de primes étaient venus y faire leurs emplettes. À ces deux-là, les statistiques jouaient contre eux. Les criminels, par centaines peut-être se comptaient-ils rien qu'à Last End, et il avait fallu pourtant que leurs prédateurs naturels en soient à se faire des misères entre eux deux cela, en dépit du fait qu'ils furent en flagrante minorité au milieu de ce copieux vivier de fripouilles.

- On me la fait pas à moi ! Jurait alors la plus crédule des âmes de ce bouge. Je suis Alegsis Jubtion, petit mérou, un chasseur de primes aguerri ! On m'échappe pas comme ça. Les hommes-poissons okama de ton genre, je les capture comme je veux.

Car à être allocutaire d'un timbre de voix si singulier, Alegsis avait naturellement spéculé quant à ce qui avait pu en être la cause. En tout état de cause, pareille vocalises ne pouvaient effectivement être que le fait d'un amphibien travesti ; une femme-poissonne en somme.
Sa sardine qui, bien qu'il s'y agrippa fermement, lui échappait peu à peu de l'étreinte nouée de ses bras et ses jambes tout autour. L'animal avait de bonnes raisons de s'agiter. Car outre l'absolue nécessité de ne pas être maintenu captif par le premier débile venu, cet homme-poisson-ci, dépité, voyait alors sa proie lui échapper, et au pas de course qui plus est. L'issue fut fatale dès lors où on considéra que les mots « chasseur de primes », ânonnés si tapageusement par son poursuivant, avaient probablement contribué à clairsemer la relative foule du fait que, dans les environs, les belles âmes qui y grouillaient, pour bon nombre d'entre elles, avaient quelques modestes préjudices à se reprocher.

Trop frétillant pour qu'on le conserva longtemps captif d'une quelconque étreinte, il avait suffi au petit homme-poisson que celui-ci se contorsionna et que les fines arêtes venues garnir son ossature, dans toute leur souplesse, lui permirent de glisser d'entre les membres de son ravisseur comme une eau croupie qu'on ne pouvait endiguer de ses seules main.
Franchement déconcerté qu'un même phénomène lui échappa deux fois de suite après lui avoir plus tôt littéralement filé entre les pattes, Alegsis, d'un plongeon perpétré in extremis le long des pavés humides de Last End, se saisît de l'amphibien à la cheville pour aussitôt le rattraper. Il n'en démordait jamais et plus il avait tort, plus il se montrait opiniâtre à se fourvoyer sans cesse davantage dans ses erreurs d'appréciation.

- Mais comment tu fais pour t'échapper sans arrêt ?! S'agaçait-il quelque part estomaqué par la prouesse du gugusse. La souplesse de l'animal fut telle qu'il se surprit à lui trouver un côté magique. Tu.... tu serais pas merlan l'enchanteur par hasard ?! Demanda-t-il avec une sincérité telle qu'elle eut pu passer pour touchante si elle n'avait pas été en réalité aussi consternante de bêtise.

La traque avait été compromise et le gibier laissé en fuite. Engouffré déjà dans les taudis, là le bois mité exhalait une odeur de champignons rances qui embaumait l'air partout à Last End, la proie, bien qu'elle n'eut sur sa mouille que cinq-cent mille berries, estima approprié de disparaître de la vue de ce qui s'était si peu discrètement présenté comme un chasseur de primes. L'ironie du sort voulut que celui-ci n'en eut pas après lui, mais après son véritable traqueur qui, de peu, lui avait presque mis ses mains palmées sur le rabe.
Pour l'heure, ce traqueur infortuné, avec un boulet au pied, en était à devoir composer avec ce confrère pour le moins encombrant. Un de ces empêcheurs de tourner en rond qui, apparemment, mettait de la bonne volonté à lui saloper son travail.
Bien que le proie fut bien vite repérée, la traque s'entamait seulement ; et avec son lot de difficultés en supplément afin que la chasse fut plus haletante encore.
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Qu'est-ce qu'il pourrait m'arriver de pire ? Grâce à ma petite taille et ma fine silhouette, je n'ai qu'à me glisser via telle ouverture improbable, si besoin, lorsqu'un groupe de personnes me fait par exemple obstacle, tandis que j'avance toujours le plus calmement possible vers ma cible.
Ce n'est d'ailleurs plus qu'une question de dernier mètre à parcourir... plus qu'une question de bras à tendre devant moi, et ayé ! Le succès de ma petite chasse au vilain garnement arrive enfin à son terme. Du moins, c'est comme ça que ça tourne dans mon esprit, quoi.

Mais là, que se passe-t-il tout à coup ? Voilà qu'un sordide et fougueux calin m'entraîne violemment au sol. Je me retrouve d'abord écrasé comme une crêpe, tête la première. J'essaie alors de crier des trucs, pour la plupart incompréhensibles, car je suis en train de rouler une pelle à la rue, tout en crachotant de la poussière !

_ Putain de merde ! j'extériorise de ma voix enivrante, carrément sidéré de ce que j'aperçois, une fois que je sais changer de position. Encore toi !?

Au cas où la sale face du coupable serait déjà passée aux oubliettes, le mec pense à se présenter de nouveau. Moi, à cet instant, je me rappelle plutôt ce que le bonhomme m'avait précédemment rabâché : soi-disant qu'il n'a rien contre les hommes-poissons, puf puf puf !
Mon cul, j'ai envie de lui répondre, ouais ! Non, je déconne... Ce serait un coup à finir embroché au bout de son manche à balai, une réaction pareille !
Bref, il avait visiblement omis un détail : je n'ai rien contre la poiscaille... à condition qu'elle reste gentille et obéit sans chichis à Monsieur Alegsis, grossomodo.

Pendant ce temps, je suis fiérot de mes manoeuvres d'évasion, parce que je trouve toujours le moyen de me dépatouiller de ce bourbier. Malheureusement, je ne rigole pas moins pour autant.
Non mais allo, quoi ! Voilà que le grand malin au chapeau annonce comment il gagne sa vie, devant tout un tas de spectateurs justement fascinés par cette branche-là. Cymbale ? Oh que oui, bravo l'artiste ! Résultat, une sacrée ribambelle de sales gueules appartenant à la piraterie, ou autre bande de hors-la-loi, nous montrent toutes direct les crocs, en parfaite synchro.

_ Spice de... je murmure presque sensuellement à mon partenaire indésirable, car je me retiens surtout de rugir et d'exploser. T'as fait quoi, bordel !?

Oui, car son exclamation a aussi le don de faire déguerpir ma rémunération sur pattes, proche encore il y a peu ! Et moi, je ne peux plus lui sauter dessus, à cet instant.

En fait, je savais jouer au savon glissant, jusqu'à ce que l'autre bouffon m'agrippe fermement la godasse. Alors, à part devoir agiter vainement les bras, pour faire quasiment du sur place, je n'ai plus qu'à faire demi-tour vers ce satané récidiviste.
Lot de consolation, peut-être ? C'est lui qui campe un étage plus bas, cette fois-ci. Quant à moi, tel un roi tout-puissant, je peux le scruter durement de haut. Gringalet Bobby, au sommet de son imposant mètre cinquante... ouaich, ça en jette quand même !

Donc, sans plus me morfondre, je me concocte ma porte de sortie, au milieu de tous ces vicelards. En plus, faut que je me grouille, car entre l'évaporation de mon pirate en fugue, l'encerclement des racailles, et le pot-de-colle dans le rôle du piège pour panard... Il ne vaut peut-être mieux pas encore que j'avoue à tout le monde être, moi aussi, un valeureux chasseur de primes !

_ Mouahahaha ! je pousse alors avec exagération, tout en exhibant entièrement ma tronche de monstre aquatique, au public. C'est tout à fait ça, mon cher Lèche-botte !

Là, avec la capuche baissée, toute ma dentition aiguisée en avant, et mon horrible voix grinçante, on dirait que j'ai su poser un certain holà dans la rue. De quoi calmer les ardeurs des plus euh... couillus de la fête ! Une bonne partie, du moins.

_ C'est bien moi, le légendaire Merlan l'enchanteur, ahem ahem... je reprends moins bruyant, mais toujours pseudo héroïque et bourré d'énergie obscure.

Et pour être sûr que le principal intéressé ne cherche pas à me contredire :  non seulement, je libère de ma botte, après une certaine insistance, mon pied nu emprisonné de sa poigne ; puis, je le lui écrase sans plus tarder, sur son moche visage. Mesure de précaution oblige, quoi !
Mais aïe, ça semble picoter étrangement à l'impact ? Tant pis.

_ Rhalala ! Sacré Alegsis... Tu croyais vraiment qu'on tomberait tous dans le panneau ? 'Tention, enfin ! Il ne faut pas confondre chasseur de primes, et déchausseur de primes !

En ricanant de plus belle entre deux explications foireuses, je glisse la fausse info aux autres invités, comme quoi la légère variante de taf du clown consiste, en effet, à récupérer les godasses de qualité de certains pirates, puis de les revendre au plus offrant. Parait-il que ça rapporte assez et qu'on appelle ça, prendre son pied !
Véridique ou pas, si ça peut me permettre, moi, de passer du côté des méchants, afin de prétendre avoir le plus gros nombre de fans dans la poche, d'une certaine manière... tant mieux pour ma survie, je me félicite !
En revanche, mon harceleur attitré pourrait bien s'inventer plus de mauvaises intentions à mon sujet.

_ Donc, que tout le monde fasse gaffe à sa gueule, hein ! relancé-je ensuite sur un petit ton diabolique, tandis que je m'empare illico de la longue perche, agrafée derrière le gus au sol. Vous savez ce qu'on dit de ces trucs-là, n'est-ce pas ?

Je brandis le gros cure-dents vers la foule toujours sur le qui-vive, malgré ma risible bouille aux yeux de merlan frit, et prends un malin plaisir à le secouer devant tous ces sauvageons qui croient pouvoir m'approcher, même d'un pas ou deux de trop.

_ Un pinc... euh oups, une baguette magique, j'veux dire... Voilà, c'est pas la taille qui compte, haha ! Alors celui qui veut déguster d'un de mes sorts maléfiques, je suis prêt à lui en balancer un big ! Le genre capable de vous faire vomir carrément les tripes...

Bon, en fait, chut. Ca consiste juste à chatouiller les narines de la victime avec le plumeau spécial d'entretien, et la faire éternuer, mouarf !

N'empêche, la menace porte quelque peu ses fruits. D'un côté, il y a ceux qui espèrent garder la vie sauve, et rebroussent chemin. Puis de l'autre, il y a ceux qui me prennent pour un pauvre mythomane. Résultat, avec ceux-là, je n'attends pas la Saint Glinglin pour leur fouetter le portrait d'un coup sec, quitte à les défigurer un peu plus. Ils ne sont plus à une balafre près, quand on y pense, avec toutes leurs précédentes mésaventures.
Dans le pire des cas, chez celui qui n'éternue pas, je me convaincs au moins de lui avoir brossé les dents. Cadeau bonus !

Ah oui, mince ! Et la respiration du guignol allongé, comment se déroule-t-elle depuis ? Et glou, et glou, et glou ! A vrai dire, je n'y pense plus trop, même une fois mon pied lubrifiant retiré. Qui plus est, ne comptez certainement pas sur moi pour lui faire du bouche-à-bouche, grâce à mes lèvres pulpeuses d'Okama ! (à la rigueur, une petite bise distante et d'adieu... à la bottine qui me manquera ?)
Pour l'heure, je préfère me tailler de cet endroit, car j'ai toujours un récent porté-disparu qu'il me faut choper à tout prix, afin de remporter la somme qui va avec.

Du coup, presque boîteux, dans ma petite carrure de guerrier, je réitère mon exploit de l'éternuement gratuit, tout le long du nouveau chemin de la traque que je me suis fixé. Ce n'est pas une mince affaire, certes, mais on fait bien sûr avec les moyens du bord. Sur ce, tu ne veux pas me laisser passer ? Pas grave, mange-toi du palpitant atchoum en échange ! Tu résistes à me dire où s'est barré l'autre glandu de fugitif, alors que tu en as été témoin ? Idem, atchoum aussi, si besoin !
Hmmm ! Que c'est rigolo, tous ces gens qui se voient éjectés dans le décor... comme par magie.
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Admiratif et époustouflé, resté dupe du fait qu’on venait de lui fausser compagnie, Alegsis avait vu partir l’animal, élusif et gracieux s’en retourner à sa traque.

- Quel homme-poisson. Trouva seulement à dire le tributaire de la bottine enchantée.

Enchantée de l’enchanteur qu’elle était, cette botte-ci. Alegs l’avait eu pour trois fois rien ; seulement en échange de son arme ; de ce pinceau presque grand comme Bobby avec lequel ce dernier s’était fait la malle ; mais avec classe. Suffisamment de classe en tout cas pour que l’imbécile qui s’était ainsi fait flouer resta subjugué par la performance. À ce pinceau de combat, le rusé chasseur de primes – pas celui qui était resté allongé une bottine en main – il lui avait trouvé un usage second : le « Atchoum Kenpo ». Sans doute nommerait-on ainsi une attaque aussi redoutable à laquelle on ne put que succomber sans coup férir dans un éternuement presque fatal.

- Quand je pense que j’avais une baguette magique depuis tout ce temps et qu’il a fallu que je rencontre Merlan l’Enchanteur pour le savoir. On en apprend tous les jours.

À Last End, c’étaient peut-être les pirates qu’on faisait éternuer, mais on n’y enrhumait cependant que les crétins. Persuadé, ce crétin-ci, qu’il était qu’il avait eu affaire à cette créature de légende dont il resta émerveillé d’avoir cru faire sa rencontre, Alegs ne se formalisa pas qu’on l’eut si aisément délesté de son pinceau. Car après tout, il avait conservé en main une relique : la chausse de Merlan l’Enchanteur en personne, qu’il enfila à la main comme on aurait usé d’une moufle.

Galvanisé qu’il fut par cette rencontre de premier plan, Alegsis se voyait mal renoncer à suivre la bête qui, déjà, d’ici à ce qu’il ne se rendit compte qu’on l’avait laissé sur le carreau, avait distancé l’Épavien de plusieurs bonnes centaines de mètres au bas mot. Toutefois, ce poiscaille, pour vif qu’il était, il semait derrière lui des forbans et autres gens de mauvaise vie comme il s’en trouvait à foison dans les noirs faubourgs où s’étaient compromis les deux chasseurs de primes.
Assommés à terre et parfois même encastrés dans les murs tant leurs sinus les avait propulsés fort, toutes les victimes de l’« Atchoum Kenpo » s’étaient faites un plaisir, dans leur inertie endolorie, de flécher le chemin à Alegsis afin que celui-ci retrouva la légende.

Cela lui prit un certain temps et même un temps certain mais, au détour de ce qui fut peut-être une auberge, à moins qu’il ne s’agît d’un refuge miteux, les résidus de baguette magique ne jonchaient plus ni sols, ni murs. La piste s’arrêtait là. Aussi Alegs pénétra-t-il le bouge et, s’adressant à une tenancière, celle-ci ayant l’œil mauvais dans une orbite presque déchaussée, la menaça presque de sa bottine chaussée à la main.

- Vous avez pas vu un pirate, dis ?

Restée impassible quelques instants, le temps de réaliser l'ineptie de ce qu’on venait de lui demander, immobile dans l’ombre de ce rade miteux dont la lueur ternie de la lampe à l’huile n’effaçait que péniblement la noirceur, la bougresse ne réagît que plusieurs secondes plus tard.

- T’es un petit malin, toi. On est à Last End je te ferais dire ; je vois QUE des pirates par ici. Cet abruti je vous jure.

- Et un homme-poisson, tout petit, tout moche comme toi, vous en avez pas vu ?

Elle l’avait vue cette drôle de sardine à pinceau, mais en ces bourgades mal famées de Las Camp, la moindre information se monnayait, et chèrement.

- Qu’est-ce que t’es prêt à payer pour savoir où il est passé ?

La bottine qu’il avait dans la main, Alegsis, à cette demoiselle usée par le temps bien qu’elle n’avait peut-être que la trentaine, il la lui tout contre la trogne d'un mouvement bref.
La force de Merlan l’Enchanteur était en lui, il le sentait.

- Vilaine dame ! L’invectiva-t-elle avec une franche naïveté de garçonnet. Dis-moi où il est où je mets un autre coup de pied de la main !

- Un coup de pied de la main ? S’interrogea comme par réflexe la gueuse tandis qu’elle frottait son nez ensanglanté.

Le deuxième coup de bottine, proféré une fois de plus depuis le poing de son interrogateur, lui éclaircît alors mieux les idées. Elle comprenait à présent et le regrettait bien amèrement.

- Au troisième étage, finit-elle par admettre sous la torture d’un niaiseux impatient de renouer avec la légende, chambre trois-cents-huit !

Prestement, comme un garnement pressé, Alegsis dévala quatre par quatre les marches grinçantes jusqu’à enfin trouver dans le couloir une porte ouverte. S’y approchant furtivement, ne laissant dépasser que sa bobine de simplet, il put observer la scène. Devant lui, lentement et sournoisement, Bobby s’approchait de sa proie par derrière, celle-ci étant affairée à fumer au bord d’un balcon branlant. La capture, de là, fut presque assurée pour le petit écaillé.
Ce fut néanmoins sans compter sur la discrétion légendaire de son admirateur secret.

- Oh j’en reviens pas, je vais voir une capture du célèbre Merlan l’enchanteur ! Oh la chance !

Le pirate, qui avait réchappé plus tôt à une capture pour retrouver sa chambre de fortune afin de s’y planquer, se tourna aussitôt. Personne, jamais, ne s’attendait à voir approcher une gueule de mérou campée sur un petit bonhomme d’un mètre cinquante avec, dans la main, un pinceau presque aussi grand que lui.
Pinceau dont l'intrus s’apprêta à faire usage pour user de sa nouvelle trouvaille martiale, mais dont il sentit comme une résistance au moment de le brandir. Alegsis, dans son impatience, avait fait irruption sur scène pour s’en saisir.

- Attends, laisse, je vais faire. Jura-t-il. Je veux essayer la baguette magique ! 

Mais on ne la lui céda pas. Aussi fronça-t-il les sourcils avant d’être plus insistant dans ses doléances.

- Lâche-ça, malandrin de poiscaille à la manque ! Que je respecte néanmoins nonobstant son appartenance raciale douteuse, c’est ma baguette ! Ôte tes sales doigts poisseux de dessus.

Légende ou pas, le racisme revenait toujours à la charge pour peu qu’un prétexte s’y prêta bien.
À s'être effectivement retrouvé entre des doigts poisseux, le manche du pinceau fut si glissant qu’il échappa d’entre les doigts d’Alegsis quand l’amphibien le lui soutira d’un mouvement sec.
Tombé sur le cul pour sa part après avoir tiré si fort sur son arme qu'il s'était rétamé, Alegsis, vexé mais pas avare de recours, jeta la bottine en direction de son propriétaire qui, sans peine, l’esquiva dans l’instant.
La chausse poursuivit cependant sa trajectoire pour s’éclater contre la nuque du pirate qui, se sachant aux prises avec deux chasseurs de primes dans une chambre aussi exigüe, avait préféré enjamber la rembarde du balcon pour sauter sur le suivant et s’échapper par la chambre voisine. La botte fulgurante, dès lors, lui fit perdre l’équilibre tant et si bien qu’il bascula du troisième étage avant de se rétamer au sol dans un grand bruit. Un qui en précéda d’autres venus quant à eux souligner à quel point l’expérience fut alors douloureuse pour le forban.

Pantois et penauds l’un et l’autre, Bobby et Alegsis s’étaient jetés un bref regard sans bouger de là où il en étaient restés dans leur lutte acharnée pour la baguette magique.
Restés interdits, le balcon à présent vide devant eux, ils n’entendaiennt plus en contrebas que des râles d’agonie de leur cible. Alegsis, enfin, s’essaya à la déduction ; ne fut-ce que pour rompre le silence gêné qui les accablait tout deux.

- Du coup, hésita-t-il, vu que c’est avec ta bottine qu’il a été battu… c’est pour toi la prime ?

N’étant pas homme à laisser passer sous ses yeux une occasion de rafler ses sous sans effort - et n'étant pas homme tout court - la face de mérou acquiesça avec assurance à ce qui venait d'être dit, ses mains sur les hanches, comme si sa primauté sur la prime ne faisait effectivement aucun doute.

- Fichtre. S’admit vaincu son adversaire, désormais la tête baissée du fait qu’il fut fidèle à des principes aussi stupides qu’ils étaient étriqués. Ainsi Alegsis abandonnait-il la prime à son concurrent, non sans toutefois s’essayer à une clause milieu des termes de sa reddition. Tu me payes un restau, dis ?


Dernière édition par Alegsis Jubtion le Dim 14 Mai 2023 - 20:59, édité 1 fois
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_ Guili-guili-guili dans le pif ! Voilà c'est ça, un dernier pour la route !

Mais le plouc sur lequel je m'affaire, n'éternue pas. Au contraire, lui ne me dérangeait pas, il voulait même me laisser passer. Il n'avait rien à me raconter non plus, mais il me souhaitait la bienvenue sur l'île de Las Camp. C'est mimi tout plein, hein ?
Alors pourquoi tant de haine ? Eh bien parce qu'après tous ces efforts engendrés, je me suis dit que dans le feu de l'action, j'avais bien droit à un petit extra. Bah quoi ? Ca crève d'avoir à se trimballer avec un haut piquet chevelu, aussi grand que soi. Pas forcément lourd à la base, d'accord... pourtant, à force de l'agiter sans cesse sur plusieurs mètres, j'ai l'impression que ça pèse tout de même son poids.
Bref, Bobby le maigrichon est tout essoufflé, sur ce.

Manque de bol, je ne peux pas me permettre de Las-Camper sur place trop longtemps. Alors le temps de retrouver une respiration un peu plus normale, je pense à regarder derrière moi pour constater le panorama. Et wouah ! tous ces clampins qui m'ont crié et postillonné dessus, sont à présent tous sages comme des images. Mais surtout, il n'y a plus de chasseur de primes ennuyeux pour venir me tenir la grappe... ou autre chose, évidemment ! Youpi !

_ Il a dû se faire prendre en sandwich par d'autres hurluberlus du quartier, j'imagine...

Paix à son âme, on va dire... et à moi la prime, mouahahaha !

Après cette courte pause, il est grand temps de rentrer dans le petit hôtel pourri qui s'apprête à m'ouvrir ses portes. Le genre de pauvre construction fait à la va-vite, avec des vieux débris récupérés, probablement parce qu'il y avait de l'espace libre à cet endroit.
En tout cas, si les infos de mon enquête de terrain sont bonnes, le pirate tant recherché se cacherait donc là-dedans, paraît-il. J'ai hâte de connaître enfin le fin mot de l'histoire.

A l'intérieur, euh... sans commentaire ? Bon allez, si ! C'est moche, ancien, moisi, poussiéreux, et j'en passe. Heureusement, lorsque je débarque, je ne suis pas considéré comme une femme de menage avec son balai. Cependant, dès que j'ai ouvert la bouche pour le minimum syndical de politesse, il n'y a même pas besoin de me reluquer de la tête aux pieds pour me répondre.

_ Ouais, il vous attend dans sa chambre, me sort la grognasse de service derrière le comptoir.

_ Hého ! je râle aussitôt. Tu m'as bien regardé ?

Bon d'accord, j'ai une sale tête, une voix atroce... et un grand pinceau. Mais quand même !

Je m'empresse alors de remettre les choses au clair, en lui brandissant la fameuse affiche Wanted du vilain que je suis venu choper. C'est à ce moment-là que j'écarquille aussi les yeux en retombant sur la somme exacte de la prime. Oups, en effet, ça ne se compte vraiment pas en millions.
Après quoi, la laide tenancière s'excuse de m'avoir confondu avec une tapineuse qui aurait apparemment presque le même nom que moi, pfff ! Un rendez-vous coquin est d'ailleurs supposé avoir lieu aujourd'hui, avec tel habitué de la maison.
Tu veux connaître le nom de la demoiselle ? Boubyze Kipointe, la piratépatéticienne ! Aaaah ouais, ça claque, hein ! Non je déconne, on s'en cogne.

Ahem ahem, revenons-en à nos moutons, cela va de soi ! Une fois que j'ai délaissé la mégère à ses occupations, après qu'elle m'a indiqué la piaule où me rendre, ce n'est plus qu'une question de marches d'escalier à écouter craqueler jusqu'à destination. Le dernier couloir à franchir résonne également dans le même style, en fait. Mais par chance, le lit grinçant d'une autre chambre dans les parages a le chic d'accompagner parfaitement le rythme de mes pas.
Ainsi, malgré ce léger brouhaha, j'en déduis que mon approche n'incite pas forcément ma cible à rester sur ses gardes, de l'autre côté. La preuve ! Au moment où j'arrive à le rejoindre (juste de la simple porte de pacotille à déverrouiller d'une caresse de pinceau, à vrai dire. Comme les pros !), le mec se la coule douce à la fenêtre, en train d'en griller une. Le dos tourné, donc.

On a envie de se demander s'il oublie vite que quelqu'un lui court après, ou s'il ne s'est pas soucié du bordel provoqué dehors récemment, par exemple, mouarf !
Ah bah tiens... fait chier, c'est vrai ! Pourquoi c'est lorsque je m'interroge de la sorte, qu'il y a justement de nouveau une certaine personne que j'espérais pouvoir déjà oublier, en train de se dessiner derrière moi ? Si si, encore ce même fada, ce satané morfal, grrr !
Tout se met alors à bourdonner tellement vite dans mon crâne. Je ne sais plus non plus sur quel pied danser. Qui dois-je baffer en premier une bonne fois pour toutes ? Le pirate, si je veux m'assurer qu'il ne parte plus en cavale de sitôt ? Ou l'autre espèce d'énergumène revenu perturber mes plans une fois supplémentaire ?

_ C'est pas possible ! je n'arrive seulement qu'à piailler, au milieu de la grosse chamaille qui s'ensuit. Je dois porter la poisse !

Heureusement, même triste et en colère, je n'ai pas perdu mes réflexes pour me défendre. Du coup, j'ai au moins le mérite de ne pas terminer avec une marque de pied ou de chaussure, sur le visage.

Par contre, le chasseur de primes récalcitrant, depuis l'épisode dans la rue, je lui laisse la surprise... si jamais il passe devant un miroir, ou qu'on lui fasse la remarque. A moins que c'est sa façon à lui de vouloir garder une empreinte, après la rencontre du célèbre Merlan l'enchanteur. En attendant, tandis qu'il savoure sa chute sur la moquette dégueulasse, je garde le silence tout en le surveillant de mes yeux ronds... car avec lui, on n'est plus à l'abri d'une sournoiserie gratuite.

Et maintenant ? Bah, on dirait que j'ai euh... gagné ? En tout cas, il n'y aura plus qu'un truand gravement blessé à récupérer sur le pavé, sous peu. Et si possible, ma chaussure trainante aussi, bien sûr, afin de ne plus marcher comme un boîteux. En échange, je veux bien rendre le grand pinceau sale et glissant à son propriétaire... surtout si ça peut m'aider à l'envoyer paître pour de bon, d'une certaine manière. Qui plus est, plus grand monde n'a besoin de faire gicler quoi que ce soit dessus, pour l'instant.
Meuh non, t'inquiète, promis ! Ce n'est pas une fourberie de mon cru pour l'inviter à venir escalader son propre bâton, afin de le remettre sur pied, hein ! Bien au contraire, avec une astuce foireuse pareille, ce serait plutôt un coup à le revoir plonger au sol illico, le truc se concluant par du "Alegsice, ça glisse !", grossomodo.

Voilà toute l'histoire. Tout est bien qui finit bien, on pourrait même s'aventurer à dire, non ? Deux chasseurs de primes qui ne s'aiment pas, se courant l'un après l'autre, et qui s'arrêtent enfin pour se retrouver entre les quatre murs d'une pièce étroite... et un lit ! Que fallait-il rêver de mieux ?

_ Un resto, hmmm... je répète, tout en me triturant la lèvre inférieure plusieurs fois (quitte à jouer aussi coussi-coussa avec ma capuche). Je euh... vais y réfléchir ?

Faut pas se leurrer, ça veut en fait dire non, mais je cherche surtout comment bifurquer sa proposition à la trappe. Je me dis qu'il doit bien y avoir un moyen. Le tout sans avoir à provoquer de la querelle rengaine, tant qu'à faire.

Malheureusement, comme je porte la poisse, c'est elle qui revient au galop pile poil à ce moment-là, tatatam ! Et tout à coup, l'homme-poisson que je suis... la poiscaille au pied poisseux qui trempe depuis tout à l'heure sur le sol d'un établissement quasiment en ruines... disons que ça a rajouté un peu plus de matière visqueuse qui ronge la surface du lieu.
T'en veux plus ? Euh... faute à ma transpiration ? Ou à la morve dégoulinante de mes précédentes victimes ? Y'a le choix !
Alors quand ça fait crac une fois... passe encore ! Mais quand les autres fissures apparaissent en nombre et chantent toutes en choeur, c'est parce qu'un joli morceau est sur le point de céder juste sous mes talons.

_ Nooon ! je me plains dans la foulée, plutôt embarrassé de cette situation. Attends ! C'est pas ce que tu crois !

Sauf que je suis déjà en train de fuir (oups, disparaître... nuance !) et m'enfoncer un étage plus bas. De plus, pour éviter de me briser les guiboles, je me suis dépêché de m'agripper sur le long pinceau d'Alegsis (toujours pas rendu, du coup). Résultat, quand je m'écrase plus bas... lot de consolation, mes membres gardent la forme.
Manque de bol, si seulement ça pouvait s'arrêter là ! Mais à cause de la violence du choc, un morceau du pauvre sol de cette nouvelle chambre se déchire à son tour... et ainsi de suite, bim, bam, boum ! Ma dégringolade perce un trou dans chaque plancher, jusqu'au rez-de-chaussée, tel un marteau-piqueur !

Sur ce, tant que Bobby arrive à crier comme une fillette tout le long de cette descente brutale vers les profondeurs, c'est qu'il a survécu, ouf !

_ C'est bon ! je tente d'hurler vers la concurrence restée au sommet, une fois le vacarme estompé de la catastrophe. Je euh... suis encore capable d'aller réclamer la prime du pirate !

Puis, comme si ça ne suffisait pas, dès que le brouillard poussiéreux de l'incident s'atténue, mes oreilles n'échappent bien sûr pas aux râleries de la gueularde à l'accueil... le tout agrémenté d'un petit concerto incompréhensible des autres clients paniqués, même les plus éloignés.
Donc, pour éviter d'avoir à me taper une nouvelle scène de ménage gavante, elle, je la menace direct de lui en coller une dans l'oeil, à coup de baguette magique. Et dans un deuxième temps, je me casse de ce taudis afin de rejoindre enfin l'autre primé, agonisant au milieu de la rue.

Le hors-la-loi est complètement endolori, après un tel plongeon du troisème étage. Premier truc à vérifier tout de même, c'est de pouvoir comparer sa tronche avec celle de l'affiche. Alors je récupère d'abord ses lunettes noires qui avaient glissé non loin, et je les lui remets sur les yeux.
Par contre, il manque sa clope... mais tant pis. Il l'a peut-être avalé.

_ Mouaip, c'est bien toi, on dirait... je conclus après avoir maté les deux portraits, à plusieurs reprises.

Allez hop ! Il ne me restera plus qu'à l'emmener chez la Marine. Je dois juste fouiner encore un peu après une bottine solo, et le tour sera joué.

Pendant ce temps-là, je suppose que l'artiste-peintre en a profité pour me rejoindre. Ce serait dommage de lui avoir encore filé entre les doigts, il pourrait s'imaginer sinon. Et moi, je pourrais bien en arriver à du suicide, si ça continue, à cause de sa persévérance maladive.
Après tout, je n'ai rien à craindre de lui, il me laisse le magot, je suis considéré comme une sorte de maître (tant que je m'appelle toujours Merlan ?), et il va pouvoir récupérer sa fameuse béquille chérie.
Que des belles choses, quoi ? Peut-être un peu trop belles, même que... Et pour des moches, est-ce concevable ?

_ Ah oui, le resto... je fais style de relancer alors la discussion. Euh, bof, ouaip... je crois que j'ai dû en croiser un sympa, à mon arrivée sur l'île, c'est vrai.

Bon, en revanche, la maison ne s'appelait certainement pas le Baratie, mais plutôt le Barathon ? Un coin malfamé et pas fameux, en somme. Mais au moins, on y bouffe pour pas cher, haha ! Alors si j'ai quasi que dalle à dépenser, ça m'arrange, t'as tout compris !
Enfin bref, à tout hasard, là-bas on doit y vendre de la bestiole écailleuse en grillade périmée du Cimetière-machin ? Et ça pourra remémorer des bons souvenirs à mon acolyte de fortune, sait-on jamais... Merci Bobby, on pourra m'applaudir ensuite, mouarf !


Dernière édition par Bobby Lapointe le Dim 21 Mai 2023 - 16:48, édité 1 fois
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Qu’il fut consentant ou non, ce vilain mérou, entre lui et Alegsis, l’amitié fut consacrée. Unilatérale, sans doute, indéniablement envahissante alors qu’il fallait s’embarrasser à présent d’un acolyte des plus encombrants ; amitié tout de même. Il la dispensait bien libéralement son amitié, Alegsis. Tant et si bien qu’il la bradait sans pudeur ni réserve. Les gourgandines ouvraient les cuisses pour de l’amour rémunéré, lui n’ouvrait que trop ses bras pour une camaraderie bénévole.

Pour peu que l’on fut en mesure de plisser suffisamment les yeux, on put toutefois lui trouver des qualités à ce débordant spécimen. Il avait des bras ; il fallait moins lui reconnaître ceci. Bobby en tînt compte et, au nom d’une si belle amitié, suggéra à Alegsis qu’il l’aida à lui tracter sa proie jusqu’à la garnison. La route était longue et la charogne – bien qu’elle fut encore en vie – restait lourde. Sans réticence, même avec joie, Alegs ne prit que trop de plaisir à rendre service à son copain. D’autant que ce fut l’occasion pour lui – une autre – de laisser traîner les babillages incessants, qu’un flot ininterrompu d’inepties, enfin, lui coula à nouveau du museau.

Aussi Alegsis ne partagea que trop sa sapience. Se saisissant du blessé aux pieds, une cheville dans chaque main, il s’empressa de le traîner derrière lui à une allure telle qu’il donna l’impression qu’il n’avait qu’un poids plume à charge. Des bras, il en avait, effectivement, et ils étaient rudement bien entraînés. l’Épavien ne payait pas de mine – d’autant qu’il avait une très vilaine mine – mais avait autant de muscles que de ridicule à faire valoir. De quoi inviter la flibuste à ne trop lui chercher querelle.
Alors que tout deux – le pirate agonisant derrière eux ne figurant pas dans le décompte de ce compagnonnage en vadrouille – prenaient la direction de la garnison, Alegs ne manqua pas d’anecdotes afin de rapporter à son compère en quelles circonstances il avait découvert cette méthode de tractage. Sur eux, au détour des avenues pavées et embrumées qu’ils quittaient à présent, les regards inquiets et insistant d’une faune criminelles n’en finissaient pas de s’abattre jusqu’à ce qu’ils ne déguerpissent enfin. Les raids de chasseurs de primes, dans leur déroulé cataclysmiques, faisaient parfois regretter l’intervention d’un bataillon de Mouettes.

- Par contre, poursuivit Alegsis qui, peut-être, tenait déjà le crachoir depuis dix bonnes minutes, faut faire attention quand on le traîne comme ça, à pas le faire quand il a la tête contre le sol. Ah ça non. Confirma-t-il après avoir jeté un bref coup d’œil pour s’assurer qu’il n’avait pas commis cette erreur grossière. Parce que, tu vois, quand ils ont la tête qui frotte, y’a les cailloux et le reste qui les abîme. Même qu’il y a une fois, il ne se taisait jamais, j’en avais tellement esquinté un comme ça que la Marine a pas reconnu son visage. Du coup bah… j’ai pas eu mes sous. Fronçant les sourcils alors qu’il se remémora cette énième anecdote, un semblant de bon sens vînt lui remuer la caboche. Et mais attends… ils l’ont quand même mis en prison pourtant. Toutefois, à cet élément crucial, attestant qu’il s’était fait arnaquer par la Marine elle-même, il n’y réfléchît pas davantage. Tout effort intellectuel prolongé, en effet, lui était insupportable.

De là à ce qu’ils trouvèrent les abords de la garnison locale, il y en aurait encore pour dix kilomètres. Dix kilomètres à pied, ça use. Mais ça n’usait pas les pieds pour peu qu’on ait eu de bonnes chaussures ; ça usait les esgourdes.
Sous si bonne escorte, Bobby peut-être, avait pu placer deux mots au milieu de la jaserie constante de son acolyte du moment. Alegsis, prolixe au point d’en être presque outrageant, faisait la conversation pour deux. Par instants, afin que la petite musique continua, Bobby dut le relancer d’un « oui » désabusé ou encore d'un acquiescement adressé sans conviction. Cela, sans compter son nom qui lui fut presque extirpé, sans doute irrité d’être constamment désigné de noms d’oiseaux – ou plutôt de poissons.

Ils y parvinrent, finalement, à la 480e division de Marine. Quelle idée le Gouvernement Mondial avait eu alors de laisser traîner ses effectifs à Las Camp. Qu’avait-il à y administrer ici, si ce n’est un ramassis de renégats entre autres agglomérats de miséreux ? Cela dispensa en tout cas le petit poiscaille, l’arme de son compère toujours en main, d’avoir à supporter une longue traversée en bien mauvaise compagnie. Car même s’il eut été question de voguer jusqu’au bout du monde, Alegsis, en ami prévenant, se serait alors fait un plaisir de le coller comme l’aurait fait une malédiction.

Avenant comme il l’était, c’est d’un violent coup de pied qu’Alegsis ouvrit les portes de la garnison, faisant naturellement tressaillir une meute d’hommes armés dont le fusil fut bien vite brandi. Alegsis aimait à soigner ses effets. D’autant qu’il n’eut pas la présence d’esprit de lâcher les chevilles de la canaille qu’il s’était traîné afin d’actionner la poignée.
Il avait alors fier allure, ce petit contingent. Un écailleux usant d’un pinceau aussi grand que lui comme bâton de pèlerin avec, en supplément, un couillon dont la béatitude se lisant dans ses yeux vides et, derrière eux, un supplicié rompu de fractures.
Sans même avoir à les connaître, ces piètres samaritains, on devina, à leur prestance comme à leur odeur, que ceux-ci avaient émargé comme chasseurs de primes. L’engeance, après avoir attiré sur elle la crainte puis le mépris de qui les effleura des yeux, s’activa jusqu’au guichet d’accueil.

L’ambiance de Las Camp, alors, semblait se diffuser et se répandre jusque dans les mœurs gouvernementales elles-mêmes. Son uniforme débraillé, les pieds sur son bureau, c’est un bougre pour le moins patibulaire qui se chargea de leur accueil en les jaugeant du regard sans rien dire.

- Salut ! S’annonça le moins moche du duo – quoi que le délibéré fut sujet à débat. Je suis Alegsis, je viens du Cimetière d’Épaves.

- Je t’ai demandé de me raconter ta vie ? Elle a l’air pourrie en plus.

- Et ça ! Rajouta aussitôt Alegsis après s’être engagé dans un de ces dialogues de sourd dont il n’avait que trop l’habitude, c’est Bobby ! D’une claque franche venue s’abattre sur le dos du bon Bobby, il fit ainsi la démonstration d’une proximité certaine entre eux deux. Et même si c’est un homme-poisson, qu’il est moche, qu’il sent la marée, qu’il est petit, qu’il a qu’une chaussure et qu’il est moche et bien… il resta un instant hébété, ne sachant plus tellement ce qu’il voulait dire avant que la lumière lui revînt aux étages supérieurs, où j’en étais… ah oui ! Même s’il est tout ça et qu’il est moche, pour sa défense, Bobby n’était effectivement pas très beau, eh bah... c’est mon ami.

L’exposé, dans ce qu’il avait de sincère à déballer, eut alors été touchant s’il n’avait pas été si abominablement ordurier.

- Qu’est-ce que tu veux que ça me foute ? Grogna le matelot avant que son attention se reporta sur l'essentiel. Le type que vous traînez derrière vous et qui se lamente, c’est qui ?

Ça, pour s’être lamenté, leur proie l’avait fait sans qu'on l'y pria. Dix kilomètres de monologues perpétuels avaient en effet été rythmés des râles d’agonie d’un homme dont la chute se rappelait à lui chaque fois qu’on le fit un peu plus glisser le long du sol.

- Oh ça. Parut presque s’étonner Alegsis en réalisant ce qui les avait amenés ici. C’est le type de la prime. Vous savez.

Sur tous les sentiers de Las Camp, les primes y déambulaient peut-être par centaines.
À ce malheureux qu’ils avaient si bien tourmenté en tandem, Alegs ne s’était pas embarrassé à lire son nom sur le poster, incapable qu’il était de déchiffrer ce codage hermétique que constituait pour lui l’alphabet.

- T’es un marrant toi. Admit le préposé d’accueil sans un sourire à dispenser. Je vais avoir besoin de plus de précisions – et d’un café serré.

- Montre-lui, Bobby, montre-lui. L’empressa son compère, intimidé par le côté acariâtre de leur hôte.

Lorsqu’il arracha presque des mains poisseuses l’avis qu’on lui tendit, on jura que ce fut presque à regret que ce marin-ci reconnut la parenté entre la photo et le rendu étalé devant son guichet. La Marine, en certaines strates – les plus subalternes notamment – jalousait la liberté et la fortune qu’on supputait à cette bien vilaine compagnie que constitua celle des chasseurs de primes.
La présentation de la licence fut de rigueur avant qu’enfin, un sous-officier fut mandé pour aller chercher le magot. Cinq-cent mille berries pour un forban courbaturé au sol, c’était cher payé, mais c’était le juste prix ; celui-ci fixé par l’état-major.

Les liasses furent comptées une à une pour la seule délivrance d’une somme des plus dérisoire qu’on jeta presque comme en tribut à la poiscaille. Cela, non sans le toiser avec le mépris de bon aloi qui seyait à sa condition. On ne sut alors très bien s’il fallut davantage le mépriser du fait de sa race ou bien, parce qu’en ce jour, sa fortune fut si bien faite. Modique, certes, mais certaine.

- Ah nous le Barathon !

De ça aussi, Bobby l’en avait entretenu en chemin ; mais uniquement parce que son encombrant compère avait lourdement insisté afin de savoir où, très exactement, on s’en irait le gaver. Pour le trajet qui les mena au boui-boui – car c’en était un – Bobby, cette fois, ne confia pas son bagage excédentaire entre les mains d’Alegsis. Ce fut d’ailleurs presque poussé par ce dernier qui, subrepticement, lui avait ôté le pinceau des doigts, qu’il se dirigea au restaurant. Le couple, alors, quitta la garnison de marlous sous les regards infects et jaloux de qui s’y trouva.
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Wouah, ces pouvoirs magiques ! Oups, ah non mince, c'est vrai... Je m'appelle Bobby Lapointe, ma véritable identité a été dévoilée. N'empêche, on pourrait y prendre goût, punaise !
Dans tous les cas, il fallait au moins ça pour la suite de l'histoire, car je suis censé me présenter à la Marine avec mon nom officiel, celui écrit sur la licence de chasseur de primes, de toute façon. Alors il a suffi de raconter à mon compère que Merlan l'enchanteur, c'est ni plus ni moins que du nom de scène.
Vous savez ? Un peu comme le malchanceux qui s'appelait Hadid Ace ? Bah, à cause d'une erreur de prononciation (Ass), le mec a vite collectionné les insultes autour de sa rondelle, à la place ! Résultat, il avait préféré ensuite se pencher sur un pseudonyme. Je crois que c'était Botte-man, ou un truc du genre ? Il devait avoir un sérieux penchant pour les chaussures, celui-là. Non, promis, je ne vous ressors pas l'excuse de l'erreur de prononciation (Butt).
En ce qui me concerne, il y aurait fort à parier pour qu'on me surnomme plutôt Merlan Chanteur, avec ma voix de Castafiore.

Pour ce qui est d'Alegsis, c'est encore différent. N'allez pas croire qu'il est désormais à ma botte, hein ! Mais disons que je suis presque resté sans voix, quand il n'a pas refusé de transporter notre otage commun. Bon d'accord ! Ca lui donnait aussi l'occaz' de pouvoir de nouveau palper de la chaussure ! Deux, cette fois-ci, qui plus est ! Probablement a-t-il compris ma requête comme un joli cadeau de son poto Bobby, j'imagine.
Pour la petite info, au début, je me voyais même utiliser son gros bâton... façon canne à pêche, par exemple. Puis en fin de compte, juste le garder en main propre pour le trajet qui nous attend, c'est aussi une bonne idée.

Ah bah, de un, lorsqu'on se remet à croiser de la raclure dans les rues de la ville, tandis que mon compagnon a déjà les mains occupées ; moi, ça me permet de jouer au garde du corps qui miaule derrière son arme super menaçante, si besoin. Et de deux, je trouve que ça m'aide pas mal pour tenir droit, tout le long du chemin crevant à parcourir.
Quoi, je ne vous ai pas dit ? Eh bien non, je n'ai finalement pas retrouvé ma godasse manquante ! J'ai eu beau renifler ici et là (d'abord et surtout pour espérer faire écouler le temps, face à du copain trop collant, haha !), elle n'a jamais répondu à mes appels, pfff.
Donc voilà, je sers grossomodo de métronome, tandis que mon conteur d'histoires privé, lui, va décider de me déballer, non-stop, tout un tas de speechs et de sketchs, stockés je-ne-sais-où... mais qui doivent se compter en d'innombrables giga-octets, mouarf !

Et puis, soudain...

_ Oh le c... ! je me mets à brailler, proche même de la crise cardiaque.

Le sacré génie du tractage vient justement de me partager l'une de ses vieilles expériences sur le sujet : celle qui a le chic de défigurer ta proie rémunérée ! Alors figurez-vous qu'il y a de quoi déguster ce genre de nouvelle inattendue, avec du "oh my god" impressionnant, puissance dix !
En une fraction de seconde, je déglutis avant de me décrocher grandement la mâchoire, mes yeux sortent de leurs trous, et j'exécute un demi-tour foudroyant, dans un grand bruit, qui a de quoi provoquer une drôle de bourrasque poussiéreuse.
Dans la précipitation, j'avais aussi croqué discrétos dans le pinceau pour éviter de hurler davantage, mais ça reste un secret, désolé ! A la rigueur, toutes les échancrures créées dorénavant pourront servir, à son proprio, à mieux saisir son arme ?

Fiouuu ! Bon, en fait, non... Rien à signaler... Plus de peur que de mal, quoi. Euh... mon pote maîtrise la situation, il faut se dire. Alors on va souffler un grand coup, fermer les yeux un instant, puis oublier cet épisode le plus vite possible... Ni vu, ni connu, avec le sourire, ahem ahem ! Voilà... Han oui... Zen !

_ Rhalala, la frayeur... je conclus plus gaiement, tout en époussetant la tenue du grand saligaud au chapeau, à coups de plumeau. Meuh nan, j'veux pas te taper... Meuh nan, j'veux pas t'étrangler... Meuh nan, j'veux pas t'égorger...

Sinon bien sûr, le pirate souffrant ressemble toujours à quelque chose. Toujours cabossé de partout après sa dernière chute violente, certes, mais Docteur Jubtion lui érode le dos et les fesses comme il faut, grâce à sa séance du long et lent massage.

_ T'inquiète, chut... je murmure ensuite à l'accidenté sur son transat VIP improvisé, le temps d'une brève flexion-extension, et pouce levé. 500 000 berrys, ma gueule, yes !

Sur ce, après ce malencontreux incident, un nouveau calvaire se prépare : la route sans fin ! Et pour ma part, j'ai l'impression qu'à cause de ma petite taille, je vais devoir en parcourir le double. Je me suis même demandé si je n'essaierais pas tout simplement d'utiliser le hors-la-loi, comme d'une sorte de planche de surf, afin de me laisser trainer... Mais bof, pas top !
Ou encore l'idée d'utiliser le gros pinceau, dans le genre balai du sorcier... comme euh... au célèbre Château de Dlar-poulpe. Avec du bol, il y a peut-être moyen de s'envoler aussi avec, non ? Ouais, je sais, j'y prends goût, hein ! Sauf que là, à part assister à de la poiscaille qui se fourre un long manche tout dur entre les jambes, je ne vous raconte pas la suite, ça va pas la tête !

Alors voilà la corvée : devoir me taper le discours du Président, en gros. Ou quelque chose comme ça. Non mais allo, quoi ! Monsieur Alegsis Jubtion, c'est une putain de pipelette. Le mec ne s'arrête jamais et adore tailler des bavettes, dans le plus normal des calmes. Le truc de ouf, sans déc'... Une énorme verve, taille XXL... in-com-men-sur-able !!!
Tandis qu'à côté de ça, en guise de complice invité au monologue, moi, c'est tout l'inverse. Et quand j'arrive à en placer une, ma réponse est plus souvent ignorée qu'autre chose. Ma voix aigüe sert plus à lancer des "tuuut !" ou des "biiip !"... un peu comme pour essayer de censurer un mot trop grossier de la conversation, mouarf. Mais sinon, je ne vole pas très haut, parce qu'il ne me laisse pas piper un seul mot.

Comment je dois le prendre ? Ne ferait-il pas tout ça, parce qu'on sait tous les deux très bien que mes piaillements d'oiseau sont insupportables ? Résultat, devoir m'écouter sur une bonne dizaine de kilomètres, je suppose qu'il n'y aurait pas que les tympans qui explosent, une fois arrivé à destination.
Bref, je résiste, je prends mon mal en patience, je me mords les lèvres, je souris bêtement, je baille, je compte les nuages, et euh... je crois que je frotte tantôt mes mimines vigoureusement sur la perche tendue, velue et anti-stress... tout en priant pour qu'un sort magique en jaillisse, cela va de soi. Grrr, allez, super baguette, s'il te plaît ! Pousse !
Mais rien à faire... ni rien de lubrique, qu'on se le dise ! Cette espèce de beau parleur (juste l'expression, hein, je précise. Lui reste moche, en toutes circonstances) se venge, d'une certaine manière. En clair, c'est moi qui ai désormais les oreilles qui jouent de la flûte, au fil d'un tel flot de paroles.

Moralité de cette promenade ? Même si 10km à pied, ça use les souliers (et du pied palmé), ça n'use pas la langue. Et visiblement, comme le dit si bien la chanson : ça n'use pas la langue des enf... Ah non mince, ça ne doit pas être la même version, cruk cruk cruk !

Enfin voilà. Je souffre le martyre jusqu'à ce qu'une bâtisse salvatrice de la Marine s'approche doucement de moi, le fragile homme-poisson en détresse. Oh punaise, ce soupir de soulagement que je lâche alors, pour la peine ! En train de puiser dans mes dernières forces afin d'accomplir le dernier morceau de sentier restant, je peux désormais me dire que cette longue et satanée torture mentale et physique touche à sa fin.
Le petit Bobby fatigué reprend soudainement du poil de la bête, des couleurs, certes sales, mais celles de la vie. Ce n'est plus qu'une question de secondes avant de pouvoir mettre un terme à ce supplice du marathon gavant. Plus qu'une petite poignée de secondes, et à moi la grosse poignée de fric !

Tiens d'ailleurs, en parlant de poignée... celle de la porte d'entrée de la garnison, cette fois-ci. Eh bien, figurez-vous que euh... mon ami, sans prévenir, se permet de shooter tout simplement un grand coup dedans pour nous ouvrir la voie.
Mais merde ! Qu'est-ce que je lui ai fait ?! Y'a un bug dans la matrice ou quoi ? Ah bah moi, je sursaute, hein ! En effet, c'est pratiquement le même scénario qui se reproduit, avec l'autre foutue bande de sagouins dans la rue, un peu plus tôt. Si ce n'est que là, le zouave n'a pas besoin d'annoncer sa profession à toute la troupe de soldats présents, qui ressent le besoin de paniquer face à nous, armes à feu brandies.

_ Couuucouuu... j'hésite même à baragouiner, tout mielleux, mais le poing fermé et en l'air.

Du coup, on a l'impression que je suis prêt à leur balancer un projectile ? Moi, je m'apprêtais juste à faire toc-toc-toc, pourtant... vu que j'ai pratiquement les mains libres.
Alors que là, notre public, sur le qui-vive, nous ressort un remake du jeu "1, 2, 3, soleil", on dirait bien... à part que là, la règle, c'est que le premier qui se fait dessus, aura l'autorisation de dégommer le plus moche d'entre nous.

Heureusement, le suspense ne dure pas trop longtemps. Et sur ce, on peut reprendre notre routine comme si de rien n'était. Direction bureau de la banque du coin, en gros. Là encore, Alegsis a évidemment encore trouvé la méthode pour expliquer le pourquoi du comment de notre venue, dans leurs locaux... même s'il y a sans doute quelques trucs encore à retravailler, il faut bien l'admettre.
La liste de compliments à mon égard, passe encore... j'en fais les frais tous les jours, sitôt qu'on me dévisage. Quant à la brusque tape dans le dos, ouch ! Si je n'avais pas eu le réflexe du bâton stop, je partais carrément en avant.

_ Si si, je confirme les dires de mon ami, le grand dadais à la langue bien pendue... et moche aussi ! je m'empresse de répliquer fièrement à l'employé derrière son bureau. Il ne dit pas que des conneries, vous savez ! Voilà, voilà... Donc le pirate, c'est bien lui : Choir Z Naguere, pour 500 000 !

Bon d'accord, la photo sur l'affiche semble laisser à désirer... surtout comparé au bonhomme bien abîmé au sol. En fait, le bout de papier montre du mec bien badass, la tête taillée en angles droits, façon Terminator, quoi ! Alors que notre vilain ôtage tout brisé a l'air d'avoir quelque peu perdu son profil d'athlète. Hmmm, les méfaits de la cigarette au chocolat, ou abuser des restos, allez savoir...
Mais une chose est sûre : c'est bien les mêmes lunettes de soleil, en tout cas !

Sur ce, comme les derniers détails à régler sont suffisants pour passer officiellement à la caisse... enfin, et pour de bon... sa mère au maire ! Qui c'est qui empoche les berrys bientôt ? C'est Bobby la poiscaille, yeehaa !
J'aurais pu danser aussi un petit truc pour fêter ça, juste histoire de... sauf qu'avec mes jambes déjà dans le pâté, c'est un coup à faire pire que mieux, de toute façon. Donc, tant pis.

En revanche, je ne tarde pas à avoir l'air con, lorsque mon compagnon est déjà au taquet, pour la bouffe qui doit suivre ! Alors oui, moi aussi j'ai faim, j'avoue... après une pareille randonnée esquintante, tu m'étonnes qu'on veuille se requinquer ! Mais j'ai l'air fin aussi ! Car l'excuse du restaurant sympa, bah je l'avais seulement entraperçu, moi. Résultat, j'ai surtout voulu combler les envies de nourriture de mon partenaire, quand il m'avait redemandé des précisions.

Donc, si jamais, en cours de route, on doit tomber sur une connerie du genre Le Baratin, ou La Mare aux thons... je serai preneur également. Après tout, il y a ceux qui ne savent pas lire du tout, et ceux qui ne voient plus trop bien, on n'aura qu'à dire.

_ Ouaip, ayé ! C'est parti pour le Barathon ! je récite du mieux possible, afin de paraître toujours crédible.

Et pour la dernière condition à respecter du retour, je lui propose plutôt de chanter, mouarf. Ca devrait être moins chiant à écouter, franchement plus intéressant à subir, sachant que j'ai passé moi-même mon enfance dans une chorale. Et si je chante mal et faux depuis, qu'à ce la ne tienne ! Je peux encore imiter le solo d'une guitare électrique.
Ah bah c'était ça, ou lui demander de pouvoir monter sur son dos !


Dernière édition par Bobby Lapointe le Dim 28 Mai 2023 - 16:57, édité 1 fois
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En définitive, le boui-boui où on alla y célébrer la victoire, ce ne fut pas le Barathon. Cela, pour la bonne et simple raison qu’un tel établissement jamais, n’avait existé. Il avait brodé, Bobby, et salement. Des promesses, à entendre causer Alegsis, l'écailleux le lui en avait faites. Toutefois, jetés qu’ils étaient à présent dans la quête du Barathon, la première gargote fit l’affaire ; la moins chère de préférence.

- Le Barathon, nous y voilà !

Bien que sur la devanture il y fut inscrit en gros caractères « La Botte », Alegs n’y prêta cependant pas garde. Et pour cause, son illettrisme le prévenait d’une amère déception dès lors où il s’en remit à son camarade pour lui faire la lecture. Camarade qu’il porta par ailleurs sur son dos, car l’amitié était parfois chose curieuse et inexplicable. Alegsis, comme on put s’y attendre, oublia la cargaison qu’il se traîna sur les lombaires lorsqu’il alla s’installer à une table. Peut-être lui fallut-il quatre secondes environ avant de déterminer que les complaintes parvenues jusqu’à ses oreilles vinrent en directe provenance de cet ami sur lequel il s’était assis.

- Ah oui, c’est vrai, je te portais sur mon dos. Réagit-il indolemment sans bien sûr s’excuser de sa maladresse.

Le tout consistait à présent à faire bonne figure afin qu’il impressionna son ami par sa bonne tenue et son infinie maîtrise des rudiments de la mondanité. Une soirée au restaurant, quel que fut le contexte, tenait en vérité de l’épreuve de force ; de la démonstration de vertu. Le tout n’était alors pas de se ravir panses et papilles, mais de savoir briller en société afin de mieux paraître. Une amitié se jouerait ici entre la poire et le fromage, aussi, Alegs se refusa à commettre le moindre impair. Ses intentions étaient pures ; quel grand dommage que son entendement fut tant altéré par la bêtise.

Quand la serveuse leur parvint, celle-ci alors aussi miteuse que la cambuse dans laquelle elle faisait thon sur ton, celle-ci les harangua en poissonnière, manifestement étrangère aux bonnes mœurs.

- Ils prendront quoi les deux zigotos ?

- Rien pour moi, la surprit alors l’artiste-pitre ainsi qu’il désigna de la main son convive, je suis venu avec mon casse-croûte.

Affable comme il savait l’être, Alegs, tandis qu'il pensa bien faire, avait déjà remarquablement fauté sous couvert d’une plaisanterie folâtre quoi qu’extrêmement raciste. La rombière, sur cette blague de très mauvais goût, se dérida d’un rire vulgaire qu’accompagnait un « Jeri-hi-hi-hi-hi » propre au farceur de l’instant. Au beau milieu de leurs railleries entremêlés, une oreille attentive, peut-être, aurait pu croire déceler un « Mec, va te faire foutre » aussi léger que succinct.

Sur ces déplorables entrefaites, l’imbécile ravala finalement les derniers borborygmes de son rire, son menu dans une main, tandis qu’il employa l’autre à se tenir le menton. Apparemment absorbé par sa lecture, contemplatif et grave, Alegs, avec toute l’habileté qui fut la sienne, s’efforça au mieux de dissimuler à quel point il fut analphabète.

- Je vais prendre ça. Annonça-t-il avec une superbe affectée afin qu’il parut plus brillant qu’il ne l’était en réalité.

- Tu tiens le menu à l'envers, mon gars. Et t'as juste pointé le supplément moutarde en fait.

Le tout à présent, désormais que chacun fut figé par la gêne, consistait à sauver les apparences. Aussi, au terme d’un silence effroyable pour ce qu’il eut d’embarrassant, Alegsis ferma le menu sèchement pour annoncer, alors qu’il fut infatué par son sérieux de pitre :

- Je prendrai votre vin et votre plat le plus cher.

La gueuse, pas impressionnée pour un sou, pressée qu’elle était d'en terminer avec son service, haussa les épaules et inscrit dans son calepin : « Gonfler la note de l’autre abruti après lui avoir servi le picrate et son cabillaud tiède ».

- Et ce sera la même chose pour mon ami. Alegsis mima à nouveau la grandiloquence des nobliaux bien qu’il fut une extraction de la plus infecte roture de ce monde. Parce que, « oui », c’est mon ami. Tant pis si ça déplaît. Peu importe qu’il soit un homme-poisson, moi, je suis comme ça, je regarde pas la race. Enfin pas trop. Parce que des fois quand même, faut bien avec ces saletés de poiscailles.

Il cheminait ainsi bon train, d’un faux-pas à l’autre, avec une constance dans la gaffe qui intimait le respect.

- Moi vous savez, vous pouvez bien vous taper dans la motte, pour ce que ça m’intéresse...

Lorsqu’elle prit congé d’eux, et sans regret, Alegsis rempila aussitôt sur ses babillages incessants, noyant littéralement le poisson sous le flot de jacasseries qui parut ne pas cesser sortir de sa bouche d’ici à ce qu’on les servit.

- Dis, mon ami Bobby, il aimait à affirmer son amitié sur ses nouvelles conquêtes, c’est pas du cannibalisme au moins ? Je veux dire… vu la tronche à la poiscaille qu’on a dans l’assiette.. c’est peut-être bien un de tes cousins, non ? Franchement, y’a un air de famille.

Le cas de conscience, toutefois, ne le travailla pas plus de trois secondes tandis qu’il planta fourchette et couteau dans la bête afin d’en faire une bombance abjecte. Gentilhomme toutefois, il avait eu la rectitude de coincer la nappe dans son col afin de s’en faire une serviette. Il en allait après tout d’une question de standing. C’est donc dans cette démonstration de raffinement à la mode du Cimetière d’Épaves qu’il boulotta son cabillaud, non sans omettre bien sûr d’en postillonner une myriade de petits morceaux au visage de son copain et ce, tandis qu’il lui tailla la bavette.
Sans palais, sans jugeote et sans gêne aucune, il descendit en sus la bouteille qui leur fut servie à même le goulot sans pour autant boire son saoul. Avec distinction toutefois, il demanda à ce que leur laideron de serveuse radina à leur table après qu’il l’eut sifflée. Cela, sans manquer bien sûr de postillonner à nouveau.

- Remettez-nous ça, ordonna-t-il pétulant et allègre, apparemment disposé à écumer leur cave.

Innocent comme un gosse mal élevé bien qu’animé des meilleures intentions du monde, il dégoisa à l’envi, sémillant et audible, tandis qu’il entretînt son copain de toutes ses aventures. Il pensa faire preuve d’une infinie bienséance alors qu’il couvrit chacun de ses rots la main devant sa bouche. Au regard des critères retenus par les canons de sociabilité du Cimetière d’Épaves, on put alors dire de lui qu’il s’était effectivement montré sophistiqué. Peut-être ne jura-t-il pas tellement dans le paysage de Las Camp où la canaille y sévissait à raison de bataillons entiers. On ne put cependant pas décemment dire de lui qu’il fut présentement très urbain alors qu’il s’essuya la bouche d’un revers de la main après qu’il eut raconté comment il avait, par mégarde, occasionné sur Bliss un semblant d’émeute raciale.

Puis, alors qu’il fut élancé sans virgule aucune au beau milieu d’un énième et interminable laïus, une ritournelle routinière à chacun dans le bouge parut lui résonner depuis l’estomac. Ce ne fut heureusement pas son système digestif qui prit part à la discussion, mais un escargophone que l’indélicat chasseur de primes vînt à extraire de sa tunique.

- Qu’est-che qui a ? Demanda-t-il aimablement quoi qu’impoliment une fois qu’il eut décroché le combiné afin d’y parler dedans la bouche pleine. Non ?! Ch’est vrai ? Vous l’avez trouvé ? Dites-moi où……. Cha marche, j’arrive !

À promettre un dixième de prime à qui le rencardait sur un criminel donné, Alegsis s’était arrangé un modeste aréopage d’informateurs sur tous les Blues. Cet informateur-ci, à en juger la réaction vive et frétillante du gougnafier, laissa entendre qu’un beau filon fut à portée de qui irait le prospecter.

Se dressant aussitôt sur ses deux pattes – entraînant ainsi tout ce qui se trouva sur la table du fait qu’il avait tiré la nappe avec lui – l’imprudent traqueur reprit aussitôt du service. Ce fut alors à regret qu’il faussa compagnie à ce si fabuleux ami. D’un pas pressé, après s’être saisi de son pinceau, il détala en direction de la sortie, trébuchant dans la nappe qu’il avait omis d’ôter d’autour de son cou. Dans une cavalcade alors aussi gauche qu’elle était effrénée, il formula ses adieux le dos tourné alors qu’il quittait Bobby à vive allure.

- On se reverra Bobby ! L’amitié est plus forte que tout. Tout ça. Faut que j’y aaaaaaaaaaaaaaille !

Triste séparation que la leur alors que cette amitié à consentement unilatéral fut ainsi maintenue en suspens.
Il se trouva heureusement la vilaine, celle qui les avait ensevelis sous les bouteilles, pour trouver la compagnie de Bobby afin que celui-ci ne resta pas seul. En guise d’ultime témoignage de cet ami qui venait de le quitter après l’avoir assommé de ses bavardages improbables, elle lui laissa sur la table un morceau de papier. Pas un message d’adieu de son regretté camarade, mais à la place, une série de chiffres dont l’addition grimpa à quatre-cents-quatre-vingts-quinze-mille berries.
Oui. L’addition. Ces choses-là se payaient en effet au terme d’un repas au restaurant, aussi déplaisant put être celui-ci. Ainsi qu’elle lui fut adressée alors, la douloureuse, sous les yeux de Bobby, n’avait alors jamais si adéquatement porté son nom.

Un « ami » comme Alegsis Jubtion, on ne l’oubliait jamais que très difficilement.
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_ Pin ! Pon ! Pin ! Pon ! Pin ! Pon !

Beh oui, je crie ! Et alors ? Une manière comme une autre de montrer aux passants dans la rue, que nous sommes prioritaires, en plus de passer pour des cons. J'aurais également pu proposer à Alegsis de mettre le feu à son pinceau, dans le style flamme olympique, pour se la jouer ensuite sur du "vade retro, piratas !"... Mais je n'avais rien pour allumer à ce moment-là.

Et puis, il aurait encore pu croire que je cherchais à lui chouraver son arme de prédilection. Quoique... Comment j'en suis arrivé à rester accroché sur son dos, pour le chemin retour ? Va savoir si à force de lui glisser entre les doigts, je ne me serais pas retrouvé là, par le plus grand des hasards ?
Hmmm, non, c'est vrai ! C'est mon ami, donc la proposition a dû se faire le plus naturellement du monde. Et depuis, du haut de ma vigie, on arpente tel et tel quartier de la ville, à la recherche d'un restaurant qui n'existe tout bonnement pas !

_ Ouais, voilà... La Botte ! je finis par dire à mon taxi humain, une fois devant l'établissement concerné. Ah bah tu vois, hein... Botte, Barathon, c'est du pareil au même, façon. Y'a juste une ou deux lettres qui changent, picétout.

Bon d'accord, l'explication est foireuse, mais je ne pense pas que mon interlocuteur est le genre de bonhomme à en tenir rigueur, puf puf puf.

En échange, j'ai l'impression que le saligaud me secoue légèrement... peut-être pour essayer de me faire manger la porte d'entrée ? Du coup, je me précipite sur le gouvernail de secours : le chapeau du Monsieur ! Ca me permet, en quelque sorte, de piloter ma monture jusqu'à une table libre. Pour l'occasion, il y croit pratiquement dur comme fer, n'empêche !
Ah bah déjà qu'avec un pinceau, on peut balancer des sorts... Je vous le donne en mille pour euh... les pouvoirs d'un chapeau, haha ?

Grrr ! Manque de bol, à la fin de ce petit parcours, je finis écrasé. M'enfin, même si j'ai mal, je n'essaie pas de l'engueuler plus que nécessaire. Après tout, ma carrure étant ce qu'elle est, je dois peser trois fois rien. Alors normal qu'on m'oublie, d'une certaine manière, on va dire ? Bref, je lui pardonne rapidement.
Sur ce, c'est l'heure tant attendue, celle de se remplir la panse, comme des porcins ! Après cette journée de dur labeur, on a bien mérité ça, non ? Donc, dès qu'Alegsis a fait sa première blague du casse-croûte, on passe officiellement commande. Et à vrai dire, je dois bien avouer que, l'espace d'une seconde, sa plaisanterie a le don de laisser planer le doute dans mon esprit.
Soudain revirement de situation ? Amitié, mon cul !? Stratégie pour entourlouper de la poiscaille juste naïve, afin de mieux l'attraper !? Mais non, ouf ! L'humoriste cherchait vraiment à être drôle, à ce qu'il paraît.

En somme, il faudra que je m'y fasse. Le guignol a été fabriqué comme ça. La moindre réplique est susceptible d'être quelque peu blessante, alors qu'il suffirait de la considérer comme simplement stupide. La preuve ? Il récidive bientôt avec de la nouvelle vanne sur ma soi-disante famille. Là, par contre, je me force à rigoler.

_ Haha, très éloigné, alors ! Ne mets pas tout le monde dans le même panier. Lui, c'est juste un poisson. Alors que moi, je suis un homme-poisson. En gros, il y a ceux qui ne savent pas faire de tours... comme ton hareng. Et ceux qui savent en faire, quand on leur refile une baguette magique.

Mouais bof, raisonnement un peu léger, en fait. Mais si pour la comparaison, ça peut aider Alegsis à comprendre que la bête bestiole originale est très très limitée...

Pendant le repas, la punition d'avoir à supporter derechef ses longues histoires interminables semblent être plus faciles à digérer pour mes oreilles. Comment dire ? Il mange bruyamment, mais pareil ! Je ne me prive pas de mastiquer les aliments comme un gros mal élevé. Ce n'est pas de la super qualité, certes, mais le plat reste encore charmant à se mettre sous la dent. Puis si besoin, crachoter de temps à autre sur son voisin d'en face règle les derniers détails.
Qui plus est, nous ne sommes pas seuls dans les parages, alors ce n'est pas les enfoirés qui manquent à l'appel. Machouillages horribles, couverts cognant l'assiette, discussions tapageuses, concours de rots... Chacun prend plaisir à vouloir partager sa petite botte secrète perso !
Quoi qu'il en soit, je suis tout de même content de m'empiffrer. Je me dis que c'est le principal, et ça occupe. On s'amuse, on rigole, on fête de la prime gagnée, du pirate qui finira en prison, et compagnie...

_ Maintenant que j'y pense... j'arrive surtout à glisser, car mon interlocuteur marque un semblant de pause. Donc si tu te trimballes avec un aussi gros pinceau, c'est pour dessiner quoi, au fait ?

Bah oui, l'histoire de celui qui est chasseur de primes, tout Las Camp la connaît dorénavant. Mais à part ça, son énorme ustensile de travail lui sert à quoi, plus exactement ?

Malheureusement, Alegsis est vite occupé à devoir couper court à ses activités gustatives. De ce que je crois capter rapidos entre deux bouchées, une affaire urgente à régler qui surgit. Dans la précipitation, je ne calcule pas plus que ça le degré d'importance, parce que je préfère largement dévorer ce qu'on m'a servi. Je suis presque sur le point de savoir si je peux finir ce que l'autre glouton va visiblement laisser refroidir. En réponse, mon compagnon de table ne tarde pas à tout faire foirer, tout à coup !
Résultat, tout ce qui est posé entre nous deux, vole carrément dans tous les sens ! Que ce soit par terre, en l'air, et bien sûr dans ma tronche ! Putain de merde, l'espèce de... ! Comment un truc de ce genre est possible, il y a de quoi se demander, n'est-ce pas !?
Pour la peine, je ne compte plus le nombre de scénarios bizarres qui défilent devant mes yeux, tandis que le coupable ne se prive tout bonnement pas de me faire ses adieux. Si si ! Cette fois-ci, c'est bien ce chasseur de primes-ci qui cherche à fuir. Pas moi.

_ Est-ce que ça aussi, il faut le prendre comme une blague ? je m'interroge difficilement entre mes dents, isolé dans le fond de ma capuche, au milieu de tout ce carnaval provoqué. Alegsis... Pourquoi...

En tout cas, la facture qu'on ne manque pas de me ramener dans les prochaines minutes, n'a rien de marrante, elle ! Et forcément, quand je vois le montant ultra élevé imprimé dessus, il y a forcément une erreur quelque part, on ne va pas se mentir !
Quand je m'empresse d'en savoir plus auprès de la serveuse, elle me raconte qu'en plus d'avoir trop abusé de la nourriture et des bouteilles, il faut évidemment ne pas omettre de rembourser le bordel imminent créé par mon copain... et tous les inconvénients qui vont avec.

_ Hin hin hin ! je tente de reprendre avec un sourire de constipé. Meuh nan, il va revenir bientôt, j'en suis certain... Un coup de pute pareil, ça n'existe évidemment pas entre amis, alors on va donc l'attendre sagement...

J'ai beau essayer d'esquisser un pouce levé, de montrer ma plus belle bouille convaincante, je reste moche quoi qu'il arrive. Et avec toutes les saletés qui me repeignent désormais le visage et les fringues, je suppose que ça doit être encore pire maintenant.
Même ma voix de triste victime n'y change rien. Ou celle de la fille qui attend son papa, ne mord pas.

_ Et plus tu voudras poireauter ici, plus on rajoutera des berrys supplémentaires sur ta note ! m'explique dans la foulée la nana. Alors tu payes tout de suite ! Et tu te casses d'ici... en pleurnichant, si tu veux !

Sauf que la pilule continue de me rester en travers de la gorge. L'autre clown a vraiment osé me faire ça ? Pourquoi ne serait-il pas parti chasser un autre voyou, à l'improviste, afin de revenir avec une nouvelle récompense dans la poche ? Un homme-poisson Okama, je parie ! Ainsi, on pourrait dépenser encore plus dans ce restaurant, par exemple. Y'a qu'à voir son anecdote à Bliss ! Tous dans le même sac, les écailleux, pour souhaiter devenir plus riche !
Ca, ou alors le mec au bout de l'escargophone avait des infos sur ma chaussure perdue ? Mouaip, en voilà une idée qu'elle est bonne !

_ Mon ami est parti récupérer ma botte, je réponds en montrant mon pied nu palmé à la dame fâchée. Patience, le déchausseur de primes n'en a plus pour longtemps...

La meuf tape durement sur la table, cette fois-ci. Grossomodo, à cause du nom de l'établissement, elle pense plutôt que je suis en train de me moquer de son boui-boui.
Qu'est ce que je vais bien pouvoir lui trouver comme excuse, du coup ? Une promo sur des lunettes de soleil, pas franchement crédible non plus, quoi !

Sur ce, je soupire tout en me redressant. Je suis plus petit que la femme du resto, alors elle profite de sa hauteur pour me rappeler qui commande dans cette pauvre taverne : pas le client, dans tous les cas.
Puis, dès que j'ai fouillé mes poches, je dépose avec dégoût mes berrys récemment gagnés, au milieu de la sauce et autres trucs qui maquillent la table. En prenant soin de compter au centime près, cela va de soi, hein !

Et enfin, lorsque je me fais éjecter de ce trou... oups, raccompagner gentiment jusqu'à la sortie, je veux dire... je prends bonne note au moins de la chute utile d'Alegsis se coinçant les pieds dans la nappe, tandis qu'il se mettait à cavaler.

_ Moralité : pour éviter qu'on te court après, ne jamais oublier de défaire la ceinture de son poursuivant ! Hmmm, technique à travailler...

Ouais, voilà ! Imbécile mais instructif, le bonhomme.
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