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- C'est une mauvaise idée Izumi, et tu le sais. Elizia manque de faire éclater le crayon entre son pouce et son index, d'un accès de colère. La fatigue, la pression et le manque de bon sens de la majorité des femmes du conseil, ce tout commence sérieusement à peser sur ses épaules. Ses fonctions, ses responsabilités sont depuis un long moment floues, être numéro deux est souvent la pire position au sein de la plupart des organisations. Le lien entre le sommet de la hiérarchie et le reste, distribuer les tâches et le travail, remonter les problèmes et cibler les points d'améliorations tout en devant être capable de répondre au moindre problème survenant de manière inopiné. Ce nouveau train de vie ne lui convenait pas, la bureaucratie était la goutte d'eau qui faisait déborder son vase de patience et de résilience. Quartier-maître était déjà assez préoccupant comme métier, et l'ancienne noble se surprenait de plus en plus souvent à regretter l'époque ou l'Iron Fleet était un plus petit comité qu'aujourd'hui. Izumi n'avait jamais réellement eu de but, et l'Armure devait beaucoup de sa réussite et de son attractivité au delà de la figure froide et pourtant étrangement attirante qu'elle représentait à sa bras-droite. C'était une chose d'être une armoire à glace et d'inspirer par des faits d'armes ou des prouesses martiales, c'était une autre d'afficher un visage plus compatissant et d'écouter les états d'âmes de chacune des membres de l'équipage.  

- Nous n'avons pas assez de guerrières pour que tu étires nos troupes à ce point ! Nous avons déjà envoyé un détachement pour épauler les éleveurs de chevaux, nous venons de prendre la Côte Blanche et nous devons garnisonner la région entière, qui vas-tu envoyer avec Eata ?

- Personne. Un instant, la seconde de l'Iron Fleet cru que la Supernova se moquait d'elle, et manqua de casser son bureau sous l'énervement. Avant de se raviser et de constater avec une certaine horreur que l'Armure était tout à fait sérieuse. Devant le visage déconfit de celle l'accompagnant depuis ses quasi débuts, la forgeronne se rapprocha légèrement, les bras dans le dos.

- Tu as raison sur un point Sander, nous ne pouvons pas envoyer une seule autre guerrière en dehors des murs de Skythiai. Pour autant je ne compte pas subir la suite des évènements, car nos ennemis ne nous attendrons pas. Cette île est vaste, immense, plus grande que nous l'aurions jamais imaginé. Et maintenant que nous avons une occasion de définir des frontières durables pour la première fois depuis notre débarquement, nous devrions nous retrancher et se préparer à encaisser ?! C'était au tour d'Izumi de changer de ton d'habitude si neutre, les iris améthystes de la demi-géante brillaient d'une lueur rare.

- Non. Non Elizia ce n'est pas de la folie mais la seule décision que nous avons. Deux fois, deux fois que nous affrontons les locaux et deux fois que nous n'avons pas engagé les hostilités, et nous continuerons à tendre l'autre joue envers toutes les tribus que nous rencontrerons. Un silence, et les poings de l'épéiste se ferment avec violence. Mais il est hors de question que j'attende de voir les Dénés, les exilés, les rancuniers et n'importe qui d'autre aux portes de Skythiai pour réagir. Le regard de la Supernova rencontra celui de l'ancienne tueuse à gage. Et dans cet échange, les mots laissèrent la place à un silence qui dura sans pour autant être pesant pour l'une et l'autre. Après des années à voguer ensemble, souvent contre vents et marées, les deux femmes pouvaient communiquer et le faisait d'ailleurs plus souvent sans s'adresser la parole.

- Tu joues avec le feu Izumi. Si ils avaient fait pareil ...

- Je n'aurai rien eu à redire, même si j'aurai probablement pas digéré la nouvelle. Nous jouons un jeu dangereux Elizia, il n'y a pas que moi et mes décisions dans la balance. C'est un conflit qui se prépare à l'horizon, en attendant chacun essaie d'augmenter sa zone d'influence, les Dénés sont certainement plus doué pour la guerre que la politique mais ils ne sont pas écervelés. Ils ne sont pas descendus directement pour se venger, c'est donc que tout là haut, il se passe quelque chose. Et j'aimerai autant savoir quoi, profiter d'une invitation de ces ... Son index et son majeur sur son front, massant la zone comme pour en faire sortir l'information. Dakelh, est une bonne manière de récolter des informations tout en gardant un profil "neutre" et ainsi ne pas donner aux Dénés une raison de faire preuve de représailles.

- Et si, les Dénés décident de faire fis des règles, de l'éthique ou bien qu'ils refusent de jouer à l'amiable ? Qu'ils considèrent, et à juste titre, la présence d'une de tes lieutenantes très, trop proche de leurs "frontières" ? Le fond de la pensée, Elizia voulait entendre clairement Izumi dire ce qui se passerait, quand inévitablement les choses tourneraient dans une direction non désirée, encore que la seconde de l'Iron Fleet commençait de plus en plus à penser que l'Armure souhaitait que la tension augmente et qu'un conflit éclate, si celui-ci était prédestiné à arriver, la demi-géante avait tout intérêt à en maîtriser les aspects autant que possible.

- Alors il arrivera ce qui s'est passé, se passe et se passera lorsqu'on lève la main contre l'Iron Fleet, ses membres ou ses alliés. Un sourire sur le visage angélique de la forgeronne, ses iris fixant le sol et ses poings se fermant de nouveau. Ils apprendront dans le sang et la douleur à ne pas réitérer l'opération.

Enfin de l'honnêteté, Elizia ferma ses dossiers et les rangea dans ses tiroirs. Sortant une cigarette et la portant à ses lèvres, sans jamais l'allumer. Tout comme son interlocutrice, elle avait délaissé le tabagisme en posant les pieds sur l'île. Parfois, lorsque la situation le permettait ou que la pression était de trop, elle sortait une cigarette et ne l'allumait jamais. C'était sa manière de tester sa volonté, et surtout de constater que sa détermination, que ce tube de tabac représentait en réalité la solution de facilité, et pour les deux femmes à la tête du peuplement.

Rien ne serait jamais plus facile, alors oui finalement elle comprenait un peu mieux le comportement et les décisions provocatrices d'Izumi.

Taper était plus facile que de négocier, et si les Dénés devaient devenir un symbole de ce qui arriverait à ceux s'en prenant aux filles de la demi-géante.

Ils le seraient.
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- Si je résume, je dois allez en territoire "ami" à deux pas du domicile de la tribu que nous avons défait et qui ronge son frein depuis ? Le tout sans escorte, laissant ma sécurité au soin de nos nouveaux alliés qui sont, soit dit en passant, maître cavaliers mais pas fantassins ni montagnards réputés ? Accoudée au bar de l'unique établissement au sein des quartiers de la garnison, la nyctalope avale la couleuvre. Sur son visage se lisait l'exaspération, l'incompréhension et surtout une certaine amertume. Les décisions d'Izumi ne faisait pas l'unanimité, et depuis l'affrontement contre les coalisés, des "critiques" s'échangeaient entre les différentes membres du cercle intérieur de l'Iron Fleet. Des reproches, et surtout une déception, les dix lieutenantes avaient étés pendant un long moment l'unique forme de conseil qui gravitait autour de la demi-géante. Depuis le début de la "colonisation" de l'île, et l'apparition d'un second cercle de confiance plus restreint autour de l'Armure, certaines se sentaient délaissées, trop sous-exploités ou mal utilisés. Et cela continuerait avait estimé la forgeronne, jusqu'à ce qu'elle ne trouve un rôle à chacune de ses filles, que chacun de ses contingents n'ai réel occupation. L'oisiveté, la paix , le manque d'activité et de tâches intéressantes à abattre, une sorte de fatigue général qui risquait de se répandre.

Eata n'était pas de celles-ci, habitué à être dispatché loin de ses pairs, son rôle et ses compétences particulières la rendait primordial dans bien des situations. Charpentière en chef de la flotte de fer, et surtout la seule compétente, après les Mohaves c'était désormais à une autre tribu qu'elle devait montrer ses créations et ses capacités. Jamais la femme de fer ne l'aurait envoyé si la sixième lieutenante avait refusé. Mais qui ne dit mot consent, et les défis qu'elle devrait relever l'intéressait plus que l'exploration d'une île-continent qui finirait par appartenir à sa capitaine et à ses sœurs. Des navires capable de remonter des cours d'eau ? C'était un défis de taille, principalement parce qu'Eata était habituée à s'occuper d'embarcations, de bateaux conçus pour la mer et résister aux intempéries, tempêtes, abordages. En somme naviguer dans des rivières, torrents et cours d'eau était inédit et inconnu pour Eata Yui, pour autant cela ne l'inquiétait pas.

Non c'était d'avantage sa sécurité à désirer qui lui causait des sueurs froides, n'ayant aucune envie de finir comme otage des montagnards ou pire comme victime de la fureur vengeresse de ces derniers. La situation était complexe, mais son rôle l'était moins, en soupirant et descendant sa choppe, Yui tourna son visage vers la femme à sa droite.

- Je suppose que mon départ est imminent ? Question rhétorique.

- Après demain, tu ne resteras pas aussi longtemps que chez les Mohaves, et au moindre signe de danger j'ai pour ordre de mener une opération conjointe avec les Kipagīros pour t'escorter jusqu'aux Hauts Plateaux.

- Non.   Pardon ? Mae, ta spécialité c'est la cavalerie, et les Kipagīros ne sont pas encore assez compétents. Ou plutôt je n'ai pas encore assez confiance du moins actuellement dans leurs capacités martiales lorsqu'ils sont dépourvus de leur montures, pour mettre ma vie entre leurs mains. La huitième lieutenante haussa les sourcils et un instant sur son visage d'habitude si neutre, le toupet et les paroles de Yui eurent pour effets d'y dessiner l'expression de la vexation et d'une colère. Passagère bien sur, Noh se reprit et haussa les épaules en demandant à la serveuse de remplir de nouveau son verre. Alors que préconises tu? Les désaccords et les propos secs n'empêchaient pas l'impartialité et le pragmatisme, la cavalière ne pouvait arguer ou protester contre le fond des propos pourtant légèrement blessant de sa camarade. Si jamais la situation venait à dégénérer, et que j'avais besoin d'être exfiltré je veux un commando des guerrières d'Idranel et celles d'Ahuic.

Noh ne répondit rien, se contentant de porter son verre à ses lèvres. Acquiesçant, avant de se lever et de poser une main sur l'épaule de son interlocutrice. Je ferai remonter tes doléances, fait attention à toi Yui et revient en un seul morceau. Et la huitième lieutenante se dirigea vers la sortie, la nuit était déjà tombée mais il restait fort à faire. Merci ma soeur, puissions nous nous retrouver dans de meilleurs circonstances. Répondit Eata, d'un ton presque mélancolique, il n'y aurait pas de distance ni de fossé qui s'installerait entre elle et ses consœurs, cela faisait désormais assez de temps qu'elles bataillaient côte à côte, pour que la relation les unissant dépasse le simple statut de collaboratrices, plus que des camarades, l'unité était fragile mais l'entraide ne serait jamais brisé.

Qu'importe les risques, qu'importe la situation. Coudes à coudes, dos à dos elles surmonteraient tous les défis, la première réussite d'Izumi c'était ça, d'avoir créer plus qu'un équipage et même si le mot famille sonnait et était niais et trop romancé pour correspondre à la réalité, c'était bien ce qui correspondait le mieux à l'état actuel de l'Iron Fleet.
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Tout était une question de point de vue.

La défaite des Dénés et la mort du champion de la tribu avait fait du bruit, et comme le feu aux poudres s’était répandu vite. Trop vite pour que le Roi des Dénés ne puisse contrôler la narrative à ce sujet, en enjolivant les faits et mettant en avant ses guerriers. Des Hauts Plateaux à la Côte Blanche, quasiment toute la partie Ouest de l’île-continent. Les hommes-loups étaient réputés pour être invincibles, ce qui excusait en partie la brutalité de leurs « échanges » et demandes envers les autres tribus. L’intimidation ne marchait que si chaque tribu qu’ils racketaient les craignait, Kharn avait hésité à répudier les survivants, les forcer à l’exil et la mort au combat pour qu’ils ne se rachètent une image. Mais s’était très vite ravisé, le Roi loup aurait besoin de toutes les forces disponibles. Un nouvel assaut contre les positions des étrangères et des éleveurs chevaux pouvait certainement se solder par une victoire, mais c’était un long conflit qui se profilait à l’horizon. Contrairement aux expéditions punitives et éclaires que les Dénés avaient pour habitude de mener contre les inconscients refusant de se plier à leur volonté, les guerrières de l’Armure maîtrisaient aussi bien l’art que la guerre que ses braves.

Aussi, quand les tribus refusant d’accepter le joug des étrangères sur la Côte Blanche s’étaient présenter aux portes des Dénés, Kharn les accueillis volontiers et ordonna qu’on entreprenne des travaux pour aménager des anciennes grottes et salles taillés dans la roche depuis des générations laissé à l’abandon. Et si ces renforts lui redonnaient du baume au cœur et le sourire, il retrouva rapidement son humeur maussade en écoutant ses conseillers lui expliquer avec de savants calculs que leurs provisions et leurs réserves de nourritures ne permettraient pas de subvenir aux besoins d’autant de monde sur le long terme.

La politique des Dénés se reposait sur l’ordre naturel des choses, une hiérarchie dans la chaîne alimentaire au sein de laquelle ils étaient au sommet. On les payait pour éviter que les guerriers-loups ne viennent enlever les enfants, on les payait pour la protection et mettre fin à des conflits. Si les Dénés devaient se mettre à l’élevage et aux tâches d’habitude réservé aux être faibles, son peuple ne survivrait pas. Ils étaient incapables pour la plupart d’entrevoir autre chose que le combat comme avenir, la majorité refuserait l’idée même de changer de mode de vie. Le revers de la médaille, le poids à payer après des générations à entretenir l’idée qu’eux seul étaient destiné à la grandeur, qu’ils étaient les protecteurs de l’île. Des loups parmi un océan de moutons, pour finir par découvrir amèrement que le monde extérieur regorgeait de prédateurs d’un autre acabit. Il y a toujours plus fort que soit, c’est ça le véritable ordre naturel, des plus gros poissons donnant une leçon d’humilité à ceux ayant un égo mal placé.

Salvateur pour les tribus subissant, le début de la fin pour ceux les « oppresseurs ». Sur son trône de pierre, derrière son heaume mortuaire il enrageait. La situation pouvait rapidement devenir critique, surtout que désormais les étrangères avaient bien plus d’alliés que n’en avait jamais eu son peuple. Mais cela changerait, s’ils voulaient survivre ils devaient s’adapter. La meute changerait d’approche, à commencer par s’assurer que les territoires bordant leurs frontières et leur arrière-cour soit bien sous leur contrôle.

Et cela impliquait que leurs voisins les plus proches : les Yupiks, dont les négociations duraient depuis trop longtemps au goût du Suzerain des montagnes. Aussi grand que trois hommes, la génétique et le sang qui coulait dans ses veines était le résultat de générations de sélections naturels ne laissant que des surhommes à la tête des Dénés. Il avait eu deux frères auparavant, et son défunt géniteur ne les avait pas tué à la naissance. Kharn était l'aîné mais certainement pas le prédestiné au pouvoir. Mais les deux cadets avait tentés chacun leur tour de défier leur père pour s'assoir sur le trône. Kharn avait attendu, aussi longtemps que possible profitant des enseignements et de la présence de son paternel avant de prendre les armes. Le Roi devait mourir pour qu'un nouveau ne prenne sa place, la tradition garantissait ainsi qu'un guerrier et un être fort ne dirige la meute.

La force, c'était cette force qu'oubliait et se moquait éperdument les Yupiks. Il avait perdu son champion et alors ? Parce que les Dénés semblaient subitement être plus polis et mettre des formes, c'était forcément de la faiblesse ?! Manquant de faire exploser les accoudoirs en pierre de son siège royal, Déné Kharn se leva et immédiatement une ombre s'agenouilla aux pieds du dirigeant.

- Deux nuits, pas une de plus. Masse nos forces dans leurs terrains de chasses, qu'ils sachent que dès que les délais seront passés nous les considérerons comme ennemis.

La voix caverneuse du colosse au masque mortuaire résonna dans l'immense halle aux piliers de pierres sur lesquels des inscriptions ancestrales disparaissaient un peu plus à chaque génération, et tous l'entendirent. Si la politesse était prise pour un signe de faiblesse, si les vautours pensaient à tort que la meute dépérissait ils seraient tous surpris. D'abord les Yupiks, puis ces chiens de Dakelh, ils reconquerraient mètre par mètre leurs territoire au besoin. Les étrangères seraient chassés et les impies châtiés. Bientôt le Roi le sentait, bientôt il prendrait les armes pour défendre son peuple et sa culture.

Bientôt il prendrait les armes pour se gorger du sang de ces chiennes. Bientôt le hululement de milliers de loups résonneraient sur les Rocailleuses, et avec le début du temps de la guerre.
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En terrain inconnu.

- Cinquante.

La sueur tombant du visage angélique, le regard corindon fixé droit. Seule, comme rarement elle pouvait l'être, Izumi ne trouvait pas le sommeil. Fatiguer le corps, une séance d'entraînement nocturne, impossible pourtant de faire le vide dans son esprit. Les nerfs étaient tendus, et la pression ne redescendait pas, pire elle ne faisait que monter à mesure que la situation évoluait. Elle ne répéterait pas son manque d'attention, plus jamais ses filles n'auraient à souffrir de ses mauvais choix. Les conséquences de la Coalition avaient laissés des stigmates, des pertes inutiles et une catastrophe évitée de peu, les habitants de la Côte Blanche n'étaient pas des guerriers par nature, à la différence des Dénés. Les guerriers loups auraient submergés et terrassés les éleveurs de chevaux et même les guerrières de l'Iron Fleet si la demi-géante n'avait pas vaporisé leurs rangs. Izumi ne pouvait être partout, et c'était pourtant en frôlant le désastre que s'endurcissait l'Iron Fleet, il fallait régler le problème du peuple loup.

Une cohabitation, même précaire permettrait à Skythiai de se développer et à la Supernova de réfléchir à la suite des évènements. Une escalade et un conflit ouvert la forcerait à jouer sur le terrain des montagnards, dans la précipitation et en réaction.

- Cent.

Les nerfs étaient tendus, et Izumi ne les passerait pas sur les mannequins d'entraînements ni même sur ses subalternes, le serpent ailé patientait, viendrait l'heure ou elle connaîtrait l'identité et le visage du chef ennemi. Ce n'était que ça finalement, un affrontement entre deux personnalités. Et pour cohabiter, il fallait forcer les Dénés à courber l'échine, il fallait les empêcher d'agir et museler la meute. Personne n'était dupe ni naïf, une trêve était un meilleur terme que la cohabitation, l'Iron Fleet n'arrêterait pas son développement et son tour de l'île-continent. Et en face la haine était trop grande, pour que ça se finisse autrement que dans un bain de sang.

- Cinquante.

Une porte s'entrouvre, le corps de la forgeronne se fige. Avant de recommencer une série de pompes, à cette heure tardive c'est forcément important. Elle l'espère en tout cas pour celle qui vient perturber son calme et son introspection.  Les Dénés ont rallié les Yupiks. La demi-géante hoche la tête, et l'ombre referme la porte. Lentement le corps sculpté se lève, les articulations craquent, et Izumi hausse les épaules. Les jeux sont faits, le prochain coup est facile à prévoir et pourtant l'Iron Fleet ne peut réagir à temps. En silence, la forgeronne essuya son visage et se dirigea vers les bains, plongeant dans l'eau brûlante des termes et s'immergeant complètement. L'impuissance, une nouvelle fois ? Alors que c'était précisément tout ce qu'elle voulait prévenir ? Cinq minutes, pas une de plus.

Etre mise devant les faits accomplis, dans la réaction et la précipitation malgré tous ses efforts ? Non. Pas cette fois, qu'importe comment la jeune femme tiendrait ses résolutions et promesses.

L'air claqua, et la Lune illumina l'espace d'un instant une figure monstrueuse volant à toute allure vers les Rocailleuses. Pas de rugissement, pas d'accès de rage, une colère aussi froide que la neige des cimes montagneux. Qui ne se dissiperait pas jusqu'à ce que le problème des guerriers loups soit réglé de manière définitive. L'Iron Fleet ne vivrait pas dans la crainte, la peur, après avoir traversé vents et marées. Le ton serait durcis et Izumi n'était pas du genre à parler dans le vent.

La foudre frapperait Terra Incognita, la tribu Déné vivrait dans le deuil.

Mais ses filles et le reste de l'île vivrait dans la paix.

[...]

- Changement de plan, vous escortez les femmes et les enfants, anciens et tout ceux refusant de combattre. Je reste ici. Même derrière le masque à la couleur ivoire d'Idranel, Eata y devina l'incompréhension et un air circonspect. Fait ce qu'elle te dit Idranel. La charpentière tourna son attention vers celle qui venait de trancher en sa faveur. Azti "Nequalli" Ahuic, la plus récente des membres du premier cercle de l'Iron Fleet et native de l'île afficha un sourire, une main dans sa chevelure l'autre tenant fermement sa lance. Pas d'excès de zèle charpentière. Ta mort ferait couler trop de sang inutile. Barrière de la langue ou pas, la franchise de la gardiennes des rites arracha un sourire jaune à la charpentière.

- Merci de vous souciez de mon sort, cheffe Ahuic. Répondit poliment Eata Yui, un excès de zèle ? La nyctalope ne savait elle même pas vraiment pourquoi elle restait, pas vraiment attaché aux Dakelh autant qu'aux Mohaves, ni au climat relativement frisquet de la région. Nous avons le temps de monter des barricades, vos contacts chez les Yupiks vous ont donnés des nouvelles ? Ils viendront surement une dernière fois, mais les communications s'arrêteront très bientôt. Les Dénés ont implémentés les guerriers Yupiks dans leur horde... Un silence.

- Offrons leur une dernière chance, et voyons combien sont réellement de notre côté. Que ceux qui refusent de vivre sous le joug du Roi des Montagnes viennent à nous, ce soir pendant les derniers préparatifs de nos ennemis. Ils seront trop occupés à festoyer et à se préparer qu'à payer attention aux non combattants. La native acquiesce avant de lever son index droit.

- Et ceux qui n'auront pas le choix, les enrôlés ? Questionna Nequalli d'une voix calme. J'ai une idée ... Répondit la nyctalope.
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- Reculez ! Ils ne pouvaient faire autrement.

A flanc de montagne, sur des chemins escarpés avec la roche d'un côté et le vide de l'autre. Des affrontements périlleux, et surtout mortels. Les malheureux perdant l'équilibre, hurlant en tombant marquaient les esprits à vie. Eata ne le cachait pas, elle avait peur. Tout comme le Yupik qui abattit sa hache, le coup paré par le sabre de la charpentière. Les regards se croisèrent et la lieutenante de la demi-géante vit le visage tordu par le désespoir de son adversaire. La peur omniprésente dans les deux camps n'avait pourtant pas le même effet. Payait enfin les entraînements draconiens, une discipline militaire et les privations de sommeil. Les sens affutés lorsqu'elles se retrouvaient dos au mur, pour ne pas céder à la panique et commettre l'erreur de trop.

Un coup de tête, pour sonner son opposant, puis un revers du pommeau de son arme pour faire tituber le natif. Chancelant comme une feuille en automne, il ne remarque que trop tard que son pied est dans le vide. Eata Yui ne détourne pas le regard, l'instant d'après il n'est plus là. Disparu à jamais, pas besoin de penser à son sort, la nyctalope recula en collant les rebords et la roche. Le rapport de force était trop désavantageux, Nequalli et ses Jade Panthers avaient déjà battus en retraite. La neige, l'altitude et la topographie jouait en la défaveur du groupe généralement habitué à combattre dans la jungle et au sol.

Seul les Iron Banshee combattaient encore aux côtés des guerriers et volontaires Dakelh. Idranel en particulier semblait s'épanouir là ou les odes étaient les plus en la défaveur de l'Iron Fleet. Seule, sur une pointe enneigée, autour d'elle le corps des malheureux s'étant approché trop près. Mais pas seulement, ses filles aussi gisaient dans le sol immaculé, leurs armures sans vie au milieu de ceux de leurs adversaires. La dixième lieutenante était à la tête de l'un des groupes les plus zélés de la flotte de fer, et celles qui accompagnait Idranel étaient de parfaite copies de leur meneuse. Préférant mourir, et gagner du temps que de perdre du temps en concédant du terrain.

Toujours les mêmes qu'on enterre. Le masque mortuaire et l'armure couleur ivoire couvert d'éraflures et d'éclaboussures de sang, mais pas le sien. Des lames jumelles en main, Idranel inspira l'air frais et vivifiant des Rocailleuses au travers de son heaume. Sur son promontoire, elle bloquait l'accès à l'avant-garde de la colonne envoyé par les Dénés. Les Yupiks avaient bien rejoint le camp du peuple-loup. Sans jamais condamner les centaines de membres de la tribu ayant rejoint les Dakelh et le camp des étrangères. Et même si ils étaient des victimes collatérales du conflit opposant le Roi des Montagnes à la forgeronne, les Yupiks sensible et partisans du dialogue avaient tous affiché un bandeau autour du bras, histoire de bien faire la distinction entre les bons et les mauvais.

Espérant vivre dans n'importe quel situation, obéir aux Dénés mais ne pas combattre leurs ennemis tout en étant réquisitionnés. Jouer sur tous les tableaux à la fois, un jeu dangereux qui ne marcherait pas éternellement. Un choix, un vrai, s'imposerait aux Dakelh de lui même.

- Idranel, assez ! S'époumonait la charpentière, en vain, la dixième lieutenante n'entendait pas obéir à sa consœur. Nequalli absente, ce n'était certainement pas la nyctalope qui obtiendrait quoi que ce soit de la part de la guerrière à l'armure blanche osseuse. Les bras en croix, murée dans son silence habituel, elle raillait ses ennemis, en dépit de la situation. L'on sauta pour mater l'insolente, une dizaine de Dénés et de Yupiks se jetant en même temps sur la position de l'étrangère. Idranel sauta, comme un félin hors de la cohue, sur les épaules d'un d'entre eux elle réattérit. Un autre bond et ses lames jumelles coupèrent membres et chair, le cri de sa victime s'arrêta rapidement lorsqu'une de ses bottine s'écrasa sur le crane du malheureux. Toujours sans prononcer le moindre mot, elle se jeta sur le reste du groupe.

Agile, mouvant son corps, contorsionnant ses articulations. Sans grande gerbe de sang, les corps inertes tombaient comme des poupées de chiffons. Et même si les coups cabossaient son armure, qu'elle valdinguait parfois en jouant trop avec ses limites, Idranel se relevait toujours alors qu'Eata continuait d'hurler en arrière-plan. Lorsque l'une des lentilles de son heaume se mit à craquer, la dixième lieutenante accéléra. Et pourtant, qu'importe combien tombaient il en venait toujours plus. Elle cesserait d'exister ici, sur ces pythons enneigés, au bout du monde connu sur une île gigantesque contre des autochtones, une mort digne et anonyme. Une mort honorable, ayant servis à quelque chose, une mort pas dénué de sens c'était tout ce dont elle rêvait.

-  Ton heure n'est pas encore venu Idranel.

Une horde se dirigeant vers elle, l'instant d'après des corps sectionnés de manière chirurgicale. Une lame d'air finissant sa course dans les montagnes, et une voix reconnaissable entre toutes.

- Et elle ne viendra pas, jusqu'à ce que tu trouves un sens à ta vie. Tournant son heaume, Idranel se laissa tomber à genoux dans la neige, les bras tombant. Volant de ses quatre ailes dans le dos, le regard corindon fixant la colonne adverse qui n'avançait plus depuis son arrivée : Izumi, avait volée aussi vite que possible au secours de ses filles.
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Aucun avertissement.

Sa bouche, non sa gueule à la manière des plus gros serpents s'ouvrit de manière inhumaine. Et malgré le froid, malgré l'altitude et les risques potentiels, Izumi frappa. Le rayon de foudre n'atteignit pas que les Yupiks et Dénés, et si la demi géante n'avait pas revêtit l'apparence du Serpent Ailé, la montagne encaissa elle aussi l'attaque de la Supernova. La colonne s'arrêta net dans sa progression, et l'avant garde des Yupiks se mit même à reculer. Les montagnards n'étaient pas tous aussi téméraires que les Dénés, les sujets du Roi Loup se mirent à pousser leurs nouveaux alliés, lançant lances, haches en direction de l'étrangère. Et comme souvent dans les situations de ce genre, ce fut seule que l'Armure fit face au danger.

Le fluide de l'armement recouvrant ses membres, la forgeronne repoussa les projectiles avant de frapper les Dénés comme oiseau de proie. Eux ne flancheraient pas, eux ne céderaient plus à la panique aussi facilement. Ce n'était pas les mêmes que ceux qui avaient tentés de châtier les éleveurs de chevaux des Hauts Plateaux. Ici ils étaient chez eux, ici l'opposition serait la plus farouche. Ils défendaient leur foyer, la présence des Yupiks devait également jouer dans les comportements quasi suicidaire que constatait la demi géante. Un coup de pied pour briser les côtes d'un téméraire, et avant qu'elle ne puisse l'achever deux autres lui sautent dessus.

Une impasse, céder à ses pulsions et la facilité d'un bain de sang n'aiderait pas sa cause. Au contraire, en arrière plan les Dakelh et les siennes ne quittaient pas des yeux la scène. Et plus les Dénés se jetaient sur elle, plus la Supernova avait du mal à se contenir. Garder les idées claires, improviser une solution dont elle avait tant besoin. Trop de camps, trop de détails à prendre en compte. Même combattre, même guerroyer était devenu compliqué, parce qu'elle refusait la facilité.

Parce qu'elle voulait devenir quelqu'un d'autre, et qu'Izumi se le répétait en boucle à chaque fois que le précipice et l'impatience la gagnait. Son bras droit empoigna la main de son ennemi, et la demi géante força l'inconscient à genoux. Ses iris améthystes figèrent le natif et avant que son autre main ne sépare la tête du malheureux du reste de son corps, une pierre tomba sur la tête de la Supernova.

Une autre aux pieds de sa victime, puis deux plus grosses. Et tous comprirent, locaux ou non, et pour les plus lents le déchirement qui retentit changea dramatiquement la situation. La panique s'empara de la quasi totalité des acteurs en présence. Les Yupiks se bousculèrent en désordre, abandonnant blessés dans une cohue la plus total alors que les guerriers Dénés s'époumonaient pour maintenir un semblant de cohésion.

Néanmoins ceux derrière celui que retenait Izumi, étaient déjà partis sans un mot laissant leur camarade seul à son sort. Les deux paires d'ailes dans son dos, la Capitaine de l'Iron Fleet jura en se jetant dans le vide. Avec le Déné, sans se retourner, volant aussi vite que possible en direction de ses filles et des Dakelh. Son corps se couvrit entièrement du fluide du combattant.

La neige rattrapa le Serpent, et tout deux chutèrent pour s'écraser à travers la roche. Ce fut la forgeronne qui fit office de coussin d'atterrissage pour son ennemi. Avant que la neige ne s'abatte sur eux.

Ce jour ci, sur un versant de montagne les Rocailleuses et l'île mit fin aux affrontements.
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Seul.

Tous le fuyaient, et ils avaient raison. Et ses deux compagnons canins partageaient sa mauvaise humeur, le suzerain avait songé à jeter en pâture à ses loups la délégation Yupik. Ces couards avaient osés réclamer des offrandes et des compensations pour les familles de leurs morts. Comme si ils étaient les seuls à avoir souffert de la violence et la perfidie des étrangères. Enrageant, le dirigeant s'était enfermé dans ses quartiers et avait même refuser d'ouvrir à sa progéniture, ses deux filles. Congédiés ses conseillers attendaient comme tout un peuple que l'humeur du chef de meute ne change, il était l'Alpha et tous suivaient ses décisions, ce n'était pas entièrement une défaite cela dit. En face on déplorait aussi des morts avant l'avalanche, et surtout désormais aussi faibles qu'ils étaient, les Yupiks étaient en majorité du côté de ce qui ressemblait de plus en plus à une seconde coalition.

Et avant qu'il ne rende son verdict, on ouvrit les portes. Qui osait ? Qui voulait braver ses ordres, qui souhaitait rejoindre ses ancêtres ? L'attitude de Kharn changea du tout au tout en posant derrière son heaume, les yeux sur le malheureux. Deux béquilles, des bandages sur une partie du visage mais vivant. Constatant que son invité était chancelant, le Roi des Dénés invita son congénère à s'assoir et écouta avec toute son attention ce qu'avait à dire le survivant.

Deux heures plus tard, le rescapé ressortit et raccompagné, Kharn appela les meilleurs docteurs de la tribu et ordonna que cet homme reçoive les mêmes soins et attention qu'on réservait à la royauté. Sans questionner les ordres du suzerain, le bruit gonfla et s'amplifia. Aussi lorsque le colosse à la barbe rousse sortit à la lueur de la lune, il trouva une foule l'attendant et s'agenouillant à sa vue.

Il n'était pas qu'une brute sanguinaire, mener à sa perte son peuple juste pour vaincre ne valait pas le coup. Pas que Kharn n'ait renoncé à mettre sur une pique le crane de l'étrangère. Non bien au contraire, mais le Momentum n'était plus le sien. Il avait besoin de temps, juste assez pour construire une redoutable force et déferler sur les positions des envahisseuses avant que plus ne débarquent.

Un cessez le feu, elles ne fouleraient pas les pieds sur les Rocailleuses si eux s'engageaient à ne pas entamer des représailles envers les traitres de la tribu Dakelh et les Yupiks ayant reniés les leurs ...

Une zone démilitarisé, l'environnement dans lequel vivaient le peuple loup et leurs alliés était sensibles aux pouvoirs maléfiques de la cheffe des étrangères. Et si elles ne traversaient pas les Rocailleuses, Kharn se garantissait de pouvoir contenir l'influence de ses ennemies à la région qu'elles contrôlaient déjà. La reconquête serait âpre mais au moins le reste de l'île continent n'aurait pas à subir ni craindre le règne tyrannique et les méthodes barbares de ces femmes.

Et puis un cessez le feu était aussi fait pour être brisé et le plus tôt serait le mieux.

***

La paix.

Fébrile, l'Iron Fleet n'irait pas plus loin dans cette région. La zone tampon et les frontières avaient néanmoins étés repoussées, les Dakelhs préviendraient désormais de toute incursion adverse. Ce qui signifiait que la pression sur les épaules des Kipagīros diminuait. Permettant ainsi aux cavaliers des éleveurs de chevaux de devenir une véritable force armée, capable de défendre non seulement les territoires des Hauts Plateaux mais si les efforts continuaient, d'être aussi compétent à pied.

- On se prive donc de l'autre partie de l'île ? De ce qui se cache derrière les Rocailleuses ? Et la "brèche" dont parlent les Kipagīros, pourquoi ne pas voler au dessus ?

Le visage tuméfié de la forgeronne, de son œil à moitié ouvert, Izumi jeta des couteaux à sa seconde. Crachant un mélange de bile et de sang, la Capitaine secoua la tête.

- A la différence des Dénés, nous ne sommes pas limités aux Montagnes. Nous avons promit de ne pas traverser les Rocailleuses, rien ne nous empêche de naviguer jusqu'à ces territoires inexplorés.

La sémantique, ou une mauvaise foi.

Mais le jeu d'influence continuerait.
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