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Truite émissaire (PV avec Alcea)

Forçat, on ne l’était pas nécessairement les chaînes aux pieds. La liberté, quoi que pouvait en dire la Révolution, était une considération qui allait encore bien au-delà de l’esclavage institutionnel. Un Homme, parce qu’il n’avait pas eu le choix ou, parce qu’il avait manqué d’ambition et d’amour-propre, pouvait décider d’être exploité ; d’appartenir à autrui en lui abandonnant son destin. Esclave, on l’était plus souvent des circonstances que d’un seul maître.

Le Royaume de Bliss, perché qu’il était à des sommets inégalés pour ce qui se rapportait à son opulence, devait – comme tant autres – sa prospérité aux moins biens lotis. Au fil des générations qu’on égrainait, les exploités d’hier, à prendre appui sur le dos courbé des exploités de demain, s’extirpaient de leur condition d’alors pour goûter, eux aussi, à quelques modestes semblants de luxe. Ainsi naissait la classe moyenne.
Dans les ateliers de Portgentil, là où le labeur y était rude car incessant, bon nombre d’ouvriers et autres artisans avaient prêté leurs compétences et leur énergie à confectionner quelques merveilles nautiques pondues depuis le chantier naval de Bliss. Véritable poumon économique du Royaume, celui-ci, derrière les murs épais de ses manufactures, dissimulait cependant une réalité autrement moins reluisante que celle colportée par la légende entrepreneuriale de ce petit joyau industriel.

Ici, on y travaillait dur, ici, on y travaillait bien ; mais on n’y œuvrait pas le plus honnêtement du monde. À mesure que l’abondance avait envahi Le Royaume de Bliss, la jeunesse avait pris le pli du luxe, se laissant aller à une relative indolence. Quand leurs aïeux, à défaut de mieux, n’avaient eu d’autres choix que de se retrousser les manches pour y faire naître cette superbe machine économique qui perdurait jusqu’à lors, les dernières générations, à ne jamais avoir manqué de rien, déconsidéraient à présent le travail. L’opulence faisait en effet le lit de l’oisiveté qui, progressivement, s’était immiscée jusqu’au fin fond des faubourgs les moins nantis de Portgentil.
Cet état de fait, pour regrettable qu’il fut, faisait cependant les affaires des exploiteurs. La noblesse occupée aux affaires navales, présentée à ce constat déplorable, avait opportunément profité de ce prétexte afin d’importer une main d’œuvre plus corvéable. La diaspora des hommes-poissons, disait-on, constituait un vivier de travailleurs robustes et prompts à courber l’échine. Le Gouvernement Mondial veillait en effet à ce que ce petit monde rentra dans le rang ; celui qui lui avait imposé de force.

Payés au lance-pierre lorsqu’on les payait, les amphibiens constituaient alors une main d’œuvre docile qu’il faisait bon exploiter. Ils n’avaient, autour des poignets ou des chevilles, aucune entrave qui justifia qu’ils soient considérés comme des esclaves ; mais ils étaient opprimés de fait et non de droit.
Jusqu’à ce qu’enfin, l’échine ne puis plus être courbée davantage sans qu’elle ne finit par se rompre. Des séditieux – dont on supputait qu’ils étaient excités par les révolutionnaires locaux en arrière-plan – avaient cessé le travail. L’inconvénient, lorsque l’on massait des opprimés pour profiter d’eux, tenait au fait que l’on finissait par être dépendant de leur main d’œuvre. Aussi, quand Jil De Raie enjoignit ses congénères à ne plus prêter leur concours à l’exploitation ; le chantier naval tourna brusquement au ralenti. De quoi ainsi atrophier le poumon de Bliss jusqu’à étouffer le tissu économique même de l’île toute entière. C’était à de pareils risques qu’on se frottait dès lors où l’on acceptait de dépendre des autres plutôt que de compter sur ses propres ressources. Les exploiteurs, à leur corps défendant, s’étaient eux aussi aliénés au nom du moindre profit.
Devant le plus imposant chantier naval de Bliss, quelques dizaines d’hommes-poissons s’étaient alors groupés sans esclandre afin que le meneur de leur faction les abreuva de cette Justice qu’il avait plein la gueule.

- Mes frères, le présent corporatisme était alors racialement très orienté, le Gouvernement Mondial et tous ses féaux, pour scélérats qu’ils sont, doivent reconnaître qu’ils ne sont rien - RIEN ! - sans notre travail.

- OUAAAAAAAAAAAAIS !

C’était extrapoler que de clamer pareils propos. La main d’œuvre des hommes-poissons, relativement à tout ce qui constituait l’appareil de production du Gouvernement Mondial, était franchement résiduelle. Toutefois, il fallait savoir galvaniser un auditoire lorsque l’on s’opposait à une structure qui aurait eu si vite fait de les broyer.

- Ils nous donnent des droits, ah ça oui, ils nous en donnent comme on jette un appât pour une carpe. Mais ces droits… ils se gardent bien de nous donner les moyens de les faire appliquer. Voilà ce que vaut la parole de cette engeance, le racisme, bien que diffus, laissait quelques traces dans le discours, elle vaut le prix de l’encre sur du papier ; c’est-à-dire rien !

- OUAAAAAAAAAAAAIS !

Avec une carrure aussi imposante que celle dont la nature les avait affublés, une soixantaine d’hommes poissons, lorsqu’ils tonnaient leur ferveur à grands cris, laissaient résonner leurs cris presque à travers toute la ville. Leur condition, dès lors, ne passerait pas inaperçue.
Chacun avait son avis quant à cette interruption de travail, maudissant des « ingrats » ou plaignant des « malheureux exploités ». Ce n’était en tout cas pas avec des jugements aussi lapidaires, qu’ils furent prononcés dans un sens ou dans l’autre, que la situation relative au travail à Bliss serait réglée.
Quelques locaux s’étaient massés autour de ces travailleurs amphibiens qui, dans leur mouvement de contestation pacifique, ne passaient décidément pas inaperçus. La Marine guetta elle aussi mais, sans qu’il ne fut question de violence dans le cortège, les effectifs mobilisés étaient restés spectateurs l’arme au pied avant de s'en retourner à la garnison.

- Ils voudraient que nous soyons ces caricatures qu’ils aiment faire de nous. Qu’on casse tout. Mais je vous dis mes frères, nous valons mieux que ça, parce que nous valons mieux qu’eux !

- OUAAAAAAAAAAAAIS !

- Oh l’autre eh.

Lorsqu’une masse compacte de gaillards à écailles, dont la taille moyenne avoisinait en plus les deux mètres et demi, se tournait vers vous avec de la fureur plein les yeux, un petit effet d’adrénaline – pour ne pas dire de trouille – chatouillait en principe aisément le système nerveux. Mais Alegsis Jubtion, en laissant échapper son commentaire qu’il crut passé inaperçu, n’était pas innervé comme le commun des mortels. Bien que fusillé du regard par des douzaines d’hommes-poissons en colère – ce qui enjoignait en principe à l’humilité – le chasseur de primes ne parut même pas en prendre conscience, persistant dans une série de commentaires qu’il pensait discrets, adressés à sa voisine dans la foule qu’il était venu rejoindre par curiosité.

- T’entends ça, demandait-il à cette inconnues aux airs impassibles qui, alors, avait eu la déveine de se trouver à côté de lui dans la foule tandis qu’il y alla de ses analyses de haut vol, les types sentent la marée, ils font que de la piraterie, et paraîtrait qu’ils valent mieux que nous.

Il avait beau avoir des regards braqués avec insistance sur sa mouille, il avait beau le voir, Alegsis, godiche et ingénu au dernier degré, restait là, avec ses yeux inexpressifs, à fixer devant lui sans même avoir saisi que l’assemblée avait laissé place au silence pour mieux l'écouter débiter ses inpeties. Il manquait de discrétion, monsieur Jubtion. De discrétion, de savoir vivre et du reste aussi. De tout le reste.

- Est-ce que monsieur voudrait nous éclairer de ses lumières ?…

L’homme-manta plissa ses petits yeux noirs et, derrière cette remarque aimablement formulée bien qu’imbibée d’une haine muette, avait pensé ainsi pouvoir intimider pernicieusement cet humain qui, dans son idiotie, portait sur lui toute l’intolérance de sa race à l’égard des hommes-poissons. Cependant, l’intimidation, bien que voilée, nécessitait que l’interlocuteur fut à même de savoir lire entre les lignes afin d’opérer un quelconque effet sur ce dernier. Et Alegsis, lire, il savait pas.

- Me voilà !

Il avait des choses à dire cet homme-là ; rien qui ne valait la peine d’être entendu cependant. Aussi ne se fit-il pas prier afin de faire l'exhibition de sa pensée complexe. Aussi, toute honte bue, de toute manière trop ingénu pour seulement comprendre à quel point il se vautrait dans l’indécence, Alegs se fraya un chemin à travers la masse compacte de travailleurs qui, chaque fois qu’il en bousculait un, ajoutait un argument de plus à la liste des raisons pour lesquelles on puisse vouloir l’écorcher vif.
Enfin perché sur l’estrade que s’étaient confectionnés ces habiles charpentiers pour l’occasion, Alegsis arracha presque le combiné l’escargo-microphone des mains du prêcheur écaillé pour aussitôt donner écho au vide qui lui résonnait en continu entre ses deux oreilles.  

- Salut ! Ébauchait-il avec cette jovialité déplacée qui ne lui faisait défaut qu’en de rares occasion. Je m’appelle Alegsis, je suis du Cimetière d’Épaves.

La seule présentation en disait bien assez long sur l’énergumène. Resté en retrait sur cette tribune qu'il partageait désormais, Jil glissa à son tour une pique bien sentie.

- Vous m’en direz tant.

La plèbe qui grouillait au Cimetière d’Épaves, cela se savait, était notoirement réputée pour sa rudesse de caractère et son imbécillité patentée. S’il en était en ce bas monde, que la vermine pouvait toiser de haut, c’étaient bien eux. Aussi ricana-t-on qu’un résidu rupestre de cette île fétide se donna présentement en spectacle. Alegsis Jubtion, à bien y regarder de plus près, n’était peut-être pas l’ambassadeur le plus idoine pour représenter sa race.

- Le gugusse, là, dit-il en pointant indélicatement du doigt ce meneur charismatique venu libérer les siens d’une exploitation indigne, il a vachement raison je trouve. Même si je comprends pas tout ce qu’il dit.

La remarque eut de quoi dérouter l’assistance en ce sens où cette dernière, clamée en ces termes, contrastait radicalement avec les précédentes remarques de l'énergumène. Car il avait l’air sincère, le bougre, à demi-survolté comme il l’était. Il en avait tellement l’air qu’il l’était.

- Moi, des hommes-poissons, ajoutait-il malhabile dans sa prose, je pense qu’il en faudrait partout sur les îles, pas juste les laisser dans des ghettos ou sous la flotte.

Déjà, il s’en trouva pour applaudir mollement à ce qui venait d’être dit du bout de mains palmées. Finalement pris au dépourvu par cet élan de tolérance inespéré dont le plaidoyer, en dépit de ce qu’il avait de démagogique et rudimentaire, savait viser juste, l’auditoire reconsidéra l’impertinent au regard de ce que ce dernier avait apparemment d’idéaux en communs avec les leurs.

- Faudrait qu’ils soient un peu plus libres de faire ce qu’ils veulent. Poursuivait Alegsis dans ses exhortations.

- Ouais. Souscrivaient dans la foule le ramassis d’écailleux.

- Faudrait qu’ils puissent prospérer parmi nous.

- OUAIS !

- Faudrait qu’ils puissent circuler où ils veulent et quand ils veulent sans qu’on les surveille sans arrêt.

- OUAAAAAIS !

- Faudrait qu’on les sorte de prison aussi.

- OUAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAIS !

Alegsis, à multiplier des requêtes comme il s’y attelait alors, avait fait sienne sans le vouloir une foule qui ne lui fut pourtant pas acquise d’avance. Entraîné qu’il était par la clameur d’une masse qui l’encensait si bien, le chasseur de primes brandît enfin le poing bien haut afin de ponctuer magistralement :

- Et comme ça, je pourrais récolter plein de primes !

- OUUUUUUUUUUUuuuuu… quoi ?

Quand on se plaisait à croire qu’Alegsis fut en mesure de faire preuve d’intelligence, il y avait toujours une chute à l’arrivée ; une dégringolade. Loyaliste comme il était, ce giboyeur d’hommes consentait à toute iniquité dès l’instant où celle-ci serait gratifiée du sceau « Gouvernement Mondial ». Pas idéologique pour un sou – car l’idée supposait un intellect préexistant – Alegs avait toutefois en tête ce qu’il fallait de bon sens pour ne pas mordre la main de fer qui lui assurait sa subsistance. En somme, il réfléchissait en terme d’intérêts de classe ; à supposer qu’un effort de réflexion fut alors entrepris par ses soins.
Candide au point d’en être involontairement suicidaire, il crut alors bon de développer sa doctrine et ce, sans que jamais son petit air sémillant et simplet ne vacilla. Car idiot comme il l’était, Alegsis Jubtion ne doutait jamais de rien.

- Bah ouais, persistait-il dans son outrance irréfléchie, parce que moi, je suis chasseur de primes ; je fais pas un métier facile contrairement à vous autres. Il en était sincèrement à se plaindre de sa condition de charognard au beau milieu une manifestation pour le droit et la dignité requise par des travailleurs opprimés. Tout le temps, faut que je course les pirates pour avoir mes sous, et ils sont pas faciles à attraper. Mais les hommes-poissons, ça, j’aime bien, parce que partout où ils vont, y’a du crime. Par-tout ! Insistait-il insouciamment. Du coup, y’a plein de primes qui sont distribuées et j’ai plus qu’à piocher vu qu’ils fuient jamais. C’est bête un homme-poisson. Donc, forcément, plus y’a d’hommes-poissons parmi nous, plus y’a de criminels, plus y’a de primes données à des poiscailles et mieux je fais fortune. Brillant, non ?

L’outrance – bien qu’involontaire – fut telle que l’assistance était restée comme pétrifiée ; terrassée. Le scandale, à cette assemblée-ci, ne parvenant pas à lui jaillir du gosier tant il était trop épais pour lui échapper de leur gueule à tous. Qu’on fut en mesure de tenir une position aussi insolente avec une telle bonhommie sidéra naturellement la foule.
Devinant son auditoire quelque peu partagé quant aux thèses qu’il défendait, Alegsis chercha à renouer avec la ferveur en populaire en concluant :

- Pour les primes sur les hommes-poissons, hip-hip-hip ….!

- TUEZ-LE !

- Non, il fallait répondre « Hourrah » C’est bête un homme-poisson.

Les premiers outils de charpenterie commencèrent déjà à fuser ; Alegsis les évitant à son aise bien que circonspect qu'il lui réserva un pareil plébiscite. Comme un ras de marée soudain, les travailleurs lésés se grimpèrent les uns par-dessus les autres afin d’avoir le privilège d’être les premiers à atteindre la tribune. Là s’y trouvait en effet un chasseur de primes dont tous n’auraient faits qu’une seule bouchée.

- Mes frères, mes frères ! Chercha vainement à les raisonner leur meneur. Il ne faut pas répondre à la provocation ! Mes frères ! Vous ne plaidez pas pour notre cause en agissant ainsi. Mes f…

Transfigurés, portant sur eux la sauvagerie des abysses, les pupilles révulsées sinon noircies, l’assemblée d’amphibiens réunis pour la peine, alors qu’elle céda à ce qu’elle estimait être une provocation délibérée, fit bien mauvaise presse à sa race en réagissant ainsi. Jil, afin de prévenir un drame et éviter qu’un casus belli ne justifia une intervention armée, attrapa Alegsis à la nuque et le jeta au loin afin de le soustraire de justesse à ses assaillants en approche. Rétamé la tête la première, le malheureux chasseur de têtes avait atterri à côté de cette même demoiselle à qui, plus tôt, il avait fait part de ses états d’âmes quant à l’engeance hybride qui voulait à présent lui faire la peau.

- Ces gens-là, bougonnait-il en se redressant de là où il avait échoué, toujours dans la violence, hein. C'est plus fort qu'eux. Remarque, ça fait mes affaires.

À Bliss, ce royaume où la paix sociale y était habituellement si bien négociée, une soixantaine d’hommes-poissons déchaînés donnait à présent libre cours à une rage débridée de concert. Cet élan de furie n’aurait alors su souffrir d’aucune borne si ce n’est celles administrées au bout de la gâchette.
Il s’en était alors fallu d’un abruti seulement pour discréditer l’entièreté du mouvement. Mais la réputation des hommes-poissons pouvait encore pâtir davantage. Il suffisait pour cela qu’on eut fait profession de leur nuire. Le Cipher Pol, tapi qu’il était dans cette foule humaine qui se délitait après avoir été spectatrice de la fureur ambiante, saurait faire de la présente plaie une bien vilaine gangrène. On ourdissait déjà les manigances.
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Surprenant, vraiment...

Je n'ai jamais aimé les chasseurs de primes, ces civils qui préfèrent se contenter de piller le gouvernement de ses ressources pécunières plutôt que de choisir de s'engager pour défendre les lois et les valeurs de notre merveilleuse politique. A telle point que j'essaye autant que possible de ne pas trainer avec cette engeance... Après tout, ne me suffis-je pas à moi même ? Bien sûr que si. Pour autant, je ne vais pas cracher sur une aide inopinée que je n'ai pas demandée. Et encore moins quand celle ci ne se rend même pas compte de ce qu'il peut bien avoir déclencher... Une petite émeute d'une manifestation qui a mal tournée ? Non... Ça ce n'est que le début.

- C'est presque trop facile...

Les mots m'échappent tandis que le génial benêt se relève à mes côtés en parlant de la violence des hommes poissons. Oh bien sûr, je n'ai que faire de ce qu'il peut me dire depuis tout à l'heure, bien que cela est assez distrayant de le voir se mettre dans un bourbier pareil sans même que je n'ai à l'y pousser. Était-ce mon intention ? Ça aurait pu. Mais tout est finalement arrivé si vite que je n'ai même pas eu besoin d'y réfléchir. Trop facile que je dis.

Est ce que j'aurai pu imaginé un tel scénario lorsque la magnifique étoile qui éclaire ma vie m'a demandé de venir ici pour gérer cette manifestation d'hommes poisson qui retardent les constructions de navires pour la marine en me demandant expressément de faire en sorte qu'il ne puisse jamais recommencer ? Non évidemment. Et même si personnellement je me contrefous des races de tout à chacun, je commence à me dire que ce chasseur et mon beau Basara ont bien raison de les traiter comme des êtres inférieurs.

Enfin, maintenant que la mèche est allumée et qu'elle brûle dans le bon sens, il serait aviser d'assurer que la bombe au bout de celle ci soit suffisamment de taille pour atteindre les attentes de mon vénérable Média.


- Ne pas répondre à la provocation ?! Mais on ne fait que ça "ne pas répondre à la provocation" ! Et où ça nous mène ?! A l'injustice et à la mort !

Un petit sourire illumine mon visage de brune tandis que je vois dans un autre coin de la foule mon double aux cheveux bleus par terre, tenant dans ses bras un corp inerte dont la gorge a été transpercée... Par le coup de semonce ? Mais les marines ne devaient-ils pas tirer en l'air ?! Si bien sûr, et c'est ce qu'ils ont fait. Mais mon petit doigt d'une main apparu sur la gorge du merlu lui s'est bien figé d'un shigan dans sa gorge avant de disparaitre sans laisser une seule trace. Ni vu, ni connu. Et ainsi, mon pauvre double transit de chagrin face à cette mort anonyme ne peut que pleurer à chaudes larmes pour insister sur le drame de la situation.

- Kenny !
- Mais ?! Quand ?!
- Les salauds !
- Ça ne peut plus durer ! Justice doit être faite ! Et si le Gouvernement est incapable de la faire, alors c'est à nous d'agir pour notre liberté !
- OUAAAIIIS!
- Non ! Attendez !...

Et cette fois, la colère est telle qu'aucun coup de feu ne saura la stoppée dans son élan. Et profitant de la cohue, je fais alors disparaitre mon double bleu pour être en pleine possession de mes moyens dans mon corps de brune.

Pauvres marines, ils vont surement faire l'objet d'une inspection pour savoir qui a osé tirer sur un civil au lieu de faire un coup de semonce. Enfin, c'est pas comme si j'en avais quelque chose à faire de toute façon. Ce qui est important maintenant, c'est de ne pas laisser la poudre retomber.

Je me tourne alors vers le benêt qui a initié tout cela sans le vouloir... A moins que ce soit un génie et que c'est exactement ce qu'il voulait ? Hm, cela m'étonnerait tout de même.

- Vous aviez raison, toujours dans la violence... J'espère que la marine sera efficace pour les empêcher de nuire plus sur ce port...

Évidemment, les autres civils rassemblés ici et qui ne se sentent pas plus concerné que cela par la cause que tente de défendre ce petit groupe d'individu se sont vite dispersés... Pour autant, on peut tout de même voire certaines âmes humaines venir à la rescousse de la racaille aquatique, pensant eux aussi que les idéaux d'égalités et de fraternités doivent s'étendre au delà des races et origines... De la graine de révolutionnaire ? Peut être bien. Dans le doute, l'ami de mes cibles sont mes cibles aussi...

De toute façon, à la fin, tout sera la faute des hommes poisson.
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Doté d'une perspicacité hors du commun pour ce qu'elle avait de déficiente, Alegsis sut tout de suite à quoi s'en tenir. Du moins, son idiotie persuada son ignorance qu'il fut suffisamment sagace pour le savoir. Son interlocutrice, il avait - et d'instinct - reconnu en elle la faible femme vulnérable et sans défense dont la littérature chevaleresque recelait à foison. Littérature qui échappa au chasseur de primes pour illettré qu'il pouvait être, non sans toutefois se retenir d'écrire un script de son cru.
Au milieu du désordre, déconcentré qu'il fut par les tirs de semonce d'une Marine déjà dépassée par les événements, il avait glané distraitement tout mérou à même de barboter dans la cohue. De ces gueules hideuses qui vociféraient sans grâce dans la discorde, Alegs n'en décela aucune qui répondit en miroir à l'un de ses avis de recherche. Dans le chaos ambiant, il n'y ferait aucune pêche fructueuse et de cela, il s'en navrait. Sur un pis-aller toutefois, n'étant que trop disposé à faire frétiller quelque spécimen dans ses filets, il s'était désigné une nouvelle cible. D'amphibien, il n'en raflerait certes aucun pour ce jour, mais une morue bien fraîche comme il aurait aimé en saler, il crut en trouver une en la compagnie de cette jeune demoiselle dont il pensa tout savoir d'elle.

Jouant les fier-à-bras - un rôle qui lui allait bien mal au teint - apparaissant alors plus pitre qu'il ne s'était déjà exhibé dans ce registre pour l'heure, Alegsis bomba le torse, leva le menton et se pointa du pouce. Ça n'était pas beau de montrer du doigt disait-on, mais ce qu'il désignait alors était plus laid encore que cette gestuelle frustre. Déluré, aussi expansif qu'il était sans-gêne, ce remarquable crétin, bien qu'il fut touchant dans ses franches maladresses, transpirait la roture et la balourdise sans même qu'on eut besoin de renâcler bien fort.

- Y'a rien à craindre ma petite dame, assura-t-il sans même déterminer à quel point la réplique était ringarde, vous avez rien à craindre tant que vous serez auprès de moi.

Elle avait tout à craindre aussi longtemps qu'à proximité d'elle, un véritable cataclysme ambulant se proposait de lui être secourable. Certaines mains tendues méritaient amplement qu'on les morde ; il en allait parfois d'impératifs de survie. Seulement, son aide, à trop vouloir frimer devant la demoiselle, Alegsis ne la suggérait pas : il l'imposait comme une impérieuse nécessité.

- De toute façon, la Marine, c'est rien que des branquignols. On peut pas compter sur eux

Les branquignoles, mobilisés qu'ils furent pour éponger ses âneries, se défendirent du mieux qu'ils purent en dépit d'une déficit flagrant d'effectifs pour endiguer la révolte. Des barils entiers entre autres larges résidus d'aciéries avaient été jetés sur des matelots en sous-nombre. L'affaire se présentait mal pour la Marine mais excellemment bien pour le Cipher Pol.

Le malheur des uns ; le bonheur des autres...

- Sinon. Quel beau temps aujourd'hui. Non ?

Aussi dégourdi qu'il était dans ses entreprises de séduction que pour discourir en public, l'Épavien mal dégrossi s'en remettait aux valeurs sûres.
La débandade était absolue, les hommes-poissons avaient fait reculer la Marine et se répandaient par-delà le port pour s'abandonner à un carnage alimentés par des années de brimades ; et lui, parlait du temps qui faisait au milieu des coups de feu et des hurlements d'agonie. Sa désinvolture n'avait d'égale que sa stupidité.

- Et si nous...

Fort heureusement pour lui et plus heureusement pour elle, Alegsis fut interrompu dans ses tentatives de batifolage alors qu'un goujat, un malotru même ; un homme de peu d'éducation en tout cas mais de beaucoup de violence, s'en allait vers eux au pas de charge. Un homme-poisson, sorti de la mêlée, avait eu dans l'idée - la bonne - de corriger les errements d'un chasseur de primes décidément bien trop irritant à son goût.

- ON N'EST PAS DES CRIMINELS ! Hurlait-il en s'approchant pour en découdre et cela, sans mesurer apparemment la triste ironie de ses propos. TU VAS PAYER POUR MES FRÈRES !

- Crains rien mademoiselle, je suis là pour te protéger ! Réagit promptement et héroïquement Alegsis tout en se dissimulant néanmoins à moitié derrière elle. Brush Crush ! Reprit-il après avoir usé de ce long pinceau long comme un balai pour, dans un geste vif et méthodique, étaler avec minutie une gouache bien jaune. Le Rire Jaune !

Maintenant couvert de peinture après que sa proie ait soudain dessiné sur lui un bien curieux cercle aux motifs indistincts, l'homme-poisson, dans sa cavalcade folle, bien que gratifié d'une nouvelle raison de haïr ce chasseur de prime indolent, s'interrompit soudainement dans sa charge. Le poing pourtant brandi, prêt à l'abattre sur Alegsis qui, le plus insidieusement du monde, avait fait de la donzelle son bouclier humain, l'animal se stoppa dans sa furie pour en rire. Il riait d'un de ces rires dont on ne savait d'où ils pouvaient vous venir, et il s'en esclaffait à gorge déployée.
Le Colors Trap avait alors opéré ses merveilles.

- Il se marre comme une baleine. Crut malin de commenter l'artiste à la manière dont on assénait une réplique cinglante.

Toutefois, après un long silence dont le bruit de fond fut cependant agité, inquiet de l'absence de réaction de celle qu'il cherchait à impressionner, l'imbécile s'enfonça dans ses explications afin de décortiquer le « pourquoi » du génie de sa réplique.

- Non parce que... entamait-il péniblement, en fait... y'a une expression qui dit « rire comme une baleine » et lui, désigna-t-il du pinceau leur quasi-assaillant, celui-ci occupé à s'époumoner tant il était hilare, c'est une baleine et il rit. Donc : « Rire comme une baleine ».

La réaction espérée ne survînt toujours pas, aussi creusa-t-il plus profondément.

- D'accord... c'est pas une baleine techniquement. C'est un homme-poisson. Un homme-poisson qui ressemble à... je sais pas à quoi il ressemble. Ils ressemblent à rien ces gens-là. S'agaçait-il tout seul alors qu'il persistait à s'enfoncer avec une opiniâtreté folle, mais... voilà... « Rire comme une baleine ». Lui ça le fait rire ! Il trouve ça drôle, parce qu'il a compris la blague. Ou alors c'est le Colors Trap que j'ai dessiné sur sa poitrine...

Il y avait aux alentours le chaos, la haine, et la destruction. Mais ce qui fut le plus oppressant pour Alegsis en cet instant - car le reste l'indifférait - tenait à l'absence de rire de celle qu'il courtisait avec son habileté si proverbiale.

- Que... quel beau temps aujourd'hui. S'essaya-t-il à nouveau, désespéré de trouver grâce aux yeux de la demoiselle.

Puis, après avoir cogité sur son échec à perpétrer sa saillie drolatique, il secoua son pinceau devant-elle - celui qui lui faisait office d'arme, rien de graveleux - et, à trop 'être bourré le mou, les yeux humides, ajouta :

- C'était drôle ! J'y ai bien réfléchi et « Rire comme une baleine » c'était super drôle, même. Alors faut rire maintenant. La menaçait-il les larmes aux yeux. Parce que sinon, à toi aussi je le dessine mon Colors Trap.

Manifestement ébranlé, assourdi qu'il était en tout cas par l'émeute qui s'agitait dans son dos, le chasseur de primes n'entendit pas l'énorme masse se lever du sol où elle s'était roulée quelques instants plus tôt. Car à à trop se gondoler sur le ventre, l'homme-poisson qu'Alegsis avait souillé de sa gouache, avait effacé une partie du Colors Trap graffité sur son buste. Il n'en fallait alors pas plus pour échapper à l'effet hypnotique dont il fut victime.
À présent qu'Alegs lui tourna le dos, la bête, maintenant revenue à elle, nourrissait quelques noirs desseins relatifs à ce qu'il comptait entreprendre.


Technique utilisée:
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Avez vous déjà essayé de gérer une crise en toute discrétion pendant qu'un pauvre simplet gribouilleur tente vainement de vous faire la conversation ? Pas évident, hein, comme situation... Heureusement que je suis une agent surentrainée du Cipher Pol, si douée qu'elle a même été reconnue par la plus brillante, la plus intelligente, la plus majestueuse de toutes les vénérables étoiles ! J'ai nommée le magnifique Média : Ike Basara.

Et parce que mon entrainement n'a jamais été une perte de temps, c'est grâce à lui que j'arrive à faire totalement abstraction de ce chasseur de prime de pacotille qui piale autour de moi et qui, mine de rien, m'apporte une nouvelle fois son aide sans même le remarquer... Après tout, grâce à lui qui me parle et que je regarde d'un air vide bien caché derrière les verres teintés de mes lunettes roses en lui offrant un petit sourire immobile, qui alors pourrait penser que mon attention est entièrement focaliser ailleurs ? Et pourtant c'est bien le cas. Loin d'écouter ces choses très intéressantes qu'il doit débité, je me concentre plutôt sur mon haki de l'empathie pour ressentir toutes la haine des hommes poisson et leur envie d'agression. Et à tous ce là, juste avant qu'ils ne puissent coller de sacrés mandales boostées par leur ossature cartilagineuse et leur peau écailleuse, je leurs fais apparaitre dans le dos un simple petit doigt qui libère alors un voltage digne de stopper net un bœuf. Oh, rien de mortelle sinon même moi je ne pourrais pas tenir la cadence sur cette scène de violence induite par les soins de notre duo d'enfer. D'ailleurs, je m'arrête au moment où le vingtième tombe raide et que mon petit doigt réel est tout engourdis et crépitant... Un retour au réalité qui me permet d'entendre la menace de mon partenaire d'alibi et de voir le monstre dans son dos ayant fini de se bidonner...

Oui, même si mon attention était retenue ailleurs, j'ai tout de même suivi vaguement ce qu'il se passait ici... Un privilège de femme que de pouvoir faire deux choses à la fois, alors une femme agente comme moi ? Piouf, je peux bien en faire vingt en même temps ! D'autant plus grâce à ce merveilleux fruit du démon que m'a offert ma raison de vivre.

Ainsi, alors que le monstre se relève dans le dos de mon cavalier d'infortune, je fais apparaitre un bras dans le dos du chasseur qui vient enfoncer son index d'un shigan dans le cœur du pauvre charpentier qui a eu le malheur de naitre mi homme, mi poisson. Vient alors l'heure du jeu d'acteur pour éviter a mon interlocuteur privilégié de me toucher avec sa peinture, sans quoi je serais surement contrainte de lui briser le crâne dans un coin sombre.
En toute amitié, évidemment.

- Oh ! Mon... monsieur vous... Vous m'avez sauvée !

Mon corps se met soudainement à être parcouru de petit tremblement que je m'impose pour parfaire mon jeu tandis que je lui attrape le poignet d'une main en lui montrant de l'autre le corps de la grosse brute morte au sol derrière nous.

- Je... J'étais tellement terrorisée de voir ces monstres en action ! Que je n'ai pas pu comprendre votre blague...

La tête basse, je joue la honte alors derrière nous, les marines que j'ai aidé ont pu ligotés les hommes poissons que j'ai assommé de mon électricité pour ensuite aller prêter main forte à leurs collègues. Petit à petit, une nouvelle tendance semble se profiler pour le gouvernement mondial. Mais pendant ce temps, c'est à ma couverture que j'accorde de mon précieux temps. Parce que oui, dans une mission du Cipher Pol, il ne faut jamais négliger les petits détails.

- Je suis tellement confuse... Mais ça y est ! Maintenant que je sais que vous êtes tout à fait capable de me défendre face à ces monstres, toute mon attention est sur vous ! Après, c'est bien normale vu que vous avez tué un civil violent et non recherché par la marine rien que pour ma sécurité !

S'il y a bien une chose que je connais, ce sont les lois du Gouvernement Mondial... Et bien que cette île ait le nom de "Royaume", elle fait partie intégrante de notre magnifique Gouvernement et c'est donc ces lois qui les régissent. Et dans celle ci, les chasseurs de primes n'ont pas tellement le droit de vie ou de mort sur les civils... Oh, bien sur, dans un cas comme celui là, on peut plaider la légitime défense.
Et elle peut être refusée.

Cela dit, pas sur que ce pauvre benêt comprenne la subtilité de mes paroles... Enfin, je lui offre de toute façon un grand sourire confiant et enjouée avant de terminer :

- Oh, s'il vous plait, me feriez vous l'honneur de me refaire votre blague ? Cette fois, je suis sûre que je rirais à gorge déployée !
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Il y avait un trou dans l'amphibien. Il y en avait plusieurs à dire vrai, mais celui-ci n'avait cependant rien à y faire. Qu'on lui fit remarquer, à Alegs, que celui-là même qui, un instant plus tôt, riait à gorge déployée derrière lui, ait fini par rendre gorge, interrogea quelque peut l'artiste-pitre. Lui ne tuait pas ; du moins jamais délibérément. Il avait sa probité bien à lui, Alegsis. Ça, et les primes rapportaient plus gros mort que vif.

L'impact qu'on put observer sur cette chair meurtrie, creusé dans la carcasse de la « baleine », ne ressemblait aucunement à un résidu de plomb craché depuis un fusil. Le diamètre était trop large, l'enfonçure trop nette ; la blessure, en outre n'avait presque pas saigné et on n'y trouva aucun projectile qui y fut logé. De là, tout un tas de questions se trimballa confusément dans la cervelle désœuvrée du crétin. Ce bougre-là, qui gisait derrière lui, quand exactement avait-il été tué ? Qui avait bien pu agir ainsi ? Comment était-il seulement possible d'éliminer si discrètement un bestiau d'un tel gabarit sans que quiconque put s'en apercevoir ? Et surtout, pourquoi n'avait-elle toujours pas ri à la blague de la baleine ?!
Des cas de conscience, des suspicions inquiètes, il y avait désormais de quoi en ruminer à foison. Tout, depuis le départ, avait été si curieux à bien y réfléchir. Cette frêle demoiselle qui ne déguerpissait pas quand tous les humains environnants avaient détalé pour se barricader au loin, cette impassibilité glaçante qu'elle avait rivé au teint malgré le chaos ambiant, le fait qu'elle fut probablement témoin de la mort de cet homme-poisson ; tout ça et plus encore titilla la perspicacité du chasseur de têtes avant que celui-ci, dans toute sa clairvoyance, parvint à la seule conclusion qui s'imposait quant au trépas du mérou.

- Eh, souffla-t-il désinvolte tout en haussant les épaules, il est sûrement mort de rire.

Ainsi en allait-il du diagnostic du docteur Jubtion.
Qu'un cas de conscience émergea chez un homme supposa qu'une conscience fut préalablement incrustée son esprit. Alegsis Jubtion, de ce fait, était ainsi naturellement immunisé contre toute forme de culpabilité.

- Mort de rire ! Reprit-il à nouveau survolté, ayant manifestement oublié jusqu'à l'existence même du cadavre situé derrière lui. Ça aussi c'est une expression !

Elle simula enfin l'amusement afin qu'il ne renoua pas avec ses précédentes dérives colorées. Avec maîtrise, avec grâce et un jeu d'acteur juste-à-propos, elle avait joué la comédie, mais sans que qui que ce soit d'autre qu'Alegsis put cependant croire qu'on puisse rire de pareilles inepties. D'autant que celles-ci étaient particulièrement macabres à en juger des circonstances.
Se sachant triomphant, fier de lui, l'imbécile répéta « Mort de rire »¹ afin de faire réitérer les émules d'égosillements chez son interlocutrice. Derrière eux, les flammes virevoltaient tandis, qu'avec la force du désespoir, les opprimés, maintenant dispersés jusque dans les quartiers résidentiels, répandaient le chaos à Portgentil comme en vingt traînées de poudre.

- Ah, enfin t'as compris la blague. S'enthousiasmait Alegsis dont le pinceau qu'il tenait à la main se voulait moins menaçant. C'est vrai que vous êtes pas finaudes, vous autres. Enfin... se rattrapait-il déjà avec maestria, moins que les hommes-poissons. Mais pas franchement malines, malines non plus.

Ce tact, allié à cet art divin du savoir-parler aux femmes, Alegsis l'avait hérité en droite lignée du Cimetière d'Épaves ; un repaire bien connu de tout ce que l'humanité connaissait de plus romantique et raffiné.
Se saisissant d'elle par l'avant-bras avec rudesse, incapable de mesurer son manque de savoir-vivre, il cherchait à l'entraîner vers les quartiers commerçants, là où s'était pourtant répandue une jaquerie enragée dont il n'aurait su se foutre davantage bien qu'il en fut l'auteur.
Il prenait la confiance, Alegsis, après qu'elle lui eut révélé sa glotte au milieu de quelques hilarités de synthèse. « Femme qui rit... » disait le proverbe, aussi pensa-t-il qu'il n'eut plus qu'à farcir sa morue afin qu'elle lui tomba tout cuite dans le bec. Séduire une demoiselle ? Ça n'était rien que l'affaire d'un peu de vandalisme, de plaisanteries de bon aloi et d'un bon gueuleton disait-on. Aussi ponctua-t-il le triptyque avec un dîner romantique envisagé dans un contexte d'émeute raciale.

- Allez, C'est décidé ! Je te laisse m'inviter au restaurant. Mais si, mais si.

Exubérant et sans-gêne au point où on n'aurait su dire s'il était insupportable ou charmant, Alegsis, beau prince, chercha à entraîner avec lui la plus mortelle donzelle que comptait présentement South Blue. Par-delà les quais, plus loin des abords du chantier naval où s'étaient initiés les troubles, on trouvait le long des rues pavées quelques cadavres d'innocents qui, pour seul tort, s'étaient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Rien qui n'indisposa en tout cas franchement cette allumette humaine après que celle-ci eut mis le feu aux poudres.


¹. C'est de cet événement historique qu'est tirée l'expression « MDR » perdurant encore jusqu'à nos jours.
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Tch, peut être que je devrai le tuer finalement ?

- Oh ! Mais quelle excellente idée ! Allons y de suite !

Mon sourire angélique et innocent toujours affiché sur mon visage, je me tourne alors vers cet homme dont les intentions suintes sur mon haki de l'empathie et me dégoute assez au point que mes iris virent au jaune sans que je ne m'en rende compte. Heureusement lui non plus ne peut pas s'en rendre compte avec mes grosses lunettes... Son bras agrippé au mien comme un pêcheur maintien son poisson qu'il vient de sortir de l'eau pour le jauger, mon jeu me contraint à l'accompagner plus loin hors des quais où la rébellion des hommes poisson semblent avoir clairement pris une ampleur disproportionnée... Hm, mais que foutent donc les colonels Bava et Orbea ?! Ils mériteraient un bon petit tour d'inspection du CP4 ces deux là, ça leur ferait les pieds.

Ahlala, non mais qu'est ce qu'il ne faut pas faire, je vous jure !

- Un restaurant de poisson, cela vous irait ?

Tandis que j'accompagne mon cher pot de colle premier du nom, je fais alors apparaitre sur une cheminée dans un angle de la rue un œil et un bras. Et là, souriant un instant en fermant les yeux à mon cher cavalier, j'en profite pour cibler les belligérants et leur envoyer des shigans qui transpercent l'air et leur corps sans laisser aucune autre trace qu'un trou dans leur dos ou torse, selon l'angle d'attaque. Et ainsi, le temps d'un sourire, cinq autres travailleurs aux droits restreints moururent sans que quiconque ne comprennent comment... Et tandis que les civils innocents et terrifié de ces précédents actent de violences peuvent enfin quitter ce carnage ou pleurer leur mort, la marine elle se retrouve soudainement allégé d'une contrainte : assez pour s'intéressée à notre petit duo de promeneur au beau milieu d'un cataclysme qui n'a rien d'un rêve.

- Madame, Monsieur ! Ce n'est pas le moment de flaner ! Vous devez tout de suite partir d'ici !
- Oh mais ne vous en faites pas pour nous Monsieur le Marine. Mon ami ici présent... Je me tourne alors vers le fameux d'un air embarrassée. Oh, je suis confuse, je ne vous ai même pas demandé votre nom... Ni même je me suis présentée ! Je m'appelle Hana, Hana Plue. Et vous ?

Mes cils papillonnent sous cette dernière question mais la réponse est interrompue par le soldat.

- Je suis désolé d'insisté mais vous n'avez rien à faire ici ! Veuillez me suivre s'il vous plait !
- Mais vous ne comprenez pas ! On ne risque rien ! Mon cher ami m'a sauvée en tuant un de ces horribles êtres inférieurs qui tiennent plus de la baleine que de l'homme et je dois lui rendre la pareille en l'invitant au restaurant !
- Bon, je ne sais pas ce que vous foutez là tous les deux, mais je vous embarque !

D'un geste, le marine agacé fait signe à ses deux collègues de le rejoindre tandis que de l'autre main le voilà qui sort les menottes et les passe immédiatement au poignet du pauvre benêt. La manœuvre est suffisante pour que le chasseur me lâche, ce qui est exactement ce qu'il me fallait pour disparaitre dans une autre rue d'une simple succession de soru tout en laissant à ma place mon gentil double créé par le pouvoir de mon fruit du démon à qui le marine aura tout loisir de passer les menottes tandis que moi, je serais loin à finir de gérer cette opération...
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La Marine, sa splendeur et ses impérities. L’arme à la main, au péril de leur vie, on attendait d’eux qu’ils aillent au danger pour l’occire. Car le danger ne manquait pas, maintenant que la plaie laissée par la révolte des profondeurs s’étendait dans tout Portgentil comme une série de métastases. Tous ne coursaient pas l’homme-poisson, cependant. Sous couvert de garantir la sécurité des braves gens, c’est sur eux que l'autorité braquait les armes. À ne trop être en mesure de faire la moindre démonstration de force avec les forts, on s’y essayait avec les faibles. De là, la Révolution trouvait des assises confortables chez des peuples floués qui, le jour où ils se retrouvaient à la merci de de l’arbitraire, comprenaient que de ce Gouvernement Mondial, ils n’en avaient jamais été citoyens, mais contribuables.
Les désœuvrés à écailles se répandaient alors en dévastations de toute sortes, mais c’est à Alegsis et Alcéa – du moins présumément retenue comme telle – qu’on vînt administrer les menottes.

- Et mon dessert ? Ne trouva qu’à réagir le chasseur de primes qui, les poignets entravés sur sa table, accusa un air vaguement corniaud davantage que surpris. J’ai pas fini mon dessert, moi.

La Marine était sourde à l’infamie et, déjà, on se saisissait de lui par-dessous les aisselles afinde le tirer hors de table, mais certainement pas hors d’affaires.

- Au secours ! Beuglait déjà l’abruti pour qui le goût du scandale ne lui était venu que lorsqu’il fut privé de dessert. Nous sommes victimes d’une injustice ! Vociférait-il en plus avec un culot sans borne. Ils veulent nous réduire en esclavage !

À la complainte de travailleurs honnêtes et brimés dans l’injustice la plus absolue, Alegs avait conservé ses yeux résolument secs. Mais pour s’être retrouvé séparé si prématurément de sa part de flan, l’iniquité de ce monde, alors, lui paraissait soudain plus patente.
Pour autant, il ne se sentit d'aucune solidarité avec les révoltés ; car sa cause à lui étant juste tandis que la leur… n’était émise que depuis un râle amphibien et n'avait de ce fait aucune valeur.

Aussi surprenant que cela put paraître – et ça ne l’était pas tellement en réalité – ce rencard qui fut le leur, à Dame Plue et à lui, n’était finalement pas le pire qu’Alegsis ait connu. Ce qui, déjà, en disait long sur ses frasques romantiques. De cette demoiselle, il fut bien marri qu’elle ne retînt pas son nom bien qu’il l’eut scandé à la tribune d’où avait jailli le vice ambiant ; celui qui justifia qu’on les priva de dessert. Alegsis, son nom, il le lui avait cependant répété à table, non sans bien sûr avoir omis de lui postillonner au visage tandis qu’il fut affairé à piaffer sa brandade de morue.

Par solidarité entre opprimés, ou peut-être avec quelques plus noirs desseins en réserve, deux hommes-poissons, imposants et encore enfiévrés d’une colère perdue en direction d’une mort certaine, bloquèrent de leur corps positionné de part et d’autre de rue pavée où la petite troupe de marine qui s’y était engagée après en avoir extirpé les gourmets de leur tanière.

- Besoin d’aide ? Ricana l’un d’eux qui, sans peine, avait reconnu de sous son chapeau l’immonde bouffon qu’il tenait légitimement pour responsable de la chienlit.

S’il se proposait d’être aussi secourable après avoir fait une si soudaine irruption, celui-ci, c’était avec une idée bien définie en tête. Une qui n’était cependant pas partagée par le petit contingent de trois matelots se trouvant à présent le sabre dans une main, et le mousquet dans l’autre. Comme l’un d’eux lui avait saisi son pinceau, à l’artiste-pitre, ce dernier fut moins enclin à fanfaronner sans qu’il n’eut au moins son arme pour le préserver des conséquences de ses bouffonneries. Aussi tenta-t-il – avec le sens diplomatique qu’on lui connaissait – de calmer les ardeurs de ses aspirants sauveteurs. À le voir s’entrechoquer le bout de ses index l’un contre l’autre, la tête baissée et masquée par son chapeau, on le sentait dans ses petits souliers cet homme-là. Déjà, Alegs relativisait le drame dont il s’était considéré l’injuste victime.

- Non mais... on va s’arranger tout compte fait. Groumait-il tout penaud. L’esclavage, si on y réfléchit bien, c’est pas si grave que ça. On est logé, on est nourri, on travaille au grand air, y’a pas de quoi fouetter un chat. Ou un esclave.

Chaque tentative de surseoir à ses emmerdes en usant du verbe équivalait à un nouveau coup de pelle pour mieux creuser sa tombe. Il était difficile de croire qu’on put être maladroit et godiche jusqu’à des outrances aussi innommables et pourtant, c’était bien le cas.
Comme provoqués un peu plus par des gémissements bouffons qu’ils ne purent écouter que d’une oreille franchement contrariée, les deux gaillards ne se firent pas prier pour passer à l’assaut.

Mieux à même d’administrer des menottes à des pèlerins que de pourfendre une menace crédible, les trois hommes d’arme ne pesèrent guère lourd sous la fureur exprimée par deux hommes-poissons en colère. Pour la postérité, l’un des soldats parvînt à enfoncer son sabre dans le flanc du plus gros des écaillés avant que sa nuque ne se brisa entre des doigts palmés. Leur résistance, bien que brève, fut héroïque. En expirant dans la disgrâce, l’un des matelots laissa même jaillir le pinceau confisqué au chasseur de primes pour que celui-ci atterrit entre les mains entravées de son propriétaire.

- Qu’est-ce que je te disais, Nana, c’était en attendre bien trop de sa part que d’espérer qu’il retînt le nom de celle-là même qu’il courtisait, rien que des guignols à la marine. Oh les nazes.

Voir trois jeunes garçons passer si subitement et si violemment de vie à trépas ne parut pas l’indigner ou le terrifier outre mesure. Ni même à moitié à vrai dire. Ce chasseur de primes-ci, il avait de la nonchalance plein le sang et de l’indifférente partout en tête. Alegsis ne riait pas face à la mort parce qu’il était brave, mais uniquement du fait qu’il fut insouciant en diable.

Leur massacre promptement accompli, les deux révoltés reportèrent leur attention sur les deux prisonniers, chacun muni d’une lourde paire de menottes aux avant-bras, s’étant prudemment extrait de la mêlée avant le carnage.

- La mignonne, grogna le premier, tu crois qu’elle l’a déjà fait avec un homme-poisson ?

- Je saurais trop te dire Reps, mais vu son petit cul serré, quelque chose me dit qu’elle l’a jamais fait avec deux. Arf-Arf-Arf !

Un climat d’insurrection avec, à terme, la certitude d’être conduit à la potence, élimait la bonté en chacun pour peu qu’on fut peu vigilant et désespéré. Ces deux amphibiens qui, alors, ne pouvaient apparaître que comme des monstres, avaient été poussés dos au mur jusqu’à ce que le désespoir se saisisse d’eux afin de faire ressortir le pire de leur être.

- Eh oh ! S’interposa tout de même un chevalier servant dont il faudrait faire avec à défaut de mieux. Moi d’ab… enfin, je veux dire… la touchez pas !

Sur cette injonction franche quoi que suspecte, Alegs dessina en bleu un sigle de plus d’un mètre de rayon sur le sol présenté devant lui et sa damoiselle en détresse ; ce même cercle bizarre qu’il avait plus tôt peinturluré en jaune à même le buste d’un homme-poisson.
En détresse, la damoiselle ne l’était que par sa faute ; elle ne l’était d’ailleurs pas tellement si l’on se surprenait à tout apprendre d’elle.

- Ça, Ajoutait l’imbécile heureux en pointant sa marque du pinceau avec lequel il l’avait dessinée, c’est la limite à pas franchir. Si vous marchez dessus, ça va barder, je vous préviens !

Même les yeux froncés, avec ce visage morne et niais qui était le sien, c’était chose malaisée que de prendre Alegs au sérieux. Les deux hommes-poissons se regardèrent, surpris qu’on se permit de les menacer si grotesquement pour finalement en rire à gueule déployée. Puis, de concert, les deux marchèrent d’un pas franc et cadencé au même rythme pour tout deux s'en aller poser leurs savates sur « La limite » afin de mieux témoigner avec quel sérieux ils la considéraient. Bien mal inspirée fut alors leur décision puisqu’ils s’effondrèrent aussitôt à genoux, paumes contre terre, soudain accablés par une contrition presque surnaturelle.

- De toute façon, geigna le premier, comme délesté de son assurance, on sent le poisson, pas étonnant qu’on nous déteste.

- Et puis ont faisait du travail de merde au chantier naval, on mérite ce qui nous arrive.

Très fier de lui, on le devina en tout cas au sourire niaiseux qui s’étira sur sa bouille d’une oreille jusqu’à l’autre, Alegsis, triomphal, posa son pinceau de combat en appui sur son épaule.

- Ce que c’est bête un homme-poisson jeri-hi-hi. Brush Crush ! Annonçait-il maintenant que l’attaque hypnotique avait atteint ses cibles ou plutôt, que ses cibles s’étaient jetées sur le piège grossier qui leur fut tendu comme des filets de pêche. Coup de Blues !

Ça lui plaisait de pouvoir faire le mariole devant une demoiselle dont il espérait bien que son héroïsme lui vaudrait quelques mansuétudes de sa part.
Alegsis, en effet, ne doutait de rien.

Tandis que leurs assaillants étaient en proie à une vilaine déprime induite par le Colors Trap, Alegs s’en alla trottiner pour fouiller parmi les restes de marines jusqu’à ce qu’il trouva la clé de ses menottes, allant par la suite porter secours à la prothèse de chair qu’avait laissé Alcéa en guise de substitut.

- Et maintenant, se réjouissait l'artiste, une balade au bord de la jetée !

Le supplice, avec lui, n’en finissait jamais. Ou plutôt si, mais il supposait qu’Alegsis perdit au moins conscience pour échapper à ses maléfices accidentels.
Sans trop lui laisser le choix à cette « Hana » de synthèse, persuadé qu’il l’avait séduite, Alegs se figura qu’il s’en suffirait d’une balade romantique en bord de mer pour que l’affaire fut conclue.

À courir si vite en l’entraînant avec lui – car il était survolté en plus d'être idiot – la fausse demoiselle ressortait ébouriffée de la cavalcade qui lui fut imposée, ses lunettes restées de traviole. Ils arpentaient alors la jetée. Alegsis s’apprêtait à conter fleurette – ce qui lui eut valu d’étaler encore mieux son incapacité flagrante à parler aux femmes – mais un autre de ces émeutiers, ceux-ci répandus partout en ville comme une floppée de confettis enragés, ne tarda pas à porter son attention sur eux. Il fallait dire que tout Portgentil ou presque s’était calfeutré dans ses pénates. Si ce n’est la Marine et les séditieux du père de Raie, Hana et lui furent les seuls à sillonner encore les rues et avenues de la ville.  
Sans trop qu’il n’eut besoin qu’on l’y incita, le redoutable amphibien, situé à deux-cents mètres d’eux à peine, fit dévaler sa lourde charge le long de la jetée, brisant une planche chaque fois qu’il fit tomber un de ses pas sur le ponton.

Ni une ni deux, Alegsis, déjà bien peu dégourdi lorsqu’il prenait la peine de réfléchir aux âneries qu’il s’apprêtait à commettre, agissait cette fois d’instinct. Le pire fut alors à redouter. Ne perdant pas une occasion de se saisir de sa bonne amie par la main, il lui asséna, très sûr de lui :

- Vite, faut plonger ! Les hommes-poissons coulent comme comme des enclumes c’est bien connu, on risquera rien dans la mer.

La jeune et belle demoiselle – du moins sa copie – n’eut pas le temps d’établir en détail ou même en résumé la parfaite ineptie de ce qui venait de lui parvenir aux tympans que, déjà, Alegsis, tout en la tenant fermement par la main, l’entraînait avec lui dans la mer après s’être jeté du ponton où il avait escompté lui ravir un baiser.

Parfois, l’ignorance, on en mourait. Et bêtement de surcroît ; comme après avoir pissé sur un Thunder Dial.
Lancé dans son plongeon, tel un boulet venu lester celle sur qui il avait jeté son dévolu, Alegsis fut alors frappé d’un soudain élan de perspicacité.

- Attends, je confondrais pas avec les gobeurs de Fruits du Démon ?...

« Plouf » fut l’immédiate réponse à cette interrogation de bon sens lui étant hélas parvenue trop tard.
Restait à savoir comment un double germé depuis les facultés du Fruit de l’Éclosion réagirait à l’eau de mer. Cette expérimentation sur les limites de ce pouvoir, aussi fortuite qu’elle était inopinée, serait signée Alegsis Jubtion ; un artiste dont les œuvres demeuraient immémorées pour ce qu’elles avaient d’exaspérante à mettre en exergue.
Cet homme-là, on pouvait le prendre de haut pour ce qui tenait à ses capacités, mais jamais au grand jamais il ne faisait bon sous-estimer la nocivité de sa crétinerie forcenée. Car lorsque celle-ci vous happait, elle avait force de catastrophe naturelle. Une qui s’occasionnait à présent sous l’eau avec un homme-poisson à portée de brasse.
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Et tandis qu'à quelques maisons de là mon double est au prise avec la marine et un abruti fini, moi sur un toit je sors mon escargophone de ma poche et contact les seuls marines un tant soit peu efficace du coin, à savoir mon escorte de la sous marine qui m'attend bien sagement dans le port tandis que je suis censée être là pour vérifié l'avancement d'une construction navale sur les ordres de notre chère étoile adorée.

- Lieutenant Joris, avez vous jetez un oeil à ce qu'il se passe au chantier ?
- On en a vaguement entendu parlé chef.
- Ces idiots de la régulière sont dépassés. Je compte sur vous pour montrer au monde l'efficacité de la sous marine, compris ?!
- Bien chef.

Et ainsi, la petite escouade qui m'a amené ici se décide à sortir du port pour aller engager le combat avec les hommes poissons récalcitrant. Bien évidemment, tous les entrainements de cette branche de la marine est entrainée à combattre nul autre que les gens de l'espèce de ces idiots d'hommes poisson qui sont dotés d'une force et d'une endurance bien supérieurs à celles des pauvres humains. Et c'est bien pour cela que la sous marine a développé de nombreux équipements et méthodes pour les contrer. Aussi, sans même que j'ai réellement besoin de m'en mêler, je n'ai aucun doute sur le fait que je n'ai plus qu'à attendre que les choses se tassent enfin pour considérer ma mission comme étant parfaitement exécutée...

Enfin, c'est sans compter sur cet abruti qui n'a d'autre idée que de filer à toute jambe avec mon double, m'obligeant à les suivre pour continuer de parfaire l'illusion. Passant de toit en toit, je me retrouve alors non loin de la jetée, suivant comme je peux le reste des activités violentes autour de moi. Et grâce à l'efficacité des hommes formés à la Base Ara Down, il semble tout à fait évidemment que cette fois les choses vont enfin être sous contrôle. Après tout, s'il y a une chose qu'eux et moi partageons, c'est l'amour du travail bien fait. Mais aussi un don pour faire comprendre aux idiots de la régulière que lorsque nous sommes présent, c'est à nous qu'ils doivent obéir, et ce qu'importe les grades... Ça je dois avouer qu'il le tienne un peu de moi... Et je n'en suis pas peu fière.

Toujours est-il que mon relâchement d'attention avec le benêt de service me coute une nouvelle fois... Le voilà que pris d'un éclair de génie, il se souvient que la faiblesse des hommes poisson est évidemment l'eau. Et sans commune mesure, Alegsis m'entraine avec lui jusque dans les eaux de la mer. Et s'il y a bien une sensation que je n'apprécie pas depuis que j'ai mangé mon fruit du démon, c'est bien cette faiblesse croissante qui me prend lorsque je m'immerge dans l'eau. Fort heureusement pour moi, cette fois ce n'est que mon double. Et même si le voilà entrain de couler à pique du fait de sa malédiction, moi je porte mes mains à ma gorge comme étouffant soudainement tandis que mes genoux tremblent assez pour flancher sous mon poids et me faire tomber à genoux sur les tuiles du bâtiment sur lequel je suis perchée.

Le temps que le coup de surprise passe, je supprime mon double d'un geste et reprends immédiatement une respiration stable tout en observant d'en haut la scène qui se déroule dans la mer. Une scène assez étrange où l'homme poisson qui a poussé le chasseur de prime à rejoindre l'eau lui fait face au cœur de son milieu naturel, et que, loin de se démonter, l'abruti de service le menace de son puissant pinceau dont la peinture s'est magnifiquement dilué dans l'eau de mer.

- Tsss il va se faire tuer.

J'approche alors ma main de mon escargophone, pensant un instant à lui envoyer des renforts... Avant de finalement me raviser d'un haussement d'épaule. Le pauvre a du voir mon clone coulé à pic et avec un peu de chance, il l'aura même pas vu disparaitre... Et même s'il l'a vu, quelle importance ? Si ça se trouve, il ne survivra pas à sa confrontation avec ce charpentier sous payé. Mais comme je suis là pour m'assurer que ce charpentier ne nuira plus jamais au chantier naval, je pense que le mieux que j'ai à faire là tout de suite, c'est de m'installer en tailleur sur ce toit, et de voir comment ce petit chasseur se débrouille dans une telle situation.

Que le spectacle commence.
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S’il avait plongé à son tour, cet homme-poisson croisé au détour de la jetée, ce n’était pas afin de sauver deux âmes ; ni même une seule d’ailleurs. Du boulet, Hana s’en était délesté en lui faussant compagnie, comme aussitôt dissoute dans cette eau où Alegsis l’avait entraînée. Celui-ci n’eut trop le temps de statuer sur le curieux phénomène dont il fut autant témoin que victime que, déjà, un homme-poisson quelque peu rancunier et toutes dents dehors, nageait autour de lui avec une aisance somme toute très naturelle. Sa large carrure, si elle lui fit traîner les pieds sur la terre ferme, ne lui était apparemment d’aucun handicap alors qu’elle sut faire des flots un allié bien commode afin d’y virevolter habilement. Redoutable était sa vitesse, menaçante sa trajectoire.

À ce chasseur de prime, désormais qu’il était autant privé de ses forces que de ses atouts, la bête lui tourna autour. Peut-être était-ce à mettre sur le compte d’un atavisme propre à sa race, les squales ayant cette fâcheuse tendance à inspecter une prise avant d'y tremper les crocs ; à moins que ce ne fut pour savourer la détresse de sa proie d'ici à ce qu'il ne la déchiqueta. Proie qui, les joues gonflées où il y avait stocké deux grosses poches d’air, s’agitait minablement dans des eaux où il n’y était manifestement pas à l’aise. La légende disait qu’Alegsis ne se risquait que très rapidement à prendre un bain, aussi la profondeur marine – bien qu’elle ne l’était ici que de quelques mètres à peine – ne constituait aucunement son élément de prédilection.
Sans grâce, son pinceau à la main, il gaspilla ses précieuses réserves d’air pour scander avec vigueur :

- Blush Clush BbLlL BlllLBLl : Aaaa uuUU OuuUUgLlL¹

La déclamation ne fut certes pas des plus éloquente, mais l’intention resta louable. La tentative d’articuler le nom de sa technique sous l’eau, pour en plus y répandre de la peinture, bien qu’éminemment méritoire dans ce que la démarche avait d’expérimentale, demeurait obstinément vaine

- OuuuOiiiii Aaaaaaa AaaaAaAbbB AaaaaaA ?!² S’enquit ensuite l’artiste alors que ses œuvres martiales se diluèrent aussitôt présentées à la flotte.

Sa peinture si négligemment versée, un voile rougeoyant se dispersait alors dans les flots. Il parut alors qu’une traînée de sang préfigurait l’attaque d’un amphibien impatient d’éliminer l’un de ces racistes sur lesquels il voulait en ce jour reporter tous les travers de son peuple. Rien ne serait arrangé à l’arrivée, mais il aurait au moins cette satisfaction pour les quelques secondes où il y aurait planté ses canines acérées. Ce qu’il ne tarda pas à faire alors qu’il avança en direction du flanc droit de son infortuné adversaire. À vitesse comparée, Alegs n’avait pas la moindre chance. De la ressource néanmoins, il en avait. Il en avait même toute un poche gonflée dans l’intestin grêle.

Ainsi projeté et même bruyamment propulsé par l’envers de son système digestif, Alegsis avait usé du méthane qui s’y trouva pour fuser vivement dans les eaux sur un mètre de distance. Son esquive fugace, il la devait alors au pouvoir qui lui fut accordé par la brandade de morue dont les ingrédients ne furent pas de première fraîcheur.

Face à sa rage et sa maestria à se mouvoir dans l’eau, à cet homme-poisson, le chasseur de primes lui avait opposé un pet. Son adversaire, pourtant maître des eaux, avait claqué des dents pour n’y brasser qu’une flotte empuantie par un soudain amas de bulles méphitiques. La parade, alors, ne fut guère à son goût. Les pupilles révulsées il avait nagé vite et loin pour prendre de l’élan et, dans un volte-face qui n’aurait pu augurer que la terreur à qui en fut témoin sous l’eau, le demi-squale fondit à une vitesse telle qu’on eut cru voir une torpille. La gueule grande ouverte, sa cible en ligne de mire, il manqua cette fois à Alegsis les réserves de gaz nécessaires pour échapper son sort.
Aussi, en désespoir de cause, agissant toutefois promptement, il se saisît de son pinceau de combat de sorte à le présenter telle une lance, le sommet du manche placé en estoc.

Lancé qu’il était pour sa part, sourd à la raison et, de toute manière, élancé trop rapidement pour réagir à temps, l’amphibien, éconduit par la rage, s’y jeta droit dessus. Percé dans son gosier, de sa gorge jusqu’au fond de ses entrailles, le pinceau l’avait ainsi embroché pour l'arrêter tout net dans sa charge. Pris de convulsions, le mourant qui n’avait pas eu la chance de périr sur le coup, trembla encore quelque peu, empalé qu’il fut bêtement, mais avec encore ce qu’il fallait de conscience à l’esprit pour savourer ses derniers soubresauts de douleur. L’ultime disgrâce de cette mort ridicule fut d’avoir pour dernier souvenir de ce bas monde, un spécimen humain grotesque aux joues gonflées nageant vers lui afin d’extraire son arme de là où elle s'était enfoncée. La gerbe de sang qui plana alors dans l'eau signa la mort d’un ouvrier venu mourir loin de chez lui. Son « Excalibur » retirée du poiscaille, Alegs brassa désespérément pour finalement retrouver la surface. De lui, on disait souvent qu’il ne manquait pas d’air, toutefois, la teinte bleutée qui lui venait au faciès tendit pour une fois à infirmer ce jugement qu’on lui portait si souvent.

De sous la flotte, il en émergea avec grand bruit le temps que ses poumons se remplissent à nouveau de l’air marin.
Conscient d’avoir survécu aux conséquences de ses actes sans pour autant établir qu’il fut responsable de l’état de fait qui avait manqué de le faire périr dans les eaux, il haletait vigoureusement, des yeux quelque peu exorbités sur sa tête d’ahuri, encore ébouriffé de sa précédente épreuve de force. Dans un de ces rares élans de perspicacité qui lui venaient en temps de crise, il réalisait seulement à quoi il venait échapper

- Oh la vache, j’ai réussi à noyer le poisson, ça s’est joué à rien. S’exclamait-il encore sidéré de sa bataille puis, comme si la frivolité reprenait naturellement ses droits sans qu’il ne put se maintenir sérieux plus de cinq secondes d’affilée, Alegsis ouvrit la bouche en grand, ses résidus de cervelle nouvellement ébranlés par une épiphanie qui lui était venue subitement. Noyer le poisson ! S’égosillait-il alors ébahi de son « Eurêka » bien à lui, ça aussi c’est une expression ! Nana ! Reprit-il avec la rudesse d'un malotru. Où que t’es ? Faut que tu rigoles à un truc.

Se sachant si drôle qu’il estimait que le rire lui était dû comme le résultat d’une sommation impérieuse, Alegsis remarqua bien tard que sa dulcinée n’avait toujours pas émergé. Cette observation tardive, déjà, en disait long sur son sens de la chevalerie branlant qui, en maintes occasions déjà, avait manqué de leur coûter le vie à tous les deux. À bien y réfléchir – car cela lui arrivait à ses heures perdues – il lui sembla d’ailleurs que la belle s’était comme dissoute dans l’eau ; qu’il ne resta plus d’elle qu’une myriade de pétales rosis après qu'ils aient plongé tout deux.
Barbotant à la surface, son chapeau trempé d’où ruisselait encore l’eau de mer dont il ne s’était extrait que jusqu’aux épaules, le professeur Jubtion y alla alors de son hypothèse.

- C’était un ange… souffla-t-il estomaqué d’en avoir vu un de si près, j’ai failli me faire un ange... Ajouta-t-il pour mieux rompre la solennité de l’instant.

D’ange, il n’en fut cependant point question ; d’autant que ceux-ci n’avaient en réalité rien de franchement exceptionnel pour peu qu’on s’essaya seulement à une irruption sur Weatheria entre autres îles célestes que comptait ce vaste monde. Son idylle, au giboyeur d’homme, s’était en tout cas dissoute dans les eaux. Encore à barboter dans la flotte, le chasseur de primes, emprunt d’un certain lyrisme qui faisait suite à ses hypothèses foireuses, leva les yeux au ciel pour mieux en contempler ses reflets azurés. Il pensa y trouver Hana, allégoriquement du moins, celle-ci étant peut-être partie déjà loin dans les cieux. Puis, resté interdit quelques instants, à flotter comme un gros glaçon au milieu des vaguelettes, il conserva sur sa tronche niaiseuse un sourire qui traduisait une stupéfaction aussi muette qu’elle apparaissait grotesque.

- Mais.. q… NANA ! Cria-t-il la tête toujours dressée dans la direction où il l’avait orientée. Qu’est-ce que tu fais là-haut ?!

La demoiselle, ses mystères dont elle avait paru enrobée en chaque instant, elle les avait traînés non pas là-haut vers les cieux, mais là-haut sur ce toit qu’Alegsis ne put pas ne pas remarquer après avoir levé les mirettes.

- Un Fruit du Démon… vomissait-on presque non loin sur la jetée avant de s'y affaler. C’était un foutu… argh… un foutu Fruit du Démon.

Des trois marines plus tôt houspillés par la paire écaillée, il y en avait un qui, du massacre, en avait réchappé ; mais si peu. Celui-ci avait alors traîné ses guêtres en boitant sévèrement, son petit fichu bleu noué autour d’un crâne dont on lui avait arraché un morceau qui lui partait de l’œil jusqu’à l’oreille. Une femme qui s’évanouissait en mille pétales, ce qu’il avait aperçu de loin, ce fut à n’en point douter l’œuvre d’un Fruit ou d’autres artifices occultes.

- Civile mon cul… ! Cracha-t-il alors que le sang lui coulait d’entre les lèvres. L’émeute qui s’enflamme, les morts suspectes, la fille présente à deux endroits à la fois… c’était une putain de barbouzerie. Voilà ce que c’était !

Après qu’Alegsis ait hélé la polissonne paisiblement installée sur son toit, le matelot, même d’un œil seulement, n’avait alors pas manqué la demoiselle qui s’y trouvait assise en tailleur ; maîtresse d’orchestre d’un opéra macabre dont elle fut l'habile compositrice.

Resté quant à lui crédule, pas à même de déceler le sentier d’une conjuration quand bien même on lui en fléchait le chemin, Alegs, toujours à la flotte autant qu’il était à la ramasse, resta perplexe.

- Mais du coup, demanda-t-il à ce Marine écœuré que l’entité même qu’il servait l’ait ainsi trahi lui et les siens, tu penses que j’ai mes chances avec elle où ?…

La désinvolture, reine de cet esprit atrophié qu’était celui d’Alegsis Jubtion, indiquait au bougre le sens de ses priorités. Une insurrection raciale, apparemment, ne valait pas d’y figurer en tête. Ses vaines illusions de godelureau malhabile, en revanche, paraissaient en comparaison revêtir une importance toute particulière. Non pas qu’il fut un amoureux transi, Alegsis, mais ses méninges étaient simplement trop déficients pour penser au-delà de ses seuls intérêts du moment. Ce tempérament faisait de lui cette implacable machinerie d’égoïsme pur chez qui tout l’indifférait aussi longtemps que cela ne le concernait pas directement. L’imbécillité, même exprimée dans une gaudriole burlesque, faisait à terme le lit du Mal. Au fond, ce n’était peut-être pas par hasard que deux entités aussi différentes que la « barbouze » et son fléau s’étaient rencontrées au détour d’un drame qu’ils avaient ensemble modelé à quatre mains.

Le fait est que cette haut dame, perchée sur les tuiles, laissait littéralement traîner des oreilles partout. Aussi n’ignorait-elle pas que ses manigances furent découvertes ou du moins suspectées.
Les cachotteries, le Cipher Pol les aimait habituellement partagées par le plus faible nombre. Des hommes-poissons, elle en avait déjà percé au cœur par dizaines en cette triste journée. Deux témoins de ses prouesses, en comparaison, ne faisaient office que des pertes marginales ; celles dont les huiles de ce monde s’accommodaient très bien au nom de l’Ordre bien compris. Elle était seule maîtresse des événements ; restait à savoir comment celle-ci expédierait les affaires courantes avant que la sous-marine n’arrive pour siffler la fin de la récréation.
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¹. Brush Crush ! La Vue Rouge
². Pourquoi ça marche pas ?!



Technique mentionnée:
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Ahlala. Faut toujours qu'il y en ait pour ne pas vouloir mourir hein ? Non mais franchement, quel idiot.

Sans même descendre de mon perchoir où le benêt me regarde, je fais apparaitre trois bras sur les deux hommes entrain de discuter. Et tandis que deux poussent sur les épaules du pauvre soldat pour lui tordre le cou dans un bruit sec, dans le même temps le dernier sort du dos du chasseur de prime pour venir le frapper violement derrière le crâne. Assurément il aura une bosse d'ici quelques heures, mais avant qu'il ne puisse s'en rendre compte et je serai partie de cette île depuis longtemps, très longtemps.

Je te laisse la vie sauve pour cette fois Alegsis l'abruti, ton potentiel de débilité ayant bien servi le gouvernement. Pour autant j'espère pour toi que tu ne recroiseras pas ma route de si tôt... Mais en attendant, je dois tout de même couvrir toute cette affaire, et si tu peux finalement croire que tout ceci n'était qu'un doux rêve, ça ferait mon affaire...

Descendant à sa hauteur, j'attrape la jambe du boulet que je traine d'une main tandis que dans l'autre je récupère son pinceau géant. Là, prenant garde grâce à l'empathie qu'il n'y ait personne pour avoir vu la précédente scène et celle que je m'apprête à faire, je retourne sur les toits de quelques geppou et soru et me déplace rapidement à travers la vie. Sur ma route parcouru à une vitesse excessive via ma maîtrise du sixième style, je peux tout de même remarquer que l'émeute est belle et bien sur la fin, et que la sous marine a encore fait un travail de maître.

En bas, les gens qui vivent leur petite existence loin de toute cette agitation du port n'ont pas tellement le temps de me remarquer que j'ai déjà disparu au dessus d'un autre toit, et ce jusqu'à arriver dans les bas fond du Royaume de Bliss : à savoir les Everglades situées en banlieue de Portgentil. L'endroit offre un contraste drastique par rapport aux jolies petites rues proprettes que nous avons parcourues quelques instants plus tôt... Ça me donnerai presque envie d'y jeter une allumette pour voir combien de ces gens sont totalement imbibés d'alcool et permettent de faire flamber le quartier.

Mais une chance pour tous ces pauvres crétins, je n'en ai pas sur moi. Enfin, je suppose qu'y laisser mon colis est en soit un genre de destruction du même genre ?

Usant une nouvelle fois de mon haki, je sonde les intentions des gens autours de moi, me déplaçant toujours de toit en toit jusqu'à finalement trouver ce que je cherche : un beau bordel, dans le sens premier du terme. Après tout, c'est ce que voulait mon cher compagnon de flânerie, non ? Me glissant alors par une fenêtre avec mon colis, je surprends une vendeuse en plein dans la délivrance de sa marchandise dont la surprise première laisse finalement place à un professionnalisme presque déconcertant. Mais avant que la brune au corps à peine plus rond que le miens ou son client à l'air apeuré ait le temps de dire quoi que ce soit d'autre, je lui jette alors le benêt ainsi que mes lunettes et ma veste rouge dont j'ai préalablement vidé les poches.

- Tiens, voici ton prochain client qui te connait sous le nom d'Hana Plue. S'il demande, tu lui diras qu'il a subit un coup sur la tête et que tu l'as ramené ici en t'occupant bien de lui. Note que c'est un chasseur de Prime du nom Alegsis Jubtion, et il doit être blindé. La veste et les lunettes sont un dédommagement. Assure toi juste qu'il les voit au réveil et tu pourras le plumer sans soucis. Sur ce, je vous laisse à vos affaires.

Et sans demander mon reste, je redisparais en laissant mon colis dans un joli petit merdier où il devrait s'y sentir comme chez lui, souriant d'avance à l'idée qu'il doive justifié de son manque d'argent devant cette femme peut être encore plus avare que lui. Maintenant, je peux enfin revenir à mon point de départ et retourner au port, près du sous marin qui me sert de transport en reprenant mon apparence officielle aux cheveux violet. Le retour se faisant sans encombre, une fois arrivée à destination je sors mon escargophone et appelle les soldats qui me servent de chauffeurs.

- Lieutenant Joris, je suis au sous marin. Nous pourrons partir dès que vous aurez terminé vos affaires ici.
- Entendu.

Évidemment, Joris sait pertinemment que ma patience à des limites à ne pas franchir et que les affaires du Royaume de Bliss ne sont finalement pas tellement ses oignons. De toute façon, la situation étant pleinement sous contrôle depuis leur intervention, le reste ne le concerne plus en rien... Le sous marin ne tarde donc pas à reprendre la mer, laissant derrière lui plusieurs dizaines de familles endeuillées et quelque part dans Everglade, un chasseur de prime perdu au beau milieu d'un nid de vipères.

Pauvre petite chose...
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- AaaAAaaaAaaaAaaaAah.

Rien ne préludait mieux une excellente journée qu’une délicieuse agonie au réveil. Un coup, on ne lui en avait pourtant administré qu’un seul à celui-là afin de l'assommer, et pas un qui fut violent. Et pourtant, sous le chapeau d’Alegsis, des bosses, il avait poussé comme des champignons sous la pluie. La vilaine, après s’être saisie de lui à la jambe, l’avait négligemment trimballé dans les airs, la tête à l’envers et les bras ballants. Aussi avait-elle – le plus malencontreusement du monde – fait rebondir le crâne du chasseur sur toute tuile située à un mètre sous son geppou d’ici à ce qu’elle ne refila le colis à des dames de cœur.

Le plumard grinçait, il y était, du reste, particulièrement inconfortable. Alegs, à émerger aussi péniblement, ne sut alors trop si sa tête le lançait davantage que ses lombaires le faisaient souffrir.

- Bien dormi beau brun ? Demanda avec cette distinction si coutumière une travailleuse rendue infatigable du fait qu’elle œuvrait allongée toute la sainte journée.

Brun, il ne l’était pas tellement, Alegsis, mais il avait les cheveux si gras qu’on put effectivement commettre la bévue de le croire.
Quelque peu sonné, un rien parut ne pas lui convenir alors qu'il toisa « Hana » d'ici à ce que ses yeux ne lu irevinrent en face des trous. La gueuse avait la veste, elle avait aussi les lunettes sans qu’aucun autre oripeau ne la couvrit tandis qu’elle fut allongée disgracieusement à côté de lui. Quelque chose ne collait pas, mais il n'aurait trop su dire quoi.

- Cette voix usée par la cigarette, commençait-t-il alors qu’il se parlait à lui-même le temps d’une réflexion intensive, ce double menton, ce duvet sous le nez…. non… y’a pas de doute… c’est bien elle. Affirma-t-il sûr de lui en dépit des évagations grossières qu’il venait d’énumérer.

Il lui parut qu’elle ne fut pas Hana cette dame-ci. Sans trop savoir mettre exactement le doigt dessus – et encore moins dedans – il y avait néanmoins un tout petit rien insaisissable qui l’intimait à se méfier.
Se prêtant quant à elle au jeu dont on lui avait jeté les règles à l’envolée, la gourgandine, se plaisant décidément trop à usurper une identité, chercha à tromper la vigilance de ce qui se trouva incrédule à côté d’elle.

- Bien sûr que c’est moi euh…, rha… pesta-t-elle grossièrement, c’est quoi mon nom déjà ?

- Nana.

- Oui, voilà, c’est ça. C’est moi, ta grande amie Nana.

Assigner une mission aussi épineuse à la première gagneuse venue, rétrospectivement, n’avait pas été l’idée la mieux inspirée qu’on put avoir, même dans l’urgence. Alegsis, resté quant à lui dubitatif, ne s’alarma cependant pas que sa dulcinée ne se souvint pas même de son nom.
Aussi s’essaya-t-il à un test des plus ingénieux afin d’éclaircir ses suspicions.

- Baleine.

Le mot n’évoqua rien à qui l’entendait en ce sens où celui-ci fut présenté sans phrase et sans contexte. La réponse de la gueuse fut alors un remarquable et prévisible :

- Hein ?

Funeste fut son onomatopée. Alegsis, bondissant déjà hors du lit, eut à peine le temps de s’écrier « Je le savais ! » qu’il usa de son pinceau de combat qu'il trouva adossé contre le mur voisin afin d’administrer à son hôtesse un violent coup porté sur le crâne qui, dans la seconde, vint à bout de la gigolette. Elle s'était alors soudain effondrée d’un sommeil profond sur son lieu de travail.
Implacable, un regard sévère quoi que grotesque à en considérer sa drôle de bouille, Alegsis motiva ses agissements d’une réplique aussi grave qu’elle fut cinglante.

- Nana, elle aurait ri aux éclats.

C’était se fourvoyer dans le grandes largeurs que de croire que la seule mention d’une baleine eut suffi à la faire s’esclaffer, mais il était vrai qu’elle avait simulé la marrade sur une affaire de jeu de mot à base de cétacé. C’était en tout cas une bien maigre preuve afin d'attester que l’imposteur fut effectivement une pâle réplique de la vraie Hana. Bien qu’il n’existait pas de vraie Hana en ce sens où, celle-ci, n’avait jamais été que l’avatar d’une ombre estampillée Cipher Pol.

Descendu du clapier à vérole où on l’avait jeté la veille, Alegsis, son pinceau en appui sur l’épaule, retournait à ses errements. Cela, avant que ceux-ci ne se saisirent de lui par le col.
À roupiller presque une journée durant, il n’avait pas su que la garnison locale, en effervescence après la cohue, ne fut que trop disposée à se montrer hostile à l’endroit de tout ce qui n’était pas du cru. La régulière avait perdu près d’une trentaine de ses hommes au milieu des hostilités, aussi firent-ils preuve d’un excès de vigilance quant à ce qui animait les quartiers ensanglantés de Portgentil.
Se retrouvant la gueule collée contre le mur après qu’on se soit saisi de lui en traître, un fusil braqué sur ses lombaires déjà malmenés par son sommeil inconfortable, Alegsis goûta une fois de plus aux conséquences de ses actes.

- Toi ! T’es pas du coin ! On peut savoir ce que tu fous à Bliss ?! T’es un fumier de révolutionnaire qui prête appui aux poiscailles, avoue !

À lui faire les questions et les réponses, Alegsis ne sut trop trouver les mots pour persuader le marin que, de ses allégations, il n’en fut rien. Quelques coups de crosse administrés dans les reins plus tard, Alegs parvint toutefois à vociférer « Chasseur de primes » jusqu’à ce qu’on le fouilla pour lui découvrir une licence.

- Mes excuses, lâcha désinvolte un matelot bien peu désolé d’avoir ainsi traité un de ces charognards ambulants comme la Marine en avait horreur, on recherche des complices après l’émeute d’hier.

- Y’a eu une émeute ? Parut s’étonner sincèrement l’Épavien alors qu’il n’avait, la veille, prêté attention qu’à cette demoiselle qu’il avait si âprement courtisé.

Se refusant à croire qu’on put être aussi nonchalant, le serviteur du Gouvernement Mondial lui tendit un avis de recherche qui, lui, n’était garni d’aucune somme en plus d'être élaboré au fusain.

- On pense que les poisca… les hommes-poissons bénéficiaient d’appuis. Probablement auprès de la révolution locale. On nous a signalé une femme dont certains habitants prétendent qu’ils l’auraient vu voler dans les environs hier, à peu près à la même heure.

Un geppou, quand il était perpétré au beau milieu d’une zone habitée durant l’après-midi, ne passait généralement pas inaperçu. Car même claquemurés chez eux, les portgentillais, afin de savoir à quoi s’en tenir pour ce qui avait concerné le désastre au dehors, n’avaient alors pas manqué de regarder aux fenêtres tout du long.

- Voler ?…. Alegsis se tordit légèrement la mâchoire en croisant les bras, sa tête légèrement penchée sur le côté. Comme un ange vous voulez dire ? S’interrogea-t-il si sérieusement d’une pareille bêtise qu’on ne put considérer sa remarque que comme un sarcasme.

- Oui, ça va, je sais, c’est pas probant, c'étaient juste des flashs, avec des « peut-être » et autres « je crois ». Mais y’a plusieurs témoignages non-concertés qui ont parlé de ça et, à ce stade, on ne néglige aucune piste. Pas la peine de se foutre de ma gueule.

Faisant preuve d’une familiarité déplacée car dépourvu du moindre rudiment éducation, Alegs s’était emparé de l’épaule du patrouilleur pour le secouer tandis qu’il l’instruisait des choses du monde.

- Mais non ! Y’avait vraiment un ange hier ! Même qu’il s’appelait Nana et qu’il ressemble à votre dessin trop moche au fait.

Impétueux comme il l’était, Alegs paraissait presque menaçant à s’agiter avec ce curieux ustensile en main qui ressemblait à s’y méprendre à un balai. Ce « balai », Alegsis y jeta sa dernière capsule de peinture bleue et, à même la façade du bordel dont il s’était extrait, y alla de son art. Il avait en effet une mémoire photographique hors du commun dont il était à même de restituer le moindre trait et ce, bien que les esquisses puisées depuis sa seule imagination, quant à elles, ne ressemblaient qu’à des dessins d’enfant perturbé.

- Elle ressemblait à peu près à ça. À peu près, hein. Conclut-il son chef-d'œuvre accompli en quelques secondes de temps.

Sur deux mètres de haut, il avait comme imprimé en bleu l’exact portrait de sa dulcinée devant un soldat des mers abasourdi par la précision du rendu. Celui-ci en était resté bouche bée.
Profitant qu’un support si inerte se soit alors trouvé face à lui, Alegsis, en usant des bribes de peinture bleue dont il venait de faire usage, écrivit prestement une série de chiffres sur l’uniforme blanc du marin qui, pour sa part, se décomposa quand il en prit conscience.

- C’est mon numéro d’escargophone, fit savoir benoîtement l’artiste, si vous la retrouvez, oubliez pas de lui filer.

Plus familier avec les chiffres que les lettres – c’était vital quand on courait les primes – Alegsis fut en mesure de partager ses coordonnées afin d’asséner deux petites tapes sur l’épaule du loufiat gouvernemental.

- Allez, au boulot ! Lui dit-il enjoué, sa tête d’ahurie affichant en bannière un sourire niais, avant de lui fausser aussitôt compagnie en sifflant, tandis qu'il faisait tournoyer son pinceau entre ses doigts.

Médusé – mais sans trop savoir par quoi commencer – le matelot, qui l’avait regardé partir sans trop trouver les mots, reporta très vite son attention sur l’ouvrage qui, dès lors, se présenta à lui comme une avancée considérable dans l’enquête qui fut présentement menée. Gauchement, sans que son regard ne se déporta un instant du portrait bleuté, il chercha son escargophone dans cette même veste blanche qu’un curieux spécimen venait de lui graffiter.

- Central, ici le deuxième classe Gerans, j’ai besoin que vous m’envoyiez quelqu’un avec un visio-dial. Resté silencieux quelques secondes, à contempler ce portrait de profil dont l’œil glacial semblait le toiser avec mépris, il ajouta avec un sourire satisfait : je vous expliquerai plus tard.
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