À la garnison de Bliss, les murs y étaient blancs. Ils l'étaient dans les autres casernes aussi, mais c'est ici qu'on retrouvait les plus immaculés d'entre tous. Il fallait en effet avoir bonne allure lorsque l'on cherchait à s'ajuster au prestige de l'île. Même si elle était feinte et qu'il n'en inspirait que des bribes, Alegsis, en fin connaisseur des choses de l'art, sentait que la peinture environnante avait été fraîchement étalée. Il y avait peut-être de cela dix jours sans doute.
S'il s'y était rendu à cette garnison, cependant, ce ne fut pas dans l'idée d'y laisser vagabonder son pinceau de combat - c'eut été mal avisé considérant le rapport de force - mais afin de répondre à une sollicitation qui lui fut mandée ; à une convocation.
Il y avait été traîné de force.
D'habitude toléré par le bras armé du Gouvernement Mondial - un bras souvent tremblant à l'idée de lui en coller une cependant - ce n'était pas pour aller y rafler des primes qu'il s'y était rendu cette fois. Tiré par l'oreille afin qu'on l'y traîna sans que sa résistance fut redoutable, ce chasseur de primes-ci, on l'avait assis de force sur le premier siège venu en salle d'interrogatoire.
- Tu sais ce que c'est la loi ? Furent alors les premiers mots intelligibles prononcés par son ravisseur en uniforme.
Né au Cimetière d'Épaves et quelque peu carencé pour ce qui tenait aux civilités, Alegsis trouva les mots justes afin de prêter la réplique à ce Marine qui l'avait convoyé véhémentement jusqu'à ses quartiers.
- C'est la liste de tout ce qu'on peut pas faire dans le gros bouquin ? J'ai bon ? Se réjouissait-il alors, persuadé qu'on le féliciterait pour avoir trouvé la réponse à une question rhétorique. Après, moi... je sais pas lire. Donc je sais pas non plus tout tout bien.
À sursauter comme le fit alors Alegsis, on eut pu croire que la secousse du coup de poing écrasé devant lui par le matelot l'avait fait jaillir de son siège.
- Joue pas au plus malin.
Aurait-il voulu y jouer, à ce jeu là, qu'Alegsis aurait fini bon perdant.
- Tu crois que ta licence de chasseur de primes, elle te donne tous les droits peut-être ?
- C'est pas le cas ?! S'interloqua sincèrement le principal intéressé.
Cette tête d'ahurie - plus encore que n'était sa trogne sans qu'il n'y glissa une expression dessus - apparut si théâtrale aux yeux du matelot que celui-ci ne put contenir un coup de poing venu tomber comme une masse sur le chapeau de son supplicié. La loi le lui proscrivait pourtant.
- Ça fait trois jours qu'on reçoit des appels et des visites comme quoi un demeuré avec une tronche pas possible frappe à la porte de tout le monde pour leur demander s'ils ont pas vu une peinture volée.
Étant revenu de ses airs ébahis, Alegsis se tînt le menton d'une main alors que ses prunelles, désormais perchées aux coins de ses gros yeux, indiquaient qu'un effort de réflexion s'accomplissait alors.
- Un demeuré avec une tronche pas possible... Son recueillement porté jusqu'à son terme, il en tira les conclusions que seul un esprit comme le sien pouvait faire maturer. Vous voulez dire qu'il y a quelqu'un d'autre qui enquête de la même manière que moi ? AÏE !
Ce n'était plus sur la table que le Marine allait y rompre ses phalanges désormais, mais à même le crâne de son suspect dont le chapeau, à force d'amortir les chocs, avait pris une bien vilaine tournure. La déduction du débile, de toute évidence, n'avait pas été la bonne.
- C'est quoi ton problème au juste ? S'énervait alors un zélé serviteur de l'ordre. Tu crois que les peintures vendues clandestinement par la révolution vont te revenir si tu les trouves chez quelqu'un ? Il se passa la main devant sa bouche le temps de la laisser glisser le long de son menton comme pour en essuyer la sueur. Sa gestuelle, nerveuse, appuyait ainsi mieux son exaspération. Non ! Mieux ! Tu crois que celui qui les a achetées va gentiment te répondre « Oui » si tu viens lui demander si elles sont chez lui ?
Effectivement, Alegsis l'admit alors en son for intérieur, son enquête accusait quelques déficiences béantes. Frapper aux portes des premiers venus afin de demander si une toile de maître volée figurait dans leur patrimoine, en tout état de cause, n'avait pas été nécessairement la méthode d'investigation la plus redoutable qui fut. C'était en tout cas la seule à la portée de ses moyens cognitifs. Présenté à un tel cas d'indigence intellectuelle, le commun des mortels - ne serait-ce que pour se rassurer - se refusait de croire que l'on put être si abruti. Il n'était cependant jamais trop tard pour faire la connaissance d'Alegsis Jubtion et de reconsidérer son opinion en la matière.
- Oui mais, répliquait déjà le plus illustre des détectives, je leur posais la question deux fois ; histoire d'être bien sûr qu'ils mentent pas.
Il avait en effet pensé à tout.
Aussi, qu'il asséna pareille ineptie avec tant de fraîcheur et ce, tout en brandissant en plus son index d'un air sûr de lui, passa immanquablement aux yeux de son interrogateur pour une provocation outrecuidante. Le matelot avait devant lui un bouffon, mais un qui l'était à son insu seulement. Cette fois, le butor renversa la chaise et, avec elle, ce qu'elle avait tenu le cul vissé sur son siège. Sa démonstration de force clairement accomplie, le Marine vindicatif se pencha au-dessus du chasseur de primes afin de l'intimider davantage de sous sa casquette.
- Ici, c'est un coin tranquille où les gens veulent écouler des jours paisibles sans fauteurs de troubles, alors les loqueteux de charognards dans ton genre, de toi à moi... ça vaut pas plus qu'un pirate à nos yeux. Vaudrait mieux que tu te tiennes à carreau et que tu décampes, pigé ?
La loi, Alegsis ne l'avait cependant enfreinte en aucune façon. Pour maladroite et stupide que fut sa méthode d'enquête, celle-ci avait été conduite le plus légalement du monde alors qu'il n'avait fait que frapper aux portes pour poser des questions invraisemblables. Seulement, ce malheureux bougre, il avait de la mauvaise vie qui lui suintait de tous les orifices. Un chasseur de primes, de réputation, on le savait baroudeur, fouineur, mal embouché et très porté sur l'algarade. Pour auxiliaires de Justice qu'ils étaient, ces gens-là, on n'aimait jamais trop les avoir dans les alentours ; ils faisaient mauvais genre. D'autant qu'ils donnaient une image déplorable de la Marine lorsqu'ils capturaient des criminels que par même une garnison toute entière fut foutue d'alpaguer. Dès lors, en ces lieux si joliment famés, ne se privait-on pas de les houspiller quelque peu afin que tout chasseur de tête fut mis au courant que son séjour n'était que peu apprécié.
- Allez, tire-toi. Je veux plus entendre parler de toi, ou ta licence, je me débrouillerai pour te la faire révoquer.
Sans se faire prier, d'abord à quatre pattes puis sur deux, Alegs déguerpît sans trop bien comprendre ce qui lui avait été reproché. Le savoir, comme la sagesse ou la connaissance, lui ruisselaient dans la cervelle comme l'averse sur une feuille de lotus : il ne retenait ni ne saisissait jamais rien. Aussi partait-il bille en tête et son pinceau géant en main tout en sifflotant, disposé qu'il était déjà à reprendre son « enquête ».
Toutefois, alors qu'il se perdit dans les locaux - car il ne faisait jamais bon le laisser vagabonder où que ce fut sans l'escorter - il tendit une oreille indiscrète en direction d'une salle d'interrogatoire. Une que s'était arrogée le Cipher Pol 2 depuis plusieurs jours, affairés qu'ils avaient été à « interroger » l'un des révolutionnaires trempés dans le trafic d'art qui avait tant défrayé la chronique ces temps derniers. Un trafic auquel Alegsis n'avait d'ailleurs pas été étranger.
Cela s'était passé il y a environ dix jours, date à laquelle remontait ses premières investigations commises au porte-à-porte par un chasseur de primes aussi laid qu'il était stupide. À Portgentil, Alegsis y avait trouvé un ami, le meilleur de tous : Kant ; un camarade auquel il vouerait une fidélité indéfectible. Leur intelligence respective ayant en effet résonné au diapason pour qu'une telle proximité se noua entre eux, leurs infatigables égarements les avait naturellement conduits à usurper purement et simplement l'identité d'un artiste dont on disait de sa renommée qu'elle fut immaculée. Une ânerie en entraînant une autre, ils avaient fini otages des révolutionnaires de Bliss. Le crime, cependant, tourna à la débâcle, mais deux séditieux parvinrent toutefois à s'échapper avec, pour butin, les œuvres du grand Néreu Picassiette. Des œuvres qui, en réalité... n'étaient que de pâles copies peinturlurées par Alegsis et son compère. Copies qui se vendirent outrageusement cher sur le marché noir dans les deux jours qui succédèrent au larcin. Que la camelote fut si vite écoulée indiqua qu'elle n'avait vraisemblablement jamais quitté le Royaume de Bliss, d'où les vaines et ridicules recherches entreprises par le chasseur de primes qui, en réalité, ne cherchait qu'à retrouver ses gribouillages pour en faire cadeau à son copain Kant ; son meilleur copain Kant.
Alegs avait, par mégarde - autant la sienne que du bleu-bite l'ayant négligemment quitté des yeux en pleine garnison - trouvé la pièce où le preneur d'otage en chef y avait été enfermé en mauvaise compagnie. Le Cipher Pol, quand il demandait, ne le faisait jamais poliment. Le captif, bien amoché, tenait depuis près de dix jours, trop fier pour accepter de trahir la cause. D'autant qu'il savait que, dès lors où il aurait fait part de tout ce qu'il avait dans la caboche, son existence connaîtrait un terme subit dans des délais aussi prochains que funestes.
De derrière la porte, l'oreille collée tout contre, Alegsis usa de ses talents d'espionnage ; ceux-ci équivalent de beaucoup à ses prouesses d'enquêteur. Le drame y était maintenant à portée de tympan.
S'il s'y était rendu à cette garnison, cependant, ce ne fut pas dans l'idée d'y laisser vagabonder son pinceau de combat - c'eut été mal avisé considérant le rapport de force - mais afin de répondre à une sollicitation qui lui fut mandée ; à une convocation.
Il y avait été traîné de force.
D'habitude toléré par le bras armé du Gouvernement Mondial - un bras souvent tremblant à l'idée de lui en coller une cependant - ce n'était pas pour aller y rafler des primes qu'il s'y était rendu cette fois. Tiré par l'oreille afin qu'on l'y traîna sans que sa résistance fut redoutable, ce chasseur de primes-ci, on l'avait assis de force sur le premier siège venu en salle d'interrogatoire.
- Tu sais ce que c'est la loi ? Furent alors les premiers mots intelligibles prononcés par son ravisseur en uniforme.
Né au Cimetière d'Épaves et quelque peu carencé pour ce qui tenait aux civilités, Alegsis trouva les mots justes afin de prêter la réplique à ce Marine qui l'avait convoyé véhémentement jusqu'à ses quartiers.
- C'est la liste de tout ce qu'on peut pas faire dans le gros bouquin ? J'ai bon ? Se réjouissait-il alors, persuadé qu'on le féliciterait pour avoir trouvé la réponse à une question rhétorique. Après, moi... je sais pas lire. Donc je sais pas non plus tout tout bien.
À sursauter comme le fit alors Alegsis, on eut pu croire que la secousse du coup de poing écrasé devant lui par le matelot l'avait fait jaillir de son siège.
- Joue pas au plus malin.
Aurait-il voulu y jouer, à ce jeu là, qu'Alegsis aurait fini bon perdant.
- Tu crois que ta licence de chasseur de primes, elle te donne tous les droits peut-être ?
- C'est pas le cas ?! S'interloqua sincèrement le principal intéressé.
Cette tête d'ahurie - plus encore que n'était sa trogne sans qu'il n'y glissa une expression dessus - apparut si théâtrale aux yeux du matelot que celui-ci ne put contenir un coup de poing venu tomber comme une masse sur le chapeau de son supplicié. La loi le lui proscrivait pourtant.
- Ça fait trois jours qu'on reçoit des appels et des visites comme quoi un demeuré avec une tronche pas possible frappe à la porte de tout le monde pour leur demander s'ils ont pas vu une peinture volée.
Étant revenu de ses airs ébahis, Alegsis se tînt le menton d'une main alors que ses prunelles, désormais perchées aux coins de ses gros yeux, indiquaient qu'un effort de réflexion s'accomplissait alors.
- Un demeuré avec une tronche pas possible... Son recueillement porté jusqu'à son terme, il en tira les conclusions que seul un esprit comme le sien pouvait faire maturer. Vous voulez dire qu'il y a quelqu'un d'autre qui enquête de la même manière que moi ? AÏE !
Ce n'était plus sur la table que le Marine allait y rompre ses phalanges désormais, mais à même le crâne de son suspect dont le chapeau, à force d'amortir les chocs, avait pris une bien vilaine tournure. La déduction du débile, de toute évidence, n'avait pas été la bonne.
- C'est quoi ton problème au juste ? S'énervait alors un zélé serviteur de l'ordre. Tu crois que les peintures vendues clandestinement par la révolution vont te revenir si tu les trouves chez quelqu'un ? Il se passa la main devant sa bouche le temps de la laisser glisser le long de son menton comme pour en essuyer la sueur. Sa gestuelle, nerveuse, appuyait ainsi mieux son exaspération. Non ! Mieux ! Tu crois que celui qui les a achetées va gentiment te répondre « Oui » si tu viens lui demander si elles sont chez lui ?
Effectivement, Alegsis l'admit alors en son for intérieur, son enquête accusait quelques déficiences béantes. Frapper aux portes des premiers venus afin de demander si une toile de maître volée figurait dans leur patrimoine, en tout état de cause, n'avait pas été nécessairement la méthode d'investigation la plus redoutable qui fut. C'était en tout cas la seule à la portée de ses moyens cognitifs. Présenté à un tel cas d'indigence intellectuelle, le commun des mortels - ne serait-ce que pour se rassurer - se refusait de croire que l'on put être si abruti. Il n'était cependant jamais trop tard pour faire la connaissance d'Alegsis Jubtion et de reconsidérer son opinion en la matière.
- Oui mais, répliquait déjà le plus illustre des détectives, je leur posais la question deux fois ; histoire d'être bien sûr qu'ils mentent pas.
Il avait en effet pensé à tout.
Aussi, qu'il asséna pareille ineptie avec tant de fraîcheur et ce, tout en brandissant en plus son index d'un air sûr de lui, passa immanquablement aux yeux de son interrogateur pour une provocation outrecuidante. Le matelot avait devant lui un bouffon, mais un qui l'était à son insu seulement. Cette fois, le butor renversa la chaise et, avec elle, ce qu'elle avait tenu le cul vissé sur son siège. Sa démonstration de force clairement accomplie, le Marine vindicatif se pencha au-dessus du chasseur de primes afin de l'intimider davantage de sous sa casquette.
- Ici, c'est un coin tranquille où les gens veulent écouler des jours paisibles sans fauteurs de troubles, alors les loqueteux de charognards dans ton genre, de toi à moi... ça vaut pas plus qu'un pirate à nos yeux. Vaudrait mieux que tu te tiennes à carreau et que tu décampes, pigé ?
La loi, Alegsis ne l'avait cependant enfreinte en aucune façon. Pour maladroite et stupide que fut sa méthode d'enquête, celle-ci avait été conduite le plus légalement du monde alors qu'il n'avait fait que frapper aux portes pour poser des questions invraisemblables. Seulement, ce malheureux bougre, il avait de la mauvaise vie qui lui suintait de tous les orifices. Un chasseur de primes, de réputation, on le savait baroudeur, fouineur, mal embouché et très porté sur l'algarade. Pour auxiliaires de Justice qu'ils étaient, ces gens-là, on n'aimait jamais trop les avoir dans les alentours ; ils faisaient mauvais genre. D'autant qu'ils donnaient une image déplorable de la Marine lorsqu'ils capturaient des criminels que par même une garnison toute entière fut foutue d'alpaguer. Dès lors, en ces lieux si joliment famés, ne se privait-on pas de les houspiller quelque peu afin que tout chasseur de tête fut mis au courant que son séjour n'était que peu apprécié.
- Allez, tire-toi. Je veux plus entendre parler de toi, ou ta licence, je me débrouillerai pour te la faire révoquer.
Sans se faire prier, d'abord à quatre pattes puis sur deux, Alegs déguerpît sans trop bien comprendre ce qui lui avait été reproché. Le savoir, comme la sagesse ou la connaissance, lui ruisselaient dans la cervelle comme l'averse sur une feuille de lotus : il ne retenait ni ne saisissait jamais rien. Aussi partait-il bille en tête et son pinceau géant en main tout en sifflotant, disposé qu'il était déjà à reprendre son « enquête ».
Toutefois, alors qu'il se perdit dans les locaux - car il ne faisait jamais bon le laisser vagabonder où que ce fut sans l'escorter - il tendit une oreille indiscrète en direction d'une salle d'interrogatoire. Une que s'était arrogée le Cipher Pol 2 depuis plusieurs jours, affairés qu'ils avaient été à « interroger » l'un des révolutionnaires trempés dans le trafic d'art qui avait tant défrayé la chronique ces temps derniers. Un trafic auquel Alegsis n'avait d'ailleurs pas été étranger.
Cela s'était passé il y a environ dix jours, date à laquelle remontait ses premières investigations commises au porte-à-porte par un chasseur de primes aussi laid qu'il était stupide. À Portgentil, Alegsis y avait trouvé un ami, le meilleur de tous : Kant ; un camarade auquel il vouerait une fidélité indéfectible. Leur intelligence respective ayant en effet résonné au diapason pour qu'une telle proximité se noua entre eux, leurs infatigables égarements les avait naturellement conduits à usurper purement et simplement l'identité d'un artiste dont on disait de sa renommée qu'elle fut immaculée. Une ânerie en entraînant une autre, ils avaient fini otages des révolutionnaires de Bliss. Le crime, cependant, tourna à la débâcle, mais deux séditieux parvinrent toutefois à s'échapper avec, pour butin, les œuvres du grand Néreu Picassiette. Des œuvres qui, en réalité... n'étaient que de pâles copies peinturlurées par Alegsis et son compère. Copies qui se vendirent outrageusement cher sur le marché noir dans les deux jours qui succédèrent au larcin. Que la camelote fut si vite écoulée indiqua qu'elle n'avait vraisemblablement jamais quitté le Royaume de Bliss, d'où les vaines et ridicules recherches entreprises par le chasseur de primes qui, en réalité, ne cherchait qu'à retrouver ses gribouillages pour en faire cadeau à son copain Kant ; son meilleur copain Kant.
Alegs avait, par mégarde - autant la sienne que du bleu-bite l'ayant négligemment quitté des yeux en pleine garnison - trouvé la pièce où le preneur d'otage en chef y avait été enfermé en mauvaise compagnie. Le Cipher Pol, quand il demandait, ne le faisait jamais poliment. Le captif, bien amoché, tenait depuis près de dix jours, trop fier pour accepter de trahir la cause. D'autant qu'il savait que, dès lors où il aurait fait part de tout ce qu'il avait dans la caboche, son existence connaîtrait un terme subit dans des délais aussi prochains que funestes.
De derrière la porte, l'oreille collée tout contre, Alegsis usa de ses talents d'espionnage ; ceux-ci équivalent de beaucoup à ses prouesses d'enquêteur. Le drame y était maintenant à portée de tympan.