Un rendez-vous donné discrètement, à l’abri des regards et des murmures. Un matin, très tôt dans la nuit, un albatros vint déposer une lettre à Suelto, qui prenait le temps de profiter de cet instant de silence sur le pont principal. Seules les vagues qui frappaient contre le Libérateur donnaient une légère mélodie appréciables. En réceptionnant la lettre, il pensait à une missive des membres du DRAGONS, mais il tomba des nus en reconnaissant, sans l’ombre d’un doute, le script de son ancien supérieur et meilleur ami. Un rendez-vous lui était donné, sans nom, sans diminutif, simplement un code que seul Visconti pouvait décoder. Un décryptage aisé. Malgré le temps écoulé et la distance qui les éloignait, leur lien était encore intact. Hasard ou non, le lieu du rendez-vous se trouvait justement sur le chemin que prenait le navire révolutionnaire. C’était même précisément leur destination. Cela confirma bien une chose : les instincts et les méthodes du loup étaient toujours aussi efficaces. Son réseau d’informations fonctionnait toujours aussi bien. Le rouquin appréciait de savoir son ami en pleine possession de ses capacités, mais il craignait son retour parmi la cause, craignait qu’on lui voulût du mal en raison des informations qu’il détenait. Peut-être l’accusera-t-on de traitrise pour justifier sa longue absence ? Et comme tout le monde, Suelto souhaitait avoir des réponses.
Alors quelques jours plus tard, tandis que le navire amarrait dans ce petit port de plaisance, au sud d’un sympathique village prospère et tout à fait charmant. Ce village vivait essentiellement du tourisme et de la pêche. Les caractéristiques des bâtisses, atypiques, accueillaient beaucoup de monde. Neutre, les révolutionnaires pouvaient venir ici le temps d’une escale. Suelto s’occupa du protocole et donna quartier libre à ses hommes. Des rotations étaient néanmoins programmées afin de ne pas laisser le navire sans surveillance. Une fois les préparatifs terminés, le rouquin pouvait maintenant se préoccupait de sa mission du jour : retrouver Ragnar. D’après la lettre, ce dernier donna des précisions sur sa position, le tout de manière codée. Les indications menées au cœur de la forêt de l’île, apparemment complètement inhabitée. Seuls des animaux rodaient dans les alentours. Une fois qu’il s’estima être au point demandé, il s’adossa contre un arbre, les bras croisés, et attendit patiemment. L’Atout n’était du genre à faire attendre.
« Alors, on s’ennuie sans moi ? », fit le principal intéressé, sourire aux lèvres, perché sur une branche au-dessus de Suelto.
Comment Suelto Visconti, ex-bras droit de l'Empereur, allait-il réagir ?