- Keuf, keuf, toussais-je après un grand effort physique,
elles sont vachement bizarres leurs traditions, ne trouvez-vous pas monsieur Carotte ?Je me relevais après une courte pause à genoux. Mes bandelettes étaient pleines de sueurs et ça dégoulinait de partout. Mon cher et nouvel ami Carotte semblait lui aussi épuisé. Il fallait dire que ces samurais rencontrés précédemment nous avaient drôlement accueillis.
- Entamer un marathon à peine rencontré ... Il n'y a qu'à Shimotsuki qu'on peut voir ça ! Nyahahahahaha ! Venez mon brave, il est temps de vous payer votre premier cocktail !Toujours de bonne humeur - et un brin crédule - je tapais l'épaule de mon camarade d'une manière amicale. Ce charmant monsieur avait tout l'air d'être assoiffé.
Il n'y avait qu'un petit bémol dans mon plan ... Je crois bien qu'on s'était perdu après cette fameuse course.
Encouragé à l'idée de récupérer son du, Carotte suivit le pas. Et d'une décision commune, les deux hommes prirent une direction totalement aléatoire, se persuadant l'un à l'autre qu'elle les mènerait à leur destination.
[...]
- Dites monsieur Carotte, n'aurions du pas tourner à gauche lors de la précédente intersection ?- Ne t'en fais pas Cul-de-Jatte, à force de marcher tout droit, on ira bien quelque part ! L'optimisme de ce garçon était revigorante ! Même si cela faisait plusieurs heures que nous marchions, que le soleil se couchait et que cette dite intersection se trouvait à huit kilomètres en contre-bas, la confiance de Carotte me rendait capable de braver tous les cataclysme !
- Regardes Cul-de-Jatte, je te l'avais bien dis ! S'exclama-t-il en pointant une zone éclairée au loin.
Carotte ne le savait pas encore, mais il devenait de plus en plus - à mes yeux - l'incarnation même de la classe quand il s'exprimait avec tant de confiance ! Moi qui était si timide ... Fasciné, je le suivais alors sans un mot, tout aussi curieux de savoir sur quoi allait-on tomber
Il avait bel et bien raison ! Après avoir élagué un buisson d'un coup de faux, nous tombâmes sur une ravissante auberge de montagnes. Ce genre d'auberge - qui par chance - accueillait les visiteurs égarés tels que nous et leur proposait un bon bain chaud !
- Bonjour jeune femme ! La tenancière avait la soixantaine, mais l'optimisme de mon compagnon était contagieuse.
Nous voudrions deux "Virgin Cocombrinho" à savourer dans vos magnifiques bains chauds !Cette journée avait été particulièrement éprouvante, il était normal pour moi de payer un temps de repos à l'ami qui m'avait généreusement accompagné. Après avoir sorti ma maigre bourse et extrait les misérables pièces qui s'y trouvait, l'aubergiste nous conduisit vers les vestiaires.
Les règles pour la baignades étaient simples : pas de vêtements, pas de chaussures, les effets personnels à l'entrée et ne pas courir aux abords du bassin. Monsieur Carotte fit répéter plusieurs fois la vieille fame a cause d'un problème d'audition. Mais après une bonne dizaines de minutes, nous étions changés, le colis devant les bains, et prêt pour la détente !
[...]
- Dis moi Cul-de-Jatte, je peux te poser une question ?Alors qu'on se prélassait délicatement dans les eaux thermales, cocktail à la main, Carotte semblait s'interroger sur moi.
- La tenancière ne t'as pas dis de te mettre à poil ? Pourquoi t'es pas encore tout nu ? Faisant référence à mon corps complètement embaumé.
Pis ça te gène pas pour te baigner ?- Ah, ça ! Nyahahahahaha ! Disons que ... Je ... Un peu gêné de lui parler de ma maladie, je préférais éviter le sujet.
Je suis pudique ! Et puis j'ai transpiré toute la journée dans ces bandages, il fallait bien que je les lave aussi ! Tiens Carotte, regarde toutes les bulles que j'arrive à faire dans l'eau !Comme un enfant le ferait, je m'étais glissé sous l'eau et lâchais tout un tas de bulles plus grandes les unes que les autres. C'était un de mes jeux préféré et, dans mon enfance, ma mère était souvent impressionnée par ce talent incroyable ! (Même si elle n'était surement pas très objective ...)
Alors que je m'amusais, Carrote put entendre de l'agitation dans les couloirs adjacents aux bains.
- Ils doivent être dans le coin ! C'est la seule auberge à des kilomètres à la ronde !- Ces salopards ... S'ils croient s'en tirer après avoir agressés ma mamie ! Bloup, bloup, bloup. Les bulles continuaient à profusion. Sauf que, tôt ou tard, j'étais à cour d'air et je remonta la tête pour respirer. C'est à ce moment que mon compagnon me prit à parti et, tout excité, me disait :
- Cul-de-Jatte ! Les samouraïs de tout à l'heure sont revenus. Et tu sais que ce veut la tradition dans ces cas la ?!- Euuuuuuuuh .... Non ... - Qu'on joue à cache-cache ! Tout content, j'applaudissais des mains. Carotte m'encourageait à me cacher avant que lui même se planque. Il mit sa tête sous l'eau et ne bougea plus. Peu inspiré, j'observais les environs.... Il n'y avait vraiment rien de bien pour se cacher ! Il ne me restait plus qu'une solution !
La porte des bains s'ouvrit, laissant apparaitre deux des fiers guerriers. Ceux-ci entrèrent et scrutèrent la zone. Un d'eux me dévisagea et se rapprocha de moi. Gloups, m'avait-il démasqué ?! Je me concentra pour ne pas bouger d'un pouce et resta figé sur place, les mains en l'air.
- A part un étrange épouvantail, il n'y a rien ici ...- C'est bizarre, il y a des affaires semblables à ce qu'ils portaient à l'entrée...- Prenons les et continuons. Si elles sont bien à eux, ils doivent être dans les parages.La porte se referma derrière eux. Ouuuuuf ... Ils ne nous avaient pas démasqués. On avait encore gagné cette manche ! Heureusement car à force de rester statique, j'étais à deux doigts de chopper des crampes !
Je me rapprocha alors de mon compagnon de voyage. Ce qui me surpris le plus, lui qui s'était caché sous l'eau brumeuse, c'était l'incroyable durée d'apnée qu'il avait ! Un véritable athlète ce Carotte !
D'un signe de la main, je lui disais de remonter.
- Bien joué monsieur Carotte ! Nous avons encore gagné ! Par contre, je crois qu'ils sont partis avec nos affaires ... Et le colis que nous devions transporter à Kawaii ... C'est encore une de leur tradition ?Encore une nouvelle coutûme, qui fut plutôt contraignantes, car mon cher Carotte n'avait pour habit qu'une seule serviette autour de la taille ...