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Lac Flacide

- Alors bande de tapins d’eau rousse, euh… marins d’eau douce, ça pirate, ça brigande, ça fait des trucs illégaux ? Vous pouvez tout me dire à moi, votre ami euh... Iglesias. Ouais, c’est ça, Iglesias le… le non-chasseur de primes.

C’était brillant. Brillant d’un éclat si terne qu’on eut pu le croire éteint.
Alegsis – acronyme opportune du suspicieux « Iglesias » – avait ses habitude à la Flaque. Chaque fois qu’il y passa – car une mer bleue ne lui suffisait décidément pas – celui-ci furetait dans les galeries sombres et perdues sous Red Line, traquant la flibuste sans relâche, mais du regard seulement. Les pirates, il n’avait rien contre ; bien au contraire. Car dans l’écosystème vicié de l’endiguement du crime, un justicier assermenté par le gouvernement, sa licence de chasseur de primes en poche, avait un intérêt tout particulier à ce que rapines et turpitudes furent endémiques.
Le chasseur de primes, de par le fait, chassait la prime. C’était fatal ; son attribution, jusqu’à son intitulé, le lui suggérait fortement. Or, la prime ne tombait qu’à moins qu’un forban, ou autre malfaisant, fut dispendieux en abjections. Du fait même que la prime assurait sa subsistance, Alegsis Jubtion, pourtant fidèle allié du Gouvernement Mondial, œuvrait parfois en douce à ce que la piraterie trouva quelques prétextes à s’épanouir.

À l’abri des regards scrupuleux de la Marine, il s’évadait en certaines occasions jusque dans les accès les moins recommandables de La Flaque pour y égarer les jeunes pousses de la flibuste. Il les trouvait en effet trop modérés ces boucaniers, à vouloir la fortune sans que le sang ne fut trop versé.
Aussi allait-il trouver quelques nouveaux équipages venus appareiller à La Flaque, tel un spectre curieux qui hantait occasionnellement les galeries clandestines du réseau Marie-Joan. Avec un pinceau de près d’un mètre cinquante en main et une moustache peinturlurée en rouge sur sa tête niaiseuse, il joua son rôle d’Iglesias, l’indicateur désintéressé des pirates.
Toutefois, plus suspicieux encore que s’il avait été un amiral de Marine en vadrouille, on se détourna bien prudemment de ses suggestions. Il est vrai qu’à force de se faire connaître sous cette identité, la rumeur avait fini par courir et même cavaler afin que chacun se méfia d’un pareil bougre s’il le rencontrait. Aussi, quand le chasseur de primes en maraude trouva ce pirate bourru, isolé de son équipage, occupé qu’il était à décharger une marchandise mal acquise, il se dissimula derrière un tonneau de sorte à y laisser dépasser sa tête et son chapeau lorsque le bougre vint à sa portée.

- Bonjour, bonjou~r ! Le surprit-il de sa bonhomie béate. Dis donc, tu en as des gros muscles, une flatterie, pensait-il alors, pouvait lui valoir l’attention d’un interlocuteur, comment tu t’appelles dis-voir ? Moi c’est Ale… Iglesias. Iglesias Iglesias ; c’est aussi mon de famille. La réponse à sa précédente question lui importait car, s’il voulait que sa proie-ci ait une prime, connaître son blase fut alors essentiel à son entreprise. Dis, toi qui a des gros biscotos, ça te dirait de m’aider ? J’ai repéré un navire pirate qui a mouillé à quelques encâblures de là. Ces crétins sont tous en train de faire la java dans un tripot en s’imaginant que leur cargaison est bien dissimulée. Seulement, leur butin, dans leur gros coffre, là, il pèse une tonne. Ça te dirait qu’on les déleste d’un trésor toi et moi ? Moins on sera nombreux, moins y’aura à partager.

Son plan était savamment rodé pour l’avoir peut-être exhibé cent fois à des matelots encore naïfs, ceux-ci avides d’une richesse facile dont le montant en berries auquel ils aspiraient finirait placardé sous leur photo dans un avis de recherche. Ainsi Alegsis en avait-il dépucelé par dizaines, de ces forbans crédules, en contribuant à ce qu’ils furent connus du Gouvernement Mondial.

Ce « navire pirate », qui mouillait non loin, c’était une frégate de la Translinéenne qui, précisément pour éviter les abordages cinglants ou furtifs, levait l’ancre au milieu de veines rocheuses exiguës le temps de se ravitailler. La Translinéenne aimait en effet à couper les coûts en s’approvisionnant au milieu des dépôts de recel, là où le prix de la denrée était autrement moindre qu’ailleurs. Il n’y avait en effet pas de petit profit, même si cela impliquait quelques risques qui justifièrent qu'au sommet du mât, ils hissèrent parfois un faux pavillon noir afin de faire couleur locale le temps de leur traversée.
S’en prendre à pareille embarcation, c’était se garantir un sauf-conduit vers une notoriété assaisonnée à la sauce « Wanted ». La Translinéenne, du fait de son poids économique considérable, ne badinait pas avec la piraterie. Usant de tous leurs appuis auprès de l’état-major – et ceux-ci étaient pléthoriques – les dirigeants et actionnaires de la firme mettaient un point d’honneur à ce que les resquilleurs furent toujours sévèrement châtiés. Et c’était avec un aimable sourire aux lèvres qu’Alegsis, le plus innocemment du monde, chercha à entraîner son larron du jour dans un monumental bourbier.

- Dépêche-toi de te décider, le pressa-t-il bien assez tôt, faut faire le coup avant qu’ils reviennent à bord. Je veux un « oui » ou un « non » : t’en es ?

L’urgence altérait le discernement et forçait qui y était éprouvé à prendre des décisions irréfléchies dont les conséquences, bien souvent, étaient à déplorer. Ce faux moustachu improbable, ayant ainsi fait irruption de derrière un tonneau, fut l’un des premiers dangers dont ce matelot, un gaillard à la tignasse poivrée, prit connaissance alors qu’il ne s’était engagé que récemment dans la flibuste. Moins encore que les intempéries ou les monstres marins, jamais assez on ne se méfiait des chasseurs de primes facétieux.
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Depuis maintenant quelques semaines, lors d’une escale dans mon vagabondage à travers les blues, je fis la rencontre d’un groupe d’abrutis. Des fanfarons aussi faibles que festifs n’hésitant pas à crier leur appartenance à la piraterie sur tous les toits. Leur capitaine, dont le nom m'a échappé, se trouvait alors avec ses hommes dans la même taverne que j'occupais depuis la veille. Celui-ci, alors légèrement moins alcoolisé que ses matelots, s'assit à ma table, me racontant alors ses grandes ambitions dans le monde de la piraterie.

Un discours, bien que probablement fascinant pour un autre, ne me touchait pas spécialement. Dans d’autres circonstances, celui-ci aurait assez rapidement rencontré mon poing en guise de bienvenue. Cependant, il faut savoir faire profil bas désormais. Mon statut de soldat n’est plus qu’un vaste souvenir et mon périple sur les blues ne fait qu’émettre ses premiers battements d’aile. Inutile de venir se créer des problèmes aussi bêtement.

Une fois son interminable blabla terminé et suite à deux ou trois questions indiscrètes de sa part, souhaitant probablement s’assurer que je n’étais pas affilié au gouvernement mondial, celui-ci me proposa d’embarquer avec eux à bord de leur fier navire.

Bien que ce groupe de faiblard ne faisait guère envie aux premiers abords, je n’avais pas mille autres choix à ma disposition. Le peu de berries que j’avais embarqués avec moi étaient quasiment épuisés par les différents trajets à travers les îles de West Blue.

J’allais donc profiter de leur navire, me transportant avec eux parmi ces vastes océans que je ne connais que par le biais de ragots ou de simples ouvrages, ayant passé toute ma vie sur l’île impériale.

A bord de leur navire, je me contentais de rester dans mon coin, contemplant les horizons et assurant avec les autres la navigation de ce navire pirate.

C’est finalement vers Red Line et plus précisément “La Flaque” que notre embarcation se dirigea. Un lieu ou la piraterie pouvait revendre ou acheter diverses choses tel des butins sous les yeux du gouvernement mondial.

Une fois accostés sur un port peu conventionnel au milieu des roches et autres vaisseaux, il nous fut ordonné de décharger quelques-unes de nos cargaisons obtenues avant mon arrivée auprès d’eux.

Comme à mon habitude, je resta dans mon coin, déchargeant les dernières caisses moi-même tandis que le reste de la troupe s’éparpilla sur ce petit bout de terre rocailleuse le temps de l’escale.

C’est alors qu’une tête surgit de derrière les caisses, m’interpelant avec une relative discrétion. Un bonhomme à l’allure et l’accoutrement singulier dont l’apparition aussi curieuse soit-elle fut surprenante.

D’un ton à la fois balbutiant et faussement flatteur, celui-ci m’exposa un plan à la fois banal et alléchant pour tout pirate.

[William] “Ta fausse flatterie ne me touche pas, pas besoin d’en faire des tonnes.”

Je marque alors un temps d’arrêt, fixant d’un air sérieux ce dénommé “Iglesias”. Il est clair qu’une opportunité de ce type ne se refuse pas. Toutefois, je ne pouvais m’empêcher de trouver ce type un peu louche. Mais bon, que pouvait-il m’arriver ici ? Dans le pire des cas, je n’aurais qu’à repartir incognito avec mes amis les nuls et au mieux, cette petite escapade pourrait m’aider à m’émanciper au plus vite de ce tas d’idiots, peut-être au profit de ce drôle de personnage à l’audace remarquable. De plus, étonnamment, ce type ne me laisse pas la même impression que les autres pirates de bas étage que je côtoie. Une escapade à ses côtés vaut peut-être le détour.

[William] “Bon, je te suis, de toute façon, on verra bien assez tôt si tu dis la vérité.”

Celui-ci sortit alors de sa “cachette” avant de m’inviter à le suivre. Néanmoins, je me suis permis de garder ma main non loin de ma courte lame, juste au cas où. On ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre avec ces énergumènes.

Tout en progressant à travers ce port rocailleux, Iglesias se permit de me redemander mon nom une seconde fois.

[William] “Appelle-moi William.”


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Une mijaurée, à n'en point douter ; c'était sur cette engeance qu'il avait jeté ses filets. Mijaurées ; il les qualifiait ainsi, Alegsis, ces pirates assez prudents pour ne pas tout révéler d'eux. Un « William » et un « William » seulement, ça ne faisait pas son affaire. Le prénom, sans fioriture ni précision, ainsi jeté qu'il fut, était décidément trop court pour qu'il figura en lettres d'or sur un avis de recherche. Aussi, tandis qu'il entraîna le bougre à sa perte, sautillant dans les allées escarpées et sombres d'un réseau souterrain où le moindre faux-pas, pourtant, eut occasionné une mort certaine, le suspicieux personnage réfléchissait à comment lui extirper son nom de famille. Intrépide et hardi - à moins qu'il ne fut passablement abruti - « Iglesias » s'épanouissait dans les excavations lugubres comme un Charon guilleret. Celui-ci se faisait un plaisir à traîner le pauvre hère vers des Enfers qu'il lui avait confectionnés sur mesure.

Même qu'il sifflait, l'animal, artiste par-delà le pinceau sans doute, dont le chuintement d'entre ses lèvres résonna dans les hautes et étroites galeries qu'ils franchirent malgré l'obscurité. Dévalant à pas prudents divers arpents rocheux, s'infiltrant de profil dans non pas des artères, mais des veines telluriques où l'on n'y pénétrait qu'en rentrant le ventre, Alegsis le guida si mal et si loin qu'il œuvra à le perdre ; que son compagnon, dès lors, ne put que dépendre de lui s'il voulut retrouver ses compères. Nourrir la dépendance ne permît que mieux à une emprise de s'assouvir. Oui, il l'avait bien rodée sa manigance.

Quand, finalement trouvés en amont d'un récif rocailleux qui donna sur une crique souterraine, Alegsis n'eut alors pas à pointer du doigt le navire afin que son associé s'en aperçut. Ses yeux, à lui aussi, s'étaient accoutumés aux ténèbres. Plus en contrebas, lanternes et bougies laissaient onduler autour d'elles des faisceaux qui, s'ils furent anodin à la surface, se firent étoiles sous la roche tant elles luisaient à si bien contraster avec l'obscurité. L'accès à ce petit havre discret, quand il ne se fit pas à pied, tînt de la maestria gouvernail en main. Le seul accès par les eaux salées et croupies de La Flaque ne fut qu'envisageable par un étroit passage où même un navigateur expérimenté n'aurait trop osé s'y aventurer en barque. Et pourtant, à travers, on y avait glissé une frégate toute entière. La Translinéenne savait en effet s'entourer des meilleurs.

- Regarde ça... L'interpella finalement Alegsis après que leur périple fut avare d'échanges. Ils l'ont si bien caché leur rafiot qu'ils laissent même pas un garde à bord. Résonna ainsi un chuchot, happé par les interminables hauteurs du gouffre dont l'embarcation maculait le fond. Ils ont un ou deux gugusses qui sont engouffrés par loin dans une autre veine pour surveiller les allées et venues. Ces andouilles pensent qu'il s'agit du seul accès. Jeri-hi-hi.

Quelques vagues gargouillis qu'on put confondre avec des voix si l'on y prêta attention, effectivement, contribuèrent à confirmer son récit qui, jusqu'à présent, s'en tenait au vrai.
Pour les avoir arpentées par cents fois, ces longues et nombreuses galeries assassines du sous-monde, et même pour s'y être perdu à tant de reprises qu'il ne put décemment en tenir le compte, Alegsis, entre deux escales sur les Blues, s'était consacré comme fin connaisseur des métastases inexplorées de La Flaque.

- On va longer la roche et descendre. Du moment qu'on ne fait aucun bruit, c'est dans la poche.

Sans consulter ce qu'il traîna derrière lui comme le dernier des loufiats, Alegsis prît ainsi les devants puis progressa prudemment cette fois le long de rebords large comme pouvait l'être une empreinte de pas. Il s'était alors plaqué contre la roche afin de mieux se cramponner à ses aspérités. Une chute, de dix mètres au moins, ne lui aurait pas été préjudiciable à lui qui accusait les coups violents comme s'il en eut fait profession. Toutefois, sombrer au fond de flotte dans laquelle barbotait l'embarcation eut indiqué sa présence par un grand bruit. Aussi, l'escarpement fut privilégié et ce, bien qu'il fut traître à qui ne prit pas garde à ses pas.

Enfin parvenus sur ce semblant de plage fait de graviers, le chasseur de primes, sur la pointe des pieds à peine, y sautilla jusqu'à ce que la frégate fut à portée de rapine.
La fine fleur de la Translinéenne, parce qu'il fut souvent question d'embarquer à bord de bien lourdes cargaison, avait équipé sur ses bâtiments un système d'ouverture qui permît qu'on accéda directement à la coque sans qu'il ne fut besoin de passer par le pont. Cet accès, ouvert à la verticale en prévision que l'équipage s'en alla y charger des marchandises acquises à vil prix, fut présenté par Alegsis comme s'il se fut agi de l'antre des délices.

- On pourra pas tout prendre, l'accès à la faille par laquelle ils avaient fait irruption était en effet trop précaire et étroit pour qu'on l'arpenta un coffre sous le bras, contente-toi de quatre sacs d'or.

Quand le gaillard, sa gueule burinée par une expérience de vie dont son guide pernicieux n'avait pas idée, l'interrogea du regard, un brin soupçonneux, Alegs trouva matière à le rassurer. Cette réplique qu'il asséna alors, il l'avait sans doute apprise par cœur à force qu'il en gratifia ses proies à ce moment de l'aventure.

- Non, je t'accompagne pas. Tu te doutes bien que si je pouvais porter ces foutus sacs je serais venu tout seul. Ainsi lustrait-il sa crédibilité, en admettant une malhonnêteté pour que, paradoxalement, celui-ci parut plus digne de confiance au terme de cet aveu. Je vais plutôt tendre l'oreille du côté de leur veine pour voir s'ils approchent. T'auras aucun mal à trouver où est l'or... il contînt un petit sourire, y'a un énorme cercle jaune dessiné juste devant à fond de cale tu pourras le louper.

Il n'y avait, à l'intérieur de la cale, qu'une bougie pour que tout y fut éclairé. Ce serait alors dans ce débarras fouillis que devrait évoluer William s'il voulut y trouver la fortune. Forcé qu'il serait de marcher sur ce cercle précédemment mentionné s'il souhait s'accaparer des sacs d'or, son informateur omît de lui dire que, de cette curieuse inscription jaune étalée sur sol, il en avait été l'auteur. Plus tôt parti en repérage pour mieux y tisser sa toile, Alegsis ne mentionna évidemment pas que ce sigle au sol, si l'on y posait le pied, provoquait un fou rire strident à qui s'y exposait. Ce même genre de rire qui, parce qu'il était tonitruant, ne manquerait pas de rameuter les membres d'équipage.
Le chasseur de primes avait, sur le planché, marqué la cale d'un Colors Trap jaune dont il avait le secret. Quand William sortirait de la coque - s'il daignait toutefois y entrer - il ne trouverait alors plus Alegsis, occupé que serait celui-ci à lui faire faux bond après lui avoir abandonné un encombrant bâton merdeux entre les doigts.
Technique utilisée:
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Cette traversée à travers cavernes et passages plus étroits les uns que les autres avait rapidement fini par me faire perdre le fil de notre escapade. Me voilà bien emmerdé me disais-je, en cas de déconvenue, j’aurais beaucoup de mal à rebrousser chemin par moi-même.

Pour couronner le tout, cet Iglesias, après moult conseils et informations, n'allait pas m’accompagner à bord ?  En voilà une nouvelle déplaisante. J’allais devoir essayer de tirer un avantage de cette séparation en m'appropriant plus de butin que prévu, je n’allais pas faire tout le sale boulot pour un vulgaire 50/50 avec cet énergumène bien à l’abri de tout autre risque.

Quoiqu’il en soit, j’ai confiance en ma propre force, en cas de déconvenue, je devrais pouvoir m’en sortir. C’est avec cette pensée que je laissa donc mon acolyte, m’approchant de l’entrée de la cale du fameux “navire au butin facile”.

C’est sans aucun mal que je réussi à m’approcher de l’ouverture de la coque, avançant d’un pas discret, scrutant régulièrement les alentours pour ne pas me faire surprendre bêtement. Jusqu’ici, tout semble bien se passer. Aucun garde à proximité et donc une route toute tracée vers l’or se tenait devant moi. C’était même presque trop beau, ces pirates étaient-ils à ce point sûrs de l’efficacité de leur cachette ?  

Avant de franchir l’entrée vers la cale, je jeta un dernier regard vers Iglesias. Celui-ci n’avait pas bougé, semblant encore m’observer tant qu’il le peut encore. Une belle technique de lâche néanmoins : recruter à la va vite un être assez sûr de lui pour venir faire le boulot à sa place tout en s’assurant au mieux une belle récompense et au pire l’obligation d’aller chercher un autre candidat.

“Il fait sombre ici”, me disais-je en entrant dans la cale semblant à moitié pleine de caisses et tonneaux de tailles assez variables. Seule la maigre lueur d’une bougie me permis de me repérer dans les entrailles de ce navire. Je me sentais vulnérable et c’est avec cette sensation en moi que mon allure ainsi que mes mouvements se virent encore ralentir. Je scrutais tantôt à gauche, puis à droite, cherchant à la fois ces fameux sac d’or et m’assurant qu’un matelot ne traînait pas assoupi derrière l’une des caisses. Un excès de prudence contrastant avec ma décision de suivre un inconnu à bord d’un navire dont je ne connais que peu de choses à la recherche d’un trésor.

Finalement, au fond à droite de la cale, un amas se distinguant du reste me sauta aux yeux. Ce tas de sacs en toile au milieu de caissons en bois ne pouvait signifier que deux choses : du blé ou du vrai blé. C’est alors qu’en scrutant ces sacs, un cercle jaunâtre se distingua légèrement devant les dits sacs. Le doute diminua donc naturellement aux vues des indications données par Iglesias. Cependant, je devais en être sûr, je m’approcha alors de ces sacs, espérant pouvoir en vérifier leur contenu avant de les embarquer avec moi.

“HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA”

De manière quasiment instantanée, je me mis à éclater de rire à peine ayant posé les pieds dans ce cercle en voulant m’approcher.

J’étais épris d’un rire si fort et si bruyant, me tenant les côtes et m’étant presque plié en deux. Mon esprit était embrouillé et je ne pouvais même pas penser à bouger tant le rire et ses effets furent puissants.

Rapidement, un garde déboula alors dans la cale en entendant mon rire presque effrayant tant il était exagéré. Celui-ci m’interpela sans que je ne compris totalement ce qu’il dit. Je finis par réussir à me tourner légèrement vers lui. Cet homme tenait un sabre à la main, si je ne bougeais pas rapidement, je risquais de me retrouver rapidement en difficultés.

Il me sembla également entendre d’autres bruits de pas, largement obstrués par mon rire presque insupportable pour moi bien qu’incontrôlé. Finalement, en essayant de bouger, je trébucha sur un sac avant de m’effondrer au sol. Cette chute, bien que légèrement ridicule me permit de sortir de ce cercle, ce qui stoppa net ce rire si bruyant, rendant un semblant de silence dans la cale.

Me voyant à terre, le garde s’approcha de moi, appelant au passage ses autres compagnons.

Une fois celui-ci à moins de deux mètres de moi, je releva rapidement la tête avant de venir pointer mon pistolet, armé et prêt à exploser son crâne.

*BANG*

Ayant à peine eu le temps de réaliser ce qu’il venait de se passer, le garde se retrouva avec un joli trou entre les deux yeux, le faisant chuter en arrière, totalement inerte et dépourvu de toute vie.

Les sourires avaient laissé place à un visage agacé, des sourcils froncés. En ayant suivi ce lâche dans les cavernes, je me retrouvais dans une situation plus que délicate. De plus, il ne fait aucun doute que ce rire n’était rien d’autre qu’un subterfuge de l’ami Iglesias. Mais dans quel but ? Qu’avait-il à gagner en m’envoyant au casse pipe ? Il ne pourrait pas venir récupérer l’or tranquillement désormais.

Les autres n’allaient pas tarder à faire irruption dans la cale. Je rangea alors mon pistolet encore fumant avant de venir me saisir de ma lame courte et du sabre du défunt marin.

“Iglesias, enfoiré, attend seulement que je te retrouve..”


Dis-je avec les dents serrées et les poings crispés, prêt à me lancer dans un bain de sang dont j’aurais pu aisément me passer.



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De la pointe des pieds sur sa corniche escarpée, celle-là même depuis laquelle William avait été conduit à sa perte, Iglesias y laissa prudemment traîner ses semelles jusqu’à ce qu’il ne retrouva l’entrée des artistes. Entre un rire strident porté par l’écho d’une caverne et le crachat fracassant d’un mousquet, preuve fut faite – et bruyamment –qu’intrusion il y avait eu dans cette crique enclavée.
Il avait eu beau jurer vengeance jusqu’à ce que ses lèvres furent maculées de son fiel corrosif, le pirate éconduit aurait d’abord maille à partir avec La Translinéenne.

Le moindre bruit, ainsi qu’il fut intensifié par l’écho, alerta en effet William du cheminement haletant des dizaines de pas pressés qui martelaient la pierre dans la galerie qui mena droit vers lui. Qu’il tenta, ce forban, une échappée par là où il était venu, dès à présent, n’aurait fait de lui qu’une cible aisée placardée contre un mur de pierre. Ainsi faudrait-il trouver ses accès au milieu de la mêlée venue barrer la seule embouchure qui le mena hors du traquenard. Ce n’étaient, après tout, que des hommes La Translinéenne qu’il trouva face à lui. Des hommes armés, néanmoins. Ne resterait alors qu’à louer la pénombre afin que celle-ci obscurcît suffisamment leur champ de vision quand viendrait le moment d'ouvrir le feu.

De si haut, installé aux premières loges pour mieux se délecter de la scène tragique qui se jouait sous ses yeux, Alegsis, désormais qu’il avait retrouvé la faille par laquelle il s’était engouffré auparavant, chargea la mule autant qu’il fut nécessaire pour que celle-ci eut un jour son visage placardé sur un avis de recherche.

- Courage, WILLIAM LE PIRATE, complétait-il sa main disposée en porte-voix, tu peux les vaincre. N’oublie pas que tu es WILLIAM LE PIRATE, on n’insistait jamais assez pour que le juste nom fut gravé au-dessus d’une prime, et que rien ne te fait peur.

Disposé qu’il fut à présent à repartir par là où il s’était plus tôt infiltré, le chasseur de primes, parce qu’il souhaita que la somme placardée sous la photo du forban fut rondelette, fit ainsi mieux reluire son pedigree.

- Après tout, tu es le WILLIAM LE PIRATE qui a déjà assassiné plusieurs officiers de la Marine sur les Blues. Ce qui n’est pas rien, t’avoueras quand même.

L’infamie, en effet, se monnayait plus chèrement quand le sang des gradés y était putativement éclaboussé.
Ce cri de plus ; ce cri de trop, alors qu’en contrebas, chacun chercha dans l’obscurité à trouver d’où avait pu venir cette voix criarde, fit résonner les façades rocheuse. Quelques modestes caillasses, d’abord, perlèrent comme une courte série de timides grêlons. Cela, avant que des pans entier de pierre ne se détachèrent de trop avoir été ébranlés. Le petit éboulement, advenu ainsi dans une faille rocheuse déjà bien exigüe, boucha l’artère par laquelle avaient fait irruption les deux intrus. Bien qu’il put trouver motif à se satisfaire de ne pas s'être trouvé sous les gravats tandis qu’il sinua dans la brèche, Alegsis, la bouche encore ouverte d’avoir déclamé ses inepties, plus figé encore que la roche qui venait de s’abattre, comprit qu’il fallut reconsidérer sa manigance.

- Cela dit ! Se corrigeait-il à présent depuis tout là-haut tandis que l’équipage le découvrit mal loti sur son escarpement. Il n’est pas dit que ton ami Iglesias t’abandonnerait en si fâcheuse posture. Ah ça non, alors ! Jurait-il en martelant la poitrine de son poing cela, à présent que son issue de secours lui fit défaut.

- Fumier ! Grogna fort son sacrifice désormais qu’ils furent rendus complice d'infortune par les circonstances en vigueur.

Celui-ci, en effet, n’avait pas été dupe de ce qui avait bien pu motiver ce si soudain volte-face. Ils s'étaient trouvés à présent embourbé dans la même mélasse.

- Magnez-vous de fumer son complice avant qu’il se barre ! Détermina ce qui fut peut-être le mieux hiérarchisé de leurs adversaires. L’autre peut pas non échapper de toute manière.

En l’état des choses, Alegsis n’irait vraisemblablement nulle part, excepté vers une sépulture qu’on pourrait lui désigner dans l’instant. Fusils et mousquets furent ainsi dressés dans sa direction, sans qu’on ne pria davantage les tireurs d’ouvrir le feu.
Suffisamment haut perché et voilé dans l’ombre pour réchapper aux salves un temps donné, le chasseur de primes, bien qu’il fut à présent désœuvré, ne manque toutefois pas de ressources. Aussi, considérant la situation fâcheuse qui fut la sienne, celui-ci profita qu’il fut sur le pan de roche le moins escarpé de sa traversée afin d'y dessiner sur la surface tellurique ce même symbole qu’avait aperçu William auparavant.

- Brush Crush : La Vue Rouge !

Rougeoyant cette fois, le sceau, rond d’un rayon de plus d’un mètre, sembla soudain attirer à lui chaque balle qui fut tirée dans la direction de son auteur. Tranquillement, Alegsis revînt sur ses pas, sinuant lentement le long de la corniche tandis qu’en bas, la mousqueterie n’en finissait pas de répandre la poudre en vain. Son Colors Trap rouge, du fait de ses incommensurable vertus hypnotiques, attirait sur lui tout élan hostile que fut en mesure de vouloir exprimer ceux qui l’avaient dans la prunelle.

- Arrêtez de gâcher des balles bon sang, arrêtez ! Comment est-ce que vous faites pour le louper autant ?!

Personne n’aurait trop su répondre bien qu’il sembla à chaque tireur que l’angle de leur visée fut irrépressiblement tourné vers cette curieuse cible rouge peinte au sommet de là où redescendait ce curieux complice. Ce dernier par ailleurs, redoutant qu’on s’acharna à présent sur son primé en devenir, avertît ce dernier afin de le loger à l’abri.

- WILLIAM LE PIRA… ah mais attends, je plus besoin de gueuler ça, moi, William tout court ! Mets-toi dans la trajectoire de ma marque rouge le truc que j’ai dessiné là haut. Tant qu’il l’auront en vue, ils pourront pas viser autre chose.

Bien que l’intention fut louable – même souhaitable à bien y réfléchir s’il désirait le garder en vie – révéler sa capacité tel qu’il l’avait fait ne put, dès lors, que conduire leur peloton d’exécution à aviser en conséquence.

- Vous avez entendu ? Je sais pas comment ça se fait, mais si on n’a plus sa couillonnerie de peinture dans la vue, on n’aura plus de problème.

- Ah. Commenta fort pertinemment Alegsis maintenant que tous, un œil fermé pour se sortir le Color Traps de la visée, braquaient à nouveau leur arsenal sur lui.

Suffisamment proche du fond de la crique pour qu’il essaya à un saut aussi nécessaire qu’il fut providentiel, « Iglesias » le magnifique, sa carcasse jetée du haut de huit mètres, clôtura sa chute sur une roulade. Celle-ci eut pu paraître spectaculaire avant qu’il l’acheva finalement sur le dos, les pattes en l’air, son pinceau de combat serré entre les dents.

Il n’était en effet pas donné à chacun d’avoir la classe dans les moments de crise. Le fait que qu’Alegs n’avait pas fini criblé par l’averse de plomb et, de cette maigre consolation, il s’en contenta bien volontiers.

Le reste de l’équipage affluait au travers de l’embouchure, tous armés, naturellement, oblitérant ainsi leurs chances à tous les deux de leur fausser compagnie. La poudre, dans chaque mousquet, y fut décidément trop chargée pour qu’on se paya le culot de cheminer au travers de la mêlée rendue plus compacte par les récents renforts. Et pourtant, bien les issues se bouchaient une à une dans ce ravin enseveli, tout espoir n’était cependant pas perdu.
Avec force et conviction, assez pour qu’il simula un semblant de sérieux dans le fond de ses pupilles, Alegs, alors qu’il avait atterri non loin de son supplicié, exhorta à son attention :

- Fais-moi un câlin, William ! Vite ! Le temps presse !

- Euh…

Au sein de la petite foule amassée là pour les occire, là aussi, des regards gênés s’échangèrent en silence. Il avait asséné son ordre avec tant d’éloquence, ce curieux peintre, que l’embarras stoppa jusqu’aux tirs qui leur fut destinés jusqu'à lors.

N’accordant finalement pas le choix au primé de son cœur, d’un prompt et lest mouvement circulaire opéré avec son pinceau, Alegsis lui logea son arme en pleines côtes afin que William décolla jusque dans les eaux noircies par la pénombre ambiante. Ces mêmes eaux où, derrière eux, la frégate de toutes les convoitises mouillait sans qu’un remous ne l’agita.
Bondissant sur le forban à peine celui-ci fut affalé sur la surface de l'eau, l’artiste-pitre se colla tout contre lui, enserrant ses cuisses musclées et viriles autour de sa taille. Puis, usant de ses mains libres, il fit alors tourner son pinceau entre ses mains, celui-ci gagnant progressivement en vitesse jusqu’à ce que la célérité du mouvement circulaire ne laissa qu’une multitude de rémanence dans sa rotation.

- Brush Crush : Rosace !

Son arme tourbillonnant alors ainsi qu’une hélice l’aurait faite, le chasseur de primes la trempa dans la flotte et fut ainsi propulsé en conséquence, usant de William comme d’un flotteur captif entre ses jambes nouées si puissamment autour de lui. Les deux hommes, dans cette échappée ridicule, s'étaient alors trouvés tête-bêche l’un par rapport à l’autre.
La seule issue valable après que la faille fut bouchée et la seconde artère encombrée, consista alors à fuir par-là même où la frégate avait pu s’insinuer afin de se dissimuler dans la crique.

Bien que les balles fusèrent toujours vers eux, celles-ci, néanmoins, giclèrent dans toutes les directions après qu’elles se furent heurtées à l’hélice de fortune. L’étrange embarcation humaine, alors, disparaissait par l’antre escarpée, ne laissant que remous et ondulations dans son sillage.
Ils leur avaient échappés à ces rancuniers de matelots ; cela n’empêcha pas qu’ils s’engouffraient à présent vers quelques dédales aqueux dont ni l’un ni l’autre ne savaient où il les mènerait.
Dans cette position improbable et suggestive que fut la leur, boucanier et chasseur d’hommes voguaient à vue dans quelques goulottes d’eau salée au fond desquels on n’y trouva pas que des harengs.
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Quelle plaie ! Me voilà dans de beaux draps. Dire qu’un simple aveu d’avidité m’aura poussé à combattre, tuer et me faire traîner dans la mer par un type encore inconnu il y a quelques heures.

Celui-ci, grâce à son pinceau aussi étrange qu’utile de ce que j’ai pu constater, me mis dans une posture plus que défavorable, m’extirpant à la fois des mains de ces marins insignifiants tout en m'agrippant suffisamment fort pour que je n’ai d’autre choix que de me faire embarquer avec cette homme m’ayant pourtant trahi il y a quelques minutes à peine.

La puissance de cette propulsion mêlée au fait que je me retrouvais à moitié immergé dans l’eau me fit instantanément lâcher mon sabre précédemment acquis. Ce sentiment d’être immobilisé et à la merci de tous fit bouillir mon sang, ne me faisant pas oublier tout ce que cet énergumène avait provoqué. A la première occasion, je lui réglerai son compte !

Au bout de quelques minutes, le bruit des balles s’écrasant dans l’eau s’estompa tandis que le décor sembla de plus en plus étroit. Également, de par la crispation liée autant à mon agacement qu'au simple stress, ma main droite tenait encore fermement ma lame courte. J’ignore si le traître d’Iglesias l’avait remarqué, cependant, étant encore pleinement sous son étreinte, il m'était pour l’instant impossible de la bouger d’un millimètre.

Ce n’est que plusieurs longues et éprouvantes minutes que notre traversée marine sembla arriver à son terme. Rapidement, Iglesias sembla réduire son étreinte afin de sortir de l’eau tout en essayant de ne pas trop me lâcher.

C’est alors que, sentant que mon bras gauche n’était plus totalement immobilisé, je tenta un coup horizontal avec ma lame courte en direction du flanc de mon traître de sauveur.

Celui-ci esquiva assez rapidement en affichant tout de même un air surpris, n’ayant finalement pas remarqué la présence de cette lame conservée dans le feu de l’action. Une fois cet assaut effectué, je profita de sa surprise pour me dégager de mon étreinte, conservant trois ou quatre mètres de distance entre nous deux.

Il est clair que cet énergumene n’était pas aussi faible et idiot qu’il n’y parait. L’affronter frontalement n’était probablement pas la solution la plus intelligente actuellement. De plus, bien que toujours présent à ma ceinture, mon pistolet avait déjà épuisé son unique munition, ne me laissant armé que de ma lame courte que je pointais actuellement en direction de mon adversaire, le fixant d’un air agacé.

“Je ne sais pas à quoi tu joues ni ce que tu cherche à accomplir ici, mais il semblerait que tu aies échoué.”

Une fausse assurance tant je ne pouvais plus être sûr de rien face à ce type. Aucune de ses précédentes actions ne faisait sens et aucun pirate n’aurait agi de la sorte. Qui est-il réellement ?


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S’il s’était tu si longtemps, Alegsis, ce ne fut certainement pas par rectitude ou bien encore car il s’était découvert taiseux sur le tard. Lui d’habitude si volubile, lui qu’on ne pouvait faire taire en aucune occasion que ce soit à moins de taper très fort, il se taisait. Au milieu du délicat clapotis de leur traversée, pas un souffle n’aurait su trahir leur présence. Le chasseur de primes, précisément parce qu’il n’avait pas pu communiquer avec son supplicié du jour, n’avait alors pas été en mesure de lui faire savoir à quel point il était à présent primordial de la mettre en sourdine.

Encore engouffrés dans les ténèbres, ils aperçurent, à force de s’habituer à l’obscurité ambiante, le sable noir d’un des innombrables récifs souterrain qu’ils longeaient. Bien qu’il prit soin de débarquer en silence, ce fut sans compter l’irascibilité de son compère. Celui-ci, peut-être rancunier, alla jusqu’à jouer du couteau pour lui fausser compagnie.

Bien mal inspirée fut sa décision.

Non pas qu’il eut à craindre quoi que ce soit d’Alegsis – celui-ci espérant qu’un jour, une prime maturerait sur la trogne de son compère de cavale – mais plutôt de ce qu'Alegsis redoutait. Des choses à même de le faire taire, il s’en trouvait fort peu en ce bas monde, ou-même en-dessous.
Sur cette portion de sable qui révéla rapidement un sol rocheux, on y trouva disséminées, ici et là, des épaves de diverses barques. Toutes eurent alors en commun d’être retournées.
Un regard expert, ou du moins suspicieux, s’en serait formalisé. Mais ce boucanier en vadrouille, trop content de quitter « Iglesias », s’était ainsi jeté droit devant, conduisant son échappée à l’aveuglette. Pire encore, il avait rompu le sacro-saint silence dont même Alegsis avait cherché à préservé la pureté virginale. Et tout ça pour seulement énoncer une réplique gratuite. Une qui causerait vraisemblablement sa perte.

Tous ces débris de bois qui avaient été jadis de menues embarcations, répandues sur la roche qu’arpentait à présent le fuyard, tremblèrent comme si ce dernier eut invoqué ce qui se trouva dessous. Car il s’y trouva effectivement quelque chose ; quelque chose qui émergea lentement puis frénétiquement cela, après qu’on eut si malencontreusement dérangé leur sommeil à tous.
Dans un bruit visqueux où cliquetis et grognements curieux se mêlèrent bien assez tôt, sans que la luminosité soit suffisamment claire afin qu’on aperçut ce qu’étaient ces ombres, on devina néanmoins, à leur soudaine mise en branle, que celles-ci étaient menaçantes. Les crustacés étaient de sortie, et comme chaque jour au réveil, ils avaient faim.

Qu'est-ce qui bouge comme ça ?:

Parce qu’il connaissait bon nombre des galeries comme sa poche à force de les avoir arpentées en long en large et en roulade arrière, Alegsis savait quels coins étaient à éviter à force de s’y être trop souvent égaré.

- Allez pas me manger ma prime foutus robert l’hermite !

Un pirate qu’on cherchait à primer était au final pareil un bestiau qu’on engraissait dans les pâtures afin d’en faire bombance. Le tout n’était pas seulement de le gaver, mais de prendre soin que ce dernier ne fut pas dévoré par le premier prédateur en maraude. Et des prédateurs, il s’en trouvait déjà quatre logés autour de William. Hauts de deux mètres avec la carcasse sur le dos, ces bernard-l’hermite exhibaient des pinces aiguisées et saillantes. Il ne faisait pas bon s’y trouver à portée, car une fois la tenaille refermée, on n’y échappait pas à moins d’y laisser une portion de chair.

- Brush Crush ! Arriva enfin Alegsis en héros, stoppant toutefois sa course trépidante au dernier moment. Ah bah non en fait, mes capsules de peintures sont toutes tombées à l’eau. Fausse alerte ! Scanda-t-il finalement à l’intention du brave William. T’es condamné, je peux rien. Désolé que tu vives pas assez longtemps pour avoir une prime.

Et parce qu’il fallait bien que la vie continue – la sienne, pas celle de William – Alegs accepta avec fatalisme et surtout, avec nonchalance, qu’il ne put trop rien faire pour le malheureux. S’il avait abordé cette petite plage après tout, ça n’avait été que pour se reposer un instant. Aussi, son pinceau de combat tendu devant lui, prêt à replonger avant de s’en servir comme d’un flotteur précaire, Alegs se stoppa. Il eut soudain comme un pincement au cœur.

Derrière lui, un homme, avec une lame aussi courte que son espérance de vie, cherchait à repousser les assauts prudents de quatre larges crustacés venus l’entourer de leur masse informe et leur carapace de bois. Alegsis n’en distingua que des ombres dans l’obscurité, mais fut en tout cas assez peiné de voir ce spectacle pour qu’il renonça à reprendre la mer. Il ne pouvait pas laisser William dans la panade. Parce que tout de même… ça ne se faisait pas de gâcher une prime en devenir.

D’un bond – car il était agile, l’animal – Alegsis sauta par-dessus les deux bestiaux qui le séparèrent de son compère afin d’atterrir à ses côtés. L’arrivée bien que spectaculaire, ne fut cependant pas au goût de tous.

- Mais... tu pouvais pas attirer leur attention en étant derrière eux ? Je veux dire… j’aurais plus été cerné comme ça !

Le raisonnement se tenait, mais Alegsis Jubtion était un homme qui allait bien au-delà de la raison. Celui-ci resta interdit quelques instants tandis qu’il repoussa les bestiaux du bout de son pinceau.

- Ah oui, tiens. Réalisa le sauveur dans la plus parfaite désinvolture. Après, reprit-il bien qu’il eut mieux fait de la fermer une fois encore, t’inquiètes pas pour moi. Si jamais ça chauffe, je peux encore leur bondir par-dessus et fuir.

Et pour mieux affirmer ses dires, il brandît son pouce en affichant un sourire fier de lui, preuve de son assurance à pouvoir agir tel qu’il venait de le clamer.
À tout prendre, peut-être William eut-il préféré s’allier aux crustacés.

- Et puis tu comptes faire quoi avec ton petit couteau ? Leur ouvrir la carapace pour manger ce qu’il y a dedans ? T’aurais mieux fait de venir sans rien, c’était pareil.

Puis, soudain, le chasseur de primes tressaillît, la grâce venait de le prendre au ventre au point de lui faire ouvrir les yeux et la bouche en grands ; une épiphanie se profilait.

- Imagine ! Lui dit-il en le tirant par la manche pour l’interpeler. Ils étaient au milieu de quatre animaux lents, massifs, peureux mais voraces, et il en était à lui demander « d’imaginer ». On ouvrirait une marque de produits de la mer conservés dans des carapaces hermétiques pour que ça pourrisse pas ! On appellerait ça… William Sans Rien !

Comme s’il se fut agi de le corriger, un de leur assaillants lui pinça furtivement la cuisse avant d’aussitôt lâcher l’étreinte. L’idée, apparemment, n’avait pas été du goût de tous.

- Cochonnerie de gilbert l’hermite ! Réagit Alegsis en piquant la bête en estoc avec son pinceau en guise d’échange de bon procédé. Sa vendetta accomplie, il se tourna à nouveau vers William, se montrant plus ennuyé qu’inquiet. Dis, William, tu voudrais pas trouver un truc pour qu’on s’en sorte ? Parce que moi, à ce compte-là, je m’en vais.

Il avait l’impatience d’un enfant de six ans et le bon sens d’un golden retriever, aussi ne serait-il pas un allié des plus secourables pour le malheureux forban. Ne restait à celui-ci qu’à user d’un habile sens de l’astuce s’il voulut s’émanciper à la fois des créatures et de l’encombrant Iglesias. Derrière les deux bernard-l’hermite qui lui bloquaient l’accès, se trouvait en effet une lueur fade et lointaine. L’eut-il alors suivie qu’il aurait retrouvé les bauges tenus par la confrérie flibustière qui grouillait à La Flaque. De là, le salut jusqu’à ses compagnons ne serait plus qu’à portée de main. Encore fallait-il s’extirper d’entre les pinces qui, autour de lui, claquaient avec sans cesse plus de vigueur et d’impatience.
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Je commençais à en avoir ma claque de cette “Flaque”, de ces cavernes et de cet être aussi inconstant que dangereux. Non sans une éprouvante difficulté, je réussi à esquiver et légèrement parer certaines tentatives d’assaut de ces crustacés géants. A ce rythme là et aux vues de leurs avancée, synonyme d’une diminution de notre espace, je ne nous donnait pas plus de quelques minutes avant de se retrouver trop serrés pour espérer s’en sortir vivant.

De son côté, Iglesias dont les actes ne faisaient plus aucun sens pour moi se retrouva volontairement dans la même situation que moi, un choix douteux qu’il semblait regretter tant nos fenêtres de sortie semblaient de plus en plus étroites.

La mort ? Dans l’armée de Kanokuni, je l’ai côtoyée à de très nombreuses reprises, flirtant avec elle au point qu’elle ne devienne qu’une connaissance parmi tant d’autres, la craindre n’aurait aucun sens tant qu’elle sert un but précis. Mais mourir ici n’aurait rien de glorieux, au contraire, une fin pathétique dans une caverne isolée suite à une série de maladresses et événements farfelus serait une véritable honte.

Il faut se ressaisir et vite ! Je jette un coup d'œil sur ma droite en direction d’Iglesias, m’assurant jusqu’ici qu’une légère distance se conserve entre nous. Je n’ai pas confiance en lui et sa fourberie m’a déjà fait défaut, en voilà un second problème dont je vais devoir me débarrasser.

Les secondes continuèrent de s’écouler aussi rapidement que notre encerclement. Je scrutais alors minutieusement chaque partie du corps de ces choses, espérant trouver la faille qui m’offrira bientôt une porte de sortie. Ces crustacés n’étaient pas particulièrement agiles et seule leur carapace et leur imposante taille posait problème, s’imposant comme un barrage organique difficilement franchissable.

C’est alors que, lors d’un énième assaut de la part du crustacé le plus proche de moi, un détail a finalement retenu mon attention. Sous les yeux de cette chose, entre ses espèces de mandibules se trouvait un espace que je déduisais être leur bouche. Malgré ma longue observation, cette bouche fut le seul espace ne semblant pas être protégé par cette coquille.

Je n’avais ni l’envie, ni le temps de penser davantage, cette expédition n’avait que trop durée, m’apportant au passage moult problèmes dont j’aurais bien pu me passer.

Sans alerter Iglesias, je me saisit alors de ma lame courte avant de m’élancer sur cette bête, m’accroupissant afin d’esquiver ses pinces. Je me retrouva rapidement sous sa tête. Je planta alors ma lame dans sa bouche avant de venir courber mon poignet afin de planter ma lame à l’intérieur de celle-ci.

De par le mouvement brusque du crustacé ainsi qu’une sorte de crispation de ses pattes, celle-ci avait dû bien souffrir de cet assaut.

Malheureusement, le mouvement brusque du crustacé me fit lâcher ma lame, restant alors planté dans la bouche de cette chose. Je profita alors de cet instant pour me glisser près du bernard-l'ermite bien trop occupé à souffrir pour m’empêcher de passer.

Je m’extirpa alors de ce recoin dans lequel nous étions coincés avant de m’élancer vers la seule sortie apparente de cette caverne, espérant pouvoir retrouver mon chemin.

“Je te laisse avec nos amis les crustacés, on est quitte comme ça, hein Iglesias ?”

Lui dis-je d’un ton presque sadique tant cet énergumène m’en avait fait voir de toutes les couleurs.

Je n’avais aucun doute quant aux capacités de cet énergumène de se sortir de ce piège tout seul, cependant, j’étais désormais assez loin pour espérer ne plus le recroiser avant d’avoir rejoint ces idiots qui composent mon équipage.

Après de longues minutes dans ces cavernes, seul et désormais totalement désarmé, de nombreux bruits mélangeant des voix et des bruits de pas se firent entendre, me sortant de cet écho incessant de mes propres pas jusqu'à présent.

Fort heureusement, cette mésaventure n’avait pas dû durer plus de quelques petites heures et c’est sans mal que je réussi alors à retrouver mon équipage, toujours à quai.

Ayant pour habitude de me mettre un peu à l’écart de mon équipage de faible, personne ne remarqua réellement mon absence que je n’eu donc pas à justifier. De toute manière, même s' ils l’auraient remarqué, je n’aurais jamais avoué de m’être fait mener en bateau par le phénomène Iglesias.

Dissimulé parmi mon équipage et le reste de la populace nous entourant, je me savais hors de tout autre problème immédiat. Iglesias, bien qu’assez étrange n’osera probablement pas venir pointer le bout de son nez à ma proximité désormais.

C’est donc ainsi que peu de temps après mon retour, notre équipage leva à nouveau l’ancre en direction de la future étape annoncée par notre capitaine : “Grand Line”.
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