Posté Sam 20 Mai 2023 - 0:47 par Bartholomew Diez
Même si cela sonnait la fin du quartier libre, je ne pouvais pas dire que je regrettais de quitter ce foutu navire pour fouler la terre ferme. J’en avais littéralement plein les fesses de cette traversée interminable qui s’est éternisée sur plusieurs semaines plus longues les unes que les autres. Je me doutais bien qu’avant mon simple grade de caporal je n’avais pas le droit au confort de la cabine des officiers, mais tout de même ? Nous faire dormir sur de telles paillasses pendant autant de temps, une misère.
Nous n’étions au final qu’une petite poignée de recrue, vingt-deux, moi inclus. Seul un autre caporal était présent, le reste des bitos de la première heure fraichement sortit des bancs de l’école. Je ne comprenais toujours pas l’intérêt pour l’État-Major d’envoyer des soldats aussi peu expérimentés au front. Mais bon, je n’étais pas payé pour réfléchir à ce genre de chose, les huiles étaient grassement payées pour ça. De toute façon, comme on dit chez nous « réfléchir c’est désobéir. »
Quoiqu’il en soit, après la stupeur et l’énervement j’avais finalement décidé de prendre les choses du bon côté. C’était une occasion unique pour moi de prouver ma véritable valeur et qui sait, de me faire remarquer pour qui sait, obtenir par la suite une bonne affectation. En attendant, ma priorité était donc de survivre. Nous avions eu un rapide topo de la situation sur l’île par le capitaine du navire. Bon ce n’était pas folichon, en effet nous étions là pour combler des pertes. Grosso merdo c’était une histoire de contrôle du territoire avec la pègre locale qui versait dans les attentats ciblés contre les membres du Gouvernement Mondial, autrement dit, nous.
Une officier se présenta à nous, au début je pensais qu’il s’agissait de la fameuse colonelle, mais finalement non c’était qu’une Commandante.
« Soldats, bienvenue sur Kikai no Shima. Je suis la commandante Zhang Xiu, capitaine d'armes de la 149ème division. J'espère que vous avez fait bon voyage. Prenez vos affaires et suivez-moi. »
Je suivais sans broncher, finalement ce n’était peut-être pas si terrible que ça ici. Radio Marine avait surement fait encore des siennes, ce n’était pas la première ni la dernière fois. Je regardais autour de moi pour découvrir les lieux, et ce qu’il allait être certainement notre casernement.
« La colonelle insiste pour mettre ses nouveaux soldats à l'épreuve. Nous allons mettre en place un décor urbain en bois pour simuler une zone de combat. Vous serez scindés en deux groupes. Caporaux, vous prendrez chacun la tête d'une équipe de dix soldats. Pour le temps de l'évaluation, vous aurez des sabres en bois et des fusils à peinture. »
Je ne m’attendais pas à une mise en situation à peine sortie du rafiot, surtout après avoir passé autant de temps en mer. J’avais les jambes lourdes et toujours cette désagréable sensation d’être encore en mer en train de subir la houle. J’avais eu le temps bien évidemment de discuter avec le reste des conscrits présents à bord. Bon, je savais à quoi m’attendre depuis le temps, ce n’était pas vraiment des foudres de guerre loin de là. Mais de toute façon, depuis mon intégration dans les rangs de cette institution j’avais rapidement compris qu’il fallait manger son pain noir avec ce genre de spécimens pour ensuite pouvoir pleinement exercer sa vocation. Ce n’était évidemment pas de mauvais bougres, mais ils étaient là comme tant d’autres pour la lumière avant tout. Ils ne pensaient certainement pas se retrouver catapulter ici du jour au lendemain, en laissant bobonne derrière eux avec leur chiée de marmots
Quoiqu’il en soit, j’avais reçu un semblant de formation et je touchais une paie pour mon boulot. C’était le moment pour moi de me démarquer et ainsi prouver à mon officier que j’étais quelqu’un de capable et de volontaire.
« Eh beh, droit au but hein ? C'est la première fois que je vois ça. Tu viens d'où toi déjà ? »
« Hum, je viens de Logue Town, sur East Blue. En effet cela ne traine pas ici, en même temps vu le contexte je peux comprendre qu’ils soient dans l’urgence. Finalement, un peu d’exercice c’est une bonne chose pour se remettre de notre voyage tu ne trouves pas ?! »[
« Euh oui.. Mais tout de même… »
J’avais déjà eu l’occasion de discuter quelques fois avec lui durant le voyage. C’était un bon gars, mais qui aspirait à une tout autre vie au sein de la Marine. Pas le genre à vouloir un jour naviguer sur le Grand Line ou bien se retrouver en première ligne. Je me levais le premier et lui lança un « bonne chance » avant de me diriger vers le lieu de l’épreuve.
J’avais avec moi 10 matelots inexpérimentés, mais j’avais tout de même confiance dans le bon déroulement des choses. Après tout il ne s’agissait que d’un exercice, le seul qui pouvait avoir une quelconque pression ici, c’était moi.
Je prenais quelques minutes pour briefer mes effectifs, pas besoin de faire des stratagèmes sorties des grands livres d’histoire. Il fallait faire simple, clair et précis avec eux sous peine de se retrouver avec 21 adversaires. Donc l’idée c’était simplement de diviser notre unité en trois groupes, car aux vues de la topographie, un gros paquet n’avait aucune chance de passer inaperçu. Je menais le contingent central qui faisait office d’éclaireurs, tandis que se tenait à bonnes distances le reste de mes hommes pour éviter toute prise à revers. À cause du nombre important d’obstacles, je n’arrivais pas à trouver de bons axes de visée pour placer d’éventuels tireur.
Mais la mise en situation se révéla plus compliquée que prévue, en effet j’avais désigné pour chaque unité, un leader un peu au hasard. Et je compris rapidement mon erreur de leur donner un semblant d’autonomie. Ils étaient tellement concentrés sur mes faits et gestes qu’ils ne regardaient même pas devant eux. Et notre flanc gauche tomba droit sur l’ennemie qui avait décidé de regrouper ses troupes au même endroit.
« ROUGE 2 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 4 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 3 ÉLIMINÉ »
Bordel je venais de perdre bêtement un tiers de mes effectifs, car ils n’étaient pas capables de regarder devant eux. Il n’en fallait pas plus pour galvaniser l’équipe bleue, qui est fort de ce succès décida de foncer droit devant en hurlant. Au moins dans mon malheur, j’avais la chance d’avoir les mêmes débiles en face de moi. Les trois zigotos avec moi étaient prêts à prendre la tangente alors que je voyais une formidable occasion de remettre les compteurs à zéro. Ils fonçaient à découvert persuader que le reste de l’équipe rouge se trouvait derrière. Depuis le début de ma formation, j’avais rapidement compris que si je voulais faire de vieux os dans l’institution faute d’avoir un physique hors normes, je devais m’en remettre aux armes. Et fort heureusement pour moi, j’avais des prédisposions pour le maniement des armes à feu. L’occasion était donc trop belle pour la louper.
« ALLEZ, LES GARS, C’EST LE MOMENT ! »
J’épaulais mon fusil et alignais mes appareils de visée.
« BLEU 4 ÉLIMINÉ »
Les trois autres zigotos ont arrosé copieusement les lieux sans toucher personne. Le temps pour moi de recharger, que je n’avais plus de cible en ligne de mire. Je faisais signe aux trois autres restés sur l’autre flanc de nous rejoindre. J’avais soudainement une idée, en les voyant se déplacer comme des sangliers dans un champ de maïs. Il suffisait pour moi de couper la tête, pour semer la zizanie là-dedans. En essayant de prononcer des ordres clairs, j’ordonnais à mes subordonnés de rester à couvert et de tenir cette position en faisant des tirs réguliers dans la direction de l’équipe adverse. L’idée était de maintenir une certaine pression et signifier notre présence. Si mon instructeur me voyait faire ça, nul doute qu’il m’enverrait faire des tours de pistes jusqu’au coucher du soleil. Je partais de mon côté tout seul pour remonter tout droit vers le point de départ de l’équipe bleue puis me positionner en amont de leur position. L’idée était simple, butez le caporal adversaire. Mais alors que je cherchais ma cible, je tombais sur trois membres de l’équipe bleue en train de remonter à couvert en direction de notre position. Que faire ?!
Soit, je décidais de griller ma position et sauver mes hommes, soit continuer ma mission, mais auquel cas j’allais probablement finir seul survivant de l’équipe rouge !
« Et puis merde. »
Je choisissais donc la première option.
« BLEU 2 ÉLIMINÉ »
« BLEU 6 ÉLIMINÉ »
Le temps de recharger, que j’avais perdu de vu le dernier membre de leur petite opération. Au moins les compteurs étaient de nouveau à zéros. Le caporal bleu, voyant que sa stratégie n’avait pas fonctionnait, décida d’opter pour un assaut en tenaille. Stratégie pour le moins audacieuse, surtout avec des manches à couilles pareilles. Il lança donc ses hommes à l’assaut de notre bâtiment en le prenant par les deux flancs et de face simultanément.
« BLEU 3 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 5 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 7 ÉLIMINÉ »
« BLEU 7 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 1 ÉLIMINÉ »
C’était du grand n’importe quoi des deux côtés, mais le souci c’est que je n’étais pas présent avec mes hommes. Je décidais de les rejoindre au pas de course en ayant totalement oublié qu’il restait encore un bleu caché quelque part sur mon chemin. Il me sauta dessus au détour d’un décor sabre en avant et manqua de peu de me filer un vilain coup sur la caboche.
Je tombais en arrière par réflexe avant de sortir à mon tour mon sabre pour bloquer son attaque suivante. Surpris par ma parade, il recula avant de me charger une nouvelle fois. Alors qu’il arrivait à mon niveau, je lui envoyais un vilain coup de pied dans le tibia pour le stopper, il lâcha un cri de surprise. Alors qu’il se tenait la jambe, je me relevais pour lui envoyais un revers en pleine poire. Il tenta de bloquer mon attaque avec sa lame en bois, mais faute de tenir suffisamment bien son arme, son épée en bois lui cassa le nez sur le coup.
« BLEU 8 ÉLIMINÉ »
« Désolé, en espérant que cela te serve de leçon, dans un vrai combat tu serais déjà mort ! »
Le malheureux se roulait au sol en se tenant le nez qui pissait le sang tout en gémissant. Ramassant mon fusil, je reprenais donc mon chemin à travers le décor pour parvenir sur le lieu des escarmouches. Je n’avais pas perdu mon objectif de vu, me farcir le caporal qui avait réussis malgré plusieurs pertes dans ses rangs a encerclé notre QG. Me faufilant comme un félin parmi les obstacles, je parvenais finalement à trouver ma cible en train de faire de grands gestes pour aiguiller ses hommes pour l’assaut final. J’épaulais une nouvelle fois mon arme et actionnait la détente, la munition s’écrasa sur sa tempe provoquant une grosse gerbe de couleur rouge.
« BLEU LEADER ÉLIMINÉ »
Ses hommes se retournèrent de stupéfaction voyant leur caporal le visage couvert de peinture rouge. Ils lâchèrent pendant un instant de visu le QG ennemi, c’était le signal. Je courais dans la direction de mes hommes en hurlant de lancer la contre-offensive.
« BLEU 9 ÉLIMINÉ »
« BLEU 10 ÉLIMINÉ »
« ROUGE 9 ÉLIMINÉ »
« BLEU 5 ÉLIMINÉ »
« BLEU 1 ÉLIMINÉ »
« FIN DE L’ENTRAINEMENT, L’ÉQUIPE ROUGE REMPORTE LA VICTOIRE. »
Je laissais tomber mon arme en bandoulière et souffla un grand coup, c’était moins une !