Comme à son habitude, le Funambule voguait paisiblement sur les eaux de la mer de l'est. C'était la seule mer qu'il avait jamais connu et il n'en connaîtrait jamais aucune autre. S'il en avait été capable, ce glorieux navire aurait dit que cela n'avait aucune importance à ses yeux. Pour lui, la mer comptait moins que ceux qui voyageaient à son bord. Il fallait dire que le Cirque du Crépuscule était une belle bande de joyeux lurons. Difficile pour le vieux rafiots qu'il était de demander meilleur équipage.
Aujourd'hui, il emmenait ce beau petit monde sur l'île de Cocoyashi. Comme à chacune de ses arrivées, la compagnie avait préparé quelque chose de spécial. Elle s'était réunie dans son intégralité sur le pont de l'immense navire pour saluer la foule à sa façon. Une arrivée en fanfare, vieille tradition datant qui datait des origines de la compagnie et qui lui servait à faire de son arrivée un grand événement... et surtout de faire un gros coup de pub. Généralement, le directeur se débrouillait pour faire annoncer la venue du Funambule à l'avance grâce à ses contacts, histoire que le public soit au rendez-vous. L'orchestre de la troupe jouait de la musique pendant que les artistes faisaient des tours liés à leur spécialités. Si la spécialité en question était trop contraignantes, ils se contentaient de saluer en restant un peu à l'écart pour laisser de l'espace aux autres.
Ce n'était pas la première fois que Minnie venait sur Cocoyashi. La troupe y était déjà passée une décennie plus tôt. Elle n'en faisait pas encore réellement partie à cette époque. À 3 ans, faire partie d'un cirque aurait été compliqué, pour ne pas dire problématique. Elle ne gardait que le vague souvenir d'avoir passé un après-midi sur les épaules de Maxie en visitant un village, même si elle n'en gardait aucune image. Chose étrange que de se souvenir avec certitude d'avoir vécu quelque chose sans garder aucun souvenir du moment en question. Mais Maxie lui avait confirmée que c'était arrivé quand elle lui avait posée la question, alors elle n'était pas devenu folle.
Généralement, Minnie était l'une des plus motivées pendant les grandes arrivées de la Compagnie du Crépuscule. Elle se montrait joyeuse, avenante, virevoltante et se faisait une joie d'être celle qui brillait le plus. Mais voilà, aujourd'hui, elle n'était pas dedans. Un fait difficile à remarquer quand on la voyait en train de jongler tranquillement avec une dizaines balles pendant qu'elle était debout sur un monocycle qu'elle dirigeait sans forcer en jouant avec son poids. En vérité, la jeune viverrine était trop absorber par le combat qui aurait lieu lendemain. Comme avec chacun de ses combats contre sa mère, l’enjeu était de taille. Une victoire lui donnerait le droit de quitter le funambule pour partir à la recherche du One Piece, le grand rêve de sa vie.
Malheureusement, elle n'avait jamais gagnée un seul de ces combats. Une situation particulièrement frustrante qui la poussait à utiliser son crâne pour faire la différence. Elle travaillait sa stratégie, tâchant d'imaginer de nouvelles techniques pour prendre sa mère par surprise, puis la manière dont celle-ci y répondrait, les conséquences, la manière dont elle s'y adapterait à son tour et ainsi de suite. C'était des dizaines de combats qui s’enchaînaient à l'intérieur de son crâne, ne laissait qu'une place minuscule à sa concentration.
Autant dire que sa performance tenait du miracle. Du moins, c'était comme ça que Maxie voyait les choses. La louve minks faisait un tour similaire à celui de sa fille, sauf qu'elle jonglait avec des torches enflammées et se tenait à cloche-pied sur son monocycle. Mais comme elle était beaucoup plus expérimentée que Minnie, elle pouvait se permettre de la surveiller du coin de l’œil tout en jonglant. Ce qu'elle voyait ne manquait pas de l'inquiéter. D'aucuns pourrait se dire que cela lui enlevait tout de même le droit de reprocher son propre manque de concentration à Minnie. Mais bon, si vous voulez vous mettre à dos une ancienne pirate qui dépasse les deux mètres et pourrait vous mettre en pièces en trois coups de griffes, c'est vous que ça regarde.
Toujours est-il que Maxie voyait tout un tas de problème. C'était des petites choses, comme un regard un peu perdu dans le vague, une manière un peu négligente de rattraper les balles et de les relancer dans les airs, des mouvements maladroits sur le monocycle. Des petites choses, mais des petites choses qui mèneraient inévitablement à une chute si rien n'était fait. Heureusement, Maxie n'était pas le genre à laisser sa fille faire n'importe quoi. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle se faisait une joie de la remettre à sa place en la rétamant à chaque combat pour lui éviter de partir vers une mort certaine.
- Attrape !
Elle lui lança cette phrase avant de lui jeter une torche. D'aucuns pourrait se dire que ce n'est pas très prudent de jeter ainsi une torche au visage d'une adolescente, mais d'aucuns commence un peu à nous ennuyer avec toutes ses questions inutiles. Toujours est-il que la viverrine fut projetée en dehors de ses pensées en voyant le projectile enflammé arrivé dans sa direction. Pas maladroite, sa concentration soudain revenue à son niveau habituel, elle rattrapa l'objet et répondit en envoyant une balle. Maxie rattrapa à son tour et commença alors une série d'échanges qui changea les deux numéros de jonglages en un seul numéro en duo. Cela sembla plaire aux quelques personnes venus admirer l'arrivée du bateau, ce qui poussa Minnie à oublier son future combat et à se donner un peu plus. Maxie avait réussi son coup.
Le funambule continua sa course, avançant aussi lentement que possible jusqu'au port où il s'arrêta enfin. À ce moment, les artistes conclurent leur tour un par un, histoire que le public puisse tout voir. Minnie et Maxie partirent sur un classique et accélérèrent la cadence de leur échanges jusqu'à atteindre une vitesse déraisonnable. Puis elles sautèrent en même temps de leur monocycle en partant sur un salto arrière et rattrapèrent balles et torches dans les airs avant d’atterrir, parfaitement synchroniser. Une broutille pour ces deux minks qui se connaissaient autant qu'elles se faisaient confiance.
Pour terminer, l'orchestre conclue à son tour et les artistes firent une révérence, comme au théâtre. Cela poussa les gens à applaudirent, le directeur en premier. Précisons que l'homme s'était joint à la foule subrepticement en sautant du pont du navire pendant les conclusions. Comme toujours, il était le dernier à cesser d'applaudir, ce qui lui permettait d'attirer l'attention sans avoir à faire trop d'efforts.
- Mesdames et messieurs, j'espère que cet avant goût vous a plu ! C'est pour nous un honneur, que dis-je ? Un privilège ! Un privilège de nous trouver parmi vous aujourd'hui...
Ça, c'était ce que Minnie considérait comme la partie la plus chiante. Le directeur allait passer cinq bonne minutes à parler pendant que des membres de l'équipage installeraient tranquillement la billetterie. Le discours en lui-même était loin d'être ennuyeux, il était même plutôt intéressant et servait à tenir tout le monde en haleine le temps de pouvoir vendre les premier billaient, qui se vendaient généralement très très bien. Le vrai problème, c'est qu'il changeait peu d'une île à l'autre, ce qui le rendait très vite désagréable pour ceux qui était forcés de l'écouter à chaque fois. Minnie réussit à tenir quelques chose comme dix secondes avant de perdre toute motivation. Elle commença alors à laisser traîner son regard dans le public, se demandant un peu quel genre de gens leur petit spectacle avait réussi à attirer cette fois-ci.
Aujourd'hui, il emmenait ce beau petit monde sur l'île de Cocoyashi. Comme à chacune de ses arrivées, la compagnie avait préparé quelque chose de spécial. Elle s'était réunie dans son intégralité sur le pont de l'immense navire pour saluer la foule à sa façon. Une arrivée en fanfare, vieille tradition datant qui datait des origines de la compagnie et qui lui servait à faire de son arrivée un grand événement... et surtout de faire un gros coup de pub. Généralement, le directeur se débrouillait pour faire annoncer la venue du Funambule à l'avance grâce à ses contacts, histoire que le public soit au rendez-vous. L'orchestre de la troupe jouait de la musique pendant que les artistes faisaient des tours liés à leur spécialités. Si la spécialité en question était trop contraignantes, ils se contentaient de saluer en restant un peu à l'écart pour laisser de l'espace aux autres.
Ce n'était pas la première fois que Minnie venait sur Cocoyashi. La troupe y était déjà passée une décennie plus tôt. Elle n'en faisait pas encore réellement partie à cette époque. À 3 ans, faire partie d'un cirque aurait été compliqué, pour ne pas dire problématique. Elle ne gardait que le vague souvenir d'avoir passé un après-midi sur les épaules de Maxie en visitant un village, même si elle n'en gardait aucune image. Chose étrange que de se souvenir avec certitude d'avoir vécu quelque chose sans garder aucun souvenir du moment en question. Mais Maxie lui avait confirmée que c'était arrivé quand elle lui avait posée la question, alors elle n'était pas devenu folle.
Généralement, Minnie était l'une des plus motivées pendant les grandes arrivées de la Compagnie du Crépuscule. Elle se montrait joyeuse, avenante, virevoltante et se faisait une joie d'être celle qui brillait le plus. Mais voilà, aujourd'hui, elle n'était pas dedans. Un fait difficile à remarquer quand on la voyait en train de jongler tranquillement avec une dizaines balles pendant qu'elle était debout sur un monocycle qu'elle dirigeait sans forcer en jouant avec son poids. En vérité, la jeune viverrine était trop absorber par le combat qui aurait lieu lendemain. Comme avec chacun de ses combats contre sa mère, l’enjeu était de taille. Une victoire lui donnerait le droit de quitter le funambule pour partir à la recherche du One Piece, le grand rêve de sa vie.
Malheureusement, elle n'avait jamais gagnée un seul de ces combats. Une situation particulièrement frustrante qui la poussait à utiliser son crâne pour faire la différence. Elle travaillait sa stratégie, tâchant d'imaginer de nouvelles techniques pour prendre sa mère par surprise, puis la manière dont celle-ci y répondrait, les conséquences, la manière dont elle s'y adapterait à son tour et ainsi de suite. C'était des dizaines de combats qui s’enchaînaient à l'intérieur de son crâne, ne laissait qu'une place minuscule à sa concentration.
Autant dire que sa performance tenait du miracle. Du moins, c'était comme ça que Maxie voyait les choses. La louve minks faisait un tour similaire à celui de sa fille, sauf qu'elle jonglait avec des torches enflammées et se tenait à cloche-pied sur son monocycle. Mais comme elle était beaucoup plus expérimentée que Minnie, elle pouvait se permettre de la surveiller du coin de l’œil tout en jonglant. Ce qu'elle voyait ne manquait pas de l'inquiéter. D'aucuns pourrait se dire que cela lui enlevait tout de même le droit de reprocher son propre manque de concentration à Minnie. Mais bon, si vous voulez vous mettre à dos une ancienne pirate qui dépasse les deux mètres et pourrait vous mettre en pièces en trois coups de griffes, c'est vous que ça regarde.
Toujours est-il que Maxie voyait tout un tas de problème. C'était des petites choses, comme un regard un peu perdu dans le vague, une manière un peu négligente de rattraper les balles et de les relancer dans les airs, des mouvements maladroits sur le monocycle. Des petites choses, mais des petites choses qui mèneraient inévitablement à une chute si rien n'était fait. Heureusement, Maxie n'était pas le genre à laisser sa fille faire n'importe quoi. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle se faisait une joie de la remettre à sa place en la rétamant à chaque combat pour lui éviter de partir vers une mort certaine.
- Attrape !
Elle lui lança cette phrase avant de lui jeter une torche. D'aucuns pourrait se dire que ce n'est pas très prudent de jeter ainsi une torche au visage d'une adolescente, mais d'aucuns commence un peu à nous ennuyer avec toutes ses questions inutiles. Toujours est-il que la viverrine fut projetée en dehors de ses pensées en voyant le projectile enflammé arrivé dans sa direction. Pas maladroite, sa concentration soudain revenue à son niveau habituel, elle rattrapa l'objet et répondit en envoyant une balle. Maxie rattrapa à son tour et commença alors une série d'échanges qui changea les deux numéros de jonglages en un seul numéro en duo. Cela sembla plaire aux quelques personnes venus admirer l'arrivée du bateau, ce qui poussa Minnie à oublier son future combat et à se donner un peu plus. Maxie avait réussi son coup.
Le funambule continua sa course, avançant aussi lentement que possible jusqu'au port où il s'arrêta enfin. À ce moment, les artistes conclurent leur tour un par un, histoire que le public puisse tout voir. Minnie et Maxie partirent sur un classique et accélérèrent la cadence de leur échanges jusqu'à atteindre une vitesse déraisonnable. Puis elles sautèrent en même temps de leur monocycle en partant sur un salto arrière et rattrapèrent balles et torches dans les airs avant d’atterrir, parfaitement synchroniser. Une broutille pour ces deux minks qui se connaissaient autant qu'elles se faisaient confiance.
Pour terminer, l'orchestre conclue à son tour et les artistes firent une révérence, comme au théâtre. Cela poussa les gens à applaudirent, le directeur en premier. Précisons que l'homme s'était joint à la foule subrepticement en sautant du pont du navire pendant les conclusions. Comme toujours, il était le dernier à cesser d'applaudir, ce qui lui permettait d'attirer l'attention sans avoir à faire trop d'efforts.
- Mesdames et messieurs, j'espère que cet avant goût vous a plu ! C'est pour nous un honneur, que dis-je ? Un privilège ! Un privilège de nous trouver parmi vous aujourd'hui...
Ça, c'était ce que Minnie considérait comme la partie la plus chiante. Le directeur allait passer cinq bonne minutes à parler pendant que des membres de l'équipage installeraient tranquillement la billetterie. Le discours en lui-même était loin d'être ennuyeux, il était même plutôt intéressant et servait à tenir tout le monde en haleine le temps de pouvoir vendre les premier billaient, qui se vendaient généralement très très bien. Le vrai problème, c'est qu'il changeait peu d'une île à l'autre, ce qui le rendait très vite désagréable pour ceux qui était forcés de l'écouter à chaque fois. Minnie réussit à tenir quelques chose comme dix secondes avant de perdre toute motivation. Elle commença alors à laisser traîner son regard dans le public, se demandant un peu quel genre de gens leur petit spectacle avait réussi à attirer cette fois-ci.