Un quiproquoi ? Feat Hayase Yorha

Comme à son habitude, le Funambule voguait paisiblement sur les eaux de la mer de l'est. C'était la seule mer qu'il avait jamais connu et il n'en connaîtrait jamais aucune autre. S'il en avait été capable, ce glorieux navire aurait dit que cela n'avait aucune importance à ses yeux. Pour lui, la mer comptait moins que ceux qui voyageaient à son bord. Il fallait dire que le Cirque du Crépuscule était une belle bande de joyeux lurons. Difficile pour le vieux rafiots qu'il était de demander meilleur équipage.

Aujourd'hui, il emmenait ce beau petit monde sur l'île de Cocoyashi. Comme à chacune de ses arrivées, la compagnie avait préparé quelque chose de spécial. Elle s'était réunie dans son intégralité sur le pont de l'immense navire pour saluer la foule à sa façon. Une arrivée en fanfare, vieille tradition datant qui datait des origines de la compagnie et qui lui servait à faire de son arrivée un grand événement... et surtout de faire un gros coup de pub. Généralement, le directeur se débrouillait pour faire annoncer la venue du Funambule à l'avance grâce à ses contacts, histoire que le public soit au rendez-vous. L'orchestre de la troupe jouait de la musique pendant que les artistes faisaient des tours liés à leur spécialités. Si la spécialité en question était trop contraignantes, ils se contentaient de saluer en restant un peu à l'écart pour laisser de l'espace aux autres.

Ce n'était pas la première fois que Minnie venait sur Cocoyashi. La troupe y était déjà passée une décennie plus tôt. Elle n'en faisait pas encore réellement partie à cette époque. À 3 ans, faire partie d'un cirque aurait été compliqué, pour ne pas dire problématique. Elle ne gardait que le vague souvenir d'avoir passé un après-midi sur les épaules de Maxie en visitant un village, même si elle n'en gardait aucune image. Chose étrange que de se souvenir avec certitude d'avoir vécu quelque chose sans garder aucun souvenir du moment en question. Mais Maxie lui avait confirmée que c'était arrivé quand elle lui avait posée la question, alors elle n'était pas devenu folle.

Généralement, Minnie était l'une des plus motivées pendant les grandes arrivées de la Compagnie du Crépuscule. Elle se montrait joyeuse, avenante, virevoltante et se faisait une joie d'être celle qui brillait le plus. Mais voilà, aujourd'hui, elle n'était pas dedans. Un fait difficile à remarquer quand on la voyait en train de jongler tranquillement avec une dizaines balles pendant qu'elle était debout sur un monocycle qu'elle dirigeait sans forcer en jouant avec son poids. En vérité, la jeune viverrine était trop absorber par le combat qui aurait lieu lendemain. Comme avec chacun de ses combats contre sa mère, l’enjeu était de taille. Une victoire lui donnerait le droit de quitter le funambule pour partir à la recherche du One Piece, le grand rêve de sa vie.

Malheureusement, elle n'avait jamais gagnée un seul de ces combats. Une situation particulièrement frustrante qui la poussait à utiliser son crâne pour faire la différence. Elle travaillait sa stratégie, tâchant d'imaginer de nouvelles techniques pour prendre sa mère par surprise, puis la manière dont celle-ci y répondrait, les conséquences, la manière dont elle s'y adapterait à son tour et ainsi de suite. C'était des dizaines de combats qui s’enchaînaient à l'intérieur de son crâne, ne laissait qu'une place minuscule à sa concentration.

Autant dire que sa performance tenait du miracle. Du moins, c'était comme ça que Maxie voyait les choses. La louve minks faisait un tour similaire à celui de sa fille, sauf qu'elle jonglait avec des torches enflammées et se tenait à cloche-pied sur son monocycle. Mais comme elle était beaucoup plus expérimentée que Minnie, elle pouvait se permettre de la surveiller du coin de l’œil tout en jonglant. Ce qu'elle voyait ne manquait pas de l'inquiéter. D'aucuns pourrait se dire que cela lui enlevait tout de même le droit de reprocher son propre manque de concentration à Minnie. Mais bon, si vous voulez vous mettre à dos une ancienne pirate qui dépasse les deux mètres et pourrait vous mettre en pièces en trois coups de griffes, c'est vous que ça regarde.

Toujours est-il que Maxie voyait tout un tas de problème. C'était des petites choses, comme un regard un peu perdu dans le vague, une manière un peu négligente de rattraper les balles et de les relancer dans les airs, des mouvements maladroits sur le monocycle. Des petites choses, mais des petites choses qui mèneraient inévitablement à une chute si rien n'était fait. Heureusement, Maxie n'était pas le genre à laisser sa fille faire n'importe quoi. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle se faisait une joie de la remettre à sa place en la rétamant à chaque combat pour lui éviter de partir vers une mort certaine.


- Attrape !

Elle lui lança cette phrase avant de lui jeter une torche. D'aucuns pourrait se dire que ce n'est pas très prudent de jeter ainsi une torche au visage d'une adolescente, mais d'aucuns commence un peu à nous ennuyer avec toutes ses questions inutiles. Toujours est-il que la viverrine fut projetée en dehors de ses pensées en voyant le projectile enflammé arrivé dans sa direction. Pas maladroite, sa concentration soudain revenue à son niveau habituel, elle rattrapa l'objet et répondit en envoyant une balle. Maxie rattrapa à son tour et commença alors une série d'échanges qui changea les deux numéros de jonglages en un seul numéro en duo. Cela sembla plaire aux quelques personnes venus admirer l'arrivée du bateau, ce qui poussa Minnie à oublier son future combat et à se donner un peu plus. Maxie avait réussi son coup.

Le funambule continua sa course, avançant aussi lentement que possible jusqu'au port où il s'arrêta enfin. À ce moment, les artistes conclurent leur tour un par un, histoire que le public puisse tout voir. Minnie et Maxie partirent sur un classique et accélérèrent la cadence de leur échanges jusqu'à atteindre une vitesse déraisonnable. Puis elles sautèrent en même temps de leur monocycle en partant sur un salto arrière et rattrapèrent balles et torches dans les airs avant d’atterrir, parfaitement synchroniser. Une broutille pour ces deux minks qui se connaissaient  autant qu'elles se faisaient confiance.

Pour terminer, l'orchestre conclue à son tour et les artistes firent une révérence, comme au théâtre. Cela poussa les gens à applaudirent, le directeur en premier. Précisons que l'homme s'était joint à la foule subrepticement en sautant du pont du navire pendant les conclusions. Comme toujours, il était le dernier à cesser d'applaudir, ce qui lui permettait d'attirer l'attention sans avoir à faire trop d'efforts.


- Mesdames et messieurs, j'espère que cet avant goût vous a plu ! C'est pour nous un honneur, que dis-je ? Un privilège ! Un privilège de nous trouver parmi vous aujourd'hui...

Ça, c'était ce que Minnie considérait comme la partie la plus chiante. Le directeur allait passer cinq bonne minutes à parler pendant que des membres de l'équipage installeraient tranquillement la billetterie. Le discours en lui-même était loin d'être ennuyeux, il était même plutôt intéressant et servait à tenir tout le monde en haleine le temps de pouvoir vendre les premier billaient, qui se vendaient généralement très très bien. Le vrai problème, c'est qu'il changeait peu d'une île à l'autre, ce qui le rendait très vite désagréable pour ceux qui était forcés de l'écouter à chaque fois. Minnie réussit à tenir quelques chose comme dix secondes avant de perdre toute motivation. Elle commença alors à laisser traîner son regard dans le public, se demandant un peu quel genre de gens leur petit spectacle avait réussi à attirer cette fois-ci.
    Un quiproquoi ?
    Ce n'était pas la première fois que je voyais ce navire accosté sur notre île. Alors âgée de quatre ans à l'époque, je me souviens vaguement avoir assisté à l'une des représentations de cette troupe. Assise sur les épaules de mon papa, j'avais passé un merveilleux moment, à regarder tour de magie, acrobatie et tant d'autres choses, avec les yeux pétillants d'étoiles.

    Les habitants de l'île étaient ravis de cette bonne nouvelle. Et ce n'étaient pas les seuls dans ce cas-là. Moi-même, j'avais hâte de voir le spectacle qu'ils nous réservaient. Surtout, s'il était du même niveau que l'avant-goût que nous avaient offerts ces deux Minks. Bien que dix ans plus grande aujourd'hui, j'en restais néanmoins admirative de leur prouesse.

    Encore une petite fille dans l'âme, je fixais la plus petite des deux, la bouche grande ouverte. Cette boule de poils au pelage brun semblait avoir a peu prêt le même âge que moi. Cela m'impressionna davantage. La voir aussi agile et habile de ses mains était extraordinaire. Je ressentais même une petite pointe de jalousie quand je la regardais. Si fière sur la rambarde de son navire.

    - " Oh, Haya, tu m'écoutes ! "  S'écria la voix d'un jeune garçon à côté de moi.

    Détachant un instant mon regard de la jeune Minks, je portais mon attention sur lui. Face à moi, se dressait un beau jeune homme d'un an de plus que moi. Mécontent, cet adolescent qui était mon meilleur ami, Vince, me regardait en secouant la tête.

    - " Qu'est-ce qu'il y a ? " Lui demandais-je en haussant un sourcil, donnant l'impression qu'il me dérangeait plus qu'autre chose.

    - " Rien, c'est juste la troisième fois que je t'appelle, mais comme d'habitude, mademoiselle est dans la lune. " Souffla celui-ci avant de ricaner.

    Pour seule réponse à cette raillerie, je l'ignorais, posant de nouveau mes yeux sur la petite acrobate qui m'intriguait. Devant mon mépris pour lui, le visage de Vince se déconfit. Il avait l'habitude que je le maltraite de la sorte, mais comme toujours, il s'emportait, se plaignant en faisant de grands gestes ridicule.

    De mon côté, amusée de le voir tomber à chaque fois dans le panneau, je souris discrètement. Cet idiot était comme un second frère pour moi et je l'aimais beaucoup. Depuis que Kuro était parti, il était devenu un vrai soutien sur qui je pouvais compter.

    - " Tu m'énerves, si c'est comme ça, je m'en vais ! " Bouda ce dernier, en faisant semblant de s'en aller.

    Seulement, ce genre de subterfuge ne fonctionnait jamais sur moi. Surtout qu'il savait très bien que s'il faisait ça, il se ferait par la suite tirer les oreilles. Mais pour l'heure, ce qui m'intéressait, c'était de savoir qui était cette jeune fille. Toujours perchée sur la rambarde, elle parcourait la foule du regard quand soudain, nos regards se croisèrent.

    À ce moment-là, je lui offris un large sourire avant d'applaudir du bout de mes doigts manucuré et recouvert d'un vernis noir. Même si elles étaient deux à avoir fait cette démonstration, je voulais la féliciter elle, en particulier. En retour, cette dernière me rendit mon sourire avant d'incliner la tête en remerciement.

    - " T'aimes toujours autant le cirque à ce que je vois. " Me confia mon meilleur ami, les bras croisés à côté de moi.

    - " Tu ne devais pas partir toi ? " Le piquais-je sans vergogne, me retenant de rire.

    Du coin de l'œil, je le vis bouder comme un enfant.

    - " Impossible, sans moi, tu serais capable de te perdre. " Répliqua ce dernier. " Gourde comme tu es, tu pourrais monter sur leur navire par inadvertance en pensant que c'est ta maison ! "

    - " Si ça peut me permettre de ne plus voir ta sale tête, ça ne me dérange pas. " Lui balançais-je au visage d'un ton faussement glacial.

    Choqué, par ce que je venais de lui dire, il en resta bouche bée, un regard de chien battu posé sur moi. Ne pouvant plus tenir, en voyant son expression, je pouffais de rire avant de lui mettre un petit coup de hanche.

    - " Tu n'es vraiment pas cool des fois... " Feignit de se plaindre l'adolescent avant de rire à son tour.

    - " Tiens, tiens, regardez qui voilà. " Nous interrompit une voix qui ne nous était malheureusement pas inconnue. " Planche à pain et l'autre face de hérisson "

    À ces mots, lui et ses amis se mirent à rire comme des idiots. Fier de lui, un adolescent du même âge que nous, du nom de Muto, se dressait face à nous. Cet énergumène aussi idiot que moche passait son temps avec sa petite bande à nous chercher des noises. Il était le petit caïd de l'île, bien que certains pensaient à tort qu'il s'agissait de Vince. C'est vrai que mon meilleur ami n'était pas ce qu'on peut appeler un enfant de cœur, mais ce n'était rien comparé à lui.

    Racket, bagarre, il avait déjà tout fait. Muto faisait même courir le bruit qu'il faisait partie de la bande des Berry's. Une petite organisation criminelle qui sévit sur notre île depuis quelques années et que la Marine n'arrive pas à mettre la main dessus.

    Mais même si beaucoup le craignaient lui et sa bande, ce n'était pas notre cas. On s'était déjà affronté plusieurs fois et la victoire nous revenait à chaque fois. Le problème, c'est que Muto revenait toujours à la charge, accompagnait toujours par plus de personnes. Heureusement, aujourd'hui, ce n'était pas le cas. Il n'y avait que sa petite bande habituelle qui était composée de trois personne en plus de lui.

    - " Si le cirque t'intéresse tant, Yorha, tu n'as qu'à les rejoindre ! Je vois déjà ça de là ! Mesdames et monsieurs, approchez voir la femme sans nibards ! " Continua-t-il de se gausser comme un goret.

    À l'entendre ainsi se moquer de ma petite poitrine, bel et bien existante malgré ce que cet abruti pouvait dire, un long soupir de lassitude m'échappa. Du coin de l'œil, je regardais mon meilleur ami qui hocha la tête. D'un simple regard, nous avions convenu de lui faire ravaler ses paroles.

    - " Tu n'as vraiment aucune imagination... C'est affligeant. " Lui signifiais-je en secouant la tête, une main sur le visage. " Tu ne sais faire que des blagues sur la taille de mes seins. Encore et encore... Change de registre un peu. "

    - " Ouais c'est clair... " Renchérit Vince, en soupirant blasé. " Regarde-toi par exemple, t'as une sale gueule, complètement difforme avec une paire de couilles à la place du menton... Est-ce qu'on passe notre temps à te le dire ? " Lui demanda ce dernier, en haussant un sourcil.

    - " Mmmh... Je crois bien qu'on lui a déjà dit la dernière fois qu'on l'a vu.... " Intervins-je, ne laissant pas le temps à Muto de répliquer.

    - " Ah bon ? " Fit semblant d'être surpris le jeune adolescent. " Et.... Le fait que son haleine ressemble à l'odeur d'une poubelle qui est restée au soleil trop longtemps ? "

    Pendant que je prenais le temps de réfléchir, un index au coin de la bouche, Muto commençait à devenir rouge de colère. Fulminant et serrant les poings, on voyait bien qu'il ne supportait pas cette petite humiliation.

    - " Je crois qu'on lui a également dit la fois d'avant... " Finis-je par dire à mon ami, faussement déçue de ne pas trouver d'autres petites insultes à lui envoyer.

    - " FERMEZ-LA !!!! " S'époumona brusquement la pauvre victime de nos plaisanteries.

    Le sourire aux lèvres, je plantais mon regard dans le sien, le défiant de m'y forcer. Seulement, même si je pouvais voir dans ses yeux, qu'il en mourrait d'envie, il y avait beaucoup trop de monde autour de nous. D'ailleurs, certains des habitants, avaient été alertés par sa dernière intervention. Des voix se firent même entendre, reprochant avec mépris que c'était encore cette racaille qui faisait des siennes.

    En voyant toute l'hostilité dont il était maintenant victime, Mutô perdit en assurance. Tremblant de rage, il tentait de fuir les regards de colères et de dédain à son encontre. Puis, ne le supportant plus, il décida de partir. Mais avant ça, il nous menaça une dernière fois de nous le faire payer.

    - " Tsss... C'est vraiment qu'un pauvre con, ce mec. " Lâcha mon meilleur ami en se massant l'arrière du crâne.

    Confirmant, j'acquiesçais d'un hochement de tête tout en regardant ce sale type s'éloigner avec sa bande. Il était clair qu'on n'en resterait sûrement pas là. Et peut-être avions nous fait une erreur en le provoquant autant. C'était bien la première fois que je le voyais aussi furax. Tant qu'on restait ensemble avec Vince, il n'y avait rien à craindre. Mais séparément, face à lui et plusieurs de ses larbins, on risquerait de passer un sale quart d'heure.

    - " Sinon, tu vas aller voir le cirque ? " Me demanda mon ami, changeant complètement de sujet. " Ca... ca te dit qu'on... " Déglutissant difficilement alors qu'il devenait tout rouge. " ... y aille en... "

    - " J'irai avec mes parents, oui. " Le coupais-je sans me rendre compte qu'il cherchait à me proposer un rancard. " D'ailleurs, je vais y aller ! Je devais aider ma maman à la boutique aujourd'hui ! On se voit plus tard ! "

    Tandis que je commençais à m'éloigner, devant un Vince dégoûté de ne pas avoir réussi à m'inviter, je me retournais. Cherchant du regard une dernière fois la jeune acrobate, je fus un peu déçue de ne pas la voir.

    - " Tant pis, je la reverrai pendant le spectacle " Laissais-je échapper dans un léger souffle. " J'espère que je pourrais lui parler, elle a l'air chouette. "

    À ces mots, je repris mon chemin, direction Au dé à coudre, le magasin de vêtements où travaillait ma chère petite maman.


    Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:47, édité 4 fois
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    Il ne fallut pas longtemps avant que le regard de Minnie n'en croise un autre. C'était celui d'une jeune fille, même si parler de jeune fille était un peu bizarre quand on parlait de quelqu'un de plus vieux que soi. Quoi qu'il en soit, une jeune fille qui la fixait intensément, la bouche grande ouverte. Pour être honnête, Minnie comprenait mal ce genre de comportement. Est-ce que c'était une réaction normale face à son numéro ? Le directeur avait beau lui avoir expliqué que les gens ressentaient les choses différemment les uns des autres, elle ne voyait pas comment le jonglage pouvait changer les adolescentes en gobeuses de mouche...

    … Ou peut-être que c'était là toute l'étendue de son talent. Après tout, elle était la personne destinée à devenir reine des pirates. C'était tout à fait normal pour elle d'impressionner les gens, même avec quelque chose comme du jonglage.

    Et voilà qu'un autre bonhomme arrivait près de la gobeuse qui ferma enfin la bouche. Tous deux commencèrent alors un petit jeu à base de paroles, de gestes et de beaux sentiments. Une danse que Minnie ne pouvait que voir comme une parade nuptiale.  Elle en avait déjà vu des comme ça entre les membres de la troupes, et pas forcément les plus jeunes. Pour sa part, la jeune minks n'avait jamais trop compris comment ça fonctionnait. Étant l'une des deux seules minks de la troupe, elle le voyait comme une spécificité de la race humaine... sans se rendre compte que sa personnalité était le problème. La viverrine était pleine de cette spontanéité toute naturelle qui rendait ce genre de petit jeu complètement inutile avec elle. Certains garçons de son âge avaient déjà tentés des trucs, mais c'était passé au travers d'elle. Ironiquement, une confession en bonne et due forme aurait fait l'affaire, mais il est parfois difficile pour les garçons timides ou peu assurés de faire dans l'évidence, encore moins face à une minks à la ramasse.

    Le petit numéro des deux tourtereaux continua sous les yeux d'une Minnie qui suivait cette affaire sans plus se préoccuper du directeur. Elle avait l'impression de regarder un film et se demandait quel genre de twist viendrait ajouter du piquant à ce scénario. Malheureusement, les choses tournèrent au vinaigre lorsqu'un groupe d'individus douteux tentèrent de réécrire l'histoire à leur façon. Parmi eux, l'un se distinguait clairement du reste... à cause de son menton. Lorsqu'elle le remarqua, Minnie fut incapable d'en détacher se yeux pendant un long moment. Elle avait déjà vu des trucs bizarres ou inhabituelle pendant toutes ses années au cirque, mais ce cas de couillo-mentonite la rendait soucieuse. C'était une maladie ou c'était normal, si normal était bien le mot ? En plus, le type semblait désagréable ou du moins, c'était l'impression qui se dégageait de l’interaction qui suivit. Mais les deux oisillons, pas impressionnés pour un clou, répliquèrent avec un autre genre de danse. Un succès si l'on en croit le  gros 'fermez-là' qui retentit dans toute la foule. Un excès de colère qui apporta à ce monsieur une certaine animosité de tous les gens qui l'entouraient. Pour sa part, le directeur de la troupe se contenta d'ignorer la chose et commença simplement à parler un peu plus fort.

    Toujours est-il que la petite bande décida de quitter les lieux face à ce qui semblait être une humiliation. Minnie aurait aimé continuer de regarder son film, mais c'est à peu près à ce moment-là que le directeur conclut en annonçant l'ouverture de la billetterie, qui fut immédiatement assaillit par les locaux. Impossible de chercher une personne en particulier dans cette cohue. Dommage, elle n'aurait pas sa conclusion à moins de croiser ces deux-là de nouveaux. Cela contribua au moins à se changer les idées et à oublier sa mère pour se concentrer sur la suite.

    La Grande Première était un exercice particulier pour la compagnie. C'était une tradition qui servait autant à montrer de quoi tout le monde était capable qu'à faire un énorme coup de pub en capitalisant sur le succès de l'arrivée au port. Son succès alimenterait le bouche à oreille qui leur garantirait à son tour un flux constant de visiteurs pour les prochaines représentations, jusqu'au Grand Finale.

    Comme on pouvait l'imaginer, faire une représentation le jour-même de leur arrivée, c'était pas de la tarte. Heureusement, la construction du chapiteau, qui prendrait le reste de l'après-midi, n'était que la dernière étape. Tout le reste avait été minutieusement préparé à l'avance sous la direction du directeur. Même si la troupe avait l'habitude, l'homme se faisait un devoir de vérifier chaque détail pour éviter un désastre. Des travaux rapide, ça oui, mais pas négligés. Ce n'était jamais arrivé et il comptait bien tout faire pour que ça n'arrive jamais.

    Le soir venu, le chapiteau était prêt et les spectateurs étaient au rendez-vous. C'est le directeur lui-même qui vérifiait leur billets en les remerciant de leur venu. Il était entouré de deux hommes forts qui servaient à décourager d'éventuels contrevenants, car c'est toujours plus simple de dissuader les gens quand on fait deux fois leur taille et qu'on peut les utiliser pour faire du lancer de javelot. Concernant les places, la maison pratiquait la politique du premier arrivé, premier servit et les gens étaient libre de s'installer où ils le souhaitaient. Seule exception, les enfants, qui étaient encouragés à se mettre au premier rang, si les parents voulaient bien s'en séparer le temps de la représentation, ce qui n'était pas toujours le cas.

    Le programme du premier soir était assez classique. Acrobates et funambules, magiciens et clowns, dresseurs, jongleurs et autres artistes s’enchaînèrent sur scène. Seuls ou en groupe, ils venaient pour donner le meilleur d'eux-mêmes pendant les quelques minutes que duraient leur numéro. Le directeur faisait les transitions pendant que l'équipe technique prépare la scène pour le numéro suivant. Il était accompagné d'un clown qui commentait ses paroles, souvent pour s'en moquer. Leurs échanges changeait chaque transition un petit numéro humoristique improvisée.

    Lorsque vint le tour de Minnie, c'était seule qu'elle entra sur scène. On lui avait préparé une corde bien raide situé à deux mètres au-dessus du sol et à laquelle on pouvait accéder avec deux escalier de chaque côté. Elle aurait aimé faire ça à la même hauteur que les funambules, mais le directeur avait toujours refusé, lui disant que ça aurait été de la vantardise et que ça aurait rendu son numéro plus difficile à voir pour les spectateurs.

    La jeune viverrine entra, à cheval sur son monocycle, et fit deux fois le tour de la scène à toute vitesse en saluant le public. Ensuite, elle se rendit jusqu'au marche menant à sa corde et les gravit en faisant de petits bonds bien maîtrisés avec son engin. Une fois face à sa corde, elle écarta les bras pour bien gérer son équilibre et entama une lente progression. À cette hauteur, elle ne risquait pas grand-chose, mais une chute aurait fait foiré son numéro et ça, c'était hors de question. Elle s'arrêta au centre de la corde et sortit tranquillement des balles de ses poches en tachant de paraître détendu malgré sa concentration, puis elle commença à jongler. Ses cinq balles volaient en cloche, passant d'une main à l'autre sans problème grâce à des dizaines d'heures d’entraînement. Tout en continuant à jongler, elle commença à avancer et à reculer lentement sur la corde avec son monocycle. Un exercice complexe, car elle ne pouvait plus s'aider de ses bras pour gérer son équilibre. Là encore, la confiance et l’entraînement lui permettaient de garder la maîtrise de son engin. Après une bonne minute, elle s'arrêta et lança ses balles un peu au hasard aux enfants du premier rang, qui semblèrent beaucoup apprécier. De nouveau au centre, elle prit appuis sur son monocycle avec ses mains et commença à faire le poirier. Elle resta ainsi quelques secondes avant d'écarter les jambes jusqu'à faire un superbe grand écart qui servait de conclusion à son numéro. Elle termina en se rendant de l'autre côté de la corde et en descendant l'autre escalier, là aussi en sautant d'une marche à l'autre. Puis elle conclu en sautant de son monocycle, qu'elle laissa tomber derrière elle avant de s'incliner et de laisser venir les applaudissement. Minnie avait réussi son coup. Elle ramassa son engin et quitta la scène à pied en saluant un peu partout des mains, le sourire jusqu'au oreille.

    À ce stade, le spectacle en était à la moitié. Il se termina un peu plus d'une heure plus tard, un peu après onze heure du soir. Une fois le dernier numéro terminé, tous les artistes qui avaient participé se rendirent sur scène une dernière fois pour un grand salut à la foule. Après une ovation, ils quittèrent tous ensemble la scène... avant de revenir face à ces applaudissements qui n'en finissaient pas ! Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, il fallait bien que ça s'arrête. Les applaudissements se turent peu à peu et les artistes partirent, cette fois pour de bon. Le directeur remercia une dernière fois les spectateurs et les invita à se rendre calmement jusqu'à la sortie, sans oublier leurs enfants bien sûr.

    Le spectacle était terminé...

    Mais pour Minnie, hors de question de finir la soirée là-dessus ! Profitant de la foule, elle se faufila au milieu des gens et sortit du Funambule. Rien de mieux qu'une petite promenade nocturne pour se remettre d'un grand succès. Sans trop savoir où elle allait, elle laissa ses jambes la mener jusqu'à une plage situé un peu à l'est du port. Là, elle retira ses chaussures pour apprécier le contact du sable encore tiède contre ses patounes en appréciant admirer l'horizon marin.

    C'était une belle nuit où les étoiles étaient libre de briller. La lune aussi était belle. D'ici moins d'une semaine, elle serait pleine... ce qui pourrait poser problème. Une minks et une pleine lune, c'est pas le genre de combinaison à laquelle on a envie d'être confronté. En plus, Minnie n'aimait pas trop la pleine Lune. Dés qu'elle la regardait plus de quelques secondes, elle perdait conscience pendant quelques heures et se réveillait au milieu d'un bordel sans nom dont on lui assurait qu'elle était la cause. Pas folichon comme réveil.

    Mais bon, ça ne serait pas un problème ce soir-là.
      Un quiproquoi ?
      Ce fut un moment merveilleux que nous avions tous passé sous ce chapiteau. Le spectacle auquel nous avions assisté était vraiment grandiose. De la magie, de l'acrobatie, tant de choses pour émerveiller l'adolescente que j'étais. J'avais une sainte horreur des clowns, mais pour ce qui est du reste, j'en étais très friande.

      Mais ce qui m'avait tant impressionnée, c'était encore et toujours cette jeune Minks qui avait déjà fait preuve de grands talents lors de leur arrivé sur l'île. En plus d'être une jolie petite peluche, elle était vraiment très douée. J'étais admirative. Et tandis que je suivais mes parents en dehors du cirque, je ne pouvais m'empêcher de penser à elle.

      - " Je me demande si elle voudrait être mon amie... " Lâchais-je dans un léger souffle.

      - " Tu as dit quelque chose ma chérie ? " Me demanda ma petite maman en se retournant.

      Pour seule réponse, je secouais doucement la tête pour lui signifier que non, tout en lui offrant mon plus beau sourire. En voyant cette expression sur mon visage, cette femme à qui je ressemblais tant me le rendit. Comme seule une mère savait le faire. Rempli d'amour et de tendresse.

      - " Tu t'es bien amusée, mon cœur ? " Me questionna cette dernière pendant que je venais me saisir de son bras et me blottir contre elle.

      - " C'était trop bien ! " Lui répondis-je avec entrain et des étoiles plein les yeux. " Surtout la jeune fille sur son monocycle ! Elle était tellement classe ! "

      Alors qu'on s'éloignait du lieu du spectacle, je continuais à évoquer tout le bien que je pensais de cette artiste. Ecoutant chacun de mes paroles, mes parents me regardèrent en souriant, heureux de voir leur petite fille aussi passionnée par le sujet.

      - " Je crois que notre princesse est en train de tomber amoureuse. " Déclara mon papa avant de se mettre à rire à gorge déployée.

      Surprise par ses dires, je le regardais en haussant un sourcil. En apercevant que je ne semblais pas comprendre ce qu'il voulait dire, ma maman intervint.

      - " Il parlait du cirque, ma puce. "

      - " Ooooh... " M'exclamais-je avant de sourire bêtement loin de m'imaginer qu'il parlait d'autre chose.

      - " Bah non, je parlais de... " Tenta de se justifier le père de famille avant de recevoir un petit coup de coude dans le flanc par son épouse. " Ouais du cirque ! Ta mère à raison comme toujours voyons ! " Ricana bêtement ce dernier avant de rajouter. " Et puis, y'a le petit Vince après tout ! "

      En entendant l'énonciation du prénom de mon meilleur ami, je fus encore plus perdue. Décidément, je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il voulait me dire ce soir. Et ce n'était pas le seul d'ailleurs. Ma maman venait de lui donner un énième coup de coude avant de le fusiller du regard. Cela signifiait généralement qu'ils me cachaient quelque chose.

      - " Vous êtes bizarre ce soir. " Leur dis-je en plissant les yeux pour essayer de les sonder.

      - " Tu sais bien que ton père est toujours bizarre. " M'attesta ma maman tandis que ce dernier s'offusquait à côté d'elle. "  Mais c'est pour ça qu'on l'aime. "

      À ces mots, elle porta son attention sur son mari pour lui faire un petit clin d'œil. Quant à ce dernier, la regardant avec le plus grand amour, se pencha ensuite sur elle pour échanger un tendre baiser. Comme souvent, lors de ces démonstrations de tendresse, je les regardais avec le sourire. Après toutes ces années de mariages, ils étaient toujours aussi amoureux l'un de l'autre. Je sentais même que j'étais de trop.

      - " Je vais aller faire un tour. " Leur dis-je tout en lâchant le bras de ma mère. " On se retrouve à la maison d'accord ?! "

      À peine avais-je fini ma phrase, que je commençais à m'éloigner d'eux en leur faisant de grands gestes. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais pouvoir faire. Surtout que j'avais vu Vince rentrer de son côté avec sa famille. Je me retrouvais toute seule sans but. Mais peu importe, je voulais leur laisser un moment rien que tous les deux à profiter de leur amour.

      Quelques minutes, plus tard à errer, j'arrivais à la plage. Trouvant que c'était, une nuit, particulièrement douce, je décidais de m'y attarder. Ôtant mes sandales compensées, je posais mes pieds nus sur le sable, laissant chaque grain se glisser entre mes orteils. C'était une sensation que j'affectionnais beaucoup. Elle n'avait pourtant rien d'exceptionnelle, mais je trouvais ça agréable.

      Mes chaussures à la main et mon sac dans l'autre, je fis quelque pas avant de m'approcher de l'eau dans laquelle j'y baignais mes pieds sans la moindre hésitation. Je ne regrettais pas un seul instant d'avoir laissé mes parents tout seuls pour profiter d'un tel moment de calme. Il n'y avait personne à la ronde, rien à part le bruit des vagues.

      Enfin, c'est ce que je croyais. Car un peu plus loin, mon regard se posa sur une personne qui semblait présente depuis plus longtemps que moi. Cette dernière était en train de gesticuler dans tous les sens, de façon assez étrange. Elle donnait l'impression de se battre, seule face à un ennemi invisible.

      - " Qu'est-ce qu'elle fait ? " Me demandais-je après avoir décidé de m'approcher de cette inconnue qui n'était autre que l'adolescente dont j'avais parlé à mes parents. " Hé salut ! " L'interpellais-je en levant la main dans sa direction.

      Au son de ma voix, la jeune Minks fut surprise et sursauta de peur. Tellement concentrée, dans ce qu'elle faisait, elle ne m'avait pas du tout vu arrivé. Arrêtant complètement ce qu'elle faisait, elle porta son regard sur moi, légèrement agacée et à la fois soulagée de ne voir qui ne s'agissait que de moi.

      - " Désolée... Je ne voulais pas te faire peur. " Lui stipulais-je un peu mal à l'aise par la situation, ne voulant vraiment pas l'effrayer.

      Étrangement, la jeune Minks ne répondit rien, continuant seulement à me fixer. Peut-être m'en voulait-elle de lui avoir fait peur de la sorte. Ou alors elle se méfiait de moi. Après tout, c'est vrai qu'elle ne me connaissait pas. Et puis, maintenant que je la voyais de plus près, je réalisais qu'elle était plus jeune que moi.

      - " Moi, c'est Hayase, mais tu peux m'appeler Haya. " Lui déclarais-je chaleureusement tout en lui offrant un doux sourire se voulant rassurant. " Et toi, c'est quoi ton nom ? "

      Toujours rien, pas un mot qui franchissait ses jolies lèvres. Elle restait là sans me quitter du regard. Celui-ci n'avait rien de haineux ou méprisant, mais j'avais l'impression que je la dérangeais plus qu'autre chose. Malheureusement, c'était mal me connaître. Je voulais en apprendre plus sur elle. Elle avait un petit quelque chose qui me fascinait.

      - " C'était trop bien ta performance tout à l'heure ! Ta façon de jongler, assise sur ton monocycle qui tenait en équilibre sur une corde... C'était... Woaaah.... " M'exclamais-je sans trouver d'autres mots pour lui faire part de mon admiration. " Tu étais très belle et très gracieuse. J'ai vraiment adorée. " Finis-je par lui dire avant de pencher la tête sur le côté, mon sourire éclairant encore plus mon visage.

      J'avais l'impression que j'avais fait mouche cette fois-ci. Un petit sourire était venu se dessiner sur ses lèvres en entendant tous mes compliments. Je pouvais même lire une sorte de fierté dans son regard. Sentant que j'étais sur la bonne voie, je continuais sur ma lancée.

      - " Tu étais en train de t'entraîner pour un nouveau tour ? " Lui demandais-je en repensant à ses enchaînements d'arts martiaux. " Tu vas te battre en équilibre sur la corde ?! "

      - " Non, contre ma mère. " Me répondit cette dernière, me faisant enfin entendre le son de sa jolie voix. " Je m'entraîne pour lui botter les fesses. "

      Surprise, je la regardais bouche bée tout en battant plusieurs fois des cils. Je devais sûrement avoir mal compris ce qu'elle voulait me dire.

      - " Sur la corde.. ? " Voulus-je m'en assurer en lui posant cette question.

      - " Non, non. Demain, je la défierai en duel et je lui casserai la gueule ! " Déclara cette dernière en mettant ses mains sur ses hanches, gonflant sa poitrine.

      À son sourire, je réalisais qu'en effet elle ne semblait pas plaisanter du tout.

      - " Mais... Pourquoi tu veux faire ça... ? " Lui demandais-je, sentant l'incompréhension me prendre, ainsi qu'une légère pointe de colère.

      - " Elle veut m'empêcher de réaliser mon rêve, alors je vais lui faire mordre la poussière pour qu'elle me gêne plus. " Finit-elle par m'avouer sans la moindre compassion dans la voix.

      Il s'agissait quand même de sa propre mère et elle n'avait aucun remord à l'idée de lui faire du mal. Moi qui étais très fusionnelle avec la mienne, je ne comprenais pas comment on pouvait dire une chose pareille.

      - " Cette fois-ci, je suis sûre de la battre en plus. " Ricana cette dernière tandis que je sentais la colère monter de plus en plus en moi.

      S'en était trop. Je ne supportais pas qu'on puisse imaginer s'en prendre ainsi physiquement à sa mère. Certes, j'étais loin de me douter du genre de relation qu'elles pouvaient entretenir toutes les deux, mais il s'agissait d'une mère et de sa fille. C'était comme si, moi, j'avais bille en tête de vouloir frapper ma maman. C'était impensable.

      - " Tu me dégoûtes. " Lâchais-je avec mépris en serrant les poings, sentant une forte envie de la gifler.


      Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 11:48, édité 3 fois
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      Un quiproquoi ?
      Cette jeune troubadour me décevait réellement. Parler ainsi de sa mère m'était insupportable. Il fallait vraiment être le dernier des idiots pour avoir de telles pensées. Ce qui sembla être son cas malheureusement. Car cette dernière fit quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas.

      Levant son bras gauche au-dessus de sa tête, la jeune Minks qui m'était pourtant sympathique au départ, porta son museau à son aisselle.

      - " Tu trouves ? " Me demanda-t-elle après l'avoir reniflée. " Je suis désolée si mon odeur te dérange, c'est à cause de mon entraînement. "

      J'en restais bouche bée. Elle n'avait absolument rien compris à ce que j'avais voulu lui dire. En plus d'être irrespectueuse vis à vis de sa mère, elle était tout simplement idiote. J'avais l'impression d'avoir Muto en face de moi. Cette boule de poils sans cervelle y trouverait facilement sa place dans cette bande d'ignares.

      - " Je ne parlais pas de ça ! " M'écriais-je à moitié, emportée par ma colère. " Mais de ce que tu comptes faire subir à ta mère ! "

      - " Bah ouais ! Je vais lui faire mordre la poussière ! " Continua de proclamer mon interlocutrice avec fierté. " Tu aimerais y assister ?! "

      Sa question posée le plus sérieusement du monde, elle me prit les mains dans ses pattes. Affichant un grand sourire de joie, elle était heureuse d'avoir trouvée une personne pour l'encourager durant son duel contre sa mère. Cependant, elle se trompait totalement sur mes intentions. Et je comptais bien lui faire comprendre ce que je pensais de ses manières.

      - " Même pas en rêve ! " Lui répondis-je sans décolérer avant de lui donner un coup de pied dans le tibia.

      Couinant de douleur face à cette attaque surprise, cette dernière s'accroupit pour se masser la jambe. Les larmes aux yeux, elle me fixa avec incompréhension.

      - " Mais pourquoi tu as fait ça ? " M'interrogea l'adolescente en continuant de frotter délicatement sa jambe douloureuse. " Je ne t'ai rien fait de mal pourtant... C'est encore à cause de mon odeur ? "

      Toujours à côté de la plaque, sa stupidité m'énervait davantage. N'arrivant plus à retenir ma colère, je l'attrapais par le col de sa veste afin de la redresser. Plongeant ensuite mon regard haineux dans le sien, je lui hurlais dessus.

      - " T'es vraiment qu'une sombre idiote !! Je ne sais pas quelle genre de relation, tu as avec ta mère, mais je ne vois aucune excuse pour que tu veuilles lui faire du mal ! " Toujours aussi colérique, des larmes dues à mes nerfs tendus se mirent à perler à mes yeux. " Une maman, on n'en a qu'une ! C'est censé être la personne qui nous aime le plus au monde ! Si jamais tu as un problème avec elle, tu n'as qu'à en discuter plutôt que de vouloir la frapper ! "

      Légèrement à bout de souffle après lui avoir ainsi criée dessus. Je la regardais en cherchant à calmer ma respiration. Les yeux revolvers, j'attendis que la Minks daigne me donner une explication. Ou du moins que celle-ci me fasse signe qu'elle ait compris que ce qu'elle souhaitait faire était mal.

      Quelques secondes s'écoulèrent sans que l'une de nous deux ouvre la bouche. Pendant tout ce temps, la petite boule de poils ne chercha pas à se dégager. M'observant tout simplement comme si son cerveau analysait les informations que je lui avais donnée.

      Quand soudain, une étincelle de lucidité brilla dans ses yeux.

      - " Aaah ! " S'exclama la jeune fille en réalisant enfin ce qui se passait. " Mais... Tu n'y ai pas du tout ! "

      Les battements de mon cœur redevenu normaux, je la regardais de façon confuse. Attendant la suite, je la fixais sans ne plus rien comprendre.

      - " Je n'ai pas de problème avec ma mère. " Repris cette dernière le plus calmement possible. " Enfin si... Elle veut m'empêcher de devenir pirate... "

      - " Hein ? " Ne trouvais-je rien d'autre à répondre à ce qu'elle me racontait.

      - " Oui... Moi, je veux devenir une grande pirate ! Seulement... " Soupira-t-elle de dépit avant de continuer. " Ma mère ne veut pas, car elle trouve que c'est une très mauvaise idée. Mais moi, j'en ai trop envie ! C'est mon rêve ! Alors... On a passé un marché ! "

      Battant des cils, je commençais à me dire que je faisais fausse route depuis le départ. Que je me trompais totalement sur toute la ligne. Et la honte empourpra légèrement mes joues.

      - " Mais... " Hésitais-je en cherchant mes mots. " Tu... Tu ne veux pas te battre contre ta mère ? "

      - " Bah si ! " M'affirma-t-elle sans détour. " Elle m'a dit que si je voulais prendre la mer pour devenir pirate, je devais la battre ! "

      Écarquillant les yeux à cette révélation, j'entrouvris légèrement la bouche en ne sachant plus quoi dire. Je m'étais totalement fourvoyée sur cette demoiselle. Trouvant ça ignoble qu'un enfant cherche à s'en prendre physiquement à la femme qui l'avait mise au monde, j'en avais tirée des conclusions trop hâtives.

      Alors que je la lâchais enfin, je ne savais plus du tout ou me mettre. J'avais vraiment trop honte d'avoir agi de la sorte. Comme quoi, il fallait vraiment creuser un peu plus avant de se faire des idées sur une situation. Cela me ferait une bonne leçon de vie.

      - " Je suis sincèrement désolée... " Lui dis-je en baissant les yeux. " Je croyais que tu voulais faire du mal à ta mère parce que tu la détestais... "

      - " Oh non !! " S'exprima-t-elle en secouant les mains devant elle. " Pas du tout. Je l'adore ma mère ! Et puis, c'est toujours elle qui gagne... Alors pour l'instant, je ne risque pas de voir mon rêve se réaliser. " Ricana cette dernière en se massant la nuque.

      Tandis que je me détendais, je lui souris de façon amusée. Elle n'était vraiment pas méchante dans le fond et je regrettais de m'être trompée à son sujet. Par chance, la jeune Minks ne m'en voulut pas le moins du monde. Au contraire, elle trouvait ça louable d'avoir voulu protéger l'honneur de sa mère.

      Les heures qui suivirent, nous discutions tranquillement assises dans le sable. J'en appris un peu plus sur elle et le fait que sa mère l'avait adoptée. Qu'elle lui devait beaucoup à elle et au cirque qui étaient devenus sa famille. Minnie me posa également des questions sur ma famille. Un sujet sur lequel je m'épanchais avec joie.

      On devint rapidement amie toutes les deux. Riant des petites anecdotes qui nous étaient arrivés durant notre courte existence sur cette terre. Comme je l'avais espérée avant cette petite altercation, je la trouvais vraiment très sympathique. Malheureusement, toutes les bonnes choses avaient une fin.

      - " On reprend la mer dés demain. " M'avoua ma nouvelle amie avec une légère pointe de tristesse dans la voix.

      - " Oh.. " M'exclamais-je sur le même ton. " C'est dommage.. "

      Ça m'attristait de voir que ma nouvelle amie allait bientôt quitter Cocoyashi. J'aurai adorée passer un peu plus de temps avec elle. Ce n'était pas souvent que je me liée d'amitié avec une autre fille. J'étais déçue qu'elle ne puisse pas rester plus longtemps.

      - " Avant de partir, je vais lancer un nouveau défi à ma mère. " Déclara Minnie, avant de me prendre par la main. " Tu voudras bien venir m'encourager ? "

      - " Bien sûr ! " Lui promis-je sans la moindre hésitation tout en lui serrant sa main. " Et je suis sûre que tu gagneras cette fois-ci ! "

      Malheureusement, le lendemain matin, Minnie perdit de nouveau.
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