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Au comptoir d'Alma


Les commandes étaient effectuées, le navire chargé et ses brouilles avec Eärendil arrangées. Plus rien ne retenait le charpentier à présent. Il était tout simplement libre de reprendre les voiles et s’en aller loin d’ici. Cependant, alors qu’il était installé à une terrasse, aux côtés de sa bien-aimée, Alma resta pensif et semblait perdu dans ses songes. Il lui manquait quelque chose. La blonde elle-même comprit qu’il n’était pas nécessaire de parler et polluer l’esprit de ce cerveau si délicat. A quoi pensait-il ? C’était pour évident. Pourquoi prendre la peine de déplacer des tonnes de roches quand on pouvait directement commander le navire sur place ? Des journées de voyage, des jours pour le chargement, des heures de négociations…

« Je vais bâtir un comptoir. On ne partira pas tant qu’il ne sera pas construit. »

Eärendil resta médusée, mais se doutait bien qu’une idée farfelue sortirait de cette bouche.

« Un comptoir ?
- Oui. Les clients passeront commande ici. Du moins, pour ceux de Grand Line. C’est bien plus simple de déplacer un navire achevé que des tonnes de roches que l’on doit répartir dans les différents chantiers navals, construire les navires et les livrer… C’est trop de frais et de temps perdus. »

Rapidement, même si Alma l’avait sans doute déjà fait, la blondinette calculé, de manière imprécise, les frais économisés en faisant cela. Des millions de berries. Ses yeux s’illuminèrent.

« Reste à définir où est-ce qu’on établira cette boutique, acheter le terrain, embaucher les ouvriers…
- Je m’occupe de dénicher l’endroit. »

Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas vu Eärendil aussi motivée par un projet. Dès qu’il s’agissait de gagner de l’argent, elle pouvait retrouver une forme olympique et mettre tous ses vilains côtés bourgeois de côté. Selon le charpentier, il était important de préciser que ces mauvais défauts se sont installés uniquement depuis qu’ils étaient riches. L’argent faisait-il le bonheur ? A bien réfléchir, le charpentier n’en était plus réellement certain. Selon lui, il gagnait déjà bien sa vie en tant que simple charpentier et sa vie était bien plus simple. Ce qu’il avait toujours désiré en somme. Malheureusement, il avait maintenant énormément de responsabilité, une réputation mondiale et des engagements auprès de puissantes personnes. En bref, sa vie a pris une tangente qu’il se refusait.

De plus, avoir des commerces légaux feront peut-être oublier au grand public ses affaires avec ceux se trouvant du mauvais côté. Peut-être. Rien n’était moins sûr. Mais malgré ces déconvenues, les affaires marchaient bien et personne ne semblait le lu reprocher, comme s’ils comprenaient qu’il n’avait réellement le choix. En se déplaçant le long du port, sur la chaîne de pilliers rocheux, Eärendil s’arrêta à l’un d’entre eux, vide de commerce, mais relativement étroit. Elle se retourna vers le charpentier qui l’observa d’un air dubitatif, puis elle sourit.

« Ce sera ici. »

Alma partit de nouveau dans ses songes. Si au départ l’idée ne lui plut pas, son cerveau trouva un moyen d’apprécier le lieu, en tira les avantages et trouva rapidement le moyen de le rendre attractif. Des schémas se façonnèrent dans sa tête, l’établissement se monta et tout un réseau de distribution se raccorda. Un énorme chantier en perspective mais un résultat resplendissant. Ce penton rocheux, bien qu’étroit, s’ouvrait complètement à la mer et facilitait grandement l’accès à son futur commerce. Inutile d’entrer dans le cœur du port et être gêné par la circulation. Pourquoi personne n’avait pris la peine de s’installer ici ? Parce que les tyroliennes étaient trop éloignées et la surface exploitable trop mince.

« Demain matin, j’aurais trouvé la solution. Il faudra bien quelques mois pour tout finaliser. Quatre, voire cinq mois.
- Hors de question que je reste ici autant de temps.
- En effet. Je dois retourner sur Bliss avec la marchandise. Laisse-moi deux jours, le temps de finaliser mes plans et les transmettre au maître d’œuvre que je superviserai. »

Ils trouvèrent un accord. Finalement, cette idée excita sérieusement l’homme au bob, qui passa le restant de sa journée à réfléchir à ce grand projet.

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Dès le lendemain, Alma se rendit dans l’office notariale de la ville, qui était réalité gérée par les responsables de l’île, afin d’acheter les terres sur lesquelles il construirait sa boutique. Au début, ils souhaitèrent vendre les terres plus chères que son prix de base, mais le charpentier ne se fit pas avoir et Eärendil aboya si fort qu’ils durent renoncer. Les chiffres étaient importants pour elle, on ne rigolait pas avec ça. Dans ces moments-là, il était bien content de l’avoir à ses côtés, cela l’évitait de lui-même sortir les griffes. Le prix finalement appliqué convenait à tous les partis, du moins aux acheteurs.

Alma avait travaillé une bonne partie de la soirée pour résoudre les diverses problématiques. Il réfléchit également à quelques hommes de confiance à qui confier la gérance du chantier en son absence. Dans ses contacts, quels étaient les hommes au chômage, compétent et susceptibles d’être intéressés par un tel projet ? Pas des masses. Par définition, une personne compétente était souvent sollicitée. Néanmoins, le nom de Tajar lui apparut comme une évidence. Il saisit son escargophone, pas le doré, puis composa le numéro de son ami. Après quelques tonalités, l’homme en question répondit.

« Tiens, tiens, que me vaut l’appel de l’illustre directeur du chantier naval de Bliss ?
- J’ai du boulot pour toi, histoire de te relancer, ça t’intéresse ?
- Dis-moi en plus pour voir.  Si c’est un chantier naval, tu m’oublies. Je ne prends que du boulot facile.
- Oui, justement. Ce ne sera pas tout à fait un chantier. Disons plutôt un comptoir dans lequel une certaine clientèle viendra prendre commande. Pas de navires de guerre, uniquement des bateaux de plaisance, avec des sculptures, etc. C’est toujours ton truc ? S’il y a des commandes avec des spécificités complexes, on s’en occupe à Bliss et on t’envoie le tout que tu n’auras qu’à assembler au reste de l’œuvre.
- Tu auras évidemment des artisans avec toi, au moins une trentaine. Tu pourras les choisir si besoin. T’en dis quoi ?
- Je signe où ? »

Quelques conneries à se dire et le tour était joué. Alma avait son gérant. Avant la fin de l’appel, Tajar avait fini son sac et s’apprêtait déjà à partir. Du rapide. Le blondinet avait pour objectif de trouver des hommes avant son arrivée et de commencer le chantier. Pour l’instant, les choses tournaient plutôt bien. Et pour rechercher des volontaires, rien de mieux que les bars. La blonde furieuse opina du chef et approuva ainsi l’idée. C’était pour elle un « truc d’homme » et ne s’imposa pour le faire. Son boulot était fait et le reste, selon elle, ne dépendait plus de ses compétences. Ainsi, elle décida d’aller en direction des boutiques du port.

« Bon… Et bien, plus qu’à trouver des gars motivés. », lança pour lui-même le charpentier, comme pour s’encourager.
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« Alma… Alma… M’sieur Ora ! C’est vous, le dirlot du chantier naval de Bliss ? Celui qui a remonté Thriller Bark ? Qui tient officieusement le chantier naval d’Alvel pour le compte de Kiyori sans craindre la mort ? »

Le charpentier opina du chef. Il n’aimait pas vraiment user de sa réputation pour atteindre ses desseins, mais il fallait bien avouer que c’était très utile pour recruter rapidement des bonshommes motivés. D’autres se rassemblaient autour de lui.

« M’sieur Ora, s’vous plait, embauchez-nous ! Le travail manque au Python Rocheux. Nous n’sommes pas capable de nourrir conv’nablement nos foyers. Les mômes ne mangent plus à leur faim. »

Pour l’instant, Alma les laissa s’exprimer. Ils en avaient besoin. Quand le leader de ce groupe d’hommes termina son discours, le directeur de Bliss fit mine de rester songeur avant de reprendre la main.

« Donnez-moi vos qualifications. »

Des charpentiers, tailleurs de pierre, sculpteurs… Bref, des artisans qualifiés, motivés, volontaires et en recherche d’un emploi stable.

« Combien êtes-vous dans cette situation ?
- Une vingtaine. Les autres sont partis où ont finalement réussi à trouver des postes qui étaient à renouveler.
- Je vous embauche tous à temps complet. Le chômage n’existera plus sur le Python Rocheux. Vos femmes et vos enfants mangeront de nouveau à leur faim ! Allez, célébrons cela autour d’un verre ! Je paye ma tournée ! »

Simple et efficace. Les personnes dans le besoin étaient toujours les plus simples à trouver dans les bars. Mais il préférait collaborer avec des personnes de valeurs, comme ces braves hommes, que de recruter des fainéants tous droits sortis des grandes écoles. Là, il avait des hommes d’honneur et expérimentés. Alma n’avait pas l’intention d’abuser de leur situation pour les payer au lance-pierre. Il les rémunérera honnêtement.

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Alma attendit l’arrivée de Tajar avant de lancer le début des travaux. Le directeur mena le chantier quelques jours avant de reprendre la route. Selon lui, les débuts étaient déterminants et il tenait à être présent. Les délimitations effectuées, les groupes de travail formés, tout était en place. Etant un homme bon et reconnu pour ses compétences, les ouvriers obéirent sans sourciller. Il présenta Tajar dès son arrivée, comme le gérant de la boutique en son absence, tout en précisant qu’il avait les qualifications requises pour mener cette tâche.

La tâche la plus laborieuse était de creuser dans la galerie pour concevoir le cœur du comptoir. La tâche plus technique était de relier le raccordement du réseau de tyroliennes à la boutique. Le reste, finalement, n’était que de la routine pour ces artisans. Comme le charpentier avait déjà réfléchi aux plans et aux éventuels problèmes que pourraient rencontrer ses hommes, le tout se déroula à vitesse accélérée. C’était comme avoir des codes de triche dans un jeu. Il fallait cependant rester vigilant. Dans ces métiers, rien n’était laissé au hasard et ce n’était pas pour rien.

Néanmoins, Alma n’a pas su anticiper un élément : la concurrence. Ici, les gens voyaient les nouveaux arrivants, les étrangers, comme un véritable danger. Alors on l’empêcha de poursuivre les travaux, notamment en sabotant l’avancée de ce dernier. Evidemment, les malfrats agissaient la nuit, quand plus personne ne se trouvait au chantier. De ce fait, Tajar décida de construire une petite cabane d’infortune pour surveiller et faire office de présence dissuasive, mais le nombre important de conspirateurs fut tel qu’il ne put réellement peser sur la balance. Alors les autres ouvriers vinrent soutenir leur chef, en créant un campement, mais les affrontements étaient violents et ne jouaient pas en faveur des membres du comptoir.

Alma dut revenir plus tôt que prévu pour mettre fin à ce déferlement de haine. Une rapide enquête de voisinage, des témoignages, affirmait qu’il s’agissait de salariés des boutiques aux alentours, notamment la boutique qui vendait des pierres. Chose assez surréaliste, puisqu’Alma avait acheté des produits chez ce même homme. Il organisa aussitôt une réunion avec chacun des gérants du port. Si le blondinet s’était installé ici-même, c’était bien en s’assurant qu’il ne ferait de concurrence à personnes. Le pire fut quand il annonça qu’il viendrait se réapprovisionner chez chacun d’entre eux pour ses chantiers. Là, chacun des gérant se sentit tout penaud mais ne montra rien pour ne se rendre coupable des délits.

« Ecoutez, je ne tiens même pas à savoir qui a commandité ces sabotages et ces agressions. Je réparerai les dommages moraux subis par mes hommes à l’aide d’une prime largement méritée. Cependant, soyons clairs, j’espère pour vous que c’est la dernière. Je risque d’être beaucoup moins sympathique la prochaine fois. », conclut-il d’un ton glacial.

Maintenant, c’était le moment de négocier des ristournes. Il était en position de force.

« Ceci étant maintenant derrière nous, je voulais d’abord vous rencontrer pour parler de nos échanges commerciaux. En effet, j’aurais des besoins réguliers en matériaux. »

Les négociations durèrent une bonne partie de la soirée et les sabotages cessèrent à tout jamais. Le chantier reprit dès le lendemain, dans la joie et la bonne humeur. Et surtout dans la sérénité.

***

Quelques mois plus tard, Alma revint pour l'ouverture et l'inauguration du comptoir. Beaucoup de monde attendait l'ouverture de cette nouvelle boutique, d'admirer la décoration intérieure, les hauts plafonds, les fenêtres de verre, les différentes maquettes mises à disposition... Des clients affluèrent déjà au Python Rocheux. Finalement, l'ouverture de cette boutique était une véritable aubaine pour l'île, car les clients d'Alma venaient pour quelques jours, profiter des commerces locaux. Perçu comme un concurrent, il était devenu le bienfaiteur du port. Apprécié de tous pour sa bienveillance, sa générosité et son ingéniosité, le charpentier était à présent plus que le bienvenu sur cette île aux allures rustres et peu accueillantes. Et elle l'était réellement.
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