Pourquoi choisir une île comme Innocent Island ? Elle n'avait plus rien de très intéressante en elle-même. Désertée depuis des années suite au terrible règne d'un roi mort-vivant, du moins c'est ce que l'on racontait, l'endroit était presque totalement désert à présent. Plus exactement, tout ce qui faisait de l'île un lieu d'intérêt capable de faire venir touristes et marchands n'était plus aujourd'hui qu'un lointain souvenir. Un endroit perdu, peu habité et sans véritables richesses. Pour un riche marchand de Rhétalia, tout cela ne valait pas grand chose, du moins de prime abord. Il aurait été sot de penser qu'Innocent Island n'avait rien à offrir. L'endroit était en effet, toujours si l'on en croyait les rumeurs, habités par des enfants laissés à eux-mêmes. Oui, des enfants. Pouvait-il y avoir quelque chose de plus beau pour un esclavagiste que la perspective de jeunes têtes blondes à l'esprit entièrement malléable ? En aucun cas.
Même s'il connaissait l'île de nom et les rumeurs y étant associées, Nadir ne s'était jamais rendu sur place. Par appât du gain, il parvint malgré tout à persuader Vespianno Borgia, despote du clan éponyme et chef du Conclave, terrible organisation secrète convaincue de la supériorité de la race humaine, d'armer un navire pour lui. Après avoir pris la mer en tant que simple marchand, l'Ibn Halim avait passé la Flaque avant d'approcher de sa destination. Le voyage avait été long et mouvementé par moments, mais rien ne grave n'était heureusement arrivé.
Dans la matinée d'une chaude journée, le bateau Rhétalien brisait la brume en direction de la côte. La mer était calme et un silence pesant régnait. L'accostage se fit sans encombres et plusieurs gardes descendirent. Leur emboîtant le pas, Nadir découvrit un port laissé à l'abandon. Le sourire qu'il arborait à l'idée de découvrir un nouvel endroit disparut assez vite quand il se rendit compte du piteux état dans lequel se trouvait la ville. Les jours de gloire du Carnaval étaient décidément bien loin.
« Messieurs, je vous saurais gré de bien vouloir me suivre. »
Suivant de près le premier-sang du clan Ibn Halim, une dizaine de gardes et le capitaine du navire commencèrent à avancer en direction de l'intérieur des terres. Pour l'heure, ils ne voyaient personne, mais tous savaient que cela ne durerait pas. Malins, les Rhétaliens n'avaient pas hissé le pavillon trahissant leur origine. Il serait toujours temps d'expliquer d'où ils venaient dans un second temps. Avançant lentement, la petite troupe filait droit en direction des immenses manèges à l'horizon.
ciitroon