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Le dernier roi de Goa

Cher journal,

Fushia est un joli petit village tout ce qu’il y a de plus emblématique de la campagne de Dawn, à deux pas de la mer, avec ses jolies petites maisonnettes colorées qui se blottissent les unes contre les autres, ses champs qui s’étendent tout autour et qui répandent un parfum de fraîcheur, ses villageois à la mine joyeuse qui nous gratifient de leurs sourires en passant… et puis son bidonville.

Bidonville, c’est en tout cas le meilleur terme pour désigner le camp de réfugiés qui s’est établi aux portes de l’agglomération, y a quatre ans de cela. C’est ici, loin de la capitale, loin des cendres de l’ancienne décharge, que s’est bâti ce que les habitants du coin surnomment ironiquement « Grey Terminal II ». C’est là que se sont réfugiés parfois volontairement, parfois non, ceux qui ont tout perdu pendant la révolte : principalement des habitants de la ville basse dont les maisons ont été rasées, mais aussi de nombreux occupants de l’ancien Grey Terminal, ceux qui ont survécu à sa destruction mais qui n’ont pas trouvé de place en ville. C’était au départ un campement de fortune, un abri provisoire le temps d’être relogés, de retrouver du travail. Et puis, comme beaucoup de choses à Goa, le provisoire a pris des allures de définitif…
Ici s’amoncellent des tentes, des cabanes en tôle, en planches de récupération ou en rondins grossiers -la forêt non loin est un site d’approvisionnement généreux-, mais le résultat n’est pas glorieux : des abris de fortune sont entassés les uns sur les autres, séparés par des allées boueuses ; çà et là s’échappent des fumées, la l’emplacement des feux de cuisine, souvent à l’extérieur des masures qui ne servent qu’à stocker les rares biens de leurs propriétaires : vaisselle chiche, quelques textiles, une paillasse,... L’endroit contraste d’autant plus avec Fushia, dont il borde les limites, qu’une haute barrière de bois a été dressée entre les deux villages. Le message est clair : que chacun reste chez soi.  

Réglisophie, à côté de moi, soupire en portant un mouchoir parfumé sous son nez :

« - C’est pire que ce à quoi je m’attendais.
- C’est pire que ce que tout le monde imagine depuis l’intérieur des murs de Goa, je suppose. »

Je fais la fière, mais en réalité je suis autant choquée que ma grande sœur. J’ai déjà été confronté à de nombreuses reprises à la misère humaine au cours de mes missions : j’ai visité des cités crasseuses, des repaires de pirates, des taudis et des camps de fortune, mais là c’est différent : il ne s’agit pas de pirates mais de vrais êtres humains, des gens de chez moi.

Contrairement à elle également, j’ai pu voir le premier Grey Terminal de mes propres yeux avant qu’il ne parte en fumée. Cet avis pourrait te surprendre journal, mais j’estime que les conditions y étaient meilleures qu’ici. La grande décharge qui bordait les murs de la capitale était certes infecte, mais c’était un écosystème vivant ; tous les jours, une marée de déchets divers venait s’y déverser, comme un ruissellement immonde mais néanmoins profitable de la richesse de ceux d’en haut abandonnée à ceux d’en bas. Toute une économie parallèle s’était formée autour de la récupération et d’une habile réhabilitation de ce que les nobles délaissaient.  
Le camp des réfugiés n’a rien de tout ça, parce que depuis la révolution Goa n’a plus de richesses à gaspiller. Les nobles ont perdu une bonne partie de leur fortune, et pour les quelques aristocrates subsistants ainsi que les nombreux bourgeois enrichis, l’opulence est mal vue. La ville n’est plus ce centre vivant et bouillonnant de la culture, de la mode et de la consommation à outrance. Les habitants du camp de réfugiés, sans travail, ne vivent plus que de la charité ou du vol. En gros. Je ne connais pas les détails, c’est pourquoi nous comptons beaucoup sur l’aide du troisième membre de notre groupe: la maire de Fushia en personne.
Âgée d’une cinquantaine d’années, ne mâchant pas ses mots, elle est vêtue comme une agricultrice aisée dont la tenue semble élégante pour un village comme le sien, mais qui ferait campagnarde à la capitale. Nous avons pris contact avec elle lorsque nous avons commencé nos œuvres de charité en achetant à nos frais (enfin aux miens, puisque ma chère sœur aînée est complètement impécunieuse !) de l’aide alimentaire à l’intention de la décharge. Mais il nous est rapidement apparu au cours de nos échanges que la situation au camp des réfugiés était très complexe, et méritait plus que d’y jeter un peu de nourriture pour se donner bonne conscience.

« - Comment se passe la cohabitation ?
- Mal », affirme-t-elle sans hésiter. « Il n’y a pas de travail pour tout le monde, loin de là. On a bien fait l’effort d’embaucher ceux que l’on pouvait aux travaux des champs ou de la pêche, mais notre petit village n’a pas de quoi accueillir autant de monde. A quoi ils pensaient, là-bas à Goa, en nous envoyant tous ces gens ici ?! »

J’aime bien jeter de l’huile sur le feu, alors je commente avec ironie :

« - Ils ont dû se dire que l’air de la campagne leur ferait du bien, et que loin de la ville les citoyens oublieraient vite que cet endroit existe.
- C’est l’illustration la plus évidente de leur incapacité à tenir leurs promesses. » ajoute Réglisophie avec hauteur. « Ce camp de réfugiés, c’est le vrai visage de la république instaurée par notre gouverneur. »

Tu pourrais me faire remarquer, journal -mais je sais que tu te garderas de le faire, tu es bien trop prudent pour prendre le risque de finir comme allume-feu dans un des fours improvisés qui servent de cuisine dans ce bidonville !- qu’on a beau jeu de s’indigner alors que sous la gouvernance de l’ancien régime monarchique, la décharge était bien plus grande, bien plus odieuse, et bien plus pérenne. Mais tu dois comprendre deux choses : premièrement c’est l’apanage des partis d’opposition de mettre en lumière les fautes du pouvoir en place, peu importe s’ils seraient eux-mêmes incapables de faire mieux. Deuxièmement, et c’est peut-être la vraie raison qui nous a poussées à venir ici ma sœur et moi: il n’y a pas plus opportuniste qu’une monarchiste qui cherche à faire disparaître des républicains !

« - Et pourquoi ne sont-ils pas retournés en ville ? Je croyais que notre gouverneur avait offert les anciennes maisons des nobles à ceux qui les voulaient ?
- Pas de travail, aucune sécurité, aucune envie de se mêler à ces gens-là. Il faut plus qu’une annonce en grande pompe pour faire changer les mentalités. Les gens de la ville -y compris et surtout ceux de la ville basse !- se méfient encore trop des anciens de la décharge pour vouloir d’eux comme voisins. Et puis ici au moins ils sont régulièrement approvisionnés. Si vous voulez mon avis, vous n’en tirerez pas grand-chose : il y a là-dedans beaucoup de bons à rien qui se complaisent de la charité. Ils n’accepteraient pas un travail honnête même si on pouvait leur en proposer un !
Vous allez me trouver dure, mais jugez par vous-mêmes : à leur arrivée, beaucoup refusaient tout simplement le travail qu’on leur offrait. Soi-disant que travailler dans les champs était indigne d’eux ! Beaucoup de ceux-là n’ont pas passé le premier hiver, héhé ! »


Même si je me retiens de commenter, je n’ai pas une beaucoup plus haute opinion de ces gens que ce qu’affiche la maire. Je suis même un peu satisfaite de l’entendre être aussi vilaine dans ses propos. Et dans ces circonstances, j’en veux un peu à Réglisophie de me faire culpabiliser en répondant :

« - C’est triste de voir à quelle extrémité en sont arrivés nos concitoyens, surtout ceux qui ont perdu leur foyer lors de la destruction de la ville. Ils ne méritaient pas ce sort. »

Elle range son mouchoir, l’air soudainement décidée.

« - Cependant, après quatre années de misère, je doute que beaucoup d’entre eux crachent encore sur un travail honnête et un vrai revenu ! »

Elle ajoute, à l’intention de la maire :

« - J’imagine que vous seriez disposée à nous laisser vous en débarrasser de quelques-uns ?
- Si vous faisiez ça, vous seriez mes idoles ! Malheureusement, ça ne dépend pas de moi. Ces gens-là ont leur propre société interne, avec leurs propres meneurs. Des crapules pour la plupart, d’anciennes petites frappes de la grande décharge qui ont repris le flambeau après que leurs chefs aient été carbonisés par le buster call, ou bien exécutés par le gouverneur. Et la plus puissante de ces crapules s’est parée du titre de roi de la décharge.
- Charmant…
- Finalement la monarchie n’a pas disparu partout à Goa ! Dans ce cas, nous n’avons pas le choix: pouvez-vous nous faire conduire jusqu’à eux ?
- Caramélie ! Pas question qu’on aille là-dedans ! On se ferait détrousser, ou pire ! »

C’est dans ces moments-là que je me rends compte à quel point j’ai changé. Et que ma facilité à me plonger dans les milieux crasseux pour parvenir à mes fins est inquiétante, en plus d’être certainement indigne d’une fille de comte.

« - Je peux le convoquer ici. Il ne refusera pas. » Elle ricane : « il me mange dans la main. Littéralement, puisque c’est par mon village que transitent les approvisionnements et les dons qu’ils reçoivent de la capitale.
- Entendu, faisons ça. »
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Cher journal,

J’ai connu un certain nombre de chefs de gang, de mafieux, de pirates et de bandits, mais c’est la première fois que je rencontre ce modèle-ci :
Le carrosse du roi de la décharge est à la hauteur de son royaume : fait de tôles et de bois nu, soulevé par huit serviteurs à défaut de posséder des roues ou des chevaux. Il est accompagné par tout un cortège, principalement constitué d’un héraut, de musiciens, d’un carré de gardes à forte carrure, et d’une dizaine de femmes en bikini. Tout ce joyeux petit monde arrive devant la mairie de Fushsia dans une cohue complète, sous les regards désapprobateurs des villageois qui préfèrent rester prudemment à l’écart.
Le hérault s’élance au-devant du cortège et clame :

« - Mesdames et messieurs, acclamez Dylan premier du nom, roi de la décharge, prince des dons, du travail et de la richesse, seigneur des bikinis, de l’avenue principale, du quartier sud est, de l’allée des tôles et de la rue des pickpockets !
- Hourra, hourra ! »
crie en cœur le cortège, tandis que Réglisophie, la maire et moi-même échangeons des regards gênés.

Dylan Ier, roi de la décharge, a une allure à la hauteur de ses prétentions : il est très grand, au moins le double de ma taille, et extrêmement musclé. Sa chemise blanche de mousquetaire, largement ouverte sur la poitrine et le torse, laisse dénombrer huit… dix… douze abdominaux ! C’est possible d’en avoir autant ?!
Pour le reste, il porte un costume bariolé et ridicule, et il me faut plusieurs secondes pour comprendre qu’il est déguisé en roi… En roi imaginé par quelqu’un qui n’en aurait jamais rencontré de vrai ! Il porte une grande cape rouge en tissu de mauvaise qualité, un sceptre bricolé à partir d’un tuyau, et une couronne démesurée faite de métal doré, sertie de pierres précieuses dont tout, de leur forme jusqu’à leur absence d’éclat, crie leur fausseté.
Le « roi » nous lance un sourire enthousiaste et chaleureux :

« - Bonjour madame la maire ! Bonjour les filles !
- Bonjour Ta Majesté Dylan. »

Ma sœur et moi nous contentons d’un plus réservé « enchantée », qui suffit néanmoins à nous attirer un regard plus appuyé de l’homme aux douze abdominaux :

« - Vous êtes mes nouvelles concubines ?
- Ahem… pas exactement. Mesdemoiselles d’Isigny sont ici pour te faire une proposition. »
- Oh. Dommage. »

Il se penche vers nous et chuchote :

« - Entre nous, j’aimerais bien faire remplacer Jenny et Marie-Amandine. Donc si jamais vous êtes intéressées…
- Ma sœur Caramélie pourrait l’être, mais en ce qui me concerne j’ai un arrangement bien plus intéressant à vous proposer. »

Je lève les yeux au ciel tandis qu’elle poursuit :

« - Des richesses, du travail pour beaucoup de vos… sujets. Ainsi qu’une place de choix pour vous et votre cour.
- Ah oui ? Quel genre de place ?
- Tut tut tut ! »

Nous sommes interrompues par le petit groupe de suivantes en bikini. Elles étaient restées discrètes jusqu’à maintenant, au point que je les avais prises pour un groupe de nunuches engagées pour faire de la figuration, mais les voilà qui s’interposent entre nous et leur souverain.

« - Les affaires, c’est avec nous qu’il faut les négocier.
- Ce n’est pas Dylan le roi ?
- Si, et il tient parfaitement son rôle : il parade avec sa couronne, il fait des sourires, il impressionne les gens et il casse la figure de ceux qui ne sont pas assez impressionnés. Mais c’est nous qui prenons les décisions.
Réglisophie reste un instant silencieuse avant de répondre, sans se départir de son sourire charmant :
- Dans ce cas, je suis ravie de négocier avec vous !

Elle leur désigne la table où se réunit habituellement le conseil municipal :

« - Je vous en prie, prenez place et faisons affaire ! »

Dylan prend la place d’honneur au milieu de la table, mais il semble plus intéressé par la tenue de ses compagnes et se désintéresse totalement de la discussion. Ma sœur occupe l’autre place d’honneur en face, tandis que la maire, la dizaine de porteuses de bikini, et moi-même, prenons chacune un siège. C’est Réglisophie qui ouvre la discussion :

« - Je me présente, je suis dame Réglisophie d’Isigny, et voici ma jeune sœur Caramélie. Depuis plusieurs semaines, vous et vos camarades d’infortune du camp de réfugiés avec pu bénéficier de nos dons humanitaires. »

Devant l’absence totale de signe de reconnaissance ou d’enthousiasme que provoque sa déclaration, ma sœur marque une courte pause avant de poursuivre, comme si de rien était :

« - Cependant, toute l’aide du monde ne suffira pas à résoudre le problème qui se pose ici, et c’est pourquoi nous avons décidé de nous attaquer à la racine du mal.
Regardons les choses en face : notre gouverneur laisse le camp de réfugiés complètement à l’abandon. Depuis le temps que la situation perdure, il devient évident qu’il n’a pas les moyens -ou peut-être pas l’envie, à moins que ça ne soit les deux- de la résoudre.
Notre entreprise philanthropique a pour vocation de reprendre les choses en main, et d’apporter une aide à un maximum d’indigents : nous avons entrepris de créer de grands ateliers de travail, proposeront une activité et un salaire à tous nos employés, la possibilité de se loger de manière décente, ainsi qu’une promesse de revenu même en cas d’absence temporaire de travail.
Évidemment, il y aura des places de choix en tant que cadres ou directeurs pour les personnes comme vous qui sortent d’ores et déjà du lot. »


On est drôlement gentilles n’est-ce pas ? Que ce soit clair journal : notre démarche n’est charitable que parce qu’elle a un intérêt pour nous ! Il s’agit d’une part de s’acheter une réputation en faisant quelque chose de concret, mais pas seulement. Ayant entendu les nombreux appels des citoyens de Goa réclamant que leur république fonctionne effectivement comme une république, et qu’ils puissent élire leurs représentants, le gouverneur Fenyang a fait organiser les premières élections de députés du peuple, qui auront la charge de représenter leurs concitoyens et de participer à la vie politique de leur pays.
Cela te surprendra-t-il, journal, si je te dis que le succès de son initiative lui a échappé ? Après quatre années de relative déception, les revendications étaient nombreuses et une foule d’intellectuels, d’orateurs, d’écrivains, d’anciens aristocrates et d’harangueurs de foule se sont lancés dans l’arène politique. Sans surprise, tous les partis d’importance affichent une position opposée à la sienne. Pire, le parti qui est donné par les pronostics comme largement majoritaire est le parti républicain, qui souhaite entamer une transition des pouvoirs vers un état républicain indépendant. Quant au gouverneur et sa marine… merci mais au revoir, on a plus besoin de vous !

Étonnamment, l’initiative a également beaucoup plu à l’ancienne aristocratie ! Cette dernière n’a jamais renoncé à son désir de reprendre en main la direction du pays, et puis sait-on jamais : une république est censée exprimer la volonté du peuple. Alors si cette volonté venait à être de restaurer une monarchie…
C’est là qu’interviennent Réglisophie et ses amis mécènes ! Et moi bien sûr, avec mon gentil porte-monnaie qu’elle ne demande qu’à vider ! Je fais ça par amour pour ma famille, ma patrie et mes valeurs évidemment, cher journal.
… Bon d’accord, pas seulement. Cela répond surtout à une volonté de ma hiérarchie de saper la montée en puissance du parti républicain qui menace dangereusement l’autorité du gouverneur nommé par Marie Joie. Et si cela passe par un renforcement du parti monarchiste, ce n’est pas un mal tant que l’un comme l’autre restent inefficaces ! A partir de là, ma soeur avait le profil parfait du pion à mettre en avant (les gens s’obstinent à voir en elle une gentille jeune femme bien élevée, pas trop encombrante. Alors que je sais, moi, que c’est la pire des pestes !!), tandis que notre lien faisait de moi le parfait relai entre elle et le CP, à son insu, pour la guider dans la bonne direction.

Or il y a deux choses qui ne valent rien ces derniers temps à Goa : les biens immobiliers, et les gens en quête de travail. Racheter de pleines parcelles de maisons en ruine a coûté une somme dérisoire, et faire venir à nous une importante masse de travailleurs peu qualifiés mais prêts à tout pour un salaire, devrait nous en coûter encore moins ! Si notre projet fonctionne, ce seront des milliers de pauvres et d’exclus qui, soudainement, seront en mesure d’exercer leur citoyenneté ! Nous avons pour projet de les employer à perte, peu importe le travail effectué tant qu’ils ne sont pas au chômage… et tant qu’ils seront prêts à voter pour leurs généreuses pourvoyeuses d’emploi en échange !

« - Ça ne nous intéresse pas. »

Ah. Oui. Évidemment pour accéder à ce puits sans fond d’électeurs potentiels, il faut encore qu’ils en aient envie.

« - Vous pouvez prendre le temps d’y réfléchir. Et de sonder les personnes susceptibles d’en bénéficier.
- Et vous laisser prendre nos sujets ? Certainement pas ! Ils travaillent pour nous, mendient pour nous, volent pour nous, recyclent pour nous, et partagent avec les dons qu’ils reçoivent en échange de notre protection. Si on vous laisse faire, il nous restera quoi ? Devenir vos larbines ?
- Je comprends vos inquiétudes, mais nous pouvons garantir que vos intérêts ne seront pas lésés. Pour ceux qui le souhaitent, le pouvoir et le salaire que vous recevrez surpassera nettement le niveau de vie que vous avez ici. Et pour les autres, en plus de devoir partager vos ressources avec moins de bouches à nourrir, nous pouvons vous garantir une augmentation de la fréquence et de la quantité des dons.
- Avec quels moyens ? L’argent que vont vous coûter tous vos emplois ?
- Si notre projet aboutit, tout ça sera largement compensé par les financements qui nous viendront de l'État.
- Eh bien revenez à ce moment-là.

En dernier recours, elle prend à partie le grand Dylan, resté le regard perdu quelque part entre la table et son décolleté.
« Êtes-vous d’accord avec ça, votre ‘’majesté’’ ?
- En fait…
- … Sa Majesté Dylan n’a pas besoin de s’exprimer sur le sujet. Ce n’est pas un marchand de tapis qui négocie avec la première venue ! Contrairement à vous, les nobles déchues qui ont soudain besoin de nous, et qui essayent encore de nous exploiter.
- Bien dit ! » Ajoute une de ses collègues.
« - Maintenant, à nous les privilèges et le pouvoir ! » conclut une troisième.

Notre insistance ne donne rien de plus. Ayant épuisé toutes les approches et toutes les propositions raisonnables nous venant à l’esprit, nous sommes obligées de nous résoudre à prendre congé du roi, de ses conseillères, et du maire.

« - Quelle bande de morues !
- Pouffes en bikini !
- Grognasses ! » Elle soupire : « Nous devons tout de même essayer de démarcher les autres chefs de la décharge, même si je me doute que leur réaction sera à peu près identique. Et dans ce cas, nous allons devoir nous rabattre sur des alternatives moins intéressantes.
- Sinon il y a toujours l’option de gagner les élections sans eux, et ensuite de faire raser leur bidonville !
- Caramélie ! »

Je lui lance un sourire espiègle :

« - Avoue que ce serait satisfaisant.
- … oui. Et hygiénique. Mais nous devons nous projeter au-delà de notre satisfaction immédiate. »

Nous restons un moment à penser en silence, jusqu’à ce que je dise :

« - Il reste une autre solution. Si le roi ne nous plait pas, changeons de roi !
- Ce roi-là n’a aucun pouvoir.
- Eh bien changeons ses conseillères ! Le principe reste le même !
- Hors de question que je te laisse devenir l’une d’elles ! Je disais ça pour te taquiner tout à l'heure !
- S’il te plaît ! Qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? J’ai bien trop d’estime de moi-même pour m’abaisser à ça ! Mais je pense qu’il y a un coup à jouer avec ce roi sans autorité et ses conseillères mal disposées. »

Réglisophie pend un instant pour réfléchir, et me dit :

« - D’accord, fais à ta guise. Si tu as un plan, je veux bien l’entendre. »
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Je retire une certaine fierté de mon art du déguisement. Une perruque noire, des vêtements à la coupe et aux couleurs neutres, et me voilà devenue une nouvelle personne ! De fait, si certaines personnes me dévisagent, la plupart semblent me prendre pour une des leurs, ou bien s’en moquer. Je déambule donc au milieu des allées tristes, pauvres et pourtant étonnamment bien entretenues du camp des réfugiés, marchant juste assez tranquillement pour ne pas attirer l’attention, mais juste assez vite pour qu’on ne puisse pas m’aborder.  

Ils avaient dit quoi déjà en énonçant ses titres… ? Roi de la décharge, prince des dons, … de l’allée principale, du quartier sud-est, d’un gros tas de tôles et de huttes en bois ? L’allée principale j’y suis, mais je ne vois rien qui ressemble à une demeure qui sorte de l’ordinaire, et qu’on pourrait qualifier de palais à la hauteur des prétentions d’un roi, fut-il souverain d’une décharge. Il n’y a ici que des tentes usées, consolidées par des planches, une grande quantité de rondins probablement récupérés dans la forêt toute proche, de tôles…

Je m’oriente un peu au jugé au milieu de ce vaste ensemble, et y découvre une ambiance bien différente. Tout est plus animé ici ! Les gens parlent fort, s’amusent, se disputent. On peut entendre de la musique et même des rires, rien de ce que j’aurais pu m’imaginer en venant ici. Il faut dire qu’à part des gens allongés par terre à ne rien faire, des pauvres en haillons pressés autour d’un brasero de fortune, et des criminels occupés à dépouiller d’autres criminels, je ne m’attendais pas à grand-chose. Je suis un peu désappointée que le camp de réfugiés ne colle pas à mes à priori, mais ce n’est pas plus mal.

« - Hé, ma jolie ! »

Je sens d’instinct une cascade froide glisser le long de ma nuque. Je fais comme si de rien était en priant pour que ça ne s’adresse pas à moi ou pour qu’on considère mon absence de réponse comme une fin de non-recevoir, mais évidemment l’homme qui me hèle poursuit :

« - Hé, c’est à toi que je parle ! »

Je me résous à m’arrêter, et me retrouve face à deux hommes et une femme à l’allure de grosses brutes. Le meneur est un grand gaillard costaud, mal rasé, l’air sur de lui. Quant aux deux autres… vu de près, ils n’ont pas l’air si redoutable que ça. Ils sont même franchement malingres ! C’est sans doute l’aura de leur meneur qui leur confère aussi bien leur aspect dangereux que leur assurance, et je suis prête à parier que sans lui ils n’auraient même pas osé m’aborder !

« - Tu entres sur le territoire du royaume.
- C’est super ! C’est justement là que je voulais aller ! En plus vous avez tous l’air drôlement sympa.
- Et on a l’intention de rester entre gens sympas. Donc on veut pas d’intrus ici. Ordre des conseillères. Enfin du roi Dylan.
- C’est justement le roi Dylan qui m’a invitée. … Enfin, entre nous je crois que son offre sent un peu l’arnaque, et qu’il a dans l’idée de me faire porter un bikini. Je crois aussi que sa proposition s’adressait plus à ma sœur qu’à moi… » je souris de toutes mes dents « Mais dans le doute je suis venue quand même ! »

La fille glousse, et leur compagnon l’imite avec deux longues secondes de décalage, tandis que le meneur me dévisage en silence. Pour mettre toutes les chances de mon côté, je commence à lui vaporiser discrètement de petites doses de gaz caradrôle, le gaz qui met de bonne humeur et qui me rend extrêmement sympathique, ce qui combiné à mon joli sourire fait certainement de moi la personne la plus charmante ici ! Du genre qu’on a envie d’aider, de guider jusqu’à son roi Dylan, et de ne pas embêter du tout.

« - Le clan des bikinis, c’est la crème de la crème. Il faut avoir fait ses preuves dans le royaume, avoir de l’ancienneté mais pas trop, s’être rendue utile, obéir aux ordres, et surtout avoir prouvé qu’on pouvait te faire confiance.
- Ah oui ? Ce n’est pas juste le roi qui les choisit selon des critères physiques ? »

Il reste encore un peu silencieux, tandis que son acolyte glousse comme si j’avais dit une énormité, et que leur comparse lâche un « oh la nulle ».

« - Je ne sais pas. Je ne crois pas. Je crois plutôt qu’elles se choisissent entre elles.
- Et si j’allais les rencontrer ? Peut-être qu’elles me trouveraient fiable, utile et tout le reste ?
- J’crois pas… mhhh… »

Il semble hésiter encore.

« - Normalement je devrais t’expédier dehors à coup de pieds aux fesses, après t’avoir taxé tous tes objets. Mais tu as l’air sympa et je t’aime bien, alors tu vas juste partir et on dira que je ne t’ai pas vue. »

Déçue, mais consciente que je n’en tirerai rien de plus m’estimant heureuse de ne pas avoir à me bagarrer pour m’extraire de là, je le remercie poliment et fais demi-tour. Je cherche le premier coin à l’abri des regards, que je trouve sous la forme d’un interstice entre deux constructions, et passe au plan B : mode camouflage !

Mon corps se volatilise, pour refaire surface sous la forme d’un gaz gris-blanc, à peine visible dans l’air. Ainsi déguisée je rampe sur le toit des cabanes et des tentes, volant de la manière la plus naturelle possible. Je t’ai dit que j’étais douée en déguisement et en imitations, et j’imite drôlement bien le nuage de fumée innocent !
Ainsi grimée je reviens sur mes pas, et passe au-dessus des trois brutes qui se sont remises en position pour surveiller leur allée.
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Mon errance dure longtemps. L’endroit à beau être complètement dépareillé, et chaque bâtiment unique, il est assez vaste et rien ne ressemble plus à un quartier de masures qu’un autre quartier de masures. J’espérais que le palais du roi autoproclamé de la décharge se démarque par sa hauteur, mais il ne devait pas y avoir d’architecte en tôles parmi les membres de sa cour. C’est finalement presque par hasard que je remarque un lieu un peu mieux aménagé que les autres, en ce qu’il regroupe quelques objets de confort, une piscine de fortune dont le bleu de l’eau étonnamment claire attire mon regard, ainsi qu’une appétissante odeur de viande grillée.
Depuis les airs, je finis par retrouver Dylan, affalé sur un vieux canapé, dans une espèce de patio installé au milieu d’un assemblage de logements un peu plus élaborés que les autres. Sa couronne posée en travers de sa tête, il est occupé à vider quelques verres d’alcool en compagnie de sa cour à 90% féminine. Ils sont bien trop nombreux pour le moment pour que je tente quoi que ce soit qui n’échouera pas aussi certainement que tout ce qu’a tenté Réglisophie, aussi je me pose sur un toit, toujours sous forme nuageuse, et je prends mon mal en patience.

♦♦♦♦

Mon projet était de venir à lui à un moment où il serait seul, après être parti aux toilettes par exemple, ou lorsqu’il lui prendrait l’envie de faire quelque chose de constructif de sa journée. Mais voilà bien deux heures que je suis là et il n’a pas bougé de son canapé, enchaînant les verres comme si sa vessie était sans fond et son foie indestructible !

Tant pis, je passe aux méthodes plus directes ! Plan B bis : bonne nuit tout le monde ! Je produis autour de moi un large nuage de gaz caradort à l’efficacité maintes fois prouvée. Le nuage s’abat tout en douceur sur la joyeuse assemblée, qui ne met que quelques instants à sombrer dans un sommeil profond, à l’exception du roi-fêtard sur son canapé que j’ai pris soin d’éviter ; Dylan Ier a juste le temps de manifester son étonnement quant au fait que tous les membres de sa cour viennent de s’effondrer simultanément, lorsque je reprends forme à côté de lui.

« - Bonjour Ta Majesté Dylan.
- Bonjour… Hé ?! qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes qui ? »

Ne répète jamais ça à personne et surtout pas à Réglisophie, mais vue de près je dois reconnaitre qu’il a un certain charme et du charisme à revendre, et que je comprends pourquoi il a su fédérer autant de monde derrière lui malgré ses facultés limitées. Dans un autre monde il aurait pu être un général conquérant, fédérant des légions derrière un plan simple et un objectif clair !
Il se redresse déjà, avec une vivacité surprenante pour quelqu’un qui vient de boire l’équivalent de son poids en alcool d’origine douteuse, mais je lui réponds avec un geste d’apaisement et un sourire rassurant, tout en ôtant ma perruque.

« - Vous me reconnaissez ? Nous avons eu l’occasion de discuter un instant tout à l’heure chez la maire. Pas assez longtemps à mon goût. »

Il hésite un instant et sourit à son tour :

« - Ah oui ! Vous êtes une des deux jumelles que la maire voulait me présenter !
- Nous ne sommes pas jumelles ! On ne se ressemble même pas !
- Ah si : vous avec la même façon de vous habiller.
- Ça ne suffit pas !
- Et le même nez, le même sourire, la même forme de visage, et la même taille.
- Je suis plus jeune qu’elle ! Et plus intelligente aussi. Plus dégourdie, plus sportive …
- Et du coup, vous êtes revenues me faire des propositions votre jumelle et vous ?
- Juste moi, mais vous n’y perdez pas au change.
- Dommage, je trouve ça rigolo les jumelles. Stessy et Nancy, deux de mes conseillères, sont des jumelles aussi. Ce sont les deux qui dorment là-bas. »

Il me pointe du doigt deux femmes qui se ressemblent bien plus que Réglisophie et moi, l’une avachie sur un fauteuil usé, l’autre appuyée contre le dos du préposé aux saucisses grillées.

« - Elles ne tiennent pas l’alcool on dirait, hahaha !
- Hihihi. Oui. Peu importe, on a pas besoin d’elles puisque c’est à vous que je veux parler.
- Ah. Mais je ne peux pas décider sans elles vous savez ?
- Pourquoi ça ? C’est vous le roi ! »

Il hésite un peu, comme s’il était sur le point de me révéler une information confidentielle.

« - Eh bien vous savez… bah… je ne suis pas très malin. » Il me jette un regard prudent, mais comme je n’esquisse rien d’autre qu’un gentil sourire d’encouragement, il poursuit : « donc toutes les décisions un peu importantes, ce sont mes conseillères qui les prennent. Pour éviter que je fasse des bêtises, vous voyez ?
- Ce n’est pas une attitude de roi, ça !
- Si si, c’est normal qu’un roi ait des conseillers qui prennent en charge les choses importantes. Ce sont elles qui me l’ont expliqué. Et je m’y connais en royauté, maintenant que je suis un roi ! »

C’est à la fois parfaitement pertinent, surtout vu l’imagination visiblement limitée de celui qu’ils ont choisi comme chef, et plutôt en accord avec ma propre vision de la royauté. Mais également un peu contrariant puisque ça n’arrange pas vraiment mes affaires.

« - Ça ne vous ennuie pas qu’elles décident à votre place ?
- C'est vrai que si je pouvais… »

Il jette un regard furtif à la douzaine de femmes endormies, pour vérifier qu’elles le sont toujours, et me chuchote :

«  - J’aimerais bien me débarrasser de Jenny et Marie-Amandine. Et de Nana aussi. Et puis j’avoue que j’en ai un peu marre de Gwen, elle ne me laisse jamais rien faire.
- Vous savez Dylan, j’ai l’impression qu’elles essaient d’être reines à votre place.
- Non je vous assure, elles font tout ça pour me conseiller.
- Et vous croyez vraiment que si vous décidiez de vous passer de leur avis, elles obéiraient ?
- Surement !
- Vous avez déjà essayé ?
- Eh bien…
- Si vous décidiez de renvoyer l’une d’elles, elles vous laisseraient faire ?
- Euh… oui ?
- Vous êtes sur ? »

Il réfléchit un moment, et lâche :

« - Bon… peut-être pas. »

Le pauvre Dylan a l’air soudainement dépité.

« - Je suis un mauvais roi vous croyez ? »

Je lui prends la main :

« - Je pense que vous êtes un roi plein de bonne volonté, mais mal entouré. Elles ont voulu vous faire croire que vous étiez bête, alors que c’est elles qui ne sont pas adaptées à vous. »

Non journal, je te le confirme : il est assez bête. Mais ce sont surtout ses conseillères qui semblent avoir eu l’intelligence de l’exploiter efficacement pour faire valoir sa force et son charisme afin de soumettre une large portion du bidonville.

« - Vous savez ce que vous devriez faire ?
- Non ?
- Vous devriez vous lever, vous devriez prendre une grande inspiration, vous devriez vous souvenir à quel point vous êtes un roi puissant et respecté et vous devriez crier : je suis le roi Dylan !
- Huuum… fshhh… Je suis le roi Dylan !
- Encore ! Plus fort ! Faites sortir le lion en vous !
- Je suis le roi Dylan ! Roarrrr !!
- Magnifique ! Et vous savez ce que vous devriez faire maintenant ? Vous devriez appeler vos gardes, et leur ordonner de faire dégager toutes ces profiteuses !
- Et je vais le faire ! Roarr ! Gardes ! »

Tandis qu’une bande de gros bras mal dégrossis viennent ramasser et emporter les conseillères trop endormies pour se rendre compte de ce qui leur arrive, Dylan se rapproche de moi et me demande, légèrement hésitant:

« - Cette histoire de lion en moi, vous le pensiez vraiment ? »

Non, c’était juste un cliché stupide comme on nous en apprend pendant les cours de développement personnel, au Cipher Pol. Oui le CP dispense ce genre de formations, c’est bien la preuve qu’on est l’organe le plus maléfique du Gouvernement Mondial !

« - Evidemment.
- Parce que je me disais… Roi Dylan Ier le lion, ça sonne bien, non ?
- C’est par-fait. Personne n’aurait pu vous trouver un surnom plus idéal. Bon et maintenant, si on parlait de quelques affaires intéressantes pour inaugurer votre vrai règne …? »


Dernière édition par Caramélie le Mar 4 Juil 2023 - 21:23, édité 1 fois
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Cher journal,

Je regarde du coin de l’œil la servante repartir vers la cuisine après nous avoir servi le petit déjeuner. Je ne connais pas la plupart des serviteurs qu’emploie ma sœur pour faire tourner la demeure familiale, mais je sais qu’elle le fait avec mon agent. Ça me donne au moins le droit d’apprécier doublement le repas copieux qui s’étale devant moi, et d’exiger que mon chocolat chaud ne soit ni trop chaud, ni trop froid, mais juste tiède comme il le faut.
Réglisophie, plongée dans son journal, me dit :

« - J’ignore si c’est de ton fait, mais il y a eu de l’agitation au camp de réfugiés cette nuit.
- Au point que les journaux se souviennent de son existence ? Ça a dû être une vraiment grosse agitation !
- Pas du tout : la une parle des futures élections législatives, du grand concours d’alchimie au Sultanat des Pétales, et d’importants transferts de soldats au QG d’East Blue. Non, je le sais parce que la maire de Fushia m’a escargophoné tôt ce matin.
- Et ? Le camp a explosé pendant la nuit ?
- Presque. Elle m’a dit que le "roi Dylan" était chez elle, et qu’il fallait qu’on vienne dès que possible. »

Sur quoi elle se sert paisiblement une tartine de confiture. Je fais de même parce qu’après tout, c’est important de bien marquer son statut en se faisant attendre.

♦♦♦♦

Nous retrouvons le grand Dylan chez la maire, mais pas seulement : les rues du village sont pleines de réfugiés en plus ou moins bon état, parfois avec quelques bagages, parfois complètement démunis et leurs vêtements déchirés et roussis. De quoi rappeler les pires heures de l’exode qui a suivi la destruction du Grey terminal. Il règne dans le village et autour une forte odeur de brûlé, ce qui n’est pas forcément sans lien avec la présence de tous ces gens.
Apparemment, la reprise en main de son règne par le roi de la décharge ne s’est pas aussi bien passée que prévu. Sitôt réveillées, ses ex-conseillères ont manifesté leur mécontentement : elles ont fait appel à tous leurs alliés, mobilisé leurs troupes, acquis à leur cause une partie des membres des territoires sous le contrôle de Dylan, et les choses ont tourné à l’affrontement ! Profitant de l’occasion, les bandes rivales se sont jointes à la fête, un vaste incendie s’est déclenché dans l’allée principale, et…

« - … et me voilà, hahaha ! Je ne suis plus qu’un roi sans couronne ni territoire ! Et je suis venu avec tous ceux qui m’ont suivi ! »

Il désigne la foule de gens massée devant la mairie, comportant quelques blessés mais surtout beaucoup de pauvres gens désorientés, n’ayant visiblement pas tout à fait compris ce qui leur était tombé sur la tête.
Réglisophie me jette un regard du genre ‘’mais qu’est-ce que tu as fichu encore ?’’ que je trouve assez peu mérité, avant de répondre :

« - Par chance, nous allons pouvoir vous aider. A propos de ce que nous nous sommes dit hier…
- J’accepte votre proposition ! On est tous d’accord pour venir travailler pour vous !
- Merveilleux. Heureusement que nous étions là pour vous !
- En parlant de ça, hier lorsque je suis venu vous voir, vous avez évoqué des places de choix pour les personnes comme moi… ?
- Oui, mais hier vous étiez roi.
- Bien sûr.
- Êtes-vous toujours roi ?
- Eh bien…
- Alors voilà ! Mais comme j’ai beaucoup d’estime pour vous et que je vous apprécie beaucoup, je vous propose un poste d’ouvrier chef. Dylan l’ouvrier chef, ça sonne presque aussi bien que le roi Dylan, n’est-ce pas ?
- Dylan "le lion" l’ouvrier chef.
- … Si vous le dites… »
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