商 人∆ feat. Jayce Star ∆
L'inconnu, qui ne devait avoir entre vingt et trente ans, s'approcha du Rhétalien. Torse nu, il avait un physique avantageux, des cheveux bleus et une katana accroché dans le dos. À première vue, il avait tout du jeune héros en devenir toujours prompt à se porter au secours de la veuve et de l'orphelin.
« Je vais vous accompagner.
- Vous m'en voyez ravi. Quel est votre nom ?
- Jayce.
- Fort bien, Jayce. Je me nomme Jawad. Avez-vous déjà affronté des pirates par le passé ?
- Je sais me battre.
- C'est un bon début. Qu'il en soit ainsi, suivez moi mon garçon. »
En toute franchise, Nadir ne pensait que quelqu'un accepterait de le suivre. Il pensait que les badauds du village ne contenteraient de le soutenir de loin sans avoir le courage de sortir de chez eux. Force était de constater qu'il s'était trompé. À première vue, Jayce n'était pas natif de l'île. Cela ne plaisait guère au Rhétalien, mais il allait devoir faire avec.
Le duo prit donc la route de la montagne de l'île. En seulement quelques heures, ils arrivèrent à destination. Trouver l'ancienne base marine du Rocher d'Hulm n'était en réalité pas très difficile. L'endroit était abandonné depuis de longues années déjà, et cela ne manquait pas de se voir. Positionnés sur les hauteurs, les deux compagnons de fortune prirent le temps d'observer les lieux. Au nombre de douze, les criminels sur place avaient totalement pris le contrôle des ruines. La nuit étant déjà avancée, les protagonistes décidèrent d'attendre que les forbans partent se coucher pour attaquer.
Nadir savait pertinemment qu'il n'y aurait aucun prisonnier sur place car il était à' l'origine des enlèvements. Cela ne l'empêchait pas pour autant de convoiter le trésor hypothétique des pirates. Après tout, pour peu qu'ils aient déjà rapiné dans la région, ils devaient bien avoir un peu d'or sur les bras. Le plan de l'esclavagiste était assez simple: tuer les pirates, voler leur trésor et trahir Jayce.
« Il n'en reste plus qu'un debout. Les autres sont partis se coucher.
- Je vois ça... Allons y. »
Ne faisant qu'un avec le jeune homme, Nadir avança discrètement jusqu'à l'enceinte effondrée du fort. Lentement, les deux compagnons gravirent les débris pour avancer en direction de la sentinelle qui ne leur faisait pas face. Visiblement en train de s'ennuyer, l'homme n'était pas sérieux et se moquait bien de qui se passait autour de lui. Avançant aussi silencieusement que possible, les deux alliés parvinrent à s'approcher très près du garde. Malheureusement, Nadir heurta un caillou un peu trop fort, ce qui ne manqua pas de faire du bruit. Bien que peu dévoué à sa tâche, le pirate, se retourna et constata avec effroi qu'il allait se faire attaquer. Sortant un pistolet de sa ceinture, il tenta de la pointer vers les deux inconnus. Jayce, rapide, dégaina son sabre et trancha le torse du criminel. Tandis qu'il tombait à la renverse, le corps en sang, il pressa malencontreusement la détente et un coup de feu retentit dans les ruines.
« Merde ! »
Grimaçant, le Rhétalien recula de quelques pas en sortant sa longue flûte. Les pirates étaient plus nombreux, aussi refusait-il de leur laisser la possibilité de s'organiser convenablement. Portant les lèvre sur le bois de l’instrument, il commença à en jouer. Une douce mélodie enivrante succéda alors au silence ambiant. Rapidement, les notes de Nadir devinrent de plus en plus rapide et les forbans semblaient commencer à s'énerver. En un rien de temps, ils donnèrent l'impression d'être réellement furieux. Satisfait de son petit tour d'hypnose, Nadir continua de jouer en souriant pendant que les forbans fonçaient sur Jayce. Habile, l'épéiste se défendait bien, mais il était évident qu'il ne pourrait s'occuper d'eux seul. Toujours armé de sa nay, Nadir attaqua. De ses pieds, il envoya deux pirates au tapis dans cesser de jouer. Quand leur nombre commença à devenir moins inquiétant, il changea de mélodie et parvint à en dormir deux autres. Ce fut à ce moment que le chef le prit personnellement pour cible.
« Arrête cette musique enfoiré ! »
Toujours très énervé, l'homme parvint à percer la défense du Rhétalien et l'envoya au tapis d'un violent coup du gauche. La lèvre en sang, Nadir pivota sur lui même et roula pour s'éloigner tandis que Jayce venait lui prêter main forte. Ne se décourageant pas, le marchand utilisa sa flûte pour obliger les deux endormis à s'en prendre à leur capitaine. Ce fut ainsi, à quatre contre un, que les protagonistes parvinrent finalement à s'en sortir. Sans pitié, le duo arrêta chaque pirate jusqu'au dernier. Bien que blessés, les deux compagnons de fortune s'en sortirent plutôt bien.
« C'était quelque chose...
- Un combat difficile, cela ne fait aucun doute. Heureusement que tu étais là.
- Pareil. »
Victorieux, les deux hommes ne tardèrent pas à fouiller les lieux. Jayce se montra très affecté par le fait de ne trouver aucun villageois. Pour lui, tout cela n'avait aucun sens et il se demandait bien où ils pouvaient être. Ne laissant rien paraître, Nadir fit mine de compatir. Ce fut ce dernier qui mit la main sur une petite caissette en bois qu'il n'eut aucun mal à définir comme le butin des pirates. Malheureusement, elle ne contenait que peu de berrys ainsi qu'une carte au trésor. N'ayant pas le moindre intérêt pour ces choses là, il décida de la laisser à son compagnon. Au fond de lui, il était reconnaissant de l'aide qui lui avait été fournie, alors c'était sa façon de remercier le jeune homme.
Dépité, le duo retourna au village et fut contraint au petit matin d'expliquer que, même si les pirates n'étaient plus une menace, les disparus n'avait pas été retrouvés. Le mystère était palpable mais personne n'arrivait à comprendre ce que tout cela pouvait bien vouloir dire. Plus tard dans la journée, Nadir fut accompagné jusqu'à son navire par le jeune Jayce qui lui dit au revoir. Un sourire faussement sincère aux lèvres, le quadragénaire lui serra la main. Quelques longues minutes plus tard, quand le navire du capitaine Farid leva l'ancre, Nadir alla se poster contre la rambarde de la poupe. Ne cessant de sourire, il regardait Jayce quand les matelots changèrent le faux pavillon Aslabatien pour celui de Rhétalia. Comprenant qu'il avait été roulé, le jeune homme hurla des insultes à l'encontre de l'esclavagiste qui se contenta de rester muet, ne faisant que sourire.
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