L'interrogatoire de Clémentine

Dans la cabine d'un navire de transport moyen, la toute jeune agent du gouvernement mondiale y a invité - non qu'elle ait eu le choix - une petite chipie de Cocoyashi. Après lui avoir fait la surprise de son entrée clandestine sur le navire, la petite Hayase est installée sur le lit regardant curieusement son aînée des friandises plein la bouche. L'adolescente se trouve bien embêtée de l'avoir avec elle. On va penser à un enlèvement, et beaucoup de témoins l'ont vu en sa compagnie. La suspecte principale ne peut-être qu'elle-même. D'un autre côté, elle ne peut faire demi-tour pour faire attendre les coordinateurs de sa réussite passée. Plongeant sa petite main dans le sac réquisitionné d'une délinquante, Hayase s'interrompt un instant, inquiet de voir le visage crispé de l'adolescente en pleine réflexion.

"Onee-chan ?
-Hum? Qu'y a t'il ?
-On va faire pleins d'aventures, dis ?
-Hihi ! Ce serait possible, mais es-tu assez forte, assez vaillante et assez mesquine ?
-Bien sûr que je le suis ! Je serai presque comme Onee-chan, plus grande !
-Oh oh ! J'aime ton audace. Néanmoins…
-Pururu !”


Interrompu par la sonnerie de son escargophone, l’agent Tarentule est assez surpris d'être contacté aussi rapidement après l’envoi de son rapport. Ils ont sûrement été impressionnés par l’efficacité exceptionnelle de l’agent. Elle jette un regard amical vers la petite avant de répondre.

Salutation, ici Agent Tarentule.
-Eh bien, agent Tarentule, je vous plein déjà.
-Comment?
-Votre rapport a été rapidement communiqué à Sainte Maria Isabella comme convenu. Malheureusement, elle est visiblement en pleine crise de cap… arum. Elle semble contrariée. Elle demande réparation pour avoir échoué à préserver son fruit.
-Réparation? Échec? Avez-vous reçu le bon rapport?
-La Saint vous reproche d’avoir laissé une délinquance goûté au fruit qu’elle désire, même si cela s'avère être un fruit malade. C’est comme ça.
-Que je cauchemarde?
-Son père demande en réparation que vous attrapiez tous les amis de cette voleuse comme une ligne le mentionne sur votre rapport. Elle n’a pas semblé refuser la proposition.
-Si ses Saintetés le demandent.
-Vous avez deux semaines. Bonne chance, Agent Tarentule. Terminé.”


La communication s'arrête au grand dépit de l’adolescent. Celle-ci s’affale sur son siège. Sa première mission ne s’est pas déroulée comme prévue. Elle a le droit à des prolongations. La petite Hayase essaie de saisir la situation avec toutes ces informations nouvelles que son modèle ne lui camoufle plus. Elle tente de poser une question mais, à peine ouvre-t-elle la bouche que la blonde se redresse subitement avec son sourire. Son index se met juste devant les lèvres de la petite.

"Je sais ce que tu penses. Tu aimerais en savoir plus sur moi. Si cela reste entre nous, tu pourras assister à pleins d'autres choses que certains n'ont jamais pu voir dans toute leur misérable vie. Hihi !"

Lorsque l'enfant hoche la tête les yeux brillants de curiosité, la jeune habillé en noir se redresse en empoignant sa malette. Ce concours d'événements n'est pas sans l'agacer, néanmoins cela lui donne une nouvelle raison de pourrir son monde. Et puis, il y aura bien quelques minables à mepriser pour defouler sa frustration. Prenant une grande inspiration, elle se galvanise à nouveau d'énergie.

Bon ! Il est temps de changer de cap pour de nouvelles aventures. Seules les plus courageuses et fortes pourront m’accompagner.
-Oui, moi ! MOI !
-Très bien ! Il est, donc, temps de devenir les maîtres de ce navire. Hihi !


D’un pas énergique, l’agent Tarentule sort de sa cabine, suivie d’une petite trottinant derrière. Balançant sa mallette au rythme de sa marche, elle se dirige vers le restaurant du navire situé à la proue. Le duo pénètre dans une grande pièce au même étage que les cabines offrant une vue agréable à travers les vitres. Le bruit ambiant témoigne de l'activité en cette heure du repas.

Filant entre les tables, elle parvient à celle qui semble destinée au Capitaine de ce navire. Celui-ci, portant à merveille une grosse moustache et son chapeau caractéristique, est accompagné de ses subordonnées profitant de son plat et de boissons de grand cru. Les navires de transport jusqu'à Marie-Joie sont souvent des navires de plaisance pour correspondre au standard et à la clientèle de la Capitale. L'agent Tarentule en a prix le billet retour plein tarif. Elle sait profiter des avantages que son métier lui offre.

Devant ses hommes bien tenus, pouvant impressionner, Capulina se penche au-dessus de l'épaule du Capitaine. Elle se pointe en pleine conversation animée qu'il entretenait sur la proportion de poissons volants contre celle d'oiseaux nageants.

"Et l'ornithaurinque, mon Capitaine.
-L'ornithauquoi?
-Ce n'est même pas un poisson.
-Mais il a un bec.
-Cela n'est pas un oiseau pour autant.
-Il pond des œufs!
-Il n'a pas d'aile, je tiens à vous le faire remarquer.
-Je suis de ceux qui croient que les ailes ne sont que des pattes déformées.
-En voilà donc une bien belle croyance…"


La main de l'agent Tarentule prend le verre du Capitaine. Les bavards la remarquent enfin avec stupéfaction sur ses agissements. Elle positionne une cuisse sur la table en buvant une gorgée de ce vin blanc, avant de grimace.

"Beurk. Beaucoup trop doux. Vous êtes aussi frivoles qu'une bourgeoise de quartier. Hihi!
-Figure toi, jeune insolente, que ce n'est pas un doux.
-Demi-sec. Du pareil au même.
-Du demi-doux, mademoiselle. Votre âge confirme votre impertinence."


Hayase, dont seulement la tête dépasse à peine de la table, tend son petit bras pour prendre aussi un verre comme son aîné. La petite est remarquée par un des hommes qui éloigne le verre d'un regard désapprobateur. La chipie lui tire la langue avant de se réfugier à côté de Capulina. Ayant capté toute l'attention de ces messieurs, l'adolescente affaisse son sourire, puis montre une insigne sous les yeux du moustachu. Prenant une voix monotone, elle semble réciter une leçon.

"Quoiqu'il en soit, Agent du Cipher Pol. Veuillez coopérer sans faire d'histoire. Une nouvelle escale à Tequila Wolf sera requise.
-Au bagne? Que diable voudriez vous déviez notre trajectoire pour un aussi lugubre endroit.
-Je ne crois pas vous devoir la moindre réponse.
-Mais enfin, c'est tyrannique !
-Article 115 du Traité de la circulation maritime du Gouvernement Mondial. Tout navire civile se doit de coopérer étroitement avec la moindre autorité, s'il en est explicitement demander. Dans le cas d'une opposition, le responsable du navire et ses adjuvants seront considéré comme criminels. L'arrestation comprendra…
-J'ai compris, pas besoin d'en arriver jusque là."

Les menaces ont fait mouche. Le capitaine ne parvient pas à calmer sa jambe gigotant nerveusement. La jeune agent reprend soudainement un grand sourire.

"Je savait que l'on pouvait s'entendre, cependant, votre résistance n'a pas manqué de m'irriter. Article 334 du Code des transports civiles. Un agent gouvernemental est en capacité de démettre un Capitaine de ses fonctions, temporairement suivant les nécessités. Toute réfutation pourra être considérée comme une mutinerie. Se conférer à l'article 66 pour les modalités de ce cadre légal.
-Vous êtes redoutable pour votre âge…
-Ne vous en faites pas, une fois à Tequila Wolf, vous ne me verrez plus. Je vous emprunte cela. Hihi!"


La blonde retire le chapeau du Capitaine sans que celui-ci ne bronche. Il sait ce qu'il peut en coûter de gêner un agent du gouvernement dans l'exercice de ses fonctions. Il a eu vent de certaines histoires sordides, que le font ployer sous le caprice de l'insolente, bien trop sur d'elle pour que ce soit une blague. Capulina se met à nouveau sur ses jambes, le chapeau de Capitaine en main. Elle se penche sur sa petite partenaire pour lui mettre sur la tête. Ce chapeau est bien trop grand pour sa tête, mais l'agent Tarentule a l'air satisfaite.

"Voici la nouvelle Capitaine du navire.
-C'est une vaste blague, ou je dois rêver.
-Oh oh ! Messieurs, amenez donc, notre Capitaine dans sa cabine. Elle a sûrement des ordres à donner."


La petite Hayase bombe le torse acceptant cette promotion éclair avec une rapidité déconcertante.

"Oui ! J'ai beaucoup d'ordres. Pleins d'ordres. C'est moi qui décide !
-Et votre premier ordre sera?"


L'agent Tarentule veut la guider quelques parts mais l'enfant ne semble pas saisir les indices.

"De faire des gâteaux !
-Gnihihihi ! Tu n'as donc pas assez manger. Soit. Alors qu'attendez vous? Changez de cap, demandez au cuisinier des gâteaux et amenez le Capitaine dans sa cabine. Estimez vous heureux de ma clémence. "


Les hommes dépités se regardent un instant. Leur ancien Capitaine donne le ton en effectuant un geste. Ils se lèvent tous pour se mettre au travail. Le moustachu accompagne les fillettes au pouvoir dans sa cabine avec un profond pincement au cœur. L'autorité supérieure de ce bateau appartient désormais à une petite fille. La blonde ricane déjà d'avoir rendu cette parodie possible. Ce petit règne va faire jaser et la blonde qui sait s'amuser en trépigne déjà.
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L'interrogatoire de Clémentine
Samouraï, chasseuse de trésor et maintenant Capitaine de mon propre navire. On peut dire que j'avais un sacré palmarès pour une enfant de huit ans. Si on m'avait dit qu'en rencontrant Lily, je vivrais de telles aventures, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant, c'est bien ce qui était en train de se passer.

J'étais la petite fille la plus heureuse du monde. En plus d'avoir une nouvelle meilleure amie que j'admirais au-delà de l'imaginables, j'avais maintenant plein de personnes sous mes ordres. Plein de monde qui allait pouvoir satisfaire les désires de la petite chipie que j'étais.

Et ça commençait plutôt bien. Tout de suite, après qu'ils m'aient montré ma nouvelle chambre, qui était très spacieuse, on m'avait apporté un énorme gâteau à la fraise. Toute guillerette, je le dévorais assise sur mon lit tout en battant de mes petites jambes dans le vide. Maman n'étant pas là pour me gronder, je n'utilisais pas de couverts. C'était bien plus drôle de le manger avec les doigts et de m'en mettre partout. En plus, il était trop bon. Mais il manquait quelque chose à ce délicieux repas.

- " J'ai soif !! " Émis-je sans crainte à l'un des hommes qui était resté auprès de moi.

Prêt à assouvir le moindre de mes désirs, contre son gré, ce dernier me regarda en soupirant. Il s'agissait du Capitaine dont je portais le chapeau avec fierté.

- " Qu'est-ce qu'il vous ferait plaisir... Capitaine ? " Me demanda celui-ci en restant le plus courtois possible tout en forçant un sourire.

- " Du chus de mancharine !! " Lui répondis-je la bouche pleine après avoir englouti une grosse part.

- " Navré, mais nous n'en avons pas. À la place, je peux vous proposer un verre de lait. " Me conseilla-t-il sans savoir dans quel pétrin il venait de se mettre.

Je me fichais royalement de son verre de lait. Moi ce que je voulais, c'était un délicieux jus dont je me délectais en général.

- " Non... Je veux du jus de mandarine ! " Lui rétorquais-je sans vouloir lâcher l'affaire, commençant à prendre un air boudeur.

- " Seulement, comme je vous ai dit, nous n'en avons pas... " Souffla ce dernier en baissant les épaules de façon lasse.

- " M'en fiche ! J'en veux un ! " Continuais-je à lui tenir tête en fronçant mes petits sourcils alors que mes joues se gonflèrent de mécontentement.

- " Mais je te dis qu'on n'en a pas !!! " S'emporta cet adulte qui n'en pouvait déjà plus de supporter mes caprices.

En le voyant me hurler ainsi dessus, des petites larmes se mirent à perler aux coins de mes yeux. Légèrement effrayée et de surcroît, le trouvant méchant avec moi, les pleures ne se firent pas attendre bien longtemps. Tout d'un coup, je me mis à pousser des petits hurlements tout en pleurant à chaudes larmes.

Brusquement, la porte de la cabine s'ouvrit à la volée par une petite blondinette qui rentra en trombe.

- " Qu'est-ce qui se passe ici ?! " S'écria cette dernière en posant un regard noir sur l'ancien capitaine.

- " Onee-chaaaaaan...... " M'exclamais-je en reniflant bruyamment. " Il est méchant avec moi !! Il ne veut pas me donner de jus de mandarine... "

À cette information, Lily fixa le vilain monsieur en plissant les yeux. S'approchant de lui d'une démarche menaçante, elle l'attrapa par le col avant de le forcer à se pencher en avant. Le regard planté dans le sien, l'adolescente ne semblait clairement pas apprécier qu'on n'obéisse pas à tous mes caprices, mais surtout qu'on me fasse ainsi pleurer.

- " Article 66 : Toute désobéissance ou insubordination peut être qualifié de mutinerie. Les mutins encourent jusqu'à la peine de mort. " Lâcha cette dernière d'une voix cinglante. " Est-ce que vous avez envie de mourir, EX-Capitaine ? " Lui demanda-t-elle en appuyant bien sur le fait qu'il ne l'était plus.

Ce pauvre homme qui se faisait victimiser par deux enfants voulu répliquer quelque chose, mais la blondinette ne lui laissa pas le loisir d'en placer une.

- " Si elle veut du jus de mandarine, vous lui trouvez du jus de mandarine ! Si vous n'en avez pas, fouillez toutes les cabines des passagers pour en trouver ! " Plus en parlait, plus sa prise sur le col de son interlocuteur se resserrer. " Même si ce soir, elle veut que vous lui lisiez une histoire pour dormir, vous le faites ! Suis-je bien clair ? "

- " Oui, oui... " Répondit ce dernier en trouvant de plus en plus la situation agaçante.

Ce faire ainsi malmener par une gamine ne lui plaisait pas du tout. Il n'avait qu'une envie, reprendre son poste. Malheureusement pour lui, Lily allait très vite le faire déchanter. Rapprochant son visage du sien, elle lui chuchota quelque chose que je ne puis entendre.

- " Si vous la faites encore pleurer... Croyez-moi que vous me suppliez de vous achever. " Souffla-t-elle entre ses dents avant de reprendre. " Mais cette délivrance n'arrivera pas. Oh que non. Gnihihihi ! "

Suite à cette mise en garde, elle le repoussa violemment contre le mur. Le regard froid, elle attendait que ce dernier bouge. Sans se faire prier, l'ancien Capitaine du navire se sentant chassé de ses propres quartiers, parti accomplir sa mission.

Une fois seules, Lily vint me consoler, caressant mes longs cheveux. En sa présence, je me sentais mieux et j'étais heureuse de voir qu'elle avait encore pris ma défense contre les gros vilains. C'était vraiment la meilleure à mes yeux. Après maman, ça va de soit.

- " Il faut que tu sois plus ferme, Yaya ! " M'expliqua cette dernière avant de tapoter mon petit nez. " Montre-leur que c'est toi la cheffe ! Tape-les dans les genoux s'il faut ! " Finit-elle par me dire avant de rire, amusée à cette idée, suivi rapidement par moi.

Elle savait comment me remonter le moral. Et c'est ainsi que la journée continua. Mettant en œuvre les conseils que ma meilleure amie m'avait donnés, je m'amusais à frapper les hommes qu'elle avait mis sous mes ordres. Même quand ces derniers obéissaient, je ne me gênais pas. Il faut croire que je n'avais pas très bien compris ce qu'elle avait voulu me dire. Mais au moins, ça nous amusait toutes les deux.

Le soir venu, je me retrouvais seule dans ma grande cabine. Comme convenu, l'un des membres d'équipage me raconta une histoire pour m'endormir. Cependant, je rencontrais un petit problème. C'était la première fois que je dormais loin de chez moi. Sans ma maman pour me faire un bisou avant de dormir. Sans mon papa et mon frère pour me protéger contre les gros monstres sous mon lit. J'avais si peur...

En plus, il y avait plein de bruits bizarres. Cachée sous ma couette, les larmes aux yeux, je tremblais de peur sans trouver le sommeil. Une idée me vint donc. Repoussant la couette, je sortis de mon lit dans mon petit pyjama et mon yo-yo à la main qui me servait de doudou. Rapidement, je sortis de la cabine avant de me précipiter dans les couloirs.

En un rien de temps, j'arrivais à celle où dormait sûrement Lily. L'ouvrant discrètement, j'aperçus que la chambre était entièrement dans le noir. M'approchant tout doucement de son lit, je la vis assoupie, plongée dans un profond sommeil. Sans attendre une seconde de plus, je me glissais sous les draps avant de me blottir contre elle.

Enfin rassurée, j'allais pouvoir passer une douce nuit jusqu'à notre arrivé demain matin à Tequila Wolf.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 12:04, édité 3 fois
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Un intrus dans sa cabine ! L'espionne ne pensait pas que cette équipage avait assez de cran pour pouvoir lui porter lors de son sommeil. Le Cipher Pol lui a appris la vigilance endormie, mais elle a dû mal à la réaliser dans sa complétude. Cette technique rend son sommeil trop peu reposant et inconfortable. Le moindre cri de souris pouvant réveiller. Sur un bateau, autant faire une nuit blanche avec tous les grincements. Ayant baissé sa garde, elle ne sent que sa couverture bougé. Ouvrant discrètement un œil, elle s'aperçoit que le nouveau Capitaine miniature ne semble pas apprécier son nouveau lit. Elle hésite à réagir. La blonde cède finalement, l'appel du sommeil étant plus fort que la sensation de petits pieds froids lui collent les jambes.

Au petit matin, l'agent Tarentule a pris soin de ne pas réveiller la petite Hayase. S'occupant de paperasse ennuyeuse, elle est toujours en nuisette dans sa cabine. Ses doigts sur les tempes, l'adolescente n'avait aucune idée qu'une autorisation d'entrée dans un bagne était autant une lourdeur administrative. Elle vérifie une dernière fois que tout est bien compilé. Soupirant de dépit, Capulina prie pour que le secrétariat pénitentiaire ne soit pas un obstacle. À cet instant, un petit gémissement se fait entendre. Hayase se lève enfin. Frottant ses petits yeux, les cheveux en vrac, elle regarde son aînée à moitié émmergé.

"Lily-neechan?"

L'agent Tarentule lève la tête avec un léger sourire. La douceur candide de cette enfant lui est étrangement attendrissante. Comme si, à travers elle, l'adolescente pouvait revivre une enfance bien moins solitaire.

"Bien dormi, Yaya? Si tout va bien, nous arriverons d'un moment à l'autre à destination, Capitaine !"

Mimant un salut militaire de sa main, elle se met à rire. Hayase, amusée, saute du lit pour voir ce que son modèle trafic sur sa table. La petite fille regarde curieusement Capulina. Elle pointe une bestiole grimpante le long du bras de l'agent Tarentule.

"Une bébête, Onee-chan !"

La blonde vérifie son épaule. Une mygale s'est retrouvée par miracle sur elle. Certainement tombée du toit, cependant, un milieu aussi humide est censé les rebuter d'habitude. Capulina prend la pauvre créature en pitié. D'une main, elle accompagne l'araignée pour la mettre sur sa paume. L'animal voulant grimpant, son admiratrice la passe habituellement d'une main à l'autre, jusqu'à qu'il s'immobilise. Elle la présente à sa petite acolyte, le sourire aux lèvres.

"Si tu ne la stresses pas, elle ne mordra pas. Regarde un peu comme elle est belle et poilu. Une passagère clandestine presque aussi mignonne que toi.
-Tu aimes ces bêtes, Lily-neechan ?
-Il y a une raison pour laquelle j'aime tant ses bestioles. Tout le monde en a horreur alors qu'elle ne font que ce qu'elles savent faire de mieux. Tisser leur toile et fuir le danger. On leur offre comme simple destinée de finir écraser. Un destin que je refuse. Le monde n'en finira pas avec mon sourire. Gnihihihi !


Elle libère ensuite la mygale qui file se loge dans un coin sombre. Rangeant sa paperasse dans la mallette, elle continue de se confier à cette enfant.

Au fait, je vais te révéler un secret. Mon prénom entier n’est pas Lily, mais c’est Capulina. Mais il ne faut pas le dire aux autres. Il va falloir que tu me trouves un joli surnom. Je te fais confiance, Yaya. Hihi !

Entendant de l’agitation sur le pont, l’agent Tarentule se lève enfin. Elle regarde succinctement Hayase dans son pyjama. Puis, elle entre dans une réflexion sur sa garde robe. L’adolescente a toujours eu des poupées à habiller, mais jamais une petite personne. Laissant cette idée dans un coin de sa tête, elle ordonne amicalement.

Habillons-nous. Ton équipage doit se sentir perdu sans toi au commande.

Une fois vêtu, le duo sort de la cabine avec leur affaire. Sur le pont, les filles découvrent qu’un autre navire les a abordé et l’ancien Capitaine discuté avec ce qui semble être le colonel de Tequila Wolf. Arrivant en pleine discussion, Capulina trottine jusqu’à eux. Le regard du capitaine floué par l’agent Tarentule décrit un certain mépris. Il se permet des attitudes avec un officier à ses côtés. Quelle lâcheté. Le colonel se prononce en premier.

Ah ! Donc, c’est vous l’agent qui avait détourné un navire civile. Depuis que j’ai posé le pied sur ce bateau, je ne reçois que des plaintes. Il recrute au berceau chez le Cipher Pol, maintenant.

Visiblement d’humeur aigri, l’homme semble intimider la petite qui se dissimule derrière Capulina. Celle-ci hausse les sourcils en écoutant ce discours. Ignorant la remarque sur son jeune âge, elle est plus intéressée pae ce que l’ancien Capitaine a pu raconter. De sa voix monotone, elle se présente à cet homme.

Agent Tarentule, pour vous servir. Je n’agis que dans le cadre stricte d’une mission.
-Colonel Paddington. Que me vaut le dérangement? On ne voit pas tous les jours un navire civile approché le bagne. Et j’aurais préféré ne rien voir, aujourd’hui.
-Ce ne sera pas long. J'ai besoin de discuter avec une détendue récente rapidement pour une enquête. J'ai préparé toutes les autorisations…
-Range tes papiers, je suis trop vieux pour ces trucs, moi. Si je comprends bien je vous escorte et le bateau reprend sa route.
-Exact.
-Le culot des gens du Cipher me surprendra toujours. Allez, on embarque. Que ce navire change de cap, vite.
-Cette petite fille est avec moi.
-Hum? Je commence à plaindre cette génération qui prend son service aussi tôt."


Assez détaché, le colonel accompagne l'espionne et son acolyte miniature sur son navire éclaireur. Peu bavard, il les escorte jusqu'au quai du plus grand bagne de la Mer de l'est, Tequila Wolf. Le carrefour des Huits Ponts gigantesques dont la finition du projet relève de la croyance religieuse. La première visite de Tarentule ne manque pas de l'impressionner. Fascinée par le projet en lui-même, elle constate le potentiel de ce bagne dans la conversion, par le cruel labeur, des criminels en merveilles séculaires. Dommage que ce ne soit qu'un projet irréaliste pour châtier les bagnards.

On lui indique l'instance des visiteurs. Un simple salut à l'officier, l'agent Tarentule ne perd pas plus de temps avec la garnison. Elle les méprise déjà assez comme ça. Pour elle, ils ne font rien et, quand ils peuvent enfin être utiles, ils échouent lamentablement. Pitoyable. Il est temps de se confronter à l'instance qu'elle redoute le plus dans cette mission : l'administration pénitentiaire.

Tenant la main d'Hayase, la blonde marche jusqu'au lieu d'accueil des visiteurs. Entrant dans une pièce déserte, presque lugubre et silencieuse, elle aperçoit un secrétaire dont l'allure correspond parfaitement au bureaucrate ennuyeux et détestable. Des valises sous les yeux, une chemise mal fagotée, les yeux à moitié endormie devant son officine. L'agent Tarentule répète dans sa tête tous les noms de documents, les formules spécifiques et les techniciens d'intimidation, au cas où. Arrivant devant le bureaucrate qui semble sévèrement somnoler, l'adolescente préviens de sa présence avec le ton, le plus monotone qui soit.

"Salutation, Agent Tarentule, ici présente, accompagnée…
-Oh, enfin des visiteurs ! Si je m'attendais à voir du monde, aujourd'hui. Je me serais rendu plus présentable. Que vous êtes choux !"


Le visage du secrétaire s'est soudainement illuminé en remarquant Capulina. Un changement d'atmosphère qui ne manque de perturbé la jeune fille. L'homme devient, subitement, jovial et se lève pour serrer la main de la nouvelle venue.

"Enchantée, Agent Tarentule. Le Cipher Pol hein? Si ce n'est pas une bonne surprise ça  je vais leur envoyer une lettre pour les remercier d'avoir perturbé ma petite routine. Alors petite comment tu t'appelle toi? Oh, elle est toute timide. Je n'ai rien comme petit cadeau. J'ai demandé un stock de friandises, il y a cinq ans. J'ai fini par s'écouler tout seul. Vous comprenez, le hall des visiteurs n'est pas très populaire. Que me vaut le plaisir de cette rencontre ?
-J'ai les autorisations pour…
-Oh, attendez une minute. J'ai trouvé un petit cadeau. Tiens, fillette. C'est une balle rigolote."


En effet, l'étrange bonhomme tend une balle anti-stress qui n'a visiblement pas beaucoup servi au monsieur. La petite fille regarde son aînée hésitante. L'agent Tarentule hoche la tête. Sa petite main prend la balle. Ravi, un grand sourire plein d'attente, presque les larmes aux yeux, le secrétaire revient à son métier.

"Excusez moi, j'ai bien peu de visites aussi agréables. Ouf, je dois pas pleurer. Pas pleurer. Pense au reveil-matin de maman… c'est bon, c'est passé. Alors, c'est à quel sujet?"

Presque inerte en face d'autant d'émotivité, elle s'attendait à l'inverse. Un mélange de stupéfaction et de dégoût lui prend. La blonde se rassemble pour déposer des fiches, qu'elle a tiré de sa mallette, sur le bureau. L'adolescente reste silencieuse. Le secrétaire met ses lunettes au bout de son nez et scrute les documents avec parcimonie.

"Hum… huuuuum… huuuuuuuuuuuuum.
-Un problème ou un simple souci dans votre gorge ? Hihi !
-Ahahah ! Tu es amusante, Agent Tarentule. Ma gorge va très bien. J'analyse simplement et je ne veux pas vous faire subir un silence trop pesant.
-Soit. Qu'en est-il ?
-Et bien, il manque le document A62B."


Les craintes de Capulina deviennent reali…

"Je plaisante ! Ce document n’existe pas. Ahaha ! C'est parfait. J'ai affaire à une petite surdouée. J'aime beaucoup votre écriture.
-... merci, je suppose."


Cet énergumène joue avec les nerfs d'un agent du Cipher Pol. L'adolescente aimerait tellement le calmer. Cependant, il est ici le Cerbère, elle n'a d'autres choix que de tolérer ces extravagances mal venues.

"J'enregistre le tout. Vous pouvez attendre, ici. La détenu que vous interrogerez est sous l'autorité de Barkin Charlie. Je l'appelle pour vous."

Il fait ainsi sonner son escargophone de bureau. Quelques instants d'échanges de regard entre le bureaucrate enjouée, l'agent désabusé et la petite curieuse, l'intéressé décroché.

"Barkou. Devine qui vient rendre visite au centre. Deux courageuses mini-agentes du gouvernement ! Ne les fait pas attendre."

Mini? Comment ça mini?! Le regard de l'agent Tarentule en dit long sur ce qu'elle pense. Le secrétaire se rectifie en comprenant son erreur.

"Arum ! Je veux dire deux espionnes qualifiées et compétentes demande audience."

Satisfaite, Capulina ne prend pas la peine de corriger le quiproquo sur le statut d'Hayase. Cela risque de compliquer les choses car, la visite de civils est bien plus encadrée et sévère pour des raisons de sécurité. Le bonhomme au sourire benêt raccroche. D'une voix aimable, il s'adresse aux filles.

"Vous ne devriez pas attendre longtemps. Alors tu aimes ce jouet?
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L'interrogatoire de Clémentine
La petite balle en main, je la regardais avec attention. Appuyant dessus avec mes petits doigts, je me rendis compte qu'elle était plus molle qu'une balle ordinaire. Surprise, je continuais d'appuyer dessus sans faire attention à ce qui se passait autour de moi. J'étais totalement absorbée par cet objet si particulier. Si étrange. Moi qui avais l'habitude de jouer à la balle avec tous mes copains, je commençais à me poser des questions existentielles sur celle-ci.

Il fallait que j'en aie le cœur net. Et le meilleur moyen de découvrir si elle n'était pas une balle venant d'un autre monde. Je l'envoyais rebondir sur le sol. Seulement, rebond, il n'y eut pas. À la place, celle-ci s'écrasa par terre et ne bougea plus. La bouche entrouverte et les yeux écarquillés de surprise, je ne dis plus un mot.

- " Euh... " Sembla s'en inquiéter l'homme qui me l'avait offerte. " Ça ne va pas ma petite ? "

Levant lentement le bras, je pointais l'objet sans qu'aucun son ne franchisse mes lèvres. Intriguée, ma meilleure amie ainsi que le secrétaire regardèrent en même temps la balle en question.

- " Elle est trop nulle !! " M'exclamais-je de ma petite voix fluette tandis que le secrétaire portait une main à son cœur, comme si je venais de le briser rien qu'avec ses mots. " Elle rebondit pas du tout ! Elle a fait.... Splash ! " Tentais-je d'imiter le bruit qu'elle avait fait en touchant le sol. " T'as vu Onee-chan ! C'est pas une vraie balle !! " Lui stipulais-je en fronçant mes petits sourcils comme si je venais de découvrir un truc qui changerait à jamais la face du monde.

Ricanant à ce que je venais de dire, Lily me caressa tendrement les cheveux avant de se pencher pour me chuchoter quelque chose.

- " C'est un mystère que peu de personne ont su résoudre. " M'expliqua-t-elle avant de lever son index sur lequel je louchais. " Il a fallu des années... Non, des siècles pour que les plus grands scientifiques le découvrent. Et toi... Tu l'as tout de suite compris. Je suis fière de toi, Yaya ! "

En entendant cette myriade de compliments, je sentis mon petit cœur s'emballer. J'étais toujours contente quand on me félicitait. Surtout si en plus ça venait de la petite blonde que j'idolâtrais tant. La poitrine gonflée de fierté, je posais les mains sur mes hanches avant de redresser la tête.

De son côté, appuyé contre le mur, l'homme du bagne semblait complètement abattu. Tandis que moi, j'étais au comble de la joie, lui avait senti son cœur être mis en miette par une petite fille de huit ans. Ce dernier qui souhaitant tant me faire plaisir n'avait réussi qu'à me décevoir. Et cela l'affectait plus qu'autre chose. Comme s'il s'était donné pour mission de satisfaire la minie espionne que j'étais.

- " Je... je... " Hésita ce dernier avant de se redresser avec vigueur. " Je suis sûr que j'ai autre chose qui pourrait te plaire !! "

Mais alors qu'il fouillait dans ses tiroirs pour trouver un nouveau présent à m'offrir, quelque chose le stoppa net.

- " J'ai déjà mon yo-yo. " Lui déclarais-je en brandissant le jouet dans ma main. " Et puis Nana-nichan, elle m'a déjà donnée plein de bonbons ! "

En réalisant que j'essayais de lui faire comprendre que je n'avais besoin de rien, son âme se brisa. Complètement anéanti, il regarda ses tiroirs ouverts en tremblant. Au bord de la dépression, il n'en fallait pas beaucoup plus pour lui porter le coup de grâce. Par chance, quelqu'un sans le savoir aller le sauver. Enfin, peut-être.

- " Hum hum ! " S'éclaircit la gorge une personne se trouvant dans le dos de ma meilleure amie. " Bonjour, c'est vous les minis agents qui demandent à me voir ? "

Au moment de se retourner pour voir de qui il s'agissait, l'adolescente fit face à une montagne de muscle. Face à elle, se trouvait un énorme Minks de deux mètres de haut. Celui-ci de la race des canidés était si imposant que son uniforme semblé sur le point de craquer à chacune de ses respirations.

Voyant qu'aucune de nous deux ne répondirent sur le coup, il afficha un sourire sur sa gueule. Tentant d'être le plus aimable possible, il dévoila ses immenses crocs. En les voyant, je poussais un léger cri plaintif avant de me cacher derrière Lily.

- " Il va nous manger !! " M'écriais-je en me cramponnant à ma meilleure amie, la tête enfouie dans son dos.

- " Ah mais... non... " Paniqua légèrement l'homme bête en voyant ma réaction. " Je ne voulais pas te faire peur... "

Ce dernier mal à l'aise en voyant qu'il avait fait peur à une petite fille, ne sut plus où se mettre. De son côté, la blondinette me caressa tendrement les cheveux afin d'essayer de me rassurer.

- " Il ne va pas te faire de mal voyons. C'est juste une grosse boule de poils qui pue. " M'affirma cette dernière en ricanant tandis que le gros toutou levait un bras pour renifler son aisselle qui en effet ne sentait pas la rose. " Et puis je croyais que tu étais une grande espionne qui n'avait peur de rien... Je suis déçue. "

À ces mots, j'arrêtais de chouiner avant de relever la tête. Les yeux brillants de courage, je me détachais de ma copine avant de m'avancer vers le gros chien effrayant. Lui qui me surplombait de très loin, baissa complètement la tête pour me regarder.

- " Promis, je ne te ferai pas... AIE !!!!!!! " Hurla ce dernier après que je lui aie mis un coup de pied dans le tibia. " Espèce de sale gamine !! " S'emporta le Minks tandis que je partais me cacher de nouveau derrière Capulina qui rigolait de bon cœur.

- " Bien joué Yaya ! Tu vois qu'il y a pas de raison d'avoir peur de lui ! " Continua de glousser l'adolescente avant de planter son regard dans celui du responsable du C.E.M. " Bon ! On rigole, on rigole, mais on n'a pas toute la journée non plus ! " Changea radicalement de ton la petite agente du Cipher Pol qui n'était pas le moins du monde impressionnée par ce géant.

De mon côté, je tirais la langue au gros poilu en sachant très bien que Capulina était là pour me protéger de lui. S'occupant de jeune délinquant à longueur de journée, Barkin avait l'habitude de ce genre de comportement. Mais c'était bien la première fois qu'une personne ne faisant pas partie de ses petits pensionnaires le frappe. Lâchant un profond soupir en comprenant que cette journée risquait d'être longue, il nous fit signe de le suivre.

Me saisissant sans attendre de la main de la jeune fille qu'elle serra avec douceur, je l'accompagnais. Sans un mot, j'observais tout ce qui nous entourait pendant que l'agente gouvernementale discutait avec le directeur qui nous faisait visiter.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 12:04, édité 3 fois
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Les filles suivent le mink imposant dans un long couloir. Passant les premières sécurités, le groupe parvient finalement à l’espace réservé aux visiteurs. Capulina contemple la pièce avec perplexité. Elle ressemble à une pièce aménagée pour accueillir des familles. Plusieurs îlots de table disposés un peu partout, il y a même des objets pour organiser des activités comme des jeux de société et des crayons. Cela n’a rien d’une pièce d’interrogatoire lugubre comme le souhaite l’agent Tarentule.

Mon cher, est-ce une garderie ou une prison?
-Notre but n'est pas de stresser les jeunes, mais de leur montrer une vie plus calme pour les adoucir.
-Balivernes. Je ne travaille pas dans ces conditions. Préparez-moi une pièce plus sombre et morbide.
-Ne n'en avons pas.
-Comment? Aurais-je pris un ticket pour un parc d'attractions?
-Hum… quoiqu'il en soit, je ne peux que vous autoriser l'accès à cette pièce. La nouvelle venue est assez stressée. Il ne vaut mieux pas en rajouter.
-Quel laxisme. On se demande pourquoi il y a autant de récidivistes.
-Justement nous sommes l'établissement avec le moins…
-Finalement, je n’en ai cure. Plus il y a de délinquance, plus je pourrai m’amuser dans mon travail. Hihi !


Le responsable du centre reste calme encaissant la provocation comme il en a l'habitude. D'ailleurs, il voit en cette mini-espionne des similitudes avec les jeunes qu'il côtoie. Mêlant langage soutenu et attitude hautaine, il est facile pour lui de comprendre de quel genre de milieu, la blonde à vécu. Plissant les yeux, il se questionne intérieurement sur les choix du Cipher Pol car, pour l'instant, il ne voit qu'une jeune bourgeoise en crise d'adolescence. Celle-ci se recentre justement sur sa mission. Posant une main sur une table après avoir balayer la pièce du regard, elle incline la tête vers le Mink.

Bien. Où est cette petite souris ?
-Installez-vous. Elle arrivera d’une minute à l’autre.


Quand on parle du loup. Un gardien du bagne entre dans l'espace réservé aux visites accompagné de la mink menottée aux poignées. L'agent Tarentule s'installe, invitant la petite Hayase sur ses genoux. La petite chipie s'intéresse aux crayons et aux feuilles sur la table pendant que son aîné mène son interrogatoire à bien.

Comme on se retrouve ? Nous ne t’avons pas trop manqué, Clémentine. Depuis le temps. Hihi!
-Qu’est ce que tu veux? Tu es venue me narguer.
-Oh ! Ce n’est pas mon genre, voyons ! Juste quelques questions, et te laisseront faire tes marques dans ce trou en paix.
-J’ai pas envi de te parler.
-Sais tu qu’il y a pire que la prison, n’est ce pas ?
-Jeune fille, ne dépassez pas les bornes.
-Quel rabat joie.


L'adolescente s'apprêtait à sortir de sa mallette un de ses pièges à loup mais elle se ravise avec ce rappel à l'ordre. S'Il y a bien un espace où elle ne peut contourner, les centres pénitenciers en sont l'exemple type. Dans tout métier, il y a des mauvais côtés, mais, ce n'est qu'un coût dérisoire comparé à tout ce que cela lui apporte. L'approche menaçante lui étant interdite, la blonde tente une posture plus pacifique.

Bien que je sois peu expérimenté, je sais que l’on ne rencontre pas des filles qui peuvent me tenir tête comme tu as pu le faire. Évidemment à la fin, je gagne toujours. Néanmoins, je suis intrigué, d’où viens-tu?
-Tu dois sortir d’un asile, toi, en tout cas.
-Oh oh ! On m'a souvent menacé de m'y amener, figure-toi. Hihi !
-D'après le questionnaire, elle viendrait du Nouveau Monde.
-Le Nouveau Monde?! Impressionnant. Comment as tu fait pour venir jusqu'ici?
-Ahah ! Grâce à mes amis ! Nous formons un gang bien plus fort que votre duo de pestes.
-Cela m'intéresse. Un gang puissant à East Blue, quelle aubaine!
-Et oui, nous sommes le Piloulou Club!
-Jamais entendu parlé.
-Normal, on ne recrute pas les méchantes.
-Quelle erreur, on aurait pu faire tellement de choses ensemble. Hihi ! Je suis certaine que je pourrais faire mieux que toi.
-Jamais de la vie Piloulou t'acceptera!
-Qu'est que tu en sais? J'aurais juste à les trouver.
-Pff. Déjà Piloulou n'est pas à Cocoyashi.
-Qu’est ce que tu faisais, là-bas, dans ce cas?
-J'aime le goût des oranges et des mandarines. Donc Piloulou m'a envoyé recruter des nouveaux membres.
-Et la Mandarine Sacré?
-J'ai entendu la rumeur des copains que je me suis fait.
-C'est plausible. Tes amis recrutent-ils, aussi?
-Bien sûr, on est ici pour ça !
-Où sont ses amis dont tu parles autant ?
-Héhé. On est partout. Elles ne te font pas assez confiance.
-Tu en as aucune idée en réalité. Avoue le.
-C'est faux. Francine m'a dit qu'elle allait à Fu… Fusti… Fuzia?
-Fushia.
-Oui, bref. Du pareil au même.
-Francine, donc. Intéressant. Et cette Piloulou ?
-Elle est partout.
-Tu ne sais pas non plus.
-Si elle a dit qu'elle était partout ! Qu'elle veillait sur nous !
-Hum. Je laisse ma partenaire vous poser le reste des questions, n'est pas, Agent Yayapinette ?"


L'espionne a suffisamment. Voyant bien que la petite s'agite sur ses genoux après avoir fini ses gribouillages, l'agent Tarentule profite de l'occasion pour se divertir. Une petite qui pose des questions à une délinquante, on ne peut prévoir facilement l'issue. La blonde espère qu'elle sera drôle.
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L'interrogatoire de Clémentine
Des questions, je n'en avais pas la moindre. En réalité, durant leur conversation, je n'avais pas été très attentive. Dessinant diverses choses et varié sur les feuilles de papier qui étaient mises à ma disposition.

Laissant aller mon âme d'artiste, j'avais fait un dessin de Nana et moi en train de combattre des gros vilains pas beaux. Un dessin de toute beauté fait en bâton. Mais celui que je décidais de montrer à la criminelle en fut un autre. Une représentation d'elle-même avec une trace marron à l'arrière de sa robe et des traits verts pour représenter l'odeur immonde qui s'en dégageait.

- " Tiens cadeau ! " Lui-dis-je en lui donnant mon oeuvre qui rappelait notre rencontre durant laquelle elle s'était déféquée dessus.

Sous les rires de ma meilleure amie, la jeune Minks regarda le dessin. Rouge de honte, elle me fusilla du regard avant de chiffonner la feuille.

- " Oh... Tu l'aimes pas ? " Demandais-je avec une petite pointe de tristesse dans la voix. " Je l'ai fait rien que pour toi... "

La petite moue attristée, je baissais la tête un peu déçue. Moi qui voulais pourtant lui faire plaisir. Le remarquant, Capulina caressa tendrement mes longs et doux cheveux bruns.

- " Je trouve qu'il était très bien réussi ! " Me rassura cette dernière en affichant un chaleureux sourire. " Elle n'y connaît rien à l'art. Ou alors elle est jalouse de ton talent. "

Parcourant du regard les autres dessins que j'avais faits, l'agente gouvernementale s'empara de celui qui nous représentait. L'observant en silence, l'adolescente sourit avant de poser doucement sa tête sur la mienne.

- " Je peux le garder ? " Me demanda-t-elle avec un certain engouement.  .

Pour seule réponse, je hochais énergiquement la tête pour lui donner mon accord. Des petites étoiles dans les yeux, je ne pus cacher ma joie de voir qu'il lui plaisait. Ce petit instant de tendresse ne dura pas bien longtemps. Comme voulant préserver cette image de fille froide, la blondinette se reprit rapidement.

M'attrapant par la taille, elle me fit glisser de ses genoux avant de se lever à son tour après avoir mis mon cadeau dans sa valide. Une fois fait, Nana reprit ma main dans la sienne. Au moment de nous approcher de la sortie, elle s'arrêta sur le pas de la porte avant de faire face une dernière fois à Clémentine.

- " Amuse-toi bien et surtout, n'oublie pas de demander à ce qu'on te change ta couche. " Lâcha cette dernière en affichant un petit sourire malicieux. " Ça serait dommage que tu restes dans ta merde. Gnihihi ! "

Sur ces mots, nous quittions cet endroit pour retourner à l'accueil, accompagnées par le gros toutou qui n'avait pas pipé un mot durant tout l'interrogatoire.

- " J'espère que vous avez eu ce que vous vouliez. " Sortit enfin de son mutisme l'énorme Minks en charge des lieux.

- " Nous avons notre prochaine destination. " Répondit le plus simplement possible la jeune fille. " D'ailleurs, il nous faudrait un moyen de transport pour nous y rendre. Pouvez-vous faire quelque chose ? "

- " Je m'occupe de tout ! " Intervint le secrétaire bizarroïde que j'avais fait partir en dépression.

Comme voulant se rattraper de son échec à me faire plaisir, celui-ci se donna pour objectif de satisfaire la demande de mon amie. Ravies par cette proposition, l'Agent Tarentule et moi-même n'avions plus qu'à attendre qu'on nous donne un nouveau navire. Lequel serait peut-être mis de nouveau sous mes ordres. Quoi qu'il arrive, nous savions où notre prochaine aventure allait nous mener.
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