Lorsqu’il ouvrit les yeux, Kant laissa s’échapper un cri sourd, plaintif. Deux jours après le dramatique affrontement qui opposa sa nouvelle petite équipe au redoutable et malfaisant Balkani, son corps semblait avoir complètement récupéré de ses blessures. Seulement, son dos lui causait d’atroces souffrances : et pour cause ! Kant dormait par terre, formant un parfait triangle avec Alegsis et Grimmjack, tous deux allongés à ses côtés. Bien que ces trois garnements fussent de véritables maroufles, ils avaient tout de même jugé nécessaire de laisser le seul lit de la chambre à la délicate Hayase. Véritable esprit chevaleresque, absurdité courtoise ou galanterie mal placée ? La question se posait, peut-être, mais elle n’occupait pas les songes de Kant en cette nouvelle matinée.
S’éclipsant discrètement de la scène où se tenait un concert de ronflements en son honneur, le jeune contrebandier descendit les escaliers menant à l’accueil. Craignant d’avoir à justifier la présence de ses trois acolytes dans une chambre prévue pour une seule et unique personne, il détala aussi vite que possible, esquivant au passage la rustre tenancière. Une fois dehors, il s’étira de tout son long, prit une profonde inspiration et se dirigea vers l’université. Se sachant recherché par la Marine, Kant avait pris soin de revêtir son ensemble aristocratique. Ainsi, seule sa démarche nonchalante d’huluberlu en gueule de bois le trahissait. Il parcourut les rues de Logue Town qui, de bon matin, s’agitaient déjà.
S’il se rendait de nouveau à l’université, ce n’était pas pour y flâner. Malgré la défaite et ses nombreux déboires, l’affrontement contre Balkani avait semé de nombreuses questions dans l’esprit de Kant. Comment cet homme pouvait-il contrôler la pousse de ses ongles, de ses cheveux ? Grâce aux pouvoirs d’un fruit du démon ? Mais alors, qu’en était-il de son mystérieux rayon hilarant ? Après avoir été harcelé par ces questions durant toute la journée que dura sa convalescence, Kant se devait de résoudre ces énigmes. Sur le chemin menant à ses réponses, il prit soin de transpercer d’une flèche chaque oisillon jaune sur sa route. Bien que cela lui causait beaucoup de peine, suscitant au passage l’indignation des passants, il était désormais en mesure d’entrevoir le rôle joués par ces petits espions ailés.
Fort heureusement, son habit de nobliau le camouflait à merveille : personne ne s’intéressa à sa personne, ni sur sa route, ni à l’université. Après quelques heures passées à la bibliothèque, Kant emprunta le chemin du retour. C'est alors que quelque chose attira son regard, quelque chose qu'il n'avait pas remarqué à l'aller : un triste avis de recherche, imprimé sur un papier de mauvaise qualité.
Louchant des deux yeux sur l’avis de recherche, Kant sentit monter en lui une colère inextinguible. Soudain, il arracha le papier du panneau d’affichage, sous le regard ébahi des badauds.
« Comment ça ‘IVRE’ ? » s’exclama-t-il, avant de reprendre sa route d’un pas contrarié.
Midi sonnait. En débarquant à l’auberge, Kant s’attendait à retrouver ses camarades attablés autour d’un copieux déjeuner : il n’en fut rien. Ça ronflait toujours dans la baraque. Toujours indigné à cause du qualificatif « ivre » qu’avaient employé les autorités pour le décrire, il se tint prêt à réveiller ses compères en poussant d’assourdissantes vociférations, afin qu’ils rendent tous ensemble une petite visite diplomatique à Monsieur le Sous-préfet. C’est alors qu’une idée pernicieuse lui vint à l’esprit : et s’il profitait de ce moment pour s’offrir un petit rendez-vous galant avec la charmante Hayase ? En l’absence des chasseurs de primes, Kant pourrait ainsi dévoiler tout son arsenal de séduction et, peut-être, convaincre sa nouvelle camarade de s’enfuir avec lui sur une île déserte pour y fonder un nid d’amour ? L’opportunité était trop belle pour ne pas être saisie à bras-le-corps.
En veillant à ne surtout pas réveiller les deux zigotos étendus par terre, Kant s'approcha silencieusement d'Hayase et effleura doucement son épaule d'un léger tapotement. Malgré l'heure tardive, l'agent gouvernemental semblait plongée dans un sommeil profond : en témoignait le filet de bave qui dégoulinait sur sa peluche, qu'elle serrait contre sa poitrine. Kant tapota sur son épaule avec un peu plus d’ardeur. Elle se retourna doucement, puis ouvrit les yeux.
« QUOI ?! » gronda-t-elle subitement, ce qui ne manqua pas de terrifier le pauvre Kant qui tomba à la renverse.
« Coucou… euh, bonjour Hayase, balbutia-t-il avant de lui tendre l’avis de recherche les concernant. Manifestement agacée, elle s’empara du feuillet et en fit la lecture. Je me disais que… on pourrait, tu vois, rien que tous les deux… on pourrait rendre visite à ce Monsieur Hasta. Parce que … enfin, dans toute cette histoire, c’est pas nous qui sommes… »
« QUOI ?! » tonna-t-elle de nouveau, interrompant le pauvre Kant apeuré.
Puis, se levant d’un bond, elle quitta la pièce et se précipita dans la salle de bain pour s’y enfermer. Kant ramassa l’avis de recherche et constata que les cris d’Hayase n’avaient pas perturbé le sommeil des deux chasseurs de primes. Avec grande satisfaction, il considéra que son plan était plutôt bien engagé.
Au terme d’une longue demi-heure à patienter assis dans le couloir, Kant entendit enfin la poignée de la salle de bain s’agiter. De là sortit Hayase, fraîche et radieuse, et dont la grâce écrasait davantage le cœur du contrebandier subjugué par tant de beauté.
« Très bien, allons-y ! » lança-t-elle sur un ton déterminé, balayant du revers de la main une mèche ses longs cheveux.
« Euuh oui, pars devant ! J’arrive tout de suite ! » répondit Kant.
Poussant la porte de la chambre, Kant s’approcha tranquillement de Grimmjack étendu sur le sol et paisiblement étreint par les bras de Morphée. Puis, d’un geste vif et précis, il lui asséna un grand coup de pied dans le tibia.
« Oh, l’Échalotte, pardon, je ne t’avais pas vu ! dit Kant, avant de lui balancer l’avis de recherche au visage. Surtout, prenez tout votre temps, hein. On part devant. »
Sur ces mots, Kant s’empressa de descendre les escaliers et rejoignit son éventuelle future fiancée.
S’éclipsant discrètement de la scène où se tenait un concert de ronflements en son honneur, le jeune contrebandier descendit les escaliers menant à l’accueil. Craignant d’avoir à justifier la présence de ses trois acolytes dans une chambre prévue pour une seule et unique personne, il détala aussi vite que possible, esquivant au passage la rustre tenancière. Une fois dehors, il s’étira de tout son long, prit une profonde inspiration et se dirigea vers l’université. Se sachant recherché par la Marine, Kant avait pris soin de revêtir son ensemble aristocratique. Ainsi, seule sa démarche nonchalante d’huluberlu en gueule de bois le trahissait. Il parcourut les rues de Logue Town qui, de bon matin, s’agitaient déjà.
S’il se rendait de nouveau à l’université, ce n’était pas pour y flâner. Malgré la défaite et ses nombreux déboires, l’affrontement contre Balkani avait semé de nombreuses questions dans l’esprit de Kant. Comment cet homme pouvait-il contrôler la pousse de ses ongles, de ses cheveux ? Grâce aux pouvoirs d’un fruit du démon ? Mais alors, qu’en était-il de son mystérieux rayon hilarant ? Après avoir été harcelé par ces questions durant toute la journée que dura sa convalescence, Kant se devait de résoudre ces énigmes. Sur le chemin menant à ses réponses, il prit soin de transpercer d’une flèche chaque oisillon jaune sur sa route. Bien que cela lui causait beaucoup de peine, suscitant au passage l’indignation des passants, il était désormais en mesure d’entrevoir le rôle joués par ces petits espions ailés.
Fort heureusement, son habit de nobliau le camouflait à merveille : personne ne s’intéressa à sa personne, ni sur sa route, ni à l’université. Après quelques heures passées à la bibliothèque, Kant emprunta le chemin du retour. C'est alors que quelque chose attira son regard, quelque chose qu'il n'avait pas remarqué à l'aller : un triste avis de recherche, imprimé sur un papier de mauvaise qualité.
- AVIS DE RECHERCHE -
À tous les habitants de Logue Town,
La 14ème et la 87ème division de la Marine sont à la recherche active de quatre individus dont l'identité est encore inconnue. Ces individus sont soupçonnés d'avoir commis de graves méfaits et sont considérés comme dangereux pour la sécurité de l’île.
Description des individus recherchés :
LE LUTIN MAGIQUE : Ivre. Petit individu mesquin, il arbore un bonnet et une chemise en laine. !Agresse des personnes âgées!
LA MOMIE MALÉFIQUE : Embaumé. De grande taille, l’individu est affublé d’une cape. Dégage une aura morbide. !Mange des enfants!
LA SOCIOPATHE DÉPRAVÉE :Nue.Dangereuse.Plutôt mignonne. Taille moyenne, silhouette svelte. Se balade avec une peluche. !Sème la peste!
L’HOMME-HIPPOPOTAME : Laid. Grande gueule, deux gros chicots s’en échappent. L’individu revêt un chapeau et porte un gros balai. !Tue des chats!
Les suspects sont à considérer comme extrêmement dangereux. Si vous avez connaissance de leur existence ou de leur emplacement actuel, veuillez immédiatement en informer les autorités locales ou vous présenter à l’une des casernes de l’île pour fournir toute information utile. Une modeste récompense sera offerte à quiconque aidera à la capture et à la détention de ces individus. Que justice soit rendue !Signé : Tanguy Hasta ; Sous-préfet de Logue Town
Louchant des deux yeux sur l’avis de recherche, Kant sentit monter en lui une colère inextinguible. Soudain, il arracha le papier du panneau d’affichage, sous le regard ébahi des badauds.
« Comment ça ‘IVRE’ ? » s’exclama-t-il, avant de reprendre sa route d’un pas contrarié.
Midi sonnait. En débarquant à l’auberge, Kant s’attendait à retrouver ses camarades attablés autour d’un copieux déjeuner : il n’en fut rien. Ça ronflait toujours dans la baraque. Toujours indigné à cause du qualificatif « ivre » qu’avaient employé les autorités pour le décrire, il se tint prêt à réveiller ses compères en poussant d’assourdissantes vociférations, afin qu’ils rendent tous ensemble une petite visite diplomatique à Monsieur le Sous-préfet. C’est alors qu’une idée pernicieuse lui vint à l’esprit : et s’il profitait de ce moment pour s’offrir un petit rendez-vous galant avec la charmante Hayase ? En l’absence des chasseurs de primes, Kant pourrait ainsi dévoiler tout son arsenal de séduction et, peut-être, convaincre sa nouvelle camarade de s’enfuir avec lui sur une île déserte pour y fonder un nid d’amour ? L’opportunité était trop belle pour ne pas être saisie à bras-le-corps.
En veillant à ne surtout pas réveiller les deux zigotos étendus par terre, Kant s'approcha silencieusement d'Hayase et effleura doucement son épaule d'un léger tapotement. Malgré l'heure tardive, l'agent gouvernemental semblait plongée dans un sommeil profond : en témoignait le filet de bave qui dégoulinait sur sa peluche, qu'elle serrait contre sa poitrine. Kant tapota sur son épaule avec un peu plus d’ardeur. Elle se retourna doucement, puis ouvrit les yeux.
« QUOI ?! » gronda-t-elle subitement, ce qui ne manqua pas de terrifier le pauvre Kant qui tomba à la renverse.
« Coucou… euh, bonjour Hayase, balbutia-t-il avant de lui tendre l’avis de recherche les concernant. Manifestement agacée, elle s’empara du feuillet et en fit la lecture. Je me disais que… on pourrait, tu vois, rien que tous les deux… on pourrait rendre visite à ce Monsieur Hasta. Parce que … enfin, dans toute cette histoire, c’est pas nous qui sommes… »
« QUOI ?! » tonna-t-elle de nouveau, interrompant le pauvre Kant apeuré.
Puis, se levant d’un bond, elle quitta la pièce et se précipita dans la salle de bain pour s’y enfermer. Kant ramassa l’avis de recherche et constata que les cris d’Hayase n’avaient pas perturbé le sommeil des deux chasseurs de primes. Avec grande satisfaction, il considéra que son plan était plutôt bien engagé.
Au terme d’une longue demi-heure à patienter assis dans le couloir, Kant entendit enfin la poignée de la salle de bain s’agiter. De là sortit Hayase, fraîche et radieuse, et dont la grâce écrasait davantage le cœur du contrebandier subjugué par tant de beauté.
« Très bien, allons-y ! » lança-t-elle sur un ton déterminé, balayant du revers de la main une mèche ses longs cheveux.
« Euuh oui, pars devant ! J’arrive tout de suite ! » répondit Kant.
Poussant la porte de la chambre, Kant s’approcha tranquillement de Grimmjack étendu sur le sol et paisiblement étreint par les bras de Morphée. Puis, d’un geste vif et précis, il lui asséna un grand coup de pied dans le tibia.
« Oh, l’Échalotte, pardon, je ne t’avais pas vu ! dit Kant, avant de lui balancer l’avis de recherche au visage. Surtout, prenez tout votre temps, hein. On part devant. »
Sur ces mots, Kant s’empressa de descendre les escaliers et rejoignit son éventuelle future fiancée.