Grand Line... Terrain de chasse où rêve de s'aventurer tout aventurier digne de ce nom... Mer aux milles promesses de richesses et de gloire... Un océan de fantasmes où presque tout devient possible pour peu qu'on ai le courage d'assumer ses ambitions. Mais pour peu que vos forces vous fassent défaut ne serait-ce qu'une seule fois... là Grand Line devient un océan de larme. Vos rêves s'y effondrent aussi vite qu'ils ont volé vers les étoiles. Rapidement, il ne vous reste plus que vos regrets et votre peine... Ce jours là, la première génération des Sea Wolfs de Toji Arashibourei venait d'en faire les frais.
Remontant d'un air renfermé le pont de son navire, le lieutenant-colonel Toji pouvait voir toute l'étendue des dégâts qu'avait subit l'ensemble de son équipage. Les deux mâts étaient brisés, une bonne partie du gaillard-avant était en miette, sans compter une demi-douzaine de disparus. Enfin, disparus était un mot bien optimiste... Quand on voit disparaître ses hommes dans les mâchoires acérés d'un roi des mers, on se fait peu d'espoir quand à leur survie. Bien qu'ayant une réputation de cœur de pierre, Toji n'en éprouvait pas moins une cruelle déchirure à la perte de ses compagnons d'armes... des hommes qui l'avaient accompagné tant de temps et avec qui il avait partagé tant de secrets... Tsss pas la place pour ses pleurnicheries ! Toji se devait de montrer un visage grave et inhumain, sa réputation ne devait porter aucune faiblesse. « C'était de leur faute, ils étaient faibles, que cela vous serve de leçon », tel seraient ses paroles face à la foule. Cependant, nul Sea Wolf ne douteraient qu'en secret, l'homme-poisson aurait une courte prière pour ses frères d'armes disparus. Hochant gravement de la tête en signe d'encouragement à El'Monstro son bosco, Toji continua sa route au travers des innombrables débris du combat. Un instant, il ralentit sa marche avant de s'immobiliser, les deux pieds dans une flaque de sang que le sable et la sciure avaient du mal à épancher. A qui se sang pouvait-il bien avoir appartenu ? Stenson ? Mac shiar ? Ou bien Ramsoa ?...Eux et tant d'autres avaient donné leur vie pour l'équipage et pour la marine. A défaut de héros c'étaient des braves, de fiers et dignes soldats... mais cela ne les avait hélas pas sauvé... Perdu dans ses pensées, Toji laissa quelques secondes ses yeux se noyer dans son propre reflet qu'il voyait alors dans le miroir carmin. La journée avait été longue pour tout le monde.
« Toji ? Toji ? Toji ? » Une voix le tira de sa méditation, le raccrochant à la réalité.
« Hum ? Qu'est-ce qu'il y a Tan ? »
« Ça va ? Tu n'as pas l'*... » commença la sirène avant de voir le regard dur de l'hybride. « Heuuu... Que veux-tu qu'on fasse de la carcasse ?... »
« … Dépecez-la pour avoir sa viande et aussi tout ce qui peut être revendu. Peau, dent, graisse... peu importe tant qu'on peut en tirer de quoi payer les pensions de nos frères tombés. »
Sans un regard de plus pour celle qui occupait d'habitude bon nombre de ces pensées, Toji s'engouffra sans plus attendre dans le gaillard arrière de son navire, pénétrant alors dans un univers de pénombre et d'oppression. Dès la fin des combats, le docteur Crank avait pu y établir son hôpital de fortune, faisant de son mieux pour sauver les multiples blessés. Les pièces exigus s'était depuis emplis de l'odeur métallique du sang et de la mort, à laquelle se mélangeaient les effluves puissante du chloroforme. Pour un homme-poisson tel que Toji, se tenir là revenait à de la torture... mais c'était un moindre mal qu'il devait bien à ses hommes. Il chemina ainsi dans les petites coursives qui menaient à l'hôpital improvisé, enjambant pour cela les corps allongés des blessés et des mourants. Malgré les quantités de sable déversées, d'interminables sillons sanglants coulaient dans les couloirs, tel un fleuve macabre. Finalement, l'officier arriva devant la table de la cuisine, qui servait pour l'occasion de table d'opération. Le Docteur Crank était bien entendu tout à ses œuvres, s'affairant sur une blessure de plus, qui semblait comme tant d'autre condamner d'avance le patient. Pourtant l'homme était un génie dans son art... De plus, l'homme à moitié allongé sur le plateau ne semblait pas décidé à rendre l'âme si facilement. Joe « face de marbre ». Le second des Sea wolfs en avait dans le froc, il faisait partie des tout premiers engagés de la première génération sous les ordres de l'homme-poisson. Les Sea Wolfs était un peu son œuvre à lui aussi... Toji s'adressa alors à lui avec un sourire qui se voulait réconfortant.
« Vieille canaille, comment tu t'sens ?... »
« Héhé...keuf keuf !... Pas si mal si l'on passe outre la jambe que ce foutu monstre m'a boulotté. J'suis sûr qu'il s'est étranglé avec le fumier héhéhé. T'as vu comme il gigotait juste avant que tu lui portes le coup de grâce ? J'suis sûr que c'est ma bonne vieille jambe. Héhé... Keuf keuf ! »
« Pour sûr l'ami, pour sûr huhuhu... Doc ? Comment ça se présente pour vous ? »
« C.c.c.c.comment voulez-vous que cela se p.p.p.présente ?! La moitié de nos hommes sont estropiés, tel votre i.i.i.idiot de second ici présent ! -Hey ! J'suis p'tet unijambiste mais j'suis toujours pas sourd Doc !- Nous avons aussi p.p.p.perdus douze hommes, dont la moitié a fini dans le ventre de ce s.s.satané roi des mers ! »
Toji regarda d'air air grave son pauvre médecin s'énerver face aux malheurs qui accablaient leurs hommes, et dont il avait la triste tâche d'accompagner les derniers moments. L'homme-poisson pu voir toute la détresse dans les cris à moitié hystériques du vieille homme au bord de la crise de nerf, dont le bégaiement reprenait de plus belle.
« Ça va Doc... Calme toi... tu fais du bon boulot. » lui confia d'une voix douce son supérieur tout en lui posant une mains amical sur l'épaule.
Pris de soubresauts, le petit homme fondit discrètement en larme, avant de se ressaisir avec détermination. Un reniflement plus tard, il s'attelait de nouveau à la jambe amputée de Joe, les yeux encore rouges. Se détournant de lui afin de le laisser travailler seul, Toji se tourna vers son second, qui venait de s'enfiler sa deuxième bouteille de rhum pour tenir le choc. Il sortit alors de sa poche intérieur sa meilleur flasque, avant de lui en faire cadeau, seul soutient vraiment utile à l'occasion.
« Ça va aller pour moi Patron, t'en fais pas. keuf keuf... »
Malgré ses dires, il apparu clairement à Toji que son second allait de bravade en bravade, probablement pour lutter contre l'abattement qui accablait l'équipage. Mais il était clair que l'homme était au bord du rouleau. Physiquement Joe avait eu plus que sa part de blessure, notamment celle qu'il lui avait donnée sa paralysie faciale, mais aussi mentalement. Derrière son visage inexpressif, L'homme-poisson put lire dans son regard toute la fatigue du monde. Ce n'était plus qu'une coquille à moitié vidée de sa force vital. A bien y réfléchir, une bonne partie de ses hommes partageaient ce regard... A trop le suivre dans tous ses combats, ils s'étaient épuisés. La marine et le train d'enfer de Toji leur avait tout pris. La plupart d'entre eux méritaient ainsi un long repos, quand aux autres...
« Patron. J'crois que j'vais m'arrêter là si ça t'ennuie pas. » dit doucement Joe, comme à regret.
« J'en peux plus, tout simplement... J'aurais aimé te suivre jusqu'au nouveau monde et gravir Rough Thell avec toi l'ami, tu m'connais. Mais là j'vais pas pouvoir aller plus loin. Désolé... »
Sans rien dire, la gorge serrée et la poitrine compressé par l'émotion, Toji regarda son second en silence, incapable de trouver les mots qu'il fallait. Tout ceci il le savait, il l'avait vu venir... et pourtant, trop fier et trop ambitieux, il avait continué, bravant toujours plus de dangers inconsidérés. Le Roi des mers qui leur était tombé dessus en ce jours avait été la goutte de trop.
« C'est pareil pour la plupart d'entre nous patron. Le Doc est en train de péter une durite -faites gaffe à ce que vous faites doc hein-, Tan a de plus en plus de mal à s'occuper des deux gamines, quant-à nos hommes la moitié d'entre eux ont vu plus que leur part de misère et de carnage. Tu sais qu'on te suivra jusqu'aux abysses si tu nous le demandais Toji... mais là, on est à bout. »
Jetant un regard tout autour de lui, Toji contempla avec tristesse le concentré de souffrance et de fatigue qui vivait en chacun de ses hommes présents... Était-ce là son glorieux équipage avait qui il comptait conquérir le nouveau monde ? Comme ils avaient été présomptueux ! Il été clair que ni lui ni son équipage n'avaient plus les forces suffisantes pour une telle entreprise... Raaaah ! Ils étaient pourtant si près d'arriver à la moitié du monde ! La frustration et la colère s'abattirent sur l'hybride, le faisant serrer du poing et des mâchoires. Par tous les enfers ! Maudits soit leur faiblesse ! Ensuite, après de longues secondes de silence, même l'esprit indomptable de Toji dû se rendre à l'évidence. Certains choix étaient à faire, il le devait bien à ses loyaux frères d'arme.
« On fait demi-tour. » déclara-il doucement, comme à contre cœur. « On rentre à East Blue pour se reposer, réparer le navire et recruter des troupes. Ceux qui le voudront pourront arrêter leur service, je leur ferai tous les papiers nécessaires. »
« Merci Pat*... » Commença Joe avant de s'apercevoir que Toji venait déjà de repartir, plongeant quelques secondes plus tard dans l'océan à la recherche d'un peu de solitude pour y cracher sa peine et sa colère.
[Revenant à Logue Town, la première génération des Sea Wolfs fut ainsi démantelée. Toji confia alors à ses plus fidèles lieutenants Joe, Tan, Crank et El Monstro la direction de ses nouvelles boutiques, perpétuant ainsi les liens qui les avaient unis. La plupart des hommes de troupe et des sous-officiers tels que Karl, Rolf et Xan reprirent du service dans la deuxième génération de Sea wolf, cette fois accompagnés de nouveaux officiers : Ryuuku, Hiro et Lin. Tous ensemble à bord de leur nouveau navire, le Fenrir, ils étaient près à partir à la conquête du monde pour la deuxième fois. Plus déterminés et endurcis que jamais.]