Voilà des heures qu’il était assis là, en tailleur, perché sur une petite montagne formée par les irrégularités des mangroves. Dire qu’il méditait aurait été exagéré. Il tentait certes, par sa posture et son calme apparent, de renouer avec lui-même et retrouver un semblant de tranquillité, mais la tâche était bien plus ardue qu’elle ne laissait penser. Les heures s’étaient écoulées en plus de temps qu’il ne faut pour le dire, il n’avait pas bougé d’un iota, pourtant, rien n’y faisait, il ne cessait de ressasser d’obscures pensées. Ses tourments étaient si grands, si larges, si massifs, qu’ils ne faisaient que l’absorber en leur sein, le jetant dans un lieu étrange et mal famé. Ses cauchemars éveillés prenaient toujours le pas sur sa sérénité, il se sentait faillir inexorablement, chutant vers de profonds abysses dont il préférait ne pas saisir le sens.
Voilà qui il était désormais : l’Étranger étranger à lui-même. Un homme gorgé d’amertume et de ressentiment, un homme qui tentait sans relâche de ne pas faire fi de ses principes premiers, ceux que la Voie du Sabre lui avait enseignés. Mais la bienveillance, le respect, le courage, l’honneur, la droiture, la loyauté, la sincérité… toutes ces valeurs ne lui ressemblaient plus. Elles n’avaient pas disparu pour autant, mais elles semblaient s’éloigner lentement, s’abritant derrière une brume qui ne cessait de s’épaissir.
Ainsi, il était assis là, les yeux fermés, non pas pour se réapproprier ce qu’il avait de toute évidence perdu, mais pour tenter de saisir ce qui semble-t-il lui avait échappé. Car peut-être que les principes qu’il croyait siens n’avaient en réalité jamais étaient compris.
Qu’avait-il donc à penser pour que son esprit fût à jamais débarrassé de ce brouillard opaque ? Il n’en savait rien. La seule chose qu’il retira de sa méditation était que ce n’était sûrement pas par elle qu’il allait comprendre quoi que ce soit.
Il se leva finalement. Ses muscles engourdis furent douloureux quelques secondes, signe qu’il était resté assis longtemps et bien plus que de raison. Il s’étira pour en retrouver l’usage et quitta sa montagne.
Après les pensées sombres et les tourments ressassés, l’ennui pointa à son tour le bout de son nez.
Pour s’aérer les idées, Ned décida de se balader au grove 30. Y trouver une occupation n’était pas bien difficile, le grove 30 grouillait d’attractions en tous genres, c’était l’attrape-touriste par excellence. Des stands de barbe à papa aux manèges en passant par les spectacles de rue, on y perdait la tête.
Les festivités contrastaient durement de la noirceur qui l’asphyxiait encore il y a quelques minutes. Tout de même, il préféra se laisser porter par cette légèreté ambiante, presque salvatrice dans son cas.
Au détour d’une rue, quelque chose attira particulièrement son attention. Amusante était la coïncidence de tomber nez à nez avec une armurerie alors qu’il songeait justement aux enseignements de la Voie du Sabre. En tout cas, hasard ou non, il ne résista pas à l’envie d’y faire un tour.
La devanture du magasin était à l’image de l’extravagance du grove 30. En lettres brillantes et multicolores était graffé : « Katsumori Katana’s ». Ned y pénétra avec une nonchalance qui lui ressemblait bien et découvrit l’intérieur de la boutique. L’endroit était relativement restreint mais fourmillait d’armes de tout calibre. Des haches, des fléaux, des épées, des fusils… n’importe quel combattant aurait pu y trouver son bonheur.
Le jeune archéologue observa sans grand intérêt les présentoirs, mais sa recherche portait avant tout sur des sabres. Ame No Habakiri était une lame exceptionnelle, il la maniait depuis Hinu Town, et elle ne s’était pas émoussée une seule fois. La réputation du légendaire sabre des Kozuki n’était pas exagérée. Mais sa deuxième lame, quant à elle, n’avait malheureusement pas été épargnée par toutes les batailles et affrontements. Ned le savait, et il devait se faire une raison, son sabre avait fait son temps et méritait son repos. Il était donc temps de le remplacer.
Au fond de la salle, abrité derrière un comptoir débordant d’objets, un homme dans la force de l’âge regardait le jeune sabreur en affichant un large sourire. Il n’était pas bien grand et son visage rondouillet lui conférait une moue amusante.
- Bienvenue ! Bienvenue ! répéta le bonhomme pour appuyer la formule de politesse. C’est un plaisir de vous accueillir chez Katsumori Katana’s !
L’homme n’avait assurément pas l’allure d’un armurier, mais ressemblait bien plus à un dandy ou à un noble. Drapé d’une tunique pourpre parée de dorures, son élégance dénotait des armes mortelles qu’il proposait à la vente. En revanche, il collait entièrement à l’excentricité du grove 30.
L’armurier scruta son seul client de la tête aux pieds d’un œil intrigué, se demandant sans nul doute combien celui-ci allait pouvoir lui rapporter.
- Oh, mais vous m’avez l’air d’être un formidable sabreur ! s’écria-t-il en désignant des yeux les sabres accrochés à la taille du garçon. Hm… voyons voir… au vu de vos deux sabres à la ceinture, vous êtes sûrement un adepte du Nito…Nita… Comment appellent-ils ça déjà … ?
- Nitoryu.
- Oui voilà, Nitoryu ! C’est ça !
Ned soupira intérieurement. Rares étaient les vendeurs qui transpiraient la passion et maîtrisaient leur sujet. Le jeune homme passa les discussions creuses, les formules de courtoisie et alla droit au but.
- Je cherche un sabre.
Le vendeur réprima un sourire plein de malice et, faussement déférant, invita son client à le suivre dans la partie de la boutique dédiée aux katanas.
Voilà qui il était désormais : l’Étranger étranger à lui-même. Un homme gorgé d’amertume et de ressentiment, un homme qui tentait sans relâche de ne pas faire fi de ses principes premiers, ceux que la Voie du Sabre lui avait enseignés. Mais la bienveillance, le respect, le courage, l’honneur, la droiture, la loyauté, la sincérité… toutes ces valeurs ne lui ressemblaient plus. Elles n’avaient pas disparu pour autant, mais elles semblaient s’éloigner lentement, s’abritant derrière une brume qui ne cessait de s’épaissir.
Ainsi, il était assis là, les yeux fermés, non pas pour se réapproprier ce qu’il avait de toute évidence perdu, mais pour tenter de saisir ce qui semble-t-il lui avait échappé. Car peut-être que les principes qu’il croyait siens n’avaient en réalité jamais étaient compris.
Qu’avait-il donc à penser pour que son esprit fût à jamais débarrassé de ce brouillard opaque ? Il n’en savait rien. La seule chose qu’il retira de sa méditation était que ce n’était sûrement pas par elle qu’il allait comprendre quoi que ce soit.
Il se leva finalement. Ses muscles engourdis furent douloureux quelques secondes, signe qu’il était resté assis longtemps et bien plus que de raison. Il s’étira pour en retrouver l’usage et quitta sa montagne.
Après les pensées sombres et les tourments ressassés, l’ennui pointa à son tour le bout de son nez.
Pour s’aérer les idées, Ned décida de se balader au grove 30. Y trouver une occupation n’était pas bien difficile, le grove 30 grouillait d’attractions en tous genres, c’était l’attrape-touriste par excellence. Des stands de barbe à papa aux manèges en passant par les spectacles de rue, on y perdait la tête.
Les festivités contrastaient durement de la noirceur qui l’asphyxiait encore il y a quelques minutes. Tout de même, il préféra se laisser porter par cette légèreté ambiante, presque salvatrice dans son cas.
Au détour d’une rue, quelque chose attira particulièrement son attention. Amusante était la coïncidence de tomber nez à nez avec une armurerie alors qu’il songeait justement aux enseignements de la Voie du Sabre. En tout cas, hasard ou non, il ne résista pas à l’envie d’y faire un tour.
La devanture du magasin était à l’image de l’extravagance du grove 30. En lettres brillantes et multicolores était graffé : « Katsumori Katana’s ». Ned y pénétra avec une nonchalance qui lui ressemblait bien et découvrit l’intérieur de la boutique. L’endroit était relativement restreint mais fourmillait d’armes de tout calibre. Des haches, des fléaux, des épées, des fusils… n’importe quel combattant aurait pu y trouver son bonheur.
Le jeune archéologue observa sans grand intérêt les présentoirs, mais sa recherche portait avant tout sur des sabres. Ame No Habakiri était une lame exceptionnelle, il la maniait depuis Hinu Town, et elle ne s’était pas émoussée une seule fois. La réputation du légendaire sabre des Kozuki n’était pas exagérée. Mais sa deuxième lame, quant à elle, n’avait malheureusement pas été épargnée par toutes les batailles et affrontements. Ned le savait, et il devait se faire une raison, son sabre avait fait son temps et méritait son repos. Il était donc temps de le remplacer.
Au fond de la salle, abrité derrière un comptoir débordant d’objets, un homme dans la force de l’âge regardait le jeune sabreur en affichant un large sourire. Il n’était pas bien grand et son visage rondouillet lui conférait une moue amusante.
- Bienvenue ! Bienvenue ! répéta le bonhomme pour appuyer la formule de politesse. C’est un plaisir de vous accueillir chez Katsumori Katana’s !
L’homme n’avait assurément pas l’allure d’un armurier, mais ressemblait bien plus à un dandy ou à un noble. Drapé d’une tunique pourpre parée de dorures, son élégance dénotait des armes mortelles qu’il proposait à la vente. En revanche, il collait entièrement à l’excentricité du grove 30.
L’armurier scruta son seul client de la tête aux pieds d’un œil intrigué, se demandant sans nul doute combien celui-ci allait pouvoir lui rapporter.
- Oh, mais vous m’avez l’air d’être un formidable sabreur ! s’écria-t-il en désignant des yeux les sabres accrochés à la taille du garçon. Hm… voyons voir… au vu de vos deux sabres à la ceinture, vous êtes sûrement un adepte du Nito…Nita… Comment appellent-ils ça déjà … ?
- Nitoryu.
- Oui voilà, Nitoryu ! C’est ça !
Ned soupira intérieurement. Rares étaient les vendeurs qui transpiraient la passion et maîtrisaient leur sujet. Le jeune homme passa les discussions creuses, les formules de courtoisie et alla droit au but.
- Je cherche un sabre.
Le vendeur réprima un sourire plein de malice et, faussement déférant, invita son client à le suivre dans la partie de la boutique dédiée aux katanas.