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Divergence d'épée

Voilà des heures qu’il était assis là, en tailleur, perché sur une petite montagne formée par les irrégularités des mangroves. Dire qu’il méditait aurait été exagéré. Il tentait certes, par sa posture et son calme apparent, de renouer avec lui-même et retrouver un semblant de tranquillité, mais la tâche était bien plus ardue qu’elle ne laissait penser. Les heures s’étaient écoulées en plus de temps qu’il ne faut pour le dire, il n’avait pas bougé d’un iota, pourtant, rien n’y faisait, il ne cessait de ressasser d’obscures pensées. Ses tourments étaient si grands, si larges, si massifs, qu’ils ne faisaient que l’absorber en leur sein, le jetant dans un lieu étrange et mal famé. Ses cauchemars éveillés prenaient toujours le pas sur sa sérénité, il se sentait faillir inexorablement, chutant vers de profonds abysses dont il préférait ne pas saisir le sens.

Voilà qui il était désormais : l’Étranger étranger à lui-même. Un homme gorgé d’amertume et de ressentiment, un homme qui tentait sans relâche de ne pas faire fi de ses principes premiers, ceux que la Voie du Sabre lui avait enseignés. Mais la bienveillance, le respect, le courage, l’honneur, la droiture, la loyauté, la sincérité… toutes ces valeurs ne lui ressemblaient plus. Elles n’avaient pas disparu pour autant, mais elles semblaient s’éloigner lentement, s’abritant derrière une brume qui ne cessait de s’épaissir.

Ainsi, il était assis là, les yeux fermés, non pas pour se réapproprier ce qu’il avait de toute évidence perdu, mais pour tenter de saisir ce qui semble-t-il lui avait échappé. Car peut-être que les principes qu’il croyait siens n’avaient en réalité jamais étaient compris.

Qu’avait-il donc à penser pour que son esprit fût à jamais débarrassé de ce brouillard opaque ? Il n’en savait rien. La seule chose qu’il retira de sa méditation était que ce n’était sûrement pas par elle qu’il allait comprendre quoi que ce soit.

Il se leva finalement. Ses muscles engourdis furent douloureux quelques secondes, signe qu’il était resté assis longtemps et bien plus que de raison. Il s’étira pour en retrouver l’usage et quitta sa montagne.

Après les pensées sombres et les tourments ressassés, l’ennui pointa à son tour le bout de son nez.  

Pour s’aérer les idées, Ned décida de se balader au grove 30. Y trouver une occupation n’était pas bien difficile, le grove 30 grouillait d’attractions en tous genres, c’était l’attrape-touriste par excellence. Des stands de barbe à papa aux manèges en passant par les spectacles de rue, on y perdait la tête.

Les festivités contrastaient durement de la noirceur qui l’asphyxiait encore il y a quelques minutes. Tout de même, il préféra se laisser porter par cette légèreté ambiante, presque salvatrice dans son cas.

Au détour d’une rue, quelque chose attira particulièrement son attention. Amusante était la coïncidence de tomber nez à nez avec une armurerie alors qu’il songeait justement aux enseignements de la Voie du Sabre. En tout cas, hasard ou non, il ne résista pas à l’envie d’y faire un tour.

La devanture du magasin était à l’image de l’extravagance du grove 30. En lettres brillantes et multicolores était graffé : « Katsumori Katana’s ». Ned y pénétra avec une nonchalance qui lui ressemblait bien et découvrit l’intérieur de la boutique. L’endroit était relativement restreint mais fourmillait d’armes de tout calibre. Des haches, des fléaux, des épées, des fusils… n’importe quel combattant aurait pu y trouver son bonheur.

Le jeune archéologue observa sans grand intérêt les présentoirs, mais sa recherche portait avant tout sur des sabres. Ame No Habakiri était une lame exceptionnelle, il la maniait depuis Hinu Town, et elle ne s’était pas émoussée une seule fois. La réputation du légendaire sabre des Kozuki n’était pas exagérée. Mais sa deuxième lame, quant à elle, n’avait malheureusement pas été épargnée par toutes les batailles et affrontements. Ned le savait, et il devait se faire une raison, son sabre avait fait son temps et méritait son repos. Il était donc temps de le remplacer.

Au fond de la salle, abrité derrière un comptoir débordant d’objets, un homme dans la force de l’âge regardait le jeune sabreur en affichant un large sourire. Il n’était pas bien grand et son visage rondouillet lui conférait une moue amusante.

- Bienvenue ! Bienvenue ! répéta le bonhomme pour appuyer la formule de politesse. C’est un plaisir de vous accueillir chez Katsumori Katana’s !

L’homme n’avait assurément pas l’allure d’un armurier, mais ressemblait bien plus à un dandy ou à un noble. Drapé d’une tunique pourpre parée de dorures, son élégance dénotait des armes mortelles qu’il proposait à la vente. En revanche, il collait entièrement à l’excentricité du grove 30.

L’armurier scruta son seul client de la tête aux pieds d’un œil intrigué, se demandant sans nul doute combien celui-ci allait pouvoir lui rapporter.

- Oh, mais vous m’avez l’air d’être un formidable sabreur ! s’écria-t-il en désignant des yeux les sabres accrochés à la taille du garçon. Hm… voyons voir… au vu de vos deux sabres à la ceinture, vous êtes sûrement un adepte du Nito…Nita… Comment appellent-ils ça déjà … ?
- Nitoryu.
- Oui voilà, Nitoryu ! C’est ça !

Ned soupira intérieurement. Rares étaient les vendeurs qui transpiraient la passion et maîtrisaient leur sujet. Le jeune homme passa les discussions creuses, les formules de courtoisie et alla droit au but.

- Je cherche un sabre.

Le vendeur réprima un sourire plein de malice et, faussement déférant, invita son client à le suivre dans la partie de la boutique dédiée aux katanas.
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Dans un coin de l’armurerie, on dénombrait pas moins d’une centaine de sabres. Ils s’amoncelaient sur des présentoirs et étagères et débordaient de grands paniers en osier. Les mains jointes, fier de ce qu’il avait à proposer, l’armurier afficha un grand sourire.

- Alors, monsieur, dites-moi ce qu’il vous faut. Je suis sûr que vous trouverez votre bonheur ici.

Ned resta silencieux et fit lentement le tour de l’endroit, parcourant ce dernier du regard afin d’y scruter la moindre lame disposée. Il en prit en main quelques-unes, mais les reposa rapidement un affichant une mine insatisfaite. L’armurier, constatant le désintérêt grandissant de son client, s’affola soudainement et courut en réserve.

Il revint une minute plus tard, chargé comme un mulet de sabres en tous genres. Un à un, il les déposa devant son client impatient, qui désespérait progressivement.

- Que pensez-vous de ce katana ? Il vous plaît ?
- Non.
- Et cette lame-ci ?
- Non.
- Je pense que celle-ci vous irez bien.
- Non.
- Et celle-ci ?
- Non plus.
- Et celle-ci ?
- Toujours pas.
- Et celle-ci ?
- C’est un arc.
- Ah. Pardon. Attendez, j’ai trouvé la perle rare. Je suis sûr que ce sabre vous plaira. On l’appelle le « Tigre des Enfers », admirez sa lame rouge et son fourreau flamboyant !
- Tape-à-l’œil.
- Euh… Attendez alors, j’en ai encore d’autres en réserve !
- Laissez tomber, souffla l’Étranger.

Ned tourna les talons sans dire un mot de plus et se dirigea vers la sortie. L’armurier, qui se révélait être plus un charlatan qu’un honnête vendeur, tenta vainement de le rattraper. Mais tout à coup, dans sa route, Ned s’arrêta brusquement et le vendeur collé à ses basques s’écrasa violemment contre son dos.

- Outch ! lâcha-t-il spontanément alors qu’il se retrouvait cul par terre.

Ned n’y prêta pas attention, son regard s’était soudainement figé vers quelque chose qui avait ravivé son intérêt. Quelque chose placé dans un recoin sombre et discret, jeté au fond d’un panier au milieu d’autres vulgaires sabres.

Le jeune homme s’approcha et tira le katana caché, le révélant au grand jour.

Le fourreau, la garde et la poignée de l’arme étaient d’une finition exemplaire et d’une irréfutable beauté. Ned observa le sabre un moment, silencieux. Puis, il tira la lame de son fourreau et un sifflement métallique résonna dans la boutique. Il tourna la lame dans un sens, puis dans l’autre pour tester son équilibre, plissa les yeux pour admirer son tranchant et finalement, afficha un léger rictus.

- Celui-ci.

L’armurier se remit d’aplomb difficilement et quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne reprenne ses esprits. Il s’ébroua et se toucha le bout du nez pour vérifier que ce dernier n’était pas cassé.

- Celui-ci dites-vous ? bégaya-t-il, tout juste remis de ses émotions. Eh bien oui, c’est un très bon choix, ce sabre est magnifique. Je ne l’avais jamais vu d’ailleurs, qu’est-ce qu’il faisait ici ?
- Je vous l’achète.
- Eh bien dans ce cas, il est à vous ! se réjouit le vendeur, satisfait d’avoir fait une affaire.

Ned continua de faire tournoyer la lame pour se familiariser avec, si bien qu’il n’entendit pas les paroles de l’armurier, qui sans doute lui parlait argent et paiement.

Tous deux occupés d’une manière différente, ils omirent également les bruit des bottes qui tonnaient depuis l’entrée et le retentissement de la cloche près de la porte.

- Katsumori, je vous interdis de vendre ce katana à cet homme.

Interloqués, les deux hommes se retournèrent vers la porte d’entrée de la boutique, là où une voix féminine et sévère s’était fait entendre. Le vendeur, Katsumori de son nom, afficha subitement une mine déconfite. Ses traits de visage se décomposèrent et toute sa stature s’affaissa comme si le poids du monde s’écrasait sur ses épaules. Ses jambes chancelèrent et il fit un pas en arrière, se sentant soudainement menacé.

- M-ma…ma…Ma…Mademoiselle Sakamoto ?! s’étrangla-t-il en faisant un bond d’un mètre. Q-Qu’est-ce que vous faites ici ?

S’avançant depuis l’entrée en faisant crisser ses bottes, la jeune femme planta son regard dans celui de l’armurier. Petite, droite comme un piquet, elle avait de longs cheveux sombres parfaitement coiffés et des yeux durs, mais empathiques. Plantée dans un uniforme de la marine immaculé et bien ajusté, elle s’arrêta brusquement devant les deux hommes, faisant ainsi virevolter le manteau de la justice qui flottait sur ses épaules étroites.

- Dois-je vous justifier mes déplacements sur l’archipel que je protège, Katsumori ?
- Euh…b-bien sûr que non mademoiselle Sakamoto. C’est…c’est juste que je suis surpris de votre venue.
- Je suis venue récupérer mon katana, cela fait plus d’une semaine que vous êtes censé l’avoir aiguisé. Mais je dois dire que je suis très déçue de voir que vous vous abaissez à commercer avec un pirate.
- Un pirate ? répéta l’armurier d’un air confus.
- Cet homme-là, s’exclama-t-elle fermement en pointant Ned du doigt. Il fait partie de ces maudits Sandstorm Pirates, l’équipage du Capitaine Corsaire Fear !
- Les Sandstorm Pirates ? Vous voulez parler de ceux qui ont protégé l’archipel des Mangemonde ? demanda Katsumori avec une certaine incompréhension dans le regard.

Ned esquissa un sourire discret. Sans s’en rendre compte, le vendeur venait de vexer l’officière, défaite elle-même par ses propres affirmations.

- Merci pour le katana, monsieur Katsumori. Mettez-le de côté si vous le voulez bien, je vais vous chercher l’argent qu’il faut.

Faussement naïf, Ned décida d’en rajouter une couche, usant au passage d’une déférence qui, a priori, ne convenait pas à un soi-disant vulgaire pirate comme lui. Mais très vite, la Commandante s’interposa, bien décidée à se faire entendre.

- Je crois que je ne me suis pas bien fait comprendre. Avez-vous la moindre idée de l’arme dont il s’agit, pirate ?
- Oui, la mienne, persista Ned avec insolence.
- Ce sabre se nomme Shigure, c’est un joyau de la Marine en plus d’être une arme de troisième rang. Il a appartenu à la légendaire Colonelle Tashigi, puis a été légué durant plus d’un siècle aux officiers les plus méritants. Shigure est un symbole d’ordre et de justice. Des valeurs que nous représentons, nous, garants de la loi ! Des valeurs qui vous sont étrangères !
- Et bien, merci de m’en apprendre plus sur l’histoire de mon nouveau sabre. Shigure, vous dites ? J’en ferai bon usage.
- Vous êtes sourd ? Je vous l’ai dit, il est hors de question que vous achetiez ce sabre. Je vous interdis de le vendre, Katsumori ! s’écria-t-elle en se tournant vers le vendeur qui, surprit, leva les bras comme si on tentait de le braquer.
- Mais…mademoiselle, sauf votre respect, et s’il vous plaît ne vous vexez pas… ce sabre est la propriété de mon commerce, je suis tout à fait en règle, vous ne pouvez m’interdire cette vente sous prétexte que cette arme a une histoire particulière. Notre affaire est déjà conclue, et puis vous le savez, je n’ai qu’une parole, je ne peux faire machine arrière désormais, il en va de mon honneur en tant que commerçant !

Cette fois, Ned ne put masquer son sourire. Il était ô combien étonné de constater que Katsumori était un bien plus honnête et intègre vendeur qu’il n’y paraissait de prime abord.

Tout semblait jouer en faveur de l’Étranger, et voir qu’en plus de cela celui-ci s’amusait de la situation fit plonger l’officière dans une profonde colère et manqua presque de la faire sortir de ses gonds, elle qui à l’accoutumée était d’une droiture irréprochable.

- Et puis… si comme vous dites, ce monsieur appartient aux Sandstorm Pirates… ne mérite-t-il pas une récompense pour nous avoir protégé de la barbarie de ces géants ?

Cette fois, c’en fut trop. La jeune officière serra les poings, furieuse d’entendre des éloges destinés à un pirate. Mais finalement, au bout de quelques secondes, elle se retint de perdre les pédales et retrouva habilement un calme olympien.

- Soit. Je ne m’immiscerai pas dans vos affaires, Katsumori. En revanche, vous, si vous prétendez être digne de brandir Shigure, prouvez-le. Affrontez-moi en duel.

Le mot était fort et solennel. Il y eut un silence lourd de sens, on n’entendit plus qu’une mouche voler, puis l’armurier déglutir.

- Le vainqueur de ce duel récupérera Shigure, lança-t-elle en faisant volte-face.

Katsumori s’empressa d’aller chercher le katana de la Commandante derrière son comptoir. Une fois trouvé, il lui remit en main propre en s’inclinant.

- Si vous n’êtes pas lâche, reprit Sakamoto de dos en attachant son sabre à sa ceinture, retrouvez-moi dans le champ du grove 28 dans une heure.
Sans dire un mot de plus, l’officière disparut, faisant sonner une dernière fois la cloche de la porte d’entrée. Après quelques secondes, s’assurant qu’elle était bien partie, Katsumori poussa un soupir interminable et libérateur. Il essuya du revers de sa manche les gouttes qui perlaient sur son front et essaya de faire le vide dans son esprit. Mais il sursauta de nouveau, se rappelant ce qui venait de se passer.

- Attendez, mais…elle vous a défié en duel ! Bon sang de bonsoir, la Commandante Sakamoto vous a défié ! Monsieur, je ne doute pas de vos capacités, mais vous devriez profiter de ce moment pour quitter Shabondy au plus vite ! La Commandante est…redoutable. Vraiment, je n’exagère pas, elle est très forte… Et puis, elle me fout les jetons à chaque fois qu’elle débarque ici. Non franchement, il vaut mieux que…
- Katsumori, je vous remercie pour Shigure, le coupa Ned. Je vous amène votre argent. Mais… dites-moi…

Le silence gagna une nouvelle fois la pièce et Katsumori cessa ses lamentations en se tournant vers le jeune sabreur. L’armurier ne décela pas la moindre peur, mais plutôt une excitation, trahie par le sourire dément qui pendait aux lèvres du garçon.

- Dites-moi où se trouve le grove 28.
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Ned avait payé ce bon vieux Katsumori. Dix millions de berrys, ce n’était pas cher payé pour un sabre aussi remarquable que Shigure.

Après l’avoir manié de longues minutes durant, Ned brûlait d’envie de l’essayer au combat. La proposition de l’officière Sakamoto n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd, d’autant plus que les mises en garde de Katsumori n’avaient fait que raviver son excitation déjà présente. Comment pouvait-il refuser un duel d’honneur, lui qui avait baigné dans les enseignements du Sabre toute sa vie ?

Il se dirigeait à grand pas vers le grove 28, lieu de son rendez-vous. La sueur, le sang, le tintement métallique des lames, voilà bien des choses qu’il connaissait. Pourtant, l’appel du combat ne cessait jamais de la faire frémir, il était son leitmotiv, le cœur de ses agissements. Ce n’était pas dans le calme et la méditation qu’il se retrouvait, mais bien dans la lutte acharnée et l’épreuve du corps, là où, en s’éprouvant, il pouvait surmonter ses tourments. La leçon de ce jour n’avait finalement rien d’une introspection, elle était un instant d’épée où le choc de l’acier contre l’acier servirait à panser son cœur.

Le grove 28 n’était désormais plus qu’à quelques pas. Il n’y avait qu’une vaste plaine verdoyante où ne résonnait que le vent et l’éclatement des bulles au sommet des arbres mangroves. Scrutant l’horizon silencieusement, Ned ouvrit son regard et ne perçut qu’une seule âme, qu’un seul souffle de vie aux alentours. Régulier, léger mais épais à la fois, il se diffusa lentement jusqu’à lui, emplissant le fond de son esprit.

Ned leva la tête. Au loin, assise sur un talus, les genoux au sol et les mains enlacées, la jeune officière Sakamoto attendait patiemment. Ses cheveux de jais avaient été enroulés en un chignon tenu par une fine baguette de bois. Elle entendit les pas de l’Étranger se rapprocher, mais demeura stoïque, les yeux clos.

- Qu’es-tu venu chercher, « l’Étranger » ? Le sang ? La gloire ? Le gain ?
- Ta proposition était honorable, voilà tout. Tu n’as de cesse de défendre tes idéaux, et je ne cesse de protéger les miens. Si tu réclames l’ordre, la justice et que tu me juges indigne, laisse-moi dont te montrer qui je suis.
- De belles paroles, pirate. Mais entre elles et tes actes, j’y perçois un gouffre. Tu auras beau prétendre à l’honneur, jamais tu ne pourras ne serait-ce que l’effleurer.
- Tu parles de mes mots, mais tu continues à te confondre en sermons. Si tu veux des actes, Leslie Sakamoto, approche-donc.

Sur cette invitation, Ned dégaina ses lames, faisant ainsi scintiller l’éclat d’Ame No Habakiri et de Shigure, réunis ensemble pour la première fois.

- Soit. Je tâcherai d’en finir rapidement. Shigure, ne doit pas être sali plus que de raison.

Sakamoto se leva lentement et retira le manteau de la justice de ses épaules. Tandis que ce dernier flottait jusqu’au sol, l’officière descendit de son talus et fit face au jeune sabreur. Elle tira sa lame dans un sifflement métallique et se mit en garde. Sa posture était droite, ferme et imperturbable.

Le sabre levé, tenu des deux mains, les pieds écartés l’un devant l’autre pour plus de stabilité, le souffle lent, le regard concentré, Leslie Sakamoto était prête.

Face à elle, une garde relâchée, deux lames tenues verticalement, parallèles, un regard confiant, des muscles prêts à se contracter. Ned Mayhem était prêt.

Il y eut un silence, qui dura quelques secondes. Une légère brise flotta entre les deux adversaires, puis il y eut un coup de vent, qui signa le début du duel. Sakamoto avait fait deux pas et s’était ancrée au sol, écrasant la terre sous ses pieds. Ned, face à elle, s’était élancé avec véhémence, brisant en une fraction de seconde la distance qui les séparait. Il frappa au flanc, une première fois, mais la garde adverse était impénétrable. Il réitéra son geste, mais feinta en basculant sur le côté opposé. Et une frappe. De nouveau. Plus forte, plus vive, mais pas suffisante. Sakamoto se contenta de repousser les assauts, suivant du regard le moindre mouvement adverse. Quand elle décela une faille, elle s’y engouffra. Le bras gauche de Ned, placé trop haut, lui permit de se glisser sous ses côtes avec une agilité féline. Sa lame frappa et toucha le flanc gauche.

La blessure était superficielle, mais elle était bien là. Ned en fit abstraction. Il se replaça d’un bond en arrière, comprenant que sa position était faillible. Mais Sakamoto, douée non seulement par sa force, mais surtout par son intelligence, ne lui laissa pas le temps de retrouver ses marques et se volatilisa.

- Soru.

Ned n’eut le temps que de pivoter la tête sur un côté pour tenter de retrouver son adversaire. Mais, elle avait été bien trop rapide. Incapable de l’apercevoir avant qu’elle ne se mût dans son dos, il ne put qu’encaisser un assaut redoutable. Il croisa ses lames in extrémis pour parer la frappe d’estoc qui cherchait à le pourfendre, mais l’onde de choc le propulsa plusieurs mètres en arrière. Ses pieds râpèrent le sol et il s’arrêta finalement dans sa course à reculons. Une fois de plus, elle ne lui laissa pas le temps de renouveler sa stratégie ou de penser à d’éventuelles failles. Dans un geste imperceptible, elle déploya une large lame d’air en diagonale qui fendit le sol jusqu’à lui. Il songea un instant à esquiver, mais plus la lame tranchante se rapprochait, plus sa zone d’impact grossissait à vue d’œil. Alors, il pivota ses pieds pour changer de garde, leva ses sabres et les fit tournoyer à toute vitesse, sans interruption.

- Nitoryu…

La lame d’air se rapprocha inexorablement et lorsqu’elle frappa, elle se heurta à un large cercle tranchant provoqué par l’interminable mouvement circulaire.

- Kasumi Kagami.

L’arc-de-cercle provoqué par la Commandante s’écrasa bruyamment contre le cercle tranchant initié par Ned. Dans une nuée d’étincelles, les lames d’air finirent par se dissiper. L’officière, cette fois, marqua une pause qui signa son étonnement. Ned n’était pas aussi mauvais qu’elle l’avait pensé.

Sa détermination sans pareille le poussa d’ailleurs à ne pas s’octroyer un instant de répit, et il fondit de nouveau vers la duelliste. Il tenta de frapper à la verticale, mais elle esquiva aisément d’un pas de côté. Un bond lui permit de reprendre la hauteur et de glisser derrière elle, cependant, elle para de nouveau l’assaut rageur qui venait du ciel. Après avoir repris position au sol, il tenta de lui trancher les jambes. Elle le repoussa à l’aide de sa lame, démontrant une force bien plus grande que la sienne. Projeté en arrière, il retrouva ses appuis rapidement, mais à son tour, fut contraint de marquer une pause, réalisant à cet instant qu’elle était bien plus forte que lui. Un rictus se dessina aux coins de ses lèvres alors qu’il comprenait que pour la vaincre, il allait devoir se surpasser.

- Voie de l’Eau, Serpent des Mers.

Ned eut tout juste le temps de reprendre ses esprits qu’une immense lame d’air sous la forme d’un serpent chercha à l’engloutir. Pour s’en débarrasser avant qu’elle ne l’atteignît, il plaça ses lames en diagonale et s’élança d’un bond.

- Kamigiri ! cria-t-il avec hargne.

Sa frappe en biais déchira le serpent, le scindant en deux lames d’air qui s’écrasèrent de chaque côté. Il retrouva le sol, le souffle court. Sakamoto semblait n’avoir eu aucun mal à projeter son attaque dévastatrice, qui aurait sans nul doute envoyé le jeune sabreur dans l’autre monde s’il n’avait pas su réagir à temps. Pas la moindre goutte de sueur ne perlait le long de son front et son souffle était long et lent, trahissant le calme qui régnait en elle. Il n’y avait plus l’ombre d’un doute : elle le surpassait.

- Hm, soupira Sakamoto.

La mine qu’affichait l’officière en disait long sur sa surprise. Ned n’en démordait pas pour autant malgré l’écart de niveau qui les séparait. Il s’avança d’un pas et pointa Ame No Habakiri dans la direction de son adversaire.

- Ittoryu, Akarui.

Un mouvement rotatif, bref, violent, projeta à toute vitesse une lame d’air en forme de tube. L’attaque fondit en une fraction de seconde, surprenant la Commandante qui vit le conduit tranchant jaillir vers ses yeux. Elle redressa sa lame pour parer l’éclair, mais la vitesse et la force du coup l’obligèrent à se détourner de sa parade et à effectuer une roulade sur un côté. Elle se releva ensuite, les yeux sombres et les sourcils froncés.

Son chignon s’était défait, ses cheveux volaient au vent et son uniforme, immaculé à la base, était désormais couvert de poussière et de terre. Elle retrouva sa garde habituelle, animée par une détermination nouvelle. Ned fit tomber le haut de son kimono en le rabattant sur ses cuisses. Torse nu, libre de ses mouvements, il reprit à son tour sa première garde et s’ancra dans le sol, prêt à jaillir.

Leslie Sakamoto face à Ned Mayhem… ainsi débutait réellement leur duel.
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Frappe, esquive, parade, frappe, bond, heurt, esquive, parade.

Les minutes s’écoulaient lentement depuis l’extérieur, mais pour eux, prisonniers de l’adrénaline et du rythme effréné de l’acier, tout s’était enchaîné en un temps éclair. Essoufflés, éprouvés, les deux bretteurs se livraient corps et âme dans leur duel d’honneur. Ned était blessé, contrairement à Sakamoto. La peau lacérée à de multiples endroits du corps, la douleur commençait à se faire sentir et l’entravait dans ses mouvements. Après une énième passe d’armes, la Commandante et le corsaire firent un bond en arrière pour se replacer. Haletant bruyamment, Ned passa sa main sur les plaies superficielles qui parsemaient son corps. Il était mal en point, il n’y avait pas de doute là-dessus. Pourtant, son esprit ne flanchait pas le moins du monde. Si c’est la mort qui l’attendait, alors il allait l’embrasser avec fierté, sans avoir tourné le dos à l’adversité.

Toutefois, il comptait bien préserver sa vie et pour ça, il lui fallait redoubler d’efforts pour empêcher la Marine de l’occire. Ned se devait de vaincre, c’était sa seule option.

Faisant fi de la douleur qui lui comprimait les muscles, il fondit de nouveau sur la Commandante. Elle maintint sa garde sans bouger d’un iota, jugeant l’assaut du pirate prévisible. Mais, arrivé à un pas d’elle, il s’arrêta brusquement alors qu’elle tentait de le frapper en longueur et il tournoya en déployant un anneau tranchant autour de lui.

- Seizan Kyoka.

Surprise, alors qu’elle pensait que Ned s’apprêtait à la charger sans retenue, elle ne put contrer le cercle tranchant qui ceinturait le sabreur. La lame d’air arquée déchira son uniforme jusqu’ici vierge de toute lacération et taillada ainsi son bas ventre. Elle grimaça en réprimant un râle de douleur et finalement, un saut périlleux en arrière l’extirpa de l’attaque.

La mine amère qu’elle afficha n’était pas liée à la plaie béante qui lui brûlait les tripes, mais bien à la colère qui lui montait au nez. Elle s’en voulait d’avoir fait une erreur aussi grossière, de s’être fait avoir par une feinte, qui, si elle avait fait preuve d’un peu plus de vigilance, aurait pu être aisément esquivée. Cependant, sa vraie erreur n’était pas d’être tombée dans un piège grossier en manquant de concentration, mais bien d’une fois encore avoir sous-estimé l’Étranger. Elle ne comprenait pas. Elle ne comprenait plus. Un voile brumeux avait soudainement fait son apparition et tapissait désormais son esprit échauffé. Il était blessé, épuisé, pourtant il n’abandonnait pas. Comment lui, un vulgaire pirate, animé par des désirs primaires et guidé par sa soif de gloire pouvait-il se montrer aussi engagé dans ce duel, sans faire le moindre pas de recul, alors que le niveau qui les séparait n’était un secret pour personne ? Comment un homme sans foi ni loi pouvait passer outre la douleur et ne pas se délester de son engagement dans le combat ? Comment lui, d’apparence si lâche, aux idéaux grossiers, pouvait faire preuve d’un honneur indéniable ?
Leslie Sakamoto ne savait plus. Et alors qu’elle toisait l’Étranger, qui ne s’était jamais dérobé, qui n’avait jamais relâché sa garde, elle ne put que réaliser avec effarement qu’il se montrait digne en tout point.

- C’était une belle feinte, avoua-t-elle sans même s’en rendre compte. Je t’ai laissé trop d’espace, n’est-ce pas ? Je vais tâcher de rectifier le tir.

L’officière disparut dans une énième Soru. Elle réapparut sous le flanc de gauche de Ned, qui repoussa sa frappe latérale en croisant ses lames. Il effectua un demi-tour pour se replacer derrière elle, mais elle fit de même et leurs lames s’entrechoquèrent une fois encore. Dans un élan de conviction et de combativité, ils s’échangèrent légion de coups, sans prêter attention aux attaques qui passèrent au travers de leur garde et qui les touchèrent de plein fouet.

Frappe, parade, heurt. Frappe, parade, heurt. Frappe, parade, heurt. Tel fut le rythme entonné par le chant du duel d’épée.

Une femme et un homme guidés par le même Code des Samouraïs, mais aux parcours de vie radicalement opposés. Unis par des principes, éloignés par d’autres, en ce jour, au grove 28, ils conversèrent par leurs lames, afin qu’à l’issue du débat, celui qui avait raison sorte victorieux.

Un bond et Ned, par son agilité et son élégance félines, retrouva appui derrière Sakamoto. Puis, une frappe. Sèche et vive. Mais, le meitou de la Commandante glissa dans son dos et contra la véhémence du corsaire. En un éclair, elle s’abaissa en mettant genou au sol et lacéra les cuisses de son adversaire. Hélas, elle fut ainsi contrainte de baisser sa garde l’espace d’une demi-seconde, permettant à Ned de s’engouffrer dans la faille. Shigure se planta dans l’épaule de l’officière, mais il ne put la trancher car elle se retira à temps en se jetant en arrière.

Dans les airs, elle déploya deux lames d’air courbées. Puissantes, rapides, aux allures de faucheuses venues cueillir les vivants pour les emporter à la mort, elles fondirent à toute vitesse sur leur proie. Fermement équilibré sur ses appuis, Ned repoussa la première de toutes ses forces dans un cri rageur. La seconde, bien trop rapide, était en passe de l’anéantir. Ne pouvant la contrer et encore moins la repousser, il chercha à esquiver en roulant sur un côté. Mais, alors qu’il s’apprêtait à se jeter, la douleur dans ses cuisses lui comprima les muscles et l’empêcha de faire le moindre geste. Sakamoto avait touché un nerf.

Ned releva la tête et ne put qu’accepter son sort. La lame d’air lacéra son ventre et la puissance de l’onde de choc l’éjecta un mètre plus loin.

Face contre terre, le corps tuméfié, une gerbe de sang s’échappa de ses lèvres, signe que ses entrailles avaient été touchées. Dressée à quelques mètres de lui, Sakamoto respirait de manière saccadée, épuisée par le duel acharné qu’elle venait de mener. Le corps vacillant, elle s’assura de rester droite malgré l’envie irrépressible de flancher.

La défaite était de toute évidence actée. Mais Ned respirait encore, et malgré sa lucidité fuyante, il savait que l’abandon ne tenait qu’à lui. Le corps n’était qu’un outil, esclave de l’esprit et de la détermination. S’il décidait de ne pas faillir, alors il ne faillirait pas. Il se sentait capable, encore, d’attaquer une dernière fois. Fuir cette constatation aurait été le comble du déshonneur.

Alors, réunissant le peu de forces qu’il lui restait, dans un râle de souffrance, il repoussa le sol de ses poings pour se relever. La terre sous ses pieds sembla trembler, mais ce n’étaient que ses pieds qui chancelaient. Ses sabres paraissaient atrocement lourds, mais ce n’étaient que ses bras qui faiblissaient. Sa vision était trouble, ses oreilles sifflaient, son souffle était court, son corps était abîmé, mais malgré cela, il était debout. Peinant à entrouvrir les lèvres, le corps meurtri de l’intérieur, il parvint tout de même à balbutier ses derniers mots.

Des mots qu’ils connaissaient par cœur.

- C-celui…qui choisit de vivre tout en ayant failli à sa mission encourra le mépris et sera à la fois un lâche et un raté…

Il y eut un silence. Ned se mit en garde. Sakamoto, face à lui, fit de même. Leurs regards se traversèrent et plongèrent l’un dans l’autre.

- Celui qui meurt après avoir échoué, meurt d’une mort fanatique, qui peut sembler inutile.

Sakamoto afficha un sourire. Ned s’ancra au sol.

- Mais il ne sera pas déshonoré. Telle est en fait…


- La Voie du Samouraï.

Ils jaillirent en même temps, en un éclair. Traversant la terre et l’air qui les séparait, ils s’enlacèrent une dernière fois sous le fracas de leurs épées.

Ils terminèrent leur course l’un derrière l’autre.

Le grove 28 retrouva le silence. Puis il y eut le bruit d’une lacération, quelques secondes après.

Le torse de Ned s’ouvrit en diagonale dans un flot de sang. Il abaissa son regard pour constater la plaie, décrocha un rictus et s’écroula.

Leslie Sakamoto rangea sa lame dans un sifflement métallique. Le corps éprouvé, elle observa longuement son adversaire gisant au sol. Un souffle de vie demeurait, léger, presque imperceptible. Elle tourna son regard vers Shigure, délaissée au sol, puis regarda de nouveau celui qu’elle avait vaincu. Ses yeux ne reflétèrent qu’un respect sincère. Sans dire mot, elle se hissa sur le talus du grove 28 et récupéra son manteau de la justice.

Haletante, le pas lourd, elle tourna les talons et s’en alla, victorieuse.
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Ned ouvrit les yeux difficilement. Il avait un mal de crâne si terrible que c’était comme si quelqu’un s’amusait à marteler ses neurones. Il était resté face contre terre bien trop longtemps, à tel point que le sol s’était imprimé sur son visage tuméfié. Il roula sur un côté et ses poumons, aplatis contre la terre durant des heures, se libérèrent enfin.

Une grande bouffée d’air lui rappela qu’il était bel et bien en vie. Toutefois, la douleur le terrassait et l’empêchait ne serait-ce que d’essayer de se lever. Contraint cette fois-ci d’écouter son corps qui avait atteint ses limites, il resta sur le dos à contempler le ciel et le sommet des arbres mangroves.

Il avait perdu.

Sa défaite était cuisante et indéniable, il ne pouvait désormais que l’accepter. Sakamoto était plus puissante et plus douée en tout point, sa victoire n’était pas usurpée.

Ned repensa à la journée qu’il venait de traverser, se remémorant sa méditation et ce qu’il avait essayé d’en tirer. Lui qui était accablé par ses tourments et frappé par un immense sentiment d’absurdité quant au sens des choses, voilà qu’étrangement, aux portes de la mort, il se réjouissait d’être en vie.

Il avait combattu avec toute son âme, mettant en jeu sa propre vie, sans jamais se détourner de son engagement. Voilà donc qu’il comprenait un peu mieux les principes qu’il s’efforçait de respecter. L’honneur ne résidait pas dans l’expression d’une fierté démesurée, mais bien dans un engagement plein, total et sincère de son existence. L’honneur était sa lueur dans la pénombre, l’empêchant de faillir ou d’abandonner au pied d’une montagne qu’il lui fallait gravir.

Il avait perdu.

Il ne chercha pas à se bercer d’illusions en se faisant croire qu’il apprenait dans l’échec. Non, il avait perdu et se devait d’accepter pleinement ce fait, en ce jour et à l’avenir.

Un long soupir le revigora étrangement et, non sans peine, il parvint finalement à se redresser après de longues minutes. La plaie béante qui fendait son buste le faisait atrocement souffrir. L’entaille était profonde et le marquerait à vie sans l’ombre d’un doute. Elle chevauchait la large cicatrice que lui avait laissé l’officier Shoga il y a presque un an. Coïncidence ou signe étrange, les deux blessures qui se réunissaient et formaient désormais une longue croix sur son torse avaient été causées par deux membres de la Marine.

Tout à coup, un souvenir lui traversa le crâne en un éclair. Il abaissa son regard et chercha l’arme qu’il crut disparue. Mais contre tout attente, Shigure était bien là, posée au milieu des hautes herbes, toujours aussi resplendissante. Ned ne put s’empêcher de décrocher un sourire, satisfait et soulagé de voir que Sakamoto ne s’était finalement pas résignée à lui reprendre Shigure. Sans doute que ses préjugés s’étaient finalement estompés.

Ned récupéra ses deux meitous et les replaça à sa ceinture. Il déchira le haut de son kimono dans un râle de douleur et l’enroula autour de la plus large plaie à son buste.

Éprouvé, blessé, l’Étranger parvint à mettre un pied devant l’autre et finalement, il reprit sa route dignement.
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