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L'histoire du Redoutable et de la bande de nains.

Nous étions enfin arrivés à bon port, après une traversée qui avait duré une éternité, nous voilà enfin à destination ! En provenance du Royaume de Drum, l’objectif était cette fois-ci de pouvoir récupérer un navire ! Et pas n’importe lequel pour le coup, car il s’agissait de notre navire ! Rien que de savoir que nous allions enfin avoir notre propre embarcation, me soulager grandement. Car depuis le début de ma carrière de pirate, je ne faisais qu’une seule et unique chose, squatter des navires ou en voler sans jamais pouvoir avoir ce plaisir de possession.

Notre bon et loyal cuirassé avait brillamment rempli sa part du marché, il méritait à présent une retraite paisible. Vu son état aussi bien extérieur qu’intérieur, je doute fort qu’il aurait encore supporté bien longtemps notre présence à bord. Il faut dire que nous n’étions pas les gens les plus soigneux au monde, loin de là. Mais je comptais bien que cela change, une fois que nous serions à bord de mon navire ! Hors de question de le transformer comme le bâtiment de guerre en poubelle flottante ! Merde, cela puait encore le requin pourri à plein nez sur le pont des semain
es plus tard ! Et je ne parle même pas des dortoirs à croire que j’avais recruté une armée de porcs.


Mais j’avais d’autres préoccupations en tête, notamment l’après. Car c’est bien beau d’avoir son navire, mais faut-il encore pouvoir en faire quelque chose ! Et justement, une question restait en suspens… le cas Olek. Ce vieux salopard n’avait plus donné signe de vie depuis une éternité, je refusais de croire qu’il avait passé l’arme à gauche. Bien trop con et borné pour se laisser tuer, surtout par la bleusaille. Peut-être que j’allais justement en savoir davantage une fois sur Alvel, d’après ce que j’avais entendu dans l’équipage il s’agissait d’une île aux mains de puissants pirates avec un chantier naval.
Outre le fait que cela me rappelait fortement mes débuts à Rokade, c’était l’endroit parfait pour baiser et apprendre les dernières nouvelles. Cela faisait une éternité que je n’avais pas pris le temps de poser mon cul dans une taverne pour boire à en perdre la raison et pouvoir écouter les histoires de soulards du coin. Le tout bien évidemment accompagné de par de charmantes demoiselles aux gros arguments. J’en salivais d’avance en y pensant !
J’avais chargé Gabin de tenir en laisse ses zouaves, je connais que trop bien comment généralement ce genre de soirées se terminent. Je n’avais pas envie que cela se transforme en champs de bataille, du moins pas le premier soir. Je m’attendais de toute façon à ce que l’on nous vienne renifler l’arrière-train dans tous les cas. C’était le genre, le genre d’endroit idéal pour de jeunes rookies voulant se faire un nom en cassant la gueule à plus fort que sois. Bon, comme je l’avais vu et revu sur Rokade, bien souvent c’était le rookie qui finissait les tripes à l’air. Mais, il arrivait parfois que sur un malentendu l’inverse se produise.
À l’annonce de notre arrivée imminente, je décidais de sortir de ma cabine pour humer l’air et surtout me faire une idée de l’endroit. Qu’est-ce que cela faisait du bien de voir un port en bordel, avec exclusivement des pavillons noirs à quais. Pas de toute, nous étions ici chez nous, à un détail près, nous débarquions comme des bourrins avec un ancien navire de la Marine. Je doute forte que cette fois-ci notre arrivée passe inaperçue auprès de la population locale.


Filant tout droit vers notre destination, William me fit remarquer que notre présence avait créé un soudain vent de panique sur les quais d’Alvel. Prenant à mon tour la longue-vue, je pus en effet constater que nous venions de taper du pied dans une fourmilière. C’était assez comique de voir ces petits points noirs courir de façon anarchique pour espérer prendre la mer le plus tôt possible pour éviter de croiser notre route. La plus grande crainte de William était que tout ce beau monde décide subitement de nous envoyer bouffer les coraux par la racine. Mais le pirate ne brille que trop rarement par son courage, il préfère généralement utiliser la ruse et la sournoiserie pour ensuite prendre la poudre d’escampette avant d’avoir affaire à plus fort que lui. Je ne me faisais donc guère de soucis sur les risques de ripostes.


Il fallait surtout voir les choses du bon côté ! Plusieurs embarcations avaient déjà quitté leurs emplacements pour filer tout droit vers la mer en prenant soin de mettre le plus de distance possible entre eux et nous. Nous avions donc à présent l’embarras du choix pour garer notre énorme tas de ferraille puant le poiscaille pourri.
Alors que nous filions droit vers les quais, une véritable haie d’honneur improvisée s’était formée sur notre passage avec les embarcations des fuyards. Toutefois, le vent de panique semblait redescendre en intensité, au fur et à mesure de notre progression. Une fois l’effet de surprise passé, il apparaissait aux yeux de tous que ce bâtiment de guerre n’était absolument pas occupé par des soldats armés jusqu’aux dents avec la ferme intention de capturer du pirate à la chaîne, mais à un ramassis de sans-dents de la pire espèce qui n’avait comme unique désir que d’entretenir leur cirrhose.
Une dizaine de minutes plus tard, le cuirassé solidement
 amarré, nous pouvions enfin poser pied à terre, sous le regard médusé de centaines de curieux.


Je décidais de prendre les devants, comme tout bon capitaine qui se respecte en débarquant le premier sur les quais pour me retrouver épiait par des centaines de paires d’yeux. Enfin, je remarquais toutefois un nombre pas négligeable de borgnes dans l’assemblée, pas de doute, nous étions bien sur une île de galériens. Un brouhaha général s’éleva lorsque plusieurs participants avaient finalement découvert mon identité, levant ainsi définitivement les doutes sur nos intentions. Le gros de la foule se retira en un clin d’œil, ne laissant face à nous qu’une poignée d’irrésistibles curieux et leurs lots de questions débiles.
J’avais beau avoir obtenu le statut de Supernova à la sueur de mon front, je devais me faire à l’idée que je n’étais pas encore arrivé dans la cour des grands. Nul doute que des pirates bien plus célèbres que moi avaient séjourné ici et peut-être même étaient présents en ce moment même sur cette île. Mon égo venait de prendre une petite paire de claques derrière la nuque, mais j’avais l’énergie pour m’en remettre.
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Après moult essais, nous avions enfin trouvé notre QG dans ce capharnaüm à ciel ouvert. Ce n’était pas un palace, mais au moins, la bière servie n’avait pas un goût de pisse et les lits n’étaient pas infestés de punaises et autres saloperies. Même si une bonne partie de l’équipage, par habitude, préférait crécher à bord du navire, je ne me faisais pas prier pour ronquer sur la terre ferme. J’avais, toutefois, décidé de prendre le matelas présent dans ma cabine pour un plus grand confort. La bouffe était somme toute correcte et le taulier avait l’air ravis d’afficher complet avec notre équipage, à première vue, aucune ombre sur le tableau. Enfin, seulement, en apparence, car nous avions un souci, plutôt épineux, notre trésorerie qui faisait clairement la tronche. Malgré plusieurs mises en garde, je n’avais jamais porté une grande attention à l’état des finances. J’étais avant tout un homme d’action, les comptes, la navigation et toutes ces conneries, je me faisais une joie de les déléguer à d’autres dans ce genre de tâches.
Mais à présent, je me retrouvais confronté à la triste réalité, nos caisses étaient vides et j’avais la lourde responsabilité de trouver comment remédier à ça !


La solution la plus évidente était bien évidemment d’aller en mer pour piller des navires comme tout bon pirate qui se respecte. Mais encore fallait-il avoir un bateau à disposition et si possible en état, chose que nous n’avions pas pour le moment. J’avais envoyé Blake avec la lettre de change signée par Ravrak pour récupérer notre future embarcation, mais, manque de pot, notre précieuse embarcation n’était pas encore en état de naviguer.


C’était d’ailleurs une surprise pour le coup, j’avais peut-être mal lu les petites lignes des termes de notre contrat. Mais, je ne pensais à aucun moment hérité d’un rafiot qui avait subi de plein fouet une bataille navale. Les réparations nécessaires pour sa remise à flot nécessitées encore plusieurs semaines…
Donc, nous étions bloqués ici pour un bout de temps sans source de revenus.


Je gardais dans un coin de ma tête, comme ultime solution, « emprunter » le navire d’un confrère pour partir à la chasse aux berries. Mais même si l’idée me semblait sur le papier, loin d’être irréaliste, c’était un pari risqué, très risqué. Nous avions de fortes chances de subir des représailles tôt ou tard en jouant à ce genre de jeu. Et notre navire en cours de réparation était le genre de cible idéale pour des pirates en quête de vengeance. Je n’avais pas envie de me retrouver avec toute une île sur le dos à mon retour, d’autant plus, qu’ici créchait de gros poissons qu’il ne fallait mieux pas titiller. J’envoyais Trembol donc avec la lourde tâche de trouver un moyen de nous remplir la trésorerie, nous avions une dernière carte à jouer avant de devoir sortir les muscles. Refourguer le cuirassé de la Marine, certes, il n’avait plus rien à voir avec ce qu’il avait été dans sa jeunesse. Mais cela restait tout de même, un monstre d’acier, il devait bien valoir quelque chose.


Je ne sais pas si c’était réconfortant ou non, mais nous n’étions pas les seuls à être dans la galère niveau tunes. Dans notre auberge se trouvait un équipage entier de nains totalement sur la paille qui n’avait plus un seul rond ! Ils passaient leur temps à maudire leur ancien capitaine qui était parti avec tout le butin pour les laisser moisir ici avec un rafiot dont les coûts de réparation dépassent largement la valeur de celui-ci.


 J’avais croisé à quelques reprises des gens de leur espèce, toujours dotés d’un caractère irascible, ce n’était pas les derniers pour se foutre sur la tronche pour un oui ou pour un non. Surtout qu’il est de notoriété publique, qu’ils sont la plupart du temps rond comme des queues de pelle. J’avais déjà vu sur Rokade, plus d’un faire l’erreur de se moquer de leur petite taille, pour finalement terminer sa raillerie avec sa choppe encastrée au fond de son gosier.


Au détour d’une conversation, William m’avait aussi expliqué qu’ils avaient des facultés hors normes pour la navigation. La légende voulait, que leur peuple habite autrefois sous terre et dont qu’ils avaient développé un sens inné de l’orientation pour ne jamais se perdre dans les immenses galeries qu’ils creuser. Je n’avais jamais entendu une chose pareille, un monde sous-terrain ?! Le père William commençait à débloquer à force de vider des pintes sur matin au soir…

William semblait avoir noué des relations amicales avec les nains, je ne sais pas de quoi il en retournait, mais les conversations semblaient être parfois houleuses.


De son côté, Trembol avait trouvé de quoi remplir nos caisses pour un moment… Car aussi surprenant que cela puisse paraitre, notre tas de ferraille totalement rouillé et décrépit valait une petite fortune ! Blake avait eu plusieurs belles offres dès le début de sa prospection, il ne m’avait rien dit en attendant de revenir les poches pleines. Il fallait simplement mener à présent l’épave jusqu’au chantier naval pour qu’il soit entièrement désossé. Alléluia, cet argent était une véritable aubaine pour nous ! Même si cela ne réglait en aucun cas le fond du problème, trouver une source de revenus fiable.


La nouvelle fit rapidement le tour des gars, c’était un immense soulagement pour tout le monde ! Car, ce manque d’argent commençait à produire des frictions non seulement avec des équipages rivaux, mais aussi entre nos hommes. Gabin était toujours là pour veiller au grain et éviter que les choses partent trop loin, mais il m’avait mis expressément en garde, le manque d’argent peut pousser un homme à faire des choses insensées !


Alors que j’étais attablé en terrasse avec ma bouteille de rhum à contempler le ciel bleu et les petits culs qui passaient dans mon champ de vision. William débarqua la mine soucieuse à ma table, je savais qu’il tramait quelque chose depuis quelque temps. Mais par respect pour lui, j’avais préféré ne pas m’immiscer dans ses affaires, il m’avait prouvé jusqu’à présent qu’il était une personne de confiance. Je ne voyais donc aucune raison de lui coller des soupçons infondés, pourtant je me demandais bien ce qu’il avait en tête.


« Jack, faut qu’on parle ! »


Il se servit une grosse rasade de rhum qu’il avala d’une traite sans même me demander la permission. Généralement quand une femme vous dit qu’il faut qu’on parle ça pue ! Mais là, c’était une première, à moins que William soit tombé lui aussi amoureux de moi…


« Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu en fais une tronche, tu es tombé sur un cadavre dans ton placard ou quoi ?! »


« Hein ? Tu racontes quoi ? Non, je viens t’annoncer que nous partons ! Je n’ai jamais été fort pour les adieux, c’était la folie nos aventures… Mais voilà, je suis un contrebandier moi, pas un pirate chevronné comme toi. J’en ai ma claque de chier mou chaque fois que nous partons à la castagne et mes gars aussi ! Tu mérités des gars qui tiennent la route bien mieux que nous, surtout que là où tu souhaites aller, le Grand Line n’est qu’un parc d’attractions en comparaison ! »


« Quoi ? Tu me lâches ? Maintenant ? Alors que j’ai enfin un navire ? Mais fais-toi greffer une paire de couilles William ! Je vais faire comment moi sans toi ? J’ai une armée de manche à couille avec moi ! Incapable de manœuvrer une barque dans un port sans se retourner. HORS DE QUESTION ! »


« Ne t’inquiète pas Jack, j’ai pensé à tout ! Je t’ai trouvé un équipage digne de ce nom, des mecs bien plus burnes que nous et surtout avec une vraie expérience du Grand Line. »


« HORS DE QUESTION ! »


« Muradin ramène toi, Jack meurt d’envie de te rencontrer… ! »


Un nain sorti de nulle part se pointa et sauta sur le tabouret en face de moi avant d’attraper d’un geste sur la bouteille de rhum.


« Mais ? C’est qui lui ?! Il est au courant à qui appartient cette bouteille ?! »


Je reprenais dans la foulée la bouteille avant qu’elle ne touche ses lèvres pleines de poils.


« Jack, voici ton nouveau capitaine, Muradin Barbe-Grise ! »


« Mon nouveau quoi ?! »


Je plissais les yeux pour finalement reconnaitre la trogne du chef des nains qui avait ses habitudes dans la même taverne que nous. J’avais toujours eu un mal à fou à reconnaitre les nains entre eux, ils avaient tous la même trogne à mes yeux.
Le Muradin grogna en voyant que la bouteille n’était plus en sa possession avant de sortir de sa besace une pile de feuilles qui posa lourdement sur la table.


« Voilà le contrat ! »


« Le quoi ? »


Je me tournais en direction de William, j’avais l’impression d’être dans une pièce de théâtre.


« Ah oui… Les Nains ont la fâcheuse tendance à être très pointilleux sur les conditions de travail… Muradin ne déroge pas à la règle pour le coup. »


« Les conditions de quoi ? Je suis un putain de pirate ! Qu’est-ce que ce que c’est ces conneries de contrat ?!! »


Débuta alors une discussion sans queue ni tête, en l’espace de trente minutes j’avais le cerveau tellement farci de conneries que je ne souhaitais plus qu’une chose, signer ce foutu contrat pour qu’on me lâche la grappe. Je me retrouvais donc à présent avec une armée de nains en guise d’équipage… Je n’aurais jamais cru ça possible en me levant ce matin. Mais le William avait su me prendre par les sentiments et il faut dire que ce Muradin avait l’air d’être parfaitement le capitaine qu’il me fallait. Même si je doute fort qu’il soit le genre d’homme à suivre aveuglement des ordres sans y mettre son grain de sel.
Je faisais dans la foulée la découverte du reste de la bande, composée de soixante-quinze nains au total… Je n’étais pas au bout de mes peines avec eux. De toute façon, je ne me voyais pas poser un pistolet sur la tempe de William pour l’obliger à nous servir de capitaine, c’était clairement contre-productif. Lui et ses gars souhaitaient reprendre leur vie de contrebandiers tranquillement loin du tumulte de la vie de pirate. Piochant dans nos économies, je lui remettais sa part du butin qu’il avait malgré tout bien mérité. De toute façon, pour moi l’argent était fait pour dilapider, je n’avais jamais compris les pirates qui se faisaient enterrer avec leur trésor ! C’était totalement stupide à mes yeux, l’argent n’est là uniquement que pour assouvir ses besoins et se faire plaisir. Nous avons tous choisis une vie où le simple fait de voir le soleil se lever est déjà une victoire. Alors à quoi bon ?
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Après des adieux autour d’une bonne bouteille de rhum est des promesses par-dessus la jambe, je reprenais le petit train-train quotidien de ma vie de pirate sans navire. Je n’étais pas du genre sentimental comme gars, William avait fait son choix, il avait été réglo jusqu’au bout avec nous, en nous trouvant notamment un équipage de substitution qui se révélait finalement bien plus en adéquation avec la philosophie générale du groupe. Je n’avais pas encore vu leurs capacités à l’œuvre sur les mers, mais pour le reste ils avaient largement fait leurs preuves, aussi bien pour tenir la marée au comptoir que pour foutre des bourres piffent du seigneur lors de soirées trop arrosées.


Nous étions sans aucun doute largement gagnants au change, même si les prises de bec étaient nombreuses, je comprenais petit à petit comment m’y prendre avec les nains sans devoir me confronter à un mur de pierre. Ils avaient pas mal roulé leurs bosses à travers le Grand Line et je n’en demandais pas plus pour le coup. Cependant, une chose restait encore à régler avec eux, une sombre histoire de rancune contre leur ancien second qui avait organisé une mutinerie pour prendre le commandement de leur vaisseau pour les laisser à la dérive sur un navire marchand à la dérive. J’avais signé toutes les pages du contrat, notamment celle me stipulant de faire tout mon possible pour retrouver le traitre et que justice soit faite. Un ennemi de plus ou de moins, cela ne me faisait ni chaud, ni froid à ce stade de ma vie.


Muradin et son ingénieur en chef étaient partis inspecter l’avancer des réparations sur notre navire au chantier naval. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais quelque chose en lui, faisait que j’avais naturellement confiance. Il se dégageait un truc particulier de ce nain, même si c’était une vraie tête de mule, il donnait l’impression d’avoir un grand sens du mot « honneur ». Je lui laissais donc carte blanche pour le navire sans avoir besoin de lui coller des gars à moi dans les pattes pour surveiller ses faits et gestes.
Plus qu’une semaine avant de pouvoir reprendre la mer….

Même pour un mec habitué au plancher des vaches comme moi, le temps à terre commençait à faire long. J’avais envie d’autres choses, pourtant je ne manquais de rien ici, que ce soit en alcool ou en femme, je n’avais qu’à me baisser pour ramasser. Mais, aussi surprenant que cela puisse paraitre, la mer me manquait ou bien alors c’était l’action ? Il est vrai qu’à part quelques bagarres d’ivrognes, je n’avais rien eu à me mettre sous la dent. Toutefois, j’étais terriblement impatient de pouvoir sillonner les mers avec mon nouveau navire, surtout que j’avais toujours bon espoir de retrouver ce fils de pute d’Olek où qu’il soit. J’étais persuadé qu’il était en train de siroter du rhum tout en se tapant deux ou trois filles de joie sur une île à la con par là. Je ne pouvais réprimer un sourire en pensant à ce trou de balle et son sourire niais.


Alors que j’empoignais ma bouteille de rhum pour m’envoyer une bonne rasade, celle-ci explosa dans mes mains me recouvrant intégralement d’alcool. J’étais de bonne humeur aujourd’hui, alors je n’allais pas m’énerver pour si peu… Depuis que j’avais foutu les pieds sur Alvel, j’avais eu le droit à deux ou trois rookies pleins d’ambitions qui avaient souhaité se faire un nom en me cassant la gueule. Résultat des courses, ils étaient tous en train de bouffer les pissenlits par la racine à cet instant.
Je pensais que le message était passé pourtant, que si personne ne venait me faire chier dans mon repère, alors je restais neutre. Qui pouvait être assez con alors pour faire une telle chose ?
Je tournais la tête dans la direction d’où venait le tir, pour apercevoir une silhouette féminine plantée sur le toit juste au-dessus de moi. Les locaux comprenant instantanément de quoi il en retournait avaient décidé de se calfeutrer chez eux. Je contemplais avec une pointe de tristesse tout ce bon breuvage à se répandre au sol, quel gâchis !


J’étais tout d’un coup très curieux de savoir qui était cette charmante créature et ce qu’elle pouvait bien me vouloir. Le dernier challenger avait tout de même une prime de 56 millions sur sa ganache, je regrettais de ne pas être chasseur de prime !


« On se connait ma jolie ?! »


Avec le soleil placé dans son dos, j’avais toutes les peines du monde à distinguer son petit minois. Mais les formes qu’elles affichaient ne laissaient pas de places au doute, cela devait être une sacrée minette.
Elle fit tourner son pistolet dans es mains avant de me braquer une nouvelle fois et faire feu. Cette fois-ci le projectile se dirigea droit vers moi, elle n’avait pas froid aux yeux, la cocotte. Je stoppais sans difficulté la balle avec ma main gauche, avant de laisser tomber celle-ci au sol. Elle éclata de rire avant de se laisser tomber du toit avec une grande agilité. Marchant tranquillement dans ma direction, elle se planta juste devant moi, toujours avec ce satané soleil dans le dos. J’étais de plus en plus curieux de connaitre à quel petit jeu elle jouait cette mystérieuse demoiselle. Je n’avais décelé aucune surprise dans son expression lorsque j’avais arrêté le projectile.


« Mary Eastblood, cela fait un moment que je te cherche Jack Skellington. »


« Ah ? Pourtant je ne suis pas difficile à trouver… C’est pour quoi ? Une histoire de cœur ? De cul ? Ou alors tu es là pour ma prime ? »

Un instant de flottant passa, je me tenais toutefois sur mes gardes, crever à cause d’un excès de confiance très peu pour moi. La simple idée de finir buter par une gonzesse me filait le cafard de fou, j’avais toujours voulu terminer ma carrière dans un feu d’artifice géant, pas le cul sur une chaise sur une île à la con.


« Calmes tes ardeurs mon grand, rien de tout ça, désolé pour toi. J’ai entendu dire que tu recherchais des bras pour ton équipage, et je suis justement à la recherche d’un capitaine qui à de grandes ambitions. J’ai tendance à être un véritable panier percé à mes heures perdues… »


« Hum ? Je suis terriblement déçu… J’aurais bien voulu que tu me passes les menottes. »
Je restais interdit face à sa proposition, c’était gros comme le nez sur la figure qu’elle cachait son jeu. Mais bon, après réflexion c’était certainement le cas de 90 % de mes hommes, nul doute que plus d’un nourrissait des ambitions diverses et variées. Notamment de se faire la peau du capitaine, mais je me sentais parfaitement à mon aise dans ce nid de vipères, j’ai toujours aimé m’entourer de gens dangereux.


« Alors ?! C’est bien la première fois qu’on me fait attendre. »


« Ma foi ! Je ne sais pas ce que tu as en tête ma belle, mais tu ne manques pas de cran. Par contre, aucun traitement de faveur chez nous pour les femmes. Si tu arrives à survivre à ta première nuit au sein de cet équipage de chiens, alors tu as ta place parmi nous. »
 
 
Le jour J :
Nous étions tous qui rassemblait au petit matin pour voir enfin notre embarcation les pieds dans l’eau. Après je ne sais pas combien de temps passer dans le chantier naval, nous pouvions enfin foutre le pied sur le pont !


« Le Redoutable. »


Rien que le nom me donnait la trique, je trouvais ce navire sublime en tout point. Certes, il n’avait pas la taille et encore moins la puissance de feu de notre ancien cuirassé volé à la Marine. Mais il se dégageait quelque chose de lui d’authentique, un simple coup d’œil suffisait à comprendre qu’il s’agissait d’un redoutable navire pirate.


Une fois ma compagnie de nains à son poste, je décidais de prendre possession de ma cabine avec un plaisir non dissimulé. Une fois encore, l’authenticité prenait le pas sur la place et le faste, je me sentais déjà comme chez moi ici. Restait maintenant à embarquer le reste du troupeau et voir si nous avions assez d’espace pour caser tout ce petit monde. J’avais prévenu en amont Gabin qu’en cas de difficulté, il avait plein pouvoir pour bazarder quelques brebis galeuses.
Après une journée pour charger hommes et vivres nous étions enfin prêts à appareiller vers l’infini et l’au-delà…
Muradin se pointa devant moi en bredouillant des mots incompréhensibles dans sa barbe.
« Bon, encore une journée de plus à terre, et je me tirais une balle ! On va où maintenant Jack ?! Je suis un peu rouillé j’ai bien envie de me faire une caravelle ou deux, histoire de me remettre en jambe. »
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