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Relancement des Nettoyeurs


Il y a des endroits dans lesquels on n’enverrait même pas son pire. Des lieux reculés du monde, victimes des tempêtes et des caprices de la mer. Gueule de Requin, cette île rocailleuse absolument immonde dans laquelle une base marine tentait de survivre. Seuls de valeureux soldats, punis, peu intéressants et abîmés par la vie se trouvaient à l’intérieur. Les Nettoyeurs venaient tout juste de défaire un équipage, non de l’île, alors le Contre-Amiral décida de faire escale sur cette célèbre base, jugée imprenable par sa configuration.

La mer, comme souvent dans cette zone, était agitée. Fort heureusement, la caserne était dotée d’un port en intérieur, dans lequel les navires étaient protégés des attaques incessantes des vagues meurtrières. Mozart, coordinateur de la flotte, utilisa sa radiofréquence intégrée pour entrer en communication avec les garde-côtes. Il avait annoncé leur arrivée et la porte s’ouvrit à leur arrivée. Elles n’étaient pas aussi impressionnantes que celles de Tetsu Island, mais elles faisaient tout de même leur effet. Le Leviathan et le Beauchamps entrèrent et stationnèrent à l’emplacement qui leur était affecté.

Ils descendirent et furent accueillis par les soldats disponibles. Le protocole habituel, des politesses quelques peu pompeuses et une visite des locaux. Tous les hommes du Contre-Amiral étaient excités de visiter cette base légendaire. Levi, lui, était plus intéressé de rencontrer celle qui était parvenue à la reprendre des mains des criminels : la Vice-Amiral Kandy Ziva. D’après les rumeurs, c’était une femme dotée d’un fort caractère, qui tenait cette base avec une main ferme. Fera-t-elle partie de ces membres de l’amirauté qui se moquaient d’Ethan ? Seul Bayushi le traitait encore avec respect.

« Contre-Amiral Levi, je vous souhaite la bienvenue à Gueule de Requin. » dit froidement Ziva qui sortit Levi de ses songes.
« Je vous remercie pour votre accueil et votre hospitalité, Vice-Amiral. J’imagine sans aucun mal que vous devez être extrêmement occupée et que je vous fais perdre votre précieux temps.
- Cessons ces formalités, Levi. Et inutile de te montrer mielleux avec moi. Je suis au courant de ta rétrogradation et je m’en moque un peu. Nous savons tous les deux que ce n’est qu’une question de temps avant que tu ne retrouves la place qui t’est due. Et je ne suis pas comme tous les autres enfoirés qui doivent jubiler de te voir ainsi rabaissé. Je n’ai jamais eu pour vocation de devenir Vice-Amiral et je ne vise aucune promotion, donc comportons-nous en adultes, veux-tu ?
- J’apprécie ta transparence, Ziva.
- Cette mise au point étant faite, allons observer les nouvelles recrues. J’ai promis au formateur d’assister à leur entraîner pour me faire une idée du niveau de ce cru. »

Le Contre-Amiral accepta volontiers et suivit la Vice-Amiral, accompagné de Daniel et Mozart. Avançant dans les galeries aménagées, ils finirent pas atteindre une immense porte blindée, au bout de tunnel. Kandy tapota un code et la porte s’ouvrit. Ils entrèrent dans une sorte de loge qui donnait vue sur un grand terrain d’entraînement rocailleux. Des bleus entrèrent dans la piste. Via une autre entrée, des soldats de la marine un peu plus expérimentés entrèrent. Ethan comprit sans mal l’épreuve à laquelle il allait assister. Quelques années auparavant, il l’avait lui-même réalisé. Il se retourna et sentit son ami Mozart dans une position inconfortable.

« Que t’arrive-t-il ?
- Des interférences. Un semblable se trouve en-face de nous. »

Intéressant.


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Une journée paisible comme je les aime, c’est rare et ça fait plaisir. On pourrait croire qu’être affecté à une base marine comme le G-9, ça vous plombe une vie tourmentée d’ennui et de solitude, mais rien. Au contraire, j’ai l’impression qu’ici, ils sont les spécialistes pour nous inventer de nouvelles activités toutes plus passionnantes les unes que les autres. L’autre fois nos supérieurs exigeaient que l’on se forme tous à des situations de prise d’otages. Une prise d’otages. Dans l’enceinte même du G-9 oui. Je ne sais pas qui et comment ils vont chercher leurs idées d’entraînements, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils arrivent régulièrement à me surprendre. Sauf aujourd’hui, la boîte génératrice d’idées aléatoires semble avoir épuisé son stock, ce qui me laisse tout le loisir pour flâner dans mon plumard, un bouquin en main.

Tout juste un mois que je suis sur ce livre, je l’ai fait livrer par mouette factrice. Il s’agit d’un ouvrage de mon romancier préféré, Steeven Roi, sans doute le maître incontesté du genre horreur fantastique. Cet homme a le don pour concocter de savants mélanges d’histoires horrifiques, dans des univers réels auxquels s’ajoutent tout un tas d’éléments fantastiques, semblant sortir d’un chapeau imaginaire. Il est doué pour vous plonger dans une ambiance qui vous prend aux tripes, vous glace le sang et vous hypnotise. Quand vous commencez la lecture, difficile de décrocher.
Sauf quand on s’assure de ne pas vous laisser d’autre choix, comme par exemple en venant se planter devant votre lit, faisant de l’ombre à la luminosité qui vous permettait jusqu’à présent de lire sereinement. Légèrement ennuyé, je lève mon œil droit au-dessus du bouquin, cherchant à distinguer de qui il s’agit. Un collègue, assurément, mais lequel ? Quasiment deux mètres, des cuisses de taureau et des bras de gorille survitaminé, tignasse rasée de près, grand sourire niais.

Bastos.

— Frank ?
— Hmph… ?
 Alors, il ne s’appelle pas réellement Bastos, c’est un surnom qu’on lui a donné avec les autres au vue de son profil et de son goût prononcé pour les armes à feu. Et même s’il aime bien traîner dans mes pattes pour me pousser à l’effort, je dois reconnaître que je l’apprécie. Contrairement à ce que son physique et ses capacités laissent croire, c’est loin d’être un simple bourrin écervelé qui veut juste défourailler dans le tas l’intégralité de ses chargeurs. Déjà parce qu’il est également capable de te dévisser la tête d’une tatane, mais surtout parce que ce type met au point des plans plutôt bien pensés. — Rassure-moi, tu te souviens qu’on a l’épreuve de simulation pour les bleus aujourd’hui ? L’épreuve de simulation ? Qu’est-ce qu’il me raconte encore ? Ah oui bordel, l’épreuve. J’expulse un léger soupir, laissant retomber le livre face contre mon torse nu. Ouais, j’aime bien lire à moitié habillé, c’est un petit plaisir simple. — Non non, t’en fais pas l’ami… j’allais justement pas tarder à m’y rendre. Il fronce les sourcils, ses yeux se plissent. — Et tu comptais y aller dans cette tenue ? C’est dans dix minutes mec.

Ah. J’avais peut-être oublié l'horaire exact. Non mais ils sont fatigants aussi avec leurs exercices à la pelle, je voulais seulement finir mon petit livre tranquille moi…
Enfilant ma tenue de combat en un temps record, j’emboite le pas d’un Bastos surexcité. Lui, à contrario, les simulations c’est son péché mignon, il pourrait passer sa carrière à malmener des petites jeunes tout juste engagés depuis quelques mois. C’est qu’il a déjà goûté au terrain, tout comme moi, et il en a pris un plaisir fou. Moi aussi ça m’a plu, c’est d’ailleurs pour ça que je ressens l’envie depuis plusieurs mois de quitter cet énorme enfer rocailleux et pluvieux. — Dépêche Frank ou on va se faire couiller.
On se met en place juste à temps, c'est-à-dire juste avant que la Vice-Amiral et sa troupe d’Officiers grincheux ne s’installent. D’un oeil fatigué, ennuyé, je balaie le groupe de médailleux qui observent depuis leur perchoir. Toujours les mêmes.

Un léger coup de coude dans les côtes me sort de ma réflexion. — Psst, Frank, jette un peu un œil à côté de la Vice-Amiral. Le nabot, on le connait pas, si ? J’ai un peu de mal à comprendre de qui il me parle, avant de remarquer sa présence. La tignasse d’ébène, un regard sévère, petite taille. Il ne me dit absolument rien, pourtant je pourrais mettre ma tête sous les flammes qu’un regard pareil, je ne serais pas capable de l’oublier. — Jamais vu, non. Son fils tu crois ?

Bonne question, tiens.
Ils pourraient prévenir tout de même, quand ils reçoivent des invités. Ce n'est pas tous les jours que ça arrive, à la Gueule du Requin.


Dernière édition par Frank R. Wartortle le Lun 10 Juil 2023 - 3:15, édité 1 fois

    Voici donc l’avenir de la marine, rayonnante, juvénile et insouciante. Le commodore Mattlefield activa son mode instructeur. Il a toujours eu un don pour repérer les bons éléments et ressortir leurs qualités quand il les avait sous sa main. Il était probablement meilleurs que les deux amiraux présents. Ethan, lui, développait avec le temps certains critères de sélection qui lui seraient utiles au sein de sa flotte, ce qui affinait ses recherches et lui évitait de ne s’intéresser qu’aux personnes avec des qualités physiques intéressantes. La maturité avait finalement du bon. La vigie, Mozart, resta focalisé sur ses interférences. S’il paraissait d’apparence tout à fait normale, son centre contrôle, situé au niveau de sa boîte crânienne, était en pleine activité pour déceler la source de son problème.

    « Souhaites-tu lancer le départ de cette épreuve ? demanda Ziva.
    - Sans façon, Ziva. Je ne suis que de passage et ne représente rien aux yeux de ces nouveaux. Tu es leur référente, voire leur modèle pour certains. »

    Levi n’a jamais été affecté à une base. C’était un homme de terrain qui finirait par se suicider ou démissionner si on l’affectait à un seul secteur. Kenora elle-même a préféré le rétrograder plutôt que de l’envoyer dans une base, connaissant bien le tempérament de sa tête brûlée. Tout ce qui concerne la gestion d’un QG, du personnel représentaient des tâches trop abstraites pour le Contre-Amiral. Dans le fond, ce n’était pas si différent que de gérer une flotte, mais il était beaucoup aidé par Daniel et Mozart. Néanmoins, tout officier devait être capable de gérer aussi une flotte qu’une base. La polyvalence était essentielle. Par exemple, organiser l’entraînement des recrues était une chose qu’Ethan délaissait volontiers au commodore. La vice-amiral ressemblait beaucoup à Levi en certains points. Par exemple, elle allait souvent droit au but et évitait soigneusement les discours pompeux.

    « Soldats, ceci est votre dernier test. Soyez bons et serez reçus ; soyez médiocres et nous renverrons dans les Blues. Le Nouveau Monde dissimule des êtres infiniment puissants, mais Grand Line est de loin la mer la plus dangereuse. Ici, sur Gueule de Requin, nous ne gardons que ceux que nous estimons capables de défendre cette île rocheuse. À vous de jouer ! »

    Levi observa sa collègue quelques instants avant d’esquisser un sourire. Dans sa quête de retrouver son rang, son honneur et d’évoluer au sommet de la hiérarchie, il y avait évidemment un aspect logistique à régler : réformer une flotte digne de ce nom. Le meilleur devait être entouré des meilleurs. Et pour cela, il fallait évidemment piocher dans les différentes bases. Certaines proposaient de plus gros viviers que d’autres. Ici, par exemple, les candidats étaient évidemment moins nombreux mais plus durs. Des hommes et des femmes solides aussi bien mentalement qur physiquement. C’était le minimum pour pouvoir le suivre dans ses aventures.

    « Dis-moi, Ziva, que dirais-tu de sélectionner un des novices pour intégrer mon équipage ?
    - Tu crois réellement que je vais te laisser sélectionner mon meilleur élément ? J’ai mieux à te proposer : avant que l’épreuve ne commence, je t’autorise à choisir un d’entre eux qui intégrera ton équipage, et ce peu importe ses performances. »

    C’était prévisible et cela rajoutait du piment. Il pouvait tomber sur un soldat moyen avec un peu de chance, mais surtout inutile dans le pire des cas. Et d’un simple coup d’œil avec l’épreuve, difficile de déterminer les potentiels. Un regard du côté de Daniel, mais il était lui-même en difficulté. Si lui-même n’était pas capable, Ethan ne pourrait évidement pas faire mieux. Mais alors qu’ils s’arrachaient tous deux les cheveux, un doigt vint de derrière pointer un élément. C’était le doigt de Mozart.

    « Le type, là-bas, avec le bandeau. C’est lui qu’il nous faut. », dit le cyborg sans baisser son bras.

    Daniel et Ethan se regardèrent. Excepté quand il jouait de sa guitare, ce n’était pas un grand bavard. Cependant, à chaque fois qu’il ouvrait la bouche, on pouvait être sûr que c’était réfléchi et très souvent juste. Les deux officiers hochèrent la tête et le Vice-Amiral se tourna vers Ziva.

    « Ce sera lui. Le jeune homme au bandeau.
    - Le sergent Frank R. Wartortle. D’après mes instructeurs, pas le pire mais pas le meilleur non plus.
    - Attendons de voir ce qu’il nous propose aujourd’hui, rétorqua calmement le Vice-Amiral.
    - Tu sais, les résultats de cette épreuve sont souvent à l’image des résultats de la semaine. Ne t’attends pas à une surprise, Levi. »

    Ethan ne répondit rien et espérait seulement que son camarade ne se trompait pas. L’épreuve commença. Des hommes armés s’élancèrent. Aucun plan. Il fallait imaginer des soldats en situation extrême. Fatigués, sans officiers pour les guider, des armes usées… bref, c’était mal engagé pour eux. Pour réussir face à aux soldats aguerris qui les pourchassaient, il fallait dans un premier temps se regrouper. C’était déjà un premier critère d’évaluation.

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    — Eh Frank, je te propose un jeu pour rendre ça plus amusant. L’intéressé lève son unique œil visible en direction de son camarade, c’est qu’il voit parfaitement clair dans son petit jeu. — Hm ? Le Sergent Brimich Barduch dit Bastos, est un de ces gars qui adorent pimenter tout ce qu’ils font, et Bastos a également ce petit plaisir en plus à tenter d’entraîner Frank dans ces combines. Il est sans doute celui qui a le plus connaissance du potentiel du Sergent cyborg et cherche systématiquement à le pousser à se donner à fond, à le faire sortir de sa petite zone de confort dans laquelle il se vautre allègrement, passant pour un fainéant, un partisan du moindre effort. — Celui qui neutralise le plus de bleus. Le perdant devra assurer le ménage durant un mois dans la piaule du vainqueur. Et il est doué pour trouver comment stimuler le soldat à la crinière cendrée. — Tu passeras même derrière les armoires ? Bastos lui claque un large sourire carnassier. — Et même sous le lit, le moindre centimètre. Pas la peine d’en dire plus, Frank lève seulement son bras droit, poing fermé tendu en direction du colosse. Ce dernier claque son propre poing contre celui de son ami, scellant l’accord.

    Quelques secondes après, le début de l’épreuve était lancé.
    Le dernier test d’admission pour les rookies de la Marine, des mois de formation sur cet enfer rocheux et tout pouvait s’arrêter ici. Véritable angoisse selon Reid, qui ne connaissait pas de plus grande plaie en ce monde que de produire des efforts pour échouer en bout de course. C’était comme participer à un marathon de plusieurs dizaines de kilomètres et se rétamer à quelques mètres de l’arrivée, se blesser et être contraint d’abandonner. Pour ces jeunes engagés, l'arrivée se jouait ici, dans cette salle d’entraînement développée pour reproduire au mieux les conditions du terrain sur la Gueule du Requin. A savoir, un terrain merdique et rocailleux, d'innombrables pics rocheux de quelques mètres se dressaient ci et là sur la zone.
    Les hostilités lancées, Frank fut l’un des premiers à réagir, élément d’une telle rareté qu’il était bon de le soulever. Dans son dos, Bastos riait fort, content de voir son camarade s’activer, de prendre le défi au sérieux. La Tortue Grise se déplaça rapidement de manière à prendre un angle de tir qui lui conviendrait, les bleus se mettant en mouvement, probablement pour tenter de se regrouper et faire front commun contre l’opposition. Fusil en main, il stoppe sa course et ajuste son tir, presse la détente à trois reprises.

    La première vient percuter la tête d’un bleu quelque peu débordé par la situation. La seconde heurte en plein torse un rookie cherchant à aligner un adversaire, enfin la dernière vient faucher un jeune dans sa course, l’envoyant à terre. Des balles à plâtre, évidemment, pas de plomb utilisé contre son propre camp. Cependant, si toutes les armes ayant été adaptées pour le tir de munitions à plâtre, leur puissance de feu ne s’en voit en rien diminué. Comprendre par là que si cela ne vous tue pas, le choc à l’impact est suffisant pour vous couper le souffle ou vous balayer dans votre élan. De gros bleus violacées garantis, plusieurs d’entre eux traîneront sans doute la patte durant quelques heures, mais il s’agit d’un test d’admission, pas d’une partie de plaisir.
    L’humain amélioré par la technologie avait dû passer cette même épreuve, cinq années auparavant, lorsqu’il avait été muté au G-9. Caporal à l’époque au milieu d’un chiée de bleus, on ne lui avait pas fait plus cadeau qu’à un nouveau sans galons. La base du G-9 n’est pas franchement réputée pour être la plus douce, ni la plus délicate dans ses méthodes, un fait dont il s’est rendu compte à ses dépends. Mais il a beaucoup appris depuis qu’il est arrivé sur l'îlot rocheux et malheureusement pour les recrues, c’est aujourd’hui, à cause d’un satané défi à l’enjeu alléchant, qu’il est décidé à montrer une partie de son talent.

    C’est déjà le chaos sur le terrain, tel un conflit ouvert dans lequel il vous faut prendre vos décisions rapidement, harcelé par le son des armes à feu crachant leurs munitions, du bruit que font ces petites saletés lorsqu’elles fusent à quelques mètres de vos oreilles.
    Si le bruit n’est pas tout à fait similaire ici, c’est quand même vachement ressemblant et a de quoi surprendre un non habitué. Mais les bleus ne se démontent pas, ripostant en utilisant ce qu’on leur a appris, agissant de manière quasi-automatique, opérant des gestes par réflexes à force de les avoir répétés encore et encore durant de nombreuses semaines.

    Dans ce test grandeur nature, la principale règle concerne l’élimination de l’ennemi. Dès lors que vous êtes mortellement touché, vous êtes éliminé et devez rester à terre jusqu’à la fin de l’épreuve. Encore une façon d’entraîner les jeunes, visuellement et psychologiquement cette fois, à devoir se battre au beau milieu des corps inanimés de leurs camarades, leurs frères d’armes. — T’es à la traîne Frank, j’en ai déjà eu cinq !
    Surgissant de son flanc, la silhouette d’un Bastos aux anges, faisant rugir ses gros pistolets comme des canons de cuirassés. Oui, l’épreuve est volontairement avantagée pour le camp ennemi, afin de pousser les candidats dans les conditions les plus extrêmes sur le champ de bataille.

    Le Sergent Wartortle se jette à plat ventre, prenant appui sur le corps allongé d’un Caporal s’étant fait rafaler quelques secondes auparavant. Quelques secondes de battement, avant qu’il n’ouvre le feu à trois reprises, faisant mouche à chaque fois. Cette fois, aucun est épargné et reçoit une balle dans des zones mortelles et éliminatoires. Frank, lui, adresse un regard au Sergent Barduch, ajoute sur un ton provocateur. — Tu disais l’ami ? Si un masque dissimule la partie inférieure de son faciès, Bastos pourrait jurer pour bien connaître son ami, que celui-ci sourit de toutes ses dents sous le masque.


      « Que penses-tu du démarrage, Contre-Amiral ?
      - Les recrues ne sont pas aussi… tenaces que nous avons pu l’être autrefois à leur place, Vice-Amiral. Je note cependant que tes hommes sont à la hauteur de la réputation de ta base.
      - Un bon cru. Je reconnais que je ne peux pas en dire autant des nouveaux arrivants.
      - Si tu veux mon avis, l’épreuve est trop déséquilibrée et nous devrions rajouter un peu de piquant.
      - Que suggères-tu ? Pour leur sécurité, je préférerai que Mattlefied et toi preniez pas part à cette épreuve.
      - Naturellement. Cela tombe plutôt bien car je pensais plutôt Mozart, mon musicien et mon centre de contrôle.
      - Un musicien, hein. Vendu. »

      Le premier concerné inclina la tête en direction d’Ethan, en guise de remerciement. Le cyborg voulait s’approcher de plus près de son semblable. Étant donné le vacarme alentour, il n’était pas bien difficile d’intégrer la partie sans être vu. Un homme portant un casque de moto sophistiqué, lumineux et armé d’une guitare à son dos. Ça faisait rêver.

      « Ça risque d’être amusant, lança Ziva. Ton musicien va se faire massacrer. Bref, des personnes se sont-ils démarqués ?
      - J’en vois deux qui décollent réellement. Le gros barraqué, là-bas, rétorqua Levi en pointant Bastos du doigt. Et l’autre, le visage à moitié recouvert.
      - Sergent Wartortle et Bastos. Deux compères, réellement amis et rivaux. Ils se tirent sans arrêt la bourre en se donnant des défis. Ce sont de bons éléments mais également des sources d’ennui. En d’autres termes, s’ils continuent comme ça, je serais contrainte de les envoyer ailleurs. Ils désorganisent toute la base avec leurs enfantillages.
      - Je vois. »

      Ethan observa le champ de bataille sans rien dire, tandis que le Commodore resta songeur face aux propos de la Vice-Amiral. Le capitaine du Léviathan vit son second méditer mais décida de ne rien dire. Le regard des deux hommes était maintenant tourné vers Mozart, étrange protagoniste, reçu presque emballé sur le palier de la porte du Contre-Amiral. Depuis lors, ce cyborg est riche de surprises. En quelques temps, il parvint à ressembler une petite troupe de bleus avec laquelle il organisa une défense. Ayant mémorisé le terrain de chasse, il savait parfaitement où placer chacun de ses acolytes. En un rien de temps, ils parvinrent à neutraliser quelques soldats du QG. Le musicien n’avait toujours pas bougé le moindre petit doigt.

      « Tu ne m’avais pas dit que ton musicien savait commander des hommes.
      - Tu ne m’avais pas posé la question. Par ailleurs, ce n’est pas sa fonction à bord de mon navire.
      - Hum. Cela ne changera rien à l’issue de l’épreuve. »

      Mais quand les soldats comprirent le manège, il aurait été naïf de croire que Mozart conserverait sa position. Il ordonna aux bleus de le suivre qui, étonnamment, l’écoutèrent sans broncher. En même temps, quand un cyborg vient te dicter des ordres avec un casque qui t’affichait un regard rempli de haine, tu obéissais la plupart du temps. Surtout quand tu n’étais qu’un novice. Et surtout quand la première, ledit cyborg t’a permis de gagner des points.

      Nouvelle manœuvre. Un groupe de bleus étaient poursuivis par un groupe de soldats. Mais après avoir atteint une zone propice, les novices s’arrêtèrent et se mirent en formation. Derrière les soldats de la base, d’autres bleus arrivèrent et se mirent également en formation. Au-dessus, au sommet de la petite falaise, Mozart mit en joue les opposants et ordonna l’ordre de tirer. Ce fut un véritable carnage et ils pouvaient s’estimer heureux que les balles eurent été blanches. Avec la dizaine d’hommes inexpérimentés sous ses ordres, le musicien s’en sortait très bien. Néanmoins, le pire arrivait encore et il savait que les choses ne tourneraient pas si bien à l’avenir.


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