Laurie | Terminé

Atteignant péniblement le mètre soixante-seize, Laurie est un homme fin mais athlétique. Si sa carrure ne semble pas aussi imposante qu’on pourrait s’y attendre, il n’en est pas moins musclé. Il le doit surtout à ses entraînements dans la marine, plus qu’à son éducation laxiste de noble de Saint-Uréa. Une musculature dont il sert principalement pour grimper sur des emplacements en hauteur et attendre l’opportunité de délivrer une balle mortelle à ses adversaires. Car Laurie n’est pas vraiment un combattant de première ligne. Il est plus agile et débrouillard que résistant et puissant. Grâce à cela, il a su préserver son corps de nombreuses cicatrices, laissant intacte sa carnation métissée. De plus, ses mains, d'une douceur presque surprenante, sont régulièrement comparées à celles d’une femme. Ses doigts restent fins et ses ongles sont parfaitement taillés renforçant la comparaison.  Ce qui ne manque pas de le mettre hors de lui. Il est de nature à prendre soin de lui, en témoin son corps délesté de toute pilosité. Exécrant la barbe, la jugeant signe d’une grande négligence, il traite sa peau avec grand respect. Son visage est donc soutenu par une peau lisse et des traits fins, soulignant, en comparaison de certains hommes, une forme de féminité. Une mâchoire peu marquée renforce les commentaires agaçants des gens à son égard. S’ajoutant ses cheveux mi-longs, ramené vers l’arrière par un brossage fréquent. En dehors de cela, il affiche un air amusé de tout. Un rictus moqueur toujours fiché sur le visage qui sera sûrement la raison première de ses rides à venir et est soutenu par ses yeux d’un vert émeraude.

Si du temps où il vivait chez ses parents, il arborait un style plus extravagant, depuis qu’il a rejoint la marine, et principalement la 102ème division d’élite, il ne porte plus que l’uniforme. Une tenue dont il prend le plus grand soin et qu’il ne quitte que lors de ses congés, qu’il ne prend jamais. Et pour cause, il est à l’aise dans cette tenue même si le rouge le dérange plus qu’autre chose. La seule chose qui ne semble pas respecter dans cet uniforme, semble être le naginata livré avec et qu’il a depuis longtemps dégagé. Le jugeant encombrant plus qu’autre chose. Car lui, c’est un artilleur avant tout, et la seule chose dont il accepte d’être équipé est son fusil.

Laurie est un garçon qui aime se moquer des autres. Il peut rire de tout, même de l’humour le plus noir et ce, sans aucun problème. Très loin de s’encombrer avec de quelconques questions de morale ou de bienséance, il met tout le monde sur le même pied d’égalité quand il s’agit de se foutre de sa gueule. Seulement prenez garde, car cela n’est pas réciproque. Laurie déteste qu’on s’en prenne à lui et a développé sa répartie pour ne jamais être en défaut. Tout du moins, il essaye. Rapidement, il peut paraître extrêmement agaçant. Sûrement parce qu’il l’est. Et il est rare que les autres marines restent longtemps en équipe avec lui. Tous sauf Alexandre. Étrangement.

Seulement, Laurie n'apprend pas toujours. Il est de nature provocateur. Il aime se battre. Il aime exagérer ses actions ou ses sentiments. Il aime théâtraliser ses entrées ou ses sorties. Il aime la ramener, même quand personne ne lui demande son avis. Et un avis, il en a un sur tout. Bavard, il échange souvent avec les criminels appréhendés pour connaître leur avis sur les dernières actualités du monde. Un comportement qui peut être jugé de stupide par beaucoup mais qui ne semble pas déranger l'intéressé. Il ne voit pas le mal là-dedans, après tout, comme il le dit, un avis d’un condamné reste un avis. Et n’importe quel avis qui va dans son sens le conforte un peu plus dans ses idées marginales. Car marginal, ça il l’est. Et il aime l’être. La conformité lui déplaît au plus haut point. Il se sent unique et pour lui, il n’y a rien de mieux.

Élevé auprès d’une mère peu autoritaire et permissive, il ne semble avoir aucune limite. Si ses paroles peuvent être familières ou vulgaires, elles sont surtout soutenues par un esprit vaniteux, à la limite de l'orgueil. Seulement, étrangement il n’est pas encore tombé dans ce vice … mais cela ne devrait pas tarder. Avec le temps, Laurie commence à avoir une bonne estime de lui. Ce qui ne le rend pas moins rentre dedans. Les autres marines le trouvent bien souvent irrespectueux et impétueux envers eux. En revanche, il semble montrer une certaine retenue devant ses supérieurs. Enfin, une retenue légère mais suffisamment visible pour qu’on lui en face régulièrement la remarque. Et cela participe à l’agacement que peuvent ressentir ses camarades marines à son égard.

Et pourtant, avant de rentrer dans la 102ème, Laurie se sentait terriblement seul. Il est sociable. Il aime être entouré et la seule proximité qu’il entretenait était son amitié avec Alexandre. Son comportement, ses habitudes et ses remarques ont eu raison de la majorité de ses coéquipiers au fil du temps. Mais il n’en parle pas. Jamais. Car il a honte, honte de vouloir être auprès d’un groupe. Il aimerait adopter le comportement d’un loup solitaire et indépendant, mais il doit se rendre à l’évidence, il n’en est pas capable. Alors depuis les dernières années, il essaye de contenir son sarcasme mais le naturel revient bien souvent au galop.

La famille Nelseen, loin de s’être créée autour de l’amour inconditionnel des parents, semblait, comme de nombreuses familles nobles de Saint-Uréa, s’accorder sur un mariage d'intérêt. Tout du moins, c’était le cas de la mère, Dominique Nelseen, fille d’un bourgeois et artisans de la cité intérieure. Cette femme d’ambition révait, comme beaucoup d’autres de son rang, s’élever au plus près des nobles de sa ville. Et c’était pourquoi son regard s’était jeté sur Philippe IV, l'avant-dernier d’une fratrie de basse noblesse et lieutenant dans la marine régulière de l’île. Le marine, progressant rapidement au sein des rangs de la garnison, laissait présager une montée jusqu’à un poste d'officier supérieur. Ce poste, et la notoriété qui allait avec, ferait s’élever la famille Nelseen en noble de saint-Urea. Quittant alors la cité intérieure pour se trouver une place dans les grandes étendues riches de la haute ville. Seulement, bien rapidement, les ambitions du père Nelseen s'affaiblissaient, laissant alors son grade stagner au rang de commandants. Il préférait amplement se tenir loin des responsabilités incombant aux officiers supérieurs et se complaisait dans son rôle de subalternes. En revanche, ce changement d’ambition mit à mal sa relation avec sa femme. Elle commença alors à fréquenter une femme au ambition similiaire au sienne, la mère Dubal.

Laurie était donc né et avait grandis dans ce cadre commun chez les riches de Saint-Uréa. Rapidement, sa mère avait transposé ses attentes sur le grand frère de Laurie, le laissant alors tranquille, libre de faire ses propres choix sans se soucier de rien. Seulement, à la différence de la mère Dubal, Lady Nelseen n’imposait pas d’éducation stricte à ses autres enfants, se concentrant sur le premier dans le but de l’envoyer au plus tôt gravir la hiérarchie de la marine. Laurie suivait donc une éducation laxiste et particulièrement agréable. Il faisait ce qu’il voulait, quand il le voulait. Et cela n’était pas pour lui déplaire. En revanche, quand il suivait sa mère chez la famille Dubal, il était témoin de la différence entre ces deux familles. Il s’était rapidement fait ami avec le fils Dubal du même âge que lui, Alexandre. Et si Laurie pouvait faire ce qu’il voulait, il en était autrement pour l’autre enfant. Alors le jeune Nelseen s’était rapidement placé en meilleur et seul ami. Il était fidèle, mais aussi d’une fréquentation par toujours très recommandable d’après les standards des Dubal. Laurie faisait ce qu’il pouvait pour sortir Alexandre de ce quotidien strict auquel lui n’avait jamais eu à faire, lui confiant jouer, livre et secret. Il était devenu proche, presque inséparable.

Alors en grandissant, lorsque Alexandre fut envoyé dans la marine, servant le dessein de sa mère, Laurie le suivit sans réellement se poser de question. Un choix qui ravissait sa mère. Il avait grandi loin de toute contrainte mais cela ne l’avait pas aidé à gagner en ambition. Il n’avait pas de but et s’était contenté de suivre son ami comme un chien fidèle. Il fallait dire que le caractère froid et distant d’Alexandre n’allait pas l’aider à s’intégrer, alors Laurie le ferait pour lui. À ceci près que le caractère de Laurie, sociable mais agaçant, isola le duo autant que l’attitude parfois hautaine d’Alexandre.

Après un an dans la marine régulière de Saint-Uréa, le duo n’avait que peu progressé. Ils avaient même été mis à l’égard le jour de l'arrivée du porte-parole du gouvernement, Genji Nakamura. Placé bien loin des réjouissances, jugeant qu’on avait pas besoin d’eux sans leur dire à proprement parlé, Laurie n’avait pu assister aux actions de la 102ème d'élite du haut des remparts nord. Il s’était précipité vers le conflit dès les premières attaques et pourtant, il s‘était tout de même arrivé à la fin des combats, éblouit par la prestance et la réactivité de la 102ème d'élite. Maintenant, il avait un vrai but. Il ne voulait pas croupir à Saint-Uréa toute sa vie et sauta sur l’occasion de se proposer auprès des marins de la 102ème lorsque, suite au conflit, celle-ci s’ouvrit au recrutement. C’est alors le BAN passé que le duo, jamais l’un sans l’autre, rejoignit la 102ème pour s’ouvrir à de nouveaux horizons et quitter cette île qui devenait presque étouffante aux yeux de Laurie.