La nouvelle Ohara, bastion du savoir et de l’enseignement officiellement, officieusement une île truffée de révolutionnaires plus ou moins discrets. Plutôt moins, en l’occurrence, il fallait bien donner du travail aux agents du gouvernement mondial, qui n’étaient pas tous payés à remplir de la paperasse.
— Nous avons recueilli plusieurs témoignages émanant de la Nouvelle Ohara selon lesquels des sbires de l’armée révolutionnaire s’en prendraient à des bâtiments et infrastructures rattachés à la Marine et au gouvernement mondial. Pour l’instant, aucune victime n’est à déplorer, mais les dégâts matériels se chiffrent déjà à plusieurs dizaines de milliers de berries, et ils ne semblent pas particulièrement disposés à s’arrêter.
— Y a des révos à Ohara ?
— La nouvelle Ohara. L’ancienne a pris un coup dans l’aile il y a bien longtemps, je te renvoie à tes cours d’histoire. Les révolutionnaires gangrènent le monde, évidemment qu’ils ne peuvent s’empêcher de venir souiller le sol de cette île et ses livres. Quoique nous ne savons pas réellement s’il s’agit des révolutionnaires liés à l’île ou d’expatriés, les locaux se gardent bien, en général, de toute action virulente, et favorisent la garde, la protection et la surveillance.
— Pourquoi ce n’est pas la marine qui s’en occupe ?
Kaylan, coordinateur au Cipher Pol, roula des yeux dans un soupir face à la question posée par Neilos. Il aimait que les choses se déroulent en un brin de temps, et comme il le calculait ; la tendance du blond à l’interrompre fréquemment par des réflexions peu pertinentes lui tapait déjà sur les nerfs.
— Si on vous confie une mission, c’est que ce n’est pas du ressort de la Marine. Je n’aime pas les raccourcis intellectuels, mais la Marine tape sur les pirates, et les Cipher Pol sur les révolutionnaires, en synthèse. Nous ne connaissons pas l’image de ces dissidents pour la population locale, et par principe, une intervention de la Marine serait fatalement plus évidente que celle de nos services. Ne serait-ce que pour des questions d’uniforme.
Sur le bout de sa langue resta figée une réflexion sur la capacité de son allocutaire à être discret.
— D’acc d’acc, merci beaucoup.
Neilos se leva, et tourna les talons après avoir ébauché un semblant de salut militaire. La mâchoire inférieure de Kaylan se désolidarisa de sa voisine, et il cligna frénétiquement des yeux, comme s’il espérait que la scène n’était que le fruit de son imagination, avant de se ressaisir.
— Dis-donc, où crois-tu aller ainsi ?
Le gamin s’arrêta net, puis le dévisagea comme si une deuxième tête émergeait de son cou. Du moins, c’était l’impression qu’il dégageait, des lunettes de soleil bloquaient l’accès à son regard.
— Beh en mission ?
— Mais écoutes-tu jusqu’à la fin lorsqu’on s’adresse à toi ? Tu as certes été directement nommé agent de catégorie trois, mais tu ne disposes d’aucune expérience dans ce domaine. Ce n’est pas contre toi, bien sûr, mais le passage par la case « aspirant » ou « soldat de la Marine » est quasiment un rituel, et une obligation. Il a été décidé, afin de te « préparer » en quelque sorte, et de te superviser, que tu accompagneras monsieur Alaaric Minaro, chef d’équipe au Cipher Pol numéro neuf, dans sa réalisation de cette mission. Pour être plus clair, tu joueras essentiellement un rôle de soutien, et en profiteras pour appréhender un peu mieux les méthodes de la maison.
— Le CP9, c’est ceux qui butent les gens.
— C’est un peu plus compliqué que ça, et ce type de propos réducteurs n'a sa place que dans la bouche de leurs détracteurs.
— Ce n’était pas une question. Je ne vois pas trop pourquoi on devrait travailler ensemble.
— Je te l’ai dit il y a trois secondes, pour te permettre de te faire une idée de la méthode correcte d’exécution des tâches qui vous sont confiées.
— Mais pourquoi faire, vu qu’il n’est pas dans la même unité que moi, et n'a pas les mêmes prérogatives ?
Minaro, Minaro…, persuadé qu’un pirate portait ce nom.
— Parce qu’il était disponible, qu’on aimerait te formater maintenant et pas dans trois ans, et que l’idée ne le dégoutait pas, répliqua Kaylan dans un grincement de dent. Puis, je suppose que ça te fait un bon exemple d’agent du Cipher Pol qui réussit avec un malfrat dans sa famille. Enfin, si tu n’as plus rien à dire, je te propose de me suivre, histoire que vous fassiez connaissance, puis vous embarquerez ensemble pour la Nouvelle Ohara.
— Youhou.
Les deux cavalèrent dans les couloirs, Kaylan d’un pas étonnamment vif pour sa petite taille, jusqu’à s’arrêter devant une porte, que le bureaucrate frappa à trois reprises. Un « entrez » étouffé lui répondit, et ils pénétrèrent dans un bureau au mobilier somme toute rustique, pour ne pas dire vieillot et délabré. Pas de doute, son propriétaire devait déserter ce lieu régulièrement.
Neilos jaugea du regard le chef d’équipe du Cipher Pol numéro neuf. Une posture irréprochable, un gabarit somme toute moyen, mais des tatouages qui dépassaient d’un peu partout, des piercings, et l’allure sereine de ceux qui ont déjà connu l’horreur, et en sont sortis indemnes. En clair, « un type qu’il ne faut pas emmerder ».
La porte claqua derrière lui, Kaylan se volatilisa dans l’air. Couard.
— Donc c’est vous monsieur Alaaric Minaro ? Enchanté de vous rencontrer !
Il adopta un ton différent de ses habitudes, chaleureux mais qui sonnait plus jeune que son âge, et, tendit la main gauche vers l’homme assis de l’autre côté du bureau. Et, puisque Neilos souffrait d’une incapacité chronique à la fermer, y compris quand la situation demandait un sérieux inébranlable :
— Le blanc de vos yeux, c’est normal qu'il soit noir ?
— Nous avons recueilli plusieurs témoignages émanant de la Nouvelle Ohara selon lesquels des sbires de l’armée révolutionnaire s’en prendraient à des bâtiments et infrastructures rattachés à la Marine et au gouvernement mondial. Pour l’instant, aucune victime n’est à déplorer, mais les dégâts matériels se chiffrent déjà à plusieurs dizaines de milliers de berries, et ils ne semblent pas particulièrement disposés à s’arrêter.
— Y a des révos à Ohara ?
— La nouvelle Ohara. L’ancienne a pris un coup dans l’aile il y a bien longtemps, je te renvoie à tes cours d’histoire. Les révolutionnaires gangrènent le monde, évidemment qu’ils ne peuvent s’empêcher de venir souiller le sol de cette île et ses livres. Quoique nous ne savons pas réellement s’il s’agit des révolutionnaires liés à l’île ou d’expatriés, les locaux se gardent bien, en général, de toute action virulente, et favorisent la garde, la protection et la surveillance.
— Pourquoi ce n’est pas la marine qui s’en occupe ?
Kaylan, coordinateur au Cipher Pol, roula des yeux dans un soupir face à la question posée par Neilos. Il aimait que les choses se déroulent en un brin de temps, et comme il le calculait ; la tendance du blond à l’interrompre fréquemment par des réflexions peu pertinentes lui tapait déjà sur les nerfs.
— Si on vous confie une mission, c’est que ce n’est pas du ressort de la Marine. Je n’aime pas les raccourcis intellectuels, mais la Marine tape sur les pirates, et les Cipher Pol sur les révolutionnaires, en synthèse. Nous ne connaissons pas l’image de ces dissidents pour la population locale, et par principe, une intervention de la Marine serait fatalement plus évidente que celle de nos services. Ne serait-ce que pour des questions d’uniforme.
Sur le bout de sa langue resta figée une réflexion sur la capacité de son allocutaire à être discret.
— D’acc d’acc, merci beaucoup.
Neilos se leva, et tourna les talons après avoir ébauché un semblant de salut militaire. La mâchoire inférieure de Kaylan se désolidarisa de sa voisine, et il cligna frénétiquement des yeux, comme s’il espérait que la scène n’était que le fruit de son imagination, avant de se ressaisir.
— Dis-donc, où crois-tu aller ainsi ?
Le gamin s’arrêta net, puis le dévisagea comme si une deuxième tête émergeait de son cou. Du moins, c’était l’impression qu’il dégageait, des lunettes de soleil bloquaient l’accès à son regard.
— Beh en mission ?
— Mais écoutes-tu jusqu’à la fin lorsqu’on s’adresse à toi ? Tu as certes été directement nommé agent de catégorie trois, mais tu ne disposes d’aucune expérience dans ce domaine. Ce n’est pas contre toi, bien sûr, mais le passage par la case « aspirant » ou « soldat de la Marine » est quasiment un rituel, et une obligation. Il a été décidé, afin de te « préparer » en quelque sorte, et de te superviser, que tu accompagneras monsieur Alaaric Minaro, chef d’équipe au Cipher Pol numéro neuf, dans sa réalisation de cette mission. Pour être plus clair, tu joueras essentiellement un rôle de soutien, et en profiteras pour appréhender un peu mieux les méthodes de la maison.
— Le CP9, c’est ceux qui butent les gens.
— C’est un peu plus compliqué que ça, et ce type de propos réducteurs n'a sa place que dans la bouche de leurs détracteurs.
— Ce n’était pas une question. Je ne vois pas trop pourquoi on devrait travailler ensemble.
— Je te l’ai dit il y a trois secondes, pour te permettre de te faire une idée de la méthode correcte d’exécution des tâches qui vous sont confiées.
— Mais pourquoi faire, vu qu’il n’est pas dans la même unité que moi, et n'a pas les mêmes prérogatives ?
Minaro, Minaro…, persuadé qu’un pirate portait ce nom.
— Parce qu’il était disponible, qu’on aimerait te formater maintenant et pas dans trois ans, et que l’idée ne le dégoutait pas, répliqua Kaylan dans un grincement de dent. Puis, je suppose que ça te fait un bon exemple d’agent du Cipher Pol qui réussit avec un malfrat dans sa famille. Enfin, si tu n’as plus rien à dire, je te propose de me suivre, histoire que vous fassiez connaissance, puis vous embarquerez ensemble pour la Nouvelle Ohara.
— Youhou.
Les deux cavalèrent dans les couloirs, Kaylan d’un pas étonnamment vif pour sa petite taille, jusqu’à s’arrêter devant une porte, que le bureaucrate frappa à trois reprises. Un « entrez » étouffé lui répondit, et ils pénétrèrent dans un bureau au mobilier somme toute rustique, pour ne pas dire vieillot et délabré. Pas de doute, son propriétaire devait déserter ce lieu régulièrement.
Neilos jaugea du regard le chef d’équipe du Cipher Pol numéro neuf. Une posture irréprochable, un gabarit somme toute moyen, mais des tatouages qui dépassaient d’un peu partout, des piercings, et l’allure sereine de ceux qui ont déjà connu l’horreur, et en sont sortis indemnes. En clair, « un type qu’il ne faut pas emmerder ».
La porte claqua derrière lui, Kaylan se volatilisa dans l’air. Couard.
— Donc c’est vous monsieur Alaaric Minaro ? Enchanté de vous rencontrer !
Il adopta un ton différent de ses habitudes, chaleureux mais qui sonnait plus jeune que son âge, et, tendit la main gauche vers l’homme assis de l’autre côté du bureau. Et, puisque Neilos souffrait d’une incapacité chronique à la fermer, y compris quand la situation demandait un sérieux inébranlable :
— Le blanc de vos yeux, c’est normal qu'il soit noir ?