Pas si innocent

Avec la Lépreuse, je vogue en direction d'Innocent Island. Pourquoi? Parce que c'était une possession de feu Mantle Shoma et que j'aimerais beaucoup y jeter un œil, et aussi parce que le capitaine de ma fille adoptive, Lola Coelho, a une boutique ici. Un commerce de bonbons, et dieu seul sait à quel point j'adore les choses sucrées, notamment les fraises, mais chut! c'est un secret!

Comme souvent, me voilà accoudée au bastingage, en train de regarder les flots filer sous mes yeux. Après ma rupture avec Red et ma défaite face à Frost, j'ai vraiment besoin de me recharger en bonnes ondes auprès de ma lapine d'amour. Et puis, ça me permettra aussi de faire plus ample connaissance avec son chef. Je remarque, non sans une certaine amertume qu'en ce moment, les personnes que j'aime ont une fâcheuse tendance à s'éloigner de moi pour aller vivre leur vie avec un ou une autre.

Héfy me rejoint, accompagnée de mes fidèles compagnons que sont Wolfgang et Gaston. On discute brièvement de l'idée de récupérer le cinquième membre de notre bande, Diego, sur l'île des hommes-poissons quand la vigie nous signale qu'on arrive à destination. D'après les quelques informations dont je dispose, la boutique est assez voyante d'une couleur rose bien caractéristique. En faisant le tour de l'île, on finit évidemment par la trouver. Une grande demeure entre le château et le gâteau, au magnifiques couleur pastel. On aurait envie de mordre dedans juste pour essayer de savoir le goût que ça a. Malheureusement pour moi, le port à proximité n'est pas vraiment taillé pour accueillir un bâtiment comme la Lépreuse. Mon navire est bien trop gros et ça me chagrine un peu de devoir débarquer en chaloupe.

Après avoir fait trimer quelques larbins, me voilà enfin sur l'île avec Héfy. Je n'ai pas envie de trainer, alors, d'un pas décidé, je rejoins le commerce et je pousse la porte. Le léger tintement d'une clochette m'accueille. L'endroit est joli, bien agencé, et les bonbons me font très envie. Le personnel, quant à lui, est plus que nerveux. Ma réputation n'est plus à faire et je me délecte de la crainte que je leur inspire.

"Bonjour, que désirez-vous, mademoiselle?" bégaye une vendeuse au bord de la crise d'apoplexie.

"Bonjour! Je souhaiterais voir le patron." réponds-je d'une voix adoucie afin de limiter son malaise.

La magasinière quitte les lieux précipitamment et file dans l'arrière boutique. Et revient très vite avec un homme assez grand, plutôt mince, dans un élégant costume avec un borsalino assorti.

"Bonjour, vous désiriez me voir?"

"Bonjour. Je souhaite rencontrer le patron. Pas vous. Je suis disposée à l'attendre, mais la patience n'est pas mon fort. Sauf si on la délicatesse de m'offrir un sachet des ces bonbons à la fraise qui m'ont l'air délicieux."

Une façon délicate de ma part de leur suggérer de me donner des friandises afin d'éviter tout problème.

Edward est un homme aux multiples facettes. Vous le savez bien. Il est un aspirant corsaire, il est un ancien commandant de flotte, il est un capitaine, mais des fois, il est aussi gérant de boutique. C'est dans ce mode que l'homme en blanc s'était mit ce jour de grand soleil. Un période un peu de creux qu'il comptait bien utiliser pour faire le point sur ses finances, chose qu'il n'avait pas pu faire depuis un moment tant il était débordé par la piraterie ces derniers temps.

Il n'avait jamais été aussi proche d'atteindre ses objectifs, mais en même temps, il n'avait jamais été aussi peu décisionnaire sur son propre emploi du temps. Un vrai comble quand on aspire comme lui à une vie tranquille. M'enfin, il allait pas se plaindre non plus. S'occuper de son commerce n'était pas non plus quelque chose de compliqué pour lui, qui avait à vrai dire apprit à gérer ce genre de choses depuis bien longtemps, la période où ses parents voyait en lui le futur héritier de leur boutique d'antiquaire en somme.

Mais alors qu'il était tranquillement dans ses papiers, un cri de panique allait couper net à son calme pour lui annoncer une nouvelle des plus surprenantes.

"- Capitaine ! Jeska Kamahlsson est dans la boutique ! Elle veut vous parler ! "

Edward fût en premier très surpris de cette apparition, puis allait se rappeler que c'est cette personne qui avait prit sous son aile Lola lors de son départ provisoire de l'Ouroboros. C'est donc avec plutôt de la curiosité mais sans une réelle crainte qu'il allait s'approcher de la salle de commerce. Après tout, si quelqu'un comme elle lui voulait du mal, il ne serait déjà probablement plus de ce monde n'est-ce pas ?

C'est avec cette pensée cynique qu'il allait donc saluer l'une des plus éminentes commandantes d'Armada.

"- Et bien si je m'attendais à ça. Si on m'avait informé qu'une sommité de votre calibre arrivait dans mon humble boutique, j'aurais fait en sorte de pouvoir vous accueillir moi-même. "

D'un geste de la main, il allait ensuite inviter son personnel, et surtout ce pauvre Magnus qui était pétrifié par la peur, de reprendre leurs tâches. Edward voulait au maximum être naturel. Montrer de la crainte face à quelqu'un de ce statut n'était pas une bonne idée. Il l'avait apprit à ses dépends lorsqu'il avait confronté Red, puis le Malvoulant. Ce qui était assez amusant en soit car au final, à côté de l'aura dégagé par ses deux titans, même la terrible Jeska semblait bien facile à regarder sans se laisser submerger.

"- Je suppose que vous êtes là pour parler de Lola n'est-ce pas ? Mais Je vous invite à me suivre dans mon bureau, on y sera bien mieux. "

La vue de l'aveugle pouvait faire fuir les clients, et ce n'était pas le but non plus. Déjà qu'Edward lui-même se présentait assez peu souvent dans sa boutique, par peur de se faire reconnaitre, alors autant ne pas laisser cette invitée à la vue du grand public. il fallait bien qu'il fasse attention à ne pas pétrifier ses clients non ?

Enfin bref, dans tout les cas, d'une docilité peu commune pour son caractère très fier, le Serpent allait donc ensuite s'asseoir et attendre. Il devait malgré tout faire attention à ne pas froisser Jeska, et faire soigner au maximum les apparences était déjà une bonne clef pour réussir selon-lui.

L'homme qui arrive est poli, et sa voix douce ne trahit aucune émotion. D'un gabarit assez fluet, avec son costume bien taillé et ses traits fins, il ressemble plus à un vendeur itinérant qu'à un terrible pirate. Ceci dit, moi aussi, on m'a souvent pris de haut à cause de mon apparence et ces gens là pourrissent sous terre ou nourrissent les poissons. Pas envie d'être une énième pirate qui s'est vue trop belle et qui finit entre quatre planches. Il n'a pas une prime de 262 millions de berrys pour rien, le bougre, ce n'est pas un enfant de cœu! Je tutoie peut-être les sommets de la piraterie, mais je ne suis pas pour autant assez naïve pour faire preuve d'outrecuidance. Je sais d'où je viens, et surtout, je sais que je peux y retourner à la moindre erreur.

Si le physique général de mon hôte ne m'impressionne guerre, ses yeux, quant à eux méritent toute mon attention. Tel des rubis enchâssés dans son visage ils brillent d'un éclat troublant. Malice, colère, peur? Son regard me semble indéchiffrable. Ceci dit, il a le bon goût d'entrer dans le vif du sujet. Oui c'est bien de Lola dont je veux parler. Pour ce faire il m'invite dans son bureau. Je le suis donc tandis que je suçote nonchalamment une dragée à la fraise. Ses bonbons sont décidément super bons, mine de rien! Une fois arrivés dans son cabinet de travail, mon regard ne s'attarde sur la décoration et se fixe directement sur Edward.

"Vos bonbons sont vraiment dé-li-cieux!" Dis-je en toute sincérité afin de mettre mon interlocuteur à l'aise. "Cependant, Lola n'est pas ici, n'est ce pas?"

Là le ton est plus dur, presque mordant. Après tout, j'ai laissé partir ma fille pour qu'elle rejoigne cette homme. Je pensais qu'il la protègerait. Et alors que je me donne la peine de venir le voir, je réalise que mon enfant adoptive n'est pas à ses côtés. J'ai senti quelques reliquats de son odeur, mais j'ai l'impression qu'elle n'est plus là et que ça fait un certain temps. Cette situation ne me comble pas de joie, ce serait plutôt le contraire.

C'était assez prévisible. Evidemment que Jeska donnerait ses premiers signes de mécontentement lorsqu'elle réaliserait l'absence de Lola d'Innocent Island. Cette dernière était assez vadrouilleuse, et son statut de commandante lui laissait une liberté assez difficilement contestable malgré son inexpérience et son tempérament, raison qui avait sans doute poussé l'aveugle à être un peu contrariée on va dire.

Mais bon, vous connaissez bien notre homme. Un pro pour arrondir les angles, c'est donc ainsi qu'il allait répondre de la plus tranquille des manières.

"- En effet. Je n'ai pas de raison de mentir. Vous le savez sans doute, Lola est quelqu'un qui a un besoin de se sentir autonome assez grand. Je l'ai donc nommé Commandante de flotte pour qu'elle puisse se sentir moins infantilisé. Elle vadrouille donc assez librement et je suis dans l'incapacité de vous donner sa position exact. Seulement, il me semble important qu'elle ne navigue pas seule. Elle est actuellement en binôme avec un autre de mes commandants, afin qu'ils apprennent à collaborer ensemble sans que je sois derrière leurs dos. "

Souriant poliment, le serpent allait en rajouter une couche, mais il était important pour lui que sa vis-à-vis ne prenne surtout pas la mouche, rapport à l'instinct de survie.

"- Mais soyez rassurée. C'est une grand fille maintenant. Il ne faut pas oublier qu'elle a bien évolué depuis cette période où elle quittait mon équipage par caprice et que vous l'aviez sous votre tutelle. Aujourd'hui, elle est presque aussi primée que moi, et je le crains, elle est d'ailleurs aujourd'hui sans doute presque aussi forte que ce que je peux l'être. La maintenir enfermée n'aurait aucun sens et c'est en essayant de la guider contre sa volonté qu'elle est partie à l'époque. Je ne peux pas prendre le risque que la situation redevienne la même. "

C'était dur à avaler, mais une vérité hélas difficilement contestable. Depuis trop longtemps maintenant, Edward était devenu un bureaucrate passant la plupart de son temps à travailler alors que celle qui fût autrefois l'une de ses protégés avait continué à faire le plein d'aventure et avait petit à petit combler l'écart de niveau qui portant était immense il y a pourtant peu de temps. Même s'il pouvait un peu se consoler en se disant que le tutorat, même provisoire, d'une pirate aussi puissante que la seconde de Red était sans doute une des raisons de son augmentation aussi brusque que surprenante de force.

"- Je suis désolé que vous vous soyez déplacé pour rien en tout cas. "

Il fallait maintenant espérer que ça suffirait à ne pas déclencher la fureur de cette pirate dont le tempérament était encore un mystère pour le Serpent. Mais bon, il serait sans doute très vite fixé dans tout les cas.

Lola n'est pas là, et ce n'est pas une surprise pour moi. Ma fille a toujours eu la bougeotte, cependant, j'aurais pensé la trouver auprès de son capitaine. Je me rends compte que j'aurais mieux fait de suivre sa vivre card plutôt que d'aller chercher Edward. La Mink a toujours chéri son indépendance, la trouver sagement assise auprès de son capitaine … que suis-je allée penser? Je suis donc un brin amère, mais je n'en veux pas au pirate en face de moi. Je suis plus en rogne contre moi-même et ma propre naïveté. Ceci dit, contrairement à ce que dit le confiseur :

"Je ne me suis pas déplacée pour rien, ça me permet de faire votre connaissance."

Ceci dit, pour le moment, nous n'avons que peu échangé. Le Serpent semble plus chercher à s'assurer que je ne cause aucun grabuge qu'à vraiment discuter.

"Vous savez, j'ai entraîné Lola." Annoncé-je simplement. "Je voulais être rassurée quant à sa capacité d'évoluer de ce coté de Grand Line. Et je suis on ne peut plus rassurée si sa force est équivalente à la votre. Ca veut dire que j'ai bien fait mon travail. Ceci dit, je suis tout à fait disposée à faire de même pour vous, mais avant …" Je laisse quelques instants pour ménager mon effet. "parlez-moi de vous."

Il n'y avait pas à dire, la vie pouvait des fois être surprenante. C'était assez étonné que le Serpent avait reçu cette semi-proposition. Jeska était disposé à entrainer Edward pour peu qu'il parle de lui ? C'était limite trop beau pour être vrai. Jusqu'à présent, c'est vrai qu'il n'avait jamais reçu ce type d'aide, ou alors vraiment au début de sa carrière de pirate, lorsque Genkishi l'avait formé au maniement du sabre. Depuis, il avait toujours servi de meneur, il dirigeait les opérations, et sauvait souvent la situation pour ses nakamas, quitte à souvent se mettre en danger sous sa meilleur excuse, celle que perdre ses camarades n'entrait pas dans ses plans.

Enfin bref, dans tout les cas, c'est donc après avoir soufflé pour recentrer et préparer sa réponse qu'il allait donc ensuite s'adonner à cet exercice saugrenue, celle de se présenter lui-même, tout en étant relativement objectif.

"- Oh et bien on va dire que ça dépend vraiment de quel angle vous le prenez. Pour la marine, et le commun des mortels, je suis un être infâme qui a commis des atrocités bien ressenti dans le seul but d'assouvir mes ambitions, quitte à rejoindre un temps la flotte de celui qui était l'incarnation du mal absolu. "

Le jeune homme allait marquer un temps de pause avant de reprendre.

"- Je me défini moi-même cependant seulement comme quelqu'un de moralement gris. Je n'ai juste jamais eu peur de sacrifier certaines choses pour réussir à me créer un destin un peu plus grand que celui que la vie à voulu m'imposer. Contrairement à ce que les gens peuvent penser, je n'ai jamais tué, ni détruit, sans aucune raison légitime. Quoi qu'on puisse dire de moi, je suis fier d'annoncer aujourd'hui que depuis le début de mes années de piraterie, je n'ai jamais eu à déploré aucun mort dans mon équipage. Et c'est selon moi la meilleure raison possible pour avoir éliminé tout ceux qui ont essayé d'attenter aux rêves de mes hommes. Peu importe qu'on me définisse comme froid, orgueilleux, manipulateur ou encore avare. En devenant capitaine pirate, je me suis interdit d'un jour laisser quoi que ce soit entraver le devoir que j'ai envers chacun d'eux, tout ceux qui ont rejoint quelqu'un comme moi dont la seule ambition était simplement de tout faire pour enfin atteindre la liberté. "

Sur ces paroles, le jeune homme se mit un peu à rire. Il n'avait absolument pas l'habitude de se confier mais ce jour-là, dans cette situation, il avait un peu vidé son sac. Peut-être qu'une autre occasion ne se représenterait jamais dans tout les cas. Alors autant parler à une personne neutre, certain pensent que ça pouvait faire du bien.

"- Enfin bref. Voilà quoi. Maintenant à vous de choisir la définition qui vous convient le mieux maintenant. "

Dans tout les cas, Edward ne se considérait pas lui-même comme un homme bon. Il savait qu'il avait souvent franchi la barrière, mais en ayant toujours la sensation que c'était nécessaire. Fidèle à son crédo " Peu importe les moyens, seul le résultat compte".

J'écoute attentivement les propos du Serpent. Il ne semble pas avoir de complaisance envers lui-même ou ses actions. Et rien que pour ça, j'ai envie de le croire. Il me paraît bien plus honnête que tous les pirates que j'ai croisé et qui se vantent de faire le bien. Ou leur bien, surtout. Je mets un bonbon dans ma bouche, oh! La chance! C'est une gomme à mâcher! Goût fraise, évidemment! Mes ailes frétillent de bonheur. J'aime vraiment trop les friandises! Quant à l'homme en face de moi, il me propose de choisir ma propre définition de lui. Intéressant, mais je dois encore le connaître un peu mieux pour me permettre de le juger. Ceci dit, une chose tient de l'évidence.

"Vous et moi, on se ressemble beaucoup."

En effet, on est tous les deux des pirates qui ne reculent devant rien pour accomplir leurs objectifs. Le bonheur de nos proches nous tient vraiment et sincèrement à cœur. Et surtout, on chérit notre liberté et gare à celui qui voudrait nous la prendre! Je lui souris.

"Allez, viens, on va dehors. On ne va pas s'entrainer à l'intérieur, n'est-ce pas?" Dis-je en quittant la pièce.

Je prends le même chemin que tout à l'heure et je retourne dans la boutique. Je salue poliment la vendeuse d'un signe de tête puis je quitte le magasin. Une fois dehors, un vent frais me caresse le visage, emportant mes cheveux et ébouriffant mes plumes. Je me retourne vers mon confrère avant de lui dire.

"Allons plus loin."

Oui, c'est assez évident qu'on ne va pas se battre à quelques mètres de son commerce. Mais bon, on ne sais jamais! J'ouvre donc le chemin et quelques minutes de marche plus tard. Je m'arrête et je me retourne vers le capitaine de Lola.

"Ici, on est bien. Du coup, je me demandais… comment veux-tu procéder? Tu m'attaques et je me défends, ou l'inverse si tu as un style plus défensif? Ou alors tu as des demandes spécifiques comme Lola? Par contre, je te préviens, je ne compte pas utiliser mon fruit du démon, il n'est pas … vraiment adapté pour les joutes amicales.

C'était assez rigolo de voir qu'en fait, Jeska et Edward avait plutôt une bonne chimie. Il avait réussit à lui parler assez vite, et bien loin de porter un jugement, la commandante d'Armada avait plutôt déclarer comprendre son point de vue. C'était une bonne leçon pour se rappeler que, bien au delà de la puissance, de la prime, ou de la renommée, les pirates restait des humains. Enfin, pour la plupart ...

Enfin bref, c'était donc l'entrainement maintenant. En réalité, le capitaine de l'Ouroboros avait une petite pression qui montait quand même. Même dans une situation amicale, il n'avait jamais croisé le fer avec quelqu'un d'aussi fort et espérait vraiment être en mesure de montrer quelque chose, même minime, à celle qui prenait la peine de lui donner une leçon particulière. Même si c'était vraiment improvisé.

"- Mon fruit est plutôt polyvalent. Je propose des échanges normaux. Je serais ravi de voir si je suis capable de tenir un temps soit peu en situation de combat contre une pirate aussi chevronnée que vous. Et pour ce qui est de vos pouvoirs ... sans vouloir me vanter, je suis plutôt résistant au poison et je m'en injecte très régulièrement dans mon style de combat. Je serais donc honorer que vous acceptiez d'en utiliser au moins une partie. De même, je serais ravi de voir ce que vous pensez de mon venin."

Souriant, le jeune homme allait lever sa manche pour laisser Apophis se transformer en Cobra pour qu'il me morde, comme à son habitude avant un combat. S'il devait avoir une estocade avec Jeska, il préférait clairement y aller à fond. C'était plutôt excitant en vrai d'utiliser cette capacité face à une experte du domaine.

Après un petit geste, Edward allait donc prendre les devants et charger avec toute la vitesse dont il pouvait faire preuve pour faire un enchainement au corps-à-corps avec ses mains transformés en lames. Il se doutait bien que sa vis-à-vis contrerait facilement, mais il n'allait pas y aller de main morte pour autant. Reculant régulièrement, et utilisant les propriétés de son fruit pour s'agripper et retracer ses bras pour avoir le maximum de vitesse, quelque part, il espérait vraiment parvenir à au moins briser la défense de la mastodonte.

A la fin de cette phase, Edward allait ensuite prendre de la hauteur en s'agrippant à des arbres, pour ensuite solidifier son sirop en une forme de marteau géant pour frapper après une rotation pour donner encore plus d'amplitude. S'il avait bien fait son travail, ce coup permettrait au moins de la mettre à mal pendant quelques secondes. Mais dans tout les cas, il serait vite fixé.

Il me charge donc bille en tête, j'aurais au moins apprécié qu'il essaie de me feinter, mais non. Il me fonce droit dessus à toute berzingue. Je ne sais pas si je dois m'estimer flattée qu'il tente une approche directe, en supposant qu'il me considère trop expérimentée pour tomber dans une ruse. Ou au contraire, cette attaque n'est qu'une marque de son mépris à mon égard. Une façon pas très subtile de me dire : "je ne te considère tellement pas que je ne vais pas m'embêter à essayer des subterfuges sur toi, pauvre naze!" Argh! Je me pose trop de questions! Est-ce que Red s'est autant interrogé lors de notre petite session d'entrainement improvisée sur une petite île perdue du Nouveau Monde? Non, Red il est comme Jack Sans Honneur. Il agit par instinct et des reflexes conditionnés par ses très (trop dirait-il) longues années à officier dans les bureaux du Cipher Pol. Et moi, dans tout ça? Je suis quoi? Comment je me bats?

Edward rentre dans ma sphère perceptive et ça me sort de mes interrogations. Je me mets aussitôt en garde. Je suis agréablement surprise par son niveau. Sa prime, il la mérite! Ses coups sont précis et mortels! Quant à moi, comme à mon habitude, je ne pare pas vraiment les assauts de mon adversaire du jour, je me contente d'effleurer ses bras pour dévier ses coups suffisamment pour qu'il ne me touchent pas. Soudain, il s'éloigne et grimpe dans un arbre, le temps de générer un immense marteau de sucre pour mieux l'abattre sur moi. L'impact est violent et soulève beaucoup de sable, moi, heureusement, je n'ai rien : merci le tekkai! Immédiatement après, le futur corsaire repasse à l'attaque, heureusement que je dispose de ma sphère perceptive qui me permet de le localiser avec précision même aveuglée par le nuage de poussière soulevé par sa précédente offensive. Encore une fois, je me contente de me glisser entre ses assauts et je ne contre-attaque pas. Je me contente d'évaluer son niveau, et j'en suis agréablement surprise! Plus nos échanges avancent et plus je me permets de lui glisser quelques conseils. Sur son jeu de jambes, sur ses enchaînements, et cætera.

A tel point que j'ai de plus en plus de mal à esquiver ses coups. Et à force de tenter le diable, ce qui devait arriver arriva. Une de ses attaque fait mouche! Ce n'est pas un "direct hit" comme diraient les boxers, mais j'ai une jolie estafilade sur la joue de laquelle perle un liquide vermeil. Je gratifie cet réussite d'un sifflement admiratif.

"Félicitations! Tu es doué! Je n'ai vraiment aucune raisons de retenir mes coups à présent. Il risquerait de m'en cuire!"

Et cette fois, c'est moi qui attaque. D'un soru, je me projette à une vitesse supersonique sur lui pour lui asséner un magistral coup de pied sauté enduit de haki de l'armement.

Edward était à vrai dire assez surpris de sa propre force. Bien loin de seulement réussir à placer quelques coups hasardeux, il réussissait même à se créer une ligne mentale, un enchainement parfait dans le but de réussir à toucher son adversaire. Evidemment, il avait eu quelques conseils, mais il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une certaine fierté de mettre en difficulté une pirate du calibre de Jeska.

Douce illusion ceci-dit. Car après avoir tranquillement déclaré qu'elle retenait ses coups, la pirate projetait Edward d'un splendide coup de pied sauté qui aurait fait pâlir de jalousie les plus grands acteurs de film d'action.

Relâchant un crachat de sang, le capitaine de l'Ourorobos était vraiment abasourdi par la puissance de ce coup qui, s'il n'avait pas réussit à un minimum se protégé, aurait pu le mettre dans le coma. C'était vraiment une commandante redoutable. Très bien, s'il fallait en arriver là, Edward allait lui-même décider de déchaîner toutes ses forces. Il devait composé avec le fait que quoi qu'il en soit, il avait en face de lui une des pirates les plus fortes du monde, et s'il voulait tenir la distance, ce n'était pas avec une mentalité de match amical qu'il réussirait.

Concentrant le sirop de son corps pour se durcir lui-même, lui donnant au passage une coloration verte très spécifique, il allait profiter du fait d'avoir été éloigné suffisamment par le coup pour étendre ses bras de part et d'autres, pour se mettre à tourner sur lui-même, le tout après avoir sauté, imitant très grandement le mouvement d'une scie circulaire qui grandissant petit à petit, à force de concentration de sirop, jusqu'à atteindre un diamètre frôlant les six mètres lorsqu'il allait enfin s'approcher de Jeska.

Evidemment, avec son expérience, elle allait facilement esquiver ... mais voilà, désormais plus alerte, le jeune homme n'allait pas perdre sa concentration et allait utiliser ses bras pour s'accrocher à différents endroits, et se rediriger plusieurs fois, se fiant à son sens assez aigue du Haki pour anticiper les mouvements de son adversaire. Petit à petit, il est vrai qu'à force de côtoyer des monstres, il avait développé son pouvoir de l'observation à un stade ma foi tout à fait respectable. Et dans le cas présent, ça lui était bien utile, vu qu'il ne pouvait pas se fier à ses yeux à cause de sa propre vitesse de rotation.

Soudain, après quelques minutes de chat et souris qui parurent des heures, le jeune homme allait d'un coup arrêter sa rotation pour surprendre la lunarienne et couvrir la zone avec son sirop qu'il allait réussir à durcir autour de son adversaire. Il savait bien que ça ne durerait que quelques secondes, mais c'était son moment ! Il avait enfin réussit à surprendre la vitesse de Jeska et ce n'était pas une occasion à gâcher !

Reprenant de la hauteur, il allait faire appel à sa technique ultime.

"- Météore Sucré ! "

La création de sirop fût si intense qu'elle produisit une explosion qui laissa une trainée de flamme autour d'elle qui s'étendait sur une grande partie des alentours de cette zone heureusement isolée de l'île. Seulement, après être enfin retombé au sol, d'ailleurs assez lourdement à cause de la fatigue, le jeune homme aperçu derrière les flamme une Jeska à vrai dire encore en parfait état, à peine effleuré à vrai dire.

Probablement le fruit du tekkai qu'elle maîtrisait comme personne, le jeune homme n'en avait aucune idée pour le coup. Il ne pouvait que trembler de dégoût face à cette démonstration. Sa défaite était totale et il le savait. Mais a vrai dire, il n'était pas en colère. Il savait très bien ce qu'il attendait lors de ce petit combat amical. Et c'est en rigolant qu'il allait tomber au sol en position assise.

"- Les rumeurs ne mentent pas, vous êtes vraiment monstrueuse. "

technique utilisées ::

"Vraiment? Je n'ai pas l'impression pourtant."

Et je dis ça sans fausse modestie. Je me focalise plus sur ceux que je veux dépasser comme Frost et les Empereurs que sur ceux qui seraient prétendument en dessous de moi, comme l'homme qui me fait face. Et puis je réalise que j'aurais tort de me croire supérieure à Edward. Avec autant d'expérience que moi, mon adversaire serait sans doute plus fort et m'aurait sans doute donné bien plus de fil à retordre. Qui sait, il aurait peut-être gagné. Je me dis que dans ce monde de fous qu'est devenu la piraterie, c'est mangé ou être mangé. Et ceux qui stagnent ont vite fait de finir dans l'estomac d'un jeune loup, ou d'une meute affamée. Même Teach a fini par tomber. Ce qui me fait m'interroger : je veux battre le Fléau, mais que ferais-je après? Revendiquerais-je son siège d'Empereur? Pour regarder des nouvelles générations pousser et finir par me renverser? Ce n'est pas ce que je veux. Je ne veux pas être l'antagoniste d'une histoire qui me dépasse. Ce que je désire au fond de mon cœur, c'est la Paix. Vivre dans un endroit calme et regarder mes enfants grandir, à l'abri de toutes ces folies. Préserver leur innocence autant que faire se peut, mais en les préparant à affronter le monde et, quand ils seront prêts, les regarder partir cœur serré et larme à l'œil.

Alors je m'approche du capitaine de ma fille qui est assis dans le sable, résigné devant ma "toute-puissance". Je lui tend ma main droite pour l'aider à se relever, mais aussi comme un signe d'amitié. Le forban la saisit et l'utilise pour se remettre d'aplomb. Je luis souris.

"Tu as été impressionnant!" dis-je en toute sincérité. "Tu n'as pas usurpé ta place de commandant de flotte!"

Edward Minaro est déjà un pirate renommé et puissant, mais pour moi c'est aussi un homme d'avenir. S'il continue sur sa lancée et qu'il a de la chance, il pourrait tutoyer les sommets! Et puis, il est le capitaine de ma fille adoptive, alors, en bonne maman, c'est normal que je m'assure qu'elle ait de "bonnes" fréquentations, non?

Et puis soudain, plusieurs coups de feu déchirent le calme de l'île. Mon ouïe surdéveloppée m'indique d'une façon assez précise la provenance des détonations. J'en informe immédiatement le maître des lieux.

"Ca vient de ta confiserie!"

Immédiatement, on se met en route. On file comme le vent pour retourner à l'échoppe. Plus on s'approche, plus on entend le bruit de combats. Je ne le montre pas mais je suis inquiète car si je sais que mon amie Héphillia est capable de se défendre avec la dizaine d'hommes à sa disposition, j'ignore totalement quel est le niveau de l'opposition. Et ça pourrait tout changer. S'il s'agit d'un pirate des blues, ça ira, mais si jamais il s'agit d'un supernova… elle aura besoin d'assistance, et vite!

Ce moment était vraiment hors du temps. Un petit entrainement, des rires, de la complicité, des choses qu'Edward partageait avec si peu de gens que c'était presque devenu surnaturel pour lui. Et penser que ça serait avec quelqu'un comme Jeska, l'une des pirates les plus craintes au monde, c'était vraiment ironique. C'est avec un léger sourire qu'il allait accepter la main tendue de sa partenaire du jour.

Mais évidemment, comme d'habitude, quelque chose allait foirer. Des bruits assourdissant de bombes venaient de la confiserie. Clairement, il était attaqué. C'était vraiment habituel ça par contre. Avoir un moment tranquille était devenu impossible depuis un long moment et ça ne changeait pas avec les semaines.

Prenant son inspiration, Edward allait utiliser son fruit du démon pour s'accrocher a deux arbres et prendre hauteur et vitesse afin de revenir le plus vite possible vers son quartier général, sans un seul mot.

Les adversaires semblaient assez nombreux si Edward se fiait à son haki de l'observation. Il allait donc frapper fort d'entrée, pour en finir le plus vite possible avec ce nouvel impondérable. Alors qu'il approchait comme une fusée de l'entrée de la confiserie, le jeune homme allait se mettre à tourner sur lui-même et la suite, vous la connaissez.

"- Météore Sucré ! "

Se relevant dans les flammes de sa propre attaque. Edward avait le regard vide. Il n'allait même pas user de sa répartie légendaire et alors que ses assaillants allaient vainement tenter de se présenter, le capitaine de l'Ouroboros allait directement transpercer froidement de son bras le fou qui allait tenter de dire quelque chose.

Il serait sans pitié ce coup-ci, surtout face à ce menu fretin. Mais bon, vous vous en doutez, ça serait trop beau si une autre présente, bien plus menaçante, ne venait pas de se rajouter sur le champ de bataille ... Attendre Jeska n'aurait peut-être pas été une mauvaise idée finalement.

Je laisse Edward partir devant. Après tout c’est sa boutique et je comprends aisément qu’il ait à cœur de protéger son bien. Les pirates sont ainsi, ils prennent sans scrupules aux autres, mais paradoxalement, sont les premiers à voir rouge dès qu’on s’en prend à leurs possessions. Et je ne suis pas différente du supernova, donc je ne lui ferai pas de leçon de morale sur le sujet. J’ai choisi la voie de la piraterie en en connaissant toutes les contradictions, je ne vais pas faire ma mijaurée maintenant. Par contre, je me demande si mon partenaire d’entraînement le sait. Des fois j’ai l’impression d’être la seule à m’interroger autant et que les autres forbans vivent leur vie au fil de l’eau en faisant fi des conséquences. J’aimerais être aussi insouciante, et j’envie ceux qui se contentent d’exister sans penser.

Quand j’arrive sur les lieux, un peu après le confiseur, il a déjà commencé à donner libre cours à ses bas instincts. Je ne lui en tiens pas rigueur, c’est sa boutique et je ne connais que trop bien ce sentiment de rage qui s’empare de vous quand on s’en prend à ce qui vous est cher. Je vois qu’il est largement de taille à contenir la menace alors, je n’interviens pas, me contentant de le regarder faire. Je vois d’ailleurs, non sans une certaine fierté, qu’il applique déjà certains de mes conseils et ça remplit mon coeur de joie. Profitant que mon comparse gère la situation à merveille, je me mets en quête de mes hommes et surtout de mon amie. Sauf que quelque soit l’endroit où se pose mon regard, je ne vois pas Héfy ou mes sbires et là choses commence à m’inquiéter.

La bataille se termine assez rapidement, l’adversité n’étant pas au niveau d’un pirate comme Edward. Quant à moi, je rejoins le jeune homme en évoluant parmi les cadavres avec un peu trop d’aisance à mon goût. Mais bon, que voulez-vous? Mon histoire personnelle est jalonnée de massacres et d’horreur diverses et variées j’ai du développer, au fil du temps, une insensibilité à la sauvagerie et à la barbarie.

"C’est une jolie démonstration de force. Et toi, ça va?"

Question purement réthorique, je vois bien, malgré l’immense maîtrise qu’il a de lui-même, qu’il bouillonne encore de rage. Je jette un regard circulaire autour de moi, toujours aucun signe de mes troupes. Connaissant mon amie, j’aurais pensé qu’elle aurait mis son joli derrière à l’abri du couvert qu’offre la forêt, mais maintenant que l’orage est passé je m’attendais à la voir sortir du bois, fraîche et pimpante, pour me critiquer sur le temps que j’ai mis à régler le problème.

Puis soudain la porte de la confiserie s’ouvre et l’espace d’un instant, je crains qu’il s’agisse de renforts ennemis. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine quand je vois la crinière blonde de mon amie de toujours. La Bourges se s’était planquée dans la boutique de mon nouvel élève avec mes hommes. quelle poltronne!

"Héfy!" m’exclamé-je d’une voix qui trahit mon anxiété. "Ravie de voir que tu n’est pas encore morte." rajouté-je sur le ton de la galéjade.

"Tu dis ça, mais c’était toi qui étais morte d’inquiétude!" chambre la noble.

Il s’ensuit une "dispute" amicale à base de mauvaise foi de mon côté et de taquineries du sien. Et qui se termine assez vite quand je réalise qu’il reste un ennemi en vie. En moins de temps qu’il faut pour dire Alabasta, je lui tombe dessus et discrètement je lui injecte mon poison asservissant, le rendant docile et malléable.

"Si tu veux l’interroger, il est tout à toi." lancé-je au futur corsaire.

Edward avait du mal à retomber de sa colère. Il en avait vraiment marre d'être si souvent importuné. Dans le fond, il n'avait jamais aimé se battre, et s'il n'avait pas eu de raison de le faire, il ne l'aurait probablement jamais fait. Mais non, il fallait toujours que des débiles se mettent en travers de sa route, ou se sente suffisamment en confiance pour croire être en capacité de le défaire. Et le pire, c'est que l'air de rien, Edward était un homme très souvent sous-estimé. Combien étaient venu vers lui pour l'affronter en pensant sincèrement que ça serait facile de le battre ? Il ne le comptait plus. La vanité des êtres humains était vraiment sans commune mesure.

Alors qu'il ne pouvait s'empêcher de pester contre le monde entier, il allait être néanmoins être interrompu par Jeska, qui lui proposait d'interroger le dernier survivant de ce que personne n'oserait décemment qualifier de combat. Pulvérisant du regard le mourant du regard, Edward allait simplement s'approcher de lui et le soulever en l'attrapant par le col.

"- Aucun de vous n'est suffisamment fort, ni vraisemblablement assez intelligent pour être en mesure de m'attaquer. Alors je vais poser une seule question. Où est votre chef ? "

Tremblant de tout ses membres, l'homme allait simplement pointer dans une simple direction, vers la forêt qui était juste en face de l'entrée de la boutique, d'où sorti un petit homme, en tenu de dentiste, souriant, dans une entrée qui se voulait classe mais qui relevait plus de la comédie si vous voulez mon avis.

"- Edward Minaro. Ta réputation n'est pas usurpé. Tu es vraiment aussi malin qu'on le dit. "

Après un rire sardonique, le quarantenaire allait reprendre, visiblement très confiant.

"- Mais il est l'heure pour moi d'entrer en scène maintenant ! Et crois-moi, ni toi, ni ta fausse doublure de Jeska Kamahlsson ne feront le poids contre moi ! Le terrible dentiste des mers, le docteur Jerry Denty ! "

Pour un effet dramatique, le pirate montra également une prime à sa propre effigie. 22 millions de berrys. C'était vraiment une blague ... Non mais il croyait vraiment pouvoir faire quoi que ce soit contre l'Ouroboros avec si peu de prime ? ... Les rookies venant des blues étaient vraiment de plus en plus bête ...

"- Le docteur Jerry Denty hein ? Tu sais à qui tu as affaire n'est-ce pas ? Tu le sais que je suis un ancien commandant d'empereur des mers ? Que ma prime est genre de 262 millions ... Tout ça ... "

"- Tu mens ! Je suis tombé sur un avis de recherche de toi datant à peine de l'année dernière ! Tu valais que huit millions ! T'es pire qu'un arracheur de dent ! Tu mérite de recevoir mon détartrage de la mort ! "

Alors qu'il se mettait en simili-position de combat, un simple membre de l'Ouroboros, Sullivan, qu'on salue au passage, allait toquer sur l'épaule du dentiste fou pour lui tendre sans rien dire un avis de recherche à jour du serpent, montrant son véritable montant. Alors que le dentiste restait incrédule, et commençait à transpirer, l'homme aux yeux rouge allait en rajouter une couche, vous le connaissez bien maintenant.

"- Et pour ce que ça vaut, cette personne est la vraie Jeska Kamahlsson ... Comme l'indique clairement le fait qu'elle ait fait usage de son fruit du démon sur ton pote ... "

Faisant mine de regarder sa montre, le rookie allait ensuite commencer difficilement une phrase, pour prendre la poudre d'escampette.

"- Oh mais vous avez vous l'heure ?! C'est l'heure de mon rendez-vous ! Je ne vais tout de même pas faire patienter mon patient ! Vous vous en tirez à bon compte ! Souvenez-vous de ce jour comme celui où le docteur Jerry Denty a failli vous donner une bonne leçon ! "

A vrai dire, c'est assez incrédule qu'Edward allait laisser partir le fuyard. Il avait même pas cherché à comprendre si ses propres hommes étaient encore en vie ou pas. C'était vraiment un déchet ...

M'enfin, c'est donc avec une certaine ironie que la supernova allait regarder son invitée du jour.

"- Bienvenue dans ma vie. Voilà voilà. "

"Oh, ta vie ressemble beaucoup à la mienne." dis-je en soupirant. "C’est étrange comme le fait de ne pas se comporter en brute sanguinaire et de ne pas s’enfiler des litres de rhum semble être, pour certains abrutis, comme une invitation à nous chercher des noises." Je lui adresse en français sourire avant de continuer. "A croire que dès qu’on s’éloigne du cliché de la flibuste, on est pas légitime de s’appeler pirate "

Sauf que l’étiquette de pirate, je ne l’ai pas demandée. On me l’a collée sur le front comme le noir sceau de l’infamie et j’ai du faire avec. Alors qu’on ne compte pas sur moi pour coller aux stéréotypes de la profession! Je suis comme je suis et c’est très bien comme ça. Ceux qui ne sont pas d’accord avec ça pourrissent dans l’antre de Davy Johnes parce que, comme Edward, je peux faire preuve de la plus grande violence si on s’en prend à ce qui m’est cher. Le Serpent et moi sommes atypiques à bien des égards, mais ça ne fait pas de nous des faibles.

Nonchalamment, je pioche un bonbon dans le sachet, décidément ils sont excellents! Et puis, je dois avouer que je ne résiste pas à la saveur fraise. De coin de l’œil, je vois le regard envieux de mon amie s’échouer sur mes friandises. Je ne suis pas partageuse d’habitude, mais je me laisse aller à un élan de générosité et je lui tend le paquet pour qu’elle puisse piocher une sucrerie. La morale, elle m’en prend une pleine poignée, et mon regard courroucé n’y change rien, elle me tire la langue après m’avoir tiré une bonne partie de mon butin sucré. Attends voir, toi, je vais m’occuper de ton cas tout à l’heure, tu ne perds rien pour attendre. Héfy, comme si elle avait senti mon intention, s’éclipse alors, nous laissant seuls, le pirate et moi. Je reprend donc la parole.

"Je préfère être franche avec toi, je ne suis pas ton amie, Edward. Dans ce monde trop de gens tissent des liens factices qu’ils n’hésitent pas à les couper dès que ça leur est profitable. Je ne suis pas comme ça. Cependant, je t’apprécie, toi et tes bonbons. Et puis tu comptes beaucoup aux yeux de Lola. Bref, si tu as besoin d’aide, et que je peux t’aider, je t’aiderai."

De sa propre confession, Jeska savait également ce que c'était de se faire regarder de haut en étant pas l'archétype même du flibustier à l'ancienne. Très curieux. Il était vraiment difficile de voir quelqu'un de son acabit comme ayant été sous-estimé un jour dans sa vie. Mais bon, j'imagine que comme tout le monde, avant de devenir une pointure, elle a du en baver. C'était un bon exemple au final. Elle était loin d'être aussi cruelle et assoiffée de sang que décrit. C'était juste une personne ayant soif de liberté qui avait finalement réussit son objectif, en devenant l'une des plus grandes pirates du monde.

Pour couronner le tout, elle déclara en plus bien apprécier Edward, avec au passage l'honnêteté de ne pas se déclarer comme une amie, mais pourquoi pas une allié future. C'était vraiment une aubaine. Souriant à cette bonne fortune, Edward serrait la main de son homologue.

"- De même. Si vous avez besoin de moi un jour, vous savez où me trouver. Et pour les bonbons, n'hésitez pas à vous en servir quelques sacs avant de reprendre la route. Cadeau. "

Après tout, produire ces sucreries n'était pas si dur pour Edward et ce petit cadeau était bien moindre par rapport à ce qu'il avait gagné de cette rencontre.

Peu après le départ de Jeska, il allait ordonner à ses hommes de se débarrasser des assaillants morts avant de vaguer à ses occupations et bientôt, il n'y aurait même plus de réelle trace tangible de cette rencontre mais au fond de son esprit, il garderait pour toujours en mémoire cette journée qui fût pour toujours sa première interaction avec l'une de ses potentielles plus précieuses futures alliées.