Orphée où es-tu ?

« Encore ! » quémanda de sa voix autoritaire Jaina qui posa fortement son verre d'alcool sur le buffet du bar. Presque saoul, elle manqua de briser le récipient suite à la force de son geste.

Le barman qui nettoyait depuis deux minutes un verre qui ne présentait plus aucune moisissure, haussa l'un de ses épais sourcil face à la brutalité de la femme. À combien de verre était-elle ? Le cinquième ? Son whisky le plus fort semblait avoir du mal à faire effet envers la cow-girl.

« D'abord, tu paies. » ordonna celui qui servait les boissons. Il croisa ses bras poilus sur sa tenue de travail crasseuse. Son vêtement ne cachait aucunement la rondeur de son ventre à bière.

Agacée, Jaina dégaina son révolver, mais pas pour descendre le barman. Il était bien trop utile pour lui donner à boire. Elle retira une cartouche de son magasin comme monnaie d'échange pour un verre d'alcool. C'était une des lois courantes à Hat Island. Quand un client n'a pas d’argent pour payer, il lui suffit d'échanger une cartouche de munitions.

« Content ? » demanda l'albinos qui retira ses lunettes de soleil pour dévoiler ses rubis flamboyant. « Maintenant sert moi un verre, j'ai besoin d'oublier. »

« Dure journée ? » questionna une voix masculine à la droite de Jaina.

La demoiselle pivota son visage et découvrit un homme aux yeux bandés assit à côté d'elle. Jaina ne l'avait pas du tout remarqué. Il tapa la tête de sa pipe en bois pour retirer les cochonneries à l'intérieur. Le barman rouspéta silencieusement dans son épaisse barbe grise en découvrant du tabac sec sur son beau présentoir.

« On t'a jamais appris à t'occuper de ton cul. » grogna Jaina qui but aussi sec son verre de whisky.

« Aurais-je touché une corde sensible ? Dis tout à papa Pierce. » L'inconnu se mit à rire doucement. Il attrapa une allumette dans sa veste en cuir et alluma le chaudron de sa pipe. Pour un aveugle, il savait bien se débrouiller. Surement par habitude ?

En entendant le mot "papa", une pulsion colérique de Rosenberg l'obligea à pointer son révolver sur le crâne du malvoyant. Néanmoins, Pierce n'échappa aucune frayeur dans son attitude. Il se marrait encore plus.

« Tu me menaces avec ton flingue sans munition. Retourne prendre le biberon de ta mère. » lança le cow-boy qui se moquait ouvertement de l'albinos.

S'en était trop. Jaina Rosenberg se leva de son tabouret et voulu faire manger son poing au moqueur. À sa surprise, son coup fut intercepté. Pierce bloqua le bras de la buveuse contre son dos et plaqua fortement la tête de son agresseur sur le bar.

« C'est bon t'as fini ? » soupira l'aveugle qui relâcha l'albinos après avoir senti qu'elle se résignait.

Jaina avait voulu se dégager du type, mais c'était purement impossible. L'homme détenait une force impressionnante. Bien plus que le géant Hutch qui était comme un oncle à ses yeux.

« C-Comment fais-tu ça ? » demanda avec insistance Jaina. « Me faire battre par un...par un aveugle. » ronchonna la mauvaise perdante qui massa son bras légèrement endolori à cause de l'homme.

« Oh, ta fierté en a pris un coup ? » Il se réinstalla sur son tabouret et commanda un whisky pour lui et la demoiselle. « Ne prend pas cet air de martyr, tu dégages une bonne combativité. Je m'appelle Pierce. Et toi tu es ? »

Tournant l'alcool dans son verre, comme le faisaient les amoureux du vin, l'albinos plissa un instant son regard. Elle ne souhaitait pas divulguer sa véritable identité. Possiblement pour éviter que sa famille reçoit les représailles destinées à Jaina.

« Tu peux m'appeler Jane. » dit-elle en buvant cul sec son whisky.

« Eh bien Jane. Pourquoi ta journée était si dure ? » Il prit une latte de son tabac et débuta à relâcher de petits cerceaux de fumée. Après en avoir reproduit quatre, il créa une petite forme sphérique qui passa entre chacun des anneaux. « Et évite de t'énerver cette fois-ci. »

La femme soupira en inspectent son récipient vide. Devait-elle lui dire qu'elle avait été bannie de sa famille à cause de son comportement chaotique ?

« J'ai plus de foyer. » répondit difficilement celle qui venait d'avoir sa majorité. Avouer cette vérité fut bien plus difficile que prévu. Elle ressentait un horrible pincement au cœur.

Si sa famille pensait que Jaina en avait rien à cirer d'être éjectée de la maison, c'était tout le contraire. Par fierté l'albinos n'avait rien laissé paraître...

Par compassion, l'homme tapota l'épaule de Jaina. Cependant, la demoiselle aux cheveux de neige crut qu'il se fichait encore de sa poire. Elle voulut lui redonner un coup ou plutôt de retenter la chose. Le résultat fut le même. Son poing était bloqué par Pierce.

« Plus de foyer ? Dans ce cas tu es potentiellement sans job. Que dirais-tu de travailler pour moi ? » proposa le fumeur qui paya à nouveau un verre de whisky à la jeune femme en colère.

« Et qu'est-ce que j'y gagne dans cette histoire ? » Avalant l'intégralité du whisky dans son verre, Jaina fut désormais ivre. Elle n'arrivait plus à réfléchir correctement. « Je...moi j'veux être la meilleure tireuse au monde. Mais !! » Elle s'arrêta en chemin en posant son index sur les lèvres de l'homme pour l'inciter à se taire. « C'est impossible, car un aveugle vient de me foutre une putain de honte. Autant que j'aille traire les vaches comme mon père. »

Sous l'emprise de la colère couplé à son ivresse, Jaina attrapa le verre et le jeta sur le sol.

« Ce breuvage, je l'adore !! J'en veux un autre !! » gueula la Rosenberg qui frappa ses deux poings contre le buffet du bar tout en foudroyant de son regard endiablé le tenancier. « Sinon, je t'explose la gueule, comme mon père l'a fait à un barman. Mais moi c'est pas un couteau qui va se caler dans ton crâne, c'est une balle !! »

Voyant que l'alcool devenait mauvais pour la cow-girl, Pierce attrapa la crosse de son pistolet et assomma pour de bon Jaina. Le silence revint dans le bar...

L'odeur de la fumée d’un feu de camp réveilla la dormeuse qui se réjouissait de vagabonder dans ses prairies rêveuses. En ouvrant ses paupières, la lumière du brasier agressa violemment les iris rubis de Jaina. Elle se releva rapidement mais s'effondra à la même vitesse par la faute d'un violent mal de tête.

Elle jura dans sa barbe inexistante et ne remercia aucunement sa vilaine gueule de bois. Par tous les diables, la cow-girl n'avait jamais connu une telle douleur. Elle ressentit même de la honte d'avoir succombé à sa première cuite. Visiblement, son bannissement du ranch familial était une raison suffisante pour franchir la limite de l'alcool.

« Bien dormi ? » questionna Pierce qui était assis sur la selle de son cheval. « T'arrêtais pas de geindre en mentionnant le prénom de Pearl. »

Vraiment? Jaina serra fortement ses crocs et plaqua sa main contre son front. Sa petite sœur chérie lui manquait-elle à ce point ? La Rosenberg soupira bruyamment et observa son environnement.

Elle se trouvait dans un camp pittoresque, sûrement celui de Pierce. Une tente était installée, ainsi qu'un feu de bois. Un corbeau croassa en fixant intensément l'albinos. Jaina ignorait si la bestiole était contente ou furieuse.

Se frottant les cheveux, elle chercha du regard sa jument, Orphée. Cette dernière était introuvable et l'inquiétude se lut dans ses rubis.

« Où est Orphée ? » demanda Jaina qui appela sa partenaire par un coup de sifflet. « Tu aurais pas vu un jeune cheval de couleur noir ? »

Pierce leva son visage en direction de la voix de Jaina et orienta son index sur les bandages recouvrant sa vue.

« Tu demandes ça à un aveugle ? » Il haussa ses épaules. « Elle était où ta demoiselle ? »

Elle se mit à réfléchir et reçut l'étrange impression qu’Orphée était restée devant le porche du saloon, à la barre d'attache. Quand elle informa la localisation à Pierce, ce dernier qui tenait son menton pour réfléchir claqua subitement des doigts.

« Ah oui ça me revient. Un type m'a informé qu'il prenait ton canasson vu que je t'embarquais avec moi. Orphée doit être en sa possession désormais. »

« Quoi ?! » Jaina attrapa le col de l'aveugle et le secoua dans tous les sens. Sa jument était sa meilleure amie. Elles étaient inséparables. Il était hors de question pour Jaina de perdre Orphée. « Passe-moi ton cheval, je vais la récupérer. »

Pierce secoua son visage négativement. Il n'était pas très enclin à laisser sa bête à une inconnue. Bien que l'homme venait d'embarquer Jaina hors de la ville, comme le faisait les kidnappeurs.

« C'est qu'un animal. Tu en trouveras d'autres Jane. » révéla la malvoyant. « Bon, tu veux bosser pour moi ? Tu ne semblais pas en état de me répondre avec ton verre de trop l’autre soir. »

Énervée, Jaina lança d'innombrables insultes à l'encontre de Pierce. Il était hors de question de bosser pour un type pareil. Et puis ce boulot, parlons-en. Il s’agissait sans doute de lui faire sa toilette ou bien d’être ses yeux dans la vie de tous les jours. Fronçant ses sourcils neigeux, elle relâcha son emprise sur l’homme qui ne levait même plus son index pour agir.

« Tu souhaites bien te débrouiller avec un flingue Jane ?! » rouspéta le kidnappeur qui remit correctement le col de son blouson. « Reste avec moi et je te montrerai la voix. »

Rassemblant ses affaires, Jaina cracha un mollard aux pieds de Pierce. Elle n’en croyait pas un mot et commençait à prendre l’aveugle pour un clown. Lui ? Il pourrait apprendre à Jaina a réaliser sa conviction ? D’être la numéro une des tireuses ? L’albinos était partagée entre l’envie de se moquer et de ne rien dire. Finalement, elle opta pour une troisième option. La curiosité.

« Toi ? Un aveugle avec une arme ? Voyons-ça. » Elle ramassa trois pierres dans sa main. « Prouve-moi que tu dis vrai. Je te lance deux cailloux en même temps. Si tu les touches, j’accepte de bosser pour toi. Si tu loupes, on se dit adieu. »

« Marché conclu Jane. »

Souriant malicieusement, la renégate jeta non pas deux pierres, mais trois pierres dans les airs. Enfilant juste après ses pouces entre son ventre et son ceinturon, ses cordes vocales travaillaient sur le son de sa moquerie qui allait faire effet dans moins de deux petites secondes.

Mais rien ne vint après trois coups de feu provenant de l’aveugle. Les petites pierres se transformèrent en poussières. C’était trois coups au but pour Pierce ce qui choqua grandement Jaina. Comment était-ce possible ?

« J’ai failli manquer la troisième, tu m’avais pas dit que tu en enverrais deux ? Petite cachottière, c’est mal de se moquer des handicapés. » fit-il en allumant à nouveau le chaudron de sa pipe en bois. « Je compte sur tes futurs efforts, associée. »

Jaina orienta ses iris sanguines autour du camp et aux alentours. La seule solution possible pour un tir aussi parfait c’était qu’un type jouait les sniper pour lui. Mais comment expliquer les trois détonations au lieu de six ? Elle se mit à rager en ne trouvant finalement aucune explication. Et puis, plus le temps passait et plus Orphée s’éloignait de Jaina.

« J’accepte, mais à une condition…espèce de tricheur. » ronchonna la mauvaise joueuse qui termina sa phrase par un marmonnement. « Je dois récupérer Orphée. »

Comprenant que l’albinos n’allait pas lâcher le morceau à propos de son canasson, le cow-boy retira sa pipe de ses lèvres.

« C’est d’accord, mais sous mes conditions. » Il se releva, massa ses fesses un peu douloureuse à cause de la raideur de sa selle et relâcha la fumée emmagasinée dans ses poumons sur le visage de la Rosenberg. « Tu dois revenir avant le lendemain matin. Tu n’auras qu’un pistolet avec une seule balle et tu devras retirer ton chapeau. Pour finir, tu dois tuer le nouveau propriétaire d’Orphée. Je suis très rancunier donc ne t’avises pas de trahir mes conditions… »

L'après-midi annonçait des températures insupportables pour l'albinos. C'était le jour le plus chaud de la semaine. Comme par hasard, il a fallu que Jaina se promène en plein cagnard et sans chapeau. La lumière du soleil et surtout la chaleur était insupportable pour la demoiselle. Tout ça pour vouloir récupérer sa bête.

Pourquoi donc devait-elle s'infliger une telle souffrance ? Ah oui, ça lui revient. Parce que Pierce en avait décidé ainsi. Selon lui, la cow-girl était la grande fautive à propos du sort d'Orphée. Que si elle n'avait pas abusé de l'alcool, sa jument serait à ses côtés en ce moment même. C'était pas totalement faux.

Ne pas avoir son chapeau était une punition infligée par le prétendu aveugle. Sa tâche pour récupérer Orphée n'allait pas être de la tarte. À Hat Island, ne pas porter quelque chose sur la tête était un crime. Pire que de braquer une banque. Donc, à l'heure d'aujourd'hui, Jane devenait une criminelle.

Après une longue et interminable marche dans le désert où seule sa gourde d'eau désormais vide faisait office de survie, Jaina arriva en ville. Le fait de n'avoir qu'une balle dans le magasin de son flingue la stressait encore plus. Elle devait se débrouiller et trouver la meilleure des solutions pour remplir son objectif.

Dès les premiers pas de ses santiags dans la ruelle principale de la ville, les habitants foudroyèrent l'albinos du regard. Beaucoup de personnes crachèrent en la voyant sans chapeau. En fermant ses poings de colère, la Rosenberg rassembla son courage à deux mains ou plutôt à deux poings. Elle ignora les regards et chercha les étables pour tenter de retrouver sa belle.

En visitant la première écurie qui était la plus grande de la ville, Jaina fut dépitée de ne pas voir Orphée. Elle soupira bruyamment puis se raidit en sentant le canon d'un révolver derrière son crâne.

« Dégage étrangère. Cette ville n'accueille pas les personnes de ton espèce. » grogna un homme qui appuya fortement le bout de son pétard ce qui causa une petite douleur désagréable à Jaina.

« Je cherche une jument noire de la race des frisons. » informa la cow-girl qui rentra son menton en baissant sa tête à cause du canon pressé contre sa caboche. « Elle s’appelle Orphée et je l’ai laissé dans cette ville. Je souhaite seulement la récupérer et partir. » dit-elle d’une voix calme bien que sa colère habituelle bouillonnait.

Comprenant que l’homme pénible ne souhaitait guère poursuivre la conversation et donner la quelconque information pour aiguiller la cow-girl, elle entendit le cliquetis du chien du révolver s’actionner. Son calme disparu et sa survie reprit le dessus. Jaina plia ses genoux pour esquiver de justesse le coup de feu. De son poing, l’albinos broya les noix familiales de son agresseur. Il perdit sa voix dans la douleur, positionna ses mains entre ses jambes et versa une petite larme de souffrance. De la crosse du révolver de l’albinos, Jaina assomma pour de bon le gêneur.

Elle voulut par la suite poser le chapeau de l’homme sur son crâne. Grossière erreur. Un croassement de corbeau derrière son dos la fit sursauter. Jaina Rosenberg se retourna et reconnu la bestiole de l’autre aveugle. Ces volatiles étaient assez intelligents pour transmettre la nouvelle que Jaina ne respectait pas le marché de Pierce.

Pestant et se résignant à voler le couvre-chef, elle pointa tout de même de son index le pistolet de l’homme. Avoir de l’arsenal en plus serait idéal. Malheureusement, le piaf croassa plus férocement pour inciter la dame à ne pas commettre ce méfait. Soupirant, l’albinos sortie de l’écurie. Elle comptait revenir au bar, là où sa jument avait été vue pour la dernière fois…

Après plusieurs minutes, le saloon perdit son animosité lorsque Jaina poussa les portes battantes. Les nombreux regards des clients commencèrent à dévisager la demoiselle notamment son crâne qui n’était pas recouvert d’un galurin.

L'attention de la jeune femme s'orienta sur un vieil homme possédant quelques dents en or. Il était habillé de fringues chics et respiraient presque la bourgeoisie. Étonnant pour un trou à rats comme Hat Island.

Ce dernier caressa sa barbe pendant que son autre main tenait un verre de whisky. Il lorgnait sur les courbes féminines de Jaina.

Subitement, le corbeau de Pierce s'installa sur l'épaule de l'albinos ce qui fit sursauter la demoiselle.

« Croa ! C'est lui que tu cherches. Croa ! C'est lui que tu cherches ! » exclama le corbeau qui fut très vite le nouveau centre d'intérêt du bar.

Jaina était stupéfaite, elle qui pensait que seul les perroquets pouvaient parler. Décidément, sa rencontre avec l'aveugle regorgeait d'innombrables surprises. Était-ce finalement le destin qui l'avait mené à cet étrange personnage ? Lui qui se disait être l'homme de la situation pour réaliser la conviction de Jaina, à savoir être la meilleure tireuse au monde.

« Tu es certain que c'est lui ? » questionna l'albinos qui dévoila son révolver dans son holster accroché à son ceinturon. Le corbeau agita sa tête de bas en haut pour répondre positivement à la demoiselle.

« Je te suggère de te calmer sur-le-champ. » prévint le barman qui sortit dans un casier de son comptoir un fusil à canon scié. « T'as déjà foutu le bordel hier soir, je ne veux pas que tu recommences. »

Jaina fronça ses fins sourcils et serra fortement sa mâchoire. Elle n'était pas très encline à baisser le niveau de sa dangerosité. On lui avait piqué son cheval et c'était totalement inadmissible pour la fille de Lawrence Rosenberg.

« Toi le vieux. » interpella Jaina par un mouvement de son visage. « D'après le piaf tu as mon cheval. Une jument frison de couleur noire. C'est vrai ? »

« Tu parles de ma nouvelle acquisition d'hier soir ? » Il acquiesça à la question de la dame. « Si tu veux l'acheter, elle est dans mon écurie à l'est de la ville. Que dirais-tu d'en parler en privé ? Rien que tous les deux ? »

« Sans façon. Rends moi mon cheval sinon... »

Le message était clair et précis. La cow-girl souhaitait en découdre si le vieux ne lui rendait pas son bien. Terminant sa boisson dont des résidus d'alcool restaient dans sa barbe, l'acquéreur d'Orphée essuya sa barbiche avec la manche de son blouson puis montra à son tour son pétard dans l'étui de son ceinturon. Une chose tiqua la curiosité de Jane. Serait-ce un bâton de dynamite accroché à sa ceinture ?

Lorsque le vieil homme sortit légèrement son révolver de son holster, plusieurs de ses petits copains firent la même chose. Visiblement, ils étaient en groupe. Jaina se retrouvait seule....

Une goutte de sueur perla le long de sa tempe. Son cœur battait la chamade. Son organe battant effectuait une danse stressante. Le corbeau s'échappa de son perchoir pour décamper du bar. Mieux vaut pour lui de ne pas rester dans cet endroit qui sera bientôt chaotique...

La tension montait dans le saloon et des clients en profitèrent pour prendre congé. Le silence reprenait ses droits, mais fut vite perturbée par les vibrations des ailes d'une mouche. L'insecte stoppa son vol sur le rebord du verre du vieux barbu et à cet instant le papy s'apprêta à actionner la détente de son révolver.

Trop tard pour lui, Jaina fut plus rapide. Par une prodigieuse maîtrise de son Fast Draw, l'albinos dégaina et tira sur le bâton de dynamite accroché sur la ceinture du nouveau propriétaire d'Orphée. Le bar accueillit en son sein une magnifique explosion. Jaina fut projetée à l'extérieur du bar par le souffle de la détonation.

Bras droit cassé, la jambe gauche extrêmement douloureuse et le visage recouvert de petites coupures, Jaina échappa par miracle à la Faucheuse... Retrouvant ses esprits, Jane décampa des lieux en boitant pour échapper de justesse au juge de la ville. Pour la première fois de sa vie, elle venait de tuer. La sensation fut bizarre et son cœur moins lourd. Elle ressentait un immense bien d'avoir zigouillé le papy qui avait osé voler Orphée.

Trouvant l'étable où reposait sa belle, la cavalière monta sur sa monture après avoir effectué de chaleureuses retrouvailles. Au galop, Jaina décampa du village western en laissant derrière elle une vingtaine de cadavres et la fermeture définitive d'un bar.

Son voyage pour revenir jusqu'à Pierce qui attendait sagement à deux kilomètres du village fut un véritable enfer pour la blessée. Elle avait lutté de toutes ses forces pour rester consciente. Puis au moment où Jane revint vers l'aveugle, elle s'écroula de sa monture, inconsciente...