Tu contemplais la silhouette de la ville qui se dessinait devant toi. Un endroit sordide, légèrement tentaculaire, même pour une bourgade comme celle-là. Derrière le bord de ton chapeau, on pouvait deviner le feu dans tes yeux. Il était enfin à ta porte, cet homme de main, ce John MacTavish, que tu traquais depuis une semaine.
Tu fis claquer ta langue pour inciter ton cheval à avancer à nouveau. Le bruissement de ses sabots raisonnait sur les parois des bâtisses alors que vous entriez. Tous, à ton approche, frissonnèrent, ressentant ta présence mortifère. Les enfants courant dans la rue après un arceau s’arrêtèrent, impressionner par ta mise sombre et tes ailes cybernétiques repliées.
Tu ne prêtas pas du tout attention à eux, le regard fixé sur l’horizon, l’esprit tourné vers ta cible. Bien, encore une fois, tu allais devoir chercher des informations précises. Et le meilleur lieu pour les trouver, dans un endroit comme celui-ci, c’était dans un saloon. Cependant, des saloons, il n’y avait que ça dans ce bled.
Tu soupiras à l’idée de tous les faire. Non, ce n’était même pas envisageable. Tu amenas ton canasson près de l’écurie et hélas le palefrenier. C’était un jeune homme svelte, les traits déjà légèrement ravinés par la morsure du soleil, les muscles savamment gravés par le travail acharné. Son accoutrement reflétait sa profession, plutôt sale, couverte de poussière et de diverses tâches dont tu ne désirais pas connaître la provenance.
— Je peux faire quoi, m’amzelle ? demanda-t-il en s’approchant de toi, tout en exprimant ce même sentiment de dégoût que les autres.
— Ça fera 4500 ฿ pour la nuit complète et 1200 ฿ pour la journée.
Tu lui tendis les quelques billets pour régler ton dû, récupéras tes armes, et t’éloignas quand il agrippa les rênes. Tes ailes se déployèrent sous l’effet de ta pandiculation, deux jours sans les avoir bouger ça pouvait les gripper. Mais elles regagnèrent bien vite leur position de repos. D’un bref coup d’œil, tu contemplas la myriade de tavernes aux devantures aussi avenante que le pont d’un bateau pirate le jour de chasse. Par où commencer ?
Alors que tu hésitais, t’approchant de l’un d’eux, elle se manifesta. La Faucheuse. Elle te regarda de ses doux non-yeux et pointa un établissement d’un index squelettique.
Tu hochas de la tête et écoutas son conseil. L’enseigne affichait « La potence attend ». Ah, quelle ironie du sort. Quand minuit sonnera, il y aurait eu en effet une exécution. Alors que tu rentrais dans le bouge, contrairement à l’évènement d’il y a deux jours, et autre le frisson général, personne ne se retourna vers toi. Les gens s’en foutaient et te laissèrent en paix. Heureusement pour eux.
Tu t’approchas du bar et le vieil homme t’accueillit comme n’importe quel client de passage. À ta droite, deux badauds du coin tapaient la discute. A ta gauche, une cow-girl buvait son verre en lisant un livre.
— Je te serre quoi ?
— Peut-être bien, mais avant je te serre quoi ?
Super encore un rigolo qui ne parle que si on consomme. Ne voulant pas faire de trop grosse vague cette fois-ci, tu laissas couler.
Le barman te servit ta boisson rapidement et reprit l’affiche pour l’examiner.
— Jamais vu ton gars. Mais son nom me parle. À ce qu’il paraîtrait, il traînerait dans les bas quartiers. Il reviendrait souvent en ville pour faire je sais pas quoi. T’auras peut-être ta chance là-bas.
Tu remercias l’homme d’un coup de chapeau et il retourna au nettoyage de ses bouteilles en te répondant d’un hochement de tête. Tu sirotais ta boisson amère, réfléchissant à ce que pouvait bien manigancer ce MacTavish dans un patelin comme Exact Town. C’était perdu en plein milieu du désert, pas franchement des gens aimables, une loin aussi bizarre que stupide et pas vraiment d’intérêt.
Tu crachas dans le crachoir, jurant intérieurement contre Silas Greaves, le forban qui t’avait tout pris. Son lieutenant te dira où il se trouve, tu en faisais le serment. Soudainement, la conversation que tenaient les deux gars s’anima un peu plus et attira ton attention.
— Au fait, t’as entendu la dernière nouvelle ? On raconte que Jaina a été arrêté par le juge Jackson.
— Ah ! Elle l’a pas volé celle-là. Encore l’autre jour, elle chiait dans les bottes de ce pauvre Lars. Elle a dézingué son cousin et sa femme. Coup dur.
Tu souris intérieurement à l’évocation de la mort de ces deux malheureuses âmes. Elle avait de quoi te plaire cette Jaina, comme tous ceux qui répandaient le carnage. Enfin sauf ceux qui s’en prenaient à ceux que tu aimes.
— Et à ce qu’il se dit, on l’aurait vu en compagnie d’une… Merde comment il s’appelle entre eux ceux-là… Ah ! Une cornue. Ouais voilà, elle aurait fricoté avec l’un d’entre eux.
Le second type jura ouvertement. La xénophobie était quelque chose de courant dans ce genre d’île reculé. Alors cela ne t’étonna qu’à moitié. Malgré tout cela t’intrigua un peu, qui était ces deux personnes pour ainsi attirer l’attention des habitants de la ville ?
Le narrateur est la faucheuse, elle fait partie intégrante à l'histoire, quand elle intervient, le texte est en italique (sauf dans les dialogues)
- Moissonneuse et Désespoir/poussière:
Désespoir et Poussière
La Moissonneuse
Dernière édition par Jessica Hellhound le Jeu 22 Fév 2024, 16:04, édité 7 fois